you left your heart in my chest

Daniel était émerveillé par la grandeur et la prestance des vaisseau. Il souriait en les voyant au loin. Il taquinait un peu Lucy, mais il avait raison. Elle admettait que ces bateaux étaient impressionnants mais elle préférait de loin les voiliers, les navires plus vieux, en bois et à mâts. Elle rit doucement, restant accroché à son bras alors qu'ils continuaient de marcher. Elle acquiesça d'un signe de tête pour répondre à sa question. "Oui, Papa m'a déjà emmenée sur le pont de l'un d'eux, une fois. Dès qu'il pouvait me montrer quelque chose, il m'emmenait avec lui. J'avoue que je devais insister sur ma demande parfois." Et son père, même s'il était strict, ne pouvait pas refuser grand chose à sa fille unique. Ce n'était pas comme si celle-ci était bien trop demandeuse, au contraire. Ils marchaient le long du port, tranquillement jusqu'à ce que Lucy le voit toucher à l'oreille qui n'entendait plus. "Non, ce n'est pas ton oreille, il y a effectivement quelque chose qui fait du bruit." La jeune femme regarda autour d'elle perplexe, puis vit le soldat lever les yeux au ciel, alors elle fit de même. Elle sentait la main de Dan se serrer un peu plus sur la sienne, le regard presque inquiet. Il n'était pas le seul militaire à avoir constater les avions en approche. Soudain, une bombe atterrit dans l'eau, non loin du port. Dan, d'un ton ferme, dit qu'il faut partir. La jeune femme comprenait et ne comprenait pas à la fois ce qu'il se passait, son coeur était pris dans une très grande angoisse. Sans poser de questions, le caporal tira sur son bras et ils se mirent à courire, elle le suivait aveuglément. L'alarme se mit à sonner dans tout Darwin, le son état fort, et tout devenait terrifiant. Le soldat avait suffisamment la tête sur les épaules pour savoir quoi faire. Lucy n'avait pas le temps de regarder, ou de se retourner, elle avait bien trop peur de tomber à terre. Ils finissent par entrer dans un bâtiment et Dan lui indique de se cacher sous une table. Il se colla à elle, se sorte à la protéger au maximum. Elle plaça ses deux mains devant son visage, comme il le lui avait conseillé. Mais les bruits étaient tellement assourdissants, ils lui faisaient tellement peur qu'elle finit par plaquer ses doigts contre ses oreilles. Elle tremblait comme une feuille et elle sanglotait. Elle entendait la voix de Dan malgré tout, la seule chose qui l'apaisait et qui l'empêchait de faire quelque chose qui la mettrait en danger. Elle fermait les yeux le plus fort qu'elle. Le temps était horriblement long, c'était insupportable. Elle priait pour que ses parents aillent bien, que tous ceux qu'elle aimait et qui lui étaient proches avaient pu se mettre à l'abri. Elle ne savait pas combien de temps s'était écoulé jusqu'à ce que le soldat l'invite à se redresse. Ce ne fut que là qu'elle constata que le bâtiment était quasiement en ruines, il n'y avait plus rien. Secouée, elle était incapable de parler, même lorsque Dan lui demandait si elle était blessée. Il la prit dans ses bras. Lucy tentait de remettre les pieds sur terre, de faire défiler dans sa tête tous les protocoles qu'on lui avait appris, tout ce que son père lui avait instruit. Et la première chose qui lui vint à l'esprit était d'aller prêter main forte à l'hôpital. Ca devait être horrible, là-bas, avec les grand brûlés, ceux qui avaient reçu des débris de métaux dans leur ventre ou qui leur avaient amputé un membre. Elle approuva par un hochement de tête et ils prirent sans attendre le chemin avec une petite foulée. Cela leur laissait l'occasion de voir l'étendue du désastre. D'épais nuages noirs émanaient du port. Tout le monde pleurait, hurlait, courait sans savoir où aller. Les jeunes mariés arrivèrent près de l'hôpital. Au loin, on voyait déjà des lignes de cadavres recouverts d'un draps. Les personnes véhiculaient entre, des civils transportant des blessés. Il y avait énormément de sang par terre. Le spectacle était à peine imaginable. Lucy reconnaissait bon de nombre de ses collègues vêtues de blancs, bien que leur tenue était déjà pleine de sang et de cambouis. Elle n'avait pas le temps de s'attrister de tout ce qu'elle voyait, elle devait y aller. Elle regarda Dan et l'embrassa longuement, se disant qu'elle n'aurait pas l'occasion de le faire avant de nombreuses heures. Lorsqu'il comptèrent s'approcher davantage, Lucy entendit ce même bourdonner qu'auparavant, et tout ce qu'elle vit tomber du ciel était une bombe tomber.

Lorsqu'elle ouvrit les yeux, tout était flou. Elle voyait le ciel qui s'était assombrit à cause de la fumée. Les sons n'étaient que de vagues échos, elle n'arrivait pas à bouger. La première chose qui lui vint à l'esprit était de savoir où était Dan. C'était on ne peut plus difficile de tourner la tête. Sa vision était encore bien trouble, mais elle devinait sa silhouette qui semblait être proche d'elle. Elle tendit alors son bras, mais impossible de toucher sa main. Lucy entendit alors des voix. Une paire de mains redressa sa tête. Elle devina alors le visage d'Emy, qui prenait doucement "... Est-ce que tu m'entends, Lucy ? Dis-moi quelque chose." dit-elle toute paniquée. "Scott, Scott, elle ouvre les yeux !" Emy caressait délicatement les cheveux de son amie. "Dan..." Emy déglutit difficilement la salive. Elle avait les larmes aux yeux. "Il est juste à côté, ma belle, il est juste à côté." Lucy sentait un peu les mains de son amie trembler. Emy criait à l'aide, elle hurlait. Jusqu'à ce qu'une infirmière qui connaissait Lucy s'approcha. Cette dernière ne remarqua pas sa présence. L'infirmière plaça ses mains devant sa bouche en voyant l'état de son amie. La petite blonde avait de nombreux éclats au niveau de son torse, et l'un d'eux avait sectionner l'une de ses artères fémorales. Elle baignait dans son propre sang. Et voyant cela, la professionnelle perdit ses moyens. Elle savait au fond d'elle-même que si sa collègue n'était pas rapidement prise en charge par un chirurgien, elle mourrait. Sauf que les chirurgiens venaient quasiment tous de périr. "Vous pouvez bien la sauver, non ?" hurla Emy, en larmes. "Je peux rien faire, je suis déso..." Et, tout aussi tourmentée, l'infirmière préférait aller s'occuper de quelqu'un d'autre que de voir ce triste spectacle. Lucy ne sentait rien. On ne savait pas trop ce qui anesthésiait sa douleur. "Sa main, je veux..." Emy vit son amie chercher les doigts de Dan avec les siens. Lucy grattait inlassablement le bitume à la quête de cette main. "Aide-moi à la bouger un peu." dit Emy à John. "Ce n'est pas une bonne idée." "Bon Dieu, bouge-toi. Laisse-la être avec lui pour la fin." "Je peux pas..." dit l'ami de Lucy. "Scott, aide-moi s'il te plaît." dit Emy d'un ton désespéré. Le plus délicatement possibles, ils parvinrent à déplacer le corps de la jeune femme de quelques centimètres, ce qui était amplement suffisant pour qu'elle puisse saisir sa main. Elle était peu plus froide que d'habitude. Mais Lucy se sentait mieux désormais. "J'ai si froid." dit-elle tout bas, les yeux perdus dans le ciel. Emy retira son gilet pour la recouvrir. "Voilà, ça ira mieux comme ça. C'est le gilet que tu aimais toujours me piquer, tu te souviens ?" dit Emy en s'efforçant de sourire. "Tu crois que je le reverrai... là-haut, ou... dans une autre vie ?" "Je suis certaine que oui. Vous êtes faits l'un pour l'autre, vous vous retrouverez. Je prierai pour que ça arrive." lui assura-t-elle. "Tu veux bien me promettre autre chose ?" "Tout ce que tu voudras, ma Lulu." Emy continuait de lui caresser doucement les cheveux. "Marie-toi avec lui. Vous serez heureux tous les deux. Tu le promets ? Et dis à Dan que je l'aime, je... je suis si fatiguée." Sa voix était de plus en plus faible. Au bord des larmes en voyant le visage de sa meilleure amie pâlir au possible, Emy se crispa afin de retenir ses pleurs, et accepta cette promesse d'un hochement de tête. C'était bientôt la fin. Le père de Lucy avait couru jusque là. Essoufflé, il espérait ne voir jamais ça de sa vie et restait longuement immobile en voyant le corps presque sans vie de sa fille. Il cachait toujours très bien ses émotions, mais c'était une épreuve impossible pour lui sur le coup. "Ils s'étaient mariés cette nuit." lui dit John, la gorge serrée, et les joues humides de larmes. Le gradé acquiesça d'un signe de tête. Parmi tout son malheur, il était heureux de savoir qu'ils aient pu s'unir devant Dieu avant le dernier jour de leur courte vite.

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