Gabriel avait cédé, et il ne s’était pas trompé sur la profonde satisfaction qu’en éprouverait le suédois. Il le voyait dans ses sourires, l’entendait dans ses mots, le sentait dans ses baisers. Et c’était parfait ainsi, son bel amant fier de pouvoir crier victoire et lui trop heureux de déposer les armes au creux de ses bras. Si c’était à refaire ? Il se rendrait encore et encore, quelque soit le scénario, tant il lui semblait désormais impossible de se passer de cette étreinte là. Il n’aurait su comment s’en défaire et n’en avait nullement l’intention. Pas alors que la chaleur de leurs échanges s’intensifiait de seconde en seconde, de baisers plus enflammés et pressants en caresses plus sensuelles. C’était incandescent, c’était doux, c’était sucré, un délice dont le jeune artiste savourait chaque miette avec bonheur. Sa respiration se faisant toujours plus profonde pour mieux se perdre ensuite, les battements de son cœur s’accélérant à mesure, la fièvre gagnant sa peau déjà frissonnante, et il lui semblait tout redécouvrir une nouvelle fois. Comme au tout premier instant. La soie du corps du grand brun qui glissait sous ses doigts, le goût de ses lèvres qui s’attardait sur les siennes, l’odeur de sa peau qui emplissait ses poumons, le vert de ses yeux dans lesquels il perdait les siens, le son de son souffle chaud qui lui parvenait en une douce mélodie. Il s’y perdait à nouveau le bouclé, et avec quel plaisir, se laissant bercer par le moment présent, oubliant encore et toujours le reste du monde, comme plus rien ne comptait dans ces instants, perles d’éternité à jamais gravées dans son cœur. Il ne releva pas les propos de celui qui était devenu son homme, trop occupé qu’il était à embrasser amoureusement sa joue et sa mâchoire, alors que celui-ci invitait ses jambes à enlacer son bassin. Gaby le laissa faire, resserrant délicatement ce nouvel ancrage, alors que Wren revenait sceller ses lèvres aux siennes avec plus de passion. Et il eut un long frisson, électrique, lorsque les mains de son amant s’imprimèrent sur ses fesses, laissant son dos se tendre vivement, soufflant contre les lippes du superbe suédois sous le coup de la décharge qui courut le long de son échine. Sa sensibilité le rendait déjà si réceptif au moindre geste, au moindre effleurement, mais quand il était en plus question de Wren, c’était bien plus fou encore et tout ne faisait qu’exacerber son émoi déjà si profond, son affection déjà si grande. Alors il ne put que soupirer d’aise lorsqu’il se retrouva de nouveau allongé sur le matelas et que le grand brun reprit ses délicates explorations de sa peau, les lèvres gourmandes, les mains agiles. Gaby perdit ses doigts dans les mèches brunes de son amant, resserra un peu plus encore l’emprise de ses jambes, comme autant d’ancrages avec la réalité, bien avant de perdre totalement pied. Il était évident qu’aucun d’eux n’avait oublié le feu qui les avait appelé l’un à l’autre, et qui semblait toujours prêt à se manifester. Aucune sensation n’avait disparu au cours de la nuit, pas plus qu’avec le lever du jour, bien au contraire quand un autre sentiment s’était fait jour dans leur être, celui du manque. Alors oui, tout revenait en un instant, et Gabriel sentait les étincelles du désir se réveiller au creux de lui. Doucement d’abord, et soudain bien plus assurément lorsque Wren revint à la charge d’un impétueux baiser. Un de ceux qui racontaient tout sans un mot, un de ceux lourds de sens. Et comme en réponse à celui-ci le jeune artiste glissa ses mains sur les joues du grand brun, le pressant tendrement contre lui, prolongeant d’autant cette union de leurs lèvres. Il avait tant de choses à lui conter lui aussi, sans savoir si des mots ou des gestes suffiraient. Mais il n’eut guère l’occasion de s’y attarder davantage, soupirant fort en sentant la pression du corps de Wren partout sur le sien. Ses mains glissèrent alors des joues de son bel amour à sa nuque, voguant encore jusqu’à se frayer un chemin dans son dos. Descendant toujours ses doigts furent vite contrariés dans leur périple, se heurtant au textile qui recouvrait le bas du corps du suédois, et l’artiste en fronça légèrement les sourcils. Mais il en fallait plus pour stopper ses mains qui s’aventurèrent en caresses sous le tissu tandis qu’il mordillait les lèvres, la mâchoire puis le cou du nordique, s’attardant sur l’empreinte qu’il y avait déjà laissé. Il avait une telle soif de lui, et il s’y laissait couler avec envie.
Un moment de volupté mais qui n'était ni le premier ni le dernier entre deux hommes fougueux, deux hommes qui se découvraient réellement, qui apprenaient à s'aimer sans limite aucune. Wren n'avait clairement pas prévu de ressentir tant en débarquant dans cette colocation. Il était arrivé là un peu par hasard parce qu'il avait besoin d'un endroit où se loger pour peu de dépenses, pauvre qu'il était en étant né sous le patronyme Doherty. Lola lui avait offert cette opportunité mais elle ne lui avait clairement pas présenté Gabriel comme l'homme qui bouleverserait sa misérable existence. C'était pourtant chose faite depuis la veille, depuis qu'il avait fait naître un phénix sur son dos nu, celui-ci s'envolant de ses propres ailes quelques heures plus tard, une fois qu'un baiser eut été échangé et que leurs deux corps se furent appelés de manière irrémédiable. Désormais, il n'y avait plus aucune restriction, plus rien qui pourrait les séparer puisqu'ils se nourrissaient l'un de l'autre, se perdant dans des étreintes passionnées qui ne semblaient connaître ni début ni fin réelle. Il n'y avait que la volupté de deux hommes qui ne savaient plus comment s'arrêter, certainement parce qu'ils ne le voulaient pas. C'était en tout cas l'unique pensée de Wren en se couchant aux côtés de son partenaire, peu enclin à retrouver son souffle parce que le moment avait été intense et beau. Il ne voulait pas le faire cesser, pas tout de suite. Il était, par conséquent, encore espiègle en se tournant vers son artiste mais Doherty n'avait certainement pas anticipé de voir la larme rouler le long de la joue si douce du beau bouclé. Il avait vite fait de la tuer, se perdant en de multiples baisers pour empêcher qu'une goutte d'eau n'apparaisse à nouveau mais il y avait toutefois une certaine angoisse d'imaginer qu'il avait pu blesser Gabriel. C'était la dernière chose qu'il souhaitait, même si Wren avait conscience qu'il était loin d'être parfait et que son caractère impétueux pouvait provoquer bien des dégâts dans une relation. Evidemment, Carnahan était radicalement différent de lui, bien plus sensible et doux mais peut être que c'était une bonne chose, que cela allait permettre à l'historien de canaliser son énergie. Il n'en savait rien, surtout à l'heure actuelle, alors que sa main caressait sa chevelure en bataille, qu'il attendait la réponse de Gaby. Celle-ci tarda à venir mais elle l'attaqua en plein coeur. Il ne s'était pas attendu à une telle révélation, pas ainsi, pas avec des larmes brillantes au fond des yeux de son brun parce qu'il ne prononçait jamais ce genre de mots, Wren, il ne savait pas faire. Il se mit à sourire, très nettement, en approchant son coeur de celui de Gabriel, jusqu'à passer un bras ferme autour de lui, venant baiser sa tempe, caresser son dos, jusqu'à le porter totalement sur sa silhouette. Il désirait se mêler à lui, capter son regard et ce fut ce qu'il le força à faire en berçant ses deux joues de ses pouces, leur visage à quelques millimètres seulement. Wren vint quérir ses lèvres tout doucement, avec une tonne d'affection dans cette étreinte, son corps collé au sien, acceptant le poids de Gabriel sur lui sans aucune peine parce que c'était lui, parce que c'était eux. "Tu t'excuses de quoi, exactement? D'être l'homme idéal à mes yeux?" Il lui fit un clin d'oeil mutin alors que ses doigts caressaient son dos tout doucement, que sa bouche se perdait dans son cou et qu'il ne le lâchait pas. Il ne le ferait plus jamais, assurément.
L’atmosphère était si douce, l’instant si précieux, l’effervescence se dissipant peu à peu au profit d’une paix délicate seulement perturbée de leurs souffles encore défaits. La fougue de la passion laissait tranquillement place à une belle sérénité, et quelle sensation suave. Gabriel se berçait de ce calme relatif, essayant d'apaiser son souffle comme les battements de son palpitant. Quand au tumulte intérieur qui agitait son cœur tendre il pressentait déjà que c’était peine perdue. A raison puisque déjà ses yeux clairs se gorgeaient de larmes. Il s’en sentait ridicule Gaby, et il espérait sincèrement les étouffer au creux de l’oreiller dans lequel il avait réfugié son visage. Ne surtout pas les exposer à Wren, ces perles de sel, ne pas l’inquiéter après un tel instant de bonheur. Ou pire. Le voir reculer en les découvrant. Parce qu’il pleurait le jeune artiste, au pire des moments, et qu’il ne savait que trop bien ce que ses épanchements émotifs provoquaient chez les autres. Ce n’était pourtant pas de la tristesse, moins encore de la souffrance, qui tiraillait son être. Ces petites gouttes là ce n’était que de l’amour, que le trop plein d’un millier de sensations qui l’assaillait et qui le submergeait sans qu’il n’y puisse rien. Mais c’était trop tard, le beau suédois avait d’ores et déjà posé ses yeux sur lui, il le savait Gaby, il le sentait. Il en eut l’évidente confirmation lorsqu’il sentit ses doigts venir effleurer sa peau, quérir cette larme avec délicatesse. Le jeune irlandais en frissonna, fébrile sous le coup de son émoi, davantage encore lorsque des baisers couvrirent sa joue avec tant d’attention. Non, Wren ne s’était pas écarté de lui en voyant ses larmes. Gabriel avait le cœur si gros comme toute cette affection il l’avait longtemps espéré sans qu’elle ne lui fût jamais vraiment accordée. Voilà qu’à présent il en recevait tant de la part de son grand brun, tant de tendresse, de douceur, tant de passion aussi, son petit cœur rafistolé de toutes parts en était si gonflé, comme il recevait autant qu’il donnait. Tout cela il le résuma en une poignée de mots. Une vérité qui se résumait à trois mots. Et tout un univers qui se bâtissait déjà autour. Son bel amant avait sourit en les entendant, et juste pour ça le jeune artiste aurait pu l’embrasser à en perdre son souffle à tout jamais. Plutôt que de s’éloigner comme l’avait craint Gaby, il s’était rapproché, avait recréé ce contact dont l’irlandais ne savait plus se passer, glissant un bras autour de lui, perdant ses lèvres et ses mains sur sa peau. Gabriel respirait soudain, comme s’il était resté en apnée jusque là et recouvrait à présent son souffle. Peut-être était-ce le cas quelque part. Il y avait à nouveau sa peau contre la sienne, leur souffle mêlés, alors que le nordique l’attirait à lui, et il n’y avait certainement rien de plus réconfortant. Gaby chavirait sous la douceur de ses baisers, la tendresse de ses bras, la délicatesse de ses mains sur ses joues. Le bleu de ses prunelles se perdit dans le magnifique vert d’eau de celles de Wren alors que ses mots heurtaient son cœur avec tant de force. Alors évidemment il ne put les retenir les quelques autres larmes qui s’étaient accumulées sous ses paupières, pas quand son bel amant prononçait ces paroles là avec autant de sincérité. Combien de fois sa profonde sensibilité lui avait-elle été reprochée ? Combien de fois l’avait-il lu, l’incompréhension, dans le regard des autres quand il laissait ses émotions prendre le dessus ? Mais Wren, lui, faisait tout l’inverse à cette seconde. Il balayait tous ces reproches d’un revers de la main, lui demandant même pourquoi il s’excusait ainsi. Question pertinente. Alors de quoi s’excusait-il au juste ? D’être lui, toujours d’être lui. On l’avait tant blâmé à ce propos. Ils étaient trop rares dans sa vie, ceux qui ne l’avaient jamais fait. Parmi eux Lola. Et Wren à présent. « Personne ne m’a jamais dit une chose pareille », qu’il avait soufflé, foncièrement bouleversé. Il pouvait donc revêtir cette importance-là pour quelqu’un ? « Merci. » Du fond de son cœur. « Merci d’être là. » D’être toi. Il laissa aller son visage contre celui de Wren alors qu’il frissonnait de ses baisers dans son cou, de ses caresses dans son dos. Tout était si doux. Si juste.
Il était forcément surpris par autant de sensibilité de la part de Gabriel: personne ne se donnait l'air de l'apprécier autant habituellement. On aimait passer du temps avec lui, certes, mais cela n'allait jamais au delà de quelques heures passées à s'adonner au plaisir de la chair. Non, Wren n'avait jamais rien connu de plus et jusque là, il ne s'en était jamais plaint. Il était même relativement fier de son mode de vie, sans personne pour venir juger ses choix de ne s'offrir à personne, par peur plus qu'autre chose en réalité. Il avait vu tellement d'individus se perdre pour une relation, souffrir le martyr une fois que celle-ci fut terminé et le suédois ne s'était pas senti prêt pour subir le même sort. C'était avant Gabriel, bien sûr, que désormais, tout allait changer parce qu'il l'émouvait son petit bouclé. Il y avait ce beau bordel au fond de son coeur quand il l'embrassait, quand il le regardait, quand il lui faisait l'amour et tout le reste n'avait plus la moindre importance dans ce genre de moments. Maintenant, c'était les larmes de Carnahan qui modifiaient tout et ce cher Doherty ne pouvait que porter le brun contre lui, le serrer étroitement et espérer qu'il arrêterait de croire qu'il n'était rien. Au contraire, il était tout mais on lui avait fait croire l'inverse juste pour que son ex petit ami puisse se donner une quelconque importance. Wren le méprisait pour cela, pour avoir brisé le coeur si pur de l'artiste, lui qui ne méritait que d'avoir le monde à ses pieds. Il avait au moins l'historien dans cette position, un Wren qui baisait sa peau, qui caressait son dos, qui se perdait dans ses mèches bouclées, sans accepter réellement ses remerciements parce qu'il ne les valait pas. Evidemment que non. C'était la folie qui faisait parler Gabriel, la folie de l'instant, d'avoir pris tant de plaisir contre son corps fuselé, ou bien juste l'émotion des dernières vingt quatre heures qui retombaient voire le manque de sommeil. Tout cela cumulé certainement. Wren ne pouvait que le laisser libérer ses larmes néanmoins, les essuyant au fur et à mesure en embrassant chacune de ses joues, sans qu'il ne puisse le contrarier. "Les gens qui t'ont jamais dit ça sont des idiots, tu le sais ça? Je suppose que je dois les remercier sinon tu serais pas avec moi cela dit alors... Les laisse plus t'atteindre, écoute que moi. Et moi, justement, je pense le monde de toi." Il caressait ses joues de ses pouces, respirant plus calmement que jamais alors qu'il ne se laissait jamais partir vers ce genre de confessions. Wren osa murmurer quelques mots à son oreille pour finir, histoire de détendre un peu l'atmosphère chargée en émotions du moment. "Et crois moi, je peux pas te mentir en t'avouant que personne m'a jamais rendu aussi insatiable que toi. T'es une exception, mon petit bouclé." Il était bien plus que cela certainement mais le nordique n'était pas du genre à s'exprimer de trop sur ses sentiments. Au lieu de cela, il préférait déposer tout doucement ses lèvres sur les siennes pour sceller ce pacte, de l'aimer au delà de toute raison, continuer à vibrer pour lui et tout ce qu'il représentait. Être à lui, sans aucune concession.
Il avait toujours été sensible Gabriel, terriblement émotif, un trait de caractère qui lui avait trop souvent été reproché. Par sa famille en premier lieu, parce qu’en tant qu’homme et fils unique il se devait de se montrer fort, de faire taire ce qui était considéré comme une faiblesse, par la plupart de ceux qu’il avait pu fréquenter ensuite. Mais il était ainsi fait le jeune irlandais, et jamais il n’avait su aller à l’encontre de ce qu’il éprouvait dans quelque domaine que ce soit. La vie avait fait le reste, broyant toujours un peu plus sa confiance en lui, son estime de soi, jusqu’à sa dignité même, qu’il avait oubliée quelque part dans sa dernière relation. Ne restaient que les ruines du garçon qu’il avait été, ou qu’il aurait dû être. Le cœur éclaté et l’âme écorchée. Alors il était évident que ces derniers temps il n’était plus que l’ombre de lui-même. Il l’était, avant l’arrivée de Wren dans la colocation et dans sa vie, avant qu’il ne rallume tout à l’intérieur. Gaby avait d’abord eu peur, bien sûr, parce qu’il avait trop souffert et qu’il craignait d’avoir plus mal encore, qu’il ne voulait plus avoir à supporter pareille douleur quand il lui semblait avoir déjà eu son lot au long de sa si courte existence. Alors il avait essayé d’opposer ses résistances, tant bien que mal, mais l’évidence s’était imposée à lui avec tant de force qu’il n’avait pu que s’y résoudre. Car pour la première fois depuis longtemps il lui semblait pouvoir poser son cœur entre ces belles mains sans craindre de le voir broyer et se laisser aller sans frayeur dans ces bras qui ne lui évoquait nulle peur. Et c’était précisément ce qu’il avait fait, sans plus chercher à se battre contre ce qu’il ressentait au plus profond de son âme. Il n’en regrettait rien, pas la moindre seconde, parce qu’il fallait qu’il en ait le cœur net. C’était le cas à présent, plus que jamais alors que Wren l’attirait à lui dans une si tendre étreinte. Son palpitant qui semblait se calmer un peu en sentant les battements de celui de son bel amant contre sa poitrine, son souffle qui se faisait plus régulier et profond, se calant sur celui du grand brun. Il s’apaisait Gabriel, de baisers en caresses sur sa peau, son émoi adoucit par toutes ces délicates attentions, et les lèvres de Wren qui séchait ses larmes à ses joues. A cet instant il ne pouvait que se sentir chanceux que son chemin ait croisé celui du beau nordique. Chanceux, et à l’abri. Comme si plus rien ne pouvait l’atteindre réellement tant qu’il y avait les bras de Wren pour l’enlacer et ses yeux verts pour veiller sur lui. C’était ce qu’il s’osait à espérer, et probablement ce qu’il entendait dans les mots de son tendre amant auxquels il acquiesça doucement. Il manquait de mots à cet instant mais il l’écouterait, il le laisserait tout réparer. L’irlandais les sentait, le sérieux et la sincérité de ses paroles, alors plus que jamais il voulait y croire, il y croyait, que cette fois il ne resterait pas sur le carreau, qu’il ne s’abîmerait pas jusqu’à ne plus savoir comment s’en relever, parce que Wren le regardait comme jamais personne ne l’avait fait auparavant et que ses yeux ne mentaient pas. Gaby laissa échapper un rire soufflé aux propos que son grand brun vint susurrer à son oreille, un peu de légèreté était plus que la bienvenue. « Je crois que j'avais remarqué ça », qu’il glissa amusé, avant que son souffle ne soit happé dans un baiser. Si tendre, si doux, tout empli des promesses silencieuses qui se gravaient entre leurs mots. Et il ne put que s’y laisser fondre Gaby, le prolongeant, l’approfondissant, alors que ses mains glissaient en caresses sur son cou et ses joues. Cesserait-il un jour de vouloir chérir cette peau si douce, d’être hypnotisé par ces yeux si verts, d’aimer tant cet homme qui avait absolument tout chamboulé à l’intérieur comme autour ? Il en doutait. Au-delà même, il souhaitait que cela n’arrive jamais. Pas alors que ses doigts couraient sur ce corps superbe, que ses propres lèvres s’égaraient désormais sur sa mâchoire, dans son cou, sur son épaule, comme autant de remerciements. Pas alors qu’il se pressait davantage contre lui comme si sa petite vie en dépendait. Et c’était probablement le cas d’une certaine manière.
Il n'y en avait plus qu'un, maintenant et dans le futur. Quelle sensation grisante de réaliser qu'il avait rencontré le grand amour sans même s'en rendre compte. Tout était allé si vite, tout avait été porté si loin et la tempête de sentiments qui occupait Wren depuis la veille ne diminuait pas le moins du monde. Il n'avait d'ailleurs pas réellement envie de la voir disparaître, c'était des sentiments bien trop joyeux pour qu'il s'en satisfasse de manière éphémère. Doherty avait besoin de plus encore, de sentir son petit bouclé contre son corps, répondre aux battements de son coeur avec le sien, le laisser se bercer entre ses mains parce qu'il pansait la moindre de ses plaies, le suédois. C'était la plus belle mission qu'on lui ait offerte, quelque chose à sa mesure parce que Wren était un homme loyal, un homme qui donnait tout pour les personnes qui se faisaient une place dans sa vie et dans le cas de Gabriel, on parlait d'une place gigantesque en un temps réduit. Ils avaient déjà tant vécu, tant échangé et le suédois ne voulait pas que le tout s'arrête parce que Carnahan avait peur qu'il ne réponde pas à ses attentes. Certes, il ne prononçait pas les mots magiques parce qu'il n'en avait jamais été réellement capable jusque là mais ce qu'il dit valait peut être bien plus encore. Wren offrait une bonne dose d'espoir à son amant, lui laissant croire que ce qu'ils vivraient ensemble vaudrait bien plus que tous les Thomas du monde réunis. Le nordique n'avait pas la prétention de lire l'avenir mais il ne se voyait clairement pas tromper le bel artiste à ses côtés pour un homme de pacotille. Quand on avait trouvé le Graal, on ne le laissait pas sur le bas côté, question de principe et Doherty en avait des tas dans ce genre de circonstances. Il souriait en embrassant son comparse, se mit même à rire légèrement en entendant sa remarque concernant son insatiabilité. Il aurait pu répondre autre chose, en rajouter une bonne couche mais il n'en fit rien, profitant du contact retrouvé avec l'étudiant. Celui-ci balada ses lèvres et ses mains sur son corps à son tour et Wren ne put que frémir, sans qu'il ne puisse vraiment contrôler cette chair de poule. C'était l'effet que faisait une personne qu'on adorait, une personne qu'on désirait plus que n'importe qui, qu'on portait aux nues tellement elle était spéciale et Gabriel correspondait idéalement à cette description. "Vu ton attitude, je sais pas si on peut dire que je suis le seul insatiable dans ce lit, si?" Son petit rire était mutin alors qu'il enlaçait Gabriel plus étroitement encore, ses yeux se portant vers les siens, une de ses mains relâchant son dos pour venir jouer dans ses boucles brunes. Il ne le lâchait pas des yeux, se refusait à le laisser partir, le laisser penser qu'il n'était pas assez alors qu'il était vite devenu son monde entier. A vrai dire, Carnahan pouvait faire tout ce qu'il voulait de Doherty, là, tout de suite, le suédois le suivrait sur n'importe quelle route, le prouvait son regard énamouré et ses gestes tendres parce qu'il le trouvait beau. Qu'il était tout pour lui, déjà.
Il le sentait l’écho de ce qu’il ressentait chez Wren. Certes ils n’utilisaient pas les mêmes mots, ne l’exprimaient pas de la même manière, le démontraient différemment, mais c’était bien là, et c’était vrai. Ni jeu, ni mensonge, juste la sincérité et la force des sentiments qu’ils éprouvaient l’un pour l’autre. Que pouvait-il espérer de mieux, de plus, Gabriel ? Ce que lui offrait le suédois ne pouvait que le combler, le submerger d’un bonheur plus doux qu’un rayon de miel. Il n’avait jamais osé rêver autant, et pourtant la réalité était bien là, si belle, si enivrante. Chaque seconde passée auprès du beau brun était une fête, une aventure, une vie entière, savant mélange d’une ivresse suave, d’un amour tendre, d’une passion brûlante. Et tout vibrait d’une rare évidence, comme si d’invisibles liens avaient toujours été tissés entre eux, attendant paisiblement leur heure pour mieux se resserrer irrémédiablement, pour ne plus jamais se dénouer, du moins était-ce tout ce que le jeune artiste souhaitait à présent quand il ne voulait plus réapprendre à exister sans le nordique dans sa vie. Parce que rien ne savait le rendre plus vivant que sa seule présence. Ce fut sans doute ce que contèrent les baisers et caresses qu’il dispersa sur la peau pâle du suédois, se réjouissant de sentir les frissons qu’ils faisaient naître dans leurs sillages. « A croire que ça déteint », qu’il avait soufflé contre ce doux épiderme, un sourire au coin des lèvres, alors qu’il sentait les bras de l’historien le serrer un peu davantage alors que celui-ci chercher son regard. Les derniers fantômes de ses larmes moururent alors au fond de ses yeux clairs perdus dans le vert si intense de ceux de Wren. Il aurait pu s’y perdre pour l’éternité dans ces prunelles étincelantes, ne sachant jamais comment s’en défaire, ne le cherchant pas réellement non plus, il était si envoûtant ce regard là, plus encore quand y brillait tant d’amour. Bien sûr qu’il ne put alors s’empêcher de fondre de nouveau sur les lèvres de son amant, qu’il les goûta avec ferveur, évidemment qu’il s’employa à couvrir son corps de tendres attentions. Et ils demeurèrent encore longtemps là, leurs souffles entremêlés et leurs corps épousés, coupés du monde dans cette chambre où se gravaient en perles d’éternité chaque instant partagé de passion folle et d’infinie tendresse.
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Gabriel finissait de boutonner la chemise à col mao qu’il venait de passer avant de perdre une main dans ses boucles brunes encore humides pour tenter de les arranger quelque peu. Peine perdue comme ses mèches folles ne semblaient en faire qu’à leur tête, constat qu’il fit en avisant son reflet dans la glace en laissant échapper un soupir au passage. L’irlandais finit par quitter la salle de bain, se dirigeant vers la pièce principale de l’appartement, à la recherche de son grand brun. « Wren ? », qu’il questionna doucement le paisible silence de l’endroit. Il n’eut pas à attendre longtemps avant d’aviser la haute silhouette de l’intéressé, et il en marqua une pause le jeune artiste, jamais lassé de détailler celle-ci avec attention. Le sourire qui éclaira inconsciemment son visage à l’instant où son regard se posa sur le suédois, trahit la danse qui faisait chavirer son cœur au creux de sa poitrine. Il y avait un tel vent d’insouciance qui planait sur l’appartement, une telle atmosphère de légèreté, rangement et nettoyage avait été fait et Lola ne serait de retour que dans la soirée. Les pensées de jeune artiste s’égarèrent un moment, à mesure qu’il se perdait dans sa contemplation, qu’il se laissait happer par la tranquillité de l’instant. Il finit par secouer doucement la tête Gaby, revenant un peu à la réalité avant de s’avancer dans la pièce, de s’approcher du beau nordique. Il lui semblait mieux respirer à mesure qu’il réduisait l’espace qui les séparait, comme si tout son oxygène s’agglutinait autour de Wren. « Qu’est ce que tu as prévu aujourd’hui ? » Ses prunelles qui cherchaient celles du nordique, qui s’y perdaient. Et il ne voulait pas le voir s’éloigner son bel amant, plus jamais.