I believe in the lost possibilities you can see. And I believe that the darkness reminds us where light can be. I know that your heart is still beating, beating darling. I believe that you fell so you can land next to me. ‘Cause I have been where you are before. And I have felt the pain of losing who you are. And I have died so many times, but I am still alive
Celso se laisser toucher avec plaisir. Il laissait tout le temps nécessaire à Grace de découvrir à sa façon cette partie de son anatomie. Il ne dissimulait aucun de se soupirs, aucun de ses gémissements lorsqu'elle intensifiait quelque peu son toucher. Elle en tirait une certaine satisfaction, de savoir qu'elle était tout à fait apte à lui procurer un tel plaisir par un simple doigté. Mais Celso ne voulait pas céder à ce moment-là, voulant que les choses soient bien faites. A la limite de cette phase ultime de plaisir, il avait dégagé sa main pour ensuite immobiliser les deux au-dessus de sa tête. Le prince ne put s'empêcher d'admirer le corps de sa belle dans une telle position avec un regard on ne peut plus envoûté. Grace venait à se demander pourquoi Dieu interdirait de vouloir s'aimer tant, de vouloir s'approprier le plus possible la chair de celui qu'on aimait. Certains discours des plus pieux perdaient alors tout leur sens. A vrai dire, le monde entier perdait tout son sens lorsque Celso l'embrassait ou effleurait sa peau avec ses doigts. Lorsqu'ils couchaient ensemble, elle se disait qu'il n'y avait qu'eux et que tout le reste était flouté. Il prenait le temps de retrouver sa respiration après cet instant de plaisir qui n'était dédié qu'à lui. Il ne put attendre davantage avant de goûter sa peau par une multitude de baisers qu'il déposa le long de sa mâchoire ou de son, jusqu'à ce qu'il atteigne son premier objectif, sa poitrine. Grace le laissait faire ce que bon lui semblait, elle savait qu'il ne cherchait à lui fournir ce plaisir ardent à travers ses lèvres. Il suçotait affectueusement ses mamelons, les embrassait, les prenait à pleine bouche dans le but de stimuler cette zone érogène. Elle se laissait hypnotiser par ses caresses, et soupirait, gémissait même de temps en temps. Elle courbait de plus en plus son dos, avec une respiration qui était de plus en plus décadente. Puis Celso embrassa le ventre de sa belle, susurrant des mots qu'elle ne comprenait pas. Mais elle savait à qui il s'adressait, si ce petit être était déjà en son sein. Sinon, il devait certainement prier pour que le conception se fasse dans la suite de ces ébats. Il y tenait tant, à cet enfant. Il le montrait tous les jours quasiment. Par une phrase, un geste, une caresse ou tout autre signe de tendresse. Le prince retourna aux lèvres de sa bien-aimée pour l'embrasser langoureusement, alors que sa main se fraya un chemin vers son intimité pour la chérir à sa façon. En continuant de l'embrasser avec autant de fougue, il avalait le moindre gémissement de Grace, et ils étaient bien nombreux. Elle ne tentait même plus d'être discrète de ce côté-là. Il lui procurait un tel plaisir que c'était impossible de contenir quoi que ce soit. Son bassin ondulait au rythme de ses caresses et elle émit un petit cri lorsqu'elle sentit les doigts de son amant s'introduire en elle pour effectuer des mouvements de va-et-viens. Tout son corps frémissait. Les mains enfin libérées, celles-ci s'agrippèrent sur le dos de Celso, qui continuait à intensifier son doigté au niveau de son intimité, dans le seul but de faire jouir sa promise. Il fallut encore quelques minutes jusqu'à ce qu'elle lâche prise. Ses doigts s'enfonçaient alors dans la chair de son dos le temps qu'elle parvienne à émettre un long cri de plaisir. Suite à quoi son corps entier se mit à frémir, à trembler de plaisir jusqu'à ce que les spasment cesses. Elle avait un large sourire sur ses lèvres, et rit légèrement, bien comblée, tout en sachant que la nuit était loin d'être finie. Ses bras entourèrent le cou de son prince pour l'embrasser amoureusement, gardant précieusement son corps entre ses jambes. "Je me demande à quoi ressemblera notre nuit de noces alors que nous faisons l'amour déjà si passionnément." lui dit-elle tout bas au bord de ses lèvres, en riant avant de reprendre son baiser et l'inciter à coller son corps contre le sien. Elle aimait sentir sa chaleur tout contre elle, l'engouement qu'il avait pour elle et qu'il traduisait par ses mouvements de rein alors qu'il n'était même pas encore en elle. Ce qu'il ne tarda pas à faire, tous les deux trop impatients de se sentir le plus proche possible de l'être aimé.
Je ne m'explique pas cette hâte d'avoir un enfant à moi. En me fichant bien du sexe d'ailleurs ; garçon ou fille, contrairement à tous les monarques qui veulent un héritier mâle, cela n'a pas d'importance à mes yeux. J'offrirai tout ce que j'ai à ma fille si elle devait naître en premier. La seule chose que je demande au Seigneur, c'est que nos bébés naissent en bonne santé, et de ne pas perdre mon épouse en couche. Je sais que c'est une perte dont je ne me remettrais jamais. Les risques sont si grands et terrifiants, mais je prierai tous les jours s'il le faut pour que Grace puisse élever nos enfants avec moi, pour qu'elle puisse avoir ce privilège trop rare de les voir grandir et, un jour, avoir leur propre trône, leur propre couronne. Car je ferai tout pour qu'ils obtiennent cela. Tout. Mais avant tout cela, ils doivent grandir dans le ventre de leur mère. Ils seront le fruit de nos nuits d'amour. Des ébats nouveaux pour ma promise qui se laisse complètement aller à chaque nouvelle découverte. Elle peut me faire confiance et s'abandonner à moi. Elle peut lâcher prise sans avoir peur. Prendre du plaisir sans honte, sans aucun jugement porté sur elle, sans se sentir sale ou pervertie. Ce n'est que de l'amour, elle en a conscience. Même ces touchers qui visent à lui faire perdre pied sont gorgés d'amour, chaque baiser déborde de tendresse. La surprise au moment où j'introduis mes doigts en elle passe bien vite quand elle constate toutes les sensations allant de paire. Il n'y a ensuite plus que des gémissements de plaisir allant crescendo jusqu'au cri final, lorsque son corps tremble sous la force d'une électrisante vague de volupté. Mon sourire satisfait répond au sien, un brin euphorique. Je l'embrasse avec ardeur, collé contre elle. « Tout le château tremblera. » je réponds tout bas avec un large sourire amusé en imaginant la scène. Puis je récupère les lèvres de ma bien aimée avec toute cette passion qu'elle décrivait à l'instant. Elle fait brûler un feu en moi qu'aucune amante n'avait su susciter auparavant ; je suppose que tout l'amour que je lui porte y est pour beaucoup et s'ajoute à cette envie d'unir nos corps. Il y a entre nous, depuis le départ, cette osmose parfaite qui nous permet de nous comprendre dans un simple regard. Lorsque nous nous mêlons l'un à l'autre, cette connexion est encore plus pure et puissante. Je m'introduis en elle, et immédiatement, Grace est dans ma tête, je peux toucher son essence. Il n'y a que nous deux, et plus rien n'importe ; à vrai dire, plus rien n'existe. Oui, personne n'a été un jour capable de me faire sentir hors de mon propre corps de cette manière, transporté par une force qui me dépasse complètement. Tout simplement transcendé. Mon corps vibre sous chaque battement de mon coeur. Mes lèvres collées aux siennes, j'entreprends de longs mouvements amples qui me font aller et venir au maximum. Ainsi nous pouvons sentir nos êtres se lier et se délier, et chaque parcelle de peau de nos intimités se caresser inlassablement. Nous pouvons constater toute la perfection de cette union, à quel point nos corps sont faits l'un pour l'autre, pour s'épouser, s'aimer, créer la vie. Il ne pourrait y avoir personne d'autre à la place de Grace. Plus maintenant. Personne ne pourrait m'inspirer pareille adoration, cela se devine lorsque je plonge dans ses yeux bleus pour les laisser m'engloutir complètement. Jamais mon visage ne s'éloigne du sien. Nos lèvres, nos nez, nos joues se frôlent constamment. Même quand la cadence s'intensifie, s'accélère, il est hors de question de s'éloigner, qu'importe le manque d'air. Je lui confie chacun de mes souffles, de mes râles, quitte à ce qu'il ne reste que les cendres de cette passion dans mes poumons, et que Grace puisse me rendre la vie dans un baiser, ou dans un long gémissement de plaisir.
I believe in the lost possibilities you can see. And I believe that the darkness reminds us where light can be. I know that your heart is still beating, beating darling. I believe that you fell so you can land next to me. ‘Cause I have been where you are before. And I have felt the pain of losing who you are. And I have died so many times, but I am still alive
Le sentir en elle était toujours particulièrement délectable. Il prenait ainsi possession d'elle, s'immisçant dans un corps qui n'avait plus aucun secret pour lui. Il adorait pourtant toujours le goûter, le caresser, le redécouvrir une nouvelle fois d'un regard, ou avec son toucher délicat. Il mettait un peu de lui-même dans chaque partie de son corps. Ils s'appartenaient l'un l'autre, et rien ni personne ne pouvait remettre en question cette union. Ils pouvaient se faire confiance. Ce n'est pas un regard ou un geste déplacé d'un autre protagoniste qui allait faire chavirer et flancher le coeur de l'un ou de l'autre. C'était une fidélité sans bornes et sans limites. Et ils se le rappelaient à chaque baiser, chaque regard amoureux, et à chaque fois qu'ils couchaient ensemble. Sinon aucun des deux n'aurait tenu ces longs mois avant de se retrouver. Ses mouvements de rein étaient amples, comme s'il cherchait à chaque fois d'être un peu plus en elle. Il parvenait à lui arracher un gémissement à chaque fois. Elle sentait son corps devenir particulièrement chaud. Grace faisait glisser ses doigts le long de son dos légèrement humide, et déposa sa main sur son postérieur. Bien qu'il aurait certainement voulu maintenir cette cadence là, la passion l'en empêchait et le forçait à faire des mouvements plus vifs et intenses. Bien qu'elle était à cours d'air, elle attrapait ses lèvres dès qu'elle le pouvait pour l'embrasser. Mais les baisers ne duraient jamais bien longtemps, étant tous les deux à cours d'air. Leur visage restait tout de même proche l'un de l'autre à se caressait ou à se frôler avec leur souffle chaud. Lorsque la jeune femme en elle sentit cette boule de plaisir prête à exploser, elle appelait son nom entre deux soupirs, les yeux à moitié-ouverts. Ses ongles se plantaient alors dans sa chair jusqu'à ce qu'un vif courant électrique ne traverse toute sa moelle épinière pour immobiliser chacun de ses muscles. Sa respiration se bloqua pendant plusieurs minutes avant de pouvoir émettre un long cri de plaisir près de l'oreille de Celso. Enfin, ses membres se firent moins douloureux en se décontractant peu à peu. Bien qu'elle n'ait pas retrouvé sa respiration, Grace inversa subitement leur position, ayant bien remarqué qu'il n'avait pas encore cette phase de volupté. Et la jeune femme avait très rapidement compris qu'il perdait totalement pied lorsqu'elle prenait le dessus. En se redressant, elle pouvait ainsi faire glisser ses doigts le long de son torse brûlant avant de reprendre à son tour les mouvements de bassin. Ceux-ci étaient toujours aussi sensuels, envoûtants, et elle parvenait à maintenir une certain cadence jusqu'à ce qu'il soit à bout et se libère en elle, accompagné d'un long râle de plaisir. Tous les deux à bout souffles, ils prirent quelques secondes pour tenter de retrouver une respiration décente. Grace le gardait en elle, et elle se pencha sur lui pour coller son corps au sien. Ses lèvres embrassaient son torse, puis son cou, et elle mordilla le lobe de son oreille avant de l'embrasser à pleine bouche. La majorité de ses cheveux retombaient par-dessus son épaule, mais quelques mèches restaient collés à son dos à cause de la transpiration. Elle ne voulait absolument pas quitter ses lèvres, les baisers étaient beaucoup plus tendres que langoureux. L'une de ses mains s'était déposée sur sa joue pendant le baiser. Ils restaient longuement ainsi, elle allongée sur lui, à s'embrasser près du feu. En se redressant, elle tira sur le bras de Celso afin que leur torse ne se décolle pas de l'un l'autre. Puis ils s'enlaçaient, la fatigue commençant peu à peu à se faire ressentir, entre l'alcool, le voyage, et l'intensité de leurs ébats. Ils finirent par se vêtir de leur chemise de nuit respective, bien qu'ils adoreraient pouvoir s'endormir ainsi. Et même s'il avait demandé à ne pas être réveillé le lendemain, cela choquerait certainement plus d'une personne de savoir qu'ils avaient dormir totalement nu ensemble. Ils filèrent au lit, et Grace se colla au corps de son fiancé dès que celui-ci était bien installé. Il ne fallut qu'un claquement de doigt pour que Grace s'endorme profondément.
L'accélération naturelle fait grossir et grossir cette boule de plaisir. Bientôt, tout le corps de ma belle est à fleur de peau, son épiderme brillant une légère couche de sueur luisante à la lumière du feu. La houle passionnée la mène droit vers un orgasme des plus puissants. Mais j'aime sentir ses doigts s'enfoncer dans mon dos, savoir que dans pareils moments de volupté, c'est à moi qu'elle se raccroche de toutes ses forces, c'est contre moi qu'elle colle son corps et que ses jambes se resserrent. Son cri de plaisir est ce qu'il y a de plus délectable pour mes oreilles. Et elle est si belle lorsqu'elle s'abandonne de cette manière. Avant que l'excitation n'ait l'occasion de redescendre, Grace grimpe sur moi. Tout son petit être paraît enrobé d'un halo doré alors qu'elle ondule si sensuellement sur moi. Déterminée à me faire jouir à mon tour, je ne lui résiste pas. Je laisse Grace prendre possession de moi et effectuer des mouvements toujours plus passionnés jusqu'à ce que ce trop plein de sensation me fasse exploser. L'échine courbée et les doigts plantés dans sa chair, je me crispe et me libère en elle. Cette sensation voluptueuse me maintient de longues minutes dans un délicieux état de flottement. Le monde est flou, je n'entends que mon coeur qui bat toujours aussi fort, et ma respiration, profonde, qui reste à retrouver l'air qui lui a longtemps manqué. Me délectant de ce plaisir qui continue de me faire frissonner, je mordille ma lèvre inférieure avant que ce soit Grace qui s'en empare avec une tendresse extrême. J'ouvre un peu plus les paupières pour admirer ses cheveux qui tombent en cascade à côté de son beau visage. Je caresse sa joue, encore complètement envoûté. Les ombres dansent sur le corps de ma bien aimée, le crépitement des flammes anime ses superbes courbes. Je me redresse avec elle et la serre dans mes bras. Mon visage se loge un instant au creux de son cou. Je frôle ses cuisses, son postérieur, son dos du bout des doigts. Sa peau est si douce que je ne pourrais pas me lasser de toujours tracer les mêmes arabesques sur son épiderme. Je pourrais rester là des heures et des heures, enlacé avec Grace, à échanger un léger baiser de temps en temps, à laisser mon visage frôler le sien. Mon monde n'a besoin de rien d'autre que de cette chaleur et cette tendresse. Oh je pourrais même m'endormir là, mais cela risquerait de nous valoir une mauvaise surprise demain matin. Alors nous finissons par revenir sur terre. Rhabillés pour la nuit, nous nous glissons sous la couverture. La fatigue du voyage terrasse ma promise en quelques secondes. Je la suis peu après.
Sûrement par habitude, j'ouvre les yeux avant même que l'on pense à venir me réveiller. Je ne sais pas quelle heure il est mais le soleil n'est pas bien haut. Je me laisse somnoler, me prélasser dans le lit, câliner Grace qui dort encore. Elle trouve toujours le moyen de rester toute blottie contre moi. Je dépose un baiser sur son front et attend patiemment qu'elle s'éveille petit à petit, naturellement. Le feu s'est éteint, la chambre a repris ses véritables couleurs. Je songe, à tout et à rien, mais lorsque mes pensées virevoltent elles cherchent surtout à trouver quelle prochaine manœuvre me permettra d'avoir enfin des terres à moi. La jeune femme finit par émerger. Je lui adresse un sourire tendre et l'embrasse sur le joue. « Comment faites-vous pour être aussi adorable quand vous dormez ? » je demande en dégageant ses cheveux derrière son oreille. Elle ressemble à une peinture. Le temps qu'elle se réveille, je la cajole, lui caresse le bras, la cuisse, et mes lèvres frôlant les siennes l'embrassent délicatement. « Que diriez-vous si je vous proposais de nous échapper du château quelques heures pour aller au bord de l'eau ? » je propose au bout d'un moment. Nous devrons partir discrètement avant que l'on vienne nous chercher, sans quoi je serai piégé par mes responsabilités et je ne sais pas quand est-ce que j'en serai libéré. Mais je ne veux pas déjà redevenir Prince ce matin. Plus tard. « Prenons des chevaux et allons nous balader sur la plage. »
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Grace était presque inhabituée à ressentir sa chaleur tout contre elle alors qu'elle sortait de son sommeil profond. Mais il était bel et bien là, elle sentait ses doigts qui caressaient son bras ou sa cuisse. Il lui laissait tout le temps de se réveiller. Pas de mouvement, ou de petites secousses dans l'espoir qu'elle finisse par ouvrir les yeux. Alors la jeune femme prenait son temps, et profitait de l'affection de son fiancé, jusqu'à ce qu'elle parvienne à ouvrir un peu les yeux. Elle ne voulait pas pour autant se décoller de lui, trop bien installée à ses côtés. Elle étirait lentement ses petits membres et rit doucement à la question de Celso. "Ce doit être vous qui me rendez si adorable." lui rétorqua-t-elle avec un léger sourire, avant de bâiller et de continuer à se laisser bichonner par son prince. Ses doigts replaçaient quelques une de ses mèches de cheveux. Elle adorait lorsqu'il touchait ainsi ses mèches, c'était très agréable. Parfois, ses yeux se refermaient, bercée par les caresses de Celso. Elle répondait au moindre de ses baisers malgré tout, preneuse du moins geste amoureux. Elle redresse soudainement la tête, surprise par sa proposition. "Vraiment ?" lui demanda-t-elle, le regard illuminé. Le sourire qu'il arborait et la sérénité qu'il dégageait prouvait qu'il pensait bien ses mots. "Vous n'avez pas des affaires à régler, ce matin ?" s'inquiéta-t-elle tout de même. Cela semblait être le cadet de mes soucis. "Il faut que nous nous dépêchons alors." Son regard et son sourire étaient malicieux, joueurs. Elle l'embrassa longuement. "Il faut que je me prépare rapidement alors." dit-elle en se mettant assise dans le lit. Elle lui tira alors le bras pour qu'il sorte du lit en même temps qu'elle. "Je ferai au plus vite, je vous le promets." dit-elle en lui ouvrant la porte, dans le but de le mettre dehors. "Enfiler un corsage est bien plus compliqué que le défaire, je vais chercher Jane pour ça." Elle l'embrassait constamment, des baisers volés. "Je vous retrouve près des écuries." Il sera forcément prêt avant elle, c'était bien moins complexe et chronophage d'habiller un homme. "Allez, filez vous habiller." dit-elle au bord de ses lèvres en l'embrassant une dernière fois en le poussant légèrement en arrière pour qu'il sorte de ses appartements. Grace préparait déjà la robe qu'elle allait porter puis s'empressa de chercher Jane, à peine réveillée pour l'aider à l'habiller. La Comtesse lui somma d'être discrète et de ne dire à personne ce qu'ils comptaient faire. Grace enfila la plus simple de ses robes, elle était blanche et bleu marine. Pas le temps de mettre des bijoux hormis de discrètes boucles d'oreille, et elle fit une simple natte avec ses cheveux, qui étaient tout de même minutieusement brossés. Elle récupéra une veste et ses gants en cuir avant de descendre les marches du château d'un pas hâtif. Et Celso était effectivement déjà là, avec les deux chevaux avec leur selle et leurs rennes. Grace lui fit un large sourire avant de courir en sa direction et sauter dans ses bras. Elle l'embrassa longuement. "J'ai fait le plus vite possible." dit-elle avec un petit rire. "Est-ce suffisant ?". Le ciel avait des couleurs encore pastels, la lune était encore visible, même quelques étoiles. Grace l'enlaça encore longuement avant qu'il ne l'encourage à prendre les rennes du cheval qu'il lui avait appris pour se mettre en route. La Comtesse était une bonne cavalière, elle faisait de nombreuses promenades avec son frère lorsqu'elle était encore en Angleterre. Ils avaient une demeure en campagne, les promenades duraient des journées entières parfois. Une fois en selle, le prince s'assura que sa belle était également prête. "Allons-y." lui dit-elle avec un regard complice. Histoire de se montrer encore assez discret, ils sortirent de la cour au pas. Le fond de l'air était encore assez frais, mais pas au point d'être désagréable. Toute Squillace dormait encore. Il n'y avait que dans les ateliers où l'on entendait déjà les travailleurs les plus matinaux s'atteler à la tâche. C'était agréable, de voir la ville se réveiller à peine, l'ambiance y était particulièrement sereine. Mais Grace avait tout de même hâte d'être à nouveau à Tricarico, elle se sentait un peu plus chez elle, là-bas.
La perspective d'une balade sur la plage balaye ce qui restait de sommeil dans les yeux de Grace et le remplace par un petit pétillement qui me fait doucement rire. Elle se soucie toujours de ne pas être celle qui m'éloigne de mes devoirs et obligations, elle sait à quel point je pourrais passer du temps avec elle au détriment du reste et c'est à elle de me jeter dans la salle du conseil pour que je m’attelle à mon rôle de souverain. Mais je crois qu'après des jours de voyage et une dure semaine à Tricarico, une matinée ensemble a été amplement mérité. Une matinée sans visite officielle, rien que tous les deux, isolés de la ville. « A moins que nous n'entrions soudainement en guerre dans les prochaines heures, toutes les affaires peuvent bien attendre un peu. » Je me mettrai au travail à notre retour. Nous ne serons partis qu'une poignée d'heures. Ravie, Grace me tire du lit et, baiser après baiser, me fait traverser ses appartements pas à pas pour m'en éjecter. Sa malice me fait rire. J'atterris dans le couloir, avec l'ordre d'aller me préparer également. « Sì, principessa. » dis-je en m'inclinant avant de filer dans ma propre chambre pour m'habiller. Je sors des vêtements simples, sans trop de fioritures, amples, aux détails en cuir. Je ne prends que le chapelet de Grace dans une poche et ma cornicello autour du cou, ayant pris l'habitude de ne pas me séparer de ces deux bijoux. Puis je file à toute allure, aussi discrètement que possible, jusqu'aux écuries où un écuyer me prépare rapidement deux beaux chevaux. Ceux-là ne sont pas d'épaisses bêtes de voyage, ils sont plus hauts et athlétiques. Une fois les selles mises en place, Grace apparaît. « C'est parfait. » Je lui vole un baiser puis l'aide à monter sur le cheval. Elle en prend les rênes sans hésitation, semblant parfaitement savoir ce qu'elle fait. Je monte à mon tour, et au pas, nous traversons la ville sur ses étroites rues pavées. Squillace s'éveille, et l'on sent surtout l'odeur du pain qui s'échappe des fours. Une fois le fleuve atteint, il nous suffit de le descendre jusqu'à l'embouchure où l'eau se déverse dans la mer. Alors s'étendent devant nous des kilomètres de sable. « C'est ce qui me manquera à Tricarico, la spiaggia, la plage. » Là-bas, il n'y a rien d'autre que des collines. Le paysage est tout aussi merveilleux, bien sûr. Il y a un lac à Matera où nous pourrons nous rendre de temps en temps. Un endroit isolé dans la forêt. Les chevaux avancent au pas sur la plage, côte à côte. Nous pouvons voir le ciel se faire de plus en plus bleu. Si clair que la lune ne disparaît toujours pas, et son croissant continue de hanter. Le bruissement des vagues est si paisible. Les bateaux pêcheurs au loin reviennent au port ; eux sont réveillés depuis bien plus longtems que nous pour effectuer leur besogne. « J'ai rêvé de nous cette nuit. » dis-je après de longues minutes de contemplation de ce paysage. « J'ai rêvé que nous étions au mariage de notre troisième enfant, une fille. A vrai dire, nous n'avions eu que des filles, mais nous les aimions plus que tout. Elles étaient toutes aussi magnifiques que vous. Je ne sais pas où nous vivions, mais ce n'était ni Squillace, ni Tricarico. Nous régnions là-bas. Nous étions bien vieux, vous et moi, plus vieux que ce que la majorité des Hommes peuvent espérer. Le lendemain du mariage, toutes nos filles sont parties avec leurs époux. Elles semblaient toutes contentes de leurs conditions, leurs maris semblaient être bons avec elles, alors nous étions heureux pour elle. Et puisque nous étions bien vieux, seuls désormais dans notre château, que nos enfants n'avaient plus besoin de nous et que nos étaient bien remplies, nous nous éteignions l'un dans les bras de l'autre dans notre sommeil. » Cela peut paraître triste de rêver de mort, mais cela ne l'était pas. C'était beau. « Alors je me suis réveillé, et vous étiez près de moi, si belle… Et j'ai su que c'est ainsi que je veux que ma vie soit. » Mon regard se pose sur Grace avec un sourire tendre. Je ferai tout pour que notre vie ressemble à ce rêve.
I believe in the lost possibilities you can see. And I believe that the darkness reminds us where light can be. I know that your heart is still beating, beating darling. I believe that you fell so you can land next to me. ‘Cause I have been where you are before. And I have felt the pain of losing who you are. And I have died so many times, but I am still alive
La plage n'était vraiment pas loin. Elle était déserte, on n'entendait que les vagues qui allaient et venaient sur le sable et les cailloux. C'était paisible, il y faisait bon vivre. Ce n'était pas surprenant que le prince ait une telle affection pour cet endroit. On s'y sentait seul au monde, cela lui permettait certainement de décrocher un petit peu dans la journée. Ils profitèrent tous les deux du calme de la plage jusqu'à ce que Celso ne prenne la parole. Il parlait de son rêve de la nuit précédente. Celui-ci était utopique, très idéaliste. Mais c'était quelque chose de très beau à entendre, et surtout à imaginer. "Et que se passera-t-il si nous n'avons que des garçons ?" lui demanda-t-elle afin de le taquiner. Elle rit doucement. "C'est un très beau rêve. J'espère pouvoir vous permettre de le réaliser." Parce que cette histoire d'enfants reposait beaucoup sur elle. Surtout que le nombre de femmes mortes en couche était important, Grace n'avait pas plus de chances que d'autre d'y survivre. C'était un peu le revers de la médaille, alors que l'on se réjouit de porter un enfant de sang royal. Néanmoins, la jeune femme avait hâte de porter cet enfant. "Je prierai tous les jours et ferai de me mieux pour vous permettre de vivre un tel bonheur." lui dit-elle avec un sourire tendre. "Je ferais tout ce qui est en mon pouvoir pour parvenir à vous rendre heureux." Après réflexion, il serait plus avantageux qu'ils aient des filles. Il suffirait de leur trouver un bon parti pour le garantir une vie sereine. Cela pourrait être un peu plus compliqué si elle donnait naissance à petit garçon. Mais Celso ferait certainement de son mieux pour lui trouver une place de choix dans ce monde. La promenade se poursuivait le long de la plage. "Mais j'aimerais mourir également dans mon sommeil." dit-elle au bout d'un moment. "Que ça ne devienne qu'un sommeil particulièrement long. Pas de souffrance ou de longue période d'agonie." Grace était longuement songeuse. "Pensez-vous que tout s’éteint en même temps que notre dernier souffle ?" lui demanda-t-elle au bout d'un moment. "Qu'après le dernier Jugement, nous allons soit au Paradis ou en Enfer ?" La Bible en disait ainsi, c'était indéniable. "Je ne remets pas en question notre religion, le roi d'Angleterre le fait bien et ça ne lui apporte pas plus de réponses. Mais depuis que nous sommes... Depuis que nous nous nous obsédons l'un l'autre, je viens à me demander si un tel amour se tait au même moment. Personne ne veut y penser, tout le monde pense que c'est si puéril. Mais plus je passe du temps en votre compagnie, plus je me dis qu'un pareil sentiment ne peut mourir en même temps que nos âmes." Le cheval continuait de se déplacer tout seul, au pas, au même rythme que l'autre destrier. Grace n'avait nulle besoin de trop tenir les rennes, les bêtes étaient calmes. Peut-être que le bruit de la mer les apaisait aussi. La Comtesse restait longuement songeuse. Ce qu'elle disait n'allait pas contre ses croyances religieuses. Elle y avait déjà un peu songé lorsqu'elle était seule dans ses appartements. Elle finit par sortir de ses pensées et sourit à son fiancé. "A moins que tout ce dont je vous raconte n'a aucun sens pour vous que cette conversation ne mène à rien." dit-elle avec un rire nerveux. Le soleil se levait de plus en plus, avec sa chaleur matinale particulièrement douce et agréable. Grace se disait que l'été, les rayons étaient certainement beaucoup moins amicaux. "Nous nous marions demain." dit-elle finalement. Elle réalisait soudainement qu'il n'y avait plus qu'une nuit avant une longue période de festivités et de bonheur. Grace avait aussi hâte de retourner à Tricarico. Squillace lui semblait quelque peu fade depuis son séjour là-bas. La promenade durait encore quelques heures, jusqu'à ce qu'ils doivent retourner à contre coeur au château. Ils ne pouvaient pas s'isoler indéfiniment, et beaucoup commenceraient à s'inquiéter de leur absence prolongée. Il y avait Anatoli qui faisait les cent pas dans la cour, bien nerveux, mais on ne peut plus soulagé de voir ses souverains arriver. "Nous nous faisions un sang d'encre !" s'exclama-t-il en levant les bras.
Rien ne changera jamais ma tendance à l'idéalisme, cet utopisme d'artiste qui cherche et trouve le beau un peu partout, qui n'aspire qu'à cela. J'ai l'impression d'avoir récité une fable, mais qu'importe, c'est ainsi que je veux que a vie soit. Je sais que c'est en cherchant à atteindre la lune que l'on peut toucher les étoiles. Alors je n'espérerai jamais moins, et je composerai avec ce que la vie me donnera. Des filles, des garçons, cela est du pareil au même. « Cela m'ira aussi bien. » je réponds en haussant les épaules. Il est vrai que tout ce rêve ne dépend que de Grace, ce qui est un bien grand poids sur de ces petites épaules. Néanmoins je me rassure en me disant que ma tante a vécu onze grossesses avant de périr. Il y a des bouts de femmes plus solides que d'autres. « Si Dieu le veut... » je murmure. Si Dieu le veut nous aurons cette vie que nous méritons. J'imagine que des heures de prières ne seront pas de trop pour apporter sa guidance sur nous, et nous protéger des obstacles que nous traverserons. Je me découvre plus pieux que je ne l'ai jamais été depuis que j'ai une couronne sur la tête. « Nous rendre heureux, Grace. » je corrige. Nous vivrons tout ceci à deux. Ma princesse ne sera pas de ces épouses lésées. Elle sera toujours aimée, et toujours je m'occuperai de lui fournir tout ce qui sera nécessaire à son bonheur ; car si elle n'est pas heureuse, je ne le serai pas. Tout le monde préférerai mourir dans son sommeil, seuls les guerriers dans l'âme voient de la grandeur dans une mort sur le champ de bataille. Je ne le suis pas. Je ne veux pas survivre à Grace et je ne veux pas qu'elle me survive. Il n'y a aucune chance que cela se déroule selon mon rêve, ça en revanche je le sais. J'arque un sourcil à sa question à ce sujet. « C'est le principe même de la mort, non ? » tout s'arrête, les lumières s'éteignent, le corps revient à la terre et l'esprit au Seigneur. J'ai peu d'espoirs d'arriver au Paradis vu mes nombreux péchés, mais c'est une crainte que je tais. Songeant aux paroles de la jeune femme, je reste un instant silencieux. « Non, vous avez raison. Cet amour nous suivra jusqu'au Paradis. Nous y serons réunis pour toujours. » je lui assure avec un sourire. Il ne mourra pas. Un sentiment ne peut pas mourir. Mais je doute que nos ébats aient leur place parmi les anges. Au fil des minutes, le jour continue de s'installer. Je respire l'air iodé à pleins poumons. Le balancement du cheval pourrait me bercer. En tout cas, il m'apaise. Grace ne manque pas de rappeler que nous nous marrions le lendemain. « Est-ce de l'appréhension ou de la hâte ? » je demande pour la taquiner. Quoi que je comprendrais qu'elle ait quelques craintes. Elle apprendra vite les ficelles de la langue, toutes les habitudes, les coutumes, les noms, et elle sera une bonne princesse, je n'en doute pas. Quant à moi, je dois me décider à cesser de fuir mon titre pour aujourd'hui et rentrer au château. Nous laissons la plage derrière nous et traversons la ville qui s'est éveillée. Désormais les rues sont animées. Dans la cour du château, Anatoli hurle à l'italienne tout le souci qu'il s'est fait en ne nous trouvant nulle part dans l'édifice. Je ris en descendant de mon cheval. « Allons, Anatoli, avez-vous seulement cherché ? Où voulez-vous que nous allions, hm ? » Nous n'allons pas fuir dans le soleil couchant, cela serait ridicule. Je tends une main à Grace pour l'aider à remettre les pieds sur les dalles à son tour. « Nous étions à la plage. » A seulement quelques minutes d'ici, sains et saufs, et nous accordant un moment de répits. « Et aux dernières nouvelles, je fais ce qu'il me plaît. » j'ajoute en haussant les épaules. Je confie les rênes des chevaux à un servant qui s'occupe de les reconduire aux écuries. Le claquement des sabots résonne, de plus en plus lointain. Je me tourne vers ma promise et l'embrasse tendrement. « A plus tard ma princesse. Peut-être qu'Anatoli pourrait vous faire perfectionner vos pas de danse pour que nous puissions danser ensemble pendant des heures les jours à venir. » dis-je en adressant un regard à celui-ci qui accepte volontiers d'un signe de tête. Je retrouve ensuite le regard de Grace. Je ne la quitte pas tout de suite. Comme pour m'en imprégner pour le reste de la journée, je la contemple un instant, caressant sa joue du dos de la main, esquissant de temps en temps, furtivement, un sourire amoureux. Enfin, je l'embrasse sur le front et rentre dans le château pour retourner à mes obligations.
I believe in the lost possibilities you can see. And I believe that the darkness reminds us where light can be. I know that your heart is still beating, beating darling. I believe that you fell so you can land next to me. ‘Cause I have been where you are before. And I have felt the pain of losing who you are. And I have died so many times, but I am still alive
Grace s'attendait à ce que l'esprit rêveur et artistique de son fiancé suive un peu ses pensées. Mais il semblait être bien descendu sur Terre à s'arrêtant à ce que les livres religieux apprenaient, c'est-à-dire que tout s'arrêtait avec ce dernier souffle. Qu'il n'y avait plus rien derrière. Il corrigea ensuite ses paroles, pensant à ce que leurs sentiments les accompagnent là où leur âme iront. Mais ce n'est pas non plus une réponse qui convenait à ce qu'elle pensait. "Ne pensez vous que cela puisse être un sentiment qui traverse le temps, qui ne vieillit pas ?" lui demanda-t-elle après quelques minutes de réflexion. "C'est un peu comme lorsque vous voyez une personne pour la première fois, mais que vous savez d'avance que vous ne l'aimez pas, ou qu'au contraire, vous allez l'adorer et la chérir pour la reste de votre vie. Ce n'est pas quelque chose qui naît. Cela nous paraît être comme une évidence." tenta-t-elle d'expliquer. "Vous m'aviez intriguée et fait un certain effet depuis le début. Ce n'est pas quelque chose que j'ai du apprendre à éprouver comme avec mon précédent mari. Je n'avais pas besoin d'apprendre quoi que ce soit pour vous aimer. Comme si c'était en moi, et qui n'attendait qu'à croiser votre regard pour se réveiller enfin." La promenade se poursuivait tranquillement, il y avait toujours le même esprit dans leur sujet de conversation. "Un peu des deux, je dois vous avouer." reconnut-elle avec un sourire complice. Tous les regards allaient posés être sur eux. Non pas que Grace y était inhabituée, mais c'était un événement important. Et elle allait surtout devenir princesse. Une ascension certaine qui fera son bruit dans certains échanges politiques. Ils finirent par rejoindre le château, où Anatoli s'était affolé pour rien. Celso aida sa princesse à descendre de sa monture. Il l'embrassa avec tendresse, et caressa sa joue du dos de sa main. Elle le regardait avec affection. "Qu'aurai-je pu faire d'autre lorsque vous n'étiez pas disponible pour me cajoler lorsque nous étions à Tricarico ?" lui lança-t-elle tout bas avec une voix suave, en arquant un sourcil. "Mais les leçons supplémentaires sont toujours la bienvenue." dit-elle au bord de ses lèvres avant de lui voler un baiser. Puis Celso rentra dans le château pour aller répondre à son devoir. "Anatoli, vous m'aviez donc parlé de ce professeur de danse, dont vous ne faisiez que des louanges. Invitez-le donc au château, afin de voir ce qu'il pourait m'apprendre." "Lady Grace." dit-il en s'inclinant. Puis Anatoli s'éloigna pour s'atteler à sa tâche. Grace passait par la grande salle, où tous les nobles s'inclinaient poliment à son passage, puis se dirigea dans ses appartements, où Jane faisait un peu de rangement. Elle l'aida ensuite à se changer et à faire une coiffure plus acceptable pour recevoir. Sa robe était grise, elle put ainsi mettre la broche qu'on lui avait offerte à Tricarico. Anatoli arriva avec le fameux professeur de danse. Il était grand, la peau mât et les cheveux frisés. Il était dans la quarantaine, mais restait particulièrement svelte et bien portant. Il s'inclina avec un peu trop d'artifice devant sa future princesse. "Lady Grace, permettez-moi de vous présenter Federico. Il est très réputé dans la région pour ses cours." dit fièrement le conseiller. "Jane, venez donc à mes côtés. Il faut bien que vous appreniez aussi." dit la Comtesse à sa suivante parfois trop timide. Elle voulait qu'elle en apprenne autant qu'elle, cela ne pourrait que lui être utile. Les deux jeunes femmes passèrent donc la majorité de leur après-midi à perfectionner leur danse, et quelques mots et expressions en italien en passant. Elles s'étaient toutes les deux beaucoup amusées - elles adoraient danser toutes les deux. Lorsque Federico partait, Grace s'accorda un moment de calme, uniquement avec sa suivante. La Comtesse se servit un peu de vin, bouquinant un livre en italien simple de compréhension. Elle n'assimilait pas tout, mais reconnaître certains mots lui permettaient de reconstituer et de deviner le reste d'une phrase. Jane ne put ensuite attendre davantage avant de lui dire qu'elle avait récupéré la robe soigneusement faite pour son mariage. Elle la lui montra, Jane se passionnait du moindre détail. Elle ne cessait d'exprimer la hâte qu'elle avait de la voir porter par sa maîtresse. Celle-ci tint également à voir celle de sa suivante. Elles dissimulèrent les tissus dès qu'on toqua à la porte. "Lady Grace, son Altesse vous attend pour dîner." dit le garçon en italien. Elle se surprit à tout comprendre. Fière d'elle, elle remercia le garçon avec un large sourire. La robe rangée dans la malle, les deux jeunes femmes rejoignirent le reste de la cour pour dîner.
Même si je comprends tout à fait ce que me décris Grace, j'avoue ne pas savoir où elle veut en venir. Certes il est des personnes que j'aime ou n'aime pas spontanément, parfois sans raison nécessaire. Certes mes sentiments pour elle sont nés d'eux-mêmes de la plus pure des façons. Je fronce les sourcils, essayant de saisir le sens de toutes ses paroles, mais honnêtement, une seule réponse me vient à l'esprit ; « Eh bien, pour moi cela s'appelle la destinée, et bien sûr que j'y crois. » D'autres l'appellent le plan de Dieu pour chacun d'entre nous. Moi je pense que même Dieu est soumis au Destin comme l'a été son fils. C'est une chose peut-être plus puissante que lui. Mais il n'est pas lui-même le Destin, c'est autre chose. Comme si toute sa création avait son propre libre arbitre. Alors chacun suit un chemin qui lui a été tracé, et croise d'autres routes ; certaines routes sont parallèles les unes aux autres pendant des années puis bifurquent, d'autres, comme les nôtres, vont dans la même direction jusqu'à la fin du voyage. « Tout ira bien. » j'assure à Grac qui avoue sa pointe d'appréhension au sujet du mariage. Il n'y a pas de raison pour qu'il en soit autrement. J'ai un excellent pressentiment. De retour au château, je confie ma promise à Anatoli pour le reste de la journée. Lorsque j'arrive dans la grande salle où trône cette grande table bordée par tous ces conseillers, je fais face à une dizaine de paires d'yeux qui n'assument pas leurs envie de m'accuser d'ingérence. Je récupère mon plus bel air pédant, et m'avance jusqu'à mon trône en bout de table où je m'installe en me fichant bien de leur désapprobation si mal dissimulée. Ils ne font que me donner plus envie de m'installer à Tricarico. Lorsqu'ils cessent enfin de faire la moue comme des enfants, l'un d'eux prend la parole avec un air grave qui n'augure rien de bon. « Votre Altesse. Un messager du roi nous est venu de Naples ce matin. » Si le siège est déjà levé le couronnement peut avoir lieu à la date prévue. Mais il n'y a que moi qui ferait une tête une six pieds de longs face à pareille nouvelle, ça ne peut pas être cela. « Une épidémie de malaria a débuté pendant le siège. Nous avons un premier cas à Squillace. » Dans un soupir, ma tête tombe entre mes mains. Cela peut être un seul et unique cas, comme il s'agit du premier d'une dizaine, d'une centaine d'autres. La région a toujours été particulièrement exposée à ces maladies m'a-t-on expliqué. Ce ne serait pas la première épidémie, ni la dernière. L'année précédente, la ville avait eu de la chance. Et puisqu'il n'existe aucun remède parfaitement efficace, tout ce que propose le conseiller est de prier. Du reste, la séance n'est que mauvaises nouvelles et je me retrouve bien heureux d'avoir pu m'offrir un moment de repos ce matin avec Grace pour me sentir plus apte à attaquer tout ceci. La seule chose venant terminer la journée sur une bonne note est l'annonce de l'arrivée de la future épouse de mon cousin le lendemain, la jeune femme tenant à être présente à mon mariage. Une fois les conseillers dispersés, je me rends dans mes appartements pour me changer pour ce soir. J'envoie un valet fait appeler Grace pour le dîner qui sera servi sous peu. Mon visage est bien grave jusqu'à ce qu'elle apparaisse dans la grande salle. Je la laisse s'asseoir à côté de moi et dépose un baiser sur ses doigts. « Grace... » Je me penche vers elle et lui fait signe de me tendre l'oreille afin que je puisse lui parler tout bas. « J'aimerais que vous ne sortiez pas du château jusqu'à notre départ pour Tricarico. La malaria pourrait frapper la ville, je veux que vous restiez loin de tout risque. C'est d'accord ? » En réalité, elle n'a pas vraiment le choix. Il est hors de question qu'elle soit exposée au reste de la population ; si l'un d'eux à la maladie, elle pourrait l'attraper à son tour, et ce n'est pas une petite fièvre qui passe en quelques jours de bons soins. C'est une maladie tueuse, et les dégâts faits à Naples transposés à Squillace auraient des conséquences bien plus désastreuses.
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Installée aux côtés de Celso, elle nota que celui-ci avait l'expression bien grave, voir renfermée. Perplexe, elle fronça légèrement les sourcils. Il lui fit signe de s'approcher de lui afin de pouvoir lui murmurer quelques paroles que personne d'autre ne pourrait entendre. La Comtesse ne s'attendait pas à ce genre de nouvelles, surtout la veille de leur mariage. Elle peina pendant quelques secondes à cacher son inquiétude. Celso fixait son regard, insistant, lui faisant clairement comprendre qu'il s'agissait d'un ordre et non d'une suggestion. Qu'il ne fallait pas qu'elle se comporte comme elle le pourrait parfois n'en faisait qu'à sa tête. Elle n'avait pas le choix. Il craignait beaucoup trop qu'elle ne contracte la maladie avec ce risque immense de la porte. Silencieuse, Grace acquiesça d'un simple signe de tête. Il ne fallait également pas en parler plus longuement avant que tout le monde ne se mette à s'inquiéter et s'alarmer. Celso commença son repas comme si de rien n'était. Grace se souvenait de cette épisode de suante qu'il y avait eu en Angleterre. Son frère l'avait directement envoyé en campagne, où les risques d'attraper ce fléau était moindre. Elle mangea bien qu'elle avait peu d'appétit. La soirée était assez calme. C'était toujours les mêmes qui répondaient présents et restaient fidèles. Après quoi, Grace retourna dans ses appartements pour se changer. Elle était bien silencieuse pendant que Jane défaisait son chignon et ses tresses. Une fois qu'elle avait enfilé sa robe de chambre, elle congédia sa suivante. Elle se rendit alors aux appartements de Celso, mais il n'y avait personne. Il ne pouvait que se rendre à l'atelier. Difficile d'y entrer discrètement alors que la porte grinçait. Cela ne semblait pas perturber le jeune artiste, qui était bien concentré sur l'une de ces toiles. Grace s'installa sur le canapé dans lequel elle avait posé la semaine précédente, et elle l'observa longuement, silencieuse. Son regard était toujours si différent lorsqu'il se concentrait sur l'une de ses oeuvres. "Je pense qu'il y a autre chose que la destinée. Autre chose que le fait que Dieu nous ait appris à aimer." dit-elle au bout de longues minutes de silence. Sa voix était douce, presque comme un murmure pour ne pas trop perturber le silence de la pièce. "Et ce n'est pas de la sorcellerie non plus, ce n'est pas blasphématoire." Elle peinait bien à dire la manière dont elle percevait les choses. "Dans la Bible, il y a cette phrase qui est écrite, dite par Jésus. En vérité en vérité je te le dis, si un homme ne naît de nouveau il ne peut voir le royaume de Dieu. C'est libre d'interprétation à mes yeux, mais il y a une notion de réincarnation, n'est-ce pas ? Et le livre de Jérémie, il est écrit : Avant que je t'eusse formé dans le ventre de ta mère, je te connaissais ; et avant que tu fusses sorti de son sein, je t'avais consacré, je t'avais établi prophète des nations. Ils étaient prédestinés à se connaître, il y avait déjà ce lien qui existait bien avant sa naissance. C'est du même ordre que l'enfant d'un roi héritera d'un trône. Ce chemin est tracé avant même qu'il ne soit né. Ne pensez-vous pas qu'il est possible qu'il en soit de même pour les sentiments que nous avons vers l'un l'autre ? Que malgré les renaissances et les réincarnations, il n'y a que ce sentiment, le plus pur et le plus beau qui soit, qui perdure, et qui s'alimente de chaque vie qu'il parcourt ? Pour devenir de plus en plus beau au fil du temps ?" Peut-être qu'il n'y comprendrait rien, peut-être qu'il ne voulait pas comprendre. Grace avait des convictions qu'elle avait longuement gardé pour elle. Son précédent mari ne se serait jamais intéressé à ce genre de choses. Ils ne discutaient pas tant que ça, et elle n'était pas amoureuse de lui comme elle pouvait l'être avec Celso. Elle avait remarqué qu'il s'était montré beaucoup plus religieux et croyant que lorsqu'elle l'avait rencontré à la cour. Son rôle de prince l'y poussait certainement. Mais Grace ne doutait pas de son ouverture d'esprit. Depuis le début, ils disaient ce qu'ils pensaient, leur manière de percevoir les choses. Cette liberté d'expression qu'il n'y avait qu'entre eux et qui permettait à ce qu'ils se disent tout ce qu'ils avaient sur le coeur sans avoir peur d'être jugé.
N'ayant pas vraiment la tête à la fête, je me contente de vider mon assiette et de quitter la salle à une heure peu tardive en compagnie de Grace. Alors qu'elle se rend dans ses appartements, je prétexte un moment de recueillement pour m'isoler. Une fois la porte de l'atelier fermée, mes épaules me semblent moins lourdes. Je souffle enfin. N’ayant cure de mon allure entre ces murs -et ne tenant pas à mettre de la peinture sur mes habits coûteux- je retire ma veste et ma première chemise pour ne garder que le dessous. Une fois installé devant le chevalet, je dispose un torchon propre sur mes genoux. Alors je peux commencer à diluer mes pensées dans les couleurs. Je poursuis un exercice rare pour moi, mais qui a l'avantage de demander tant de concentration que rien ne peut interférer dans mon esprit ; un paysage, Squillace vue au loin, comme je l'ai aperçue la première fois à mon arrivée. Pour un portraitiste la justesse des couleurs n'est pas une difficulté. La perspective, elle, est plus maladroite. Qu'importe, personne ne posera les yeux là-dessus. Mon pinceau se lève quand je sursaute légèrement, réflexe pour ne pas effectuer un mauvais trait ; la porte s'ouvre sur Grace qui semble particulièrement songeuse. Pour l'écouter, j’essuie mon outil sur le torchon et le plonge dans l'eau et nettoie succinctement mes mains. Elle s'est installée sur le canapé, prête à se lancer dans sa tirade. Elle revient sur le sujet qu'elle avait abordé sur la plage. Elle tient et croit dur comme fer à cette renaissance à travers les âges. Même si elle est persuadée qu'il ne s'agit pas de blasphème, je doute que tout le monde soit de cet avis. Sa pensée est particulièrement controversée. La jeune femme peut certainement deviner dans mon regard désolé que je ne partage pas sa croyance. “Mon amour…” Je me lève et m'assois devant elle, puis je prends délicatement ses mains. “J'espère tout d'abord que vous comprenez que notre rôle ne nous permet absolument pas d'émettre ce genre de thèse en public. Nous sommes monarques du futur Empire Saint, nous n'avons pas le droit au moindre mot de travers ou qui puisse être perçu comme un blasphème. Alors tout ce que vous pensez ne devra jamais, jamais franchir les murs de l'atelier, de notre monde. Ici vous pourrez toujours croire ce que vous voulez croire.” Elle ne sera pas jugée ni blâmée. Cette pièce secrète est sûrement l'endroit où nous sommes le plus libres. “Ensuite, je pense comprendre ce que vous voulez dire… mais je pense que vous vous trompez.” je poursuis d'une voix douce. “Vous commencez par mal interpréter votre propre verset : si un homme ne naît de nouveau, il ne peut voir le royaume de Dieu. Donc, si un homme revient sur terre, le paradis lui est refusé.” Et non l'inverse. Néanmoins, il y a mieux pour supprimer toute équivoque et mauvaise interprétation ; “Et je vous rappelle le plus important : il est réservé aux hommes de mourir une seule fois, après quoi vient le jugement.” C'est écrit, c'est irréfutable. Du moins, nous n'en avons pas le droit, pas sans risquer l’excommunication. Je me pince les lèvres, espérant que Grace comprenne. “Hériter d'un trône est un acte politique. L’on hérite pas d'un titre parce que nous l'avons mérité d'une autre vie. Il suffit d'être né au bon endroit, et ça, ce n'est que du hasard.” Un hasard injuste. J'en ai vu des monarques sans mérite et rencontré des hommes qui feraient de meilleurs guides pour le peuple. Des personnes plus sages et moins égoïstes. Pour ma part, j'ai ce trône éphémère parce que je l'ai gagné, et me suis battu pour. Dans cette vie, et celle-là uniquement. “Nos sentiments font partie de nos âmes, ils montent avec nous jusqu'au ciel et y vivent pour toujours. Alors nous nous aimons pour l'éternité de la manière la plus pure qui soit.” Il n’y a pas de raison de vouloir troquer un amour pareil contre une succession de vies mortelles. La vie est dure, souvent laide. L’amour est un rayon de soleil, certes. Mais le reste est pénible, et le bonheur terrestre vient de la capacité à s'épanouir malgré les obstacles. Le ciel n'est que quiétude. “Dites-moi, pourquoi le seigneur nous renverrai sur terre? Si nous avons gagné notre place au paradis, pourquoi nous en éjecter? Il n’y a que deux portes au purgatoire, l'une vers Dieu, l'autre vers l'enfer, mais pas de retour en arrière.” En tout cas, cela n'est écrit nulle part. Je suppose qu'il n'y a pas de raison de croire qu'une chose n'existe pas parce qu'elle n'est pas écrite dans la bible néanmoins. Cela mérite le bénéfice du doute. “À moins que nous renvoyer parmi les hommes soit une forme de purgatoire, une manière de nous forcer à nous repentir de nos péchés de la vie précédente… Cela n’a rien à voir avec nos sentiments l'un pour l'autre. Peut-être qu'ils reviendraient sur terre avec nous, dans nos âmes blessées de ne pas avoir eu accès à l'éternité. Et je ne trouve pas que cela soit beau, Grace.” Au contraire, cela m'angoisse. Parce que je sais la liste de mes péchés, et que toutes les demandes de pardon ne seraient pas suffisantes pour m'empêcher un retour sur terre dans une vie encore plus pénible pour me punir et me rendre digne du royaume du seigneur. “Je préfère croire que notre amour sera magnifique sur terre, et que notre mariage nous rendra indissociables aux yeux de Dieu, alors nous serons ensemble pour toujours.” Ou alors je la condamne avec moi. Non, vraiment, je déteste sa vision des choses. Elle me fait trembler de l'intérieur et serre mon cœur dans un étau.
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Dernière édition par Jamie Keynes le Lun 10 Oct 2016 - 16:16, édité 1 fois
I believe in the lost possibilities you can see. And I believe that the darkness reminds us where light can be. I know that your heart is still beating, beating darling. I believe that you fell so you can land next to me. ‘Cause I have been where you are before. And I have felt the pain of losing who you are. And I have died so many times, but I am still alive
Grace fut particulièrement vexée que le prince se sente obligé de lui rappeler qu'elle ne devait jamais émettre ce genre de propos en public. Cela ne la faisait passer que pour une sombre idiote, une initiée en la matière, et c'était quelque chose qu'elle n'appréciait absolument pas. Dès ces mots-là, son visage se renferma immédiatement, et aucune émotion ne parvenait à dessiner des traits sur son visage de porcelaine. Néanmoins, elle écoutait tout ce qu'il avait à lui dire, sa propre vision des choses. Elle était surprise qu'il accorde une telle place au hasard dans sa vie. Au bon endroit, au bon moment, selon lui. La manière dont lui voyait les choses se rapprochait beaucoup plus de ce qu'un prince dirait. Elle trouvait que ça ne lui ressemblait pas, il ne lui laissait pas vraiment le bénéfice du doute. "Et si l'un de nous deux ne mérite pas sa place au Paradis ?" lui rétorqua-t-elle alors, en répondant par une autre question. "Qu'adviendra ce nous indissociable s'il nous est impossible d'être ensemble pour l'éternité ?" C'était fataliste, mais on ne peut plus plausible. Grace priait très régulièrement, cela ne lui garantissait pas d'être repentie. "Si c'était le cas, je préférerais largement vivre toutes ces vies, et vous y retrouver à chaque fois jusqu'à ce que Dieu nous accorde, dans sa miséricorde, notre place au Paradis ensemble plutôt qu'à attendre une éternité à vous retrouver. Que ce soit vous ou moi qui êtes entre les mains de Dieu." Quelque part, Grace restait campée sur ses positions, mais en reprenant les termes qu'il venait d'employer. Peut-être qu'il comprendrait un peu plus. "Vous l'avez dit, à compter de demain, rien ne pourra nous séparer, nous serons mari et femme aux yeux de Dieu." Elle se demandait si lui aussi finirait par lui demander de se taire, qu'elle devait tout simplement arrêter de penser. On ne demandait pas ce genre de choses aux femmes. Au contraire, les femmes qui savaient réfléchir étaient dangereuses, malignes. "Je préférerais vivre autant de fois que nécessaire plutôt que d'être au Paradis à vous attendre pendant une éternité. Parce que pendant tout ce temps là, je serai sans vous, et je n'y survivrai pas." Aucun ange ne pourra venir la consoler, aucune âme ne pourrait soulager un tant soit peu son chagrin en attendant son bien-aimé. La quiétude n'arrangerait rien. Celso n'avait pas un bon apriori de la vie en soi. Encore une fois, c'était quelque chose qui la surprenait. Lui qui aimait tant les plaisirs de la chair, la passion, le voilà qu'il ne résumait tout cela qu'à un pansement pour dissimuler les souffrances et les tracas de tous les jours. Grace resta longuement silencieuse, le regard dans le vide. "Notre premier désaccord, la veille de notre mariage." dit-elle tout bas, songeuse. "Je vais aller me coucher." ajouta-t-elle au bout de quelques minutes d'un silence devenue assez inconfortable. Elle se leva, et commença son chemin en direction de la porte. "Je devrais peut-être cesser de parler de sujets qui poussent à argumenter. Je suppose que vous ne faites que ça à longueur de journée, cela ne doit pas vous enthousiasmer à ce que je vous pousse à réfléchir à une heure aussi tardive." Elle haussa les épaules. Elle allait retomber dans le rôle d'épouse qu'elle connaissait par coeur, peut-être que cela lui conviendrait-il beaucoup plus que d'entendre sa bien-aimée blasphémer avec cette histoire de vie et de mort. S'il venait dans cet atelier, ce n'était pas pour se torturer l'esprit, bien au contraire avec les divagations de sa fiancée. "Pardonnez moi de vous avoir importuner." Une fois qu'elle avait ouvert la porte pour sortir de la pièce, elle s'inclina gracieusement. "Bonne nuit, votre Altesse." Non pas qu'elle était capricieuse, mais il était à ses yeux inutile de continuer à débattre si c'est pour qu'ils soient encore plus en désaccord. Grace avait effleuré le sujet, elle avait bien vu qu'il n'adhérait absolument pas à sa manière de pensée, alors autant évincer le sujet et passer à autre chose. Elle referma la porte derrière elle et prit la direction de ses appartements. Jane avait bien alimenté le feu, il éclairait énormément la pièce. N'ayant pas sommeil, elle se servit un verre de vin et s'installer dans son fauteuil, avec un livre. Elle ne parvint qu'à lire quelques lignes, ayant bien du mal à se concentrer ou à faire un effort pour tenter de traduire une phrase écrite en italien. Elle n'aimait pas être en désaccord avec Celso. Bien qu'elle n'en parlerait plus, même s'il voulait lui arracher les vers, elle n'aimait pas savoir qu'il y avait quelque chose sur lequel ils ne s'accordaient pas. Cela n'éreintait en aucun cas ses sentiments pour lui, loin de loin, mais il était dur pour elle d'admettre que ce n'était pas aussi symbiotique qu'elle ne l'aurait voulu.
L’estomac noué, mon regard se baisse, défait ; si quelqu’un de mérite pas sa place au paradis, ce sera moi, pour avoir réuni tous les plus grands péchés dans une vie. S’il faut retourner sur terre pour purger ces méfaits, alors il me faudra sept vies entières de piété pour gagner mon droit de passage. Faire bâtir une cathédrale ne me sauvera pas. Est-ce que je devrai faire mon chemin de croix seul, pendant que Grace m’attend au ciel ? « Je ne sais pas… » Je n’ai pas toutes les réponses, personne ne les a. Toutes ces zones d’ombre nous poussent à nous questionner et l’esprit de ma promise est plein de curiosité. Ma gorge se serre à l’idée que la jeune femme perde son accès au royaume du Seigner par ma faute. Si nos âmes ne peuvent pas être séparées, peut-être qu’elle se condamne auprès de moi. Je garde les yeux baissés, tout ceci m’inspirant un grand sentiment de culpabilité. Mais je n’en dis rien, je garde simplement les mains de Grace dans les miennes et cherche un peu de réconfort dans cette chaleur. Je ne m’étais jamais inquiété du salut de mon âme jusqu’à présent. On se fiche de savoir si l’on se rendra au paradis ou en enfer lorsque l’on est seul ; après tout, nous n’emportons que nous dans notre chute si telle est l’issue de cette vie. Mais je ne suis plus seul. Je pourrais bien payer mes erreurs au pire moment. Jamais cette question ne m’avait autant rongé. Perdu dans ces pensées, j’en suis arraché par la Lady qui se lève et décide de partir. « Grace… » Mon souffle ne la retiendra pas. Je me tracte sur le canapé pour ne plus rester par terre. Je ne peux pas le nier, ce genre de débats à cette heure et après une telle journée ne sont pas vraiment les bienvenus, je cherche la paix dans mon atelier, j’aurais aimé que nous parlions de futilités, qu’elle pose à nouveau pour moi, ou qu’elle prenne un livre pour bouquiner pendant que je peins juste pour être près l’un de l’autre. Elle a créé une angoisse chez moi dont je me serais bien passé –mais continuer de vivre sans n’aurait consisté qu’à se voiler la face. Elle s’est vexée, je le vois bien. Dans sa courbette, dans sa manière de m’appeler par mon titre. « Grace… » Elle passe la porte et s’en va. Je lâche un long soupir, la tête entre les mains. Je reste là un long moment à tenter de chasse tout ceci de mon esprit pour me remettre à ma peinture, en vain. Impossible pour moi que reprendre mon pinceau. Grace et moi avons déjà été fâchés, et cela est toujours aussi désagréable. Cela noue mon estomac d’une manière insupportable. Une petite voix me dit de la laisser tranquille, l’autre que je devrais aller lui parler. L’une et l’autre me torturent pendant des dizaines de minutes jusqu’à ce que je me rhabille et traverse le couloir pour me rendre dans les appartements de ma princesse. J’entre sans bruit, au cas où elle dormirait en effet, mais je la trouve dans son fauteuil. Les mains dans le dos, nerveux, je me plante devant elle. Je reste silencieux quelques secondes, bien penaud. « Je ne veux pas que vous vous taisiez. Cela ne me dérange pas d’argumenter avec vous, au contraire. Nous sommes plus riches des points de vue l’un de l’autre, cela me permet de vous comprendre, de tout savoir de vous. Je me fiche que nos avis divergent, vous pourriez croire dans les anciens dieux d’Egypte ou de Grèce que je vous aimerai toujours autant. » Je finis par retomber à ses genoux, reprendre ses mains, et planter mon regard dans le sien avec un sincère désarroi. Je ne souhaite pas que ma princesse soit comme toutes les princesses. « J’ai besoin de savoir ce que vous pensez réellement, ce que vous aimez, ce que vous croyez. Si vous décidez de vous taire, je n’arriverai jamais à croire ce que vous dites ou à savoir si ce qui sort de votre bouche ne cherche qu’à me plaire. Je veux que vous soyez honnête avec moi comme vous l’avez absolument toujours été depuis que nous nous connaissons, il n’y a pas de raison pour que cela change. S’il vous plaît, je ne veux pas que cela change. » Elle sait qui je suis, elle me connaît réellement, plus que n’importe qui. Notre relation n’a pas à changer ou à se soumettre à quoi que ce soit. Elle n’a pas à avoir une attitude différente vis-à-vis de moi. J’ai aimé celle que j’ai rencontrée à Londres, c’est celle que je veux à mes côtés pour toujours. Ma Lady pleine de malice et d’esprit, curieuse et ayant soif d’indépendance. Celle qui saute de la calèche en plein Tricarico en se fichant que je la suive. « Qu’importe si cela me déplaît, soyez honnête en toutes circonstances, parce que vous êtes la seule et unique personne qui le peut, qui l’osera. J’ai besoin de quelqu’un qui sera toujours vrai avec moi. C’est ce que je veux que vous me promettiez la veille de notre mariage. »
I believe in the lost possibilities you can see. And I believe that the darkness reminds us where light can be. I know that your heart is still beating, beating darling. I believe that you fell so you can land next to me. ‘Cause I have been where you are before. And I have felt the pain of losing who you are. And I have died so many times, but I am still alive
Ce ne serait certainement pas le dernier conflit entre eux, si la seule fois où leurs opinions divergeraient. Ils avaient chacun une vision bien différente du monde, ils étaient tous les deux en parfaite capacité d'argumenter et de tenir tête. Il ne s'agissait pas là que de fierté, mais aussi d'une marque de respect. Grace pourrait clouer le bec de plus d'un si elle parlait comme elle l'entendait à la cour. Là, elle se prenait le temps de maîtriser parfaitement la langue, afin que l'on ait rien à lui reprocher. Mais elle ne se laissait pas faire. Alors laisser Celso seul lui semblait être la meilleure chose à faire. Le laisser à ses toiles et ses croquis pour faire ce dont il avait envie. Et elle, eh bien le sommeil viendra lorsqu'il pourra venir. Les yeux de Grace étaient rivés sur les flammes dansantes logées dans la cheminée. Le prince finit par se poster devant elle. Il se lançait dans une tirade qui lui suppliait de ne pas se taire, de continuer à s'exprimer comme elle l'avait toujours. Un discours assez singulier, dans la mesure où les hommes avaient bien plus tendance à ordonner à leur épouse de se taire. Celso tenait absolument à savoir tout de sa belle. Ses pensées, ses opinions, ses avis. Encore une fois, le prince se mit à ses genoux, rappelant et se rappelant qu'il était à sa merci. Qu'elle n'était pas une princesse, mais une reine à ses yeux. Grace parvint à libérer l'ne de ses mains pour caresser doucement sa joue. "Une promesse la veille de notre mariage ?" lui dit-elle tout bas, avec un air tendre. La Comtesse resta longuement silencieuse, à contempler les traits de son visage. "Alors vous devez également me promettre quelque chose." Grace se pencha pour approcha son visage du sien. "Ne laissez pas la soif de pouvoir vous envahir. Cela rend fou." Elle ne quittait pas ses yeux un seul instant. "Je peux comprendre que vous voulez récupérer ce qui vous a toujours appartenu, et j'en ai bien conscience. Et je souhaite pour vous que cette ascension se poursuive. Mais..." Elle se laissa glisser de son fauteuil pour se retrouver à califourchon sur lui, ses bras passaient ses bras autour de son cou. "Vous devez aussi rester intègre. Tout autant que je continuerai de l'être avec vous. Je sais qu'il y a en vous cette envie irrépressible de détrôner Charles Quint. Aussi infime soit-elle, aussi discrète et invisible. Moi je la vois, et je la comprends. Mais ne vous empressez pas." Celso devait comprendre qu'elle ne l'empêchait pas non plus. Mais elle avait constaté l'euphorie excessive de son amant traduisait en grande partie ses intentions cachées. Il s'était un petit peu trahi, sur le coup. "Ne vous laissez pas aveugler, mon amour. Justice sera faite. Et comme chaque chose qui se vaut d'être vécu, cela peut prendre du temps." Elle prit sa main et la fit glisser doucement sous la chemise de nuit de la petite blonde pour la déposer sur son ventre. "Comme toutes les belles choses qui puissent arriver en ce monde, cela peut prendre du temps." Elle lui fit un sourire complice. "Vous voyez ? J'ai déjà commencé à tenir ma promesse." Elle approcha son visage son visage du sien et frôla ses lèvres avec les siennes. Quelque part, elle souhaitait toujours pour lui qu'il récupère son Empire. Et elle se doutait qu'il avait toujours quelque part en tête de récupérer ce qui lui appartenait de droit. Bien sûr, il se souciait de son peuple, de reconstruire Tricarico et lui redonner son prestige. Mais une fois que tout sera relancé, il en voudra plus. "J'accepte même de donner mon avis en matière de politique, si cela vous importe tant." lui dit-elle avec un regard pétillant. "Acceptez ça comme... un premier cadeau de mariage. Je n'ai certainement pas beaucoup de connaissance en la matière, mais peut-être qu'un regard qui n'est pas constamment plongé sur les cartes géopolitiques ou les comptes de la région peut vous aider." Elle l'embrassa tendrement. "Je vous aime, Celso." dit-elle quelques minutes plus tard. "N'oubliez jamais qui vous êtes, et pourquoi je vous aime." Elle sentit la main de Celso caresser doucement sa cuisse pendant qu'ils se regardaient amoureusement. "Me ferez-vous l'amour une dernière fois avant que nous soyons mariés ?" vint-elle lui chuchoter à l'oreille, devenue subitement un peu fébrile.