Vous ne pouvez pas savoir quel effet ça fait de se sentir vivre de nouveau, ça faisait quasiment trois ans que je ne vivais pas, je survivais. Quand j’y repense, je n’arrive même pas à me reconnaître, je n’arrive pas à me dire que j’ai changé à ce point. Ma rencontre avec Milena m’a redonné un second souffle, elle m’a montré que l’Alvaro d’avant n’était toujours pas mort, qu’il était toujours bien présent et qu’il n’attendait que de revenir sur le devant de la scène. J’ai retrouvé la joie de vivre, même si ça a mis du temps, j’ai enfin retrouvé cette envie de me lever le matin, tout en me disant que j’allais sûrement revoir son visage dans la journée et je n’avais besoin que de ça pour égayer ma journée.

Un après-midi, j’ai reçu un mail, me disant que j’avais remporté une invitation pour l’ouverture d’un nouveau restaurant sur un bateau. Je ne me souvenais pas vraiment avoir participé à un tirage au sort, mais c’était une occasion pour moi de revoir Milena si elle avait envie de venir avec moi et je ne refuse jamais une invitation pour manger des burgers et boire de l’alcool à volonté. Malheureusement, elle n’était pas disponible cette soirée-là, mais ça ne m’a pas empêché d’y aller seul. Je me suis vêtu simplement : t-shirt, short. J’ai pris l’habitude de m’habiller de cette manière, même si je devais commencer à changer, ça ne correspondait pas vraiment au code vestimentaire de mon travail.

Une fois sur le bateau de me suis rappelé que ce n’était pas vraiment mon fort. Je déteste de ne pas avoir les pieds sur terre et ça a bien failli me ridiculiser à ma première rencontre avec Milena. Me mêler aux autres n’était pas vraiment mon point fort, je suis donc resté de mon côté, écoutant les brèves apparitions du capitaine du navire. Le champagne n’était pas de très bonne qualité, mais ça faisait l’affaire. J’ai entamé quelques brèves discussions avec des personnes qui m’étaient inconnues. Le bateau venait de quitter le port, alors que je me situais vers l’arrière du bateau, je me suis dirigé vers le pont où plusieurs personnes s’étaient réunies. La fête battait son plein, l’ambiance commençait peu à peu à se mettre en place, mais personnellement, je préférais rester encore un peu à l’écart, attendant plutôt qu’on vienne me chercher que de me mêler moi-même à un groupe avec de parfaits inconnus. C’est en me retournant que j’ai bousculé, sans le faire exprès, une personne et elle n’avait pas l’air vraiment commode. « Je suis sincèrement désolé, je ne l’ai pas fait exprès. » J’ai préféré m’excuser directement avant de m’en prendre une et prendre le risque de déclencher une bagarre qui n’avait pas lieu d’être.

Un type à côté de moi @Anton Malikov dit qu’il se contente de cet alcool. Moi je trouve ça vraiment pas top, j’espère qu’il y aura autre chose de meilleur. Je fais peut être mon difficile mais quand on sert à boire dans des coupes comme ça, on s’attend à ce que ce soit du champagne. C’est de la publicité mensongère. Je me demande ce qu’ils foutent dans leurs burgers pour le coup si c’est pareil. Je regarde le type à côté de moi, il est d’ailleurs plutôt pas mal, très classe. Il parle des gens qui sont sûrement venu pour la gratuité de l’évènement. J’hoche la tête, je dois bien l’avouer que c’est pour ça que je suis là. Je souris largement quand il parle du spectacle du retour.

« Ah ouais j’avais pas pensé à ça. J’espère que la mer sera bonne parce que je veux pas me salir à vomir par dessus bord. »

Sans parler de l’haleine que j’aurai après ça. Non merci. Je supporterai pas de rester dans cet état. Il me tend la main et je la serre. Il se présente, j’hoche la tête.

« Aaron Kennedy. »

Ca me fait bizarre de dire mon nom de famille mais il a donné son nom entier alors j’en fais de même.

« Moi j’ai fait des pieds et des mains pour avoir une invitation. Pour l’instant je ne suis pas très impressionné, à part le bateau qui est quand même classe. Faudrait voir si y’a pas une partie bar pour se servir autre chose. »

Je sors mon téléphone de ma poche pour prendre une photo de la vue parce que la cote de Brisbane est quand même pas mal.

« Je vais la poster sur instagram. »

Je fais ça en deux trois cliques et je range mon téléphone.

« Ca te dit de faire le tour du bateau pour voir ce qu’il y a d’autre ? »

Il a l’air d’être de bonne compagnie alors pourquoi ne pas rester avec lui et peut être faire d’autres rencontre au passage.

Bien que cela ne paraisse pas nécessairement flagrant Vittorio savait se tenir en société lorsque les circonstances l’exigeaient, mais une soirée frites à volonté sur un bateau ne lui semblait pas faire partie de ces circonstances … et ce même si le bateau en question se trouvait être un yatch. La vérité c’est que l’italien était un peu là en opportunisme, et que si on lui demandait son avis sur la question il répondrait sans la moindre gêne qu’un fast-food flottant, à ses yeux, cela n’avait aucune chance fonctionner et que leur innovation coulerait à pic presque aussi vite que le Titanic. Mais il n’était pas là pour donner son avis de toute manière, quoi qu’il ne doutait pas qu’un petit questionnaire de satisfaction parviendrait jusqu’aux participants après la soirée, et que le taux d’encouragement dont il ferait preuve en y répondant dépendrait grandement dj nombre de burgers qu’il aurait avalé durant l’événement. « Vittorio. Mais Vitto suffira. » avait-il en tout cas fini par répondre à @Kane Williamson. Il avait presque été tenté de demander si Kane n’était qu’un diminutif également, mais préférait se garder le risque de devenir horripilant à force de parler à tort et à travers. Lorsqu’il avait questionné @Eva Adams sur ce qui les attendrait plus tard cette dernière avait montré la limite de ses compétences ; Elle n’en savait pas plus qu’eux, et visiblement pas plus que @Edward Fitzgerald qui venait lui aussi de se greffer à la discussion. « Eh bien, espérons seulement qu’il y aura assez de canots de sauvetage pour tout le monde, cette fois-ci … » avait-il simplement fait remarquer d’un ton narquois tandis que le capitaine annonçait le départ et que le navire se mettait en mouvement. Visiblement peu satisfaite de la boisson qu’elle venait de chaparder sur un plateau qui passait à portée de sa main, Eva avait proposé une solution plus alcoolisée pour laquelle Vittorio avait sans surprise répondu présent « Je vous suis. Et pareil, facebook. C’est dingue comme on trouve tout et n’importe quoi sur le net. » Y compris des gens en quête de conseils juridiques qu’ils auraient pu grappiller eux-mêmes sur le web en faisant preuve d’un peu de jugeote. Mais hey, Vitto n’allait pas s'en plaindre, ils faisaient en partie son gagne-pain. Reportant son attention sur Edward il avait lancé de but en blanc « Banquier ? Ou non, trader. » avant de reprendre « J’essaye de deviner ce que Monsieur-Costume-Horsdeprix peut bien faire dans la vie. » Parce qu’il était hors de prix, il suffisait d'en observer la coupe, et les petits détails qui faisaient généralement la différence avant même que l'on en lise l’étiquette.

J'allais au moins avoir un acolyte ou alcoolique ? Qui me suivrait dans mon idée d'aller boire de l'alcool un peu plus corsé que ce faux champagne. Ce Vittorio qu'on pouvait aussi appeler Vitto. J'ignorai d'où venait ce prénom mais il n'était en rien Australien. Mais en l'écoutant un peu plus parler, je pourrais bientôt deviner de quelle origine il est. Son accent le trahissait déjà et j'hésitais entre grec ou italien. A vrai dire j'étais incapable de différencier les deux. Il parlerait peut être de Rome ou d'Athène un peu plus tard ou alors, je lui poserai simplement la question. Vous savez quoi? Je les regarde tour à tour. J'allais les laisser entre eux le temps de quelques minutes. Continuez votre petit jeu. Moi, je vais aller à la recherche d'un plateau sur lequel je pourrai apporter quelques verres.
Un, deux, trois... et quatre! Pour commencer. Je pointais du doigt chacun d'entre eux au fur et à mesure que je comptais. Nous bougez pas! et dire que je ne les connaissais pas... Ce petit jeu là allait surement me plaire ce soir. Je fais alors un demi tour droite, direction le bar. J'ignorai où il se trouvait exactement, mais si je suivais les jeunes et si j'allais dans le sens inverse de tout ceux que je croisais avec un verre rempli à la main, je finirai par m'en sortir. J'étais tellement déterminée que je ne me rendais pas compte qu'il pouvait y avoir plus de monde que je ne le pensais autour de moi.  C'est sans doute pour cette raison que je bouscula un homme. Ou plutôt, c'était lui qui me bouscula @Alvaro Williams ! Je le regarde d'un air assez surpris. J'ai l'impression de le connaitre. Je reste de marbre devant lui, sans dire un mot. J'ai sans doute l'air très cruche, ou alors d'être quelqu'un totalement antipathique mais oui, ce visage me dit quelques chose! Et là, éclaire de lucidité, tout devient limpide! Ma bouche s'ouvre grand! Mais noooon! Oups, oui pour le coup, une vraie cruche! Désolée! Euh je t'ai pris pour quelqu'un d'autre! Je pouvais pas lui dire que j'étais la meilleure amie d'une des nana avec qui il avait couché et qu'il avait foutu dehors! Tiens d'ailleurs, c'est vrai ca, il n'avait même pas calculé Milena depuis! Je me met alors à le regarder de travers Comment tu t'appelles? Juste pour vérifier...

Elle peut paraître prude Yasmine, sans doute par ce qu’elle l'est un peu et qu‘interrompre ce genre de scène fait naître le malaise chez elle. Gardant sa main sur ses yeux comme une enfant qui voit ses parents se faire un baiser. « On échangeait juste de fringues … Vous voyez ? Je prends son pantalon, et il prend mon … voilà. » Non elle ne voyait, pas franchement décidée à réouvrir les yeux,  elle avait mis un petit moment avant de regrouper ses pensées et se souvenir de ce qu’elle faisait là.  « Des ciseaux, hm, j’ai pas ça sur moi. Toi ? » Pas de ciseau pour son acolyte non plus. « Mais en cuisine je pense qu’ils doivent bien avoir ça, hm ? Vous savez où c’est … ? » De toute évidence non, puis qu’elle pensait s’y trouver. « Je suis un peu perdue. » Avait-elle avoué, daignant enfin regarder les deux hommes qui avaient retrouvé leurs habits. « Mais, heu … Pas un mot à propos de ça, hu ? Enfin on faisait rien de mal mais … Bon, on n’a pas envie que le boss nous jette par-dessus bord avant la fin de la soirée, v’voyez ? » Hochant la tête sans dire un mot de plus elle s’était préparée à repartir en oubliant presque qu’elle ne savait pas où aller.   « Ah, les cuisines donc, vous descendez l’escalier là, et c’est la deuxième porte à droite, d’accord ? » « Merci. » s’éclipsant aussi vite elle avait suivit les indications de l’homme pour trouver les cuisines et dégoter le fameux ciseau.

Revenant sur le pont, elle était encore un peu chamboulée par ce moment volé aux deux hommes. Ils avaient eu beau s’en défendre, elle avait l’impression d’avoir interrompu quelque chose d’autre qu’un simple échange de blouse et accaparé par ses pensées en avait presque oublier de regarder devant elle. Bousculant un jeune homme @Emre Erdogan un peu fortement elle s’était aussi vite retournée pour s’excuser. « Oh non… Désolé, je suis vraiment… Désolé je ne regardais pas où j’allais. Je ne vous ai pas blessé au moins ? » Parce que déambuler sans faire attention était une chose mais des ciseaux à la main, ce n’était pas le plus malin. Au pire, elle avait toujours l’avantage de savoir comment le recoudre si besoin.

Couleurs :burger:

Je venais de me greffer à un petit groupe d’inconnus. Une surprise ? vraiment ? Bon, je dois l’avouer ce n’est pas vraiment dans mon habitude de me joindre à ce genre de soirée et encore plus avec des inconnus dans leurs genres. Ce n’était pas vraiment de leurs fautes, nous n’étions tout simplement pas de la même classe sociale et dieu sait que la basse population peut être d’un ennui et d’une lourdeur qui en défierait même le silence. Et j’avais raison je pouvais entendre certaines blagues, si j’en avais eu l’occasion je les aurais bien fait passer par-dessus bord. Un homme affichant une barbe des plus intéressantes a fait une remarque sur mes derniers propos (@Vittorio Giovinazzo). « Je crois que par croustillant il sous-entend faire des choses cochonnes dans la cabine du Capitaine … ». Il n’avait pas totalement tort, la jeune femme qui était présente avec nous m’intéressait fortement. C’était tout à fait le type de femme avec qui je pouvais passer une bonne soirée, d'autant plus qu’elle paraissait venir du même milieu que moi. Le capitaine arriva une nouvelle fois pour nous faire part du départ immédiat du bateau. Au même moment une autre personne de ce fameux groupe se présenta (@Kane Williamson). « Au fait moi c’est Kane. » Il nous demanda également d’où on avait entendu parler de cette soirée, personnellement je n’ai pas tellement fait attention à ses propos, me présentant sommairement tout en continuant de regarder la jeune femme. « Edward, Edward Fitzgeral pour vous servir. » Dis-je avec un sourire. « Moi c'est Eva. Et ne goutez pas ça, immonde. Autant prendre un alcool pur. Vodka ou Rhum. Qui me suit? » Je connaissais enfin son prénom, la jeune femme (@Eva Adams) prit même la peine de nous inviter à boire. « Vittorio. Mais Vitto suffira. » L’homme avec sa fameuse barbe se présenta en dernier. Nous étions tous d’accord pour boire quelque chose de plus… hum… consistant, je ne voulais même pas poser mes lèvres sur ce qu’ils appelaient champagne. « Banquier ? Ou non, trader. J’essaye de deviner ce que Monsieur-Costume-Horsdeprix peut bien faire dans la vie. » Ce Vittorio était quelque peu curieux, mais bon, qu’aurais-je pu dire ? Si je voulais m’amuser, il fallait bien que je joue un minimum le jeu. « Je travaille bien avec les chiffres, mais ce n’est pas tout à fait ça. Je suis l’héritier de l’empire Fitzgerald, une grosse boîte en pharmacologie, biotechnologie etc qui par ailleurs a tendance à se développer dans différents domaines. » Oui, je lui ai répondu avec une certaine fierté dont je n’avais pas l’habitude de faire preuve, dieu sait que je déteste ma famille. « Je suis également directeur financier pour Masterson Company. Si je devrais deviner, je pense que vous êtes plus du style à travailler dans le domaine sportif. Ai-je tort ? » À mon grand dam, la jeune femme nous quitta avant même que je ne puisse en savoir un peu plus sur elle, mais bon, elle partit chercher les verres, c’était donc pour la bonne cause. « Charmante jeune femme n’est-ce pas ? » Dis-je aux deux jeunes hommes.

Le bateau quitte le port et je suis assez optimiste pour le reste de cette soirée. Les gens ont l’air plutôt cool. En tout cas ceux que j’ai rencontré jusqu’à maintenant. La jeune femme se présente et je commence à faire marcher ma mémoire. Eva. Il va falloir que je m’en souvienne. Le type à côté de moi c’est Vitto. J’hoche la tête pour toute réponse. C’est vrai qu’avec son accent ça va être assez facile de s’en souvenir. Le troisième s’appelle Edward. Je lui fais un signe de tête également. Il a l’air assez chic comme type. Eva me dit de ne pas boire cette coupe et c’est vrai après une gorgée que ce n’est pas vraiment extra. Je suppose qu’il faut pas en attendre beaucoup venant d’une chaîne de fast food. Elle veut qu’on se lance sur de la vodka ou du rhume.

« J’en suis aussi ! »

Autant s’amuser ce soir. Je rentrerai en taxi chez moi s’il le faut. Quand Edward annonce être héritier d’un empire, je me dis qu’il doit effectivement y avoir pas mal de gros chiffres là dessous. Il explique son boulot et j’avoue ne pas tout comprendre, mais ça a l’air super important. Il essaie de deviner le boulot de Vitto et je penche un peu la tête pour mieux le regarder. C’est vrai qu’il est aussi caisse que Priam qui lui est sportif de haut niveau.

« Ouais genre rugbyman non ? En tout cas t’en as la carrure, j’aimerai bien être foutu comme toi. Je me suis mis au sport de manière un peu plus poussé depuis quelques mois, ça commence à faire effet. »

Je suis pas trop mal de mon côté mais il a quand même plus de muscles que moi. Edward fait un commentaire sur Eva et j’hoche la tête.

« Un de nous aurait pu aller avec elle pour porter tout ça. C’est pas très gentleman. »

Je bois quand même ma coupe bien que ça ne soit pas très bon, je ne suis pas du genre à gaspiller un verre entier. Je le bois assez vite pour poser ma coupe vide sur le plateau du prochain serveur qui passe dans le coin. Et voilà chose faite. Je croise les bras et j’observe les tatouages de Vitto.

« J’aime beaucoup tes tatouages. »

Oui je suis du genre à faire des compliments gratuits quand je vois des gens tatoués. Lui a les deux bras tatoué, moi je n’en ai qu’un. C’est un peu comme si on était de la même famille. Quelque chose me dit que monsieur l’héritier n’a pas de tatouage pour sa part.

Se contentant du fait que @Yasmine Khadji semblait avoir saisi les informations qui la mèneraient jusqu’aux cuisines du bateau, et ce malgré le fait qu’elle n’ait pas posé une seule fois les yeux sur lui durant toute la durée de leur bref échange, il avait remis une mèche de ses cheveux derrière son oreille pour la bloquer sous sa casquette d’un air un peu gauche, et laissé la jeune femme à son histoire de ciseaux pour remonter sur le pont principal. Au regard que lui avait lancé son responsable Tommy était à peu près certain qu’il se serait fait mettre à la porte s’il n’avait pas été bien trop tard pour lui trouver un remplaçant. Attrapant un plateau sur lequel s’entassaient plusieurs cônes de frites à peine sorties de l’huile et copieusement arrosées de sel, histoire de donner le change, il s’était faufilé entre les clients avec dextérité – et ce serait bien la première fois que son expérience comme serveur lui servirait à quelque chose. « Des frites ? » avait-il finalement proposé en plaquant un sourire de circonstance sur son visage face à @Aaron Kennedy et @Anton Malikov. « J’suis payé à la vitesse à laquelle mon plateau se vide, alors vous me feriez vraiment plaisir en répondant oui. » Quitte à ne plus être dans les petits papiers du responsable Tommy se disait que maintenant rien ne le retenait plus d’y aller au culot. Et puis surtout, il ne se serait peut-être pas permis la même chose s’il n’avait pas reconnu en Aaron son voisin de palier « Je fais ça juste pour ce soir, hein. » s’était-il d’ailleurs senti obligé de préciser en esquissant un sourire un peu crispé. Pour certains il n’y avait sans doute pas de grande différence entre servir des verres et servir des frites, mais Tommy lui n’avait pas envie d’avoir l’étiquette « employé de Hungry Jack » collée sur le front. Un peu plus loin il avait vu Yasmine réapparaitre avec la paire de ciseaux précédemment souhaitée, preuve qu’elle avait réussi à trouver la cuisine avec ses indications succinctes. Seulement pour mieux se retarder en bousculant un client (@Emre Erdogan) dont la coupe de champagne venait de se déverser sur le sol. Du coin de l’œil il observait la scène en espérant que cette pauvre fille ne tombe pas sur un malotru qui lui ferait un scandale, mal à l’aise comme elle semblait déjà l’être.

J’avais vraiment deux pieds gauches quand j’étais sur un bateau, je me demande même toujours pourquoi j’y suis allé. Ne pouvant m’empêcher de m’excuser à chaque fois que je touchais quelqu’un de l’épaule ou même quand je coupais quelqu’un dans sa discussion, c’est sûr et certain que la connerie allait être faite d’un moment à l’autre. Pas raté, alors qu’au début je pensais n’avoir bousculé qu’un homme voilà qu’en m’excusant tout en me reculant, je bouscule par erreur une autre personne, cette fois-ci c’était une jeune femme (@Eva Adams), qui n’était vraiment pas très grande. Elle me regarda avec un regard quelque peu bizarre, elle avait l’air d’être surprise, ce qui était normal, mais elle me fixa presque grossièrement pendant quelques secondes, ce qui m’étonna à mon tour. Voulait-elle m’agresser ? « Mais noooon! » Pour le coup c’est moi qui fut étonné. Elle m’a limite criée dessus sans vraiment savoir pourquoi, je n’aurais jamais pensé que les filles pouvaient être si agressives, sauf Milena bien sûr. « Désolée! Euh je t'ai pris pour quelqu'un d'autre ! » Elle attira mon attention, ce n’est pas souvent qu’une personne m’interpelle de cette façon, avant de changer totalement de discours. Mais, après quelques secondes de réflexion, je me suis à mon tour mis à la regarder d’une drôle de façon, son visage ne m’était également pas inconnu. Sans savoir vraiment d’où j’aurais bien pu la rencontrer, j’allais lui poser une question quand elle me prit de court. « Comment tu t'appelles? Juste pour vérifier... » Déstabilisé par la jeune femme, je ne lui avais encore adressé aucun mot jusqu’à présent. « Heu, Alvaro, Alvaro Williams. Pourquoi cette question ? Je suis vraiment désolé de vous avoir bousculé, je ne pensais pas que vous réagiriez de cette façon. » Dis-je sur un ton calme. « J’ai l’impression que l’on s’est déjà rencontré quelque part non ? » C’était devenu comme un défi pour moi de me souvenir d’où j’aurais bien pu la connaître. C’était une situation plutôt bizarre. C’était le genre de situation que je détestais, le malaise était vraiment trop présent et il m’était toujours impossible de mettre un nom sur son visage. Elle n’avait pas hésité à me tutoyer, c’était donc obligé que l’on se connaisse et elle en avait visiblement la réponse. « Vous pouvez peut-être m’éclaircir la situation ? » Dis-je avec un large sourire. J’étais tellement concentré sur le fait de me souvenir de son prénom que j’en avais oublié l’ambiance qui régnait à côté de nous.

Malgré lui, le ton un peu guindé de celui qui venait de se présenter comme @Edward Fitzgerald avait arraché à Vittorio un sourire narquois. Le bonhomme n’était clairement pas en terrain connu, de la nourriture de fast-food il ne devait pas en manger souvent et préférer dépenser l’équivalent d’un salaire de personne lambda dans un restaurant où la bouteille de vin coûtait déjà deux organes. Alors que le reste du groupe terminait de se présenter et qu’@Eva Adams proposait de se trouver quelque chose d’un peu plus corsé à boire, Vittorio s’était mis dans la tête de jouer à deviner le métier d’autrui, et c’est Edward qu’il avait choisi comme première cible ; La facilité, certes, il était probablement celui de leur quatuor dont l’apparence prêtait le plus à spéculation. Mais plutôt que de se réjouir d’avoir – en partie – touché juste l’italien n’avait que remarqué la façon dont Eva venait de s’éclipser comme pour échapper à la question. N’écoutant que d’une oreille les explications plus détaillées de l’héritier de dieu sait quoi, il avait suivi la jeune femme des yeux d’un air suspicieux avant de réaliser qu’une question lui était adressée. Sportif « Seulement sur mon temps libre. » Une grande majorité de son temps libre. Secouant doucement la tête lorsque @Kane Williamson avait hasardé sur rugbyman il avait admis « Je ne suis pas très branché sports d’équipes. Plutôt sports de combat. » Regarder l’adversaire dans les yeux, il n’y avait que cela de vrai pour lui. Éludant la question du métier pour la simple raison qu’il ne savait pas trop comment y répondre et se donnait quelques instants de réflexion supplémentaire, il avait tenté de deviner celui de Kane … Mais la tâche se révélait là beaucoup plus difficile. « Et vous, je dirais … Musicien ? » A cause des cheveux sans doute, oui, c’était mal de juger ainsi à l’apparence. « Ou professeur ? » Il avait une tête qui passait bien pour un professeur aussi, allez savoir pourquoi. Professeur ou pas le blond restait un homme galant qui se reprochait soudainement de ne pas avoir offert son aide à la jolie brune qui venait de les quitter. Reportant son regard sur Edward Vittorio avait alors fait remarquer « C’est vrai ça, si vous tenez vraiment à lui faire visiter la cabine du Capitaine et à voir ce qui se cache sous sa robe, vous pourriez faire preuve d’un peu plus de galanterie. » A bon entendeur. Mais puisqu’ils en étaient à parler d’Eva – dont les oreilles allaient décidément se mettre à siffler – l’italien n’avait finalement pas pu s’empêcher de faire remarquer « Vous avez vu comme elle a détalé d’un seul coup quand il a été question de dévoiler son métier ? Si ça se trouve elle a quelque chose à cacher. » Mais quoi, c’était là toute la question. Laissé un instant pensif à ce sujet, Vittorio avait accueilli le compliment de Kane sur ses tatouages avec un sourire « Merci. Mais je vois que j’ai affaire à un autre expert dans ce domaine. » Le bras droit du blond n’avait en effet rien à envier à celui du barbu en matière de couleurs et de motifs.

Je jetai un coup d'oeil rapide vers le groupe de mecs que j'avais laissé à l'instant et je croise le regard du grand blond... Vittorio si j'avais bien retenu son prénom. Il me regarde d'une manière assez étrange ce qui éveil ma curiosité. Que voulait-il? J'hausse les épaules comme si je me faisais une conversation toute seule et me concentre à nouveau sur cet homme qui m'avait bousculé à l'instant. A son tour, il ses yeux semblent interrogateurs. Il devait sans doute se demander ce que je lui voulait ou alors se dire que j'étais simplement folle. D'ailleurs, j'ignore ce qu'il me prend ce soir, j'avais l'impression d'être une autre femme, totalement libérée des limites que je me fixai sans cesse, ce self contrôle qui me dictait une conduite irréprochable. Ce que j'aimais être d'ailleurs, mais là, cette autre Eva me plaisait tout autant ce soir.
Il fini par se présenter. Alvaro, j'avais donc bien vu. Mais ce qui m'étonna encore plus c'était son nom de famille, Williams. Et là, tout se connectait dans ma tête. Alvaro Williams, non seulement c'était bien lui qui avait couché avec Milena une fois mais en plus de ça, je le connaissais déjà. Jusque là, même si son visage me semblait familier, il demeurait un parfait inconnu, simplement un mec qui avait croisé le chemin de ma meilleure amie un jour. Mais aujourd'hui, c'était bien plus que ça. Mon étonnement fut amplifié. Mais noon!   dis-je avec un air de déjà entendu. Enfin, si! On s'est déjà croisé! lui répondis je. Je savais à présent exactement qui il était. Eva! Eva Adams! La copine de Dany, la crémaillère, les anniversaires, les soirées à la colloc... autant d'évènements qu'on avait pu partagé ensemble. La colloc c'était la colloc de Dany, notre ami en commun, qui d'ailleurs avait disparu de la circulation depuis des années. J'ignorai s'il était toujours en vie, ce qu'il faisait, où il habitait. J'espère toutefois que tout va bien pour lui. J'allais pouvoir me raccrocher sur cette excuse pour lui expliquer ma surprise en ayant vu son visage. Je n'avais pas l'intention de lui parler de Milena pour le moment. Ca fait vraiment bizarre de te voir, ici!   bien que rien d'étonnant, vue tout ce qu'il pouvait déjà s’empiffrer lorsque nous étions encore étudiants. J'allais chercher à boire...  je fais signe vers le bar qui ne devait plus être très loin. Tu m'accompagnes? 

Je sursaute presque quand j’entends quelqu’un me proposer des frites. Je ne l’avais pas vu arriver, j’étais en train de regarder la vue. J’aime bien voir le port de Brisbane qui se rétrécie de secondes en secondes. Je me demande d’ailleurs jusqu’où le bateau va aller. Quand je remarque la personne qui me tend le plateau de frites j’hausse les sourcils, surpris de voir Tommy sur ce bateau. J’allais pour refuser les frites mais vu son petit commentaire explicatif sur sa venue ici, je lui fais plaisir et je prends un cône.

« C’est bien parce que c’est toi. »

Il précise qu’il fait ça seulement pour ce soir et j’hoche la tête, pas vraiment dérangé qu’il bosse pour Hungry Jack, il fait ce qu’il veut après tout. Il faut bosser pour vivre alors pourquoi pas là bas.

« Tu sais où je peux trouver de l’alcool ? Du véritable alcool, pas ce truc… »

Je lui montre la coupe que j’ai dans les mains. Je trouve d’ailleurs un coin libre pour y déposer ma coupe encore remplie. Il me fallait bien une main de libre pour manger ces frites.

« Oh et puis tu sais quoi, je vais y aller au feeling et faire le tour du bateau pour découvrir un peu tout ça. »

Je lui fais un clin d’oeil plus par réflexe qu’autre chose et me voilà déjà en route vers l’autre côté du bateau que je n’ai pas encore explorer. Je descends des escaliers, je ne sais strictement pas où je mets les pieds mais c’est pas si grand que ça un bateau. Je regarde derrière moi pour voir si Anton m’a suivi ou non comme je lui avais proposé deux minutes plus tôt. Je souris bien largement quand je tombe sur ce que je pourrais appeler « le bar » du bateau.

« Aaaaah voilà ! Vous faites les cocktails ? »

J’ai une réponse négative du type derrière le bar et il m’annonce les quelques alcools qu’ils ont à disposition.

« Alors ce sera une vodka pour moi. Et une bière. Non deux vodka et une bière. »

Oui j’ai les yeux plus gros que le ventre, je compte m’enfiler les vodka assez rapidement, j’ai besoin de sentir l’alcool couler dans mes veines. Je mange mes frites et je grimace. Je pose le cône sur le côté du comptoir. Je compte bien l'abandonner là.

La discussion avançait, mais elle n’était toujours pas plus intéressante qu’avant. Parler de travail alors que je saturais avec tous les chiffres que je mangeais à longueur de journée, il ne m’en fallait pas plus pour me contrarier, ce qui était plutôt simple à faire à ce moment. Malheureusement pour moi, le seul point intéressant que j’ai trouvé pour me joindre à eux était parti pour aller nous chercher des verres et j’aurais sûrement mieux fait de l’accompagner. Mais le pire n’était pas encore arrivé, un mec bourré, oui déjà alors que la fête venait tout juste de commencer, s’appuya sur ma magnifique veste avec ses mains dégoulinantes de graisses. Je ne sais même pas comment j’ai pu me retenir de le frapper, il venait tout juste de détruire une veste toute neuve qui lui coûterait un bras, sans compter tous les microbes qu’il pouvait bien transporter sur lui, la seule issue pour ma magnifique veste était la quarantaine et encore j’aurais dû la détruire, y mettre le feu. Décidément, quand j’y repense, cette soirée doit sûrement être la pire que je n’ai jamais passé. Pendant que je luttais contre la colère qui montait en moi, les deux autres protagonistes continuaient tranquillement leur petite conversation, jusqu’à ce que je fasse une remarque qui les interrompit et que le jeune homme tatoué (@Vittorio Giovinazzo) me répondit. « C’est vrai ça, si vous tenez vraiment à lui faire visiter la cabine du Capitaine et à voir ce qui se cache sous sa robe, vous pourriez faire preuve d’un peu plus de galanterie. » Peut-être pour un homme lambda, mais j’avais mes propres astuces pour pouvoir attirer les femmes dans mes filets, ce n’était donc clairement pas dans mes habitudes de leur montrer un intérêt immédiat. « Ne t’inquiète pas pour moi, je sais ce que je fais. » Lui dis-je avec un petit sourire tout en continuant de regarder la jeune femme disparaître dans la foule. Je ne voulais pas vraiment me séparer du groupe, non pas pour me lier d’amitié avec eux, mais surtout parce que j’avais la certitude de voir celle qui se prénomme Eva. « Vous avez vu comme elle a détalé d’un seul coup quand il a été question de dévoiler son métier ? Si ça se trouve elle a quelque chose à cacher. » Il réussit enfin à m’arracher un sourire, même si personnellement j’avais déjà une petite idée sur le genre de personne qu’elle était. On a beau vouloir se mélanger avec les autres classes de la population, mais il y a toujours des tics qui nous trahissent. « Tu n’as pas à t’inquiéter, je suis certain que ce n’est pas une tueuse en série. » Dis-je à @Vittorio Giovinazzo sur un petit ton ironique tout en posant ma main sur son épaule. Le jeune barbu reprit une discussion avec ce Kane, cette fois-ci c’était sur les tatouages. Ils me regardèrent comme s’ils se posaient une question. « Ce n’est pas la peine de me regarder comme ça, je ne suis pas tatoué. Je ne veux même pas qu’une aiguille dans ce genre touche ma peau. » Oui dieu sait que j’y tiens à ma peau et je ne voulais sûrement pas qu’elle soit polluée par de l’encre et les toxines qui l’accompagnent. « J’espère qu’elle ne va pas se perdre, ça serait dommage, on n'aurait pas nos verres. » Ajoutais-je.

Vitto n’est donc pas un sportif de haut niveau. Il doit faire pas mal de sport dans son temps libre pour être bâti comme ça. Sports de combat, intéressant. Moi j’ai fait de la boxe pendant un mois seulement, j’ai arrêté ensuite. C’était pas fait pour moi, j’aime pas me prendre des coups et avoir des bleus. La muscu et la course à pied ça me suffit en matière de sport. L’italien essaie de deviner mon métier et quand il me suppose musicien ça me fait sourire largement. Je vais pour répondre quelque chose mais il enchaîne, me soupçonnant professeur.

« Je suis musicien, mais c’est pas mon métier. Je fais ça dans mon temps libre. »

Ca parle d’Eva qui est parti sans dévoiler son métier. Ils trouvent ça suspicieux, moi je vois rien de mal, elle a juste voulu nous apporter à boire. Enfin, je suis peut être trop naïf. J’hausse les sourcils quand Edward parle de tueur en série.

« C’est pas la première chose qui me serait venu en tête à moi. »

Oui du coup c’est lui que je trouve un peu suspicieux. Je parle des tatouages de Vitto et je souris quand il me dit que je suis un expert. Ouais je ne vais pas lui dire que je les ai fait sur un coup de tête quand j’étais jeune, prenant le premier tatoueur amateur que j’ai trouvé pour avoir moins cher la prestation. Comme je l’avais deviné Edward n’a pas un seul tatouage. Ce n’est pas une surprise.  Je me demande s’il nous juge pas secrètement d’avoir autant d’encre sur la peau. Je regarde un pe Edward, dans mes pensées.

« Si elle est pas revenu dans dix minutes on partira à sa recherche. Enfin, vous partirez à sa recherche. »

Il a l’air très intéressé par la jeune fille, loin de moi l’idée de me mettre entre eux.

« Mais sinon on sait toujours pas ce que Vitto fait dans la vie non plus. »

Je me tourne vers l’homme en question. Je suis fier de moi, je me souviens de son prénom.

« C’est peut être indiscret comme question… Moi en tout cas je suis Pompier. Comme ça y’a plus de mystère. »

Ouais je n’ai pas envie qu’ils me prennent pour un tueur en série à cacher mon boulot, surtout que j’en suis assez fier.