when we'll discover the truth, we may discover each other all over again.
Peut-être qu'il ne fallait pas revenir en arrière. Peut-être que chacun avait oublié le goût des lèvres de l'autre, la douceur de ses caresses, le plaisir d'être dans les bras de l'être aimé. Mais cela ne les empêchait pas de se souvenir à quel point ces instants là étaient beaux en tout point. Ils allaient forcément récupérer quelques brides de cette vie amoureuse pour passer pour l'inclure dans la nouvelle toile de leur relation qui devait se former au fil du temps. Ce n'était qu'un détail, que d'enlever une robe. Pour Jamie, c'était bien plus que la dévêtir. A chaque fois, c'était comme s'il la redécouvrait. Il avait toujours beaucoup la chute de ses reins, la pâleur parfois excessive de sa peau. Joanne sentait l'air frais caresser sa peau lorsqu'il ouvrait la robe. Cela lui donnait envie de se blottir contre lui, d'absorber un peu de sa chaleur. Malgré les températures quasi estivales tout au long de l'année en Australie, Joanne était frileuse. Il ne fallait pas de grandes différences par rapport aux températures moyennes pour qu'elle enfile un gilet ou vienne se réchauffer comme elle pouvait. Joanne l'avait entendu inspirer profondément. Lorsqu'elle s'était retournée, elle avait vu ses joues encore un peu roses, cette lueur qui animait son regard. Elle ne pouvait pas encore lui donner tout ça, et il semblait qu'il en avait pleinement conscience. Les sensations qu'elle aurait pu ressentir durant un tel moment, elle les avait oublié. La dernière fois, c'était lorsqu'elle avait encore des sentiments pour lui, et qu'ils avaient couché ensemble, juste pour mettre un point final à leur relation. Elle avait l'impression qu'une vie entière s'était écoulée depuis ce moment là, elle en avait presque tout oublié. A vrai dire, ce sont toutes ses idées noires qui avaient absorbé ces moments agréable, juste pour prendre plus d'espace dans l'esprit de la jeune femme. Oui, Joanne avait oublié tout ça. La petite blonde finit par le rejoindre sur la terrasse et Jamie ne se fit pas prier pour entrer dans l'eau bien chaude. Joanne retira son gilet et entrait également dans le bain. L'effet était immédiat, sur l'ensemble des muscles de son petit corps. Confortablement installée, et se laissant totalement charmée par le paysage –tout autant que Jamie–, Joanne se mit à rêvasser, sans très grande surprise. Elle aimait bien s'évader comme ça, ça a toujours été très facile pour elle. Histoire de la faire revenir à elle, le bel homme l'éclaboussa un peu. Puis encore, et encore, jusqu'à ce que cela devienne une bataille d'eau dont Joanne semblait finit vainqueur. Mais Jamie comptait bien user de sa musculature pour immobiliser la jeune femme tout contre lui. Elle arrêta de se débattre, sachant bien que c'était inutile, mais ne pouvait pas s'empêcher de continuer de rire jusqu'à ce que le silence prenne à nouveau place. La voilà tout contre lui, presque blottie. Jamie fit délicatement glisser ses doigts sur sa peau, de l'épaule jusqu'au cou. Forcément, la tête de Joanne se pencha un petit peu au moment de ce contact qui la fit sensiblement frissonner. Un autre détail que le bel homme ne pouvait pas non plus oublier; son cou. Il aimait son cou et il savait que cela faisait partie d'une des zones érogènes préférées par la jeune femme. Elle pensait qu'il l'aurait oublié, à force de conquêtes –et d'Emma–. Il l'embrassa délicatement sur la joue puis libéra la jeune femme de son étreinte. Celle-ci se retourne pour plonger son regard dans le sien, ne sachant pas trop ce qu'elle pourrait trouver dans ses iris. Elle s'approcha à son tour de lui. Sa main se mit à caresser l'une de ses joues, et elle déposa un doux baiser sur l'autre avant de l'étreindre à son tour, en passant ses bras par-dessus les épaules. Oui, se dit-elle, ça peut marcher. Ces moments d'affection là lui manquaient énormément, elle avait l'impression de ne pas être capable de vivre sans. Elle caressait du bout des doigts son dos. Ce n'était que bien trop tard qu'elle se rappelait combien elle avait aimé le voir torse-nu. Ca lui faisait toujours un sacré effet. Jamie était un homme particulièrement, qui aimait prendre soin de lui et qui en faisait fondre plus d'une comme neige au soleil. Elle se demandait alors si elle était déjà un peu trop intime avec lui. Il n'y avait pas encore de baisers échangés, pas de vrais baisers. Juste des petites caresses, des bisous sur la joue, des regards. Alors peut-être que le jeu de séduction avait déjà commencé, elle ne saurait trop dire. Elle restait de longues minutes ainsi, blottie contre lui, à se poser ces quelques questions tout en profitant de son étreinte. Puis elle s'éloigna de lui quand elle pensait qu'elle commençait à être un peu bizarre. Elle lui sourit timidement, avant de se décider à récupérer les flûtes de champagne. Après en avoir donné une à Jamie, ils firent tinter les verres. "Je ne pense pas que ce soit possible d'avoir l'air plus mégalo que ça." dit-elle d'un ton très amusé, après avoir bu une gorgée de la boisson pétillantes. Joanne regarda alors autour du jacuzzi, constatant dans un rire qu'ils avaient mis pas mal d'eau à côté durant leur petite bataille. "On ne sait vraiment pas se tenir." s'exclama-t-elle, toujours bien rieuse.
Our lives are not our own. We are bound to others, past and present, and by each crime and every kindness, we birth our future.
Joanne m'embrasse à son tour, et même si ce n’est que sur la joue, cela fait son petit effet. Mais elle m'étreint et ne peut pas voir la teinte qu'ont pris mes pommettes. Ses bras autour de mon cou me serrent avec tendresse. D’abord déboussolé, je n’ose pas bouger. Finalement, je l'encercle également et niche mon visage dans ses mèches blondes. J’y hume son parfum, je laisse sa chaleur m’enrober. J’ai encore du mal à croire que cela soit réel, que celle qui me paraissait si indifférente accepte aujourd'hui de me prendre dans ses bras. Ce qui est certain, c'est que je ne risque pas de m'en plaindre, bien au contraire ; je me délecte de chaque marque d'affection que la jeune femme veut bien me donner, je chéris ces moments qui me donnent l'espoir que, oui, nous pouvons tout recommencer. Même si je n'en ai pas envie, je lâche Joanne lorsque celle-ci défait son étreinte. Nerveux, je lui souris, mais la réalité est que je ne sais pas où me mettre ni quoi dire suite à un moment aussi étrange et agréable à la fois. Cela paraît plus facile pour elle, des sentiments moindres aident sûrement à avoir du recul. Elle me tend ma coupe de champagne, trinque comme si de rien n'était, et constate les dégâts de notre bataille d'eau sur les caillebotis autour du bassin. Une petite inondation sur la terrasse qui me fait rire. Nous restons encore là un long moment. Encore une fois, les mots ne sont pas forcément nécessaires. La vue, l'atmosphère fait tout. Tout ce que j'ai osé tenter, c'est de passer mon bras autour des épaules de Joanne, sur le bord du jacuzzi, la main frôlant son épaule. Lorsqu'il fait sombre, nous quittons le bain. Du moins, il m'apparaît être l'heure pour moi de retourner à la chambre et d’entamer une nuit de sommeil. Je noue autour de ma taille la ceinture du peignoir en éponge douce qui me couvre et laisse la petite blonde m’escorter jusqu'à la porte de la suite. “Merci pour le jacuzzi.” dis-je tout bas, car non loin de la chambre de Daniel, avant d'embrasser Joanne sur le front. J'aurais aimé rester, passer la nuit, mais chaque chose en son temps. J’ai déjà obtenu, en une journée, tellement plus que ce que j'aurais pu espérer. “Ça fait un zéro pour toi, mais à charge de revanche.” j'ajoute en avançant dans le couloir, lui lançant un regard complice par dessus l'épaule. Puis je disparais dans la cage d'escalier, mes affaires sous le bras. À peine ai-je fermé la porte de ma chambre derrière moi que mon téléphone se met à sonner. “Hey ! Comment tu vas ? Comment c'est Florence ?” demande la voix d’Emma depuis l'autre bout du globe. Alors la lourdeur s’empare de ma poitrine. “C’est superbe. La semaine passe à toute vitesse.” dis-je d’une voix sans assurance, mais qu'elle ne semble pas remarquer. Connaissant le décalage horaire, elle met cela sur la fatigue suite à une longue journée de touriste. “J’te l’avais dit. Et avec Joanne, ça se passe comment ?” Là encore, j'hésite avant de répondre, incapable de savoir comment tourner la chose, si je dois être franc, ou attendre encore un peu. “... Bien. Très bien.” La belle brune n’est pas spécialement ravie par mes intentions de rapprochement avec mon ex-fiancée, il faut bien l’avouer. C'est pourquoi cet air satisfait dans sa voix sonne bien faux. “Tant mieux. J’ai hâte que tu reviennes quand même. Tu te souviens d'un certain ensemble rouge ?...” Mon visage se loge dans ma main. Bien sûr que je me souviens, le motif de la dentelle me revient immédiatement à l'esprit, la manière dont le tout galbait sa poitrine et ses fesses, et ce même si ce sont des images que je ne veux pas dans ma tête à cet instant. “Emma…” je souffle, l'air grave et beaucoup trop sérieux. “Oh, je n’aime pas ce ton.” Et elle a bien raison de ne pas l’aimer. Elle raccroche après m'avoir entendu dire que nous ne devrions plus nous voir. C’est peut-être une erreur, mais côtoyer la journaliste de cette façon envoie le mauvais message à Joanne, cela laisse croire que si je ne peux pas l'avoir, eh bien tant pis, j'aurai toujours autre chose à côté. Non, si je veux que cela marche, je dois me dédier à ce lien que nous essayons de tisser à nouveau, je ne peux pas être tenté ou distrait. Renouer avec la petite blonde, la récupérer devient une priorité. Emma ne fait pas partie de l'équation. La totalité marque la fin de l'appel. Je soupire, pose mon téléphone sur le côté et ferme les yeux dans l'espoir de mieux dormir cette nuit que la précédente.
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Jamie était de moins en moins bavard. Il semblait apprécier l'étreinte de la jeune femme, ayant entouré son petit corps de ses bras, aussi longtemps qu'elle voulait bien le lui permettre. Jamais Joanne n'aurait pensé qu'il ait pu rougir par le simple fait de le avoir avoir déposé un baiser sur la joue. De petits gestes d'affection qui voulait pourtant en dire beaucoup. La jeune femme n'accepterait pas ce genre de contact physique à n'importe qui, et n'en donnerait pas autant au moindre inconnu. Le bel homme avait certainement bien raison d'espérer, pour qu'elle en accepte déjà autant alors qu'il y avait encore un long chemin à faire avant de concrétiser quoi que ce soit. Il était le mieux placé pour savoir comment elle fonctionnait, ce qu'il fallait faire et surtout ne pas faire. Une fois qu'elle avait retrouvé sa place initiale dans le jacuzzi, après avoir constaté les dégâts de leur bataille d'eau, elle sentit le bras de Jamie glisser derrière elle. Ses doigts frôlaient délicatement la peau de son épaule. A ce contact, la jeune femme le regardait, toujours bien silencieuse. Peut-être tâtait-il déjà le terrain pour savoir ce qu'il pouvait déjà se permettre avec elle. Plus aucune parole ne fut échangée durant la suite du bain. Lorsqu'il faisait nuit noir, il était temps de sortir du jacuzzi, quoi qu'elle aurait bien voulu que cet instant s'éternise. Elle mit son drap de bain sur son dos et raccompagna ainsi Jamie jusqu'à l'entrée de la suite. Quelque chose laissait dire à Joanne qu'il partait un peu à contre-coeur, qu'au fond de lui, il aurait adoré passer le reste de la nuit avec elle. Il déposa un baiser sur son front, comme il avait l'habitude de faire lorsqu'ils étaient ensemble. La petite blonde lui sourit avec tendresse, satisfaite de ce petit geste d'affection de sa part. Elle le regardait partir, s'enfoncer dans le couloir de l'hôtel. Et elle lâcha un rire lorsqu'il se mettait à compter les scores. Monsieur comptait bien avoir sa revanche à un moment ou à un autre. Une fois qu'il n'était plus dans son champ de vision, elle fermait la porte derrière elle et le calme et le silence le plus total s'imposa à nouveau dans la suite. Joanne n'avait pas vraiment sommeil. Elle se dirigea vers la terrasse pour admirer une nouvelle fois le paysage, espérant quelque part que ça finisse par la bercer. Mais rien. Elle ne ressentait pas le moindre de signe de fatigue. Joanne en avait assez de ces insomnies. Les longues heures qui l'attendaient n'allaient que lui permettre de penser, encore et encore. Alors que ce n'était ni le moment ni l'endroit pour ça. Elle était en vacances de l'autre côté du monde, elle devait laisser tous ses problèmes à Brisbane. C'était ce qu'elle se répétait constamment, en traînant des pieds jusqu'à la salle de bains où elle prit une douche pour se rincer le corps. Après quoi, elle s'allongea sur le lit, par dessus la couverture. Ses yeux fixaient le plafond blanc, se demandant où cette histoire avec Jamie allait les mener, si tout allait être différent une fois revenus à Brisbane, s'il allait toujours continuer de côtoyer Emma. Il y aura forcément des embûches, des moments où ils finiront peut-être par se décourager. Joanne avait à la fois bien envie de réapparendre à le connaître, mais elle était également bourrée d'appréhension, sans vraiment expliquer d'où cette inquiétude pouvait venir. Mais elle avait passé une belle soirée, elle avait aimé passer du temps en sa compagnie, entrer à nouveau dans ce jeu de séduction. La petite blonde, plongée dans ses pensées, n'avait pas fermé les yeux de la nuit. Ce n'était qu'au petit matin qu'elle parvint à fermer les yeux, mais Daniel s'était réveillé à peine une heure et demi plus tard. Elle l'avait emmené avec elle dans le lit, le petit appréciant bien de passer un moment juste avec sa mère pour faire des câlins alors qu'elle continuait de somnoler. Elle avait somnolé peut-être un peu trop longtemps, parce qu'elle avait entendu toquer à la porte. C'était soit le room service, soit Jamie. Et c'était le bel homme qui avait fait son apparition, déjà bien habillé alors que Joanne ne s'était pas encore changée. "Je suis en retard, c'est ça ?" dit-elle avec une voix encore un peu enrouée, en riant tout de même. Mais malgré ses cernes et ses petits yeux, elle lui souriait. "Viens, entre." dit-elle en ouvrant un peu plus la porte pour le laisser passer. Une fois la porte fermée elle s'approcha de lui, réalisant qu'elle ne lui avait même pas dit salué encore. "Bonjour." souffla-t-elle en déposant un baiser sur sa joue. "J'avoue que je n'avais rien prévu de particulier pour cette journée. Mais si ça peut être quelque chose de calme, sans trop d'efforts... Ca m'arrangerait." dit-elle avec un rire nerveux, posant Daniel par terre, parce qu'il voulait un peu gambader avec ses propres jambes. "Je n'ai pas réussi à dormir cette nuit." confessa-t-elle avec un vague haussement d'épaules. Ca devait certainement se voir sur son visage. "Peut-être aller procrastiner dans un parc, quelque chose comme ça..." Joanne avait alors une envie de s'allonger dans l'herbe, à l'ombre d'un arbre, à apprécier le bruit de la nature, c'était quelque chose qui l'avait toujours apaisé, et qui lui rappelait surtout ces fois où elle faisait la même chose dans le jardin de sa grand-mère lorsqu'elle était en vacances chez elle.
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Le jour n'est pas moins ensoleillé et chaud que les précédents. Seuls les quelques nuages rendent le climat supportable ; c'est qu'il fait chaud, pour le début d'un mois d'avril, et que l'on s'habitue, au bout de six ans, à ce que les températures descendent à cette période de l'année plutôt qu'elles ne grimpent. Ce n'est certainement pas un temps à enfiler toute couche superflue. J'ai même parfait mon allure du parfait touriste avec un bermuda, un t-shirt et une casquette. Joanne et moi n'avons pas convenu de programme la veille, ni avant, alors j'ai songé que sans occasion particulière, une allure décontractée était autorisée. J'ai déjeuné de bonne heure à la terrasse d'un café bordant l'Arno, non loin de l'hôtel, puis je suis rentré et suis monté à l'étage de la suite de la jeune femme en ayant dans l'idée de lui proposer de passer la journée ensemble. Sinon, eh bien, j'aurais poursuivi ma visite de la ville en solitaire. Un peu nerveux, presque timide, je frappe à la porte sans songer qu'elle puisse être déjà partie. Ce n'est qu'en constatant le temps nécessaire pour m'ouvrir qu'un doute se saisit de moi. Je frappe une nouvelle fois ; Joanne apparaît, l'air exténuée malgré le sourire qu'elle m'adresse. « En retard pour quoi ? » je demande en arquant un sourcil. Peut-être est-ce moi qui ait oublié que nous avions prévu quelque chose, mais j'en doute. J'entre dans la suite et suis accueilli avec un baiser furtif sur la joue auquel je n'ai pas le temps de répondre. La petite blonde m'avoue qu'une balade seule lui suffirait amplement aujourd'hui, car elle tente de se remettre d'une énième nuit sans sommeil. « J'avais deviné. » dis-je avec un petit rire. Joanne n'a pas particulièrement bonne mine, et même si cela n'ôte rien à son charme, je me sens désolé pour elle. Peut-être bien qu'un somnifère ne lui ferait pas de mal au final, dans ces moments-là. Du regard, je suis Daniel qui se met à gambader dans le petit salon, s'appuyant parfois aux meubles, mais parvenant de plus à plus à tenir seul et longtemps sur ses pattes arrières. Une nouvelle perspective qui rend le monde encore plus grand, la promesse de nouvelles aventures. L'idée d'aller simplement s'installer dans un parc ne me paraît pas mauvaise. « Faisons cela. » j'acquiesce avant de laisser Joanne se préparer pendant que je m'occupe de notre fils. Assorti à son père, je l'affuble lui aussi d'une casquette sur le crâne. Nous ne tardons pas à quitter l'hôtel. Les grands parcs se situant au sud de Florence, c'est dans cette direction que nous marchons, passant un pont et quelques quartiers populaires pour finalement atteindre l'espace le plus vert de la ville dont le charme naturel n'a rien à envier aux architectures humaines. Là, dans un coin d'ombre, nous nous installons. Nous avons pris avec nous un drap à étaler dans l'herbe afin de nous asseoir dessus. Pour ma part, j'ai également un livre. Daniel, lui, retrouve la compagnie de ses peluches, tétine en bouche. Allongé là, je laisse Joanne continuer de somnoler et se reposer autant que possible. Ce n'est sûrement qu'après une bonne heure à nous laisser bercer par le son du vent entre les brins d'herbe que je prends la parole ; « Je… Je ne rentre pas à Brisbane. Pas tout de suite. » La décision est récente, mais réfléchie. Il y a de nombreuses raisons à cela, à commencer par une envie de prolonger mes vacances. Je me dis également que prendre quelques jours de distance après ce voyage ensemble nous permettra de faire le point, en paix, chacun de notre côté, concernant ce que nous attendons l'un de l'autre, la manière dont nous souhaitons que les choses se passent, à moins que Joanne veuille soudainement tout arrêter. « J'aimerais aller voir Rome, et rencontrer l'ami de Matteo qui travaille là-bas. Et je vais sûrement aller à Londres aussi, passer à la fondation et au domaine. » Pas vraiment des vacances de ce côté là, d'autant plus si je rends enfin visite à ma mère. Mais quitte à être en Europe, autant passer par chez moi avant de rentrer et m'éviter le mal du pays. « Je serai de retour pour mon tour de garder Daniel. » j'assure. Cela ne sera pas plus d'une semaine supplémentaire. A vrai dire, je ne me vois pas être éloigné de mon pays adoptif, de ma maison, de mes chiens et du travail plus longtemps.
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"Je n'en sais rien, j'avais peur que tu ne nous attendes en bas depuis longtemps." Ils n'avaient pas discuté de se retrouver ou quoi, mais il semblait évident avec les derniers événements qu'ils passeraient davantage de temps ensemble. Elle rit nerveusement lorsqu'elle le laissait entrer. Jamie n'eut aucun mal pour deviner qu'elle n'avait malheureusement pas fermé l'oeil de la nuit et qu'elle n'était pas en forme optimale pour faire une grande promenade dans tout Florence. Elle avait donc proposé de se rendre dans un parc pour lézarder un petit peu et profiter du beau temps. C'était vraiment étrange pour elle, de se dire que cette partie du globe avançait lentement vers l'été alors que l'on se rapprochait de l'hiver en Australie. Assez déroutant, même. La proposition de la petite blonde semblait plaire à Jamie, qui n'émit aucune objection à cette idée, bien au contraire. Il surveillait Daniel le temps que Joanne se fasse un brin de toilettes et se change. Elle avait enfilé l'une de ses robes pour le printemps et tenait dans ses mains un gilet, ne sait-on jamais. La promenade jusqu'au parc fut assez silencieuse. Elle n'était jamais bien bavarde de base, encore moins lorsqu'elle était fatiguée. Le temps était parfait pour elle. Il ne faisait ni trop chaud, ni trop froid, et l'emplacement qu'ils avaient trouvé était un peu retiré. Personne ne se promenait à proximité d'eux, ils étaient un petit peu dans leur coin. A peine le drap étalé sur l'herber, Joanne s'y était allongée. Daniel se trouvait entre elle et lui, bien occupé avec ses peluches. Il était adorable, avec son chapeau sur la tête. Par chance, il voulait bien le garder. De temps en temps, la jeune femme fermait les yeux, elle se laissait volontiers bercer par la sérénité de ce parc. Jusqu'à ce que le beau brun ne prenne la parole et ne lui dise qu'il ne rentrait pas en même temps qu'elle à Brisbane. Perplexe, Joanne fronça un petit peu les sourcils. Elle restait silencieuse en attendant qu'il en dise plus, mais ça ne la laissait pas vraiment sereine. Jamie voulait jouer les prolongations en se rendant encore à Rome, et à Londres. "Si tu veux rester plus longtemps en vacances, je peux le garder, ça ne me gêne pas. Ne te limite pas à ça." suggéra-t-elle, ayant l'impression qu'il s'arrêtait à cette obligation pour ne pas rester en Europe plus longtemps, alors que c'est peut-être ce dont il avait le plus besoin à l'heure actuelle, de se détacher pleinement de l'Australie pour quelques temps. Peut-être qu'il avait besoin de prendre un peu de distance avec elle. Joanne ne parvenait pas à dire si c'était de bonne augure ou non. Si c'était parce qu'il regrettait ses derniers jours et qu'il préférait qu'il y ait une grande distance physique, ou si c'était plutôt pour qu'ils puissent bien réfléchir chacun de leur côté pour mieux reprendre par la suite. "Tu as besoin de... de prendre un peu de recul, c'est ça ?" lui demanda-t-elle. Joanne reprendra directement le travail en rentrant d'Italie. Elle ne savait pas vraiment si elle aura véritablement le temps de se poser et de songer à toute cette semaine. La petite blonde était allongée sur le côté, tournée vers Daniel et Jamie. Parfois elle sentait ses paupières s'alourdir, mais il y avait toujours le petit pour la solliciter d'une manière ou d'une autre. "J'appréhende le retour à Brisbane." Elle savait déjà d'avance que la seconde où elle aura mis le pied sur le sol australien, beaucoup de choses lui reviendront en mémoire. Peut-être que ça lui donnera l'envie d'aller voir son psy et d'enfin en dire un peu plus sur elle, elle n'en savait trop rien. Au fond, elle l'espérait sans vouloir l'admettre. "Ca se passe bien, à la fondation depuis... le début de l'année ?" Elle ne voulait plus trop parler de sa démission, ni du mois de décembre qu'elle avait passé, ni des fêtes de fin d'année, rien de tout ça. Mais cela ne l'empêchait pas de se soucier encore de la fondation et de tous les enfants qu'elle aidait, cela restait une chère à son coeur. Elle espérait que tout se passe bien, admettant que la structure avait besoin d'une personne bien plus compétente qu'elle pour la diriger correctement. Cela lui faisait penser au gala, à tous les événements qui avaient concerné la fondation. Et Joanne ne cessait de se dire qu'elle n'avait été que le clown, l'objet de distraction de beaucoup d'aristocrates anglais à ce moment-là. Elle se sentait ridicule et rien que cela ne lui donnait pas envie de retourner à Londres. Confortablement installée, Joanne finit par fermer les yeux quelques minutes plus tard, trop exténuée pour réussir à rester éveillée. Daniel ne semblait pas trop comprendre et sollicitait Joanne dès qu'elle commençait à sombrer, la réveillant à chaque en s'approchant d'elle. Cela faisait sourire Joanne tout de même, il ne devait pas encore tout comprendre à cet âge là. Elle jouait alors quelques unes de ses peluches, les animant devant les yeux émerveillés de son garçon.
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En ce moment, j'aime autant Brisbane que je la crains. Je sais que l'eau coule sous les ponts, mais trop lentement à mon goût, et je ressens un décalage entre la manière dont je perçois mes progrès, mes changements, mon traitement, et la manière dont je suis encore perçu par les autres. Je ne dois pas m'attendre à la compréhension de qui que ce soit, je l'ai bien imprimé. Je dois être patient, et attendre que les événements de l'année dernière s'effacent un peu des mémoires. Redevenir un homme normal est un travail de longue haleine. Je sais que le jugement de certains ne changera jamais. Je sais que mon nom sera pour toujours associé à mes erreurs punies par la justice. Je ne le renie pas, c'est aussi qui je suis désormais. Et je ne sais pas si cela m'a rendu plus humble, mais en tout cas, j'aime à croire que j'ai gagné en sagesse. Quoi qu'il en soit, j'estime avoir le droit de me récompenser, ou simplement de prendre l'air en Europe un peu plus longtemps que prévu. Même Joanne m'encourage à prendre tout le temps dont j'aurais besoin. « J'ai un travail qui m'attend surtout. » je réponds avec un sourire, tout de même reconnaissant pour la patience dont elle se proposait de faire preuve. Elle comprend bien vite le besoin de recul que ce séjour à rallonge demande, mais ce n'est pas le mien, c'est le sien que j'encourage. Moi, je continuerai de songer aux manières de reconquérir ce coeur qui fut un jour tout à moi. Je sais que je ne veux qu'elle, et cela est clair comme du cristal, mais elle, a-t-elle besoin, ou envie de moi dans sa vie ? « Peut-être que j'ai besoin de voir si je t'aurais manqué quand je serai rentré. » dis-je, ce qui résume assez bien l'idée. Faire le tour de la question, chacun de notre côté ; être certain de ce en quoi nous avons envie, ou non, de nous engager. L'indifférence aura le temps de reprendre le dessus sur le terrain gagné ces derniers jours dans le coeur de Joanne. C'est à mon retour que je saurai ce qu'il en est. Et, tout autant qu'elle, ce retour, je le redoute. « Moi aussi. Mais je me dis que ce voyage est ma bouffée d'oxygène avant de replonger, et que je reviendrai frais pour attaquer tout ce que je dois faire. » Et redorer un blason n'est pas chose aisée. Je le dois si je tiens à obtenir ce poste chez GQ. Je sais que deux doigts me séparent de la signature de ce contrat. Tout est encore possible pour moi. « Tout se passe bien, oui. Nous avons pu rouvrir la crèche. » je réponds au sujet de la fondation. L'accueil des tout petits était un élément qui tenait à coeur à Joanne, alors la priorité a été mise sur cette structure. Les projets en Australie ont été suspendus, heureusement que les travaux n'avaient pas débutés. J'attends le bon moment pour relancer tout ceci. Le silence finit par encourager le sommeil à envelopper la jeune femme ; Daniel n'est pas de cet avis. Je m'attends à ce que sa mère lui demande de la laisser tranquille, mais il n'en est rien, et elle laisse le garçon l'empêcher de fermer les yeux alors qu'elle en a bien besoin. Ce manège me distrait de ma lecture, alors je pose mon livre. « Daniel, trésor, laisse maman se reposer un peu. Tu viens jouer avec moi ? » Sans vraiment lui laisser le choix, je le prends dans mes bras et l'attire un peu plus loin dans l'herbe en adressant un regard complice à Joanne ; je dompte le bestiau, elle peut fermer les yeux en paix. A moins que les éclats de rire du petit ne l'empêchent de dormir pendant qu'il se transforme en avion, en oiseau, qu'il sautille dans l'air au bout de mes bras ; ou encore lorsque je fais mine de lutter avec lui par terre et de me faire battre à plate couture ; quand il se met à essayer de courir dans le parc pour me semer mais se casse la figure plus d'une fois, mais se relève toujours, quitte à ce que j'essuie une petite larme en passant. Plus tard, il se penche sur les pâquerettes pour en ramasser une maladroitement. Il en trouve deux autres, mais pas n'importe lesquelles, les meilleures, sélectionnées avec soin parmi toutes les autres fleurs qui ont pourtant l'air exactement semblables -néanmoins la concentration du bonhomme était telle qu'il paraissait avoir des critères précis, tout un cahier des charges. Puis il me montre le résultat, qui n'est rien de plus que trois petites fleurs blanches. « C'est très joli. Tu vas les offrir à maman ? » dis-je, rallongé sur le drap à côté de Joanne. Daniel se tourne alors vers elle et dépose le petit bouquet juste devant le bout de son nez. « Regarde comment tu es gâtée. »
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Bien que Jamie pense à son travail, il était tout de même le premier à décider un peu au dernier moment de s'octroyer une semaine supplémentaire de vacances. Il faisait partie de ces rares personnes qui pouvait se le permettre, du moins c'était ce que Joanne se disait. Elle ne se voyait pas faire la même chose, même si son contrait arrivait à son terme à la fin du mois. Elle voulait maintenir le bon profil qu'on lui avait toujours attribué dans le métier et ne désirait pas le perdre bien que l'année passée l'avait un peu fait oublié des musées. Il était effectivement de questions de recul, pour qu'il se permette sept jours supplémentaires en Europe. Joanne ne savait pas si c'était une bonne chose ou non. Elle arqua tout de même avec stupéfaction les sourcils lorsqu'il disait qu'il voulait voir s'il allait lui manquer. Vraiment, c'était ainsi qu'il comptait faire les choses ? C'était un sacré faux pas selon Joanne d'en attendre déjà autant d'elle alors qu'il savait pertinemment que pour le moment, elle ne s'était pas encore suffisamment attachée à lui pour qu'il puisse lui manquer. A moins qu'il n'ait prévu de mettre les bouchées doubles d'ici la fin du séjour. "Nous venons à peine de tout reprendre à zéro et tu me testes déjà ?" se permit-elle de demander d'un air surpris, avec un rire un peu nerveux. Alors quoi, cela signifiait-il que tout serait terminé si elle ne se jetait pas sur lui dès qu'il aura mis le pied sur le sol australien ? "Nous verrons bien." conclut-elle, n'ayant pas vraiment envie de débattre davantage sur le sujet, ce n'était pas nécessaire de s'étendre là-dessus. Si Jamie comparait ce voyage à une véritable bouffée d'air frais, Joanne le voyait comme une parenthèse. Elle savait aussi ce qui l'attendait sur place, et elle n'était pas certaine que tous les bienfaits de ce voyage ne fassent long feu. Lui avait certainement bien plus à faire qu'elle, c'était certain. Mais Joanne sera une nouvelle fois confrontée à ses propres tracas. Et même si elle n'avait pas à angoisser d'un point de vue financier quant au fait de ne plus avoir d'emploi à la fin du moins, être à nouveau à la maison tous les jours ne l'enchantait pas vraiment. Et puis, elle ne voulait pas puiser dans l'argent versé par Jamie pour payer ses consultations chez le psy par exemple. Elle pourrait, mais elle ne le voulait pas. Cette somme était avant tout pour Daniel. Cette réflexion la laissait longuement pensive. "C'est chouette, pour la crèche." Au moins une chose qu'elle avait mis en place et qui tenait la route, se dit-elle. Quoi que ça n'aurait peut-être pas fait long feu si elle était toujours aux commandes. Jamie constata que son fils ne semblait pas vouloir laisser dormir sa mère, et celle-ci respectait sa volonté. Ca ne devait certainement pas lui convenir parce qu'il décida de prendre les choses en main et de s'occuper de Daniel le temps que Joanne se repose un peu. Elle lui lança un regard bien reconnaissant avant de fermer les yeux. La petite blonde s'était bel et bien endormie, mais les cauchemars ne lui avaient pas laissé de répit. C'était presque en larmes qu'elle était lorsque Daniel posa les fleurs juste devant son visage, les pétals venant chatouiller le bout de son nez et cela lui permit de se réveil. Assis juste à côté, Daniel s'interrogea. "Mama... bobo ?" demanda-t-il de sa petite voix. Sans attendre, Joanne s'essuya les yeux et se redressa pour prendre Daniel sur ses genoux face à elle. "Non, non, je n'ai pas de bobo, mon trésor." Mais la réponse ne semblait pas suffire parce que Daniel restait inquiet. C'était un bébé très expressif. "Maman a fait un mauvais rêve. Ca arrive, tu sais. Tu en fais aussi parfois. Et je te fais un très gros câlin et je te chante une chanson pour oublier le mauvais rêve." C'était relativement rare, mais ça arrivait de temps en temps. "Et regarde, on essuie les larmes, et c'est terminé !" lui assura-t-elle avec un large sourire. Il fallait qu'il croit que tout était si simple. Joanne ne pleurait pratiquement jamais devant Daniel, elle se retenait jusqu'à ce qu'il soit au lit, ou à la sieste. Après quoi, Daniel tendit une nouvelle fois les fleurs qu'il avait délicatement cueilli –oui, c'était délicat pour un bébé de son âge. "C'est pour moi ? Oh, merci mon trésor." lui dit-elle en acceptant le petit bouquet. Elle l'embrassa sur le front et lui fit un câlin. "Ca me fait vraiment plaisir." Daniel était particulièrement fier de redonner le sourire à sa mère et de lui avoir fait un cadeau qui lui plaisait. Il restait assis sur ses genoux, tout blotti contre elle. "Tu as bien joué avec papa, hm ? C'était bien ?" lui demanda-t-elle en lui caressant doucement le dos. Le petit avait fini par se mettre debout sur les jambes de Joanne pour pouvoir mieux voir son visage et mettre ses mains sur ses joues pâles. "Tu sais qu'on t'aime très très fort, papa et moi ? Qu'on trouve qu'on a vraiment beaucoup de chance de t'avoir. Tu es le plus précieux des trésors et le plus beau des petits garçons." Apparemment, il semblait apprécier les compliments. "Si si, c'est vrai." dit-elle en riant. "Et tu offres déjà des fleurs à ton âge, t'as déjà tout compris." Elle le chatouillait pour le faire rire quelques minutes. "Est-ce que tu penses qu'on pourrait voir avec papa s'il veut qu'on aille à la quête d'un endroit où manger ? C'est pas que Maman n'a pas pris de petit-déjeuner tout à l'heure, mais presque." Et à défaut de dormir, autant aller se remplir la panse. "Peut-être des lasagnes, qui sait." Apparemment, Daniel connaissait bien le mot là parce que ses bras commençaient à s'agiter d'excitation. "Très bien, très bien, message reçu. Mais il faut voir si Papa est d'accord, d'abord."
Our lives are not our own. We are bound to others, past and present, and by each crime and every kindness, we birth our future.
Pour un première fois, ce n’est pas si mal. Non, jouer dans le parc ce n’est pas ma tasse de thé. Ça ne l'est plus depuis bien longtemps. Mais il n'y a pas de raison pour que Daniel soit privé de ces moments-là, n'est-ce pas ? Je crois que j'aurais aimé que mon père fasse cela pour moi. Qu'il retire le costume de Lord de temps en temps pour se comporter comme un homme normal, comme un père. J’aurais aimé qu'il veuille créer du lien, de la complicité. Du désamour du père naît la colère et l'esprit vengeur du fils. Bien des ouvrages l’ont démonté, et je ne parle pas de philosophie ou de psychologie de comptoir. Je me souviens des grands auteurs qui s’alignaient sur les étagères de la bibliothèque du domaine et dont les histoires romanesques dépeignaient la colère d'Adam envers son créateur après avoir été chassé du paradis, la vengeance de la créature de Frankenstein rejeté par son propre créateur. S'il y a quelque chose de parfois monstrueux en moi, je sais à qui je le dois. Et s'il y a une chance de rédemption, je sais aussi à qui je la dois. J’observe mon propre petit choisir les fleurs pour sa mère et les lui offrir tendrement, s'inquiéter des larmes qui bordent ses yeux à son réveil. Mes sourcils se froncent, mais je ne dis rien. Joanne m’a déjà fait comprendre qu'elle ne souhaitait pas partager ses pensées avec moi, et il n’est plus question de l'y forcer sous couvert de vouloir son bien, aussi vrai cela puisse être la majeure partie du temps. Non, elle parlera quand elle le voudra, elle aura une oreille pour écouter, et une épaule pour se reposer. En attendant, je souris légèrement, comme pour montrer moi aussi que, oui, ce n’est rien un mauvais rêve, un petit chagrin. Je passe mes doigts entre les cheveux de Daniel, ils sont si fins et si doux. Notre petit bébé miracle, qu'il est réducteur de mettre des mots sur l'amour que nous lui portons. Mais au moins il a conscience qu'il est entouré de personnes pour qui il représente absolument tout. Il ne manquera jamais de cette affection démesurée. Peut-être qu'il sera le premier petit garçon normal de cette famille, qu'importe ce qui est hérité de l'un ou l'autre de ses parents qui n'ont pas toujours toute leur tête. Il est bien trop bon naturellement, foncièrement, armé d'une tendresse telle qu'il paraît impossible qu'il puisse être victime d'une existence aussi houleuse que les nôtres. Le monde est si simple, limpide, dans son grand regard bleu. Avec un sourire, j'acquiesce d'un signe de tête à l'idée d'aller déjeuner. Des lasagnes me paraissent être une bonne idée. Nous remballons donc nos affaires et nous mettons en quête d'un restaurant digne de ce nom, sans prétention pour autant, ce que nous trouvons au bout de quelques minutes de marche autour du parc. Malgré les chapeaux sur nos têtes, la chaleur se fait plus lourde. Nous prenons donc une table à l'intérieur. Le repas est plus que décent pour une adresse trouvée au hasard, et en effet, les lasagnes atteignent mes attentes. Une bouchée à la viande, une bouchée végétarienne, Daniel trouve son bonheur dans tout et s’exerce les papilles avec plaisir. Il a sa préférence pour la portion de sa mère, mais il ne rechigne pas sur les légumes. Les caprices à ce sujet viendront sûrement plus tard. Plus tard, en reprenant la promenade dans le parc d’à côté, nous passons à côté d'un glacier qui ne paie pas de mine, mais le seul qui ne ressemble pas au parfait attrape touriste, ce qui a le mérite de susciter l'intérêt de ceux qui sont prêts à mettre le préjugé inspiré par la devanture de côté pour obtenir un produit plus authentique. “Tu as besoin d'une glace.” je déclare sans prendre la peine de demander une confirmation ; c'est un constat, un fait, Joanne a besoin de ces petits plaisirs qui réconfortent momentanément. Ce n'est pas cela qui l'empêchera de rentrer dans ses robes. Alors je me présente immédiatement au vendeur, installé au comptoir en extérieur, et demande une glace à la vanille pour moi, une autre au goût choisi par la jeune femme, et une petite cuillère de saveur chocolat pour le bonhomme. “Ça chasse les mauvais rêves, oui oui.” j'assure à Joanne en lui tendant sa glace avec un sourire et un clin d'oeil par dessus les verres de mes lunettes de soleil.
when we'll discover the truth, we may discover each other all over again.
Joanne ne savait pas elle-même quand elle serait prête à discuter. Il était certain qu'il y allait avoir un moment où elle serait incapable de garder quoi que ce soit pour elle. Des secrets bien trop gros à garder, et qui gonflaient encore et encore par ces engrenages compliqués dont était constitué son esprit. Pour le moment, le seul moyen qu'avait ce dernier pour se soulager était d'extérioriser le tout par des cauchemars. Joanne préférait encore rester éveillée. Elle avait vu les sourcils de Jamie se froncer. Il devait se douter que cette fois-ci, ce n'était peut-être pas aussi anodin que les autres fois, pour qu'elle ait si peur d'en parler, même à lui. Alors que Jamie était bien le premier à avoir vu ses démons. Mais elle ne pouvait, c'était bien trop grave pour elle, Dieu sait ce qu'il pensera d'elle une fois qu'il saura ça. A vrai dire, elle ne savait pas à qui elle pouvait parler de ça. L'idéal aurait certainement été Sophia, quoi qu'elle aurait fini par en parler à Hassan, vu qu'ils étaient aussi amis. Mais au lieu de s'inquiéter davantage, le bel homme finissait par suivre les mots de Joanne et de sourire également afin de rassurer leur petit. Leur si beau bébé. Elle savait que beaucoup pensaient qu'il était arrivé bien trop tôt dans leur relation, mais personne n'était capable de comprendre. Les jugements allaient bon train et elle faisait de son mieux pour les ignorer. Elle avait ses arguments et il fallait se mettre à sa place quelques secondes et avoir enduré le même nombre de fausses couches qu'elle. Et Daniel était bel et bien là, il se portait merveilleusement bien et Joanne pensait bien remplir son rôle de mère avec lui. Il ne manquait pas d'amour, c'était certain. Jamie était tout aussi partant pour ces fameuses lasagnes. Ils avaient trouvé un petit restaurant à l'ambiance chaleureuse où le plat tant attendu était un véritable délice. Bien gourmand, le petit piochait dans les deux assiettes de ses parents, et se régalait. Une fois l'estomac bien rempli, Jamie ne suggéra pas, mais ordonna presque de prendre une glace lorsqu'ils marchaient dans un parc à proximité du restaurant. Un glacier qui faisait beaucoup moins touristique que tous ceux qu'ils avaient pu voir jusqu'ici mais Jamie comme Joanne ne s'arrêtaient pas à l'apparence pour ce genre de choses. Ils se laissaient surprendre par ces glaces faits maison. Joanne opta pour le parfum straciatella. "Merci beaucoup." dit-elle à Jamie une fois qu'il avait payé la note. Elle rit doucement à sa remarque avant d'entama la glace. "Tu as bien raison." lui répondit-elle alors. Leur pas était plus lent, le temps de manger ce petit dessert improvisé. Le froid anesthésiait quelque peu la langue de Joanne, ça lui faisait toujours une impression étrange qui la faisait sourire. "Attends, tu t'en es mis partout." dit-elle en l'invitant à s'arrêtant, voyant qu'il y avait un peu de glace au coin de sa bouche. Elle se mit face à lui pour l'essuyer avec son doigt en riant. "Vous ne savez pas vraiment vous tenir, Mr. Keynes." dit-elle d'un ton amusé. "A se demander si vous copiez sur votre fils ou si votre fils copie sur vous." Pour la petite bouchée de glace au chocolat que Daniel avait avalé, il y en avait beaucoup autour de sa petite bouche. Joanne s'accroupit devant la poussette pour la lui essuyer avec une serviette. "Regarde-toi, petit malin. Tu t'en es mis partout aussi." Ils poursuivaient ensuite leur promenade sans se presser et sans avoir de but précis, quoi qu'ils privilégiaient les zones ombragées parce que le soleil était particulièrement agressif durant l'après-midi. "Du coup, quand est-ce que tu pars à Rome ? Le même jour où Daniel et moi rentrons ?" lui demanda-t-elle. Peut-être qu'ils prolongeaient un tout petit son séjour à Florence avant de partir pour la capitale italienne. "Ca doit être aussi une belle ville là-bas, il y a tellement à voir. Entre l'Antiquité et la Renaissance qui y ont laissé ses marques, je ne suis pas certaine qu'une semaine suffirait à tout voir." dit-elle avec un vague sourire. Mais Joanne ne savait pas quand est-ce qu'elle s'autoriserait de repartir en vacances. Enfin, il fallait surtout qu'elle ose se le permettre une nouvelle fois. Ce n'était certainement pas le chômage qui allait la faire voir en cette direction. "Si déjà tu es en Italie, tu devrais te trouver un costume d'un tailleur d'ici. Le pays n'est pas que réputé pour son histoire, tu devrais profiter de leur talent en matière de couture. Je suis certaine qu'il y en a un qui parviendra à répondre à toutes tes exigences." lui dit-elle après quelques minutes de silence, avec un large sourire. "Tu pourras dire que c'était un souvenir du pays." dit-elle en riant. "Ca changerait de toutes babioles que certaines boutiques vendent ici, alors que c'est marqué made in China quelque part."
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Si la qualité répulsive des mauvais rêves des glaces n’a jamais été scientifiquement prouvée, je n’en suis pas moins persuadé que cela est un bon moyen de distraire l’esprit de la jeune femme, envahi par des nuages sombres, et ainsi de l'éloigner des pensées qui l'a tracassent. Elle n’a peut-être pas envie de parler, mais les petites attentions de ce genre peuvent suffire à faire passer le bon message ; qu'importe ce dont il s'agit, elle peut compter sur moi, et si ce n’est pas pour écouter ses lamentations, alors ce sera pour les lui faire oublier un instant, dans un sourire furtif. Fort gourmand, je me contiens afin de ne pas engloutir la glace d'une seule bouchée, les deux boules et le corps et avec droit dans le gosier. Cela ne serait pas improbable de ma part, mais je vois Joanne qui prend son temps, alors je fais de même. Et puis, il est plus difficile de déguster de la crème glacée tout en poussant la poussette. Dans le siège, Daniel s'est fait un nouveau jouet de la cuillère en plastique qui lui a été donnée après avoir mangé -ou étalé partout sur son visage- le dessert au chocolat qui l’a ravit. « Je dirais que c'est génétique. » je réponds à sa mère alors qu'elle nous rend présentables en essuyant les coins de bouche du père et du fils. Oui, Daniel et moi partageons bien les mêmes gènes, et à nous voir personne ne pourrait le nier. La promenade se poursuit, la conversation s'engage. Joanne est curieuse concernant mon petit voyage supplémentaire à Rome. « J'y vais le matin suivant. » dis-je. Il y a un train qui effectue la connexion entre les deux villes pour un prix incroyablement raisonnable, même en dernière minute. J'y serai en seulement quelques heures. “J'espère que le collègue de Matteo aura trouvé un petit quelque chose d'intéressant là-bas. De toute manière si c'est le cas tu seras la première à le savoir.” j'ajoute avec un sourire, sachant que cela lui ferait plaisir d'obtenir plus d'informations sur Celso ou Grace, à condition que les archives et les papiers officiels nous apprennent quelque chose. Peut-être qu'elle a raison, qu'il n’y a rien à trouver, ou qu'il est impossible de mettre de la main dessus. Je n’en aurais le coeur net qu'une fois sur place. « J'y suis déjà allé, il y a très, très longtemps. J'en garde un merveilleux souvenir. » Ce séjour complètera celui que j'avais effectué en compagnie de mon père quand j'étais adolescent. Les souvenirs sont flous, aucune image nette, mais seulement les impressions, les sensations, sont restées ancrées. C'était une période étrange. Ces souvenirs ne sont presque pas les miens. Parfois j'en doute. Mais il n’y a pas de photos d’Oliver et moi à Rome. Ce n’était que moi et le Lord. C'est sûrement parce que nous passons devant un tailleur que Joanne suggère que je me fasse faire un costume ici. Un souvenir de plus grande valeur qu’une boule à neige ou une roulette à pizza. Je ris légèrement. “Ma liste d’exigences longue comme le bra tu veux dire ? Sûrement, oui. Tu sais à quel point j’aime la mode italienne.” À vrai dire, je ne jure que par cela, en témoignent les marques des robes qui ont été offertes à Joanne tout au long de notre relation. Cette affection pour les couturiers d'ici n’est pas exclusive, mais il est certain qu'une belle pièce made in italy saura me faire fondre comme neige au soleil. L’on en est loin aujourd'hui, à voir ma dégaine. “Même si ça n’est pas évident, dans l’immédiat.” je concède avec un petit rire. Le bermuda, les baskets, le t-shirt sur lequel je découvre une petite tâche de glace fondue par la même occasion, tandis que je passe ma main sur mes joues qui n'ont pas vu la couleur d'un rasoir depuis deux jours. “Il y a du relâchement aujourd’hui, je sais.” Une fois n’est pas coutume, surtout chez moi. C'est la journée de vacances du style, un jour où je me fiche bien d'être impeccable.
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Ils avaient presque tous l'air d'une famille. Il manquait les baisers, les doigts croisés, les regards attendris, mais il y avait à nouveau cette entente qui s'était instauré entre eux et qui rendait la promenade on ne peut plus agréable. Joanne ne voulait plus se rappeler des fois où il venait à la maison pour passer du temps avec Daniel. La tension était palpable, elle sentait son coeur s'oppresser dans sa poitrine dès qu'il était là, dès qu'il apparaissait dans son champ de vision. Mais ces allures de famille lui plaisaient beaucoup, ça la réconfortait et lui faisait un peu oublier la montagne de tracas qu'elle pouvait avoir. Elle rit lorsque Jamie parlait de génétique. "Il a beaucoup hérité de son père, c'est certain." répondit-elle en regardant son fils d'un air tendre. Tout le monde le disait : il avait les yeux de sa mère, mais le reste, c'était avant tout le père. Un beau mélange des deux, à n'en pas douter qu'il sera un bel homme une fois qu'il aura grandi. Au niveau caractère, il avait le calme de Joanne, mais le côté très gamin et très malicieux, ça venait de Jamie. Celui-ci comptait partir le lendemain du départ de la jeune femme, pour se rendre à Rome. Elle ne pouvait s'empêcher de sourire lorsqu'il lui dit qu'il la tiendrait informée de la moindre nouvelle information, même le détail le plus futile qui soit. "Ils vont finir par retourner tout le Vatican. Il faut les trouver, la paperasse qui date de l'époque." dit-elle avec un vague sourire. "Peut-être qu'ils trouveront où est enterrée Grace. Elle a peut-être gardé des indices auprès d'elle qui nous seront utiles. On ne l'a pas cherché à l'effacer totalement de l'histoire, elle. Ce serait peut-être plus facile de trouver des pistes de son côté pour se rapprocher de Celso. C'était elle qui était le plus proche de lui..." Elle haussa les épaules, ne sachant trop quoi donner comme direction. Elle ne savait pas si elle le pouvait elle-même, elle ne dirigeait en rien ces recherches, bien que Jamie chercherait peut-être à appliquer d'une façon ou d'une autre la volonté de la jeune femme. Il avait fait tout ça pour elle après tout, et comptait bien poursuivre sur cette voie. Jamie était déjà à Rome une fois, mais n'en gardait que peu de souvenirs. Il était assez enthousiaste de s'y rendre à nouveau, et de photographier une nouvelle fois dans sa mémoire cette ville qui semblait magique. "Disons que je reste surprise que tu aies pu aimer le costume que je t'avais offert pour ton anniversaire il y a deux ans." dit-elle avec un rire nerveux. "Je savais que tu aimais bien t'habiller mais je ne me doutais pas que tu étais aussi pointilleux sur les détails." Elle sourit. Joanne avait toujours adoré le voir dans ses costumes taillés sur mesure. Il avait de base énormément de charme et d'allure, le costume ne devenait à ses yeux qu'un accessoire pour l'embellir de plus belle. "Je t'assure, ça ne retire rien à ton charme." lui répondit-elle en voyant la dégaine du jour. "Mais... j'avoue, la tâche de glace sur le t-shirt, ça laisse à désirer." dit-elle en riant. "Mais je trouve que ça te va bien aussi, la barbe de deux-trois jours comme ça." Elle le regardait avec un sourire. "Ca ne fait pas forcément négligé, si on porte les bons vêtements avec. Moi j'aime bien." Joanne ne disait pas non plus cela pour qu'il se laisse pousser la barbe non plus, elle ne faisait qu'exposer que son avis. Ce ne serait pas nouveau pour elle d'aimer un homme avec un peu de barbe, il suffisait de voir son ex-mari. Les grand bruns tatoués, et un peu barbus, ça devait être son truc. Quoi qu'elle aimait tout autant voir Jamie rasé de près. Joanne se demandait à quand remontait la dernière fois qu'elle avait fait un peu de shopping. Elle ne s'était pas vraiment toruvée de raison de renouveler un peu sa garde-robe, encore moins de s'acheter une nouvelle belle robe étant donné qu'elle ne se rendait plus aux soirées. Son état d'esprit l'empêchait de vouloir porter de nouvelles choses. Daniel avait fini par s'endormir au fond de sa poussette. Quelques temps plus tard, ils décidaient de revenir à la suite pour lézarder un peu sur la terrasse. Il faisait tellement chaud que se promener en devenait presque désagréable. "J'ai hâte qu'ils restaurent tous les tableaux aussi, même qu'ils essaient de récupérer ceux qui leur semblent irréparables. Même si ce n'est qu'une moitié d'un tableau ou quoi, peut-être qu'ils y trouveront une date, un indice, quoi que ce soit, sur des bouts de tableau. Ca va leur prendre des mois et des mois, je vais devoir prendre mon mal en patience." dit-elle lorsqu'ils entraient dans la suite. Joanne se chargea d'allonger Daniel pour qu'il termine tranquillement sa sieste. Elle rejoignit Jamie sur la terrasse tout en prenant une bouteille d'eau en passant. Elle but quelques gorgées. "Eh, Jamie. Il faudrait vraiment laver cette tâche de glace à la vanille." A peine eut-il le temps de se retourner qu'elle l'aspergea d'eau avec sa bouteille, désormais vide.
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L'une des raisons pour lesquelles je me rends d'abord à Rome pour quelques jours et non pas ailleurs, c'est bien la présence de cet historien qui, pour mettre la main sur la moindre piste menant à Celso, a le nez dans les archives depuis des jours et des jours, sans réellement savoir où, ni quoi chercher. Cela ressemble au puzzle le plus complexe qui soit dont nous avons reconstitué un morceau, dont il manque les bords et le centre. Malgré les tableaux, nous ne nous réchauffons pas vers la vérité. Nous n'avons qu'un maigre chapitre d'une histoire bien plus complexe. « Le problème c'est que la piste de Grace s'efface aussi à Naples. Et il n'y a rien qui indique ce qui a pu se passer. » dis-je en haussant les épaules. A ce stade, il n'est plus question de renifler une seule piste. C'est un grande partie de pêche où de nombreuses lignes sont jetées autour du lac dans l'espoir d'attraper quelque chose, et nous irons tirer tout ce que nous pouvons du premier poisson qui mordra. Tout est une question de patience. Néanmoins je me fais déjà une joie de raconter à Joanne ce qui aura été trouvé à Rome, en espérant qu'il y ait en effet des éléments à rapporter, et non un nouveau cul de sac. Dans ce cas, oui, peut-être que je consolerai ma frustration dans un nouveau costume, comme cela a souvent été le cas -à vrai dire, toutes les excuses sont valables lorsqu'il s'agit de m'offrir une nouvelle pièce pour ma garde-robe. L'ensemble que m'avait acheté la jeune femme il y a deux ans en fait toujours partie. « Le charme d'un costume par rapport à un autre provient des détails pourtant. Les coupes ont des modèles qui changent peu, les motifs ne sont que des variantes les uns des autres et les couleurs sont limitées si l'on ne veut pas tomber dans le ridicule. Il y aura toujours des boutons aux manches, une poche à la poitrine, un col, mais c'est dans la manière dont les éléments classiques sont travaillés que tout se joue et que l'on a pas l’impression de porter quelque chose de déjà vu. Comme ces fichus smokings noirs de pingouins. » Joanne sait à quel point je les ai en horreur, et que personne, jamais, ne pourra un jour m'en faire enfiler un. Ce sera gris, bleu, marron, beige, blanc, même rose s'il le faut, mais jamais noir. Les occasions ne manquent pas pour varier les plaisirs, alors pourquoi la majorité des hommes s'obstinent dans ce déprimant classicisme sans saveur ? Plutôt garder mon bermuda que d'enfiler ça. « Le look du touriste qui a pris un fashion RTT est approuvé alors ? » je demande avec un rire. « C'est Vee qui me tuerait d'oser sortir avec ce genre de dégaine. « James, chéri, si ces fripes ne sont pas le fruit d'un délire hallucinatoire à cause d'une fièvre de cheval, tu seras mignon d'aller te rhabiller avant que je te renie. Comment avez-vous pu le laisser aller dehors dans cet accoutrement, Joanne, voyons ? » » L'imitation n'est pas parfaite, mais l'idée et le coeur y sont, et je vois au sourire de la petite blonde qu'elle reconnaît bien là notre amie commune. En évoquant le sujet, je réalise à chaque fois un peu plus à quel point ce nouvel environnement me plairait, et ma hâte de quitter ABC n'en est que plus grande. C'est vraiment ce dont j'ai besoin. Plus tard, nous retournons dans la suite de Joanne, que j'aurai plus souvent vu que ma propre chambre. La jeune femme ne semble pas tenir particulièrement à s'isoler de temps en temps et m'autorise presque à faire partie intégrante du paysage pour ce séjour. Forcément, le sujet des tableaux, principale raison de notre venue à Florence, revient sur le tapis. J'adresse un regard désolé à la jeune conservatrice qui devrait savoir mieux que personne le coût des restaurations, et les priorités que cela impose. Quoi qu'elle ne soit guère une financière pour avoir la moindre idée du budget de tout ceci et de la balance qu'il est nécessaire de conserver afin de ne pas se trouver à court de fonds en plein milieu de l'enquête. « Tu sais, je doute que même en réunissant les fonds que moi et d'autres donateurs offrons pour ces tableaux, il y ait assez pour se permettre de se pencher autant qu'on le voudrait sur des toiles plus difficiles. Il faut se concentrer sur ce qui est récupérable, et avancer. » Il faut toujours plus de donateurs, plus de fonds. Personne ne vous dira jamais que son budget est large et qu'il n'y aura aucun sacrifice à faire. Si une œuvre est jugée irrécupérable, alors elle sera classée comme telle, et les efforts se concentreront sur le reste. Pendant que Joanne file coucher le petit afin qu'il termine sa sieste confortablement, j'ai retrouvé ma place habituelle sur la terrasse, dans le fauteuil qui m'est quasiment attitré. A peine ais-je le temps de sentir la tension dans mon cou se détendre que mon corps est raidi par l'eau froide que la jeune femme me jette dessus par surprise. « Toi ! » Avec un sourire, je saute sur mes jambes pour lui courir après. Difficile de faire peu de bruit, alors notre course dans la Suite nous fait faire un rapide tour complet du salon avant que nous déboulions à nouveau sur la terrasse. Joanne s'abrite de l'autre côté des tables, des chaises, du jacuzzi. Je n'ai pas besoin de feindre que je n'arrive pas à lui mettre la main dessus ; elle me file entre les doigts le plus souvent. Mais vient un moment où je parviens à l'intercepter et à couvrir ses côtes de chatouilles qui la font gigoter dans tous les sens dans mes bras. Ce n'est que lorsque je la sens fatiguée par ses propres éclats de rire et le manque d'air, lorsqu'elle paraît plus calme, que je la porte jusqu'au jacuzzi et la dépose dedans toute habillée. « Voilà. Un partout. » Le tissu collé au haut de mon corps n'est pas particulièrement agréable, c'est pourquoi je ne tarde pas plus longtemps avant de m'en défaire. J'abandonne le t-shirt par terre. Puis j'entre à mon tour dans le bassin, toujours partiellement habillée moi aussi, mais faisant comme si de rien n'était ; finalement, je me mets à rire de la scène, me disant qu'il ne manque que le champagne pour parfaire ce tableau grotesque.
when we'll discover the truth, we may discover each other all over again.
Joanne savait que Jamie avait horreur du noir. Il n'en mettait jamais. Ses costumes avaient bien des couleurs, des déclinaisons d'autres. Tout, mais jamais de noir. Il ne voulait même pas entendre parler de cette couleur et ne comprendra peut-être jamais ceux qui veulent en porter, que ce soit pour des événements ou la vie de tous les jours. Il semblait aimer le costume offert par Joanne, bien qu'il ne soit pas de grande facture comparé à ce qu'il a dans son dressing. Elle rit à sa remarque. "Sans la tâche de nourriture sur le t-shirt, oui, j'aime bien." répondit-elle, le regard amusé. Jamie se lançait ensuite dans une imitation de Victoria. "C'est vrai qu'à ses yeux, on a toujours été un peu couple." dit-elle en souriant. La directrice de Vogue avait toujours cru en eux, étrangement. Elle n'avait cure du procès comme de ce que les journaux pouvaient dire de Jamie. Tout ce qu'elle voulait, c'était les voir ensemble, elle avait même cherché à s'en charger elle-même – un bel échec, d'ailleurs. "Elle m'envoie des mails de temps en temps, d'ailleurs. A me demander si je vais bien, si ça ne m'intéresse toujours pas de faire quelques photos, des trucs dans le genre." Elle haussa les épaules. La petite blonde ignorait ce que Vee lui voulait, mais elle semblait bien déterminée à l'avoir. "Et que je lui manque aux soirées, qu'elle veut m'inviter, etc. Enfin tu vois comme elle est." Mais Joanne avait décliné poliment à chaque fois, tout comme avec Wesley, qui continuait d'essayer de temps en temps. Ils revinrent ensuite à l'hôtel. Le regard que lui lançait Jamie ne lui plaisait pas vraiment. "Oh." dit-elle tout bas, l'air bien déçu. Elle aurait bien aimé que tous les tableaux aient leur chance, elle craignait qu'ils ne passent à côté de quelque chose d'important. La jeune femme ne savait pas quoi dire d'autre, elle était simplement attristée à l'idée de devoir abandonner en quelque sorte certaines oeuvres de Celso. Le climat se fit bien plus joyeux lorsqu'elle vida sa bouteille d'eau sur lui. S'en suivit une course poursuite dans toute la suite. Il fallait plusieurs minutes pour Jamie avant d'arriver à attraper Joanne pour la chatouiller jusqu'à épuisement de la jeune femme. Une fois calme, il la porta sans mal jusqu'au jacuzzi pour l'y jeter dedans. Dès qu'elle avait sorti la tête de l'eau elle dégagea les mèches de cheveux de son visage avant de laisser échapper un rire. Le jacuzzi n'étant pas allumé, l'eau n'était pas trop chaude, c'était agréable. Jamie avait fini par la rejoindre une fois qu'il s'était débarrassée de son t-shirt. Elle s'approcha de lui, et se mit juste en face. Les rires disparaissaient peu à peu, mais les sourires étaient toujours là. Joanne sentait sa robe coller contre sa peau et elle s'en fichait bien. A croire que le jacuzzi la rendait câline parce qu'elle se blottissait contre lui, la tête posée contre son torse. Il y eut un long moment de silence. "Ca me fait peur, de rentrer à Brisbane." dit-elle alors, le regard perdu. "Je serai contente de retrouver la maison, les chiens mais... je me dis que la vie reprendra son cour, qu'à la fin du moins, mon contrat au musée se termine. Ca me faisait un peu de bien, d'y aller, même si l'intégration n'est pas leur fort là-bas. Je n'arrive pas à ... me donner des objectifs, à me dire ce que je pourrai faire pour avancer." Elle se redressa pour le regarder dans les yeux. "Je ne suis pas certaine qu'il y ait vraiment quelque chose de récupérable en moi pour avancer." dit-elle en riant nerveusement, en reprenant les mots qu'il avait utilisé plus tôt concernant les tableaux. "Oui, il y a Daniel, mais tu as été le premier à dire que je ne devrais pas uniquement vivre pour lui. Et c'est vrai que quand il est au lit, ou à la crèche, ou à sa sieste, je ne sais pas quoi faire." Elle haussa les épaules. C'était déjà comme ça une fois que Joanne rentrait du travail l'année qui avait suivi son divorce. Elle rentrait, et elle ne savait pas quoi faire. "J'espère que tu auras ton poste à GQ, je pense que tu te plairas bien plus là-bas. C'est un univers qui semble mieux te convenir, je trouve." Du moins, elle le voyait bien dans ce travail là. C'était un domaine pour lequel il s'intéressait de près. "Il sera là, ton nouveau départ." dit-elle avec un sourire, tout bas, sûre de ce qu'elle avançait. "Ca sera comme une bouffée d'air frais pour toi." Lui avait matière à avancer, pas elle. On dirait à Joanne de penser à une reconversion, mais ce n'était pas ce qu'il y avait de plus idéal, avec un enfant en bas âge. De plus, elle ne se voyait pas quoi faire d'autre, elle ne pensait pas être douée pour faire quoi que ce soit d'autre que dans la conservation. Au niveau des activités, elle avait toujours la danse, mais ça ne restait qu'une fois par semaine, sauf les fois où Wes louait cette salle et qu'il lui proposait de venir. Elle se blottit à nouveau contre lui. "J'espère que tout fonctionnera comme tu l'espères."
Our lives are not our own. We are bound to others, past and present, and by each crime and every kindness, we birth our future.
Le choc thermique ne dure pas longtemps. L'eau à été légèrement chauffée par le soleil pendant la journée, elle constitue désormais un rafraichissement agréable vis-à-vis de la chaleur qui frappe sur nos têtes. Le personnel de l'hôtel palirait sûrement en nous voyant tous deux habillés dans le jacuzzi de la si prestigieuse suite. Mais, sur le moment, cela ne nous importe pas. L'ambiance bonne enfant s'estompe, les rires meurent dans l'air. Il reste un regard, un sourire, encore une minute ou deux. Puis Joanne s'approche ; mes yeux s'arrondissent comme des billes lorsque sa tête vient se poser sur mon torse afin de réclamer un peu d'affection. La voyant ainsi blottie contre moi, je ne sais que faire, jusqu'à ce que j'ose passer un bras autour d'elle pour glisser une main sur ses cheveux. La jeune femme, câline, est également d'humeur à la confidence. Cela n'est sûrement pas le coeur de ses tracas, mais sa fin de contrat à venir la travaille beaucoup. Elle n'avait jamais songé à vivre pour autre chose que son fils, à développer ses passions, avant d'être confrontée aux longues heures de sieste où elle ne trouve rien d'autre à faire que attendre. Ce n'est pas une vie. Être parent est épanouissant mais il n'est pas question de s'oublier non plus, mais c'est l'erreur commise par la petite blonde. Plutôt que de s'appitoyer trop longtemps -ou pour me faire culpabiliser de pouvoir avancer contrairement à elle, je ne saurais le dire- elle me souhaite d’atteindre les objectifs que je me suis fixés pour prendre ce nouveau départ. Machinalement, je continue de caresser ses mèches blondes. “J'espère aussi…” je souffle. Plus j’y pense, plus je me gonfle de hâte et d'une motivation infaillible. Je veux ce poste, ce renouveau, je sens que c'est là la chose à faire, et que j'y serai à ma place. Une intuition encourageante en laquelle je crois de tout coeur. Concernant Joanne, autant me suis-je toujours évertué à la guider, l'inspirer, et lui montrer tout le monde de possibilités qui s'étend devant elle, cette fois je ne sais que dire. Il y a cette partie d'elle qui me paraît étrangère désormais, comme si j'ai moi-même des aspects de sa vie et de son caractère à redécouvrir, à apprivoiser à nouveau. Et puis, je ne suis plus celui qui peut lui indiquer ce qui serait le mieux pour elle. Non seulement je n’en suis plus sûr, mais je dois aussi me concentrer sur ma propre rédemption. Assez démuni, j’embrasse le haut du crâne de Joanne. “Ca va aller. Ne perds pas espoir concernant le musée, je pense t’avoir bien vendue pour qu'ils veuillent te garder. J’ai appelé le Brisbane Museum comme tu l’avais demandé aussi, et la saison n’a pas été assez bonne pour eux pour qu'ils envisagent de créer le poste dont ils t’avaient parlé, mais ils ne t’oublient pas. Je suis sûr qu'ils aimeraient que tu reviennes.” Et je sais que c'est parmi eux qu'elle préférerait travailler, mais ce serait une erreur de refuser le Queensland Museum s'ils arrivaient à une décision en sa faveur. “J’aimerais pouvoir aider plus.” je murmure, mais le destin de Joanne n’est pas dans d'autres mains que les siennes, et personne d'autre n’a les solutions à ses problèmes. En pensant à cette conviction, une pensée me traverse l'esprit, et le nom d'une personne qui pourrait aider plus que moi, mieux que moi, me vient. “Peut-être que tu devrais accepter les invitations de Vee. Elle veut vraiment ton bien, et elle a un truc pour savoir ce qui est bon pour les gens. Depuis combien d'années est-ce qu'elle me fait du pied pour travailler avec elle ? Et finalement, je vais bel et bien rappliquer, comme elle avait dit que je le devrais. Tu peux te fier à elle.” Vee est poussive et extravagante, mais certainement pas méchante. Sa bienveillance se laisse parfois dissimulée par ses frasques et ses accoutrements. La connaître, c'est mettre au défi les préjugés. Et puis il devient évident, rapidement, qu'elle est une femme de valeur qui en a vu des vertes et des pas mûres. Elle sait. En un coup d'oeil, elle déchiffre, déduit, et dispense ses conseils sans rien attendre en retour. Sauf peut-être de dire qu'elle avait raison lorsque cela est le cas. Ce qui est souvent le cas.
when we'll discover the truth, we may discover each other all over again.
Perturbé de voir que Joanne se collait à lui, le bel homme ne semblait pas savoir quoi faire de ses dix doigts. Jusqu'à ce qu'il glisse délicatement ses doigts entre ses mèches blondes, pour lui masser délicatement le cuir chevelu. Elle entendait le coeur de Jamie tambouriner dans sa poitrine à cause de ce contact, le genre de symptômes qui prouvait les sentiments qu'il avait pour elle. Joanne se sentait bien là, contre lui, et lui ne semblait pas vouloir la rejeter. Elle se confia alors à lui, sur une nouvelle source d'anxiété, c'est-à-dire la fin de son contrat. Une fois que ce sentiment était partagé avec lui, elle ne voulait pas être à plaindre non plus. C'est pourquoi elle préférait vite passer le sujet pour parler de lui, et de son projet professionnel qui était plus que prometteur. "J'en suis certaine, tu as toutes les cartes en main. Il n'y a pas de raisons que tu n'y parviennes." lui dit-elle, se sentant confiante par rapport à son avenir. Bien sûr que cela faisait penser Joanne à son propre avenir, ça la faisait beaucoup réfléchir. Mais pour le moment, elle ne voyait pas d'issue. Elle n'avait pas les idées claires ces derniers temps pour pouvoir se poser et songer à ce qu'elle pourrait faire pour occuper son temps libre. "Il faut voir si ça les motive suffisamment pour créer un poste supplémentaire. Je ne suis que la remplaçante d'une femme qui était enceinte, qui a accouché, et qui a décidé de revenir plus tôt qu'elle ne l'avait initialement prévu." Joanne s'était redressée pour le regarder lorsqu'il lui dit qu'il avait également appelé le Museum of Brisbane. "Vraiment ?" demanda-t-elle, surprise. "Je pensais que tu croyais que c'était une mauvaise idée." Du moins c'était ce qu'elle pensait avoir compris de sa part. "Le monde du travail reste quand même étrange, à croire qu'on est disponible que lorsqu'ils viennent le demander. Ils doivent penser à ce qu'on n'ait pas de vies à côté, et qu'on est juste sur la touche en attendant que l'on veuille bien de nous." dit-elle avec un sourire peu convaincant. "Je n'ai pas envie de faire partie de ceux qu'on pioche uniquement dans le besoin." Pour le Queensland Museum, c'était différent, c'était elle qui avait sauté sur l'opportunité. "Je sais déjà que tu as fait de ton mieux." lui assura-t-elle d'un air reconnaissant. "Je finirai bien par trouver quelque chose." Mais Jamie ne semblait pas vouloir s'arrêter à ce qu'il venait de dire et proposa de réfléchir à deux fois aux invitations de Vee. Elle rit doucement lorsqu'il se prit comme exemple. Il marquait un point. "Qu'est-ce qu'elle peut avoir en tête, à ton avis, pour moi ?" lui demanda-t-elle alors. "Je doute qu'elle veuille faire de moi une rédactrice en chef." Elle rit doucement et glissa une de ses mèches de cheveux humides derrière son oreille en baissant les yeux. "Je vais y réfléchir, oui." dit-elle, songeuse, après de longues minutes de silence. "Je me demande ce qui la motive à être aussi persévérante. Tu dis que ça fait des années qu'elle t'incite à prendre une direction, ça fait des mois qu'elle est derrière moi alors que j'ai tout fait pour faire comprendre que je ne comptais pas vraiment remettre les pieds à un gala ou une réception pour le moment. Il faut avoir une sacrée force de caractère pour ça." Derrière l'extravagance, il y avait beaucoup de gentillesse. Vee avait déjà beaucoup fait pour Joanne pour qu'elle se sente bien dans un univers qui n'est pas le sien, pour qu'elle se l'approprie pour qu'elle puisse le dessiner dans son propre univers. Elle respectait les choix mais trouvait toujours un moyen de revenir à la charge. Joanne se blottit à nouveau contre lui, alors bien songeuse, jusqu'à ce que leur fils ne se manifeste en appelant Joanne de l'autre côté de la suite. Elle rit doucement. "Je vais aller le chercher, et me changer par la même occasion." dit-elle en se redressant dans le jacuzzi. "En attendant, je te laisse décider de ce qu'on pourrait faire ce soir. A moins que tu ne préfères passer une soirée seule... ?" Joanne venait à peine d'y songer, mais peut-être préférait-il faire une soirée en solitaire pour peut-être se remettre les idées en place. Joanne fit un premier crochet dans sa chambre en disant à son fils qu'elle arrivait. Elle mit sur les épaules une autre de ses robes après avoir changé ses sous-vêtements. Comme d'habitude, c'était un bébé tout sourire et peu réveillé de sa sieste qui l'accueillit. Elle le laissait marcher jusqu'à la terrasse, quoi qu'il voulait tenir l'index de sa maman – juste pour dire que. "Et regarde qui est réveillé d'une bonne sieste !" dit-elle avec un sourire enchanté. Joanne s'accroupit auprès de son petit. "Tu veux marcher jusqu'à Papa ? Tout seul, comme un grand garçon ?" lui demanda-t-elle. Daniel ne se fit pas prier et démarra cette petite marche. Il se déséquilibrait de temps en temps, mais il ne tombait pas une seule fois sur ses fesses jusqu'à atteindre les bras de son père. Joanne applaudt des mains pour le féliciter. [color=#006699]"Bravo, mon trésor !"[/color)