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 joamie + rewriting history

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Message(#)joamie + rewriting history - Page 3 EmptyJeu 30 Mar 2017 - 22:14


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when we'll discover the truth, we may discover each other all over again.

Jamie semblait tenir à ce que la jeune femme décide du programme du reste de la soirée. Cela ressemblait aux fois où il la laissait faire ce qu’elle voulait faire, qu’importe la situation. Il avait toujours aimé que Joanne impose sa volonté, parce qu’elle ne le faisait que très rarement et qu’il était tout simplement à sa merci. Peut-être l’était-il encore, plus qu’il ne voudrait l’admettre. Alors c’était sans se presser qu’ils se dirigèrent vers l’hôtel. Il y avait tant à voir de nuit aussi, autant profiter de cette petite promenade digestive pour admirer Florence sous un tout autre angle. C’était en silence qu’ils pénétrèrent dans la suite de la jeune femme, allant coucher sans attendre leur petit bonhomme. Jamie s’occupa de changer le petit et de l’allonger. Elle profitait tout de même de l’occasion pour lui souhaiter bonne nuit et de l’embrasser rapidement avant de refermer la porte derrière eux. Suite à quoi, elle allait sur la terrasse, comme tous les soirs. Toujours sur le haut de ses escarpins, elle appuyait ses coudes sur la balustrade pour admirer la vue une nouvelle fois, avec une admiration certaine. Ca la faisait rêver. Elle se sentait tellement bien, ici. C’était sa place. Une suite qu’elle n’aurait jamais pu s’offrir si Jamie n’avait pas été là. Il lui voulait lui vendre du rêve en réservant cette suite et il aurait été facile de deviner que ce n’était pas le genre de choses que l’on faisait à une ex, à une connaissance ou même un ami. Il fallait être éperdument amoureux pour dépenser autant sans vouloir compter. Jamie s’était chargée de commander la boisson. Le champagne était toujours de rigueur et sa fraîcheur et ses petites bulles étaient grandement appréciables. Ce n’était qu’après de longues minutes que le bel homme s’approcha d’elle et se manifesta en tendant une coupe de champagne à Joanne. Celle-ci lui sourit, ravie de pouvoir faire tinter les verres avec lui une nouvelle fois. Elle était émerveillée de savoir que Jamie partageait le même sentiment qu’elle en étant ici. “Plus si sceptique que ça, hein ?” lui répondit-elle doucement, d’un air tendre. “Tout est si léger ici. Je sais que je baigne déjà dans une certaine insouciance. Mais ici… C’est si paisible. On s’y sent bien, comme une deuxième maison.” Joanne ne parlait pas de la suite, mais de Florence en général. “J’espère que nous aurons l’occasion de voir un petit peu la Toscane. Les paysages font rêver. J’avoue, j’y ai jeté un oeil sur Google. Juste un petit peu.” dit-elle avec un rire en buvant ensuite une gorgée de son champagne. Jamie aussi semblait plus serein, il semblait bien alors que le mal-être était certainement quotidien à Brisbane. Il avait tout de même un comportement quelque peu étrange, prenant du temps à compléter une phrase qui semblait être anodine. Joanne plissa des yeux, mais gardait toujours son sourire. “Quelque chose me dit que ce n’était pas ce que tu voulais me dire, mais ça me va quand même.” dit-elle avec un regard malicieux. Et un compliment de sa part, des joues un peu rouge. Joanne le regardait longuement, avec un regard presque attendri. De la tendresse, ça oui, elle avait à en donner. Peut-être était-ce l’alcool, mais elle avait envie de lui caresser la joue, ou de se blottir contre lui. Donner un peu d’affection sans forcément en avoir en échange. Ses joues se rosirent aussi, gênée d’être complimentée. Un long silence régnait entre eux, mais encore une fois, ce n’était pas pesant. “Ca te dit d’aller dans le jacuzzi ? Tu n’en as pas encore profité et j’avoue que c’était assez appréciable d’en profiter avec une vue pareille.” La proposition était presque normale pour Joanne. Et comme depuis le début du séjour, elle voulait lui faire profiter de la suite autant qu’elle. “On pourrait avoir l’air classe, avec la flûte de champagne en main, tu sais.” ajouta-t-elle avec un petit rire, s’imaginant cette scène quasi cliché des riches. “Tu l’as dit, c’est ma soirée, c’est moi qui décide. Et j’ai envie qu’on profite un peu du jacuzzi. S’il te plaît.” Difficile de résister à Joanne avec le regard qu’elle lançait à Jamie. Ce n’était pas un regard qui suppliait. Plus une paire d’yeux qui savait que cet éclat particulier allait faire fondre n’importe qui. Et son fils avait merveilleusement bien hérité de ce don maternel. “Je vais me changer rapidement, je reviens vite.” lui dit-elle en déposant sa flûte de champagne à moitié remplie sur la table. Joanne lui souriait avant de tourner les talons pour filer rapidement dans sa chambre pour enfiler son maillot de bain une pièce de couleur vert– elle en avait ramené plusieurs, ne parvenant pas à se décider. Elle avait quelques difficultés pour ouvrir la fermeture éclaire de sa robe. Joanne se demandait si elle pouvait se permettre de demander à Jamie de l’aider, mais cela était bien trop déplacé et elle n’osait pas vraiment. De plus, elle se demandait s’il était partie se changer ou s’il préférait s’isoler dans sa chambre pour ne pas poursuivre cette soirée. Elle était ressortie de sa chambre, et il n’était pas revenu pour le moment. Du coup elle en profitait pour siroter sa coupe de champagne et d’être prête à lui ouvrir la porte s’il n’avait pas emporté avec lui le pass pour accéder à la suite.
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Message(#)joamie + rewriting history - Page 3 EmptyDim 2 Avr 2017 - 12:41


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Piètre menteur de manière générale, Joanne n’a aucun mal à remarquer le changement de cap de mes paroles sous le coup d'un soudain changement d’avis, ou retour à la raison et à la dignité. Une seconde, je m'inquiète qu'elle me demande de reprendre et de donner la véritable version de cette phrase transformée en un ensemble de mots vagues et inutiles. Je le ferais à sa place, laissant la curiosité l'emporter sur le respect de la volonté de la jeune femme de cacher une pensée. Joanne, elle, balaye le tout et de contente du discours en l'état. Mes lèvres longtemps pincées nerveusement esquissent un remerciement discret face à sa tolérance. Il faudrait toujours laisser aux autres le droit d'attendre le bon moment pour dire ce qu'ils souhaitent ou non partager. C'est une règle disparue chez moi, une déformation professionnelle, le besoin d'arracher la vérité et les messages glissés à demi-mot. La requête de la jeune femme qui suit le compliment que je lui ai adressé et qui avait déjà fait virer les pommettes vers une belle teinte pivoine ajoute une couche à ma nervosité déjà palpable. Elle, moi, le jacuzzi, le champagne, la vue, c'est le genre de tableau que j'aurais aimé peindre lorsque nous étions ensemble, c'était tout le principe de cette suite, c'était le plan. Mais pour notre lune de miel. Aujourd'hui, vu notre relation, vu les évènements qui se sont déroulés depuis le jour où nous avons réservé cette chambre avec le projet de soirées romantiques, reproduire ce qui aurait pu être, dû être, dans pareil contexte paraît presque malsain. Pourtant je n’ai rien le temps de souffler qu'un regard félin s'abat sur moi pour faire fondre mon coeur, ma volonté, et céder. « D’accord. » je murmure avec un sourire gêné, sans la moindre idée d'où me mettre, dans quel trou de souris je pourrais rentrer pour m'échapper. Joanne va se changer, bien déterminée à admirer la vue depuis un bain chaud. Je ne sais si l'intention est innocente et maladroite, ou simplement cruelle. Quoi qu'il en soit, je quitte à mon tour la suite pour me rendre dans ma chambre, à l'étage supérieur, me maudissant à chaque marche des escaliers. « C'est une mauvaise idée. Très mauvaise. » je répète en ouvrant la porte de la 514, puis en m’asseyant sur le bord du lit, la tête entre les mains. C'est fou, le nombre de pensées qui se bousculent à cause de cette demande de sa part. Souhaite-t-elle que je me joigne à elle parce qu'elle sait exactement ce qui se passe généralement lorsque nous sommes tous deux dans l'eau, ou au contraire parce que son désintérêt envers moi est tel qu'elle sait qu'il ne se passera strictement rien ? Je n'arrive pas à déterminer si c'est un point pour moi, ou pas un pas en arrière. Et même si je laisse ce genre d'attentes de côté, ai-je envie de me retrouver avec elle sur cette terrasse de cette manière ? Le souvenir de la lune de miel qui n’a pas eu lieu a quelque chose de sacré, un idéal qui ne sera jamais atteint, une chimère qui me berce des illusions d'un amour parfait. Ai-je envie de troquer ces images contre le malaise et la nervosité qui me prendront forcément aux tripes lorsque je retournerai là-bas, la médiocrité d'un moment qui ne sera pas même l'ombre de ce que j'aurais voulu qu'il soit ? Non, décemment non. Et quoi, je reste ici à faire le mort, me laissant la nuit pour plancher sur une bonne excuse pour avoir refusé une requête d'anniversaire ? Brillante idée. Je soupire, toujours logé entre mes deux paumes, comme si la solution allait m’apparaître dans les lignes de mes mains. Finalement​, je me lève et ouvre grand l’armoire dans laquelle j'ai entreposé mes affaires de la semaine, et j’entreprends de chercher -et de trouver- un short de bain. Jusqu'à ce que l'évidence me saute aux yeux, après plusieurs minutes à fouiller, recommencer, tout retourner et étaler mes habits par terre ; il n’y est pas. Le jacuzzi n’a jamais été pour moi après tout. Mon front se pose sur la porte du rangement, dépité. Champion. Je ris, nerveusement. À la fois soulagé de ne pas avoir à inventer une excuse pour décliner l'invitation de Joanne, mais aussi déçu. Et puis, l’ironie est remarquable, tout ce temps passé à retourner la situation dans tous les sens pour rien, et ne pas pouvoir y aller quand je décide que je le veux. L’univers qui me dit d'arrêter d'y penser, ça n’arrivera pas. Bien reçu. C’est penaud que je retourne dans la suite de Joanne pour la trouver sur le balcon, mais encore toute habillée -avec un peu de chance, elle a changé d'avis en cours de route. « Je n’ai rien emporté pour me baigner. Désolé. » j’avoue avec un sourire gêné et un haussement d'épaules. À court d'imagination, je ne sais pas vraiment comment rattraper le coup. J'imagine que cela n’importait pas tant que ça a la jeune femme, néanmoins je ne veux pas être celui qui terminera la soirée sur cette note idiote. « Je peux t’inviter à danser en revanche. » j'ajoute donc en approchant d'elle. « Je n’ai sûrement pas le niveau de Wes mais je connais deux ou trois trucs. » Ma main tendue vers elle est une invitation, mon regard est une promesse bienveillante ; une danse au-dessus des toits de Florence et sous les étoiles, cela vaut bien une baignade.
☙ LOONYWALTZ
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Message(#)joamie + rewriting history - Page 3 EmptyDim 2 Avr 2017 - 18:15


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Les joues de Jamie devinrent subitement rouges dès lors que la jeune femme lui avait proposé de profiter un peu du jacuzzi qui se trouvait sur la terrasse. Pour elle, il n’y avait plus de sentiments, ni de l’un, ni de l’autre. Ni de raison d’avoir une quelconque tension peut-être sexuelle entre eux. Les palpitations qu’elle avait de temps à autre n’étaient pas significatives pour elle – et elle se trompait très certainement à ce sujet. Mais elle se demandait pourquoi ça le rendait si nerveux, si timide. Elle ne pensait pas à ce que tout ceci pourrait signifier pour lui. Il restait longuement silencieux jusqu’à ce qu’il croiser le regard de la jeune femme. Il finit par accepter avant de quitter la suite pour aller se changer, laissant une Joanne ravie derrière lui le temps de quelques minutes. Même si l’air commençait à se faire frais, la petite blonde n’avait pas particulièrement froid. L’alcool aidant, certainement. Elle buvait tranquillement son champagne, regardait le paysage qui s’offrait à elle et qui pourrait presque lui faire croire qu’elle dominait Florence de cette terrasse. La ville entière était à ses pieds et la faisait rêver. Elle ne s’en lassait pas, de rester plantée là à regarder ce paysage qui s’apparentait presque au paradis pour elle. Son verre de champagne se vidait peu à peu, elle trouvait que Jamie prenait particulièrement son temps pour n’enfiler qu’un short de bain. Peut-être qu’il ne voulait finalement être avec elle, profiter de tous les avantages de cette suite. Mais elle patientait encore. Elle n’avait que ça à faire. Jamie fit son apparition avec les mêmes vêtements, sans serviette en main. Il avoua qu’il n’avait pas ramené de quoi se baigner. “Oh.” souffla-t-elle tout bas, peinant de cacher sa déception à l’idée qu’il ne puisse pas profiter un peu du jacuzzi et de la terrasse, comme il se doit. Elle força un sourire. “La fermeture éclaire de ma robe est coincée. Je crois que l’alignement des planètes de ce jour ne veut pas nous laisser nous baigner.” dit-elle avec un rire quelque peu forcé. Mais la manière dont il le lui avait annoncé semblait être comme un soulagement pour lui. Il était déjà surprenant qu’il s’excuse, alors qu’il avait initialement horreur de ça. Mais il ne semblait pas vouloir rester sur cette note particulièrement étrange. Et il avait eu l’idée de la faire danser. Il fit quelques pas vers elle et tendit la main vers elle pour l’inviter en toute galanterie. Il savait qu’elle avait toujours aimé qu’on la fasse danser. Le fait qu’il n’y ait pas de musique ne posait jamais véritablement problème. Il lui souriait un peu, même. Il semblait bien plus motivé pour la faire danser que pour se baigner avec elle. Joanne le regardait longuement, essayant de décrypter quelque chose dans son visage. Elle finit par déposer délicatement sa main dans la sienne. Celle de Jamie était toujours bien plus chaude, le contraste était flagrant. Chacun de ses gestes était lent, délicat, peut-être même un peu timide. Les contacts physiques s’étaient faits très rares depuis plusieurs mois entre eux. Et difficile pour elle de considérer la fois où elle était une très forte fièvre et qu’elle n’était même pas la moitié d’elle-même à ce moment là. Puis ils devaient bien se rapprocher de l’un l’autre. Il n’y avait pas un seul instant où elle quittait ses yeux verts. Toute silencieuse, elle finit par déposer sa main libre sur son épaule. C’était étrange pour elle d’être à nouveau si proche de lui, où leur torse se frôlait. Une fois qu’ils étaient tous les deux positionnés, la danse démarrait d’elle-même. Des pas assez petits, particulièrement lents, comme ils avaient l’habitude de leur faire lorsqu’ils avaient envie de s’enfermer dans leur petite bulle le temps d’une danse durant un gala. C’était perturbant pour Joanne de se remettre à se mouvoir de la sorte. Perturbant et un tantinet satisfaisant, son coeur et sa tête ne savaient comment réagir face à cette donnée ci. Elle se laissait guider avec plaisir. Il fallait avouer que la scène faisait rêver. Danser dans un décor pareil, au milieu de la nuit alors que tout le monde était endormi. Parfois, elle avait envie de se rapprocher un peu de lui, de poser sa tête contre son torse, d’être un peu plus intime avec lui. L’alcool y était certainement pour quelque chose. Elle ne comptait plus le nombre de verres qu’elle avait bu. Et bien qu’elle était un peu plus désinhibée, elle était encore tout à fait conscience de ce qu’elle pouvait dire. La jeune femme était incapable de dire combien de temps ils avaient passé à danser à se regarder. Les regards s’éternisaient, elle avait même fini par le regarder avec une certaine affection. Elle appréciait énormément cet instant là. Elle avait l’impression d’être en dehors du temps, de tout. “Tu veux bien chanter ?” lui souffla-t-elle tout bas. “J’ai toujours aimé t’entendre chanter.”
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Message(#)joamie + rewriting history - Page 3 EmptyDim 2 Avr 2017 - 23:41


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Sa petite main froide se glisse dans la mienne, ses doigts fins et fragiles la serrant à peine, comme hésitante, alors qu'elle fait un premier pas vers moi. A l'instant précis où sa paume s'est ancrée dans la mienne, mon corps fut parcouru d'un frisson. C'est avec la même infinie délicatesse que ma main se referme sur la sienne, et que la seconde, timidement, se glisse vers sa taille, puis son dos, et s'appuie là, ni trop bas, ni trop haut. Celle de Joanne se pose sur mon épaule et me fait retourner aux jours où je pensais que j'étais celui qui la protégeait du reste du monde, alors que la seule chose dont elle devait être protégée à ce moment-là était moi. Je retrouve, dans son regard, le refuge dans lequel j'allais si souvent me terrer pour oublier à quel point mes épaules sont lourdes. Un monde émeraude où il n'y a rien d'autre qui compte que ces battements de coeur partagés qui donnent le tempo. Même si je n'y retrouve pas l'amour d'autrefois, l'étincelle qui me faisait sentir spécial, important, nécessaire. Ce regard que j'adore est malheureusement si vide de tout ce qui me nourrissait avant. Et pourtant mon coeur bat la chamade, et me rappelle à un espoir qui ne meurt jamais vraiment, pas lorsqu'une personne fait autant partie de vous. C'est tout naturellement que le balancier, nous faisant aller d'un pied à l'autre, enclenche une danse douce et lente. Rien de complexe, rien de particulièrement sophistiqué, juste le plaisir de revivre ces moments de complicité et de grâce que nous avions, ces moments où il n'y avait que nous deux. Je ne sais pas si nous parvenons à retrouver notre bulle, ou si celle-ci ressemble étrangement à Florence de nuit, mais cela n'a pas tant d'importance. Je demeure prisonnier de ses mains pâles et de son regard bleu tant qu'elle veut de moi. La jeune femme demande une chanson. Elle sait que je suis un éternel fredonneur, que toutes les occasions sont bonnes pour faire résonner quelques notes. Le choix d'un titre pourrait sembler ardu, sur le moment, pourtant un morceau me vient immédiatement à l'esprit et se glisse jusqu'au bout de mes lèvres. D'une petite pression dans le dos de Joanne, je l'attire un peu plus vers moi ; mon dos se courbe légèrement et mon visage, frôlant celui de la belle blonde, appose ma joue contre sa joue pour chanter à son oreille. J'entends les accords de piano résonner dans ma tête et me remémorer les premières paroles qui entraînent les suivantes ; « Come up to meet you, tell you I'm sorry. You don't know how lovely you are... » Je me souviens qu'elle aime ce groupe, qu'elle aime cette musique. J'hésite à croire qu'elle en saisira le sens, plutôt que de simplement croire que j'ai sélectionné une belle chanson qu'elle apprécie. « Tell me you love me, come back and haunt me, oh and I rush to the start... » Mais je ne sais pas vraiment pourquoi je veux lui chanter ceci. Si mes suppositions sont bonnes, en plus de ne rien ressentir pour moi, d'avoir effacé tous ses sentiments comme je l'ai poussée à le faire, Joanne a sûrement quelqu'un. Honnêtement, ce voyage, ces histoires, ces tableaux, tout cela paraît dénué de sens tant j'ai gagné le désintérêt de Joanne. La seule chose qui rime, à vrai dire, sont les vers de ces paroles susurrées à son oreille. « Nobody said it was easy. It's such a shame for us to part. Nobody said it was easy… No one ever said it would be this hard... » Elle me l'a déjà fait comprendre, il n'y a pas de retour en arrière. Ce n'est qu'un doux rêve. Et je devrais cesser de regarder le passé ou le futur que nous aurions dû avoir par dessus mon épaule, mais quelque chose me garde accroché à elle, à notre fils, notre famille. Je lâche Joanne alors qu'elle tourne gracieusement sur elle-même au bout de mon bras, puis nos mains se délient. Elle est à deux pas de moi, mais paraît soudainement tellement hors d'atteinte. La gorge serrée, je force un sourire. Fin de la danse, cela vaut mieux. Je termine le fonde de ma coupe de champagne d'une traite, les bulles ne sont d'aucun réconfort. Face à Joanne, le regard fuyant, je me risque à me pencher pour déposer un baiser sur sa joue. « Bonne nuit. Bon anniversaire... » je souffle avant de la laisser à cette superbe vue, et de me traiter de pauvre idiot dès que je lui tourne le dos pour rejoindre ma propre chambre.
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Message(#)joamie + rewriting history - Page 3 EmptyLun 3 Avr 2017 - 0:52


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Danser de cette manière rappelait de nombreux souvenirs. Certes, beaucoup de choses avaient changé. Les sentiments n’étaient plus les mêmes, logés dans une partie de l’esprit soit de façon involontaire, soit contenu aussi difficilement cela pouvait-il être pour ne pas risquer le pire. Pour rester raisonnable. Mais les deux devaient admettre que cela restait un moment bien agréable à passer ensemble. Ils restaient des étrangers sur de nombreux points, mais il y avait ces quelques détails qu’ils avaient en commun et qui leur permettaient de s’aimer en étant accordé au même diapason. Une douce musique dans laquelle ils se laissaient embarquer, se souciant peu de ce que les autres pouvaient penser des accords et des vocalises. Une mélodie qu’ils ne se lassaient pas et qu’ils aimaient ponctuer de bien différentes façons, juste pour le plaisir. Un accord quasi parfait, qui s’était peu à peu bourré de fausses notes pour terminer en véritable cacophonie. L’on avait cherché à modifier un peu cette musique en pensant bien faire. Peut-être que Joanne voulait à nouveau l’entendre, cette douce mélodie, en demandant à Jamie de chanter. Un souffle de nostalgie lui avait donné envie de se plonger dans ces souvenirs là. Alors, doucement, il l’avait serré un peu plus contre lui, rapproché son visage du sien pour frôler sa joue contre la sienne. Toute une suite de gestes dont elle ne s’attendait. Elle ne savait que dire du choix de chanson de Jamie. Celui-ci avait forcément choisi le groupe tout en sachant combien Joanne l’aimait bien. Elle connaissait suffisamment Jamie pour savoir qu’il ne choisissait rien de manière anodine. Tout avait un but, une signification, même lorsque lui pensait que cela n’avait aucun sens. Autant dire que cette chanson, interprétée par la voix suave et douce de Jamie, la troublait au plus haut point. Bien qu’elle ne pouvait pas les voir, elle restait suspendue à ses lèvres, attendant l’arrivée de chaque mot, de chaque mot. Elle les avalait un par un, étant bien trop réceptive au moindre vers. Ses yeux se mirent à briller, puis des larmes bordèrent ses paupières alors qu’elle continuait de danser avec lui, de l’entendre chanter. Pensait-il toutes ces phrases, tous ces mots ? Avait-il envie de tout recommencer avec elle, de retrouver leur amour si intense que cela en était incompréhensible pour tous les autres ? Cela ne se pouvait. Il voulait rompre, c’était lui qui avait annulé le mariage. C’était ce que Joanne se disait constamment. Cela ne pouvait être vrai. Il ne voulait plus d’elle, il n’était plus amoureux. Il avait choisi quelqu’un d’autre. Mais il avait brisé toute la magie du moment une fois qu’elle avait tourné sur elle-même. Il avait lâché sa main, il n’osait même plus la regarder et préférait aller se réfugier dans sa propre chambre pour conclure cet anniversaire hors du commun. Juste encore un doux baiser sur sa joue, avant qu’il ne s’efface dans l’ombre et ne laisse une Joanne en larmes seule sur la terrasse. Joanne aurait bien voulu l’arrêter, mais sa gorge était si serrée qu’elle ne parvenait pas à dire quoi que ce soit. Son temps de réaction fut particulièrement long avant qu’elle ne se décide à quitter la suite pour se retrouver devant la porte de sa chambre. Sa main était posée dessus. Elle voulait toquer, mais elle ne savait pas ce qui pouvait se passer ensuite. Alors, silencieuse, elle se demandait s’il savait qu’elle était là, s’il préférait ne pas intervenir et espérer qu’elle finisse par partir. Entendant qu’il ne faisait aucun bruit, elle rebroussa chemin. Une fois dans sa suite, elle parvint à se défaire tant bien que mal de sa robe et de mettre nuisette et kimono. Mais impossible de trouver le sommeil, toujours troublée par la chanson choisie par Jamie. Elle faisait les cent pas dans sa suite, un peu de rangement histoire de lui occuper l’esprit, mais cela ne durait que quelques minutes. L’envie de se baigner lui était bel et bien passé. Elle déambulait sur la terrasse, soupirant d’ennui de nombreuses fois. Elle était même allée voir si Daniel dormait bien – chose qu’elle ne faisait jamais habituellement puisqu’elle savait qu’elle dormait comme un loir de toute façon. Joanne avait fini par s’allonger sur le lit, à regarder le plafond les yeux ouverts. Elle se demandait à quoi tout ça rimait, à ce que Jamie cherchait à faire. Il y avait des tas d’incohérences qu’elle n’arrivait pas à pointer du doigt. Mais elle savait qu’elles étaient bien là, qu’il y avait quelque chose qu’on voulait lui faire croire qui n’était pas vrai. Contrariée de ne pas parvenir à trouver le sommeil, elle se rendit quasi machinalement vers la chambre de Jamie, une nouvelle fois. Cette fois-ci, elle toquait, de manière délicate. A sa plus grande surprise, la porte s’ouvrit et elle tomba nez à nez avec Jamie. “Je… Je n’arrive pas à dormir.” lui dit-elle tout bas. Il n’y avait pas vraiment lieu de le réveiller pour ça, mais consommer une certaine quantité d’alcool permettait de se dire que chaque dire pouvait s’entendre, à tort ou à raison. “Et...Je… Je voulais te remercier pour ce que tu as fait pour mon anniversaire. J’ai beaucoup aimé. La danse aussi, beaucoup. Et quand tu as chanté. Oui, ça aussi, j’ai bien aimé.” bégaya-t-elle en jouant nerveusement avec ses doigts. “Je n’ai vraiment pas sommeil.” dit-elle avec un rire bien nerveux, en baissant le regard, après quelques minutes de silence. “Je devrais peut-être te laisser, tu n’attends certainement que ça, toi, de dormir. Je n'aurais pas du venir t'embêter juste pour ça.” Joanne ne pouvait pas passer une bonne nuit à chaque fois, même si c’était à Florence – sinon ça ne lui ressemblerait pas.
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Message(#)joamie + rewriting history - Page 3 EmptyLun 3 Avr 2017 - 15:42


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Les escaliers me laissent plus de temps pour me maudire que ne m'en aurait donné l'ascenseur, et ainsi l'étage qui nous sépare, Joanne et moi, semble plus haut que je ne l'aurais pensé. Pas après pas, le coeur bien plus lourd que la veille où il chantait presque, cette fois il se renferme, prend peur de la prochaine blessure, du prochain coup fatal. À vrai dire, je les envisage tous, tous les scénarios, pour mieux me rendre à l'évidence ; le temps ne remontera jamais, et les aiguilles de ma montre poursuivront leur course dans le même sens, éternellement. Trop lentement à mon goût, trop doucement pour effacer les regrets et aller de l'avant. Une marche puis une autre, mes jambes s'alourdissent jusqu'à ce que je les traîne à l'intérieur de ma chambre. Tête basse, ma main ne cherche pas l’interrupteur, je n’ai pas besoin de lumière. Celle de l'extérieur suffit pour éclairer le lit et les affaires encore étalées par terre. Je demeure adossé à la porte un long moment, soupirant d'une déception née de je ne sais quel espoir ridicule, et de l'incertitude de vouloir m'y accrocher plus longtemps. Il y a du mouvement dans le couloir derrière le mur, une porte qui s'ouvre, et des pas feutrés sur le tapis. Pourtant l'étage paraissait endormi. Rapidement, le calme revient, le silence, et je suis seul avec l'idée grotesque que Joanne aurait compris. Après un coup d'oeil à ma montre, et la trotteuse qui poursuit sa course vers la droite. Je me décolle de la porte, m'active moi aussi. Je troque mes habits contre d'autres pour la nuit, gobe les cachets de la tranquillité générale avec un peu d'eau, et me laisse tomber dans le lit. Le retour de la monotonie suffit normalement à m'assommer, comme l'anesthésie menant subitement au sommeil, mais mes yeux demeurent grands ouverts. Qu'est-ce que tu essayes de faire ? Qu'est-ce que tu attends ? Qu'est-ce que tu veux ? Autant de questions sans réponses pour lesquelles je ne cherche pas de solution, qui flottent simplement dans l'air pour me mettre face à tous mes actes et les paroles qui n'ont pas de sens, ce grand tableau sans forme et sans signification peint aléatoirement, sans inspiration et sans but. Une couche par-dessus l'autre, les couleurs se mêlent et n'ont plus de nom propre, le paysage est flou, de plus en plus sombre et inquiétant. Une faute, une rayure supplémentaire, et le tout apparaît irrécupérable. Ma tête roule sur le côté pour observer la vue à travers la porte-fenêtre, au-delà du balcon. Hypnotisé par les lumières, le paysage semble se détacher de plus en plus de son fond sombre, et se transformer en un pays irréel. Mon esprit retourne dans cette pièce cachée qui a traversé le temps, inchangée à travers les siècles. Tous les tableaux qui y furent prisonniers et racontent l’histoire de cet amour parfait dont la conclusion reste un mystère. Qu’est-ce qui a provoqué leur chute et leur oubli ? On devine pourtant de la passion, un lien si fort qu’il flotte dans l’air, et qui demeure, encore aujourd’hui, perceptible non seulement dans les coups de pinceau, mais aussi dans l’atmosphère de l’ancienne chambre. Quelque chose qui résonne dans le cœur et l’esprit de ceux qui peuvent écouter. Peut-être que cette histoire n’a pas vraiment de fin. De petits coups sur la porte résonnent dans la chambre, discrets et peu assurés. Encore engourdi par ma rêverie, je me lève et me traîne jusqu’à l’entrée sans attentes, ouvre et pose un regard légèrement absent sur Joanne. Le temps que sa présence me frappe. Elle ne trouve pas le sommeil, une nouvelle fois. “Moi non plus.” je souffle tout bas. Cette nuit, il ne veut pas de moi. Mais pour quelle raison venir ici, me le dire ? J’imagine qu’il est plus agréable de vivre une insomnie à deux, néanmoins elle ne pouvait pas savoir que j’étais encore éveillé. Quoi qu’il en soit, elle est là, et moi aussi. Ses remerciements, à voix basse, me font légèrement sourire. Un rictus discret qui laisse entrevoir une fêlure lorsqu’elle évoque la danse, la chanson. “Il n’y a vraiment pas de quoi. Je suis content si tu as passé une bonne soirée.” je réponds machinalement. Il n’y a rien de plus à en dire, le moment est passé, aussi agréable fut-il, et recèle des émotions, des messages auxquels je ne dois plus penser. Mon regard se pose sur le lit froid, la chambre vide en désordre, la pièce qui paraît plus endormie que je ne le suis. Dormir, ça serait une bonne idée, mais je connais bien assez Joanne pour savoir qu’elle n’est pas montée jusqu’ici uniquement pour me remercier. “Je…” Oui, dormir est une option bienvenue, mais qui n’aura pas lieu de sitôt. Alors j’ouvre un peu plus en grand la porte de la chambre et invite la jeune femme à pénétrer à l’intérieur. “Entre.” La lumière n’est toujours pas allumée ; j’active uniquement une petite lampe d’appoint sur une table, près d’un fauteuil où Joanne peut s’installer. Je ne tente pas de faire un brin de rangement à cette heure, tant pis pour le désordre. En revanche, j’attrape un t-shirt afin de me couvrir le haut du corps. “Alors, quelle tempête y a-t-il sous ce crâne blond ?” je demande après avoir corrigé mon allure. Je retourne auprès d’elle avec un fin sourire. “Je sais que quand tu ne dors pas c’est qu'il y a trop de pensées là-dedans.” Mon index tapote sa tempe. A vrai dire, il y a toujours trop de pensées dans la tête de Joanne, parfois futiles, parfois destructrices. Je ne sais ce qu’il en est ce soir. “Alors dis-moi ce que c'est.”
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Message(#)joamie + rewriting history - Page 3 EmptyLun 3 Avr 2017 - 17:04


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Joanne ne savait pas vraiment ce qu'elle fichait là, juste devant lui. Elle aurait très bien pu lui envoyer juste un message pour le remercier de la soirée, du voyage. Et même s'il avait son kimono sur les épaules, sa tenue n'était pas vraiment décente pour se promener dans le couloir d'un hôtel aussi prestigieux que celui-ci. Qu'importe, tout le monde devait dormir à une heure aussi tardive et plus personne ne devrait déambuler dans les couloirs. Il était en revanche bien plus surprenant que ce soit Jamie qui ne trouve pas le sommeil. Lui qui dormait toujours comme un loir, qui parvenait à partir en un claquement de doigt, le voilà bien éveillé. Son traitement devrait également lui faciliter la tâche, mais il n'en était rien. Alors ils se retrouvaient là tous les deux, bien penaud sans savoir quoi faire de leur corps. Joanne ne voulait pas l'importuner plus longtemps, se demandant toujours ce qu'elle faisait bien à cet étage là de l'hôtel florentin. Elle comptait partir, mais Jamie l'invita à entrer dans sa chambre. Toute silencieuse, elle fit quelques pas timides. La jeune femme n'avait jamais aisément trouvé ses aises lorsqu'elle n'était pas chez elle, ou que ce n'était pas un endroit qui ne lui était pas attitré. Elle ne tenait pas compte du désordre environnant, elle l'ignorait même totalement. La seule chose que Jamie fit était d'enfiler un haut, n'ayant pas perdu l'habitude de dormir torse nu. Il l'invita à s'asseoir sur un fauteuil. Il la rejoignit dès qu'il avait allumé un des luminaires de la pièce. Jamie connaissait bien trop Joanne pour savoir que ses insomnies étaient loin d'être anodines. Il y avait toujours une raison, des tourments qu'elle peinait à partager et même à verbaliser. Il savait que quelque chose n'allait, il l'avait toujours su mais devait s'en être inquiété lorsqu'ils s'étaient vus au café. Lui savait, il y faisait attention et ne demandait qu'à ce qu'elle partage son mal-être. Joanne baissa les yeux, jouait nerveusement avec ses doigts. Elle restait longuement silencieuse. "Il y a... ça." souffla-t-elle tout bas. Jamie était pour le moment la seule personne à qui elle disait qu'il y ce quelque chose qui la hantait nuit et jour. "Mais je ne peux pas en parler. C'est beaucoup trop grave, c'est très mal et..." Il suffisait de voir à quel point elle était terrifiée, juste par l'éclat de son regard. "Je peux pas." Même en étant en vacances, elle ne parvenait pas à mettre ça de côté. Elle s'était faite la promesse plusieurs fois de ne plus dire absolument tout ce qu'elle pensait, cela ne faisait que tout empirer. Ca ne lui avait jamais apporté quoi que ce soit, si ce n'est du chagrin et encore plus d'idées noires qui la poussaient à se voir comme une moins que rien, une horrible personne. Bien sûr, elle pensait à bien d'autre choses que cela. Elle marqua une longue pause avant de reprendre. "Tu ne choisis jamais les chansons que tu chantes de manière hasardeuse. Jamais." lui dit-elle tout doucement, en relevant les yeux vers lui. "Tu me chantais Love me tender lorsque tu m'aimais, tu ne me chantais plus rien quand tu me haïssais." Ce moment, sur la terrasse, lorsqu'il chantait tout bas dans son oreille, était particulièrement intime. "Tu es un homme bien trop minutieux pour ça. Et bien que pendant longtemps, tu disais ne pas vraiment croire aux coïncidences, tu m'as confiée que l'histoire de Grace et Celso te laissait perplexe." La jeune femme le regardait avec une certaine tendresse. "Je ne sais pas dans quel... but tu as fait tout ça, mais, ça... ça m'a touchée et ça a fait resurgir quelques trucs ce soir. Je suppose que l'alcool y est pour quelque chose aussi là-dedans." dit-elle avec un rire assez nerveux. "J'espère juste que ce n'est pas une... une plaisanterie, ou une mauvaise blague, ou... J'en sais rien. Mais je ne te croirais si tu me disais que tu as choisi cette chanson juste comme ça." Elle lui sourit malgré tout. "Le… Le restaurant, la promenade, la danse, ça… Ca a fait resurgir plein de souvenirs, tu ne trouves pas ? Je ne pensais pas que ça me toucherait encore un peu. J’ai l’air bien ridicule, pas vrai ?” lui demanda-t-elle d’un rire nerveux. Joanne s’était surprise à apprécier d’être avec lui, de faire quelque pas collée à lui. Peut-être qu’elle était la seule, vu à la vitesse à laquelle il avait quitté la suite tout à l’heure. Peut-être qu’il regrettait, qu’il était avec une femme et qu’il s’était souvenu d’elle à ce moment là. La première personne à laquelle elle pensait était Emma, bien évidemment. Il s’était forcément réconcilié après ce qu’il s’était passé au musée. Joanne ignorait elle-même pourquoi elle en était persuadée. Elle le savait, c’est tout. Ayant eu la chanson en tête tout le reste de la soirée, la jeune femme se mit à la chanter tout bas, bouche fermée. Elle regardait ses doigts, se disant qu’il ne fallait surtout pas qu’elle en dise de trop. Elle avait déjà vu ce que ça faisait lorsqu’elle était avec Hassan. Et sa relation avec Jamie semblait se stabiliser et il était hors de question qu’elle vienne tout ruiner en venant verbaliser ce flot de pensées qui la détruisait un peu plus chaque fois.
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Message(#)joamie + rewriting history - Page 3 EmptyLun 3 Avr 2017 - 19:35


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Cette lourdeur dans ma poitrine ne s’évapore pas. Bien au contraire ; elle presse ma cage thoracique, appuie sur mes côtes, serre mon cœur et m’empêche parfois d’avoir les idées claires. Je ressens une forme de peur, une crainte qui me saute froidement à la gorge, tandis que Joanne fait quelques pas dans la chambre et s’assoit près de la lampe. J’appréhende la véritable raison de sa venue, mais c’est avec bienveillance que je l’invite à se confier à moi. Parce que je veux être celui-ci, celui à qui elle peut parler. Celui qui la connaît et qui peut lire en elle quand personne d’autre ne le peut. C’est un rôle dangereux, je le conçois, une place qui flirte avec les limites et qui a bien des chances de résulter à plus de blessures. Mais je suppose que cela fait partie de ma sentence, moi qui ai relégué la jeune femme au silence plus d’une fois. Je subis et répare mes erreurs. Je me fais l’ange gardien de celle à qui ma monstruosité a fait tant de mal. Mon sort semble résider dans cette cruelle ironie. Alors je me suis mis face à elle, accroupi. Je lui souris discrètement, malgré la crainte de sa réponse. Cela ne me concerne pas, dans un premier temps. La jeune femme alimente le mystère autour des pensées qui la torturent le plus et l’empêchent de dormir, mais sans hésiter à qualifier le tout de la pire des manières, ne cherchant même pas à minimiser l’inquiétude que ses paroles peuvent faire naître chez quelqu’un d’extérieur et impuissant face à la situation. Ma main trouve son chemin jusqu’à celles de Joanne, tandis que je lui offre le seul conseil qu’une personne dans mon cas puisse donner ; « Si c’est grave, il faut quand même que tu parles à quelqu’un Joanne. Peut-être pas moi, mais quelqu’un. » Car cela continue de la bouffer, et je connais bien assez cette petite blonde pour savoir comment ce genre de tracas se termine lorsqu’il continue à pourrir et à se gangréner. Néanmoins, la manière dont elle gérera cela ne dépend pas de moi, et il n’est rien de plus que je puisse faire si ce n’est pas vers moi qu’elle souhaite se tourner pour soulager ses frêles épaules. Le reste me touche bien plus, malheureusement, car immédiatement lié à la soirée que nous avons passée. Moi qui espérais, quelque part, que Joanne comprendrait tout cela, la chanson, la danse, toutes ces attentions, je me retrouve à regretter qu’elle ait mis le doigt dessus et qu’elle attende désormais des explications de ma part. Je maudis cette minuscule étincelle d’espoir lorsqu’elle m’avoue avoir été touchée, car l’excuse qu’elle trouve dans la seconde pour expliquer cette réaction, l’alcool, ne fait que plus mal. « Sûrement, oui. » L’alcool, rien d’autre. Mon regard se baisse. Si ce n’est que l’alcool qui lui souffle des émotions et des souvenirs, liés à cette soirée, alors je suis décidément peu de choses. Qu’elle fredonne à son tour, juste comme ça, pour meubler l’air, ces paroles qui, pour moi, avaient du sens, prouve que s’il y a quelqu’un de ridicule dans cette pièce, cela ne peut être que moi. « Ce… Ce n’est qu’une chanson. Et ce ne sont que des souvenirs… » Je hausse les épaules. « Je voulais juste que tu passes une agréable soirée, et… continuer de mettre de côté tout ce qui ne va pas à Brisbane. Je ne sais pas comment nous nous comporterons quand nous serons de retour, et je ne sais pas pourquoi, mais depuis que nous sommes arrivés ici, tout se passe si bien. Comme si tout était resté là-bas. Et il y a cette impression d’être au bon endroit au bon moment, mais je ne l’explique pas non plus. » Mes yeux retrouvent ceux de Joanne, avec cette affection qui est au cœur de mon affliction. Cette envie de croire en la possibilité d’une toile blanche sur laquelle peindre une nouvelle histoire, et pourtant, la conscience que nourrir pareil espoir est à la fois ridicule et dangereux pour un cœur qui n’arrive pas à se remettre de ses maux. C’est tendre le bâton pour se faire battre, au fond. « Même ton regard paraît différent… » j’ajoute dans un souffle. Il y avait quelque chose d’autre quand nous sommes arrivés à l’hôtel, quand nous avons découvert les tableaux ensemble, dîné ensemble, dansé ensemble. Quelque chose qui n’est peut-être que le fruit de mon imagination, le fantasme de déceler ce que je veux tant voir dans ses iris bleus. Ce que je n’ai pas rêvé, c’est le soir où Joanne m’a fait comprendre entre les lignes qu’il n’y a plus d’amour pour moi en elle. Le reste, je n’en suis pas sûr.
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Message(#)joamie + rewriting history - Page 3 EmptyMar 4 Avr 2017 - 13:56


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Jamie semblait véritablement soucieux de l'état de santé mentale de la jeune femme qu'il savait Ô combien fragile. Peut-être cherchait-il à se repentir, à rattraper toutes ces fois où il lui disait clairement qu'il était préférable qu'elle se taise plutôt qu'elle verbalise tout ce qui pouvait lui passer par la tête. Une règle qu'elle appliquait bien plus que du coutume désormais, même face à son psychologue alors que c'était bien là tout l'intérêt de cette profession: écouter. Joanne n'avait réussi que quelques échanges, à lui expliquer les grosses lignes et souvent des histoires sans importance. Effleurer son histoire avec Hassan, celle avec Jamie, elle n'y arrivait pas encore. La relation de confiance prenait énormément de temps à s'instaurer, mais Joanne préférait qu'il en soit ainsi plutôt que de se précipiter et se rendre compte que le psychologue là n'était pas celui qui lui correspondait le plus. "Je peux pas." répéta-t-elle malgré le conseil important de Jamie. Sa voix tremblait, tout comme la main que tenait délicatement le bel homme. "Je sais qu'il faudrait que j'en parle parce que... Je ne peux pas garder ça pour moi. Mais je peux pas. Il y a la personne concernée, mais... ça n'irait pas. Et dieu sait comment le psychologue réagira en entendant ça et je... Je ne veux pas qu'on m'arrache de Daniel. Pas à cause de ça." Elle hoqueta et baissa les yeux, impuissante et coincée dans une situation dont elle n'arrivait pas à se défaire. Au lieu de continuer à tergiverser sur quelque chose pour lequel Joanne ne pouvait dire plus, elle préférait revenir au déroulé de leur soirée, qui, malgré quelques incompréhensions, fut un très bon moment à passer pour l'un comme pour l'autre. Elle écoutait avec attention ses justifications quant à son comportement, sa volonté de bien faire. Jamie avait toujours voulu bien faire, même s'il ne parvenait pas toujours à utiliser les bons outils. "Je ne pense pas que ce ne soit qu'une simple chanson pour toi, n'est-ce pas ?" lui dit-elle tout doucement en plongeant son regard dans le sien, avec une certaine tendresse. “Peut-être qu’au fond, ce ne sont pas que des souvenirs.” Jamie n’aurait pas voulu les faire remonter pour rien, cela n’avait pas de sens. “Qu’est-ce qui a changé, dans mon regard ?” lui demanda-t-elle alors avec un regard tendre et un très léger rictus au coin de ses lèvres. Elle voulait savoir ce que Jamie y avait vu. “Dis le moi.” souffla-t-elle tout bas, comme pour ne pas perturber la sérénité et la légèreté de cette nuit un peu particulière. La petite blonde décida de revenir sur cette chanson qu’avait choisie Jamie, persuadée qu’il lui cachait quelque chose. “Je vous connais suffisamment bien pour savoir que vous êtes capables d’utiliser tous les moyens possibles pour exprimer ce que vous n’arrivez pas à dire dans un discours, Monsieur Keynes. Que ce soit une chanson, un comportement, un regard, des cadeaux, parfois même le sexe, disons le.” dit-elle doucement. C’était d’ailleurs quelque chose qu’elle avait toujours aimé chez lui, bien qu’elle adorait ces très rares fois où il parvenait à mettre des mots sur ses sentiments. Mais cette incapacité le rendait incroyablement tendre, et Joanne savait qu’il n’avait pas perdu ce trait, en le voyant tel qu’il était, accroupi devant elle. Elle posa délicatement ses mains de chaque côté de son visage et plongea son regard dans le sien. “Il y a ces fois où… Ton affection me manque, tu sais. Tous ces petits gestes de la vie quotidienne qui te semblaient peut-être insignifiants mais qui comptaient énormément pour moi.” Elle soupira. “Nous n’avions pas alors besoin d’aller de l’autre côté du monde pour se sentir bien, malgré les conflits… Nous parvenions toujours à nous retrouver durant la nuit. Elle a toujours été avec nous.” Peut-être que c’était ce manque qui expliquait à quel point son coeur se serrait lorsqu’elle le savait avec une autre femme, ou même lorsqu’elle le supposait. “J’espère que nous parviendrons à emmener avec nous à la maison cette bonne entente. Ca me tue qu’on soit incapable de passer un moment sans qu’il y ait une tension, une dispute, des reproches, qu’importe.” Et il n’y avait plus rien sur quoi sur reposer pour tenter une réconciliation. Ca s’apaisait, puis ça repartait de plus belle. Et cela ne faisait qu’agrémenter le mal-être de Joanne. “La complicité que nous avions me manque, le monde que nous nous étions bâti. Et j’ai tout ruiné alors que nous étions capables de tellement plus.” Pendant qu’elle parlait, Joanne s’était mise à délicatement caresser les traits de son visage. “Il y a ces fois où j’ai envie de remonter le temps, de ne pas faire les erreurs que j’ai pu faire, et tout recommencer. Retomber à nouveau amoureuse de toi, que tu sois à nouveau amoureux de moi et que nous puissions tout reprendre.” Elle sourit tristement. Il lui arrivait régulièrement de regretter bien des choses qu’elle avait pu faire. Ne serait-ce que de se battre un peu au moment de son divorce avec Hassan, ou changer toutes ces fois où elle était à l’origine des disputes avec Jamie. Si ce n’était pas en se laissant ronger par ses idées, Joanne occupait son temps libre avec cette foule de regrets. Il suffisait de voir où elle en était avec Hassan et Jamie pour comprendre que c’était peut-être elle, la personne la plus toxique qui soit. “Mais c’est trop tard, je suppose.” dit-elle en se penchant vers lui pour lui déposer un léger baiser sur le front.
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Message(#)joamie + rewriting history - Page 3 EmptyMar 4 Avr 2017 - 17:39


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Tandis que les mains de Joanne se mettent à trembler dans les miennes, mes doigts resserrent leur étreinte et mon regard, moins effacé, supporte le sien comme si elle peut s’y reposer. Car il y a ce poids sur ces épaules, ce mal dont elle ne me dit rien mais dont elle esquisse la gravité, ce secret qu’elle ne garde que pour elle et qui la ronge, et j’aimerais pouvoir être celui à qui elle en parlera pour se sentir délivrée. Mais il suffit qu’une courte rétrospective de notre relation pour comprendre les raisons qui la poussent à garder le silence ; telle était la règle sous mon toit, sous ma tyrannie. Comment était-il possible d’être à la fois le bourreau et l’amant de la jeune femme, c’est une question qui se pose en voyant le revers de mon dévouement pour elle ; la frustration d’être incapable de la rendre heureuse malgré tout ce que je pouvais faire qui me poussait à la museler afin de ne plus l’entendre clamer que rien était assez. C’est l’un des nombreux aspects de notre relation, pour ne pas dire le principal, que j’aimerais corriger, effacer. « Personne ne t’arrachera à Daniel. Je ne le permettrais pas. » j’assure à Joanne, allant à contrario de ces fois où, dans un élan de colère, je la menaçais moi-même de faire en sorte qu’il lui soit enlevé pour son bien. C’est bien tout ce que je peux faire, et encore, nos disputes passées ne risquent pas de la rendre encline à me croire sur parole, et je ne pourrai pas lui en vouloir. Mais un petit a besoin de sa mère, et il n’y a pas de débat à avoir à ce sujet. Il a besoin de cet amour inconditionnel qu’elle peut lui donner, de ce lien si particulier qui les unit et qui fera toujours de lui, au fond, le véritable homme de sa vie. Lui ne la décevra jamais, lui ne lui fera jamais de mal. Ils ne seront jamais de complets étrangers l’un pour l’autre comme Joanne et moi le sommes souvent ces derniers mois. Incapables de communiquer, jouant des masques et subissant autant de montagnes russes émotionnelles que lorsque nous étions ensemble, mais peut-être plus destructrices encore, car il n’y a pas de peur à avoir d’écraser un peu plus des miettes et des cendres. Quels dégâts nos batailles peuvent-elles encore causer s’il n’y a déjà plus rien ? Il n’y a que les souvenirs et les regrets qui se fossilisent. J’aimerais retirer tout ce que j’ai pu dire ou faire qui a blessé Joanne, et qui nous a blessés. J’aimerais être quelqu’un qu’elle puisse aimer, et qui lui apporte plus qu’il ne lui prend. Bien sûr que rien n’est le fruit du hasard, et que toutes les attentions que j’ai pour la petite blonde hurlent mon souhait de retrouver son affection, ou au moins, de me racheter. Quelle ne me voit plus comme un homme à craindre, un stigmate. C’est peut-être cela qui a changé dans son regard, mais je ne saurais m’avancer au point de l’affirmer. « Je… Je ne sais pas… » je souffle. Les mots pouvant qualifier cette impression que j’ai lorsque nos iris plongent l’un dans l’autre sont introuvables. Mais je sens ce changement, ce quelque chose en plus. Encore une fois, les paroles sont incapables de traduire ma pensée, et elles demeurent enfermées dans mon crâne malgré leurs tentatives de s’exprimer par des moyens différents. La palette, désormais, est bien plus restreinte qu’avant. Qu’il était simple de tout lui dire, la tête sur l’oreiller. Tout devenait limpide dans ces moments. Soudainement ma peau brûle au contact des mains de Joanne sur mes joues ; elle attrape mon visage et engloutit toute mon attention, décuplant au passage ma crainte d’un nouvel éclat venant fissurer mon cœur. Ses paroles font autant de mal que de bien. Je ne sais que penser, que croire. Que l’alcool lui insuffle subitement cette impression que je lui manque, ou que cela réside bel et bien en son for intérieur. La nuit, cette nuit, est-elle de notre côté, comme elle le fut avant ? J’ai tendance à croire à un piège, imaginant déjà mes espoirs tellement nourris par les paroles de Joanne un peu plus réduits à néant avec les mots suivants, parce qu’il ne peut pas y avoir assez de coups de poignard pour me châtier. Si bien que je cherche des messages qui n’existent peut-être pas entre les lignes qui viseraient à me faire un peu plus comprendre qu’il n’y a rien à sauver. Que cet état, cette relation, est définitive, comme je l’avais souhaité au départ. Pourtant, de plus en plus, tout m’indique le contraire. Ca ne peut pas être, mais cela y ressemble. Et je prie pour qu’il ne s’agisse pas du mirage d’un oasis, un tour joué par les nombreux verres de vin et les coupes de champagne. Est-ce qu’elle le pense ? Lorsqu’elle partage ce fantasme que j’ai moi aussi de revenir en arrière pour tout changer, est-ce vrai ? Est-ce qu’il est possible, faisable, qu’elle m’aime à nouveau ? Je me décompose au fur et à mesure de son discours, complètement perdu, sonné. J’ai envie de lui dire que ce n’était pas de sa faute, que moi aussi j’aimerais gommer nos faux pas, mais surtout, repartir à zéro sur une belle grande toile blanche. Là vient le coup porté au cœur, lorsque Joanne ne semble pas y croire elle-même, et qu’elle prononce cette phrase ignoble ; c’est trop tard. Son baiser sur mon front est le point final de ses paroles qui me laissent complètement abasourdi. « Ca l’est ?.. » je demande en levant mon regard vers la jeune femme, me surprenant moi-même par un élan d’audace provenant de nulle part au sein de ma résignation, si bien que mon rythme cardiaque entame une course qui me donnerait presque le vertige. « Est-ce que c’est trop tard ? » Car je veux croire qu’il existe une possibilité que Joanne m’aime à nouveau, et que nous puissions tout recommencer. Un espoir qu’elle peut briser en un mot désormais. Je n’espère que sa sincérité ; qu’elle réponde qu’il n’y a plus rien à faire et me soulage de ce rêve idiot comme un pansement que l’on arrache s’il le faut, mais quoi qu’il en soit, qu’elle ne me laisse pas flotter dans le doute qu’elle a instauré quant à ses sentiments, je ne peux pas le supporter.
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Message(#)joamie + rewriting history - Page 3 EmptyMar 4 Avr 2017 - 19:30


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Les raisons du silence de Joanne étaient multiples. Ce n’était pas seulement dû aux exigences de Jamie lorsqu’ils étaient encore en couple. Lui qui exigeait d’elle qu’elle se taise et ne partage plus aucune de ses pensées. Une règle qu’elle avait appliqué à la lettre mais qui lui était malheureusement bien délétère. La jeune femme avait pendant longtemps appliqué cette loi et l’avait même étendu auprès d’autres, notamment Hassan. Quoi qu’elle dise, quoi qu’elle fasse, ça n’allait pas. Pour Jamie comme pour son ex-mari, rien de ce qu’elle pouvait dire n’était convenable, acceptable ou pardonnable. Voilà que Jamie changeait totalement de discours lorsqu’elle lui faisait part de ses craintes de perdre Daniel. Lui qui était prêt à le lui enlever pour leur bien, il retournait sa veste et lui assura qu’il ne laisserait jamais personne lui retirer leur fils. Jamie avait des valeurs familiales bien ancrées, refusant catégoriquement de se calquer à sa propre éducation et voulant mettre en avant les besoins fondamentaux d’un enfant. Et ce qui arrivait en tête de liste était qu’un petit avait avant tout besoin de sa mère, surtout dans une relation aussi fusionnelle que la leur. La petite blonde ne savait alors plus sur quel discours elle devait se focaliser, laquelle était la plus vraie. Parce que Jamie était bien capable des deux. Sur le moment, il semblait sincère. Du moins c’était ce que Joanne croyait. S’en suivait une discussion bien plus tournée sur leur couple, sur les sentiments pour l’un l’autre. Le bel homme aurait juré voir quelque chose de nouveau dans le regard de Joanne. Il l’avait bien notifié, mais encore une fois, il ne parvenait pas à mettre des mots ce qu’il avait vu, sur ce qu’il avait ressenti. Joanne ne lui en tenait pas rigueur, elle savait combien cet exercice était difficile pour lui. Alors elle s’était mise à parler à son tour, de ce qu’elle pensait, de ce qu’elle espérait. L’on dirait qu’elle est une pente bien glissante, en faisant de telles révélations. D’un côté Hassan, où leur relation –quelle qu’elle soit– restait sur le fil du rasoir en permanence, et de l’autre, Jamie, où elle ne savait que penser non plus. Son comportement avait beaucoup changé, il semblait qu’il avait un petit peu évolué et qu’il avait poussé sa réflexion. Elle était encore parfaitement capable de capter toute l’attention de Jamie. Dès lors qu’elle avait posé ses mains sur son visage, il était captivé par son visage, avalant le moindre de ses mots. Joanne ne se souvenait plus de la dernière fois où elle avait eu une telle emprise sur lui. Ils devaient encore être en couple. Elle se demandait si c’était un signe, une preuve d’un quelque chose qui se passerait entre eux. Joanne sentait sous ses doigts la peau du bel homme devenir sensiblement plus chaude. Il restait longuement silencieux après que Joanne ait dit ce qu’elle avait à dire. Mais à aucun moment elle n’avait retiré ses mains de son visage. Il reprit la parole, lui demandant si c’était trop tard. Joanne se demandait s’il cherchait le feu vert en quelque sorte. Il voulait savoir s’il y avait encore de l’espoir quelque part, ou si leur amour était véritablement mort. Il y avait cette lueur dans son regard, quelque chose qu’elle n’avait plus vu depuis longtemps. Silencieuse, elle continuait de lui caresser le visage du bout des doigts. “J’espère que non.” lui souffla-t-elle au bout d’un moment. Pour Joanne, il n’était jamais trop tard – sauf pour la question de porter un enfant dans son cas. Mais elle pourrait avoir une multitude de moments vécus qui prouveraient qu’il n’est pas trop tard. Elle était prête à renouer avec son frère après dix ans d’absence, elle était prête à révéler certaines choses à Hassan des années après leur divorce. Mieux vaut tard que jamais, se disait-elle constamment. Peut-être que c’était trop tard une fois que ses poignets étaient bleues, peut-être que c’était trop tard dès lors que Joanne avait rendu la bague de fiançailles ou lorsque Jamie voulait annuler le mariage. La jeune femme ne demandait que ça, de tomber amoureuse. Elle avait toujours beaucoup d’affection et de tendresse à donner. Il était certain que si c’était ce que le bel homme voulait, ça allait peut-être prendre un peu de temps. Joanne ne savait pas vraiment ce qu’il voulait faire de la réponse qu’elle venait de lui donner. Si ça avait une quelconque importance à ses yeux ou pas. La jeune femme se laissa glisser le long de son fauteuil pour se mettre à genoux juste en face de lui. “Pourquoi cette question ?” lui souffla-t-elle tout bas, son visage étant certainement un peu trop proche du sien. “La réponse comptait-elle tellement pour toi ?” Pendant des mois, Jamie était pourtant bien clair, il ne voulait plus qu’il y ait d’affection entre elle et lui. “Il y a quelques semaines à peine, tu aurais dégagé depuis longtemps mes mains de ton visage.” dit-elle tout bas, tout en douceur. Et pas là. Elle voyait ses joues rougir, il laissait son regard être happé par les iris bleus de la jeune femme.
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Message(#)joamie + rewriting history - Page 3 EmptyMer 5 Avr 2017 - 16:05


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Ce qu'il se passe exactement à cet instant, dans cette chambre, ne se qualifie pas, ne s'explique pas. Je ne comprends pas bien moi-même ce qu'il nous prend de parler, nous confier ainsi. L’air s'est chargé de regrets et de tendresse, une légère nostalgie flotte autour de nous, dans cette étrange bulle qui s'est formée et dans laquelle il semblerait que nous nous sentions assez en sécurité pour entrouvrir nos coeurs. Je ne peux pas m'empêcher de l'aimer, Joanne. Je l'ai voulu, je l'ai cru, je m'en suis persuadé, et je l'ai persuadée, elle aussi. Pourtant je ne peux pas aller contre ces sentiments qui m'attirent constamment vers elle. Tous les chemins, toutes les hypothèses, mènent à elle. Je ne peux pas espérer qu'il en soit de même pour la jeune femme, qu'elle ressente la même chose -plus maintenant, peut-être plus jamais. Peut-elle m’aimer à nouveau ? Je cours après cette réponse depuis quelques temps. Je rêve qu'elle me revienne un jour. De recoller ensemble les morceaux de nos coeurs, d’en échanger quelques pièces, et lier nos existences l'une à l'autre à nouveau. Le soulagement égale l'angoisse lorsque Joanne répond. Peut-être qu'il n’est pas trop tard. Peut-être que ça l'est. Il n’y a rien de certain, seulement de quoi nourrir les espoirs, et menacer un peu plus de les briser. Mon monde me paraît tellement bancale sur le moment, capable de basculer d'un côté ou de l'autre au moindre coup de vent, au moindre faux mouvement. Ce fragile équilibre coupe ma respiration, et l'instant se fige dans le temps et l'espace, comme dans ces moments où l’on croit poser le pied sur une marche qui n’existe pas. Un léger vertige, un sursaut. À quoi me raccrocher alors ? À ses mots, à cette lueur dans son regard ? La crainte fait vibrer la corde raide sur laquelle j'avance, la peur de la chute -et je suis fatigué de chuter encore et encore. Joanne est là, elle est tout ce que je veux. Et cette boule qui noue mon ventre me suggère de fuir avant que n'arrive la prochaine catastrophe. Mais je ne peux pas échapper à ce regard-là, à cette douceur. La grâce dans chacun de ses gestes et ses paroles me paralyse. Face à moi désormais, aussi à genoux que je le suis, mon visage reste entre ses mains, là où une autre réalité peut avoir sa chance. Avant, j’aurais rejeté cette possibilité. “Plus maintenant.” dis-je tout bas, surprenant mon regard en balade sur les traits de son visage angélique, s'arrêtant furtivement sur ses lèvres roses, puis retrouvant ses prunelles tendres. Sous ses doigts, le sang est propulsé à toute vitesse dans mes veines, teinte légèrement mes joues. Ma respiration, courte, obstruée par les tremblements d'un coeur apeuré, est pendant un long moment la seule chose que l’on peut entendre dans la pièce. Délicatement, je dépose une main sur sa joue, la frôle affectueusement du bout du pouce. Quelle belle créature, sublime chimère, promesse de la seule rédemption qui vaille. Sûrement la plus belle chose que j'aie jamais vue. Mon visage s'approche du sien. Je frôle l’arête de son nez, et résiste à l’envie d’effleurer ses lèvres, malgré la tentation particulièrement grande pendant une seconde ; je me repose simplement sur son front, les yeux fermés. Il y a sûrement une autre chanson qui pourrait lui traduire mes pensées, le catalogue est immense, mais je reste silencieux. J’hume son parfum, sens la douceur de sa peau dans ma paume, et son souffle chaud sur mes joues. Elle me manque tellement, mais ce contact suffit à apaiser cette sensation oppressante pour un instant. Finalement, après un soupir, je remets un peu de distance entre nos visages. Je souris même un peu à Joanne, me satisfaisant de ces quelques minutes tendres, loin de l’allure qu’a habituellement notre relation. Je pourrais profiter des confidences pour lui ouvrir un peu plus mon cœur, lui dire que je l’aime, et qu’il ne manque plus qu’elle m’aime aussi. Quelque chose me dit que ce n’est pas le moment. « Tu devrais retourner te coucher. » dis-je au lieu de ça. Peut-être que la jeune femme trouvera le sommeil cette fois. En tout cas, ce n’est pas en restant ici qu’elle aura le repos dont elle aura besoin pour appréhender la journée de demain –si nous ne sommes pas déjà demain. Et d’autres émotions sont à prévoir.
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Message(#)joamie + rewriting history - Page 3 EmptyMer 5 Avr 2017 - 17:21


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Pour Joanne, les sentiments que Jamie avaient pour elle s’étaient effacés au même moment où il avait retiré sa bague de fiançailles. Il avait pourtant montré pendant des mots qu’il ne voulait plus de son amour ni de son affection, qu’elle restait juste son premier amour et la mère de son fils unique. Le bel homme semblait apprécier l’attention que lui portait Joanne à ce moment là. Il ne bougeait, et semblait apprécier se laisser emporter par ses caresses et le regard doux posé sur lui. Joanne voulait retomber amoureuse, elle espérait secrètement en être capable. Mais pour cela, elle devait avoir à nouveau confiance. L’affection qu’elle avait pour Hassan, c’était une forme d’amour aussi, mais l’on ne pouvait pas dire qu’il s’agissait exactement du même sentiment qu’ils partageaient quelques années plus tôt. Pour Jamie, c’était relativement pareil. Elle avait une certaine affection pour lui, un autre aspect de ce sentiment aux multiples facettes. Mais ce n’était pas cette forme d’amour qui l’incitait à l’embrasser ou celui à vouloir partager des moments plus charnels. Elle ne demandait qu’à ressentir tout ceci à nouveau. Avoir des papillons dans le ventre, être incapable de ne pas sourire dès lors que l’être aimé était dans le champ de vision, ressentir sa présence et toutes ses émotions. Recréer avec quelqu’un ce lien quasi magique qui les rendait indissociable. Joanne venait à se demander s’il y avait une quelconque forme de tendresse lorsqu’il était avec Emma, ou si ce n’était que du sexe. Malgré leur rencontre au musée, la petite blonde avait comme cette ferme conviction que la brune était toujours dans sa vie, d’une manière ou d’une autre. Jamie semblait déstabilisé par ce que pouvait faire ou dire la petite blonde. Celle-ci n’avait aucune idée de la force des sentiments qu’il avait pour elle. Il semblait être fébrile, que le moindre coup de vent pourrait le réduire en poussière. Il restait réceptif à la moindre de ses caresses et finit lui-même par poser une main délicate sur le visage pâle de sa belle pour en effleurer la peau. Il approchait son visage du sien. Sur le moment, elle craignait qu’il ne veuille l’embrasser. Elle ne pouvait pas accepter un tel geste, pas encore. Il devait savoir combien ce genre de choses était particulièrement significatif pour elle. Mais rien de tout ceci. Jamie collait simplement son front contre le sien, frôlait sa peau avec délicatesse. Les yeux fermés, il profitait de ce moment de tendresse. Joanne continuait de caresser son visage pendant cette minute d’affection. Jamie devait en avoir besoin de tendresse, pour qu’il vienne ainsi en chercher auprès d’elle. A moins que ce ne soit les confidences qui ne le rendent plus affectueux. Jamie finit par s’éloigner un peu d’elle. Il lui sourit même pendant quelques secondes. “Je vais essayer de dormir un peu, oui.” lui répondit-elle tout bas. La jeune femme se redressa et réajusta son kimono avant de s’approcher de la porte. Une fois celle-ci ouverte, elle se retourna et fit une dernière caresse sur la joue de Jamie. “Bonne nuit. J’espère que tu arriveras à te reposer, c’est un autre grand jour demain.” Ils avaient tous les deux bien hâte de mettre enfin un visage à Celso. D’un pas lent, elle retourna dans la suite. Un petit détour par la chambre de Daniel était de rigueur. Le petit dormait paisiblement, parfaitement imperturbable. Elle se pencha pour l’embrasser sur le front avant d’aller dans sa propre chambre pour s’emmitoufler dans la couette, à attendre que le sommeil veuille bien d’elle. Cela prit tout de même encore un certain temps. La nuit de Joanne fut donc relativement courte mais le petit ne s’était pas réveillée excessivement tôt. Un nouveau petit-déjeuner sur la terrasse était de rigueur, avec un bébé de très bonne humeur. Elle le laissait jouer après qu’il ait bu son biberon, le temps qu’elle avale également quelque chose. Mais il avait vu sa mère manger quelques fruits et il adorait ça. Il venait donc en réclamer à Joanne avec son sourire charmeur. Elle le mit alors sur ses genoux et lui donnait quelques morceaux de fruits de temps à autre. Il fallait ensuite s’habiller et se préparer pour retourner à l’atelier dans lequel les restaurateurs travaillaient ardemment pour redonner une nouvelle vie à cette multitude de tableaux. Joanne avait hâte de voir ce portrait, elle en avait même quelques palpitations. Le petit dans les bras, elle descendait au rez-de-chaussée de l’hôtel. Jamie l’attendait déjà dans le hall principal. La jeune femme lui sourit. “Coucou. Tu as bien dormi ?” lui demanda-t-elle lorsqu’elle l’avait rejoint. “J’ai quand même pris un peu de temps à m’endormir. Mais au moins, j’ai dormi. Suffisamment pour bien avoir les yeux en face des trous pour pouvoir admirer ce qu'on va voir aujourd'hui.” dit-elle avec un ton enthousiaste. Si l’esprit était déjà bien plus léger qu’à l’accoutumé depuis leur arrivée à Florence, Joanne avait l’impression de l’être encore plus ce jour-là. Oui, il y avait toujours énormément de choses qui la travaillait et qu’elle gardait pour elle, mais il y avait des choses bien plus excitantes auxquelles penser pour le moment. De plus, les tensions entre Jamie et elle semblaient s'être bien apaisées.
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Message(#)joamie + rewriting history - Page 3 EmptyMer 5 Avr 2017 - 19:44


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Il y a un nouveau vertige lorsque Joanne quitte la chambre, un vide. J’aurais aimé l’avoir plus longtemps pour moi, la prendre dans mes bras longuement, et laisser les minutes passer pendant lesquelles nous aurions échangé juste un peu d’affection. Ce qui nous a cruellement manqué depuis des mois. Ce vide s’installe comme un trou noir et vient dévorer mes forces, bien entamées par toutes ces émotions. Cette fois je ne doute pas que je trouverai le sommeil. Je ne me vois même pas traîner ma carcasse jusqu’au lit ou me glisser sous le drap ; je ne remarque mon transfert dans le matelas moelleux qu’une fois le soleil assez haut pour m’éblouir à travers mes paupières closes. Il réchauffe mon visage, et ce pied qui s’est glissé hors de la couverture. Il est tôt, je devine à l’angle de l’astre par rapport à l’horizon, et pendant une heure, peut-être deux, je reste immobile et ne fait que l’observer grimper un peu plus haut dans le ciel de minute en minute. Jusqu’à ce que l’heure me paraisse raisonnable pour me lever. J’attends Joanne dans le lobby bien avant qu’elle n’arrive, trouvant une bonne occupation dans la lecture du journal, tandis que les allers et venues des clients et des grooms dont les pas et les conversations forment un ballet incessant autour de moi. Je relève les yeux vers l’ascenseur un peu avant que les portes de celui-ci s’ouvrent sur Joanne et Daniel. Un fin rictus glisse au coin de ma bouche. J’abandonne là le journal et me redresse, puis prend soin, bien entendu, de saluer mon fils avec un baiser sur la joue. « Je ne me souviens même pas que ma tête ait touché l’oreiller. » je réponds à la jeune femme qui a également pu se reposer avant d’attaquer cette nouvelle journée. Comme la veille, une voiture nous attend dehors, louée au même titre que la poussette dans le coffre –ayant été utile la veille, j’ai renouvelé l’initiative. Ma poitrine est serrée par une bonne dose d’appréhension, et pourtant, beaucoup d’excitation. Je n’ai aucune raison de craindre un portrait, il n’est aucun mal qu’il puisse me faire, c’est idiot ; je mets la nervosité sur le compte de la peur de la déception. Il y a l’éventualité que le portrait soit particulièrement habillé, ou même raté qui pourrait faire retomber l’enthousiasme à plat, mais aussi la possibilité de ne pas aimer le facies de cet homme, de le trouver révulsant, désagréable, ou que sais-je. Cela me ferait sentir profondément désolé pour Grace qui aurait donc partagé un peu de sa vie avec un homme qui n’était pas à sa hauteur. Cela ne serait qu’une histoire qui se répète me direz-vous. Nous arrivons à l’atelier après un trajet silencieux. Depuis la place du passager, j’entendais les petits cris de Daniel qui semblait demander « c’est quoi ? » à chaque bâtiment ou monument que nous voyons à travers les vitres de la voiture. Comme la veille, c’est Matteo qui est présent pour nous servir de guide, en plus de s’occuper de comité d’accueil. « Jamie, Joanne ! Et le tout petit est aussi de retour ! Toi aussi tu es amateur d’art et d’Histoire ? » Il claque une bise sur les deux joues de tout le monde sans se soucier de son degré de familiarité –sauf peut-être avec moi, car je sens une seconde d’hésitation dans son approche avant d’oser me saluer à mon tour. « Vu ses parents, soit il le sera, soit il ne voudra plus en entendre parler. » je réponds avec un sourire. Notre passion pourrait se transmettre à notre fils, tout comme elle pourrait l’agacer et l’écoeurer. Personne ne peut prévoir ce genre de choses. De toute manière, il est encore trop petit pour comprendre des notions pareilles, même s’il sait tenir un crayon et faire des gribouillages sur tout ce qui lui passe sous la main. « Le portrait est prêt, si vous voulez le voir tout de suite. » reprend Matteo avec un regard particulièrement malicieux, et toujours, ce sourire en coin particulièrement mielleux à l’intention de Joanne. J’accepte d’un signe de tête. Nous emboîtons alors le pas de l’italien jusqu’à la salle de restauration d’hier, mais cette fois Cosima ne s’y trouve pas. Le tableau a tout simplement été disposé derrière une vitrine, le protégeant ainsi du monde extérieur qui a continué de tourner sans lui et dont il doit s’acclimater. Il n’y a pas plus de mystère, pas de suspense ; à peine la porte s’ouvre-t-elle que nos yeux peuvent rencontrer le regard de Celso, saisissant et fascinant. Alors que j’approche, dévisageant tous nos traits communs, j’oublie de respirer plus d’une fois. Une fois face à lui, mon visage reflété sur la vitre, sur le sien, l’effet miroir est sans équivoque. « Est-ce que vous saviez ? » Je sursaute et lance un regard interrogateur à Matteo par-dessus mon épaule. « Si vous avez investi autant dans ces recherches, est-ce que c’est parce que vous aviez connaissance de son existence ? Est-ce que c’est un parent ? » La question est à la fois légitime et absurde. Comment aurais-je su ? Comment quiconque aurait pu savoir ? C’est un homme oublié de tous, effacé de la mémoire collective, un inconnu. Pourtant je comprends le raisonnement. « N-non, rien de tout ça. » je réponds, troublé, et le regard complètement ancré dans celui de l’artiste, aussi vert que le mien sous la couche de poussière et de vernis craquelé.
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Message(#)joamie + rewriting history - Page 3 EmptyMer 5 Avr 2017 - 21:07


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Il y avait une sorte de nervosité qui planait dans la voiture. Rien qui ne soit relatif à l’état de leur relation, ou à la nuit précédente. Au contraire, Joanne avait beaucoup aimé cette nuit là. C’était un très bel anniversaire, bien plus romantique qu’ils ne voulaient l’admettre, aussi. Mais ils avaient pu se confier tous les deux. Joanne n’était pas capable de discuter ce qui la tourmentait tant, mais au moins il savait qu’il y avait quelque chose qui n’allait pas. Il n’y avait que Daniel qui était bavard, bien plus enclin à découvrir la ville que les jours précédents. Joanne était amusée par ses petites exclamations. Parfois il tournait la tête vers elle pour avoir des explications, ce que la jeune femme tentait de lui donner avec les mots les plus simples. Cela semblait lui convenir. Ils arrivèrent assez rapidement à l’atelier, il n’y avait pas beaucoup de circulation. C’était Matteo qui les accueillit, bien plus chaleureux que la veille. Joanne était déroutée que l’Italien lui fasse la bise avec une telle évidence. Elle lâcha un rire nerveux après coup. Elle était assez curieuse de voir si Daniel allait autant s’intéresser à l’Histoire ou l’art que ses parents. Elle était curieuse de ses futurs centres d’intérêt et de ses passions tout court. Que ce soit sportif, artistique ou intellectuel, elle allait toujours l’encourager dans ses projets. Elle savait que Jamie était pareil. Aucun des deux ne comptait le forcer à suivre une voie particulière. La jeune femme sentait son coeur battre à toute allure lorsque Matteo annonça que le portrait était prêt à être vu. La jeune femme, qui avait toujours le petit dans les bras, devint à nouveau silencieuse, entièrement concentrée sur le portrait qu’on allait leur révéler. Elle avait l’impression que son coeur allait exploser lorsqu’elle s’approcha de la vitrine qui protégeait le tableau de l’environnement extérieur. Bouche bée, elle n’arrivait même pas à cligner des yeux tant elle ne réalisait pas ce qu’elle voyait. Toute proche de la vitrine, elle regardait longuement le portrait, encore bien dégradé par endroit. C’était à en couper le souffle. La ressemblance avec Jamie était flagrante. Même la couleur des yeux était similaire. Celso avait les cheveux un peu plus, mais les traits du visage étaient les mêmes que ceux de Jamie. Et Grace qui était le portrait craché de Joanne. Non, ce n’était pas un hasard. Même le beau brun avait admis qu’il avait l’impression qu’ils devaient être là, à cet instant précis, qu’importe les circonstances. Quelque chose les avait attiré jusqu’ici et ces portraits en était la preuve. Un long moment de silence s’imposa. Jamie et Joanne étaient dans leur contemplation. Matteo rompit le silence en s’adressant à Jamie. Cette reprise de parole la fit même sursauter. La petite blonde écarquilla les yeux lorsqu’elle les entendait parler. Matteo partit pour les laisser seuls un instant. Ses iris bleus scrutaient désormais le bel homme. “J’avais raison…” souffla-t-elle tout bas. “C’est toi qui a financé les recherches, il vient de le dire.” Joanne ne réalisait tellement pas qu’elle bégayait par moment, on ne peut plus surprise de cette révélation. “Ca fait des mois que tu t’investis là-dedans et tu ne voulais pas me le dire, pourquoi ?” Son ton n’était absolument pas accusateur, au contraire, sa voix était particulièrement douce. “Tu savais que ça m’intéressait, depuis qu’on a vu l’article à Nouvel An, tu le savais…” Hébétée, la jeune femme ne comprenait pas la manoeuvre de Jamie. Il semblait si désintéressé à ce moment là et voilà qu’elle venait d’apprendre qu’il versait de grandes sommes d’argent pour accélérer les recherches et en savoir un maximum sur ce couple. “Depuis le début c’est toi qui me permettait ou non de voir les avancées, tout vient de toi en fait.” Joanne commençait par croire qu’il avait monté tout ce stratagème rien que pour elle. Mais étant un peu trop modeste, elle se disait que ce n’était possible. C’était typiquement le genre de choses dont Jamie était capable pour exprimer quelque chose, pour prouver quelque chose lorsqu’il lui était impossible de trouver les mots. “Tu… Tu as fait tout ça pour… moi ?” se risqua-t-elle à demander d’un air on ne peut plus embarrassé. Si c’était le cas, c’était l’une des plus belles preuves d’amour, que de permettre à la femme qu’on aimait de la bercer dans ses fantaisies.Si bien que Jamie avait certainement fini par s’y plonger également. Joanne espérait quelque part qu’il dise oui, qu’elle puisse sentir son coeur se revigorer d’une affection et d’un amour disparu il y a des mois de cela. Elle sentait son rythme cardiaque s’accélérer, ne sachant comment gérer toutes ces émotions d’un coup. Beaucoup de nouvelles découvertes en l’espace de quelques minutes. “Il te ressemble tellement...” finit-elle par dire. “C’est à peine croyable que deux personnes qui se sont tellement aimés nous ressemblent tant. Tout ça… c’est peut-être vrai.” Tout ce en quoi elle croyait, tout semblait se confirmer par la simple existence de cet autoportrait. “Il y a beaucoup trop de coïncidences que ça en est déroutant. Ca paraît impossible, et pourtant, tout est là. J'ai pas les mots...”
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