I believe in the lost possibilities you can see. And I believe that the darkness reminds us where light can be. I know that your heart is still beating, beating darling. I believe that you fell so you can land next to me. ‘Cause I have been where you are before. And I have felt the pain of losing who you are. And I have died so many times, but I am still alive
Lucy se réveilla en sursaut dès qu'elle sentit son beau soldat s'agiter d'un coup. Le peu de luminosité de l'extérieur permettait de distinguer les formes. Elle sentait son coeur s'affoler, espérant qu'il ne fasse qu'un mauvais rêve. Elle s'inquiéta plus sérieusement lorsqu'il se redressa sur le lit, agitant ses mains sur son bandage. La jeune femme alluma la lampe de chevet en s'asseyant également, et enfilant rapidement sa chemise de nuit. La lumière était encore agressive pour ses yeux clairs pendant quelques secondes. "Daniel..." dit-elle tout doucement. Mais il n'écoutait pas, peut-être qu'il n'avait pas entendu. "Ne touche pas à tes bandages, tu vas te faire encore plus mal." Son ton restait doux, bien qu'elle se sentait être totalement paniquée à l'intérieur. Mais il n'avait pas besoin de sentir sa belle apeurée, cela ne ferait qu'empirer les choses. Son visage était crispé par la douleurs et l'angoisse, ses yeux étaient vides, complètement perdu, comme s'il ne savait pas où il était. Et cela semblait être le cas. Il ne comprenait pas pourquoi il était là, ni où il était. "Daniel, tu es en sécurité, tu es chez moi, avec moi." tenta-t-elle de la rassurer. Il était couvert de sueur, sa respiration était totalement saccadé par la panique. "Je suis là, tout prêt de toi." Lucy ne savait pas pourquoi elle continuait de lui parler alors qu'il était sourd à tout ce qu'elle disait. "Tu es en sécurité..." Des larmes commençaient à border ses yeux, ayant le pressentiment que quoi qu'elle ferait, elle ne parviendrait pas à le sauver. Ce sentiment d'impuissance était partculièrement frustrant. "Ecoute-moi, je t'en supplie." dit-elle en s'approchant de lui et en prenant son visage entre ses deux mains, afin de capter son regard. Mais Dan la dégagea rapidement, voir même brutalement. Elle essaya à plusieurs reprises, mais c'était à chaque fois la même chose. Lucy ne savait pas quoi faire de plus. "Daniel, je t'en supplie, écoute-moi." dit-elle alors que des larmes coulaient le long de ses joues. C'était une chose de sortir des soldats qu'elle ne connaissait pas de cette illusion destructrice, c'était bien différent lorsqu'il s'agissait de l'homme qu'elle aimait. Elle tenta encore une fois de le toucher, mais le soldat la rejeta si brutalement qu'elle tomba du lit, se cognant la tête sur le rebord, lui faisant une toute petite plaie qui saignait légèrement au niveau du front. Démunie, elle ne savait plus quoi faire pour le sortir de ce cauchemar et le sentiment d'inutilité lui était peu supportable. Elle finit par sortir de la chambre pour aller chercher ses parents. "Père, Père..." Celui-ci, entendant la voix apeurée de sa fille, sauta immédiatement sur ses deux pieds. Sa mère mit un peu plus de temps à émerger. "C'est Daniel, il... Je n'arrive pas à le..." Les mots lui manquaient, mais Peter semblait comprendre ce qu'il se passait, surtout en voyant la petite blessure sur le front de Lucy. Il se dirigea immédiatement dans la chambre de la jeune femme, sa mère l'accompagna. Celle-ci semblait voir une image qu'elle ne connaissait que trop bien, elle savait parfaitement à quoi ils avaient à faire, et Peter aussi. Il s'approcha de Daniel, en saisissant plus fermement le visage du jeune homme. Il était bien plus musclé que sa fille, c'était bien moins compliqué de l'immobiliser. "On se réveille, mon garçon." dit-il d'une voix forte et ferme. Lucy tremblait, terriblement inquiète pour son amant. Peter capta son regard. "On se reprend, Daniel." Il avait effectivement du mal à s'en sortir. "Vous vous reprenez, soldat !" dit-il bien plus sèchement, faisant resurgir son autorité militaire. "Vous êtes à Perth, sain et sauf, et la guerre est finie pour vous. Tout est fini, vous êtes sain et sauf, avec celle que vous aimez." Lucy espérait qu'il s'en sorte, qu'il se réveille. "Alors reprenez-vous. Reprenez vous pour ma Lucy. C'est un ordre."
Des mains ferment saisissent mon visage. Mon corps en sueur se débat contre des démons invisibles, des flammes imaginaires, des balles dont le frôlement persiste sur ma peau. Derrière mes iris vitreux défilent des mois de combats, les images s’entrechoquent, tantôt à une vitesse folle, tantôt assez lentement pour que je puisse voir la manière dont les corps en fin de vie tombent, rebondissent puis gisent sur le sol. Les sensations sont plus palpables qu’elles ne l’étaient sur le moment même, parvenant à mes sens en différé. L’odeur de la pluie tiède qui nettoie le sang, la poudre, le brûlé. Le métal chaud, la terre plein les mains, les ongles, les bottes. Un poids m’écrase et m’empêche de respirer, je me sens suffoquer, cuire, mourir à petit feu. Complètement prisonnier de mon cauchemar, ou plutôt, de mes souvenirs, le tourbillon me fait paniquer. Impossible de rattraper mon souffle, ni d’avoir des pensées cohérentes. Le gradé attrape mon regard, mais je ne sais pas ce que je vois. J’entends ses mots, sa voix déterminée, mais ne comprend pas ce qu’il dit. Mes mains ont attrapé ses poignées pour qu’il me lâche –à moins que ce soit pour qu’il m’aide à remonter à la surface. Mes yeux asséchés se bordent finalement de larmes. Je ne me sens pas sain et sauf. Ca n’est pas vraiment fini. C’est dans ma tête, sur mes vêtements, ma peau, partout. Sans plus me battre, mon corps se relâche. Ma respiration sifflante n’est qu’un ensemble de petits gémissements de douleur pendant un instant. Les blessures font tellement mal, mon crâne est chaud. « Oui… Monsieur… » je chuchote, tremblant encore sous la terrible cadence des battements de mon cœur en panique. Je me sens tombé si bas. Si misérable. Un petit animal effrayé par l’orage. Le militaire me lâche petit à petit. « Lucy… » Mon regard fuit et se met à chercher la jeune femme dans la chambre encore sombre. Je la trouve auprès de la silhouette de sa mère, apeurée. Je lui fais signe d’approcher. Il n’y a plus rien à craindre, c’est passé. Mes forces m’ont quitté, je suis épuisé. Les cauchemars reviendront quand j’aurai plus de force pour les subir. La jeune femme revient sur le lit, et je l’attrape dans mes bras comme si nous ne nous étions pas retrouvés sur le port le matin dernier. Comme si je revenais d’une nouvelle guerre. Quand elle est assez proche de moi, je remarque la petite blessure sur son front. Je devine facilement qu’il n’y a qu’une personne qui a pu lui faire cela. Une larme roule sur ma joue alors que je la serre de toutes mes forces, souffrant de lui avoir fait mal bien plus que de la presser contre mes bandages. « Je suis désolé. Tellement désolé… » Le visage logé dans le cou l’un de l’autre, je caresse ses cheveux et agrippe sa chemise de nuit comme si le rêve pouvait me happer encore à tout moment. « Je suis là… » je murmure, autant pour elle que pour moi. Je suis près d’elle. Je suis sorti du cauchemar, et je suis de retour. « Je suis à la maison… » Là, avec celle que j’aime.
« … Bonjour. » J’ose à peine faire vibrer mes cordes vocales pour indiquer ma présence. Les épaules courbées, le regard bas, cerné, triturant mes doigts dans mon dos, je fais sûrement peine à voir, planté comme un idiot dans l’encadrement de la porte de la salle à manger. La table déborde de bonnes choses à manger pour un petit-déjeuner copieux. Les parents de Lucy sont levés tôt, l’habitude. La nuit a encore été raccourcie par le retour des cauchemars après le départ de la chambre de monsieur et madame Finnigan. Le sommeil agité, Lucy a réussi à me rendormir à une ou deux reprises à force de me parler doucement pour me rassurer. Ces moments-là étaient bien moins violents que le premier. Au final, nous avons à peine dormi. Alors, réveillé aux aurores, comme tous les jours, je me suis extirpé du lit en douceur pour rejoindre le rez-de-chaussée. « Lucy dort encore. » dis-je en daignant enfin lever le regard vers ses parents, mais continuant de me faire aussi petit que possible. Ils savent bien pourquoi elle a besoin de se reposer. C’est entièrement ma faute. Après un petit moment de silence semblant durer des heures, je rassemble un peu de courage pour dire ; « Pardonnez-moi pour cette nuit. » Finnigan fait signe que les excuses sont inutiles. « Je sais ce que c’est, mon garçon. Ne vous excusez pas. Je m’inquiéterais si vous dormiez comme un bébé après tout ça. » Je me contente d’hocher la tête, acquiesçant dans un silence religieux. Je me demande si mes camarades ont eu une nuit similaire à la mienne, s’ils auront les mêmes cernes sous les yeux, ou s’ils sont parvenus à trouver du repos. J’espère en trouver quelque uns à qui parler ce matin. « Je vais faire un tour en ville, est-ce que vous pourrez demander à Lucy de me rejoindre à la plage ? » J’aurais pu laisser un mot dans sa chambre, je n’y songe que maintenant. Tant pis. « Vous prendrez bien un petit déjeuner avant ? » demande sa mère en indiquant une chaise pour que je prenne place à table. « Je n’ai pas faim, merci madame. » Pourtant, je me sens vidé, j’aurais bien besoin de prendre des forces, et Dieu sait que manger le matin est important. Mais je ne me vois pas avaler quoi que ce soit. Pas pour le moment. Et personne ne semble vouloir m’y obliger. Je dispose après un salut courtois, et murmure un intelligible « A plus tard » avant de fermer la porte de la maison derrière moi.
Machinalement, je me dirige vers la base. Je me dis que les habitudes sont un bon moyen de s’ancrer dans la réalité, de se rassurer. Alors je me rends sur le terrain d’entraînement pour courir un peu. Je m’offre une heure d’entraînement et de sueur qui ont le don de me vider complètement l’esprit. Je prends une douche sur place, prends toujours grand soin à retirer la saleté sous mes ongles, et remets les vêtements donnés par Lucy. « Non, je n’ai pas dormi. » me confie un frère d’arme que j’ai croisé dans le couloir des dortoirs, les valises sous ses yeux témoignant du manque de sommeil –et même de la peur de le trouver. « De tous ceux qui sont logés ici, il y en a seulement deux ou trois qui ont dormi. Avec les autres, on s’est réunis dans le réfectoire, on a parlé un peu, joué aux cartes, pour pas qu’il y ait un silence de mort. » On se regarde, l’air de dire qu’il est évident que ce scénario se répétera sûrement ce soir, et souvent dans les prochains jours. Pour ne pas s’avouer que les cauchemars reviendront sûrement nous hanter quelques années. « J’ai blessé ma fiancée cette nuit alors qu’elle essayait de me calmer. » j’avoue à mon camarade, bras croisés, honteux. Il n’a pas besoin de le savoir, mais le dire me fait un peu de bien. Il ne me jugera pas. Tout n’a été que violence pendant des mois après tout. « Au moins, t’as une fiancée pour t’aider. » Là-dessus, il n’a pas tort. Cela me fait penser que je dois avoir pile le temps de retourner en ville pour lui acheter de quoi me faire pardonner. Alors je quitte mon ami, puis la base, et longe les rues de Darwin, les mains dans les poches, retrouvant petit à petit le sourire à force d’être au contact de cette vie qui continue et qui ne demande qu’à ce que j’en fasse partie.
Quand j’arrive à la plage, Lucy y est déjà. Il fait beau, le monde est de sortie, mais je repère immédiatement ma petite blonde même dans la foule. Elle s’est mise dans un coin un peu en retrait, ce qui n’a rien d’étonnant de sa part. Mais je me surprends toujours à penser que je la connais déjà par cœur. J’approche, un peu timidement. J’ai peur de voir la petite blessure sur son front, rougie ou bleuie. Je crains de deviner ans son regard qu’elle m’en veut atrocement, qu’elle avait tort de penser qu’elle pourrait vivre avec moi. Je me poste devant elle, le regard baissé. « J’ai quelque chose pour toi. Mais je comprendrais que tu n’en veuilles pas. » Anxieux, les mains moites et le cœur commençant à galoper, je sors de la poche de mon pantalon l’écrin cachant la bague que je lui ai achetée, une vraie bague de fiançailles. Modeste, elle ne comporte d’un petit diamant incrusté dans le métal argenté. Je ne pouvais pas prendre mieux. Pas si je voulais garder un peu de mes économies pour pouvoir bâtir notre maison. Si cela est toujours d’actualité. Je réalise que je n’ai jamais vraiment fait de demande en bonne et due forme à Lucy. Seulement dans ma lettre. Je ne sais pas si je dois mettre un genou dans le sable ou non, je n’arrive pas à réfléchir, ayant bien trop peur qu’elle refuse. Je suis déjà incapable de croiser son regard bleu, pensant à la possibilité d’y deviner du dégoût. Je dépose l’écrin dans ses mains. Mes doigts n’arrivent même pas à l’ouvrir tant l’angoisse aspire mes forces. On m’avait bien dit qu’une femme fait cet effet-là. « Est-ce que tu souhaites toujours devenir ma femme ? »
I believe in the lost possibilities you can see. And I believe that the darkness reminds us where light can be. I know that your heart is still beating, beating darling. I believe that you fell so you can land next to me. ‘Cause I have been where you are before. And I have felt the pain of losing who you are. And I have died so many times, but I am still alive
Lucy observait son père parvenir à maîtriser l'homme qu'elle aimait. Il savait à quoi il avait faire, il était passé par là. Ils en avaient déjà parlé plusieurs fois ensemble, en était peu fier, mais acceptait le fait que ce soit totalement inévitable. Cela ne surprit aucun de ses parents, que Daniel perde autant ses moyens tout juste après être revenu du front. Il finit par se calmer, et par comprendre où il se trouvait. Il tremblait comme une feuille, encore traumatisé de ces vision d'horreur qu'il venait d'endurer. Une fois que Peter avait réussi à recentrer son futur gendre, il s'éloigna de lui, le laissant reprendre ses esprits. Il finit par inviter la jeune femme auprès de lui. Elle n'échangea pas un seul regard à ses parents pour savoir si c'était une bonne idée ou non, elle s'installa auprès de lui sans se poser la question. Suite à quoi les parents Finnigan quittèrent la chambre et fermèrent la porte derrière eux. Daniel l'enlaça alors de toutes ses forces, comme si cela faisait une éternité qu'elle ne l'avait pas vu. Lucy apprécia son étreinte, et fit tout de même attention à ne pas poser ses mains sur son dos endoloris. "Il n'y a rien à pardonner, Daniel." lui assura-t-elle, tout bas. Elle lui caressa tendrement les cheveux, souriant en l'entendant dire qu'il était à la maison. "Oui, tu es bien à la maison, tu es avec moi." lui chuchota-t-elle tout bas.
Au réveil de la jeune femme, Daniel n'était plus là. Comme ses parents, il était habitué aux réveils matinaux, et comme eux, il ne perturberait pour rien au monde le sommeil paisible de la jeune femme. Elle se prit le temps d'émerger et de s'étirer, avant d'aller se laver et de descendre prendre le petit déjeuner. Sa mère ne put s'empêcher de jeter un oeil à la petit blessure au front de sa fille. "Ce n'est rien Maman, ça va vite guérir." lui assura-t-elle avec un sourire serein. "Tu manges un petit quelque chose, quand même ?" Elle acquiesça d'un signe de tête et s'installa à table. "Daniel n'a rien voulu avaler ce matin. Il va finir par être maigrichon." "Je n'avais pas non plus grand appétit quand j'étais à sa place, tu ne te souviens pas ?" Sa mère soupira. "Oui, tu as raison." dit-elle en servant sa fille en chocolat chaud. "Il nous demandé de te transmettre de le rejoindre à la plage." dit Peter, pendant qu'il lisait son journal. "Il s'en veut énormément, ma chérie." "Je ne lui en veux pas." "Pour avoir été à sa place, je peux t'assurer que tu auras besoin de le lui répéter plusieurs fois." lui conseilla-t-il. Lucy acquiesça d'un signe de tête tout en continuant de manger hâtivement. Elle fit une succincte mise en beauté, avant de se préparer pour sortir. "Fais bien attention à ce qu'il mange dans la journée, d'accord ?" s'inquiéta sa mère en réajustant quelques boucles de sa fille unique. "Je t'aime." "Je t'aime aussi, ma chérie." répondit-elle en voyant Lucy filer.
Lucy marcha le long des rues, croisant par là quelques visages familiers qu'elle connaissait bien. Mais c'était sans détour qu'elle se rendit à la plage. Le temps était des plus radieux, il y avait plus d'un soldat ou autochtone qui voulait profite de la plage par un si beau soleil. La jeune femme se trouva un coin où il n'y avait que très peau de monde, préférant s'isoler des cris et des jeux de balle environnant. Elle attendit un certain temps avant de voir Daniel s'approcher d'elle d'un pas hésitant. Elle ne put s'empêcher d'esquisser un faible sourire tellement elle était heureuse de le revoir, de savoir qu'il allait bien. Maladroitement, le soldat finit par sortir de sa poche un objet. Il finit par le déposa au creux des mains de la jeune femme, qui l'interrogea du regard. Du bout de ses doigts, elle ouvrit l'écrin en toute délicatesse. Elle crut que son coeur allait jaillir de sa poitrine lorsqu'elle vit la bague, sachant très bien de quel bijou il s'agissait. "Elle est magnifique..." dit-elle tout bas, profondément touchée. Elle retira alors la bague en bois, qu'elle enfila sur un de l'autre main. Tenant le bijou en métal dans sa main, elle prit celle de Daniel pour simuler le geste de le mettre à son annulaire. Puis elle lui sourit, plus que ravie. "Je veux toujours devenir ta femme." lui assura-t-elle. Lâchant l'écrin qui tomba dans le sable, elle se précipité sur son visage pour l'encadrer de ses doigts et l'embrasser longuement et amoureusement. "Je veux passer ma vie avec toi, fonder une famille avec toi. Et rien, absolument rien ne me détournera de ce rêve là. J'aimerais tellement qu'il devienne réalité." lui dit-elle tout bas en gardant son visage proche du sien. "Je t'aime, Daniel, de tout mon coeur." Lucy le prit ensuite dans ses bras, lâchant un petit un rire tant elle était heureuse et fière de porter une vraie bague de fiançailles. Dès qu'elle le pouvait, elle la regardait. "Que dirais-tu, que nous profitions un peu de ce beau temps pour marcher. Nous pourrions trouver de quoi manger quelque part, et aller au parc, à l'ombre d'un arbre. Il faut que tu manges un petit peu, ça ne fera que contribuer à la guérison de tes plaies." lui dit-elle, si enthousiaste de passer une nouvelle journée avec l'homme qu'elle aime.
Mon cœur bat si fort que j’ai peur que ce boucan ne m’empêche d’entendre la réponse de Lucy à ma question. Je prie de tout mon cœur pour qu’elle dise oui, qu’elle n’ait pas changé d’avis. La moindre de ses respirations m’angoisse, je ne sais jamais quand est-ce qu’elle s’apprête à dire quelque chose. Jusqu’à ce qu’elle murmure quelque chose que je ne pense comprendre qu’à moitié, à propos de la bague. Elle n’est peut-être pas à son goût, ou trop grande, trop petite ? Non, au sourire qu’elle affiche, l’anneau lui plaît. Elle retire l’ancienne bague en bois, provenant des alentours du front en Malaisie. Elle va sûrement la jeter, ce n’est qu’un bout d’arbre taillé en rond après tout, les jeune filles de la ville valent et veulent bien mieux que ça. Là non plus, elle se contente de la transférer d’une main à une autre, tenant visiblement à la garder malgré la pauvreté du matériau. J’ai incroyablement honte de la moiteur de ma main lorsque Lucy s’en empare et me fait glisser l’anneau autour de son doigt, laissant ainsi comprendre sa réponse. Mon regard pétillant se plante dans le sien alors que j’arrive enfin à sourire, de plus en plus largement. Je la réceptionne dans mes bras et prolonge volontiers son baiser, tant pis pour l’écrin. « Je suis tellement soulagé, j’étais persuadé que tu ne le voudrais plus. » Mais Lucy vient de me dire tout le contraire, et vu la lumière qui émane de son joli visage, non seulement elle a dit vrai, mais en plus, elle est réellement heureuse. « Je t’aime. » Je la serre dans mes bras aussi fort que je le peux, quitte à la soulever légèrement du sol. Son rire est contagieux. Sautillante comme une puce, la jeune femme me propose un petit programme sans prétention pour la journée, consistant surtout à passer du temps ensemble. « Je n’ai pas vraiment faim, tu sais… » dis-je tout bas, comme si c’était un petit secret honteux. Ne pas avoir d’appétit, pour un grand gaillard dans mon genre, c’est avouer que quelque chose ne va pas. Le silence de Lucy en dit long, son regard aussi. « Mais je suppose que je n’ai pas vraiment le choix. » Bingo. Si je ne veux pas finir avec un entonnoir dans la bouche pour avaler de la purée de force, je ferais mieux de m’y mettre de mon plein gré. « Bien, allons-y, belle demoiselle. » Je lui tends mon bras, et elle y passe le sien. Nous longeons un peu la plage puis retournons dans les rues de la ville, désertées par tout le monde qui préfère profiter de la mer –et nous, nous préférons profiter des endroits où les gens ne sont pas. Je laisse Lucy me guider jusqu’au parc qu’elle avait en tête. Il est encore tôt pour déjeuner, mais cela ne nous empêche pas de traîner dans la verdure en écoutant les oiseaux chanter la mélodie de notre petit bonheur. C’est un peu ça, lorsque l’on est amoureux. Les couleurs sont vives et tous les sons sont chantants. « Je me demande combien de temps ton père voudra nous faire attendre. » dis-je au bout d’un moment. Cela me travaille toujours beaucoup. Mais je ne dis pas cela très sérieusement ; nous attendrons le temps qu’il faut, ce n’est pas grave. « Je n’aime pas ce délai. » j’ajoute quand même en prenant une moue boudeuse. « Chaque jour qui passera sera une occasion pour toi de voir ce qui t’attend, et donc de fuir. » Je passe derrière Lucy et l’emprisonne dans mes bras, puis dépose un baiser dans son cou. « Et il est hors de question que je te laisse m’échapper. » je murmure à son oreille. J’arrête mes bêtises et reprend ma place –de manière à toujours pouvoir l’entendre. Nous continuons d’avancer, et plus loin dans le parc, à l’ombre d’un arbre, sur leur propre petit nuage, je devine deux silhouettes familières qui se bécotent gaiement. « Regarde ! » Je montre du doigt, relativement discrètement, Scott et Emy qui ont visiblement eu assez de la nuit pour se rapprocher, à la suite de nos aventures de la veille. Un petit rire m’échappe. « C’est bien ce que je pense, hein ? »
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Le bonheur de Lucy était indescriptible. D'avoir ce bijou à ce doigt, celui-ci craignait moins le feu. Mais les deux bagues avaient énormément de valeur à ses yeux. Pour le soldat, en plus de la joie, il partageait surtout son soulagement. Elle comprenait son attention, suite à l'accident de la nuit de passée. "Mais bien sûr que si. Je veux toujours me marier avec toi." lui assura-t-elle. Elle venait toujours de lui décrire la vie qu'elle s'imaginait avec lui, elle se sentait prête à le suivre partout. Pour elle, le traumatisme de la guerre, les brûlures de son dos, étaient des choses qui pouvaient être guéries, soulagées, apaisées. Elle se doutait bien que ce n'était pas facile. Elle s'y connaissait en plaie, elle en voyait tous les jours. Elle allait être d'autant plus attentive en pansant Daniel. Le bonheur de la jeune femme la rendait rieuse. Et Daniel se mettait aussi à sourire, bien qu'il avouait ne pas avoir d'appétit. "C'est ça, oui." lui répondit-elle d'un air exagérément fier, suivi d'un rire, qui ne la renait absolument pas crédible. Bras dessus, bras dessous, ils continuaient de se promener paisiblement tous les deux jusqu'à atteindre là où la petite blonde voulait l'emmener. Le parc était bien vert et fleuri, il y faisait bon vivre. Ils marchaient tous les deux paisiblement. Après tout, rien ne pressait. Daniel finit par reprendre la parole, se montrant ainsi assez impatient de voir Lucy porter son nom de famille. Cela semblait véritablement le tracasser. "Je pense qu'il voudra savoir que la guerre soit finie." lui dit-elle."Il ne voudrait pas que je me marie pendant une telle période." Mais le soldat semblait surtout inquiet à l'idée qu'elle puisse partir elle, à force de cauchemars et d'incidents comme la nuit précédente."Je suis prête, Daniel. Je ne voudrais pas que tu te soucies de ça. J'en vois tous les jours, tu sais. Ca me touche plus parce que c'est toi." Elle sourit avec tendresse et caressa sa joue. "Et puis je suis déjà presque ta femme, après tout. Nous somme fiancés, ce n'est pas rien." Elle lui montra fièrement sa nouvelle bague qui ornait son annulaire. Elle rit lorsqu'il l'encercla dans ses bras, comme pour faire qu'il n'allait pas la laisser partir. Joanne rit à coeur joie, arrêtant de s'agiter dès qu'il l'embrassa dans le cou. Ils reprirent tranquillement leur marche jusqu'à ce que le beau soldat fasse discrètement remarquer à sa belle un couple fraîchement formé. Et il s'agissait de deux personnes qu'il connaissait tous les deux. Joanne regardait Daniel d'un air rieur, et lui parla tout bas. "Je pense que c'est bien ce que tu penses." Elle lui vola un baiser. "A croire que Perth est un beau lieu de rencontre." C'était obligé, avec cette arrivée de beaux soldats dans la ville. C'était d'ailleurs ce que craignait un peu le père de Lucy, mais elle était tombée sur quelqu'un qui lui correspondait. "Viens, il ne faudrait pas déranger ce couple fraîchement formé." C'était aussi un peu le cas pour eux, c'était purement ironique, la manière dont Lucy le disait. Mais ils rebroussèrent chemin et quittèrent le parc avant même que l'autre couple ne les remarque. Il continuait alors de marcher tranquillement collés l'un à l'autre. Il n'y avait pas forcément beaucoup de conversation, mais il y avait le simple plaisir d'être ensemble. Ils mangèrent un petit plat à une brasserie de Perth où les plats étaient peu coûteux, mais généreux. D'où le nombre incroyable de soldats qui allaient y manger à chaque fois. Ils se fondaient dans la masse, et Lucy ne se gênait pas pour l'embrasser de nombreuses fois. Il faisait bien trop beau pour ne pas profiter de l'extérieur, et Lucy l'emmena à la plage pour le reste de l'après-midi. Entre ses jambes, elle pouvait ainsi s'adosser contre lui et se blottir dans ses bras. Il lui suffisait de tourner la tête pour l'embrasser sur la joue ou sur la bouche. Il ne fallait pas grand chose pour qu'elle se sente bien. Elle pouvait rester des heures ainsi. "Tu me montreras ton chez-toi, un jour ?" finit-elle par lui demander. "Ton ranch, tes chevaux, tu me les montreras ? Ta famille aussi..." Elle appréhendait un peu à cette idée, mais elle se disait que c'était un passage obligé pour tout le monde. "Tu crois que ta famille m'apprécierait ? Ou suis-je trop citadine pour eux ?" Après tout, elle ne connaissait pas trop la campagne, elle était on ne peut plus curieuse de savoir dans quel environnement lui avait grandi.
On se croirait déjà au printemps. Ces couples qui se forment et pullulent dans les parcs et les rues, main dans la main, yeux dans les yeux. Complètement sur leur nuage, ils ne remarquent rien de ce qui se passe autour d'eux, parce que ça n'a pas d'importance. Scott et Emy ne nous voient pas, ils sont passionnés par ce jeu naïf qui consiste à déterminer si l'autre aime le beurre en plaçant un pissenlit sous son menton, ce qui n'est qu'une bonne excuse pour se bécoter et se voler des baisers. De loin, c'est à la fois mignon et ridicule. Mais au moins je ne suis pas le seul amoureux ici, et je suis heureux si mon ami a trouvé quelqu'un avec qui profiter de la vie, qu'importe le temps que cela durera. Parfois les histoires courtes sont les plus belles, et la leur se terminera quand il voudra rentrer chez lui. La mienne continuera ici, avec Lucy. En riant, elle me tire par le bras pour quitter le parc et laisser les tourtereaux tranquilles. Nous trouverons bien un autre endroit où aller. Le parc semble être le coeur des batifolages. « Il faut dire que les jeunes femmes y sont particulièrement charmantes. » dis-je en me tournant, marchant en arrière pour faire face à Lucy. Je ne sais pas longtemps le malin ; mon dos percute une autre personne, je sursaute et tourne au rouge pivoine. « Oups. Pardon mademoiselle. » Elle me toise, son regard passe rapidement du mépris à l'intérêt, elle m'adresse un petit sourire, puis reprend sa discussion avec son amie. Je lui souris poliment en retour et reprend normalement ma marche. En chemin, je songe à ce qu'elle m'a dit plus tôt, que son père voudra attendre la fin de la guerre avant que nous soyons mariés. « Ton père n'a jamais entendu parler de la guerre de cent ans ? Ca peut durer longtemps ces trucs, et il est hors de question que j'attende cent ans. » Je dis volontairement ds stupidités, juste parce que cela me paraît drôle sur le moment. Et ça traduit bien mon impatience. Je peux attendre, mais pas trop. S'il le faut, ça sera fait dans son dos. Lorsque la jeune femme portera mon nom, mis devant le fait accompli, il ne pourra rien dire. Je suis Lucy à travers Darwin, déjeune sans vraiment avoir à me forcer, et garde toujours sa main logée dans la mienne lorsque nous vagabondons dans les rues. Nos pas nous font finalement retourner à la plage. La petite blonde s'installe dans mes bras, face à la mer. J'acquiesce d'un signe de tête, nous irons à Perth un jour et elle verra le ranch, elle rencontrera ma famille, qui sera aussi un peu sa famille désormais. « Ce qu'ils n'aiment pas des citadins c'est cet air qu'ils ont de se croire trop bien pour les travaux que nous faisons. Ils ne toucheront pas la terre à mains nues, parce que c'est sale, mais ils sont bien contents qu'on aille déterrer la nourriture pour eux. Et ça, c'est prétentieux. » Sans oublier que la suprématie dont ils se croient affublés les poussent à prendre des mesures qui creusent les écarts. Les villes deviennent des bulles coupées du reste de l'Austrlie. « Vivre dans un ranch t'apprend la modestie. » On fait face à tellement d'aléas. « Et avec l'âge, plus t'en baves, moins tu deviens tolérant face à les bêtise des gens de la ville. C'est pour ça que nos vieux sont aigris. » Mais pas méchants. Il ne faut juste pas pleurer devant eux pour une écharde ou des chaussures encrottées, parce que eux se sont cassé le dos et ont connu de sales hivers. « Tant que tu ne fais pas ta mijaurée, ils devraient t'apprécier. » Et je ne pense pas que ce soit vraiment le genre de Lucy. Je lui souris tendrement. « Par exemple, si je fais ça... » En l'embrassant par surprise, je la fais basculer sur le côté et l'allonge sur la plage. « Tu te retrouves avec plein de sable dans les cheveux. Est-ce que c'est dramatique ? » je demande malicieusement. « Les enfants, un peu de pudeur, ça n'est pas l'endroit pour ça. » objecte une femme plus âgée d'une dizaine d'années qui passe près de nous et nous observe avec une fervente désapprobation transpirante par tous les pores de sa peau. Elle s'adresse à Lucy et lui fait signe de se redresser. « Ma fille, regardez-vous, vous êtes pleine de sable. » Je ris dans ma barbe face à tant de ridicule, puis vole un baiser à ma belle avant de me redresser pour la laisser se rasseoir, histoire qu'elle ne soit pas mal vue par une hypothétique voisine. « Tu vois ce que je disais ? »
I believe in the lost possibilities you can see. And I believe that the darkness reminds us where light can be. I know that your heart is still beating, beating darling. I believe that you fell so you can land next to me. ‘Cause I have been where you are before. And I have felt the pain of losing who you are. And I have died so many times, but I am still alive
Voir Daniel si souriant et chameur ravissait sa dulcinée. Il oubliait ses brûlures au dos, il oubliait ses cauchemars et tout ce qu'il avait pu vivre sur le front. S'il ne portait pas d'uniforme, on aurait pu dire que c'était un garçon comme les autres, ne cherchant qu'à plaire à sa bien-aimée pour espérer pour l'emmener devant l'autel. Lucy pouffa de rire lorsqu'il percuta accidentellement une autre demoiselle dans la rue, il s'excusa platement. Elle était cependant moins sereine lorsque l'inconnue échangeait un sourire avec son fiancé, mais celui-ci l'oublia bien vite. "Quel charmeur." lui lança-t-elle d'un air amusé, avec un sourcil arqué. "C'est ce que vous êtes tous dits, en débarquant à Perth ? Qu'il y aurait plein de jeunes femmes charmantes à séduire ?" Ca leur passait certainement par la tête. Etre à Darwin était un peu exotique, on y parlait la même langue avec un accent sensiblement différent. Forcément, il y avait des moments où ça prenait des airs de vacances et de liberté. Ils continuaient à marcher paisiblement. Mais cette histoire de mariage le travaillait véritablement, et Daniel montrait de plus en plus de signes d'impatience. "Celle-ci ne durera pas cent ans." lui répondit-elle avec un sourire. "Quand les Américains ont débarqué en Normandie, ils pensaient pouvoir rentrés pour Noël. Mais mon père m'a dit que ce n'est plus que l'affaire de quelques mois. Il est assez confiant." Et lui aussi, espérait que cette guerre se termine vite. Bien qu'il était militaire, il n'aimait pas ces périodes de crise, ce sentiment d'insécurité qu'il avait pour sa famille. Il n'était pas serein, et priait tous les soirs pour avoir de bonnes nouvelles dès le lendemain. Après avoir déjeuné, ils retournèrent à la plage. Ils étaient loin d'être seuls, mais c'était agréable, et Lucy pensait qu'ils pouvaient très bien passer le reste de l'après-midi là, à regarder les vagues et à discuter de la pluie et du bon temps. Elle se demandait s'il comptait l'emmener un jour à Perth, la présenter à sa famille, lui montrer le ranch, et ses chevaux. "Je pense que nous avons des tracas différents des vôtres." dit-elle finalement. "Certes, dans la rue, comme ça, nous ne voyons que les plus précieux d'entre nous. Dans les beaux quartiers comme par ici aussi, ce ne sont que des personnes qui veulent montrer leur richesse malgré les temps durs. Il suffit de se plonger un peu plus dans les quartiers le plus modestes pour voir qu'il existe aussi des personnes qui ont les mains pleines de graisse et de cambouis après une longue journée passée à l'usine, ou dans un garage. Ce ne sont pas les mêmes saletés, mais ils n'ont pas peur de se laver les mains." Elle rit doucement. "Tu deviendras tout aussi aigri face à ta citadine de femme ?" lui demanda-t-elle, bien amusée par cette image. Daniel la bascula par terre, la tête dans le sable. Lucy rit de bon coeur. "Ca ne reste que du sable, ça s'enlève." lui répondit-elle. "Petite, je passais mes journées à la plage, je me fichais bien du sable qui me recouvrait." Bien que ce n'était pas une sensation particulièrement agréable. Elle redressa légèrement sa tête pour l'embrasser une nouvelle fois. Une femme plus âgée ne tardait pas à les reprendre, offusquée de voir un tel spectacle. "Ca n'est que du sable, Madame." lui répondit-elle poliment. "Quand bien même, redressez-vous et comportez comme une véritable jeune femme !" dit-elle vivement. Lucy n'en rajouta pas un mot, effarée que l'inconnue se permette de lui donner des leçons. Des mots qui ne l'atteignaient, ce qui vexa l'inconnue, qui continuait sa marche plutôt que d'en faire des tonnes. "Je pense surtout que celle-ci était très jalouse." répondit-elle à Daniel en riant. "Je suis certaine qu'elle rêverait qu'un bel homme comme toi la fasse tomber à la renverse dans le sable pour un baiser langoureux." dit-elle au bord de ses lèvres. "D'ailleurs, je n'ai pas eu droit à ce baiser langoureux, moi, nous avions été interrompu." Il fit un large sourire et regarda ses lèvres avant de les embrasser longuement et tendrement. Ils profitèrent du temps passé ensemble le reste de l'après-midi, à discuter ou simplement à se blottir contre l'un l'autre. Jusqu'à ce que le ciel commence à changer de couleurs et qu'il ne faille rentrer pour éviter que les parents de Lucy ne s'inquiètent. Arrivée à la maison, elle montrait fièrement sa bague de fiançailles à ses parents. Sa mère était sous le charme du bijou, ses yeux pétillaient en le voyant. "Je ne t'ai pas prévenu, les voisins vont venir dîner avec nous ce soir. Freddy a pu récupérer une merveilleuse pièce de viande de chez le boucher, nous étions bien peu trop nombreux pour la manger, même à quatre. Ils viennent avec leur nièce aussi. Ses parents travaillent dans l'armée et n'ont que trop peu de temps à lui consacrer, la pauvre." Lucy expliqua que ces voisins étaient des amis de longue date, particulièrement sympathiques, qui aimaient beaucoup rire autour d'une quelconque boisson alcoolisée. La famille arriva une dizaine de minutes plus tard, ayant ramené des garnitures et autres mêts pour un repas des plus copieux. La petite fillette en question, avait les cheveux châtains, et des yeux certainement tout aussi bleus que ceux de la jeune infirmière. Elle avait six ou sept ans. "Molly, laisse-moi te présenter Daniel." La fillette, émerveillée, se présenta poliment. Bavarde, elle disait que même si elle adorait les plages de Darwin, celles de Perth lui manquait beaucoup. Malgré son jeune âge, elle semblait déjà bien déterminée à passer le reste de sa vie près de l'océan. La maison sur le moment, ne manquait pas de vie. "Si tu préfères te reposer, tu peux toujours monter dans ma chambre, je t'apporterai une assiette si tu veux. Mais ce sont des gens vraiment gentils qui n'aiment pas trop parler de ce qu'il se passe en ce moment. Je pense que ça te ferait du bien, de parler un peu d'autre chose que ça. Et Molly serait ravie de lui dire où tu habites, peut-être qu'elle sait où c'est. Je pense que tu lui as tapé dans l'oeil." dit-elle en riant.
« Je pense que la perspective d'avoir un vrai matelas nous réjouissait encore plus que celle d'emballer de belles filles. » j'avoue à Lucy avec un rire. La possibilité de pallier à des mois de solitude n'a été accueillie qu'après une bonne journée de repos, lorsque nous nous sommes rendus au pub pour fêter le nouvel an. Ca, et le droit de consommer de l'alcool autant que nous le voulions, d'entendre de la vraie musique, de danser et rire de bon coeur. Refaire partie de la vraie vie en somme. Parfois c'est à base de petits riens qui donnent le sourire. En ce moment, je ne demande vraiment rien de plus qu'être main dans la main avec ma belle et marcher librement, sans avoir peur, sans être aux aguets, et sans penser au moment où il faudra repartir, car ce jour n'existe plus pour moi. Je serai toujours un soldat, c'est une chose qui fera à jamais partie de moi et qui me définira, mais ça ne sera plus qu'un titre qui rappellera tous les sacrifices faits pour obtenir le droit d'avoir une vie normale. J'ai hâte de bâtir ma propre maison et mon propre ranch avec Lucy, avoir des chevaux à nouveau. Juste à la sortie de la ville, comme nous l'avions dit, pour qu'elle en soit assez proche, et moi assez éloigné. Sur la plage, la jeune femme n'hésite pas à me rappeler qu'il existe des gens qui se salissent les mains d'une autre manière que nous en ville. Elle a un point. « Je te l'accorde. » Peut-être qu'il faudra que j'en fasse un peu partir pour avoir ma place parmi les citadins. « Peut-être, et toi tu seras pédante face à ton paysan de mari. » je réponds avec un rire. Et nous nous adorerons tout en nous détestant parfois, comme d'autres couples âgés. Pourvoir sa réaction, je renverse Lucy dans le sable. Les grains dans ses cheveux et sur sa robe ne la dérangent pas, ils ne l'ont jamais dérangée. « Une vraie sauvageonne. » je murmure avant qu'une femme nous interrompe. La bienséance semble incroyablement tenir à coeur à cette bonne chrétienne. Pour Lucy, c'est plutôt de la jalousie. Je lui souris, complice. Sûrement, oui, et du coup, elle a empêché un baiser fort amoureux. « Permets-moi de réparer cela. » J'approche et capture ses lèvres un long moment, une main caressant sa joue porcelaine. Le temps semble passer à toute allure, l'après-midi passe bien vite, et nous sommes obligés de rentrer chez Lucy avant qu'il ne fasse sombre. Le temps de marcher de la plage à la maison, le ciel s'est déjà bien assombri. A peine arrivés, la jeune femme exhibe son tout nouveau bijou. « C'est une bien belle bague ! » s'exclame son père qui m'assène une tape amicale dans le dos. Un petit cri de douleur m'échappe complètement, vite étouffé par une main plaquée sur ma bouche. Le général ne sait plus où se mettre, ayant momentanément oublié l'état de mon dos. « Oh mince ! Pardon ! » J'inspire et lui assure que ce n'est pas grave, mais il s'excuse encore un long moment. Non, vraiment, ce n'est pas utile, plus d'une personne feront l'erreur, je dois me faire à l'idée que les prochains mois ne seront pas sans douleurs accidentelles de ce genre, on en fera pas tout un foin à chaque fois. Pendant ce temps, la mère explique que des voisins viendront dîner, et ceux-ci ne tardent pas à débarquer. Après avoir salué les adultes, je m'accroupis devant la petite fille. « Bonsoir Molly. Appelle-moi Dan, d'accord ? » Elle acquiesce d'un signe de tête, néanmoins, sa timidité ne durera pas je le sens. Pendant qu'un tas de banalités sont échangées, Lucy s'approche de moi pour m'assurer que si je ne souhaite pas être présent, j'en ai le droit. Ca serait incroyablement impoli me dis-je. « Je les aime plus blondes. » je rétorque au sujet de Molly avec un clin d'oeil. « Je vais rester. Ca peut me faire du bien, oui… » Voir d'autres gens, parler d'autre chose… « Même si je ne sais vraiment pas de quoi je vais pouvoir parler, ma vie tourne autour de l'armée, même le ranch, c'est… » inintéressant pour des personnes comme eux, je suppose. Je sais ferrer un cheval, pas parler des progrès de l'automobile. Et je réalise qu'en dehors de ça, il y a un tas de choses que je ne sais pas. Quels tubes, quels films, quels livres sont sortis et ont été aimés de tous. Ma dernière permission remonte à longtemps. « Je ne suis pas au courant de ce qui se passe au pays, les infos, tout ça. J'ai l'impression d'avoir des années de retard. » Je vais sûrement être obligé de me terrer dans un coin et les seuls avec qui je pourrai converser un peu seront Lucy, que je n'oserai pas déranger si elle s'amuse, et une petite fille de sept ans. Même si les convives comprendront pourquoi je ne suis pas à la page, ça ne m'empêchera pas de me sentir comme un demeuré. Je soupire. Je peux bien faire cet effort là. Dans le pire des cas, je prétexterai d'être fatigué pour m'esquiver. Là aussi, personne n'osera dire quoi que ce soit. En parlant de ça ; « En revanche, mon dos fait mal, tu peux y faire quelque chose ? » Rien à voir avec la tape de son père, cela fait un petit moment que les bandages me démangent, peut-être que quelques grains de sable s'y sont glissés, je n'en sais rien, mais c'est désagréable. Et je ne veux pas paraître douillet, mais cela pourrait me rendre bougon alors que les invités sont là.
I believe in the lost possibilities you can see. And I believe that the darkness reminds us where light can be. I know that your heart is still beating, beating darling. I believe that you fell so you can land next to me. ‘Cause I have been where you are before. And I have felt the pain of losing who you are. And I have died so many times, but I am still alive
Même le père de Lucy semblait particulièrement aimer cette bague de fiançailles. Il s'enthousiasma bien trop, oubliant totalement les brûlures sur le dos de son futur gendre. Celui-ci retint un cri de douleur, le père de famille fut particulièrement confus d'avoir oublié ce détail. Il y allait avoir des invités pour le dîner, et ils ne tardèrent pas à arriver. Parmi eux, une fillette que Lucy présenta au soldat. La petite Molly paraissait bien timide, mais il ne fallait qu'une poignée de minutes pour qu'elle se sente à l'aise. "Mon oncle voulait me faire un bon dîner, je retourne à Perth demain à la première heure. Mais je n'aime pas vraiment me lever tôt, ça va être dur." s'exclama Molly un peu plus tard, après avoir raconté quelques uns de ces récits d'enfants. Lucy était ravie de savoir que son beau soldat comptait rester pour le dîner. "Ca ne t'empêchera pas de parler de ce que tu fais là-bas, de tes propres centres d'intérêt. Ils ne leur suffisent pas de grand-chose pour parler, tu verras. Ce sont vraiment des gens bien." lui assura-t-elle en lui caressant la joue. "Ils font partie de ces personnes qui ont le don de nous faire oublier la guerre. Et si tu n'es pas à jour sur tout, ils te le raconteront. Ils savent ce que c'est, ils hébergent parfois des blessés de guerre lorsque l'hôpital est trop plein. Ca leur fait plaisir de donner des nouvelles plus joyeuses." Non pas qu'ils étaient insouciants, au contraire. Ils étaient parfaitement conscients des faits, mais ils ne voulaient que parler de choses qui faisaient remonter le moral. Plus tard, Daniel lui demanda discrètement de faire quelque chose avec ses brûlures, ça commençait à devenir douloureux. Elle acquiesça d'un signe de tête et, avant de monter, prévint ses parents discrètement. Il fallait être minutieux, avec ce genre de pansements, cela pouvait prendre un petit peu de temps. "Installe-toi sur le lit, j'arrive." lui dit-elle avant d'aller à la salle de bains et récupérer tout le nécessaire. Elle l'aida à le déshabiller, puis défit son bandage souillé avec beaucoup d'attention. Les brûlures prenaient des mois à cicatriser. Les pansements devaient être refaits régulièrement, mais c'était quelque chose que Lucy aimait faire, ça ne lui posait aucun problème de faire ceci quotidiennement. "J'ai pris de l'eau un peu plus fraîche que d'habitude, je me suis que ça pourrait te faire un peu de bien." lui expliqua-t-elle en trempant un chiffon doux dans une bassine d'eau. Elle était tiède pour les mains de Lucy, mais il ne fallait pas que ça soit trop froid, la différence de température pourrait être on ne peut plus désagréablement sur une peau lésée particulièrement sensible. Elle nettoya avec douceur son dos, en le tamponnant avec délicatesse. "La douleur s'amoindrit-elle tout de même, ou c'est pareil que les tout premiers jours des pansements ?" finit-elle par lui demander, curieuse. Après s'être occupé de ses plaies, la petite blonde mit un nouveau bandage autour de son torse. Une fois terminé, Daniel se releva et elle l'aida à l'habiller en lui enfilant sa chemise et en la boutonnant. Elle lui échangeait quelques regards amoureux, quelques sourires. "Et voilà. Beau comme tout." dit-elle en réajustant son col. "Ca va mieux, comme ça ?" Lucy prit le visage du soldat entre ses deux mains pour l'embrasser longuement. Après l'effort, le réconfort, en quelque sorte. Elle le prit ensuite par la main et le reconduit au rez-de-chaussée, où tout le monde était installé dans le salon pour un apéritif. "Nous vous attendions pour trinquer !" s'exclama joyeusement le voisin. "Vous n'auriez pas du." répondit Lucy en souriant. Ils s'installèrent tous les deux sur le canapé, Lucy à côté de l'oncle de Molly. "Il me semble que des félicitations sont de rigueur. Et si nous trinquions à nos deux futurs mariés ?" dit-il en levant son verre. "Excellente idée." répondit la mère de Lucy. Il y eut un "A Daniel et Lucy" général avant que l'on ne boive une gorgée de la boisson. Les discussions allaient bon train, et Lucy parlaient sur avec Daniel. "Tu connais Two Rocks ?" demanda Molly au soldat, arrivant de nulle part. "C'est là où j'habite, juste à côté de Perth. Maman a horreur de la ville, alors Papa a l'écouté, et on s'est trouvé une belle maison là-bas."
Soulagé de ne pas avoir à souffrir toute la soirée, je suis Lucy jusqu'à l'étage et m'installe sur le lit comme elle me le demande. Je ne sais pas si c'est l'idée de passer la soirée avec des personnes que je ne connais pas à parler de sujets que je ne maîtrise pas qui me rend nerveux, ou la perspective d'avoir mal lorsque la jeune femme soignera les brûlures. Ce n'est jamais une partie de plaisir, et faisant jouer ma fierté, je serre toujours les dents et lâche bien peu de complaintes, les doigts serrés atour de la couverture. L'eau fraîche fait du bien néanmoins, c'est vrai. « Ca n'a pas beaucoup changé. Mais tes pansements sont plus confortables que ceux de l'armée. » Alors c'est plus supportable. Les plaies nettoyées, elle m'affuble d'un bandage propre et s'applique à remettre ma chemise. Je la laisse faire en l'observant amoureusement. « Bien mieux merci. Qu'est-ce que je ferais sans toi ? » Est-ce que c'est un hasard si je suis tombé sous le charme d'une infirmière avant de revenir du front avec pareilles blessures ? Pas vraiment, non. Je réponds tendrement à son baiser. Avant d'être tenté de lui proposer de passer la soirée uniquement tous les deux, ici, nous quittons la chambre et retournons auprès des invités qui nous avaient préparé des verres. Nous trinquons. Comme une fleur, Molly s'impose dans la conversation. Elle est sûrement ennuyée par les dialogues de grands. « Je connais bien oui, j'ai quelques amis à Two Rocks. » Des connaissances plutôt, mais quoi qu'il en soit, le nom du village m'est familier. « Je viens d'à côté de Perth moi aussi. Tu connais Hopeland ? » Pas vraiment un village, plutôt une sorte de grand territoire avec des ranchs espacés les uns les autres de plusieurs kilomètres. Il y fait chaud, et la végétation est plus dorée que verte. « J'y vais en vacances parfois. C'est là où il y a plein de chevaux. » « C'est ça. Ma famille vit là-bas, dans un ranch. Il y a mes grands-parents, mes parents, mes frères, ma sœur et mon neveu. On élève des chevaux, et on fait pousser de bonnes choses. » Parce que plus personne ne vit que des chevaux. Les bras appuyés sur mes jambes, je me suis penché vers la petite pour être un peu lus à sa hauteur lorsque je lui parle. « Et toi aussi tu vas rentrer chez toi ? » « Je suis déjà chez moi. » je réponds avec un sourire. « Je vais rester ici pour construire ma propre maison. » « Avec Lucy ? » J'acquiesce d'un signe de tête. La second suivante, je ne vois plus rien d'autre qu'un éclair blanc qui me fait sursauter. Le flash d'un appareil photo qui vient de mettre fin à la discrétion de son propriétaire, le voisin. « Vous m'avez fait peur ! » dis-je en riant. « Pardon, vous étiez bien mignons tous les deux. Je peux en faire une de vous avec Lucy ? » J'adresse un regard à la jeune femme pour voir si elle est d'accord ; elle s'approche et s'installe à côté de moi. Je passe un bras autour de ses épaules et elle autour de ma taille. Je regarde l'objectif un instant, puis, distrait, finis par regarder Lucy quand le flash s'enclenche. J'espère que nous pourrons voir les photos une fois développées. Je lui dépose un petit baiser sur la joue puis la libère pour que nous allions à table. Molly, très intéressée, s'assoit bien entendu à côté de moi. Comme à mon habitude, je ne suis pas le lus bavard qui soit. Discret, j'écoute, j'acquiesce, je souris un peu, j'interviens rarement, le plus fréquemment lorsque l'on me demande mon avis -et celui-ci est souvent court et concis. Je mange sagement, avec appétit, mes assiettes entières, ce qui semble satisfaire la mère de Lucy. Plus tard, après le dessert, elle se lève pour aller mettre un peu de musique. Immédiatement, Molly tire sur la manche de ma chemise et m'ordonne de danser avec elle. Sans trop d'embarras, assez content de quitter la table, je la suis jusqu'à un espace dégagé. C'est une petite fille malicieuse et pleine de vie qui ne se lasse que je la fasse tourner sur elle-même. Les regards, les rires et les encouragements nous sont adressés depuis la table. La voisine se penche à l'oreille de Lucy ; « Tu lui a jeté un puissant sort, dis donc. Comment il te regarde... »
I believe in the lost possibilities you can see. And I believe that the darkness reminds us where light can be. I know that your heart is still beating, beating darling. I believe that you fell so you can land next to me. ‘Cause I have been where you are before. And I have felt the pain of losing who you are. And I have died so many times, but I am still alive
Pour le moment, Daniel ne sentait pas beaucoup de différence par rapport aux plaies. Selon lui, c'était toujours pareil, il avait avouait que les pansements n'étaient pas aussi minutieusement faits qu'à l'armée. Cela faisait sourire la petite infirmière. Pendant qu'elle finissait de le rhabiller, il la regardait d'un air amoureux, comme s'il était l'homme le plus chanceux du monde. Il était toujours reconnaissant pour ce qu'elle faisait. Lucy aurait bien voulu que tout ceci guérisse plus vite, il ne devrait pas vivre une telle douleur. Ils rejoignirent tout le monde au rez-de-chaussée, prêts à trinquer pour leur amour. Les conversations allaient bon train, et Molly semblait être sous le charme du soldat, parce qu'elle n'arrêtait pas de lui parler, une véritable pipelette. Elle parlait sans la moindre gêne, et Daniel se plaisait apparemment à répondre. De temps en temps, Lucy était interpellée par un de ces voisins pour répondre à des questions, ou prendre des nouvelles de l'un de ses amis. Lorsqu'elle revint à la conversation, Molly et Daniel parlaient de lieux qu'ils semblaient tous les deux connaître. Le soldat sursauta soudainement lorsqu'il y eut un flash dans la pièce de séjour. On venait de prendre le couple en photo, le voisin ne pouvant patienter davantage pour saisir le moment. Il demanda une nouvelle fois leur attention, afin qu'ils puissent cette fois-ci poser pour la photo. Après un regard complice, Lucy et Daniel se collèrent à l'un l'autre pour offrir un sourire à l'objectif. Il était l'heure de passer à table, et la fillette ne manqua pas de s'imposer pour se mettre à côté de Daniel. "Laisse-lui tout de même le temps de souffler un peu, Molly, d'accord ?" rappela sa tante. A la fin du repas, la petite fille fut pleine d'entrain pour aller danser, n'hésitant pas une seule seconde à piquer le fiancé de Lucy pour qu'il vienne avec elle. Cela fit beaucoup rire la jeune femme, qui n'avait pas encore tout à fait terminé son plat. La voisine profita de l'occasion pour dire à la petite blonde combien son fiancé était tombé sous son charme. "Je ne lui ai rien jeté du tout." répondit-elle tout bas. "Tu plaisantes, j'espère ? Il est fou amoureux de toi, il n'y a pas tous les hommes qui regardent leur dulcinée de cette façon." "Je n'ai rien fait pour." "Et c'est encore plus rare que les jeunes femmes de ton âge restent pleinement naturelles pendant ce genre de soirées. De belles âmes comme toi n'ont rien besoin de faire." La voisine but une gorgée de vin en riant. "Et puis vous allez tellement bien ensemble tous les deux. C'est comme si vous vous connaissiez depuis toujours, c'est beau. Je suis certaine que vous formerez une famille heureuse. Ca se voit." Lucy le regardait danser. Son beau soldat semblait si heureux, à danser avec la petite fille aux yeux bleus. Parfois, elle discutait avec ler este de la tablée, elle se reservit même volontiers un peu de viande avec des légumes. Les assiettes débarrassée, la mère de Lucy dit. "Venez donc vous installer pour le dessert, les petits danseurs, là." La voisine avait rapporté une tarte aux poires et un gâteau au chocolat. Ils rejoignirent la table à la fin du morceau et la petite blonde était bien contente de retrouver son fiancé. "Tu es sûre que tu préfères les blondes ?" lui demanda-t-elle tout bas en riant. Lucy n'osait pas vraiment lui demander de la faire danser, elle aurait bien trop peur de lui faire mal en s'appuyant sur ses épaules ou sur son dos. "Daniel, plutôt poires ou chocolat ?" demanda la voisine en servant les parts de dessert. Le dessert se déroulait dans la même ambiance joyeuse, quasi festive. Certains prenaient un peu de café en fin de repas, mais Lucy n'en buvait pas. Elle avait horreur de ça. Le dîner se prolongeait avec des discussions, des rires, et surtout Molly qui voulait encore danser un peu avec Daniel, avec l'accord de la petite blonde, bien évidemment. Elle les regardait ensemble, puis aida à débarrasser la table. Une fois que tout était fait, il était l'heure pour les voisins de se coucher. En effet, ils devaient se lever de très bonne heure le lendemain pour accompagner Molly jusqu'à Perth en train. Les salutations furent longs, et le jeune couple allait à l'étage pour profiter un peu du calme régnant désormais à la maison dans la chambre de la jeune femme.
Molly et moi sommes rappelés pour le dessert, alors nous retournons sagement à nos places en échangeant un regard complice. Lucy feint de la jalousie pour plaisanter. « C'est qu'elle a de très beaux yeux bleus elle aussi. » je réponds en haussant les épaules. Mais non, je les préfère quand même bien plus âgées surtout. Je me laisse servir une part de gâteau à la poire sous le regard désapprobateur de la fillette qui trouve que ne pas choisir le chocolat est un acte de haute trahison. Les fruits sont frais et délicieux, alors, gourmand, et parlant toujours peu ce qui me fat vider mon assiette assez vite, je me ressers une part furtivement. J'accompagne les buveurs de café à la fin du repas, et me laisse à nouveau monopoliser parla petite fille pour aller danser. Je dois admettre qu'elle a bien plus d'énergie que moi ce soir. J'ose quand même espérer qu'après tout ça, elle s'endormira rapidement une fois la tête sur l'oreiller. « Au revoir Molly, ma petite partenaire de danse. » lui dis-je alors qu'elle me fait un câlin et dépose un baiser sur ma joue. Peut-être qu'elle reviendra en vacances ici et que je la reverrai, elle aura sûrement grandi, et peut-être même qu'elle ne se souviendra pas de moi. Une fois la porte fermée, la maison redevient soudainement bien calme. Lucy et moi souhaitons une bonne nuit à ses parents, et nous montons à l'étage. J'ai à peine le temps de m'asseoir sur le bord du lit qu'un petit bruit provient de la fenêtre. Cette fois, je sais immédiatement de quoi il s'agit. J'ouvre la fenêtre et aperçois les nouveaux amoureux eau pied de la maison. « Nom de Dieu, ça devient une habitude ?! » S'il y a encore un indien à cacher quelque part, ils peuvent s'asseoir dessus, on a assez donné. « Tu fais bien de jurer maintenant parce que tu le pourras pas là où on va. » pouffe-t-il. « Quoi ? On ne va nulle part, il est tard ! » Je parie qu'ils ont attendu toute la soirée plantés là jusqu'à ce que les invités soient partis et que la lumière de la chambre s'allume. Au moins, cette fois ils n'ont rien interrompu. « Toujours aussi rabat-joie. Je monte vous chercher. » marmonne Scott qui commence à s'appuyer à la gouttière, puis aux tuiles du premier étage avec une certaine habileté. « Qu-Mai-Non ! Tu ne montes rien du tout. Qu'est-ce que t'es con. » Je finis par lui tendre mon bras avant qu'il ne s'écrase par terre et ne se fasse mal, puis l'aide à se hisser à l'intérieur. « Qu'est-ce qu'il se passe encore ? » je demande pendant qu'il s'essuie les mains sur son pantalon -ce qui ne sert à rien vu l'état de celui-ci suite à son escalade. Il se fait bien plus sérieux que je ne l'ai jamais vu. « Ecoutez, quasiment tous les gars de la brigade partent demain avec le premier train. Et je sais que le général a dit que vous devez attendre, mais ils veulent voir ce happy ending, et Dieu sait quand et si on se verra tous à nouveau. Et je sais que vous n'avez pas envie d'attendre de toute manière, alors à quoi bon ? On a kidnappé le pasteur (façon de parler, hein) et il accepte de vous marier ce soir. Ca ne sera pas un acte civil officiel, mais ça le sera pour l'église, et c'est déjà ça non ? On a récupéré ton bel uniforme à la caserne, toi tu emporte ta jolie robe, et on y va, tout le monde nous attend là-bas ! » Les yeux écarquillés, j'essaye d'assimiler toutes ces informations complètement loufoques. « Un coup de main ? » C'est la petite voix d'Emy à travers la fenêtre ; on aperçoit le bout de ses doigts qui attendent un bras auquel s'agripper pour entrer à son tour dans la chambre. Scott s'en charge pendant que je me rassied sur le bord du lit, mon cerveau essayant encore de croire que ceci n'est pas une blague ou un rêve. « Alors, qu'est-ce que vous en dites ? » Pour ma part, un peu sonné, je ne dis rien. Je reste muet comme une carpe, la bouche entrouverte, sans savoir quoi dire. En réalité, je ne sais même pas quoi en penser tant je suis pris au dépourvu.
I believe in the lost possibilities you can see. And I believe that the darkness reminds us where light can be. I know that your heart is still beating, beating darling. I believe that you fell so you can land next to me. ‘Cause I have been where you are before. And I have felt the pain of losing who you are. And I have died so many times, but I am still alive
Lucy espérait tant passer une fin de soirée calme avec son cher et tendre, mais tout le monde ne l'entendait pas de cette oreille, apparemment. On envoyait encore des cailloux sur les carreaux de la fenêtre de sa chambre. Forcément, il s'agissait de Scott. Elle se demanda bien ce qu'il pouvait vouloir ce coup-ci, et Daniel tenta de le faire déguerpir, en vain. Il finit par apparaître dans sa chambre, saluant la jeune femme d'un signe de tête avant de parler de son plan. Ni Lucy, ni Daniel ne semblait comprendre le plan qu'ils avaient tout élaboré dans leur dos alors qu'ils étaient les deux principaux intéressés. "Allez, Lucy. Tu en as toujours rêvé de ce moment." insista Emy en s'approchant de son amie. "C'est maintenant, ou sinon tu devrais attendre on ne sait combien de temps pour respecter le voeu de ton père." Ce n'était pas l'envie qui manquait, c'était certain. Elle regarda le soldat, qui semblait tout aussi perdu qu'elle. "Mais je n'ai pas de robe, ni de bouquet, je n'ai rien." "On peut toujours tenter de trouver celle de ta mère, je suis certaine qu'elle t'irait comme un gant. Et les filles se sont occupées du bouquet, ne t'en fais pas." Le coeur de Lucy battait à folle allure, elle ne savait pas quoi en penser. "Je ne peux pas." dit-elle finalement, après une minute de réflexion. "Pourquoi tu dis ça ?" rétorqua Scott, surpris. "Je ne peux pas être mariée par un pasteur, je suis catholique. Ce ne serait pas correct." Elle était très croyante, et il y avait des choses qu'il fallait à tout prix respecter. "Et mes parents auraient adoré être là, eux aussi. Ils veulent aussi voir notre mariage." "Ils seront là pour le mariage civil, ce n'est pas rien." "Ce n'est pas pareil."Certes, ils allaient voir le changement de nom de leur fille, mais pas promettre devant Dieu qu'elle se vouerait corps et âmes avec son mari. Cette cérémonie était d'autant plus importante. "Je suis certain que si on va réveiller un prêtre pour expliquer la situation, il sera tout aussi d'accord." dit Scott. "On a qu'à lui dire que Dan repart demain, même si ce sont les copains qui partent. Ca ne serait pas un trop gros mensonge." "Allez, Lulu, ce serait tellement beau. En plus, c'est la pleine lune ce soir. Il ne peut pas y avoir on ne peut plus romantique, si ?" Emy savait quels arguments avancer avec son amie, c'était évident. "Mais nous n'avons pas les alliances non plus." "Alors garde les alliances pour le mariage civil, quand tu seras devant tes parents. Ca me semble être un bon compris, tu ne trouves pas ?" Emy lui souriait avec tendresse, avec beaucoup d'affection. Elle savait que c'était ce dont Lucy avait besoin, elle savait au fond d'elle-même qu'elle devait se marier avec Daniel ce soir-là, c'était une évidence pour elle. Emy remarqua le petit signe approbateur de la jeune femme. Il fut particulièrement discret, mais elle le vit. "Viens, on va vite aller chez moi, j'ai envie de te faire belle. Et puis toi, tu n'as pas le droit de voir la mariée avant la cérémonie, de toute façon." dit-elle en pointant le doigt sur Daniel. Le visage de ce dernier s'illumina soudainement, comme s'il avait enfin réalisé ce qui allait se passer. "Et toi, tu te débrouilles pour prévenir les autres et qu'ils se démènent pour trouver un prêtre en temps et en heure." Puis Emy ouvrit sans gêne l'armoire de Lucy pour récupérer un vêtement bien précis. Elle l'embarqua dans sa propre chambre et la fit s'asseoir devant un miroir. "Promis, pas de pot de peinture. Juste le strict nécessaire pour que quand il te verra là-bas, il te trouvera plus belle que jamais. Je te promets qu'il n'y aura pas grand chose." Emy la pomponna avec plaisir, l'incitant ensuite à enfiler la tenue qu'elle avait pris dans l'armoire de Lucy. Il ne s'agissait rien d'autre que l'une de ses propres robes, une robe qu'elle mettait de temps en temps, mais pas pour de grands événements. Mais elle était blanche, avec une toute petite touche de dentelle. Elle avait de larges bretelles, et sa coupe était on ne peut plus simple. Enfin, Emy lui mit sur ses cheveux impeccablement peigner, une couronnes de fleurs que ses amies et elle avaient fait dès qu'ils avaient eu l'idée d'organiser ce mariage au clair de lune. "Tu es tellement belle, ma Lulu." dit Emy, une fois qu'elle en avait terminé. "Tu n'as vraiment pas besoin de plus, c'est ce qui te correspond, tel que tu es maintenant. Ca aurait été moins toi, s'il y avait plus de dentelles, de soie ou de tulle. Tu es parfaite comme tu es maintenant, vraiment." Emue aux larmes, Emy l'enlassa chaleureusement. "Allez viens, n'allons pas te mettre en retard."
Cette fois, c'est moi qui suis complètement largué. J'écoute Lucy, Emy et Scott débattre de ce mariage clandestin au milieu de la nuit et la scène me semble complètement surréaliste. Aucun de nous deux ne s'y attendait, nous esprits s'étaient faits à l'idée d'attendre, et soudainement tout s'accélère. Ils se sont occupés de tout, la seule chose qui manque, c'est nous. Et un prêtre. Ce qui est un détail qui a son importance. Comment est-ce qu'on met la main sur un prête à une heure pareille ? Lucy a raison, ses parents devraient être là, il n'y a pas de raison que ma famille soit là et pas la sienne. J'ai l'impression que le plan de nos amis tombe à l'eau quand finalement Emy prend ma fiancée sous le bras pour s'occuper d'elle et me laisse aux soins de Scott. Je dévisage tout le monde une seconde, jusqu'à ce que je comprenne. Ca veut dire que je me marie ce soir. Avant que Lucy ne s'envole et que je ne puisse pas la revoir jusqu'à la cérémonie, je lui vole un baiser. Puis je me tourne vers mon frère d'armes et le prend dans mes bras pour le remercier. « Vous êtes complètement cinglés. » Vite, pour que la maisonnée et les parents de Lucy ne se doutent de rien, tout le monde repasse par le toit et la gouttière, les filles en direction de la maison d'Emy, nous à l'opposé. « Viens, on va trouver un foutu prêtre. Il doit pas y en avoir cent à Darwin, il a intérêt à accepter. » « Ton langage, bordel. » Nous partons au trot, il n'y a pas de temps à perdre. A la porte du premier presbytère accolé à l'église, personne ne répond. A la seconde, l'homme ne nous insulte pas uniquement parce qu'il n'en a pas le droit. A la troisième, nous perdons espoir, jusqu'à ce que la porte s'ouvre -et que Scott détale se cacher. « Me laisse pas ! » « Eh, c'est ton mariage Dan, on a organisé tout le reste, alors tu eux bien convaincre le prêtre. » « Je ne sais pas mentir ! » « Mentir à quel sujet ? » demande l'homme de foi derrière moi. Je prend une grande inspiration pour calmer le rythme effréné de mon coeur, j'ai l'impression d'avoir à nouveau six ans quand je confessais avoir volé le goûter d'un camarade de classe parce qu'il avait l'air meilleur que le mien. « Mon mariage, monsieur. Mon père. Pardon. Enfin, non, ça n'est pas le mensonge, je veux me marier, mais... » Je bafouille, je m'embrouille, je suis ridicule. Ressaisis-toi. « J'étais six ans au front avec ma brigade, ce sont mes frères, ma famille, et comme n'importe qui j'aimerais que ma famille soit auprès de moi pour ce moment important, mais ils quittent tous la ville demain matin. Alors nous aimerions que la cérémonie ait lieu ce soir. S'il vous plaît. » Pour Scott, c'est dans la poche, on ne peut pas faire plus convainquant. Pour moi, voir l'homme hésiter est insupportable. Et finalement, il refuse à son tour. Je me vois déjà annoncer à Lucy qu'elle a eu le pire des faux espoirs. Dépité, Scott et moi marchons lentement jusqu'à la dernière église, mais il s'arrête en chemin. « Je sais qui acceptera ! Pourquoi j'y ai pas pensé plus tôt ? Le prêtre de la caserne ! » Je ne sais pas si j'ai envie de le baffer ou de l'embrasser, parce qu'y penser plus tôt nous aurait épargné pas mal de temps perdu. Quel suspense inutile. Nous courons à la base militaire qui ne dort jamais complètement et filons réveiller le prêtre en charge de la chapelle -ils n'ont pas choisi cet endroit pour le mariage parce que ce n'est vraiment qu'une sorte d’entrepôt glauque avec des bancs et une grosse croix. Le père Jones accepte sans même réfléchir. Il s'habille en un rien de temps, attrape le nécessaire, et nous sortons par le grand parking. Scott saute dans un véhicule dont il a subtilisé les clés en passant. « Ca va, me regarde pas comme ça, on a assez cavalé et je le rendrai juste après. » Je le laisse conduire jusqu'à la chapelle où lui et Emy ont réuni tout le monde. La brigade et les amis de Lucy, sauf rares exceptions, quelques amis d'amis. Le pasteur est congédié et le prêtre prend sa place. J'ai à peine le temps de jeter un coup d'oeil à la petite décoration de la salle -les quelques fleurs disposées au bout des bancs, les chandeliers à pied un peu partout- qu'on me tire vers une petite pièce où me changer. Pendant ce temps, un ds soldats file prévenir Emy et Lucy qui étaient arrivées bien avant nous que tout va bien. J'enfile l'uniforme qui me sert pour tout ce qui est cérémonial, celui dont tout le monde prend soin comme à la prunelle de ses yeux parce que c'est un bout de fierté. Scott prend soin de m'aider afin que mes blessures ne me fassent pas mal, de vérifier les détails. « Mince, j'te savais pas aussi décoré mon Caporal. » dit-il en faisant mine de lustrer une médaille ou deux et de se regarder dedans. Je ris, nerveux à mourir. Sur le moment, je ne réalise pas ce qu'il se passe. Que je vais passer cette porte, me poster devant l'autel, attendre Lucy et l'épouser devant Dieu dans quelques minutes. Ca ne peut pas être réel. J'ai le temps de mourir d'une attaque cardiaque une dizaine de fois avant de dire ''oui''. « Prêt ? » « Mort de peur. » Il se tourne et hurle à travers la salle ; « Il est prêt ! » Je respire un grand coup et ose me montrer ; les grands rustres qui me servent de frères, pour ceux qui ne savent pas se tenir, se permettent quelques sifflements quand je prend ma place au bout de l'allée. Mais très vite, le silence se fait.
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Arrivées à destination, les autres amies de Joanne l'attendaient à l'extérieur de la salle où la cérémonie allait avoir lieu. "Qu'on se le dise ! La plus jeune d'entre nous, la première à se marier !" précisa Emy en riant alors que les autres s'excitaient en voyant leur petite Lucy dans ses plus beaux vêtements. "Tu es trop belle, ma Lulu, regarde toi !" dit Margaret en l'admirant de plus près. "Il y a même le bouquet assorti, regarda." Elle lui tendit un bouquet de fleurs blanches champêtres. "Et John a réussi à emprunter temporairement l'appareil photo de ses parents, il voulait à tout prix avoir quelques souvenirs de cette soirée parfaite." "Je suis très nerveuse." avoua Lucy au bout d'un moment, constatant que ses mains tremblaient."C'est normal, c'est le plus grand moment de ta vie après tout." dit Emy. "Tu as le droit d'être nerveuse, appelle-ça de la bonne nervosité. Celle qui t'empêchera de trébucher pendant ta marche sur l'autel et celle qui évitera de bégayer éternellement devant le prêtre au moment fatidique." Certaines de ses amies avaient déjà les larmes aux yeux, et histoire de ne pas s'effondrer devant la future mariée, elles entraient dans la salle pour prendre place. "Il faut que j'aille m'installer, ça va être à toi." dit Emy en posant une main sur son bras. "Ne te soucie pas de ce qu'il y a autour, regarde-le juste lui, et tu verras que tout ira bien." lui conseilla-t-elle avant de l'enlacer chaleureusement. Il n'y avait pas de musique, mais le silence solennel suffisait largement. Ses doigts serraient nerveusement le bouquet, peinant à réaliser qu'elle allait devenir l'épouse de Daniel aux yeux de Dieu. Son coeur battait la chamade et l'assourdissait presque, tant il battait fort. Ses pieds la guidèrent d'eux-mêmes dans l'allée. Et c'était là qu'elle le vit. Il était beau, rayonnant. Vêtu de son plus beau vêtement, il n'attendait plus qu'elle. Le costume lui faisait les épaules très carrés, et lui donnait une allure fière. Il avait les yeux qui brillaient, ça se voyait, même de là où elle était. Et de le voir aussi rayonnant la faisait sourire, impossible de faire partir ce rictus de son visage. Emy avait raison, c'était le moment parfait de se marier, c'était magique. Lucy s'approchait lentement de lui, sous le regard ému de ses amis et des frères d'armes du caporal. Même eux avaient la larme à l'oeil. Elle arrivait enfin près de lui, ne quittant pas cette paire d'yeux qu'elle aimait, et qui la regardait amoureusement. La jeune femme se mit face à lui, expirant discrètement pour évacuer un peu de tout ce stress qui était malgré tout inutile, parce qu'il s'agissait là d'une évidence même, que de se marier. Le prêtre salua l'assemblée, avant de les inviter à faire le signe de la croix. Il y en avait qui n'était pas de la même confession et qui ne fit pas le signe en question, mais qui avait un profond respect pour ce geste. L'homme de foi se lançait dans un discours un peu personnalisé en vue des circonstances actuelles, mais aussi du fait d'avoir été réveillé au milieu de la nuit pour un tel événement. C'était une petite note d'humour, mais il était surtout fier d'avoir été celui qui allait unir à jamais ces deux âmes qui s'aimaient tant. Lucy n'en entendait que des brides, quelques mots, préférant se concentrer uniquement sur l'homme avec qui elle allait se marier. Elle ne pouvait s'empêcher de lui sourire, elle avait elle-même les yeux bien humides sur le moment. Elle finit par lui tendre une main, qu'il ne tardait pas à saisir avec tendresse. Il avait la main plus chaude que la sienne, mais tout aussi moite. Lucy continuait de nager dans ses yeux jusqu'à ce que la question fatidique soit posée. Son sourire s'élargit de plus. Jusqu'à ce qu'elle parvienne à dire "Oui, je le veux." Le prêtre se tourna ensuite vers Daniel, et lui posa la même question, et il eut la même réponse. Lucy s'approcha de lui, émue aus larmes, entoura son cou de ses bras en faisant bien attention de ne pas heurter son dos, puis elle l'embrassa longuement sous les applaudissements de toute l'assemblée. "Je t'aime, et je t'aimerai toujours." lui dit-elle tout bas, au bord de ses lèvres. Elle gardait son front collé au sien pendant de longues secondes. "Ca y est, nous sommes mariés." Elle lui caressa tendrement la joue. John ne manqua pas de prendre une photo. "Il faut qu'on aille arroser tout ça, pas vrai ?" dit soudainement Scott. "Vous venez fêter ça avec nous, padre ?" demanda-t-il au prêtre. Celui-ci rit et se gratta nerveusement la base de son crâne. "Eh bien... Je pense que Dieu ne m'en voudra pas que j'écourte davantage ma nuit pour fêter un si bel événement." Mais avant d'aller où que ce soit John insistait pour prendre encore quelques photos du couple marié. Puis tout le monde sortait de la salle pour continuer de célébrer à l'extérieur. Lucy avait gardé tout ce temps sa main dans la sienne. Cependant, il ne bougeait. "Tu ne veux pas venir ?" lui lança-t-elle avec un sourire follement amoureux.