Cette bouffée me fait du bien, ça me détend. Heureusement pour Jack j’ai trouvé quelque chose que pour me détendre. Et ce n’est pas lui. Pas ce soir en tout cas. Des fois il y arrive, mais là, c’est à cause de lui que je suis tendue. C’est à cause de toute cette foutue émission de merde que je suis énervée et au bord de l’explosion. Alors j’inspire longuement sur le joint, en pensant à celui que j’allumerai plus tard. J’en ai deux, j’en avais 3 normalement, mais elle en a détruit un la brune. On aurait pu en avoir un entier chacun. Et mes doigts placent la clope entre les lèvres de Jack. Je suis bien plus calme et amusée par la situation après toutes ces bouffées. Et mon regard se perd un peu dans celui d’Epstein. J’attends de voir comment réagit vraiment la brune, est ce que ça va lui plaire ? Elle pourrait être de ceux qui sont accros dès la première prise. Pourquoi pas après tout. C’est possible. Et je ne suis pas du genre à parler des mauvais côtés de toutes ces conneries, même s’il y en a des tas. Ce soir on a besoin de nous amuser. On est pas près de dormir. J’attends qu’elle soit un peu plus stone. “C’est à ce moment là qu’on peut poser des questions.” Au cas où ça l’intéresse. Ca pourrait être un début de jeu, elle est joueuse Kelly ? Je me surprends à espérer que oui. Je ne dis pas non à une chanson alors je hausse les épaules. Je me tourne vers ce qu’elle montre, il n’y a absolument rien. Est ce qu’elle a vraiment des hallucinations ou est ce qu’on devrait flipper d’être au beau milieu de la forêt ? “Pose une question ça détournera ton attention des trucs qui existent pas.” Et je pouffe de rire avant de secouer la tête parce que j’ai soudainement l’impression qu’il y a des étoiles sur le visage de Kelly.

“C’est à ce moment là qu’on peut poser des questions. - Quel genre de questions ?” Culture générale ? Musique ? Cinéma ? Kelly les imaginait engager un Trivial Poursuit, sans plateau, ni pions, ni dés. Et elle comprit, à retardement, que ce n'était pas de cela dont il s'agissait. Elle se sentait sotte, Kelly, à chaque fois qu’elle se voyait trop prude pour Ivy. Elle le voyait dans son regard que chacune de ses paroles était jugée, et elle n'appréciait pas cela. Qu’importe, cela ne gâcherait pas la soirée. A dire vrai, Lee n’arrivait même pas à regretter d’avoir testé ce joint -jusqu’au moment où elle crut voir quelque chose dans le bois. “Pose une question ça détournera ton attention des trucs qui existent pas.” se moquait Ivy -était-ce étonnant ? “Je te jure que j’ai vu une ombre près des arbres. Il y a forcément quelque chose. Comment tu peux savoir que ça existe pas, hm ?” Et si c’était elle qui hallucinait en ne voyant rien ? Non, cela n’avait aucun sens.

Des questions, donc. Kelly n’eut pas à réfléchir trop longtemps. “Qu’est-ce qu’il s’est passé entre toi et Martin ?” elle demanda finalement, puisqu’elle en avait le droit, puisque c’était l’occasion d’après Ivy. Et elle se fichait que ce ne soit pas ses oignons désormais. Ils étaient entre eux, et elle avait tenu sa langue tout l’après-midi afin de ne pas mettre de l’huile sur le feu. Elle pouvait bien interroger la jeune femme, innocemment. “Et entre vous deux ?” elle renchérit, le regard désormais posé sur Jack. Non, elle n’avait pas oublié le baiser dans l’eau, et elle voulait en savoir plus. Cela aussi, elle ne l’avait pas mentionné depuis que c’était arrivé, et elle voulait en savoir plus. Qu’importe à quel point cela allait mettre les deux candidats dans une position inconfortable.

Je réfléchis plus, je regarde juste Kelly qui tente de nouvelles choses. Je ne pensais pas qu’elle était du genre à tester. Pourquoi elle fait ça ? Elle veut impressionner Jack ? Ou moi peut-être ? Pourquoi elle voudrait impressionner l’un ou l’autre ? Jack, certainement parce qu’il lui plaît. Il plaît à beaucoup de monde Epstein, et je trouve ça dingue. C’est quoi qu’il dégage ? Ou c’est sa façon de parler peut-être ? Je n’en ai aucune idée. Mais je vois que les femmes plus âgées ont l’air complètement hypnotisée quand elles se retrouvent autour de lui. Kelly ne fait pas exception à la règle. J’aimerais qu’elle pose une question, et que je puisse en retourner une autre. Je ne sais même pas ce que je pourrais lui demander. Je ne la connais pas, et je n’ai pas encore essayé de l’analyser. Etonnant, c’est la première chose que je fais en temps normal. Le joint passe de lèvres en lèvres et je le tends de nouveau à Kelly, elle n’a pas l’air de vouloir lutter. Elle commence à s’habituer doucement au geste. C’est fou comme tout vient vite et naturellement. Elle est bien plus détendue elle aussi, comme quoi, j’ai bien fait de les faire passer illégalement dans le ukulélé. Oui parce que le caméraman les avait accroché aux cordes. Pas très intelligent, pas très caché, mais au moins je les ai récupéré sans avoir de problème. Je vois des choses bizarres, et apparemment kelly aussi. Au moins je ne me sens pas seule. Et je cligne plusieurs fois des yeux pour faire partir les étoiles. Je pouffe de rire. Ok, c’est bien plus fort que prévu. “Parce que si on se dit que ça existe on va flipper.” Et j’ai pas du tout envie de me retourner. “T’es sûre de toi ?” Parce que je commence à douter.

“On a couché ensemble.” Je ne mens pas, et tout le monde est au courant dans cette équipe maintenant. “La deuxième question est pour Jack.” Il a toute notre attention.

Il avait eu besoin d'une poignée de minutes pour reprendre le rythme, le gars qui n'avait pas fumé depuis une décennie mais qui retrouve ses marques si facilement et si naturellement qu'il devrait en avoir peur.

Mais il a peur de rien Jack, rien à battre, jamais. Surtout pas lorsque le joints passe entre les lèvres des filles, qu'il revient entre les siennes. Il inspire et il ne tousse plus, c'est comme faire du vélo ce truc, et il en a les sens qui se ralentissent tous et chacun quand ses joues se baignent d'une faible chaleur qu'il reconnaîtrait parmi des dizaines d'autres sensations tout dépendant des drogues (dures pour la plupart) qu'il a bien pu faire au fil des années.

Il est dans la merde quand il inspire à nouveau.
Il l'est encore plus quand il gagne la clope verte à lui une seconde de trop.

“Jack, on attend une chanson.” c'est dans les clous du plus cliché qu'il s'élance sur un Lucy in the sky with diamonds qu'il connaît par coeur pour en avoir fait sa chanson de stoned head back in the days. “Là ! C’est quoi ?!” “Un Sol. Non attends, un Ré majeur.” quel con, elle parlait du bruit dans les buissons, pas de la note.

“C’est à ce moment là qu’on peut poser des questions. Pose une question ça détournera ton attention des trucs qui existent pas.”
“Je te jure que j’ai vu une ombre près des arbres. Il y a forcément quelque chose. Comment tu peux savoir que ça existe pas, hm ?”
“Tout va bien, c'est que le vent”
“Qu’est-ce qu’il s’est passé entre toi et Martin ? Et entre vous deux ?”
“On a couché ensemble. La deuxième question est pour Jack.”

“Hm?” que le joint pour Jack, ça lui allait. “Nous? Oh, pas grand chose. On s'est embrassés dans les rapides j'pense.” la question il l'entend bien moins, les effluves qui rendent son cerveau déjà bien brouillé. Il a le weed bohème. À sont tur, d'ailleurs. “C'est quand la dernière fois où vous vous êtes senties libres?.” elle narguait Woodstock tout à l'heure Kelly. Elle a l'occasion de le refaire sur un plateau d'argent, là encore.

On est assis à trois, et pas à 5 cette fois. Martin et Loan profitent d’un moment à deux et c’est tant mieux pour eux. Mais je suis sûre que la situation ici est bien plus intéressante, et la conversation aussi. Est ce que Loan se serait douté que sa binôme allait tirer sur un joint ? Je suis sûre que non. Elle a tout l’air de la petite chrétienne coincée. J’en ai fréquenté tellement pendant mon enfance et mon adolescence, que je les reconnais en général. J’aurais dû être comme elle, c’était ce dont mon père rêvait. Et je l’étais au début. J’étais celle qui respectait les règles, qui écoutait ses parents et qui allait à la messe avec l’habit du dimanche régulièrement. Je n’avais jamais aimé ça, mais c’était pour l’image. La famille parfaite, la fille parfaite. C’est bon pour les couvertures de magazine ça. C’est pour ça que mes parents m’ont affiché dès mes premières heures de vie et même avant.

J’aurais pas dû lui renvoyer la question. Il est toujours aussi con Jack, toujours à donner les mauvaises réponses. Et moi je me surprends à être un peu touchée. pas grand chose, ok. Un baiser dans les rapides, je commence à le regretter? J’aurais vraiment dû le laisser se noyer entre les rocher avec son ancien ukulélé. “Pas grand chose. Il m’a embrassé avant que je parte de l’aventure.” Kelly doit être ravie d’être au courant d’absolument tout non ? On est sincère. Libre, quand est ce que je me suis sentie libre ? “Pendant quelques moments de ROA.” Et après ce qu’il m’a balancé, je ne vais certainement pas lui dire que certains de ces moments étaient avec lui. “C’est quoi la chose la plus importante pour vous ?” Les questions s’enchainent avec une facilité déconcertante. C’est le joint, et l’alcool. C’est toujours un bon mélange.

Peut-être y avait-il une bête, juste là. Peut-être pas. Kelly croyait dur comme fer à l’apparition de cette ombre, et Ivy en niait l’existence. “Parce que si on se dit que ça existe on va flipper.” expliquait-elle. Pas bête, cela faisait sens. La brune approuva d’un signe de tête lent. Dieu que son crâne lui paraissait lourd désormais. “T’es sûre de toi ?” demanda la jeune femme, dans le doute. “Je… Je sais plus.” Mais Lee comptait garder un oeil sur les arbres, juste au cas où, même si cela devait lui demander de dissocier la coordination de ses deux prunelles.

Ses questions n’allaient pas par quatre chemins. Les réponses non plus. Cela avait du bon de mettre les considérations sociales dans un coin pour un instant, parler vrai, parler cru. “On a couché ensemble.” assumait Ivy sans détour. “Mais… Pourquoi ? Je veux dire… Il parle aux poissons, quand même.” Kelly parlait tout bas, de peur que l’intéressé l’entende. Vraiment, Martin ne lui paraissait pas totalement net parfois. Elle ne voulait pas froisser Loan, mais entre son humour douteux et son obsession écologique, Lee ne savait sur quel pied danser.

“La deuxième question est pour Jack.” La patate chaude était renvoyée dans le camp adverse. “Nous? Oh, pas grand chose. On s'est embrassés dans les rapides j'pense. - J’ai vu ça, idiot.” Merci, E(p)instein. De son bras mou, elle le poussa sans conviction. “Pas grand chose. Il m’a embrassé avant que je parte de l’aventure.” Cela ne faisait qu’épaissir le mystère. Personne ne voulait expliquer le pourquoi du comment. Visiblement, elle n’aurait pas plus d’informations.

“C'est quand la dernière fois où vous vous êtes senties libres?” il relança. Kelly laissa Ivy répondre, et se fit discrète pour passer son tour. Les grandes questions générales, ce n’était pas son truc. Comme d’avoir des choses préférées. “C’est quoi la chose la plus importante pour vous ?” Au tour d’Ivy. Et sans une once d’hésitation, avec la conviction d’une princesse Disney, Kelly répondit ; “L’amour.”

Un bruit, y'a un bruit.
Y'a un craquement, une branche, des feuilles, du vent, des yeux?
Ce sont des yeux, par là-bas?

Mais il alarme personne le gars, c'est rien qu'il disait tout à l'heure, c'est rien qu'il noie dans une gorgée de la fameuse vodka qui ne sera pas mise en vedette à prime time apparemment. Les flammes colorent les joues de Kelly, colorent le regard d'Ivy. Elles pourraient pas être plus différentes l'une de l'autre quand bien même il leur découvre des ressemblances au fil de la soirée qui s'égraine comme le font ses doigts sur les mélodies qu'il improvise au fil de leurs paroles.

Alors elles veulent statuer des étiquettes et elles veulent en savoir plus sur les liens qui unissent tout ce beau monde. Epstein se contente de se dire que c'est la dernière fois, quand le joint revient sur ses lèvres, se contente de réitérer les mêmes paroles un peu moins assuré quand la clope verte revient à nouveau.

- J’ai vu ça, idiot.” un coup de coude de sa part à elle.
“Stalkeuse.” un coup d'oeil amusé de sa part à lui.

“Pas grand chose. Il m’a embrassé avant que je parte de l’aventure.” pourquoi il dénote de la tension dans sa voix? Elle devrait pas être détendue depuis qu'elle ne grelote plus, que le joint est presque terminé, qu'elle a des cadavres de bouteilles à ses pied? “Pendant quelques moments de ROA.” ça, il aime l'entendre. Ça, ça résonne pour lui, et pas juste à cause des bruits qui résonnent dans les bois eux aussi.

“C’est quoi la chose la plus importante pour vous ?”
“L’amour.”
“Savoir qu'est-ce qui fait du bruit, là-bas.” quel con. “Oh, et voir le monde. Voir le monde en entier. ” quel rêveur, aussi.

“Le prochain rêve que vous voulez accomplir?” mais c'est quoi, ce foutu bruit?

ROLL THE DICE:

Je ne sais pas où est le joint, ni combien de fois il est passé entre mes doigts et entre ceux des deux autres. Ma tête tourne et je ressens la plénitude. J’aime tout ça, et les soirées me manquaient. j’en ai pas fait depuis le début de ROA. J’essayais de ne pas y penser. Mais j’aime retrouver la brûlure de l’alcool dans ma gorge, le goût de la beuh et l’odeur qui traine au creux de mes narines. Je n’ai pas envie que ça s’arrête. Pourquoi j’ai couché avec Martin. “La première fois c’était parce que j’étais pas bien, je m’étais engueulée avec Jack et il était là. Vraiment là et gentil et c’était cool.” Mais tais toi Ivy non ? C’est épuisant, qu’est ce qu’on vient de fumer là ? Mais je réponds. J’ai lancé le jeu, et j’assume. J’aime les défis, et j’aime gagner. C’est tout ce qui compte pour moi. Je fronce les sourcils quand elle le bouscule. Comment elle peut avoir flashé sur lui aussi vite ? Elle le connait depuis moins d’une journée. C’est quoi ? Ses yeux ? Son ukulélé ? Mon dieu qu’il m’énerve le con à toujours avoir l’air aussi serein, toujours calme. Le squestions s’enchainent. Mais je trouve que la mienne n’est pas assez intime. J’attends de voir si la brune va jouer le jeu. Elle est surprenante la jeune femme. Parce qu’elle répond rapidement. Mais sa réponse est gnangnan à souhait. “T’es jalouse de Jack et moi ?” Parce que je l’ai vu dans ses yeux qu’elle n’a pas aimé le voir m’embrasser dans les vagues alors qu’on était pas loin de mourir. “Votre plus grosse déception ?” Je ne sais pas qui va répondre, mais j’espère que personne ne me retournera la question. Parce que j’en ai des tas, et je ne compte pas parler de ce genre de choses. Jack est au courant d’une partie, Jack est au courant de beaucoup de choses. “Mettre en place tous mes plans.” Et il fait partie de 90% de ce que j’ai prévu. Alors il n’échappe pas au regard complice que je lui lance rapidement. Et Martin part vérifier d'où viennent les bruits imaginaires.

Cela pouvait sembler niais et pourtant, c’était la stricte vérité. Kelly était ce genre d’amoureuse de l’amour, elle chérissait ce sentiment, elle le cherchait, partout, tout le temps. Elle ne s’attendait pas à ce que quelqu’un comme Ivy, dont l’attention ne semblait focalisée que sur elle-même, puisse comprendre quelque chose comme ça. “T’es jalouse de Jack et moi ? - Quoi ? Non !” Ou bien ? Lee ne se posa vraiment la questions qu’après y avoir déjà répondu par automatisme. La spontanéité en disait long, mais dans le fond, oui, elle avait été déçue que le potentiel Jack tombe littéralement à l’eau.

“Votre plus grosse déception ?” Facile. “Mon divorce.” Lee haussa les épaules. Ils avaient répondu à ses questions avec honnêteté et en avait dévoilé peu, mais juste assez pour qu’elle estime qu’il était à son tour de leur donner quelque chose à se mettre sous la dent. En revanche, elle ne souhaitait pas en dire plus et espérait qu’aucun de ses camarades n’aurait en l’idée de creuser le sujet. Elle ne se voyait pas leur livrer le secret de son ex-mari, les raisons de leur séparation, et tout autre détail intime qui lui faisait honte. Prononcer le mot “divorce” lui demandait déjà un effort suffisant. Songer à Chad ne cessait de lui briser le coeur à chaque fois.

“Le prochain rêve que vous voulez accomplir?” Elle passait son tour cette fois-là aussi.
“Qu’est-ce que vous voudriez changer chez vous ?” elle demanda à son tour. Et elle ne parlait pas de décoration de salon. Elle parlait expériences, traits de caractères, complexes physiques peut-être. Ces choses qui faisaient qui ils étaient en somme, dont ils voudraient se débarrasser, mais quoi ils ne pourraient vivre non plus. Pas sans tout altérer.

C'est soit un très prévisible scénario de film d'horreur ce qui se passe à l'instant, ou alors celui d'un film de série B qui passerait sur le câble après minuit. Dans l'un ou dans l'autre des cas, Jack est bien trop perdu dans la fumée que le joint - ou ce qu'il croit en être - laisse glisser au bout de ses lèvres pour penser à une suite quelle qu'elle soit.

“La première fois c’était parce que j’étais pas bien, je m’étais engueulée avec Jack et il était là. Vraiment là et gentil et c’était cool.”

Il est heureux, il lui en faut peu. Assez pour qu'il laisse sa tête retomber au gré du vent, assez pour que le ukulele devienne un personnage à part entière lui aussi. Le crépitement du feu s'agence au crépitement du joint, la drogue fait son chemin à travers ses terminaisons nerveuses et s'il a détesté chaque étape de sa cure de désintox il l'adore de la plus malsaine des façons maintenant qu'elle lui permet de ressentir chaque sensation au plus profond de toutes ses terminaisons nerveuses.

Et Martin se lève, et Martin passe près d'eux.
“T’es jalouse de Jack et moi ?”
Quoi ? Non !”
Et Martin file dans les bois, et -
“Pourquoi ça t'intéresse Ivy?” qu'il lui demande, la voix douce, les mots qui n'ont rien d'une autre attaque. Il est qu'intrigué, le con, l'aveugle, l'ado dans un corps d'adulte.

“Votre plus grosse déception ?”
“De pas avoir été là pour mes filles quand elles étaient plus jeunes.” ah, vrai, il l'avait pas dit d'emblée ça. Qu'il était père. Deux fois.

Kelly passe la question, il le dénote, fronce à peine des sourcils.
Ivy veut mettre des plans en place, Ivy partage son regard complice et lui, il se demande pourquoi Martin n'a pas encore pris place près d'eux.

“Qu’est-ce que vous voudriez changer chez vous ?”
“Mon nez. En plus depuis qu'il a été cassé il est encore plus croche.” il pouffe de rire, prenant la question au premier degré pour s'éviter de tomber dans le mélo-dramatique, dans les regrets du passé.

D'ailleurs, soyons optimistes. “Le truc le plus positif que vous avez fait aujourd'hui?” c'est le feu, l'intérêt, la curiosité ou la drogue, qui fait briller son regard à ce point, à Jack?

J’ai envie de bouger autant que j’ai envie de m’allonger pour ne plus jamais bouger. “Joues un truc cool.” On joue pas à action ou vérité mais je sais que si je demande il le fera. Et puis, il pourrait bien jouer quelque chose qui me plaît, c’est grâce à moi qu’il se retrouve avec un ukulélé entre les mains. Et j’ai une nouvelle question qui arrive dans ma tête, mais j’attends un peu pour la poser. On a le temps, toute la nuit. Mais j’ai l’impression qu’on s’échange beaucoup de questions, et que tout le monde répond sincèrement. Ca ça me plaît. Personne ne tente les masques et les mensonges. Etonnant. Même venant de moi. Est ce que Kelly est de ce genre là elle aussi ? Je ne pourrais pas le dire tout de suite, je vais avoir besoin d’un peu de temps pour la cerner correctement. Mais avec un joint et la drogue qui parcourt son système, elle ne se cachera pas. Elle ne se cachera de rien. Surtout que c’est la première fois. Elle ne sait pas, elle ne connait pas les effets. Moi je les connais et je m’amuse de la voir réagir. Ses pupilles qui grandissent à vu d’oeil, ses épaules qui se détendent. Est ce que j’ai l’air de la même chose là maintenant ? Peut-être. En tout cas, Jack a l’air d’être libéré. Comme s’il attendait ça depuis un bout de temps déjà. Qu’est ce qui lui arrive ? Je ne comprends pas totalement, et je n’ai pas envie de chercher à comprendre maintenant. C’est pas le moment. Alors j’écoute les questions et j’en pose des tas. Elle est jalouse pour Jack, elle n’est pas au bout de ses peines si elle s’accroche à lui. “Parce que je suis jalouse de toi et Kelly.” Oh il ne devrait pas aller sur ce terrain là quand je cherche à ce point moi aussi. Il continue de parler et je ne réponds pas à tout. “Trouver un joint.” et c’est à mon tour de poser la questions. “Ce que ROA vous a apporté ?”

“Mon nez. En plus depuis qu'il a été cassé il est encore plus croche.” Elle le détaillait à la recherche de la fameuse déformation -d’un peu près peut-être. Elle ne voyait rien de flagrant. Parfois, ce genre de choses se jouait vraiment dans la tête. “J’aurais misé sur l’autoroute qui te sert de front.” taquinait Kelly avec un léger rire. Elle n’en pensait pas un mot. Elle continuait de le trouver plaisant, Jack. Parfois stupide et étrange, mais plaisant. Au fond elle ne pouvait blâmer Ivy pour son brin de possessivité à son sujet, la jalousie qu’elle avait férocement admis, laissant Lee pantoise et sans autre commentaire à faire sur le sujet. A retardement, Lee nota que l’écart d’âge entre les deux candidats relevait du fossé générationnel. Ils formaient un duo bizarre. Mais comme elle le disait plus tôt, l’amour était plus important. Plus que Loan qui aimait les garçons. Plus que le chat-souris de Jack et Ivy. Au moins, elle saisissait qu’elle était en trop dans leur paysage, et au fond, cela lui allait. Elle avait une pensée pour Spencer, pour Hassan. En revenant, elle espérait avoir la trempe d’en inviter un à sortir, ou d’assumer ses sentiments pour l’autre. Une trempe du genre d’Ivy.

“Le truc le plus positif que vous avez fait aujourd'hui ?” Elle riait de nouveau. “Faire toutes ces épreuves avec vous. Je suis vraiment contente qu’on vive un bout de cette finale ensemble.” Colleen lui manquait un peu pour parfaire le tableau. Loan, lui, avait la chance de retrouver son meilleur ami. Kelly n’avait pas pu renouer avec sa partenaire de course de chameau, à regret, et le verre dans leur chambre avec Jack semblait de plus en plus compromis au fur et à mesure des révélations d’Ivy.

“Ce que ROA vous a apporté ?” Oh. Kelly pouvait disserter à ce sujet durant tant d’heure, elle ne savait par quel bout commencer. C’était plus vaste et plus profond, pour elle, que de simplement passer à la télévision ou traverser le pays. C’était sa quête interne. Quelque chose qu’elle ne se voyait pas partager. “J’ai repoussé absolument toutes mes limites et j’ai complètement oublié la définition de “zone de confort”.” qu’elle résumait avant de lancer à son tour ; “Ce que vous auriez fait avec le chèque du gagnant ?”

Les inhibitions sont depuis longtemps envolées, comme les quelques crises de nerfs qui ont ponctuées la journée, et si la lune brille désormais dans le ciel et que les étoiles en tapissent tout le reste, il se dit que ce moment précis compte parmi les moments où il s'est senti le plus libre de toute l'aventure. Il n'a rien de spécial, il n'a rien de décalé, il n'a rien de surréaliste l'instant, mais il est simple, il revigore. Après avoir été suivi par des caméras depuis les toutes premières itérations du show, après avoir été scruté à la loupe par une équipe constamment sur ses talons, après avoir été catalogué comme un numéro pendant des semaines durant il se sent à nouveau comme un humain.

Un humain fucking stoned, mais un humain tout de même.

“Joues un truc cool.”
“Ce que je trouve cool moi, c'est pas nécessairement que toi tu trouveras cool aussi.” oh qu'il est lourd quand il joue le vieux sage. Un peu moins quand il entame sa version bien à lui de La Vie en Rose, par contre.

Les questions fusent de partout, il aura mal à la tête si sa tête ne lui donnait pas l'impression d'être faite de coton. Un coton confortable à fond, on s'entend.

“Parce que je suis jalouse de toi et Kelly.” oh Ivy.

Plus d'alcool, plus de joint. Le constat fait mal et le constat est dur, il soupirerait presque Jack s'il ne s'était pas pris au jeu des questions avec elles deux, quand d'ordinaire il est celui qui parle si peu.“Trouver un joint.” “T'en a un autre?” la définition même de venir dans les bois préparée de la bonne façon en une édition, par Ivy Waterhouse.

“Ce que ROA vous a apporté ?”
“J’ai repoussé absolument toutes mes limites et j’ai complètement oublié la définition de “zone de confort”.”
“De la liberté.” merci à elles.
“De la confiance en moi.” merci à lui.
“Des ecchymoses.” merci à Saül.

“Ce que vous auriez fait avec le chèque du gagnant ?”
“Organiser un roadtrip sans épreuves de retour dans toutes les destinations qu'on a faites, avec tous les participants.” et en donner tout le reste à une cause qui lui tient à coeur.

C'est à son tour de poser sa question, n'est-ce-pas?
“Où est passé Martin?”

La vie en rose, je la reconnais cette chanson, et je hoche la tête, ça peut m’aller ça. “Tu sais la chanter en français ?” Il a deux filles Jack. Je n’avais jamais demandé. Ils ont tous décidé de m’annoncer qu’ils avaient eu des enfants c’est ça ? Quel âge elles ont ? Je ne vais pas lui poser des questions sur sa famille. J’ai pas envie d’avoir cette conversation, de parler de choses aussi importantes alors qu’on est tous défoncés et qu’on a l’air de répondre à chaque question le plus sincèrement possible. En tout cas c’est ce que je fais à 100% depuis le début de ce jeu. Je l’ai lancé, et j’assume pleinement. Même quand je réponds à des questions que Jack pose alors qu’il connait déjà la réponse. Il fuit juste Jack, il fait comme s’il ne voyait pas et ne comprenait rien. Mais il peut dire beaucoup de choses, et faire comme si rien n’existait entre nous, mais il y a un truc. Ce truc qu’on contrôle pas et qui est aussi grisant que terrifiant. "On en aurait eu un chacun si elle l'avait pas écrasé dans l'herbe." Je pouffe de rire quand Kelly parle du front de Jack, je suis bon public quand je suis défoncée. “Y’a pas eu de mort c’est positif ça.” Elle m’a demandé d’être positive et je le fais. C’est bien non ? Ca doit lui plaire à la jeune femme. “J’ai oublié le confort tout court.” Je réponds moi même à ma question pour faire écho aux paroles de la jeune femme. Comme quoi, j’arrivais encore à nous trouver des points communs. C’est bizarre, mais je ne m’inquiète plus dans cet état. Qu’est ce que j’aurais fait avec 100000$ ? Du shopping ? “J’aurais continué ma vie comme elle était jusqu’à ce que j’ai plus aucune trace des 100000$.” Et ça aurait été très rapide. “C’était ça ton projet de fuite ?” Il voulait partir avec tout le monde ? Je regarde autour de nous, et je ne vois pas Martin. “Où est passé Loan ?” Je crois que c’est là qu’on doit commencer à avoir peur. Et j’ai posé ma question.