| (Zekeve) l'amour a percé mon coeur. |
| | (#)Jeu 8 Oct 2020 - 23:02 | |
| S'il avait raté l'introduction, Zeke ne tenait pas tant à en faire de même avec l'épilogue. L'évidence était pourtant là pour sûr, il avait toujours été maladroit dans ses interactions sociale et ce n'était clairement pas ce jour-là qu'il comptait s'améliorer en la matière. Le grand brun n'avait juste pas suffisamment d'expérience avec les autres: il n'avait jamais réussi à s'intégrer auprès de qui que ce fut, toujours perdu entre deux bandes qui semblaient le haïr plus qua l'apprécier. Alors, il restait seul, beaucoup moins de risques de souffrir si on ne parlait à personne, non? C'était une devise qu'il avait longtemps conservé mais s'il avait cru que celle-ci l'avait protégé pendant une si longue ère, ce n'était définitivement plu le cas à l'heure actuelle. Il n'était qu'un homme perdu parmi tant d'autres, un de ceux qui rataient absolument tout ce qu'il entreprenait, véritable loser notoire qui ne se sortirait jamais de ses mauvaises habitudes. Zeke s'était promis néanmoins de faire des efforts parce qu'il n'était pas question de repartir ver la case départ, surtout pas après les débuts tonitruants de sa relation avec Eve. Sa famille devenait peu à peu la sienne, même s'il n'oserait jamais le calmer à qui voulait bien l'entendre. Ezechiel était beaucoup trop timide pour oser ce genre de discours: il allait très certainement rester réservé pendant encore un bon millénaire parce qu'il se devait de prendre le moins de place possible, de ne plus gêner le moins du monde. Il avait clairement raté le coche en la matière en vue de la réaction de Zimmer après son oubli momentané. Une véritable honte assurément mais ce que la jeune femme ne savait pas, c'était que le grand ébéniste était au bout du rouleau depuis cinq bonnes années désormais, à cause de son frère derrière las barreaux. Comme à son habitude, Zeke n'avait rien mentionné, il était beaucoup trop secret pour cela, bien décidé à souffrir seul du bien étrange destin du second Blythe de la famille. Il y avait aussi les problèmes financiers qui mettaient en péril la ferme mais là encore, le brun n'irait rien annoncer sans aucun contexte. De toute façon, ce n'était pas le bon moment. C'était en tout cas ce qu'il se disait en s'éloignant de la petite famille pour les quelque heures à venir, direction le parc. Il avait un sens de l'orientation hors pair, ce qui lui permit de toujours retrouver son chemin dans ce dédale d'arbres en tous genres, un véritable paradis pour un ébéniste émérite. Zeke était clairement prêt à passer la nuit au milieu de toutes ces beautés ravissantes mais il s'arrêta face à un arbre étonnant, le seul de son espèce au milieu de tous les bois qui se croisaient. Il ne dit rien, contempla simplement durant un long moment avant d'agir. De construire. D'être lui-même. Cette fois, lorsque le soleil finit par se coucher derrière a grande silhouette, Ezechiel avait une bague en poche, noire de jais comme sa chevelure en bataille. Il s'approcha à nouveau du chalet, entendant les paroles d'impatience et de joie des enfants. Zeke ne fit aucun bruit, restant à l'orée de l'habitation, souriant en voyant le gais lurons s'extasier de l'accoutrement d'Eve. C'était une tradition familiale et le grand fermier n'avait aucunement envie de la briser, c'était leur moment. "La reine, assurément." Il avait un regard tendre posé sur elle alors qu'il s'accoudait à la porte en la regardant dans sa robe, si belle qu'au premier soir sous les rayons de la lune. "Qui va chercher un peu de bois pour le feu de camp?" Il sentait d'ores et déjà le bonheur des enfants de se lancer dans une telle tâche et lui serrait ses doigts autour de l'objet dans sa poche, ce n'était pas un signe d'engagement comme on pouvait l'imaginer pour tant d'autres personnes mais c'était tout de même un message fort. Qu'il ne recommencerait plus. Qu'il ferait des efforts. Qu'il penserait plus à elle qu'à lui. Qu'il s'oublierait pour la famille Zimmer tout simplement. |
| | | | (#)Ven 9 Oct 2020 - 12:23 | |
| Tout était prêt. Nous avions posé les balises pour le lendemain, nous avions sorti les aliments pour le souper du soir et nous étions habillé. Sauf Jacob. Parce qu’il volait de petites mares en petites mares avec son chiot alors que j’étais restée dans l’encadrement à les surveiller. La fatigue commençait à se sentir sur mes traits, j’en convins donc de m’asseoir près de ma fille qui ne cessait de s’extasier sur la robe que je portais. Et pourtant, je n’avais pas trop le cœur à la fête. Ne cessant de voir le soleil qui s’effaçait peu à peu pour laisser place à une douce pénombre qui engloba le chalet tout entier. Mon cœur eut quelques ratés en entendant des branches crissées sous le poids des animaux ou autre. Mon impatience de retrouver Zeke laissa place à cette angoisse qu’il ne revienne pas. "La reine, assurément." Lorsque j’entendis sa voix, je tournai la tête dans sa direction avant de me relever. Un brin mal à l’aise dans cette tenue ridicule, j’en vins à baisser la tête en silence. Je ne savais pas trop comment réagir dans ces cas-là car c’était sans doute la première fois qu’il me voyait dans ce genre d’accoutrement. Et sans doute la dernière aussi. Je déglutis avant de m’approcher à pas feutrés près du géant qui ne semblait pas vouloir se mélanger avec la petite famille que nous formions. Ses mains étaient vides et la tristesse put se peindre sur mes traits colorés quant au fait qu’il était sans doute plus parti pour réfléchir que pour créer. « C’est la robe que je mets quand je vais au gala du musée, soufflai-je en haussant les épaules. » N’osant pas le toucher puisque j’avais fait la demande un peu plus tôt que c’était à lui de me donner de l’affection, je ne laissais pas paraître ma déception, ni même tous mes doutes pour lui faire un petit sourire, l’évitant cependant du regard. "Qui va chercher un peu de bois pour le feu de camp?" Chopin se mit à nous parler comme pour nous signifier qu’il était prêt pour une balade alors qu’une grimace se peignit sur mes traits. « T’as pas peur que je m’enflamme avec un… » Je stoppai ma phrase dans mon élan. Après tout, autant le faire ce soir, il avait sans doute raison. « Les enfants, allez-y. Et prenez les chiens. » Je les regardai partir avant de retourner m’asseoir sur le perron arrière, surveillant la forêt comme une mère aux aguets des moindres problèmes. Seul Debussy était resté et posa sa truffe sur mon épaisse jupe. Distraite, j’en caressai le museau, sans dire un mot de plus. Perdue dans mes pensées, attendant sans nul doute que Zeke me dise ce qu’il avait à me dire. Puisque c’était sans doute pour cette raison qu’il avait tenu à éloigner les enfants. |
| | | | (#)Ven 9 Oct 2020 - 13:53 | |
| Sa balade n'avait pas été vaine et Zeke en ressortait parfaitement galvanisé. Il avait conscience qu'il avait énormément fauté ces derniers temps, brillant par son absence plus que par sa compassion et sa tendresse mais là encore, rien de plus normal quand on parlait d'un bonhomme comme lui. Ezechiel n'était pas un grand sentimental ou en tout cas, il faisait tout pour le cacher, profondément blessé par les mesquineries que d'autres avaient pu lui faire. Par conséquent, il faisait toujours en sorte de ne pas trop en montrer et il considérait que c'était beaucoup mieux ainsi: s'il ne disait rien, n'agissait pas, comment pourrait-on le faire souffrir? Très clairement, le grand brun avait une vision utopique de la manière dont les choses marchaient. Au contraire, il aurait dû prendre le taureau par les cornes, se lancer au beau milieu de l'arène en prenant tous les risques possibles car, ne rien faire, c'était très franchement se condamner au malheur suprême. Il ne l'avait pas encore compris, tout réservé qu'il était et surtout sacrément renfermé sur lui-même. Zeke tâchait de faire tous les efforts du monde mais il avait toujours beaucoup trop peur des conséquences de se actes. Le problème était là néanmoins, parce qu'il avait tout oublié ce jour-là, qu'il s'était laissé emporter par tous ses problèmes et qu'il risquait depuis lors sa relation avec Eve. Il sentait ce vent de fraîcheur en entrant dans le chalet, comme s'il était un indésirable aux yeux de Zimmer et il comprenait fort bien pour quelles raisons. Le fermier avait oublié son anniversaire, il se mettait depuis parfaitement de côté et n'osait pas le moins du monde l'approcher de trop près, de peur de mal agir à nouveau. Il était évident que Zeke ne comprenait rien à rien et que son plan marchait parfaitement à l'envers mais il lui faudrait encore un peu de temps pour ouvrir les yeux à ce sujet. A la place, il laissa Eve parler puis demander aux enfants de commencer à recueillir les brindilles qui serviraient pour le feu de camp de la nuit à venir. Timidement, Ezechiel s'approcha d'elle, s'asseyant à ses côtés, ses yeux se portant vers les siens alors que sa grande main se colla contre sa joue, sentant qu'elle n'était pas au meilleur de sa forme depuis quelques temps maintenant. "J'ai fait un tour en forêt. J'ai pas mal bûché... J'ai travaillé là-dessus, je sais pas si ça te plaira et ça pardonne rien du tout, je le sais." Il sortit la bague de sa poche, elle luisait parce qu'il avait appliqué toutes le couches nécessaires pour préserver l'intégrité du bois, un joli vernis qui pouvait très bien ne pas plaire à la blonde, il le savait. "Je suis pas douée pour tout ça, je suis désolé. Mais je suis avec toi, tu le sais?" Il n'était pas talentueux pour s'exprimer, pour dire les choses, mais il tenait la main d'Eve en espérant qu'elle lui dirait que c'était très bien, qu'il pouvait lui offrir ce cadeau et le porter entre ses doigts. Zeke n'était pas un petit ami exceptionnel, il était à peine passable mais elle devait réaliser qu'il luttait contre sa nature solitaire, qu'il faisait au mieux pour se mettre à son niveau. Même s'il en resterait forcément loin parce qu'il était lui et que ce n'était jamais rien d'autre qu'un passe-temps momentané pour la majorité des gens. |
| | | | (#)Ven 9 Oct 2020 - 14:26 | |
| J’avais conscience que j’avais trop tiré sur la corde. N’avais-je pas eu des suppliques de la part de Kieran et de Caleb pour me soigner, rapport à mon anorexie ? Et à la place, je me suis jetée corps et âme dans ce week-end. Réglant un peu tout de manière chronométrée, faisant des allers-retours incessants, visitant les chalets, faisant le parcours de la chasse au trésor, l’accrobranche avec une amie pour que tout soit parfait. Je voulais lui offrir la perfection car j’avais compris au détour d’une conversation avec la matriarche Blythe que Zeke n’avait jamais eu de copine, ni de vrai anniversaire. J’aurai aimé lui offrir le monde mais il y avait les enfants ainsi que sa ferme. Donc je remettrai mon envie de voyage à plus tard. Sans doute quand j’aurai pris conscience que je devais me soigner à proprement parler. Mais pour une fois, je me refusai à verbaliser mes craintes ou mes malheurs, faisant de ce jour le leur. Le souci étant qu’Ezechiel n’avait pas seulement oublié mon anniversaire mais il avait également oublié celui de Lisa. Et que la petite ne méritait clairement pas ça, étant une enfant. Encore une fois, les mots seraient futiles et je me contentai de me parer d’un sourire de façade, consciente qu’il avait envie de me dire quelque chose. N’osant l’approcher, je me mis un peu de distance entre nous. Ce qui était inhabituel pour moi puisque d’ordinaire, je suis quelqu’un de très affectueux. Que je le prodiguai de mille caresses, de milles baisers à chaque fois que nous étions tous les deux. Mais pour une fois, je n’en avais pas envie. Clairement, ma colère et ma lassitude étaient visibles. Je déglutis lorsqu’il se posa à mes côtés. Et sursautait légèrement alors que ses doigts chauds vinrent caresser ma joue. Cette joue creusée par l’oubli. L’oubli de me nourrir, des promesses faites à mes proches et sans aucun doute trop froide au contact. Mon regard triste croisa le sien, incapable de ne pas manifester mon émotion dans mes yeux si bleus, si embués par l’eau qui ne cessait de s’accroître au fond de moi. "J'ai fait un tour en forêt. J'ai pas mal bûché... J'ai travaillé là-dessus, je sais pas si ça te plaira et ça pardonne rien du tout, je le sais." Je laissais mon regard dérivé vers le petit anneau poli. Une bague ? Mes sourcils se froncèrent un peu alors que je restai muette. "Je suis pas douée pour tout ça, je suis désolé. Mais je suis avec toi, tu le sais?" Je m’autorisai à déglutir avant de lever les yeux vers lui. Après tout, il faudrait bien poser la question un jour ou l’autre. « Est-ce que… » Ma voix n’était plus qu’un murmure, sans doute inaudible aux yeux du géant alors que mon regard se fit fuyant. « Tu… est-ce que tu partages mes sentiments ? » Je saurai dire pourquoi, maintenant, j’avais besoin d’être rassurée. J’avais besoin qu’il m’assure par un mot ou même un geste que je n’avais pas fait tout ça en vain. « Je la porterai si… si c’est le cas mais… » Mon esprit se fit soudain plus fatigué alors que je baissais la tête pour cacher mon trouble. « Je t’ai confié que je pourrais aimer pour nous deux. Mais… » Mais je suis si fatiguée. S’il savait à quel point. Avec l’état de Jacob qui empirait de jour en jour ainsi que le mien. « J’ai besoin de savoir que je ne le fais pas en vain. » Encore et toujours, cette propension à ne pas verbaliser mon état physique. Il avait d’autres soucis vu sa distanciation. Le souci étant que pour une fois, je n’étais plus celle qui avait envie d’être rassurée mais que je voulais qu’on le fasse pour moi. Qu’il me rassure sur le fait que notre histoire suivait le même tracé et qu’il m’avait oublié parce qu’il avait la tête en l’air, pas parce que j’étais devenue invisible à ses yeux. Comme tous les autres. |
| | | | (#)Mar 13 Oct 2020 - 12:16 | |
| Elle avait des doutes et ils étaient très clairement légitimes. Zeke n'avait pas su répondre présent ces derniers jours, bien trop embarrassé par les problèmes qui s'accumulaient au dessus de la famille Blythe. Le grand brun avait passé le plus clair de son temps à faire des aller-retour entre la prison et la ferme, rencontrant les banquiers et les avocats, sentant que le couperet n'allait pas tarder à tomber pour le business familial. Il n'avait parlé de l'affaire qu'à Alex, sûrement parce qu'elle l'avait appris d'elle même en fouillant dans les archives de sa propre famille mais pour ce qui était de ses proches, Zeke était toujours resté très évasif. Ivre, oui, il l'avait mentionné à Birdie mais il n'avait pas été rechercher son aide par la suite: le grand homme était beaucoup trop indépendant pour oser demander de l'argent ou un quelconque soutien venant de ses proches. Alors, il s'était refermé sur lui-même, d'une manière particulièrement idiote car il mettait en péril plus ou moins toutes ses relations capitales en agissant de la sorte mais il fallait rappeler qu'Ezechiel était encore parfaitement débutant dans cet exercice. Il avait forcément peur de mal faire, de ne pas être assez, ou au contraire d'être bien trop. Au final, l'équilibre était loin d'être trouvé et Zeke se trouvait dans cette position fort étrange, à chercher de multiples excuses pour arranger la situation auprès d'Eve, sans vraiment trouver les mots qui importaient. Il n'avait, de toute évidence, jamais été talentueux dans l'art de parler et ce ne serait pas ainsi qu'il pourrait obtenir son pardon, ou ne serait-ce qu'un sourire alors, il écouta son questionnement, sentit le lot de ses incertitudes percer dans le ton de sa voix avant d'attraper sa main, de la caresser de ses doigts pour enfin faire passer la bague entre les siens. Il ne l'avait pas lâché du regard durant ce laps de temps parce que Zeke ne trouverait sûrement pas les mots qu'il fallait, son cerveau étant désespérément vide en termes de bagage lexical. "C'est pas vain du tout. Parce que tu le fais pas toute seule." Il était là lui aussi, à lui offrir le peu qu'il avait. C'était clairement peu de choses, rien qu'un plus sans intérêt, une vague histoire qu'il conservait mais Zeke vint l'embrasser délicatement, sans trop chercher plus parce qu'elle n'avait besoin que de réconfort, pas de quelque chose de grandiloquent que le géant n'était pas en mesure d'offrir, de toute façon. "J'ai été trop préoccupé par mes problèmes et j'ai pas assez fait attention à ce que toi, tu traverses... Désolé, vraiment." Il le disait avec ses yeux, beaucoup plus qu'avec ses cordes vocales, un geste habituel de la part d'un Blythe diminué par la vie. Il continuait de caresser ses doigts entre les siens et sa joue avec celle qui restait contre le visage d'Eve. Que faire d'autre que d'attendre son véritable pardon? Espérer, peut être, que tout s'arrangerait avec le temps. Qu'ils seraient heureux, un jour. |
| | | | (#)Mar 13 Oct 2020 - 20:11 | |
| Je ne devrais pas lui en vouloir. Cela ne serait qu'injustice puisqu'il n'y était pour rien si je me suis mise dans un état pareil. Alors, pourquoi lui en voulais-je autant ? Sans doute parce que je le pensais différent. différent des autres, du peu d'hommes qui a passé dans ma vie sentimentale et qu'il s'est avéré comme eux ? Je ne saurai le dire. Peut-être aussi parce qu'il n'a pas remarqué ma dégradation physique, pourtant entièrement de ma faute car je lui ai juste dit j'"oubliais" de manger et pas que je refusai toute sorte de nourriture dans mon corps. ce corps qui était clairement à bout de devoir tout gérer. de devoir gérer la maladie de Jacob, inconnue, mais qui gagnait du terrain d'heure en heure. les crises se faisant plus violentes. De devoir gérer Lisa et ses accès de colère, de violence à l'école. Ne cessant de me déplacer pour lui éviter une exclusion car elle ne faisait que défendre sa mère. Sa "salope" de mère. Celle qui avait deux enfants de deux pères différents, en désirait un troisième avec un homme qui la regardait à peine. A avoir organisé ce week-end pour nous quatre et qu'au final, il oublie. Non, je ne pouvais pas lui jeter la pierre pour ce qu'il ignorait. Il ne savait pas ce que ce jour représentait pour moi. Celui où chaque année j'avais cette envie de m'effacer. De me laisser couler définitivement car je me sentais de plus en plus invisible aux yeux du monde. Non, je ne pouvais pas lui en vouloir de ne rien avoir remarqué au niveau de mon physique car nous nous étions peu vus, perdus dans des étreintes qui marquaient mes souvenirs et mes draps. Mais la discussion manquait dans notre couple. Et sans doute serait-ce cet aspect de notre relation qui finirait par nous la couter. Alors, lorsqu'Ezechiel ne répond pas à ma question avec des mots mais avec des gestes, je ne peux feindre l'agacement qui étreignait mon coeur. "Tu sais qu'on ne me l'a jamais dit." Ma voix n'était qu'un murmure, sans doute amère de déception. Mes yeux ne voulaient pas se détourner des siens bien qu'ils demeuraient sans conteste tristes. Emplis de cette eau qui ne cessait de se déferler en moi comme un véritable torrent, me menaçant de la noyade mentale à tout moment. "Tu dis que nous sommes ensembles et que tu es avec moi mais je me sens toujours aussi seule." Et ce n'était pas un reproche, c'était une fatalité. Sans doute ne savait-il pas aimer ? Sans doute avais-je besoin de lui apprendre ? "Si tu ne sais pas comment faire, je peux t'appr..." Son baiser me prit par surprise alors que je me laissais aller contre lui pendant les brèves secondes que le contact dura. Qu'il échauda légèrement mon coeur qui demeurait pourtant gelé. J'avais si froid qu'un tressaillement parcourut mon corps, vêtu de cette stupide robe de gala qui n'avait pas lieu d'être. Je ne me sentais pas comme une princesse. Je n'étais plus que Cosette, cette femme aimante de ses enfants qui avait fini par dépérir pour le bien-être de sa fille. Ne se doutant pas un seul instant qu'on avait profité de sa naïveté. Je n'étais rien dans le fond si ce n'était qu'une mère. "Je pense que nous devons apprendre à communiquer. Tu peux me faire confiance, Ezechiel. Tout comme je ne devrais pas..." Je ne devrais pas avoir peur qu'il parte parce que j'étais malade. L'anorexie étant belle et bien une maladie et non un fardeau. Pouvais-je cependant le partager avec lui ? Moi qui me répugnais à demander de l'aide. Mais j'avais cette prise de conscience alors qu'il caressait mes doigts que nous devions communiquer. Sinon nous irions droit dans le mur tous les deux. Alors, de ma main vacante, je posai ma paume contre ses lèvres. "Tu me parleras des tiens à notre retour car je pense qu'ils sont plus graves que ceux qui..." Qui me tuent. Oui, car c'était là la fatalité. Je risquai la mort à danser sur le fil du rasoir avec ma santé. "Je suis malade." Trois mots. Trois mots qui s'envolèrent dans les airs. "Je t'ai... je t'ai menti. Ce n'est pas que... j'oublie de manger. C'est que je refuse de manger." Et j'en vins à appuyer volontairement sur le verbe refuser. Pour qu'il saisisse l'ampleur du mal qui me rongeait depuis des années. "Je suis si fatiguée. Entre la maladie de Jacob qui gagne du terrain, ses crises plus violentes; entre Lisa qui se bat pour me défendre parce que je suis qu'une trainée..." Un sanglot sortit d'entre ma bouche, osant mettre le véritable mot sur la manière dont je me voyais. "les travaux de la maison. de celle que j'aimerai partager avec toi dans le futur, entre ce weekend qui m'a pris un temps fou à organiser les activités, la nourriture. Et je t'ai vu t'éloigner, j'ai cru que tu... que tu ne m'aimais pas. Que j'ai sans doute été la première cinglée que tu as croisé et... et que tu étais avec moi par pitié." Ma voix mourut malgré moi alors que je baissais la tête, que ma main quitta la sienne, pour mettre une distance. Une distance involontaire. J'avais conscience qu'il ne saurait pas comment réagir, sans doute ne le ferait-il pas ? Je restai là, honteuse, épaules voutées, tête baissée. "J'en suis voulue à avoir eu envie de devenir transparente. Et j'ai réussi, dis-je avec un sourire triste." Puisque personne, à part Caleb, ne l'avait vu. Que j'ai dû me confier à Kieran comme je venais de le faire à Ezechiel. Mon regard se perdit au loin, n'osant rencontrer le sien un seul instant. Déglutissant avec difficulté alors que ma main retomba mollement le long de mon imposant jupon. Et sous le poids de ma révélation, le masque tomba, s'effrita. Et la fatigue que je masquai depuis des semaines parut sur mon visage, sur mon corps. Ce dernier ne cessant de se tasser sous le poids des multiples nuits blanches faites en son absence, mes joues se creusant démontrant le poids que je n'avais pas pris. Je révélais ainsi à Zeke la vaste supercherie que j'incarnais. Je n'étais pas la petite amie parfaite, je n'étais rien d'autre qu'une pauvre cinglée. Une pauvre cinglée amoureuse. Qui avait envie de se bâtir un avenir à ses côtés. mais avec mes révélations, j'avais tout gâché. |
| | | | (#)Mer 14 Oct 2020 - 0:35 | |
| Zeke ne savait pas comment se comporter avec autrui, les stigmates de son passé le rendant mauvais dans toutes ses interactions sociales. Il essayait cela dit, il prenait le temps de s'entraîner devant son miroir ces derniers jours, rien que faire la conversation relevait d'une épreuve à ses yeux et le brun avait conscience qu'il risquait de tout perdre à force de se terrer dans son silence. En tout cas, il avait désormais bien en tête qu'il blessait Eve en agissant de la sorte, même si ce n'était pas fait exprès, même s'il tâchait de faire de son mieux pour répondre à chaque phrase que la jeune femme avait à lui proposer mais le plus souvent, Blythe faisait face au pire des troubles, l'angoisse de n'avoir strictement rien à répondre. Les mots ne lui venaient jamais naturellement, il considérait qu'en prononcer de mauvais était bien pire que de ne rien dire, le silence étant de toute évidence beaucoup plus porteur que le moindre discours. Mine de rien, avec lui, on pouvait trouver d'autres manières de communiquer, Zeke se trouvant être un spécialiste en la matière puisqu'il avait son regard pour faire le travail à la place de sa bouche. Le problème résidait dans l'interprétation que les gens en auraient de l'autre côté car il n'y avait jamais de moyen sûrs qu'ils avaient bien saisi la portée de son message et ces derniers temps, Ezechiel avait plutôt la sensation qu'Eve s'impatientait de se confronter au mur qu'il était. Pourtant, il ne lui avait jamais caché cette part importante de sa personnalité, il avait même appuyé dessus dès les prémisses de leur relation parce qu'il savait que ce fait restait un frein dans n'importe quelle relation. Cela dit, il voulait faire de vrais efforts: il le prouvait en écoutant Eve se confier, lui faire mal au coeur en assurant qu'elle se sentait seule alors qu'il était là. Il n'y avait probablement rien de pire à annoncer à quelqu'un d'aussi peu confiant que Zeke mais il n'en tint pas rigueur, la priorité résidait ailleurs, dans le fait qu'Eve ne se considérait toujours pas comme importante à ses yeux alors que c'était tout l'inverse. "Je te le dis pas avec des mots." Elle le savait, il lui avait exprimé tant de fois et Zeke préférait couper court à toutes les incertitudes de la jeune femme, d'un baiser qui méritait de tout dire pour lui, ce qui était probablement mieux ainsi. Le bûcheron était beaucoup trop maladroit et il sentait bien que Zimmer avait besoin de s'épancher. Alors, il accepta momentanément la distance qu'elle mit entre leurs corps, même s'il n'adhérait pas spécialement au concept. Il écouta néanmoins, sentit la détresse dans le ton de sa voix autant qu'il pouvait la lire sur son visage et c'était quelque chose qui lui faisait mal au coeur. Etait-ce seulement une surprise? Zeke avait vu les signes mais il n'avait pas voulu brusquer la jeune femme, il n'était pas ainsi, préférant toujours attendre que les principaux concernés se confient à lui plutôt qu'il ne force le passage. Il était doux finalement, quoique rugueux dans ses entreprises habituellement. Pas cette fois. Il resta là mais osa attraper sa main entre la sienne, se rapprochant d'elle alors qu'elle en terminait, précisant les termes de sa maladie, les circonstances si difficiles avec sa famille et Zeke voulait être présent dans l'équation, même si des difficultés s'étalaient sur le chemin. "Rien est plus grave que ce que tu me dis. Que ce qui te blesse, toi." Ses problèmes de famille se reléguaient au second plan directement puisque Ezechiel était entièrement concentré sur Eve, sur le mal qui l'étreignait, sur ce qui la rendait si malheureuse ces derniers temps. "T'es loin d'être transparente. Ni cinglée. T'es Eve et c'est Eve que je veux, tu te rappelles? Dis moi comment je peux t'aider à gérer tout ça... Les soucis avec les enfants, ta fatigue, ta maladie, explique moi ce que je peux faire." Il ferait clairement n'importe quoi pour la soulager, son bras se portant autour d'elle pour qu'Eve termine contre son torse. Elle se faisait le plus petite possible mais Zeke ne l'acceptait pas, l'enlaçant à défaut de pouvoir faire mieux tant la situation l'inquiétait. Il ne l'exposait pas ainsi, déposant un baiser contre la tempe de la petite blonde, dans l'attente d'un miracle peut être parce qu'il avait peur intérieurement. Qu'elle disparaisse, que tout ça s'aggrave, qu'elle l'abandonne en ne se nourrissant plus. "Accepte de l'aide, Eve. Ne fais pas tout seule, tu l'es pas, d'accord?" Il n'était peut être pas un fin psychologue certes mais, Zeke restait un homme loyal et généreux. Qu'elle aille bien, c'était la seule chose qu'il désirait et il donnerait tout pour atteindre cet objectif, désormais. |
| | | | (#)Mer 14 Oct 2020 - 13:51 | |
| C’est un mal bien connu, l’anorexie. Devoir lutter contre. Je savais que je ne pourrais pas le faire seule. les malaises se faisaient de plus en plus fréquents, le mal étant de plus en plus présent, de plus en plus vicieux. Souvent, il m’arrivait de me relever alors que Zeke dormait ou alors que j’avais les enfants avec moi dans le lit. Je ne saurai dire où elle a commencé, quand surtout. Sans doute à l’adolescence mais d’aussi loin que je me rappelle, je n’ai jamais eu un appétit des plus développés. Puis tout a empiré avec la perte de mon mari, avec la maladie de mon fils. J’ai commencé à me laisser couler. Comme si le combat était perdu d’avance. Mais avec Caleb, je ne pouvais pas me laisser choir et mon meilleur ami n’avait pas hésité à me secouer les puces. Il connaissait le monde lyrique dans lequel je m’enfermais environ trois à quatre fois par jour, il savait que j’avais tendance à vivre dans mon imagination. Et c’était ce que j’avais fait avec Ezechiel. Lui prodiguant certaines tendresses, n’hésitant pas à me mettre de côté quand la situation l’exigeait. Sauf que là, cette fois-ci, je devais reconnaitre que j’avais besoin de son aide. J’ai pu lire la douleur dans son regard alors que je lui affirmai me sentir seule. Mais c’était la vérité. Il habitait tout de même à une heure de route de la ville, passait très peu à l’appartement et n’avait aucun moyen de le joindre outre. Parce qu’il ne possédait pas de cellulaire et que je ne désirai pas lui en imposer un. La raison étant que je me cherchai des excuses pour faire ce que je faisais le mieux, m’effacer. "Je te le dis pas avec des mots." Oui, il ne me le disait pas avec des mots. Je hoche la tête, faiblement alors qu’il m’offre un baiser. Le second depuis le début de la journée. Je n’avais pas osé le faire moi-même sans doute par cette peur d’être trop collante ou alors de m’imiscer dans ses problèmes. Je ne voulais surtout pas en rajouter. Alors que je continuai de parler, alors que les mots sortaient malgré eux, j’avais conscience d’être sans doute la pire petite-amie de la Terre. Après tout, je n’avais pas été élevé comme ça. Je n’avais pas été élevé de la sorte à mettre mes projets en avant. Bien au contraire. J’en avais des beaux pourtant, des très beaux nous concernant. "Rien est plus grave que ce que tu me dis. Que ce qui te blesse, toi." Mon regard était toujours fuyant alors que malgré moi, j’eus un signe de dénégation de la tête. C’était plus fort que moi. Je ne saurai dire qui m’avait implanté cette idée en tête. L’inception venait de qui ? Pierre ? Jacob ? Un autre ? Je ne pourrais pas blâmer Kieran là-dessus, ni Zeke. J’étais malade, autant de manière physique que de l’esprit. "T'es loin d'être transparente. Ni cinglée. T'es Eve et c'est Eve que je veux, tu te rappelles? Dis moi comment je peux t'aider à gérer tout ça... Les soucis avec les enfants, ta fatigue, ta maladie, explique moi ce que je peux faire." J’ouvris la bouche pour parler mais les mots ne sortirent pas. Que faire ? Comment m’aider à lutter contre mon étrange maladie ? Je regardai nos mains jointes alors qu’il passa un bras autour de mes épaules pour m’attirer vers lui. Sa chaleur m’enveloppa petit à petit ainsi que son odeur. Je pris le soin de fermer les yeux. Doucement, mon autre main vint enserrer sa taille alors que les lèvres du grand brun se posèrent sur ma tempe. Quelques minutes de calme avant que ne reprenne ma vie à cent à l’heure. "Accepte de l'aide, Eve. Ne fais pas tout seule, tu l'es pas, d'accord?" Alors, je relevai la tête pour m’écarter légèrement et venir poser mes lèvres sur les siennes avec délicatesse. Une douceur qui m’était propre à moi mais qui en disait long. Une fois le souffle devenu court, je me reculai, les joues légèrement rosies par mon geste. « Je pensais… ça va… enfin ça va être les congés pour les enfants. Et il faut qu’on se mette… qu’on se mette au vert. » Ne voulant pas m’imposer, je me sentis devenir de plus en plus petite en disant ses mots alors que mes doigts pianotaient sur le dessus de sa main. « On a presque fini le principal à la ferme. Et puis, c’est di… enfin c’est compliqué tu vois. Parce que t’habites loin, que toi aussi t’as tes soucis et je veux pas… je veux pas m’imposer. » Sinon, j’aurai sans doute débarquée à la ferme avec les enfants et les chiens pour en venir à lui demander de m’aider. Mais, je n’osais pas. Je l’avais senti s’éloigner de moi. « J’ai envie… enfin j’aimerai qu’on se construise une jolie vie à deux. Mais j’ai pas envie d’aller trop vite à te demander de rester avec moi alors que… que… que tu dois t’occuper de la ferme. » je reniflai, consciente que j’avais atteint des sommets de la beauté avec ce geste avant de regarder l’horizon, vérifiant que les enfants jouaient toujours. « Ma mise à pied d’un mois s’est commuée en congé de longue durée. Je ne reviendrai que quand je pourrais porter un bloc de pierre sans prendre le risque de m’effacer avec. » J’eus un léger sourire aux lèvres, posant sur lui un regard empli de tendresse. « Je pourrais venir t’aider à t’occuper des moutons. Si tu acceptes que… qu’on vienne s’y reposer. » Cela ferait sans doute trop. Car nous étions nombreux. Je chassais donc l’idée d’un revers de la main. « Laisse, c’est pas une bonne idée. Nous sommes trop nombreux. Et je veux pas m’imposer. » Surtout pas avec ses parents même si je m’entendais bien avec sa maman. Du peu qu’elle me parlait. Pour masquer le fait que j’étais écarlate, je m’autorisai à venir nicher ma tête dans le creux de son cou, y disposant un baiser avant de l’enserrer avec mes bras si maigres. Consciente que j’avais l’air de plus en plus ridicule avec cette robe sur le dos. Mais heureuse d’avoir pu lui en parler malgré tout. |
| | | | (#)Mer 14 Oct 2020 - 15:13 | |
| Il restreignait ses émotions au maximum, même à cet instant précis car il ne voulait pas inquiéter plus Eve. La situation était déjà grandement critique et Zeke commençait à peine à en prendre conscience: il avait raté tant de signes, il aurait dû agir bien avant mais le pauvre homme qu'il était n'avait jamais su comment faire auprès des autres. Pourtant, il n'y avait aucune réelle réponse, pas une vérité universelle en tout cas, même si Ezechiel pensait que c'était le cas partout autour de lui. Il avait juste peur de ne pas être à la hauteur, d'être encore celui qui faiblissait et finissait par s'effacer au profit de quelqu'un d'autre parce que c'était toujours arrivé, n'est-ce pas? Eve lui avait pourtant dit qu'il n'y avait personne d'autre, qu'elle s'accrochait à lui pour les bonnes raisons mais elle avait autant de problèmes à gérer tout ce que Zeke ne communiquait pas. Il n'arrivait pas à parler de lui, de ses craintes et ses envies parce que le grand brun s'était toujours mis au second plan, préférant largement qu'on parle des autres plutôt, qu'on s'inquiète d'eux plutôt que de son misérable coeur. C'était à nouveau le cas à ce moment précis puisque Blythe effaçait tout de suite tous les soucis qu'il avait auprès de sa famille, s'entêtant à offrir tout le réconfort nécessaire à la jolie blonde. Il sentait son trouble et elle avait l'air si fragile à ce moment là qu'il aurait pu s'arracher le coeur pour lui offrir, si elle lui demandait une preuve de son engagement. Après tout, Ezechiel était un spécialiste du sacrifice, n'était-il pas celui qui se ruinait sa santé pour la ferme et pour son frère? Il en ferait de même avec Zimmer, même si elle ne le le laisserait probablement pas aller jusque là. En attendant, le bûcheron accepta son baiser avec douceur, s'impatientant quelque peu qu'elle lui dise ce dont elle avait besoin pour aller mieux, pour gérer autant sa maladie que celle qui pouvait toucher le reste de sa famille. Zeke allait probablement tout faire pour arranger la situation, écoutant patiemment la jeune femme, elle même en proie à une bonne dose d'anxiété en vue de la manière dont elle tapota sur sa main et la réponse était sans appel. Eve voulait se rapprocher de lui: il n'habitait pas la porte à côté, c'était une évidence et Zeke avait des horaires compliqués à suivre entre la ferme et la scierie. De ce fait, ils n'avaient pas pu tant se voir ces dernières semaines, ce qui avait dû amplifier les trouble d'Eve. Le grand homme la laissa se perdre contre son cou, sa main donnant quelque caresses tout au long de son bras pour l'apaiser parce qu'elle avait définitivement besoin de tendresse, même s'il était loin d'être un spécialiste dans ce genre de cadeaux. "Vous pouvez venir. Y a de la place dans la grange si on veut pas déranger mes parents." Il refusait qu'elle demeure seule dans de telles circonstances: et si elle tombait dans les pommes à cause de son manque d'appétit? Et si elle faiblissait encore et encore, sans lui? Zeke tenait à l'avoir sous ses yeux pour minimiser les risques, même s'il n'irait pas lui narrer une telle histoire de la sorte. "Si t'as besoin de quoique ce soit d'autre, tu peux me dire. Je ferai au mieux." Il sacrifierait tout, son visage se tournant vers le sien alors que sa main autrefois sur son bras vint caresser sa joue pour qu'elle arrête de paniquer, que le mal s'évapore. Si seulement c'était possible et aussi facile, surtout. |
| | | | (#)Mer 14 Oct 2020 - 18:08 | |
| Je savais bien que j’avais un souci là-dessus. Sur le fait de faire entendre ma voix et de pouvoir parler librement de mes peurs. Car elles étaient nombreuses. J’en avais des tocs. Des craintes que je ne pouvais plus dissimuler. Certes, j’avais déjà perdu beaucoup de poids des suites de cette aventure stupide. Pas bien grosse, constamment en-dessous de la barre des quarante kilos, je ne parvenais pas à reprendre les livres qui s’étaient évaporées dans les airs. Cinq kilos de perdus, un constat alarmant pour le boulot qui m’avait déjà rappelé à l’ordre plus d’une fois. Les seules fois où je suis demeurée approximativement normale fut pendant mes deux grossesses. Pour Lisa, j’avais pris dix kilos alors que pour Jacob, sept. Mon fils étant né en avance, je ne m’étais pas tant développée que ça. et pourtant, il y avait une partie de mon corps qui n’allait pas avec le reste. J’étais loin d’avoir un physique harmonieux. Je le savais que je ne rentrai pas dans les standards de beauté et que Zeke était beaucoup trop séduisant pour moi. L’Australien me surprit par sa douceur, par le fait qu’il était tactile ; lui qui le demeurait si peu en temps normal. Nous ne nous voyions que très peu à mon goût. Et bien que j’avais promis à Caleb ainsi qu’à Kieran que je prendrai soin de moi, l’échec était là. J’avais déjà commencé par monter la serre que je pensais imposante, n’osant pas déranger Ezechiel qui semblait pris, évasif à chaque fois que je parlais d’une chose ou d’une autre. La preuve, il était si pris par ses soucis qu’il a réussi à oublier le weekend. Je ne lui en tenais plus rigueur depuis que je portais cette bague en bois autour de mon doigt. Peu rancunière. Ma curiosité rangée au placard, je parlais librement de mon anorexie, essayant de ne pas trop lui faire peur bien que je pouvais lire l’inquiétude sur ses traits, et un peu de surprise aussi. J’ai toujours eu cette faculté à cacher mes démons bien à l’intérieur. Ainsi que mes envies. Celle d’avoir une famille normale. Une maison que je faisais construire (enfin que je remettais en ordre avec les ouvriers), des enfants en bonne santé (le fail du siècle) et un petit-ami attentionné (là, on pourrait cocher la case). Je voulais me tourner vers l’avenir comme il me l’avait demandé lors de notre sortie de juillet et plus vers le passé qui ne cessait de me hanter. Perdue contre lui, je tentai de verbaliser ce que je voulais d’une voix murmuré parce que j’avais cette volonté de ne pas m’imposer. De rester en retrait, de me faire la plus petite possible. Le souci étant que les Zimmer étaient nombreux. Deux enfants, trois chiens, des insectes à foison. Je n’étais pas toute seule sinon je me serai tenue dans un coin de la pièce, prostrée sur moi-même afin de ne pas inquiéter le grand brun. A vrai dire, je ne suis même pas certaine que je me serai battue et que je serai encore présente en chair et en os devant lui si je n’avais pas eu les enfants. Tout le monde pourrait l’affirmer que je vivais pour mes enfants et non pour moi-même. N’étant qu’insignifiante. Je me sentis blanchir et non rougir pour une fois en disant que je voulais me rapprocher de lui, bien trop anxieuse. Ma tête nichée dans le creux de son cou, je frissonnai sous ses caresses, fermant les yeux pour essayer de calmer cette angoisse qui ne me quittait plus depuis quelques semaines. "Vous pouvez venir. Y a de la place dans la grange si on veut pas déranger mes parents." Il pourrait me sentir m’agiter alors que je n’osai le regarder. « Si… enfin non, c’est bon on ira… » Mais on ira où ? Il est vrai que je ne voulais déranger ses parents. « J’irai chez moi. Enfin chez nous. Bref. » Calme, on se calme. Je pris une profonde inspiration, resserrant mon étreinte. « Je t’ai dit on a… les travaux ont bien avancé. Je dois encore réparer quelques petites choses mais d’ici quelques semaines, ça sera habitable. » Je tournai la tête dans l’autre sens pour rencontrer son regard. Celui d’une profondeur abyssale, si hypnotique. "Si t'as besoin de quoique ce soit d'autre, tu peux me dire. Je ferai au mieux." Je déglutis, sa main sur ma joue alors que je restai, le regard bien éveillé posé sur lui. « Je veux pas que tu fasses au mieux. Je veux que tu fasses ce dont tu as envie. Alors oui, j’ai des projets en tête mais je veux pas te dicter ta vie non plus. Je veux que tu le fasses parce que tu veux le faire. » La voilà, cette hyperactivité qui repointait le bout de son nez. « Je pense que tu dois déjà régler ce qu’il y a à faire de ton côté, moi je peux attendre. » Je pouvais limite entendre la voix de Caleb d’ici me dire que non. Que mon état de santé ne pouvait pas attendre. Mais, c’était ça d’être amoureux. On se mettait de côté et on faisait passer l’autre en premier. « Je veux que tu saches que… que tu passeras toujours avant. Bon pas avant les enfants mais avant quand même. » Et bien sûr, la maladresse est de mise dans mes paroles car mon lourd accent allemand ressortait dans de pareils moments. Il ne fallait pas oublier que je ne venais pas de ce continent même si je parlais extrêmement bien l’anglais. « Je pense qu’il est là le souci en fait. Les gens se forcent quand ils sont avec moi. C’est moi qui prends les initiatives et je suis fatiguée. Fatiguée de tout. » Ma voix se fit si lasse pour le coup alors que je restai bercée par ses caresses. Pour la première fois vraiment, j’ouvrais mon cœur. « J’ai personne pour… pour m’arrêter. Et je sais pas le faire toute seule. La preuve… » Je m’écartais pour m’agiter, car j’étais demeurée calme trop longtemps. Même si cela n’avait duré que quelques minutes dans le fond. Je me redressai, tanguant légèrement avant de prendre une profonde inspiration. « Si j’ai une envie depuis quelques temps. Jacob va rentrer à l’école en janvier et Lisa grandit. Je songe de plus en plus à un troisième enfant. Pas maintenant parce que bon là y’a rien qui va, rétorquai-je en moulinant les bras, et que si je fais un bébé avec toi, il aura sans doute la taille d’un dinosaure quand il sortira de moi. Mais bref, ça fait parti d’un projet que j’ai en tête sauf qu’on en a pas discuté, que ça fait quatre mois qu’on se fréquente… » Et je fus moi-même surprise de la durée tiens. « Mais voilà, ça fait parti de mes projets. Vivre avec toi et sans doute porter tes bébés géants si un jour, t’en as l’envie. » J’eus un petit rire avant de me sentir rougir avant de lisser mon jupon, dansant d’un pied à l’autre. Puis, je lui fis un petit sourire désolé, limite une grimace. Quittant son regard, gênée de ma confession. Car oui, cette envie était présente même si elle ne concrétiserait pas avant des mois à venir, limite des années. Mais démontrait également que j’avais l’intention de me construire une vie à ses côtés et que je n’avais nullement l’intention de partir maintenant. Ni de me laisser mourir. |
| | | | (#)Jeu 15 Oct 2020 - 1:32 | |
| Il n'avait jamais ne serait-ce que considérer l'avenir, Zeke n'en avait jamais été capable car il avait déjà du mal à supporter le présent. Toute notion du temps était fort compliqué à suivre pour le bûcheron: chaque jour était plus ou moins le même et de ce fait, il n'établissait jamais aucun plan sur la comète. Pour quelles raisons déjà? Jusque là, le misérable Blythe n'avait rien eu pour lui, ne serait-ce qu'une routine des plus familières, des horaires de travail qui ne semblaient jamais s'arrêter. Pouvait-il envisager de changer de vie? Ce n'était pas quelque chose qu'il avait vu venir et clairement, Zeke avait bien du mal à s'y faire. Pourtant, il n'était plus seul parce qu'il y avait Eve, les enfants, toutes ces nouvelles personnes qui comptaient sur lui en toutes circonstances. Le fermier n'avait géré au cours d'aucune d'elles, en rade de solutions et d'informations surtout parce que Zeke n'avait jamais appris à poser les bonnes questions aux moments opportuns. Il commençait tout juste cet apprentissage, celui d'être un petit ami et même s'il ne serait jamais l'homme idéal pour tout un tas de raisons qu'il ne pourrait jamais nier, le grand homme savait qu'il désirait faire de son mieux. L'affaire démarrait donc maintenant parce qu'il avait entendu le discours tragique d'Eve, comprenant que tout ce qui lui arrivait n'était pas qu'une accumulation de troubles anodins. Non, le tout était beaucoup plus grave que tout ce qu'il avait dû vivre de son côté jusque là et Blythe se devait d'oublier son frère durant les quelques jour à venir car on parlait de la santé des Zimmer tout entier. Après tout, Ezechiel ne s'était jamais franchement renseigné sur le sujet de l'anorexie, il savait simplement que les personnes qui en souffraient vivaient une relation atypique avec la nourriture et finissaient par s'épuiser avec toutes les carences qui accompagnaient leur manque d'appétit. Le brun ne pouvait bien sûr pas considérer ce genre d'issues pour Eve parce qu'ils avaient tant à vivre tous les deux, même si rien ne serait jamais idyllique avec leur caractère respectif. Elle était trop expansive, lui l'était trop peu. Bavarde, lui taciturne. Forcément, ils démarraient avec un handicap latent dans cette relation et Eve avait raison: le manque de communication allait vite devenir un frein si Zeke ne se prenait pas vite par la main pour oser dépasser cette peur de paraître ridicule en société. "Tu peux quand même rester un peu le temps que ça soit terminé, c'est pas un problème." Jamais il n'oserait la laisser souffrir toute seule, c'était parfaitement improbable pour lui, même s'il n'était pas le garçon le plus expressif de cette planète. Zeke avait bon coeur, sûrement trop, et là, son fichu coeur avait mal de constater qu'Eve était tourmentée par un flot de pensée négatives. Il ne savait pas comment enrayer tout cela, il n'avait que son corps pour l'apaiser, s'autorisant à beaucoup plus d'affection qu'à l'accoutumée même si la jolie blonde semblait toujours en proie à une certaine dose d'angoisse. C'était certainement normal avec tout ce qu'elle avait à gérer dernièrement mais elle enchaînait, parlait à nouveau, vite et avec tant de détails distillés que Ezechiel n'était pas certain de pouvoir tout suivre et tout assumer. Il n'avait jamais réfléchi à ce genre de sujets pour être honnête, au concept même de fonder une famille, il n'avait déjà jamais considéré l'éventualité qu'une personne pourrait désirer être avec lui un jour. "T'es pas obligée d'avoir les initiatives. De te presser non plus. Laisse faire les choses." Peut être voulait-elle tout accélérer, comme si la vie ne devait se réduire qu'à quelques jours quand Eve pouvait avoir tout le temps du monde. Elle était encore jeune après tout, plus que Blythe déjà, même si cela ne se voyait pas tant en terme d'expérience. "Je vais t'arrêter, moi. Tu va te poser. Plus rien faire. Voilà." Point barre, ce n'était pas comme si elle aurait le choix de toute façon car Ezechiel pouvait faire preuve d'une certaine autorité quand il le décidait et là, le cas était d'urgence, il le sentait dans le niveau de détresse perçu chez Zimmer. Elle allait trop loin, s'épuisait trop tôt et n'était plus lucide pour être au top à tous les niveaux. "J'ai jamais pensé avoir une famille, tu sais. J'ai jamais voulu trop en demander, surtout pas avec mes inaptitudes sociales, je pensais être tout seul pour toujours... Quand je serai prêt pour assumer tout ça, bien sûr, je le voudrai. J'ai encore du travail à faire pour être à la hauteur d'un rôle comme ça. Mais je vais déjà m'entraîner avec Jacob et Lisa. En attendant, on peut aussi profiter du présent, d'être ensemble, sans se prendre la tête sur tout ce qui pourra se passer. L'important, c'est que tu ailles mieux. On a tout ce week-end devant nous déjà, non?" Effectivement, le programme était chargé et Zeke ne voulait pas se retrouver à gérer tout un tas d'idées et de projets parce qu'il devait se l'avouer, il avait encore peur de changer de statut. Il n'était encore que le fermier, celui qui s'habituait à son rôle de petit ami et qui n'excellait clairement pas dans ce rôle en vue du début de ce week end. "Tu sais que le deuxième cadeau, c'était un lit pour ta nouvelle maison?" Il n'avait pas fini parce qu'il avait commencé tout un tas de motifs sur le bois et le tout prenait un temps fou. Avantage de taille cela dit: Zeke était patient comme personne. |
| | | | (#)Jeu 15 Oct 2020 - 19:32 | |
| Dans les bras de Zeke, après l’aveu terrible de mon anorexie mentale, je commençai à doucement m’apaiser. Pas totalement cependant car il y avait toujours cette peur qui étreignait mon cœur qu’il s’en aille un jour. Mes petits bras étaient enroulés autour de sa nuque alors qu’il caressait distraitement mon dos. Un moment doudou entre nous deux, des moments que nous seuls étions capables de vivre. "Tu peux quand même rester un peu le temps que ça soit terminé, c'est pas un problème." Je ne savais pas trop car je n’ai jamais voulu m’imposer chez ses parents. Il partageait sa ferme avec eux et nous étions vraiment trop nombreux. « T’es sûr ? Sûr de chez sûr ? » J’hésitai réellement car même si ma ferme se trouvait à quelques centaines de mètres de chez lui, elle était loin d’être finie. Je savais déjà que lorsqu’il serait à la scierie, je ne parviendrai pas à tenir en place. Sans doute à aller voir les moutons pour lesquels j’avais une véritable fascination ou encore aller faire la toiture de ma ruine bon marché. "T'es pas obligée d'avoir les initiatives. De te presser non plus. Laisse faire les choses." Je déglutis, me sentant pâlir un peu plus sous mes paillettes alors que je commençai à m’agiter de nouveau dans ses bras musclés. « Mais personne fait les choses donc faut bien que je m’en charge. » Mon discours se faisait de plus en plus incompréhensible parce que la fatigue s’intensifiait et que la nuit avançait. Je listai les choses qu’il me restait à faire. Et Zeke put lire en moi comme dans un livre ouvert. "Je vais t'arrêter, moi. Tu va te poser. Plus rien faire. Voilà." Je me relevai avant de plisser le regard pour venir me plonger dans le sien. Doucement, je mordillai ma lèvre inférieure avant d’avoir un petit sourire. « T’es sûr que tu veux que je ne fasse plus rien ? Roucoulai-je en battant des cils. » Je pense qu’il me connaissait assez pour savoir que le tout cachait quelque chose. Qui se trouvait en-dessous de cette imposante meringue. Je me relevai cependant pour venir lui dire ce que j’avais sur le cœur. Je risquai de déraper et de dévoiler le pot aux roses car je ne savais pas garder un secret pour moi. Il fallait toujours que je balance tout ce que j’avais en tête. Mais cette fois-ci, je ne me suis pas transformée en bonbon arc-en-ciel géant pour lui dévoiler ce qu’il se cachait en-dessous de l’emballage. "J'ai jamais pensé avoir une famille, tu sais. J'ai jamais voulu trop en demander, surtout pas avec mes inaptitudes sociales, je pensais être tout seul pour toujours... Quand je serai prêt pour assumer tout ça, bien sûr, je le voudrai. J'ai encore du travail à faire pour être à la hauteur d'un rôle comme ça. Mais je vais déjà m'entraîner avec Jacob et Lisa. En attendant, on peut aussi profiter du présent, d'être ensemble, sans se prendre la tête sur tout ce qui pourra se passer. L'important, c'est que tu ailles mieux. On a tout ce week-end devant nous déjà, non?" Ma main passa affectueusement dans ses cheveux pour caresser la pointe alors que je le couvais avec une certaine tristesse. J’ouvris la bouche pour répondre avant d’avoir une meilleure idée. Le laissant continuer sur sa lancée. "Tu sais que le deuxième cadeau, c'était un lit pour ta nouvelle maison?" Je me penchai pour mettre mon visage à hauteur du sien laissant mon nez caresser le sien. « Un lit pour notre nouvelle maison. Car je pense que tu l’as fabriqué de sorte à ce qu’un grand géant brun ne vienne le partager avec moi. Après si tu veux pas partager la ferme avec moi, je peux toujours mettre la peluche géante que t’as gagné. » Je haussai une épaule avant de me tourner pour voir Jacob dévaler les pentes et revenir en courant. Je croisai les doigts dans mon dos en priant pour qu’il ne se casse pas la figure alors qu’il arriva à notre hauteur avec la respiration quelque peu sifflante. Je me penchai vers lui pour me pencher à son oreille et lui dire quelque chose dans ma langue maternelle. Ce pauvre gosse n’a que deux ans et demi et parle déjà deux langues. Tout comme Lisa qui en savait trois. Le bambin se détourna de moi pour grimper sur les genoux de l’Australien avant de tendre les mains vers lui, refermant ses petites paumes grassouillettes comme pour demander quelque chose. « Câlin ? » Je croisai les bras sur ma poitrine alors que Lisa rappliqua également avec les chiens. Je lui indiquai Zeke d’un signe de tête et elle leva les yeux au ciel. Alors mini-moi se posa à ses côtés pour enserrer sa taille alors que je montai les marches pour aller me mettre derrière lui et venir poser mes lèvres sur sa joue avec une infinie tendresse. « T’es plus tout seul, Zeke. T’es certes un inadapté social mais tu es notre inadapté social. » De nouveau, mes lippes se posèrent sur sa joue si douce alors que je me redressai. « Et t’es coincé car maintenant tu ne peux plus rien faire, je vais aller faire à manger, dis-je en le gratifiant d’un clin d’œil. » Bon le but n’était pas de me retrouver aux fourneaux mais de lui faire comprendre qu’il nous avait nous. Et que nous serions toujours là. Certes, notre famille ne valait pas grand-chose. car deux membres sur trois de la fratrie était en mauvais état mais nous serons toujours là. |
| | | | (#)Jeu 15 Oct 2020 - 22:52 | |
| Eve utilisait beaucoup trop d'énergie et mettait désormais sa santé en péril. Zeke n'allait pas accepter qu'elle continue de la sorte, peu importe les excuses qu'elle pourrait lui débiter pour perdurer dans toutes les actions qu'elle tenait à accomplir. A vrai dire, le grand brun se sentait légèrement comme le pire petit ami de la planète parce qu'il avait été absent, qu'elle aurait probablement aimé qu'il lui passe des coups de fil au moins pour qu'elle puisse lui parler de ses états d'âmes du moment. Ce n'était pas le mode opératoire du fermier, qui s'enfermait justement dans sa propriété et ne prenait jamais la peine de décrocher son combiné pour aller à la chasse aux nouvelles concernant son entourage. Jusque là, celui-ci était relativement restreint, ce qui constituait clairement une raison valable à Ezechiel de ne pas faire plus d'efforts. Pourtant, cette époque était révolue: il y avait quelques personnes qui comptaient sur lui, en dehors de sa famille, et elles étaient au nombre de trois. Cette responsabilité lui faisait assurément peur parce qu'on ne lui avait jamais demandé de rendre le moindre compte à qui que ce fut et on pouvait dire que c'était quelque chose qui l'arrangeait bien tant il était un indépendant solitaire. Eve était là maintenant et il ne pouvait plus se permettre de se laisser emporter par ses propres problèmes, pas tant qu'elle serait dans cet état de détresse en tout cas... Comme s'il allait la laisser faire, cela dit. En effet, il hocha la tête en signe d'approbation parce que ses parents ne seraient clairement pas gênés de voir une petite famille s'installer dans le grenier, surtout pas depuis que Zeke l'avait remis en état dans l'idée de le louer, si la situation financière ne s'arrangeait guère. Pour sûr qu'Eve et ses enfants pourraient y loger le temps que les travaux de sa propre ferme se terminent et au moins, Blythe pourrait conserver un coup d'oeil discret sur elle, pour vérifier qu'elle allait mieux, évidemment. "C'est ce que tu penses mais on te montrera que t'as tort. Et là, oui. Jusqu'à nouvel ordre. Repos." Il pouvait se montrer résolument ferme lorsque la situation l'exigeait et clairement, Zeke avait affaire à une situation d'urgence sans précédent. Il refuserait à Eve un surplus d'activité si elle ne retrouvait pas une relation normale auprès de la nourriture car il ne désirait pas la voir partir sur un brancard vers l'hôpital le plus proche. Il priait en attendant pour que tout se déroule bien, même s'il y avait un risque que la peluche de la fête foraine termine dans le futur lit qu'il était en train de construire pour Zimmer et lui. Le bûcheron n'eut pas le temp de répondre que les furies revenaient dans la pièce, le plus petit des deux accourant sur ses genoux pour lui demander le droit à un peu d'affection. Zeke lui sourit sans plus attendre en laissant le petit monstre s'étaler contre son buste, pile au moment où Lisa attrapa son flanc pour se coller contre son côté. Clairement, le grand Blythe n'avait pas l'habitude d'être au coeur de tant d'affection mais il ne rechigna pas lorsque Eve conclut le cercle par un baiser contre sa joue, lui sourit en retour face à ses mots. "Wow, on avait pas dit repos? Les enfants, on va faire à manger pendant que maman fait une sieste, ça vous va?" Effectivement, il attrapa Eve par la main en toute délicatesse alors qu'il se relevait, les deux enfants toujours collés à lui pour aller se charger du repas. Si l'allemande croyait s'en sortir si aisément, elle se trompait dans les grandes largeurs. "Et on discute pas, hein, Lisa?" Ce fut à son tour de déposer un baiser sur le front d'Eve alors qu'il entraînait la petite bande vers la cuisine pour nourrir toute l'assemblée. Sans plus de cérémonie. |
| | | | (#)Ven 16 Oct 2020 - 23:50 | |
| C’était un fait, lorsqu’on n’obtenait rien, on faisait tout. Je n’ai jamais été une femme patiente dans la mesure où la vie était courte. Je la vivais à cent à l’heure, sans savoir me poser depuis la naissance de Lisa. Mais c’est un choix que j’avais fait. Je n’étais qu’une gamine à l’époque. Et nombreuses étaient les personnes qui me disaient de l’abandonner ou de me faire avorter. Chose inconcevable. Et puis, Jacob est arrivé. Je ne saurai décrire le lien qui m’unit à mes enfants tant il est fort. Je me suis levée toute seule la nuit pour panser leurs peines, pour m’occuper d’eux malades, me mettant totalement de côté. La mort de Victoria m’a aidé à remettre les choses en perspective. A ne pas reposer sur l’avis des autres, à me faire mon propre avis. Et pourtant, perdre mon mari fut sans doute l’une des épreuves les plus douloureuses de toute ma vie. Je la sentais encore, cette peine qui ne cessait de s’accroître à mesure que son absence se faisait ressentir. A mesure que mon fils grandissait et se mettait à lui ressembler. Sans doute vient-elle de là cette tendance à m’auto-flageller de toucher enfin le bonheur du bout des doigts pour la première fois depuis des années ? Sans doute était-ce ça que devait ressentir une veuve ? La perte des trois piliers de ma vie, un déséquilibre dans ma silhouette si chétive, si insignifiante. Je savais dans la mesure que je ne méritais pas à Zeke ni même sa pureté. Perdue dans les affres de son cou, sa tendresse mettait un peu de baume à mon palpitant en piteux état. "C'est ce que tu penses mais on te montrera que t'as tort. Et là, oui. Jusqu'à nouvel ordre. Repos." Il avait raison sur le fait que je doive me reposer. Mais les gens qui m’étaient proches disparaissaient d’un fragment de battements de cils. Mes relations étaient aussi éphémères que la durée de vie d’un papillon. « Tu… tu… » Le trouble vint m’envahir alors que j’essayai de mettre des mots sur mon ressenti. Il fallait communiquer. Mon psychiatre m’avait encouragé à le faire. « J’ai peur, confessai-je, j’ai peur que… j’ai peur de te perdre. » Ma voix n’était qu’un murmure déchirant, essayant de se frayer un chemin sinueux dans les bruits de la forêt. « Pas que… pas que tu me quittes mais qu’il t’arrive quelque chose. C’est pour ça que je veux pas… que j’attends pas. Car les gens disparaissent si vite. On te dit d’attendre et ils disparaissent. » Je n’osai redresser ma tête, seul mon souffle chaud se répercutant sur la peau ambrée par le soleil de mon compagnon démontrait que je parlais réellement. Que je ne m’imaginai pas cette conversation dans ma tête. « S’ils vous arrivaient quelque chose. A Jacob ou à toi. » Les deux hommes de ma vie en somme. Je ne saurai verbaliser l’angoisse ressentie deux mois plus tôt alors qu’il m’avait fait sa première crise en plein milieu de l’aquarium. De l’attente aux urgences, de l’appel passé en pleurs à Caleb en pleine nuit pour lui demander de venir. Du fait qu’il m’avait semblé si petit dans son lit d’hôpital. Je savais que j’aurai dû partager mes pleurs avec Zeke et non Caleb. Parce qu’il avait sa propre famille lui aussi. Mais je me faisais encore l’effet d’être une intruse chez les Blythe. Raison pour laquelle je ne répondis pas alors qu’il me fit part de cette envie de venir chez lui. Je savais très bien que je ne le ferai pas. A peine debout, je pus prendre une bonne bouffée d’air pur alors que les enfants revenaient vers nous en courant. sans doute affamés. Je regardai Jacob, me penchai vers lui. le lien qui m’unissait à mon fils était sans doute le plus puissant d’entre tous car nous nous ressemblions énormément. De part notre maladresse, notre envie de tendresse, notre façon de demeurer si fragile. Je le laissais grimper sur les genoux de Zeke. Déposant par la suite un baiser sur la joue du géant. "Wow, on avait pas dit repos? Les enfants, on va faire à manger pendant que maman fait une sieste, ça vous va?" Je le regardai se lever me sentant rougir en-dessous de cette imposante couche de paillettes qui recouvrait mon visage. « C’est juste à faire réchauffer, j’ai tout préparé pour tout le week-end. » Je lui offris un petit sourire alors qu’il déposait ses lippes contre mon front. "Et on discute pas, hein, Lisa?" Lisa se contenta de hocher la tête. « Je prends J.J avec moi, murmurai-je avant de laisser le petit venir entre mes bras. » Puis je me redressai pour déposer faire preuve de tendresse au niveau de sa mâchoire, faute de pouvoir atteindre sa joue avant d’aller jusqu’à la chambre que je partagerai avec Zeke. Jacob était fatigué. Il était encore petit alors je le couchai dans le grand lit, la porte entrebâillée. « ça me fait plaisir que tu t'occupes de maman, entendis-je ma fille dire à Zeke dans un fracas d’ustensiles. déjà qu'elle ne dort plus. et les gens sont pas gentils avec elle. » Ce que je me réfutai à lui faire part sortait de la bouche d’une enfant. « Elle est vraiment amoureuse de toi, tu sais. Elle l'a dit à Tonton Caleb. Mais elle a l'impression... 'fin elle va pas trop bien en ce moment. Elle veut pas trop en dire car elle est comme ça. elle s'met de coté pour nous tous et après elle finit pas très bien. » Je ne pus entendre la suite car je décidai de me mettre dans le lit près de Jacob. ma robe vaporeuse prenait toute la place alors que Jacob vint se blottir contre moi. Le chien se coucha au pied du lit alors que je luttai pour ne pas m'endormir. de peur du cauchemar, de peur de me réveiller en hurlant. "Il e peut rien t'arriver, murmurai-je en serrant mon tout petit contre moi, Zeke est là. Zeke est là." Mon coeur s'affola alors que je pris le risque de fermer les yeux. et d'attendre que le sommeil m'envahisse. |
| | | | (#)Lun 19 Oct 2020 - 0:11 | |
| Zeke ne pouvait pas comprendre ces appréhensions-là parce qu'il n'avait jamais perdu personne. Ou alors, peut être n'avait-il jamais eu personne. Si on excluait l'incarcération de son frère, le grand Blythe n'avait jamais vécu de gros drames personnels, rien qui ne justifierait qu'il se sente mal comme Eve. De son côté, la jeune femme avait eu affaire à la mort, à des abandons, à tout ce que Zeke ne pouvait pas réellement saisir mais dont il connaissait la portée tragique. Alors, il ne la jugerait pas pour ces peurs paralysante: il essaierait de se mettre à sa place, d'imaginer ce qu'elle avait pu ressentir à chaque coup dur de son existence, dans ces instants où il n'avait pas pu être là. Néanmoins, Zimmer devait savoir que les circonstances avaient changé, que si elle était si seule auparavant, cela n'avait plus à être le cas aujourd'hui ni pour les jours à venir. Bien entendu, Zeke n'était pas le plus élaboré dans ce genre d'exercices de communication, c'était même plutôt l'inverse mais il la regardait, essayait d'appuyer sur les mots avec son regard. Peut être qu'il avait l'air ridicule, peut être que tout cela ne menait à rien mais il pouvait au moins essayer pour elle, n'est-ce pas? "Y a aucune raison que ça arrive. Tu peux pas avoir peur de l'incontrôlable." Il n'en savait rien au fond, de ce qui se passerait. Après tout, Zeke n'avait aucun contrôle sur les éléments, il n'était qu'un être humain comme les autres, de ceux qui s'exposaient au quotidien à des dangers constants parce que c'était sa vie. A tout moment, un arbre pouvait lui tomber sur le coin du nez, une tempête pouvait s'abattre et mettre à mal la région entière mais avant cela, il était question de vivre. Au maximum. C'était ce qu'il tâchait d'inculquer à la jeune femme, dont il ressentait l'épuisement. Eve avait beaucoup trop donné ces derniers temps et il voyait bien qu'elle était au bout du rouleau, moment parfait donc pour l'envoyer se coucher de ce pas. Lisa, par contre le suivit jusqu'à la cuisine pour l'aider à réchauffer un peu de nourriture. C'était le moment parfait pour qu'elle lui expose les sentiments de sa maman mais également, toutes les souffrance qu'elle gardait jalousement pour elle. Ezechiel en avait eu un aperçu mais il ne pouvait pas se douter que les choses étaient si dures pour la famille dernièrement. Alors, le géant s'agenouilla devant l'enfant et lui sourit, se voulant rassurant. "Je vais m'occuper d'elle, t'en fais pas." Il caressa la joue de Lisa avant de terminer la cuisson du mets pour la soirée. Il n'entendait plus un bruit en haut et Zeke savait que Eve et Jacob avaient dû s'assoupir. Il mangea donc en compagnie de Lisa avant de la mettre au lit, lui narrant mille histoires sur la forêt soi disant magique à côté de la ferme. Zeke avait rarement utilisé autant de mots et la jeune fille sembla satisfaite en fermant les yeux, laissant le fermier vaquer à ses occupations. Il revint dans la chambre et extirpa Jacob des bras de sa maman pour le mettre également au lit, il ne moucha pas, profondément endormi. Alors, Blythe se permit de réchauffer à nouveau de quoi nourrir la belle Zimmer, ramenant le plateau à ses côtés dans le lit, la réveillant d'une douce caresse contre sa joue. "Eh, les enfants sont couchés. Ce serait bien que tu manges un peu." Il avait appuyé sur le conditionnel, hors de question de la forcer mais Zeke voulait qu'elle aille mieux et recommencer à se nourrir était un premier pas vers la guérison. Peu importe à quel moment celle-ci arriverait en réalité, tout débutait maintenant. |
| | | | | | | | (Zekeve) l'amour a percé mon coeur. |
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