La frustration est présente mais elle est atténuée par le paysage, l’ambiance, la personne avec qui je suis. J’ai les yeux qui parcourent la chambre encore une fois, qui réalisent que je suis belle et bien à Londres, dans un hôtel où je n’aurai jamais pensé séjourner un jour, encore moins deux. Mais les messages de Will me laissent un goût âpre, me rappelant que si, je suis bien à Londres, à des milliers de kilomètres de mon meilleur ami pour le jour de son anniversaire. Je ne trouve pas que son silence soit de bon goût. Je le trouve même injuste avec moi. Sûrement que je me fais des idées, que j’amplifie la situation mais c’est typiquement ma façon de fonctionnement ; quelqu’un qui ne me répond pas dans les cinq minutes est forcément quelqu’un qui a pris la mouche. J’ai moi-même pris la mouche avec mon dernier message, un “t’es chiant” balancé dans le feu de l’action et de mon sentiment exaspéré au possible.

Aussi la forme de Jordan sur le lit suffit à apaiser cette petite vibration que je refuse d’avoir pour débuter notre séjour sur les terres de notre reine mère. J’en veux à Will de pouvoir me faire sentir mal, mais c’est une idée que je balaie bien vite parce qu’il se trouve que j’ai trouvé ma Sofia - même si nous ne sommes pas mariés, même si ça ne fait que quelques mois, l’idée est la même. J’aime Jordan et si l’envie de le suivre jusqu’ici a été à la fois un plaisir et un échappatoir, je ne vais pas laisser mon mari me faire sentir mal à ce propos. La situation peut paraître absurde pour le commun des mortels mais elle ne l’est pas pour moi ; je sais où ma dévotion va. J’ai choisi Jordan par amour et aussi par égoïsme ; j’avais besoin d’un vrai break de Brisbane et si Elimbah a été le début de parenthèse bien agréable, aller en Angleterre et suivre un groupe pendant une semaine de tournée ne peut que me distraire. La fuite est une arme de défense automatique chez moi ; je fuis les responsabilités, je fuis le désarroi, je fuis la douleur. Une politique de l’autruche que j’affectionne particulièrement mais qui fait que je ressens beaucoup plus fort quand cela me tombe à la figure.

Mais installée sur Jordan, je me laisse volontiers bercer par la douceur de sa présence. De le savoir contre moi, de pouvoir l’emprisonner à ma guise de ma silhouette aussi menue que la sienne mais bien plus petite. Pas dupe la bête, je suis consciente que je serai mieux sur le matelas mais qu’importe ; je suis un koala assumé et Jordan n’est pas de ceux qui me stopperait - si ça a été le cas dans le passé, ce n’est certainement plus le cas maintenant, à mon plus grand bonheur. « J’ai gardé un meme de côté en pensant à lui, je te l’envoie si tu veux essayer de l’amadouer avec. » you’re too damn cute for this world que je ne peux m’empêcher de penser alors que son bras bouge pour aller chercher son cellulaire - proche, dieu merci, j’aurai râlé si j’avais dû bouger. Surtout si ça aurait été pour les beaux yeux chagrinés d’un gosse capricieux de Will. « En plus il est vraiment parfait pour ton état là. » mes phalanges s’enroulent autour du téléphone avant que mon rire ne s'échappe de mes lippes en voyant ladite image. “C’est parfait.” puis, je fourre mon nez dans sa nuque où le bout caresse sa peau. “Est-ce que je dois comprendre que je ressemble à une épave ?” je souffle dans un murmure taquin ; je dois ressembler à une épave qui a beaucoup trop volée. Je lui rends son téléphone tout en me redressant. “Envoie-la moi, je vais la lui envoyer.” mes jambes l’emprisonnant de part à d’autres, je me penche pour aller attraper mon propre cellulaire échoué aussi sur le lit. Assise à moitié sur les cuisses et les fesses de mon partenaire, je transfère l’image à Will une fois réceptionnée avant de soupirer légèrement tout en me délestant une nouvelle fois de mon engin. “Te sens pas coupable, mon lutin des bois.” parce que je commence à le connaître et que j’ai déjà entendu son air soucieux quand j’ai fait le lien entre le voyage et l’anniversaire. Mes yeux glissent sur son dos avant que mes phalanges passent la frontière de son vêtement pour caresser sa peau doucement. Un massage improvisé et abstrait, une tentative de corruption pour le distraire des mauvaises ondes qui peuvent s’ajouter sous sa jolie cabosse vers laquelle je me penche pour déposer un baiser contre sa masse de mèches blondes. “Je me sens pas coupable d’être ici avec toi, en tout cas.” je chuchote contre son oreille avant de la torturer délicatement de mes dents tandis que mes doigts continuent leur danse sur son dos. Oh non, je ne regrette absolument pas et Will s’en remettra ; nous célébrerons ça à mon retour et tout le monde sera content. Même si je le suis déjà.

“C’est parfait.” Tu souris de la voir approuver le meme. T’es trop content de l’avoir gardé il y a de longues semaines de ça. C’est juste absolument parfait pour la situation en plus et tu ne peux pas t’empêcher d’ajouter ce commentaire. Elle est si chou à se caler contre toi en restant accroché à ton dos comme une moule sur son rocher. “Est-ce que je dois comprendre que je ressemble à une épave ?” Tu lâches un bref rire. « Bien sûr que non. Tu ressembles pas à une épave. » Tu marques une pause. « Tu ressembles à un tyrannosaurus wreck. » Que tu dis le plus sérieusement du monde avant de pouffer de rire comme un con. Tout en nichant ton visage dans ton oreiller qui est bien trop confortable. Ça t’énerve un petit peu ça d’ailleurs. Que ce lit soit visiblement plus confortable que le tiens. Hmmm. Mais nan c’est que t’es juste très fatigué et il est ok confortable. Très confortable. Rage pas. “Envoie-la moi, je vais la lui envoyer.” T’es trop content qu’elle veuille la lui envoyer, tu t’exécutes en relevant la tête de l’oreiller tout en profitant bien des sensations de ton oiseau qui a l’air bien déterminé à rester accroché à ton dos. As she should. Tu aimes beaucoup trop son poids plume sur toi comme ça.

“Te sens pas coupable, mon lutin des bois.” Tu as lâché ton tel, elle aussi. Elle a senti tes songes. Faut dire qu’elle est au dessus de toi et que ça va sûrement vers le haut ces choses là. Elle ressent toute ton énergie du moment sans aucune barrières. « Hmmmm… »  Et voilà qu’elle entame un massage. Oh. Car c’est giga mega supra plaisant et tu te sens te relaxer en un temps record. Tu soupires doucement. Tu risques de t’endormir encore plus vite comme ça. Elle embrasse tes cheveux. “Je me sens pas coupable d’être ici avec toi, en tout cas.” Mowww. Ça fait du bien à ton petit coeur de l’entendre dire ça. Puis tu frissonnes d’un coup de la sentir te mordre l’oreille. Tu gémis doucement entre ça et ses mains sur ton dos. Tu te détends parfaitement. En tout point. Tout ton corps. Tu te détends tellement que tu vas t’endormir c’est sûr. Tu es relaxé. Détendu. Jusqu’au bout de tout tes orifices car c’est bien une flatulence qui se fait entendre. Tellement détendu que tu as lâché un pet sans pression. T’en es tu même rendu compte ? Pas sûr vu comme tu t’endors tellement t’es bien. « Hmmm… »  T’es trop bien là.

« Bien sûr que non. Tu ressembles pas à une épave. » voilà qui est sympa à entendre, presque rassurant, même si je mise sur tout le contraire malgré tout. « Tu ressembles à un tyrannosaurus wreck. » je le pince et il s’exclaffe comme le con imbécile qu’il est. “Répète-le dix fois sans fourcher.” parce que c’est un exercice de diction à ce stade-là. Je souris en grattant mes ongles contre sa peau, profitant que je peux enfin le toucher et l’accaparer amoureusement sans public après une foutue journée en compagnie d’inconnus en tout genre. Je dois bien avouer que ce n’est pas une expérience très relaxante et je ne peux que comprendre mon partenaire étalé de tout son long sur le confort du lit, ce qui change radicalement de celui des sièges. J’en profiterai après, quand j’en aurai fini de torturer et malaxer le dos de Jordan - sûrement quand il s’endormira. Je ne ressens pas encore le besoin, sûrement que cette histoire avec Will me turlupine plus que je me l’avoue. Je ne vais pas me laisser foutre en l’air mon séjour pour des conneries pareilles et si mon moral est entâché par ce fait, je n’hésiterai pas à aller tirer les oreilles de Will moi-même dès notre retour à Brisbane. « Hmmmm… » en attendant, il y en a un qui n’a pas l’air de se sentir si coupable que je l’aurai cru. La combinaison de mes massages en plus du réconfort d’avoir trouvé un lieu où s’étaler fait visiblement bonne fortune. Vraiment détendu quand un bruit se fait entendre et que je pouffe de rire contre sa nuque. « Hmmm… » Jordan n’a pas l’air de bouger et, pire encore, c’est dans un état comateux de sommeil dans lequel plonge mon partenaire.

J’ignore s’il les sent ou pas mais mes doigts restent à danser et mes lippes ne bouchent pas de sa nuque avant que sa respiration s’allège et ralentit doucement, signe que Jordan s’envole de nouveau mais spirituellement cette fois. En parlant de spirituel, je finis par me détacher pour aller chercher dans mon sac un (ou deux) petits attrapes rêves que j’ai fait à Elimbah pour les accrocher au-dessus de la tête de lit. Je fais attention de ne pas marcher sur Jordan en montant sur le lit. Ma valise est légère parce que je sais que je vais la remplir de fringues du coin ; le style anglais est absolument extraordinaire, j’ai foi en mes compatriotes de l’île lointaine pour me trouver du bonheur dans les friperies. Mais pour l’instant, j’ai besoin de détente et je n’ai pas loupé l’information du spa et de la piscine chauffée ; et j’ai grandement besoin de détendre mes muscles après un tel vol. Je ne suis pas habituée. Je vais donc m’habiller d’une tenue plus adéquate pour des activités aquatiques, décidant de m’envelopper dans le peignoir de l’Hôtel mis à disposition - j’aurai dû demander à Heather comment ça se passe dans un cinq étoiles - avant de noter un mot sur une page de mon carnet que j’arrache pour le mettre à côté de la tête de Jordan, camouflant son téléphone, un baiser que je dépose sur ses cheveux.

Si tu me cherches, je serai celle qui prétend être une sirène à la piscine. J’espère que mon chant t’aura réveillé avant mon retour et attiré à moi.

Parce que je serai à la piscine si Jordan descend, après que je me sois fait masser comme il faut de la tête aux pieds par des mains professionnelles - et j’ai bien failli m’endormir. L’eau chauffée finit d’apaiser chaque muscle et je me laisse doucement bercer par l’eau, satisfaite de voir que je peux le faire sans aucune contrainte réelle. Fière de voir que ma thérapie passée à fonctionner, que ma phobie a réussi à se créer un trou dans mes tréfonds pour donner un semblant de disparition et de contrôle sur moi-même. Maintenant que j’y pense, Jordan m’a déjà vu mise à mal à cause de ça. Aux débuts. Avant. Bien avant même l’idée de me proposer de l’accompagner à chacun de ses déplacements. Je n’ai pas oublié. Je sais que je n’oublierai pas. Est-ce que cela fait de moi une mauvaise partenaire si j’ai des réserves de ce côté-là ?

(outfit version plus colorée coz Birdie style)

“Répète-le dix fois sans fourcher.” Et tu lui tires la langue simplement parce que tu es trop loin pour la mettre sur sa joue, ou n’importe où sur son visage. Comme si ça allait la déranger que tu foutes de ta bave sur elle. Vous êtes juste des enfants entre vos pincements et lechouilles out of nowhere. Tu aimes bien trop quand elle te malmène de la sorte. Tu aimes encore plus quand elle te cajole et là elle est au top de son game et toi au top de ta fatigue. Tu ne perds pas longtemps à sombrer sous ses caresses qui te font tant de bien.

***

Tu te réveilles et t’as bien capté qu’il n’y a pas un seul bruit dans la chambre. T’es également toujours aussi étalé dans le lit est ton oiseau n’est pas sur ce dernier. Tu prends un moment avant de sortir de ta léthargie. Ce lit est trop confortable ça t’énerve un tout petit peu vraiment. Mais en attendant tu te tournes, t’étirant de tout ton long. Tu soupires doucement, appréciant tout ce confort toujours. Ta main qui touche ton téléphone ne ce faisant, tu captes la note dessus. Tu la prends et sourit en lisant le mot de Birdie. Tu chopes ton téléphone pour voir quel heure il se fait. 12h. T’as dormi 4 heures, c’est à peu près ce que tu as dans des journées normale alors tu te dis que tu vas pouvoir affronter le reste de cette journée easy. car tu as dormi une heure ou deux dans les airs aussi. Tu vas te prendre une bonne douche avant d’aller rejoindre ton oiseau.

***

(outfit) Affublé d’un short et d’un t-shirt, tu trouves le chemin de la piscine, espérant qu’elle y soit toujours malgré le temps qui s’est écoulé. Tu n’as pas eu d’autres notes, ni de sms de sa part, tu as bon espoir du coup. Tu as eu les yeux grands ouverts tout le long de ton trajets dans les couloirs et autres magnifiques escaliers de cet hôtel. La seule chose que tu as pris avec toi là c’est ton téléphone et la carte de votre chambre. T’as déjà pris quatre cent photos sur ton chemin et quand tu arrives enfin à la piscine, c’est une photo de ton oiseau que tu prends aussitôt, même si elle est loin. Tu l’as reconnu tout de suite. Faut dire que ce n’est pas très peuplé.

Un sourire large sur tes lèvres tu t’approches jusqu’à elle. « J’ai l’impression qu’on est dans le Titanic. » Vraiment, les doubles escaliers ça t’a fait un effet de dingue. Tu vas t’asseoir naturellement par terre, au niveau de Birdie qui est dans l’eau. Tu vas déposer un baiser sur son épaule nue. Tu aimes bien trop ça, même si tu ne vois pas totalement son maillot car il est immergé. Tu murmures parce que les lumières sont tamisées t'as l'impression d'être dans une église aussi. Dans un truc sacré, c'est beaucoup trop beau ici. « Relaxing well? » Parce que toi, ça y est tu es bien reposé. Tu espères qu’elle aussi. Elle et son petit format. Elle a sûrement besoin de plus d’énergie que toi vu comme elle est toujours bien plus intense et vocal sur tout.

Le temps est passé mais je ne l’ai pas vu. Ce n’est pas le but de mon séjour ici et surtout, le planificateur, celui qui a les yeux rivés sur les horloges pour veiller au temps et aux horaires, ce n’est pas moi. Je juge qu’après avoir passé la moitié de la journée à traverser le globe tout entier, de passer du printemps fleurissant à l’automne grisonnant et d’avoir dû supporter des pleurs de bébé pendant la fin du trajet sont des raisons suffisantes pour que je perde complètement la notion du temps. Surtout quand on est en train de me masser et de torturer agréablement mes muscles bien trop raides - la faute à ce périple. Je sais que j’ai beau me plaindre, je sais aussi que je suis ravie de l’avoir fait. Et que je le referrai mille et une fois s’il le faut. Après tout, mon frère et mes parents le font bien constamment, pourquoi pas moi ? parce que toi, tu as un attachement particulier avec Brisbane, tu y as ta famille de coeur et ta maison et que tout finit par te manquer un moment ou un autre. Ce n’est pas faux ; je n’ai jamais compris qu’Elwyn ou mes parents n’ont jamais remis un pied en Australie depuis tout ce temps. Je ne pourrai pas me séparer aussi longtemps de mes amis. Ni de Jordan. Ce qui est à double tranchant, en l’occurrence. Parce que Jordan voyage beaucoup. Il m’a manqué avant même qu’on soit ensemble et il m’a manqué encore plus alors qu’on a établi les lignes du contrat au milieu de tout ça. Mais les retrouvailles… Les retrouvailles ont toujours été si fortes que je peux me languir pendant des semaines si après j’ai la certitude de pouvoir profiter de sa présence toute entière pendant des jours et des jours.

Pourquoi je pense déjà à plus tard alors que je suis dans un des plus beaux Hôtels du monde - dixit moi, la fille qui n’a jamais séjourné dans un cinq étoiles en premier lieu - ? Je grogne sous les assauts du professionnel avant d’aller finir ma détente physique dans l’eau chaude dans le confort de la piscine. Non seulement il n’y a personne - nous ne sommes que deux, il faut dire que c’est le matin et que les gens préfèrent le tourisme à cette heure-ci plutôt que la détente. Je doute que nous allons beaucoup visiter avec Jordan mais ce n’est pas un problème puisque le malin a prévu des jours supplémentaires après la série de concerts. En parlant du malin, voilà qui pointe le bout de sa frimousse. Je souris légèrement en me rapprochant du bord où j’y croise mes bras, les pieds pateaugeant gentiment dans l’eau. « J’ai l’impression qu’on est dans le Titanic. » je grimace un peu. “Parler de Titanic à une fille qui a peur de se noyer, c’est de très mauvais goût.” surtout quand ladite fille est déjà dans l’eau - mais heureusement qu’il m’en faut quand même plus pour me déclencher une crise. Ce dont il a déjà pu être témoin, à ma grande horreur. Non pas que j’en ai honte mais ce n’était pas forcément quelque chose que j’aurai aimé montrer. Tout comme d’autres choses mais le passé est ce qu’il est. « Relaxing well? » j’hoche la tête. “Very much. Le masseur a fait des miracles, je me découvre des muscles et des nerfs que je ne savais même pas que j’avais.” un sourire amusé se place sur mes lèvres alors que j’enroule ma main mouillée vers la partie de sa jambe nue. “You’re not gonna join me ?” et je pout parce que Jordan préfère la piscine et que j’y suis, il n’y a aucune raison de résister. A part peut-être la femme entre deux âges au loin, sur un des fauteuils près de la fenêtre.

“Parler de Titanic à une fille qui a peur de se noyer, c’est de très mauvais goût.” Oh? Tu découvres. Tu savais pas. Tu te sens stupide. I didm’t know. Nope, tu ne sais pas encore lire les pensées et la crise de panique qu’elle a fait il y a de ça de très longs mois, tu pensais que c’était lié à l’océan plus qu’à la noyade pure et simple. “Very much. Le masseur a fait des miracles, je me découvre des muscles et des nerfs que je ne savais même pas que j’avais.” Tu es content de voir qu’elle a pris tous les bons côtés de l’hôtel déjà, ou en tout cas, certains, car tu sais qu’il regorge de bien des choses à faire et gratuit. Well, it is expensive so… Ouais tu paies d’une certaine façon déjà tous ces services. Tu es vraiment ravi de voir qu’elle profite à fond.

La fraîcheur de sa main mouillée sur ta jambe. Ca te fait sourire. “You’re not gonna join me ?” Tu fronces le nez. T’avais pas prévu de te baigner là non. Ni jamais pendant le séjour en fait. Ok y’a pas grand monde. Y’a juste une personne plus loin mais n’importe qui pourrait venir à n’importe quel moment puisque c’est public pour les clients de l’hôtel. Tu pourrais simplement garder un t-shirt sur toi comme tu le fais quand tu vas à la plage Jordan. Tu le sais. Mais tu n’as pas l’excuse du soleil sur ta peau cette fois ci et être ouvertement un weirdo qui se baigne en t-shirt, t’as juste l’impression que tout le monde peut lire sur ton visage que t’as un problème avec ton corps alors que c’est bien une chose que tu n’aimes pas avoir en tête. Tu sens doucement mais sûrement l’anxiété s’emparer de ta poitrine. « Je savais pas que tu avais peur de te noyer… » Tu vas doucement poser ta main sur son bras hors de l’eau. Celui là même dont la main est sur ta jambe. « Je te tiens bien. » Ta main qui se serre un peu plus sur elle. Tu as réellement envie d’en savoir plus sur sa phobie si jamais elle se sent l’envie d’en parler. Quoi que, dans l’eau directement c’est certainement pas la bonne idée. Mais là t’es juste en train de vouloir en savoir plus sur elle tout en éloignant d’elle son idée de venir te baigner à ses côtés.

Je m’attendais à ce que Jordan voit mon invitation comme une opportunité à venir se coller à moi mais visiblement, non, je me trompe. Je vois même son nez se plisser et je reconnais assez le signe pour le faire moi-même que c’est un froncement en bonne et dûe forme. Pourtant, ma moue suppliante aurait dû pouvoir le convaincre ; je ne m’avoue pas vaincue pour autant. N’ayant aucune idée des tourments qui commencent à cisailler mon partenaire, je ne vois que son hésitation précaire et sa décision fortuite de me laisser naviguer seule dans cette piscine qui n’est pas grande mais dont le cadre se suffit à lui-même pour s’en satisfaire pleinement. Je vais bien finir par réussir à l’influencer, n’est-ce pas ? Sinon, je vais devoir remettre tout mon charme en cause et je n’en ai vraiment pas envie.

« Je savais pas que tu avais peur de te noyer… » évidemment que Jordan ne le sait pas puisque nous n’avons jamais reparlé de cet épisode - il n’a rien demandé et je ne suis pas du genre à aborder ce genre de sujets de façon spontanée. « Je te tiens bien. » sa main sur mon bras me fait sourire. “Tu pourrais encore mieux me tenir si t’étais avec moi dedans.” les paupières battent une mesure rapide, le petit sourire de coin aux lippes alors que je sonde son regard pour le tenter de tous les moyens. Je pourrai abuser de ma tenue qui lui fera forcément sensation mais je reste tapis dans l’ombre de l’eau pour l’instant. “Ablutophobique.” le bout de mes doigts caresse distraitement sa peau. “C’est le terme pour les personnes qui ont la phobie de se noyer. Autant dire que gamine, les moments de se laver n’étaient pas une partie de détente.” je ressentirai presque les angoisses que j’avais quand la gamine que je fus voyait l’heure s’approcher où Aurora allait crier qu’il était temps. “Mais j’ai fini par suivre une thérapie et comme tu peux le voir, c’est comme si je n’avais rien.” je coupe notre contact pour jeter mon buste en arrière avec un sourire amusé, fière de lui montrer que je n’ai rien d’une flipette. “Tant que je maîtrise, tout va bien. C’est pour ça que… Qu’à la plage, j’ai réagi comme je l’ai fait. On m’a prise par surprise et je n’étais pas préparée.” je nage en arrière sans le perdre du regard avant de revenir près du bord. “Mais je dis pas non quand même pour que tu veilles à ce que je reste à flot.” je ne perds jamais rien pour attendre, certainement pas quand il s’agit de réitérer mes propos pour affirmer que je veux son attention, ses mains, et tout ce qu’il possède sur moi. Certains diront que je suis égoïste, d’autres que je suis simplement mordue et sûrement que les deux auraient raison. “Y a une partie jacuzzi juste là-bas, c’est hyper agréable, et l’eau est chauffée.” j’étale les arguments comme si ma vie en dépendait ; et c’est à peu près le cas, non ?

Le sourire sur ses lèvres alors que tu la tiens te donne l’impression que tu sers à quelque chose. “Tu pourrais encore mieux me tenir si t’étais avec moi dedans.” Hmm. Bien sûr qu’elle essaie de t’attirer contre elle pour son bien. Son bien qui est une de tes priorités mais là… C’est beaucoup demandé à ta personne. Est-ce que tu irais jusqu’à aller au delà de toi même pour elle ? Tu t’en sens capable Jordan ? “Ablutophobique.” Elle te sort de tes réflexions. Tes yeux qui se reposent sur les siens alors qu’elle tient ta jambe autant que toi son bras. “C’est le terme pour les personnes qui ont la phobie de se noyer. Autant dire que gamine, les moments de se laver n’étaient pas une partie de détente.” Oh fuck. Parce que tu n’imaginais pas que cette phobie irait jusqu’à prendre une douche. T’es en train de te dire qu’effectivement ça devait être un enfer. Tu te demandes comment elle a fait pour palier à ces moments là car tu as pris bien des douches et bains avec elle à présent. “Mais j’ai fini par suivre une thérapie et comme tu peux le voir, c’est comme si je n’avais rien.” Tu hoches la tête. Tu découvres qu’elle n’est pas inconnu aux thérapies. Qu’elle en a eu recours par le passé et ce fut un succès visiblement. T’es vraiment content pour elle. T’as l’impression qu’elle vient de surmonter ce problème là maintenant sous tes yeux alors que tu ignorais tout de ça y’a deux minutes. “Tant que je maîtrise, tout va bien. C’est pour ça que… Qu’à la plage, j’ai réagi comme je l’ai fait. On m’a prise par surprise et je n’étais pas préparée.” Tu hoches lentement la tête comprenant tout à fait cette notion de préparation. Tu es pareil avec les contacts physiques. Si tu as la maîtrise, ça va. Si c’est par surprise et en plus d’un total inconnu, c’est une toute autre histoire. Mieux tu connais les gens, mieux ça se passe. “Mais je dis pas non quand même pour que tu veilles à ce que je reste à flot.” Tu serres un peu plus ta main sur son bras comme pour lui redire - je te tiens. “Y a une partie jacuzzi juste là-bas, c’est hyper agréable, et l’eau est chauffée.” Elle continue son plaidoyer pour que tu la rejoignes.

Tu te grattes le menton de ta main libre. Encore en pleine interrogation interne car c’est vraiment pas facile pour toi et tu n’as pas l’impression que ce soit vitale que tu te baignes là maintenant… Est-ce qu’il y a vraiment besoin de te faire violence là maintenant ? Tu cherches même les mots pour lui expliquer ce problème chez toi mais tu ne les trouves même pas. Tu sais pas comment t’exprimer et le silence dont tu fais preuve devant elle montre bien qu’un truc ne va pas. « La baignoire dans la chambre fait pas jacuzzi aussi? » Car elle est immense et ça tomberait sous le sens. C’est Birdie qui a bien décortiqué les informations sur l’hôtel. Toi t’es en train de tout découvrir de tes propres yeux en direct. T’as pris une douche et il y avait l’air d’y avoir un peu trop de trucs dans la baignoire à côté. « Do you still have your therapist contact ? They seem better than mines. Maybe they can help me beat my body dysmorphia once and for all. » Tu dis ça sur le ton de la plaisanterie mais tu te sens plutôt triste d’un coup. Dire cette phrase à voix haute. Parler de ton problème vis à vis de ton corps si ouvertement pour la première fois avec elle. Pour la première fois tout court en dehors de ton psy. Ça appuie sur le fait que ce problème est bel et bien là même si tu vis bien malgré tout. Tu as des parades. Mais aucunes d’elles ne semblent s’appliquer assez bien pour la situation actuelle, ce qui te bloque plutôt pas mal. Peut être que tu devrais te faire violence Jordan. Tu seras content de l’avoir fait après. Tu seras fier d’avoir réussi. Ton regard qui se tourne vers les doubles portes pour accéder à la piscine. Comme si tu attendais de voir quelqu’un arriver. Ou quelqu’un partir ? T’as pas ton maillot sur toi mais ton short pourra faire l’affaire. Ton t-shirt aussi. Mais tu sais pas. Par contre tu sais esquiver le regard de ton oiseau même si ta main la tient toujours bien fermement. Elle ne se noiera pas.

Jordan ne répond pas tout de suite, j’ai même peur qu’il ne réponde rien et qu’un malaise soit en train de s’installer quand j’en comprenne la cause ou la raison. Est-ce que j’ai dit quelque chose qu’il ne fallait pas ? Je me fais sûrement des idées, gardant tout de même mon sourire vers son visage pour ne pas laisser le doute m’envahir. Ce n’est pas une grande révélation que je viens de lui faire, cela ne justifie pas vraiment le silence qu’il me fait. Je vois que mon compagnon a l’air de cogiter, se grattant même le menton. On ne peut pas plus cliché en guise de positions de réflexion. « La baignoire dans la chambre fait pas jacuzzi aussi? » okay, Jordan serait visiblement plus confortable dans une baignoire que dans une piscine. C’est un concept qui me dépasse peut-être un peu, la piscine étant toujours plus grande pour pouvoir y faire ce que l’on veut en toute liberté de mouvement. Cependant, j’hoche la tête à l'affirmative tout en tapotant sur sa peau de chacun de mes doigts. “Des remous et des lumières. Mais celui d’ici serait bien plus confortable, surtout pour toi.” Jordan est grand, c’est un fait non négligeable, je dis ça pour son bien, évidemment. J’ai l’avantage d’être à mon aise partout, je ne suis pas sûre que mon soudain vertueux compagnon puisse en dire autant.

C’est en tout cas la sensation que Jordan me donne, au-delà de sa taille. « Do you still have your therapist contact ? They seem better than mines. Maybe they can help me beat my body dysmorphia once and for all. » la plaisanterie transpire de ses mots et j’en pouffe légèrement en l’entendant mais… Est-ce que Jordan est sérieux, ou pas ? Comment je suis sensée prendre ça ? Je ne suis même pas sûre d’avoir compris ce qu’est le terme que Jordan a employé, mais je pense avoir capté l’idée générale. Je pense ? “Your body… dysmorphia ? I’m not sure if I understand what it means or even if you’re serious.” parce que le ton est léger et que je ressens des signaux différents que je ne comprends pas, je ne capte pas. “Je te forcerai pas si t’as pas envie.” ce n’est pas le genre de la maison, après tout. Je serai très mal placée pour forcer qui que ce soit à ma volonté. Les limites sont là et si Jordan ne souhaite pas m’accompagner et bien, tant pis. Il fera le tour de la piscine pour me suivre et il ne profitera pas (pour l’instant) de ce que je porte (qui est presque un appel à être enlevé) ((même dans un cinq étoiles, je n’ai pas peur)).

“Des remous et des lumières. Mais celui d’ici serait bien plus confortable, surtout pour toi.” Elle n’a pas tort du tout. Tu serais super à l’aise dans celle ci si elle était privée. Mais ce n’est pas le cas alors ça change absolument tout. Est-ce que tu vas prendre sur toi et la rejoindre ? Dunno. T’as besoin d’encore plus de réflexion, préparation. Et tu lui parles même carrément avec les mots à propos de ce qui bloque. “Your body… dysmorphia ? I’m not sure if I understand what it means or even if you’re serious.” Tes yeux qui reviennent sur elle alors que tu contemplais les doubles portes d’entrée de l’endroit. Toujours personne de nouveau à l’horizon. Tu vois bien la confusion dans son air et elle ne l’a pas non plus caché dans ses mots. “Je te forcerai pas si t’as pas envie.” T’es déjà en train de rassembler tes pensées pour lui expliquer un peu mieux la situation. Tu te mordilles la lèvre inférieure, appréciant qu’elle te dise cette dernière option même si tu savais déjà que tu l’avais.

« Yeah I’m serious… Anybody can come and I’m not confortable showing my body around anyone. » Tu fronces le nez. « They will probably don’t even notice me but… » Tu hausses une épaule. « I will notice. » Tu lui fais un petit sourire sans joie. Ta réflexion va même plus loin mais tu te dis qu’elle va comprendre avec ça. Tu as du mal à t’exprimer et tu as aussi l’impression que c’est stupide ce que tu dis et que si tu te justifies avec encore plus de mots ça va sonner encore plus absurde que ça ne l’est déjà dans les grandes lignes. Tu vas poser ta main libre sur la sienne, l’autre tienne qui est toujours sur son avant bras. Quand tu disais que tu la tenais, tu ne mentais pas. Tu ne la lâches pas. « It can sound irrational but I don’t know how to explain better I… I’ve put all these tattoos on my skin so I can look at things, art I like on something I don’t like, if that makes sens? It personally helps me in this way. » Tu ne veux pas dire par là que tout les gens qui sont couverts de tatouages l’ont fait pour les mêmes raisons que toi. Tu n’en as aucune idée. Mais ça c’est ta vérité à toi. Tu détestes ton corps et tu l’as dit de la manière douce. Tu as réellement vu des améliorations de ton moral vis à vis de ton corps à chaque nouveau dessin sur ta peau. Tu ne penses pas que ce soit une nouvelle pour Birdie. Elle t’a déjà vu être bien trop vêtu non ? Tu es en train de réaliser que tu n’as jamais été à la plage avec elle. Juste à la rivière à Elimbah et c’était totalement désert tu t’es laissé aller, car tu étais en confiance qu’il n’y avait pas un chat qui viendrait à votre rencontre. Quoi qu'il en soit Jordan, n'oublie pas qu'elle vient de te faire part d'une de ses phobies. Elle va comprendre. Bien sûr qu'elle va comprendre.

La femme qui était installée sur le fauteuil qui est en train de se lever. Tu la suis du regard alors qu’elle prend la direction des portes de sortie. Tu te mords la lèvre. Ce n’est plus que vous deux. Tu pourrais entrer dans l’eau aussi Jordan. Yeah. Tu pourrais.

J’attends, je patiente, j’ai les yeux inquisiteurs et interrogateurs à son encontre, remplie d’espérance que Jordan va me fournir une réponse à mon incompréhension. Je ne veux pas m’avancer sur quelque chose que je ne comprends pas ou que je n’appréhende pas comme il faut. Je ne suis pas une ignorante du monde, mais quand je ne connais pas, je préfère ne pas m’aventurer et me renseigner. Ce n’est pas pour rien que je regarde des documentaires que beaucoup jugent stupides ou j’écoute des podcasts inintéressants ou que je lis des revues de trucs et de bidules. Je m’informe, souvent de choses inutiles, mais je me tiens au courant parce que j'ai toujours soif d’apprendre des choses. Beaucoup diront que c’est un trait de famille et ils n’auraient pas tort. Quand bien même, je ne prétends pas avoir la science infuse et ce dont me parle Jordan est un inconnu total.

« Yeah I’m serious… Anybody can come and I’m not confortable showing my body around anyone. » je penche la tête sur le côté en l’observant toujours, mes doigts continuant à le caresser doucement, comme pour l’inciter à continuer. Ce n’est pas quelque chose que je peux comprendre, pour le coup, sachant que je passe les trois quart de mon existence à vouloir montrer ma peau d’une façon ou d’une autre. « They will probably don’t even notice me but… » but you’re beautiful, honey, une pensée qui m’attriste parce que mon cerveau capte la signification. « I will notice. » je ne remarque qu’à peine sa main qui glisse dans la mienne ni même ses doigts me tenant encore plus fermement. J’ai les prunelles coincées dans les siennes, les scrutant comme si je pouvais y déceler absolument tout ce que Jordan ne me dit pas, tout ce que j’ai encore à découvrir sur lui, sa façon de penser, de fonctionner, d’agir. J’en sais déjà beaucoup mais ce n’est sûrement pas encore assez ; la preuve, là, je ne pensais pas que mon partenaire puisse à ce point être touché de l’attention d’autrui sur lui. « It can sound irrational but I don’t know how to explain better I… I’ve put all these tattoos on my skin so I can look at things, art I like on something I don’t like, if that makes sens? It personally helps me in this way. » j’ai tellement, tellement, tellement envie de l’engloutir, l’embrasser, le cajoler, lui prouver par toutes les lettres de l’alphabet à quel point mon partenaire n’a pas à avoir honte de comment il est. Je pourrai aussi le disputer, l’enguirlander en lui disant que la nature nous embrasse d’une silhouette que nous devons apprécier parce que c’est ainsi que la nature nous a fait, et nous devons être reconnaissant.

Mais je ne suis pas sûre que ce discours trouve une oreille, et je suis encore moins certaine que cela l’aide. En soi, je ne peux pas l’aider ; parce que je ne suis pas une thérapeute et parce que ça vient de ses tréfonds à lui. Avec moi, il est plus assuré, plus libéré et, damn, il m’a fait l’amour au milieu du jardin et il s’est déshabillé au lac. Et à la maison à Elimbah. Il me fait confiance mais il n’a pas confiance envers le monde. Et encore moins envers lui-même, visiblement. “It makes sense.” j’ai compris son point de vue. Mais cela me rend triste. “I wish you could see you how I see you.” triste qu’il puisse avoir une piètre opinion de son enveloppe alors qu’il est terriblement beau et attrayant à mes yeux. L’amour rend peut-être aveugle mais j’ai été attirée assez longtemps avant que nous devenions ce que nous sommes maintenant pour savoir que je le trouve magnifique. Mais les peurs sont irrationnelles donc évidemment que même Jordan ne peut pas l’expliquer. Il y a des choses qui dépassent l’entendement et que nous subissons jour après jour.

Du coin de l’oeil, je vois la bonne femme qui se lève et je tourne la tête vers elle pour la voir partir. J’observe encore l’entrée/sortie même après son départ, pinçant mes lèvres entre elles avant de me retourner lentement vers Jordan. “What about now ?” chuchotais-je en libérant mes mains de son emprise pour les poser sur ses cuisses afin de prendre appui sur mes bras pour me redresser contre lui, sortant à moitié de l’eau. “It’s only me. Keep your attention on me.” même dans ma position, je n’arrive pas à atteindre son visage mais il peut au moins observer que j’ai écouté ses propositions d’aide par message, que Dua est une inspiration sans faille et qu’il garde son attention sur moi parce qu’y a que ça qui importe de toute façon. Lui et moi, il n’y a que cela qui compte, non ? “Kiss me.” que je finis par demander, toujours sur mes bras, mon souffle contre le sien et ma peau dégoulinante de perles d’eau. Kiss me, Jordan, forget the world.

Elle t’écoute de manière solennelle et ça te touche beaucoup qu’elle soit si attentive. Bien sûr qu’elle ne va pas louper un seul détail. C’est pas rien du tout ce que tu es en train de lui dire. C’est même une immense partie de toi. Elle est si douce à caresser tes mains, ça t’aide bien évidemment à aller plus loin dans tes explications. Essayant d’être le plus clair possible. “It makes sense.” C’est un petit sourire qui se forme sur tes lèvres. Pas très joyeux non plus celui là. “I wish you could see you how I see you.” Ooof. Et c’est naturellement que tu murmures ces mots là automatiquement.  « I’ll see I shine…I shine… » Parce que Rosa te disait la même chose. Te l’avait dit plusieurs fois. Tu as même mis ses mots dans une de tes chansons : Lost. If you could only see yourself in my eyes, you’ll see you shine you shine. Ca te fait quelque chose d’entendre Birdie utiliser cette même formulation. Ca te fait vraiment quelque chose. Ca te confirme qu’elle est faite pour toi. Ca te confirme aussi que Rosa ne peut qu’être contente si elle la voyait ta blond girl. Car elle reprend un joli flambeau. Elle n’est pas comme ta latina, mais elle a les mêmes meilleures intentions qu’elle.

“What about now ?” Elle n’a pas loupé non plus la dame qui est partie. Qui vous laisse l’endroit rien que pour vous deux. Elle se redresse après avoir retiré ses mains des tiennes, s’appuyant dessus. “It’s only me. Keep your attention on me.” Tu es vraiment trop touché de la voir prendre soin de toi comme ça. Alors tu portes ton attention sur elle et tu remarques ce maillot que tu n’avais jamais vu avant et qui est en tout point parfait. Hot. Un sourire un peu plus sincère se forme sur tes lèvres. Mais c’est pas encore trop ça non plus. Y’a une tension dans l’air un peu. Celle ci même qui annonce que tu n’as aucun contrôle sur qui entre et sort d’ici. “Kiss me.” Mais embrasser ton oiseau est une activité qui te permet toujours d’oublier absolument tout le monde autour. Tu vas pencher ton visage vers le sien pour l’embrasser comme elle l’a demandé, comme tu en as envie aussi. Tu vas poser ta main sur sa joue pour mettre un plus grand contact entre vous et puis, sans un mot tu défais tes lèvres des siennes…

Tu la décales un poil pour déplier tes jambes sans qu’elle soit appuyée dessus. Tu commences à défaire les lacets de tes chaussures pour les enlever.« Très beau maillot. » Tu commentes avec un sourire un peu plus large. Parce que t’es pas dupe. Parce qu’elle l’a fait elle. Inspiré des photos que tu lui as envoyé. Ça te touche qu’elle ait pris la peine même si une partie de toi se dit qu’elle l’a fait aussi pour elle. Il est beau ce maillot, c’est une certitude. Il est pour vous deux.

Tes chaussettes, tes chaussures, et ton téléphone sont posés à côté de toi. Tu te rapproches du bord sans pour autant te lever. Tes jambes en premier dans l’eau. Puis ton corps tout entier. Tu portes la totalité de ton attention sur Birdie. Car si tu ne penses pas aux gens qui vont peut être venir, ça va aller. Il y a carrément personne en ce moment même donc profite Jordan.

Et yeah tu profites. Tu vas passer ta tête sous l’eau avant de remonter à la surface devant ta partenaire, glissant tes bras autour d’elle aussitôt. Tu vas poser tes lèvres sur les siennes alors qu’une de tes mains s’est retrouvé toute seule sur ses fesses. Ton attention, ton amour, ton être entier qui est focalisé sur elle. I’m ok. Mais tu n’es pas sans peur pour autant. T’es prudent. I’m ok.

« I’ll see I shine…I shine… » le dire est une chose, y croire en est une autre. L’esprit humain est quelque chose d’étrange et de compliqué. J’aurai aimé faire des études à ce propos mais il a été établi très rapidement que les études n’étaient pas faites pour moi. Alors je n’ai qu’à établir ma propre éducation via les humains m’entourant, via leurs réactions, leurs secrets, leurs tourments qu’ils veuillent bien confier et me soumettre. Je ne me fie pas à moi car je ne comprends pas forcément tout, et il est toujours plus simple quand il s’agit des autres que de soi. Mais au moins, je considère comme une petite victoire quand je vois un sourire se faire le nid sur ses délicieuses lippes et qu’il se penche pour venir les plaquer contre les miennes. De ma position, il n’y a pas grand chose que je puisse faire à part caresser sa langue contre la sienne et accentuer la pression de mon côté - et commencer à me rendre que je n’ai rien d’une sportive parce que ma position commence à tirer sur mes pauvres bras qui n’ont rien demandé à personne.

Alors quand Jordan me pousse doucement, je relâche la pression de mes bras et je tombe directement dans l’eau dans un joyeux petit splash qui me fait légèrement rire avant de me raccrocher au rebord. Ce n’est pas très profond mais mes pieds continuent à patauger malgré tout alors que je l’observe défaire ses chaussures. « Très beau maillot. » je souris encore plus fort. “Et encore, tu l’as pas bien vu.” tout ce qu’il y a à retenir pour l’instant c’est que, contrairement à mon partenaire, je n’ai aucune onde de pudeur physique ni même de retenue. Alors que j’ai quelque chose qui ne me couvre qu’au strict minimum n’étonnera personne. En attendant, je me décale toujours plus sur le côté alors que Jordan décide au moins de laisser ses jambes barboter dans l’eau quand j’ai la surprise de voir qu’il plonge carrément dedans, vêtements sur le dos.

Mes dents mordent ma lèvre alors qu’il se redresse dégoulinant d’eau jusqu’à la racine des cheveux - j’ai beau l’avoir vu souvent comme ça, l’effet reste le même, j’ai un coup de chaud en plus de l’envie de me le faire. De le bouffer et de lui laisser l’opportunité de me toucher - non, le supplier de le faire serait plus adéquate. Mais là, je n’ai rien besoin de supplier parce que ses bras sont autour de moi autant que sa bouche sur la mienne et toute la beauté de l’eau fait que je peux enrouler mes jambes autour de sa taille sans aucun effort. Une main sur son dos, l’autre contre sa nuque, je reste sage, ne demandant pas plus que ce qu’il est en train de me donner en ce moment. “Je suis ton bouclier car je suis trop petite pour être ton armure, malheureusement.” que je souffle, amusée, profitant de l’interlude entre deux baisers. Parce que je m’accroche à lui férocement, recouvrant son tronc du mieux que je peux. Mon amoureux mérite que je lui prouve qu’il peut compter sur moi pour le protéger, à défaut de pouvoir l’aider autrement. “You slept well ? Comfortable enough ?” que je demande en me redressant légèrement contre lui, mes phalanges caressant ses mèches humides et mes lippes allant s’occuper de nettoyer joyeusement son beau visage des gouttes qui y perlent. Je me distrais pour ne pas devenir indécente, profitant simplement de son corps trempé contre moi qui me tient fermement ; je dois avouer que j’ai hâte d’être enfermée avec lui dans notre chambre pour pouvoir profiter de notre intimité après des heures de vol et de simples séances rapides dans les toilettes, même si cela fut absolument extasiant et décadant. “Je suppose que ton shirt n’est pas une édition limitée ultra rare que tu ne pourras pas retrouver si jamais il s'abîme dans l’eau, n’est-ce pas ?” je m’amuse, l’oeil pétillant de malice, n’ayant pas oublié ce détail que Jordan m’avait confié quand il était à Los Angeles - je me moque mais je suis pareille ; s’il y a une pièce à laquelle je tiens, je fais tout pour qu’il ne lui arrive rien. Comme avec les humains, en somme.

“Et encore, tu l’as pas bien vu.” Tu n’as vu que le haut, que de face. Elle est de nouveau dans l’eau et les formes sont toutes approximatives. Tu ne peux pas profiter de la beauté de son oeuvre de cette façon là, pour l’instant. Mais tu es tranquille car il est à elle ce maillot et il y en aura bien d’autres des occasions. La première quand elle sortira de l’eau. Mais en attendant, c’est toi qui la rejoint.

Comme tu as les yeux braqués sur elle à tous les instants, tu remarques sa surprise. Tu loupes rien du tout de comment elle te regarde comme si tu étais la meilleure fraise tagada de toute l’Europe. Tu la prends contre toi. Tu l’embrasses. Elle s’est accrochée tout à toi, ses jambes autour de ta taille, ses bras de ta nuque. Le Bird le koala est dans la place. One of my favourite. Vous êtes parfaitement imbriqués et confortable car même si elle ne pèse pas lourd hors de l’eau et que tu la portes de la sorte régulièrement, dans l’eau, elle pèse rien du tout. “Je suis ton bouclier car je suis trop petite pour être ton armure, malheureusement.” Tu souris en l’entendant avant de retourner l’embrasser plus intensément. Tu es touché de l’entendre dire qu’elle est là pour te protéger. I love you. « T’es mon oiseau koala. » Tu presses tes lèvres contre les siennes. « Une espèce totalement unique. Le seul oiseau qui se transforme en wombats aussi parfois. » Une nouvelle pause rapide pour un baiser supplémentaire. « Et en bouclier aussi… » Tu finis en murmurant plus bas. “You slept well ? Comfortable enough ?” Tu hoches la tête et tu ne vas pas lui avouer que ce lit est plus confortable que le tiens. Tu es dans le déni alors tu as déjà oublié ce détail maintenant que tu as bien mieux à faire, que tu n’es pas en train de te prélasser sur ce matelas qui est arrivé directement du paradis. Ton oiseau qui est en train de s’occuper de ton visage à outrance et tes mains qui la serrent toujours fermement contre toi.

Ce moment est vraiment plus qu’agréable et ça t’aide à véritablement oublier quiconque qui serait peut être entré. Il n’y a quelle et son soutient pour toi, ainsi que son amour qui comptent. “Je suppose que ton shirt n’est pas une édition limitée ultra rare que tu ne pourras pas retrouver si jamais il s'abîme dans l’eau, n’est-ce pas ?” Elle te fait rire avec sa remarque. Elle se souvient de ça. Tu ne sais pas quand tu le lui as dit mais ouais… Ça sonne comme toi. C’est clair. C’est pour ça que tu te marres qu’elle t’expose de la sorte. « Yeah you’re lucky. »  Peut être que tu avais senti que tu allais éventuellement finir dans l’eau avec elle. Ton subconscient qui fait bien les choses. « Mais l’eau de la piscine me fait moins peur que celui de la mer pour mes fringues. » T’es si chou à te justifier de ta maniaquerie sur certaines de tes fringues. « Now shut up and kiss me more. » Toi et es joues roses qui décident d’arrêter de continuer à creuser ton trou avec toutes ces explications supplémentaires alors qu’elle ne faisait que plaisanter. Elle t’a bien eu. C’est toi qui va poser tes lèvres sur les siennes sans attendre qu’elle le fasse, pour éviter qu’elle en rajoute une couche.

« T’es mon oiseau koala. » “J’aime bien quand t’es possessif”, je murmure lascivement contre lui avant qu’un baiser me soit volé, ce qui est une réalité plus que véridique. Et s’il le fait en étant trempé, les vêtements collants et les cheveux dégoulinant d’eau, qui suis-je pour résister ? Je vais vite songer à cette baignoire là-haut à tester, à ce rythme. « Une espèce totalement unique. Le seul oiseau qui se transforme en wombats aussi parfois. » et j’aime autant que Jordan m’attribue plein de capacité de transformation et cela, rien que pour ses jolies prunelles brillantes. Parce que le koala et le wombat, lui seul en est l’unique bénéficiaire à en profiter sur cette planète. Jordan en redemande et je suis incapable de me contenir, tout le monde est gagnant. Nouveau baiser et damn que j’aime bien quand il se montre entreprenant aussi. Je n’aime juste pas quand il se dévalorise, vraiment. « Et en bouclier aussi… » mes bras autour de lui se resserrent en même temps que mes cuisses. “Je prends tous mes rôles très au sérieux.” je ne suis pas actrice de cinéma mais actrice de ma propre existence ; et si je dois porter des casquettes pour procurer du bien être à mon partenaire, alors ainsi soit-il. Paraît même que c’est une clause non négociable quand une relation se crée. Exactement pour cette raison que je m’attelle à lécher et boire chaque perle d’eau de son visage - pour son bien-être. Et aussi le mien. Car ça va de plus en plus ensemble.

Je réussis même à lui arracher un rire et ça, ce n’est pas rien. J’aime faire rire mon monde, c’est une thérapie qui fonctionne toujours. Faire la conne est dans mes cordes - ce qui n’étonnera personne, évidemment. On peut me reprocher de parfois prendre trop au sérieux ou au contraire, trop à la légère certaines choses. Mais c’est une arme de défense comme une autre ; et si j’ai l’impression que l’atmosphère fut pesante il y a quelques minutes, elle se détend nettement au fur et à mesure que Jordan me gratifie de ses signes de détente - un sourire, un rire, les épaules qui s’affaissent, les froncements qui s’évacuent, son corps qui s’apaise contre moi. Plus de témérité dans ses gestes, aussi, ce que j’apprécie à outrance. « Yeah you’re lucky. » “Il paraît.” rien que l’Hôtel me fait sentir comme la fille la plus chanceuse du monde. « Mais l’eau de la piscine me fait moins peur que celle de la mer pour mes fringues. » c’est qu’il a une justification aussi pour ça ? Je pouffe de rire à quelques centimètres de son visage parce que vraiment, je ne m’y attendais pas à celle-là. J’allais pour lui pincer la joue et me moquer un peu plus de lui mais le fourbe me devance. « Now shut up and kiss me more. » si je me redresse pour reculer le buste, ça ne sert à rien car je ris de nouveau ; ce même rire qui meurt sous ses lippes qui m’embrassent de nouveau alors que je finis par passer mes bras pleinement autour de son cou, profitant de caresser ma poitrine contre son torse dans un soupir d’aise. “Being bossy and possessive I see. It does things to a girl.” que je chuchote. and here we go again, j’avais promis d’être sage, j’ai pas dit combien de temps. “Je suis sûre que t’entendre parler de la différence entre l’eau salée et l’eau javelisée pour le bien être des fringues me rendrait encore plus dingue.” oui, je suis aussi une idiote stupide moqueuse et joueuse, don’t blame me.