I believe in the lost possibilities you can see. And I believe that the darkness reminds us where light can be. I know that your heart is still beating, beating darling. I believe that you fell so you can land next to me. ‘Cause I have been where you are before. And I have felt the pain of losing who you are. And I have died so many times, but I am still alive
S'il y avait bien une chose dont Celso ne pouvait plus se passer, qu'il soit peintre, roi, ou empereur, c'est bien ces moments d'affection. Il avait besoin de ces moments calmes, près des flammes dansantes de la cheminée, à se soumettre et se plier devant elle, à demander encore et encore de son attention. Grace devait juste passer ses doigts dans ses cheveux, il ne demandait rien de plus mais elle donnait tout son être par ce simple geste. Tout homme avait besoin de l'affection d'une femme, certains ne la trouvaient pas chez leur épouse. Celso puisait tout ce qu'il pouvait, lui remettant son corps et son âme pendant ces quelques instants. "Je peux te le promettre, oui." souffla-t-elle tout bas, le regard affectueux posé sur lui. "Et si l'on venait à t'arracher de moi, pour n'importe raison ou cause, je serai là dans tes rêves. Une partie de mon âme sera toujours attaché à toi et sera toujours prête à t'apaiser lorsque tu en auras besoin et que je ne pourrais pas être là." Qui sait s'il partira un jour en guerre, qu'il sera demandé par un quelconque souverain et que la jeune femme ne sera pas en condition de l'accompagner dans son voyage. "Oui, je te le promets, mon amour. Et je continuerai même lorsque nous serons aux mains de Dieu, quoi qu'Il décide de faire de nous." La jeune femme se trouvait désormais à sa hauteur, admirant et caressant les traits du visage de son époux. Il n'y avait là que des gestes de tendresse. Celso faisait parcourir ses lèvres à l'aide de baisers sur la peau de son cou après y avoir logé son visage, chérissant du mieux qu'il pouvait cet être qu'il aimait plus que tout autre chose. "Tu sais déjà ce que je crois." lui souffla-t-elle tout bas. "Tu sais déjà que je pense qu'il est impossible de nous oublier l'un l'autre. Que rien, pas même la distance, la douleur, le temps, ni la mort, ne pourra nous séparer." Elle passait ses doigts sur sa joue, le regard alors bien amoureux. "Peut-être qu'il faudra se souvenir, peut-être qu'il faudra se charmer l'un l'autre à nouveau, mais peu m'importe. Je sais que nous nous retrouverons quoi qu'il advienne, il ne peut en être autrement." C'était une évidence pour elle. Rien ne pouvait ébranler leur amour, celui-ci allait traverser les âges même lorsque le monde ne tournera plus vraiment rond. Leurs lèvres s'effleuraient constamment. Lorsque Celso lui demanda si elle apprécierait une vie si modeste, elle ne savait pas s'il s'agissait d'une plaisanterie ou de quelque chose de bien sérieux. Elle remarqua son rictus légèrement amusé. "J'avoue que je ne sais pas comment je le vivrai, je n'ai jamais véritablement connu de vie modeste, et toute notre famille s'assure constamment que ce ne soit jamais le cas." dit-elle avec un petit rire. "A tes risques et périls, je suis une bien piètre cuisinière." Grace avait apprécié pouvoir se promener incognito dans la foule avec de simples vêtements, mais elle n'était pas certaine de vouloir que ce soit constamment ainsi. Elle ne savait pas vraiment ce que c'était, une telle vie. "Mais il est certain que j'adorerai une vie avec de nombreux enfants, et à Florence. Ce sont de choses que nous pouvons avoir, n'est-ce pas ?" lui demanda-t-elle avec un sourire complice. "Mais il est certain qu'une vie plus simple éviterait que je ne m'inquiète constamment pour toi. Je respecte tes ambitions, mais après tout ce que tu as pu déjà traverser, j'ai peur pour toi. J'ai tellement peur qu'on t'emmène loin de moi." Cette inquiétude pesait constamment sur sa conscience, surtout depuis qu'il avait été empoisonné. Elle priait ardemment chaque jour pour lui, pour sa santé et sa sécurité, tout comme son succès. "J'ai hâte que tu me peignes à nouveau. Que tu aies ce regard si particulier posé sur moi. J'avoue avoir pris un certain plaisir d'être ta muse." dit-elle ensuite juste après avoir feinté un baiser. "Tu as jeté ton dévolu sur moi, et j'en suis bien chanceuse. Heureuse d'être celle que tu as choisi pour être auprès de toi jusqu'à la fin de nos jour, et bien au-delà encore. Je t'aime tant, Celso. Toi seul sait combien je peux t'aimer. Je crois que personne d'autre ne serait en mesure de le comprendre ou de le mesurer tant cela est énorme." Elle l'embrassa alors à pleine bouche, avec une fougue totalement démesurée, se redressant légèrement sur ses genoux pour plaquer son corps contre le sien, et ainsi absorber sa chaleur et la moindre goutte d'amour et d'affection qu'il avait à lui offrir.
Les promesses d’éternité sont en notre temps des paroles bien moins lointaines qu’elles ne se seront dans un futur lointain où l’engagement à vie, le mariage devant Dieu et l’union de deux âmes n’auront plus la même signification –voire n’auront plus de signification du tout. Pour nous, ces mots sont réels et cruciaux, en dépendent une partie de notre vie et de notre bonheur. Maintenant que je suis lié à Grace, il ne saurait en être autrement un jour. Elle sera mon épouse à jamais, même dans la mort, et après. Mon âme sœur, celle sans qui j’erre pour des raisons bien futiles. Sa présence est constamment près de moi, comme une subtile chaleur qui m’enveloppe et me frôle parfois, tout comme mes pensées et mon âme sont toujours un peu avec la jeune femme, veille sur elle et la protège dans tout ce qu’elle fait. Et cet engagement ne fait pas peur, non, c’est bien au contraire la seule chose qui permet de voguer et de fendre les vagues de l’existence. Savoir que Grace sera toujours là et que je serai toujours présent pour elle est comme un phare qui ne cesse jamais de briller à l’horizon, et m’emporte toujours plus loin vers l’avant. Sa lumière me rassure, sa chaleur m’apaise. En tel repère m’a toujours manqué, et désormais, je ne pourrais plus jamais m’en passer. Grace est persuadée, sans l’ombre d’un doute, que le Seigneur nous réunira toujours comme il a permis à nos chemins de se croiser par le passé. Nous saurons toujours être fidèles et loyaux l’un envers l’autre, et nous aimer éperdument. « Je l’espère de tout cœur. » je murmure. A vrai dire, je ne veux pas songer à un jour où nous ne voudrions plus l’un de l’autre et où nous nous regarderons comme des étrangers forcés de vivre sous le même toit. C’est une idée que je préfère balayer immédiatement, estampillée d’un qualificatif absurde. « Je ne supporterai pas que cet amour se perde ou change, qu’un jour nous ne sachions même plus pourquoi nous nous sommes mariés, ou que nous ne nous reconnaissions plus. » Qu’elle devienne aigrie et amère, ou que je sois soudainement avare et capricieux. Que la paranoïa me dévore et que l’inquiétude la dévore jusqu’à la faire sombrer. Que nous ne soyons plus les Grace et Celso qui ne sont rencontrés à Londres et qui sont tombés follement amoureux après une chasse du chat et de la souris. Je prends doucement le visage de la jeune femme entre mes mains et pénètre son regard. « Ne change jamais. L’âge n’a pas d’importance, seulement… Reste à jamais mon cœur et ma raison. Je ne veux plus vivre sans. » L’on pourrait croire qu’il est aisé de se remettre à vivre sans un élément qui ne fut ajouté que bien plus tard en chemin, et pourtant, le parasite de l’amour dont je m’étais si bien protégé s’est désormais incrusté dans ma chair et insuffle à mon cœur chacun de ses battements ; lui retirer reviendrait à l’arrêter net. Et cette interdépendance est gage de stabilité ou de fragilité, de confiance ou d’angoisse. Comme je le pensais, Grace serait sûrement aussi incapable que moi de mener une existence comme celle de Giulia et de sa famille. Elle parce qu’elle n’a jamais connu le besoin, moi parce que je ne veux plus jamais y être confronté. Néanmoins, nous pouvons avoir cette vie sans l’aspect modeste de cet environnement. Grace ne cache pas son inquiétude pour moi. L’empoisonnement dont j’ai été victime nous a marqués tous les deux, et nous ne pouvons plus faire comme s’il n’existait pas une menace des plus angoissantes. Le poison est parti, mais il a laissé derrière lui un nœud de peur dans un coin de l’estomac. « Ca n’arrivera pas. » j’assure à mon épouse qui s’inquiète d’une éventuelle séparation. Je le lui répète à chaque fois, rien ne m’emportera loin d’elle. Je ne laisserai pas cela arriver, et elle saura toujours que si les événements nous divisent c’est parce qu’ils auront été bien plus forts que ma volonté. Je retrouve le sourire en écoutant ma belle s’impatienter du jour où je pourrai la peindre à nouveau. « Vraiment ? La plupart des personnes qui ont posé pour moi ont trouvé cela fort ennuyeux. » Je parle peu durant de telles séances, et de ce que l’on m’a dit, seule la contemplation partagée du peintre et du modèle rend le moment agréable. Le regard toujours inscrit dans celui de Grace, elle me partage cette longue déclaration d’amour qui me touche tout particulièrement. Elle aussi sait à quel point je l’aime, tant et si bien qu’il est impossible de mettre des mots sur de pareils sentiments. Je ne saurais mieux l’expliquer qu’en disant qu’elle est mon âme sœur, qu’elle fait partie de moi. Son baiser se plante soudainement sur mes lèvres et je l’intercepte en prenant son visage entre mes mains afin de mieux y répondre et le prolonger avec la même passion. L’une d’elles s’exile sur son cou, sa poitrine, ses hanches, glisse sous sa chemise de nuit et remonte sur sa jambe pour saisir son fessier. « De nombreux enfants, hm ? » dis-je avec un sourire, déjà essoufflé par la fougue, et le regard malicieux plein de désir. Sans attendre, je défais la robe de chambre de Grace et la déleste de tout vêtement sur sa peau pâle. Sa petite silhouette laiteuse prend désormais les reflets dorés des flammes. Agrippée à ma taille et mon cou, je me redresse et la porte jusqu’au lit. Mes propres habits ne font pas long feu, la soif de la chaleur de mon amante tout contre ma peau l’emportant sur la patience. Mes baisers inondent son visage, son cou et sa poitrine d’un désir aussi brûlant que cette passion qui nous anime à chaque caresse. Rien n’est plus délectable que de brûler pour elle.
I believe in the lost possibilities you can see. And I believe that the darkness reminds us where light can be. I know that your heart is still beating, beating darling. I believe that you fell so you can land next to me. ‘Cause I have been where you are before. And I have felt the pain of losing who you are. And I have died so many times, but I am still alive
Grace s'était toujours demandé comment l'on pouvait autant aimé un être et réaliser qu'elle était, tout comme lui, incapable de se séparer de cet âme soeur dont on dépendait tant. Elle pouvait se passer de lui avant de le connaître. Elle s'était plu à maintenir une certaine distance pendant un long temps avant qu'ils ne cèdent chacun au désir pour l'autre. Elle avait pensé sur le moment, bien que son coeur ne battait déjà que pour lui, que ce ne serait l'affaire que d'une nuit. Une très belle nuit. Jusqu'à ce qu'il lui fasse ces révélations improbables, dévoilant son identité tout comme il avait dévoilé son corps et ses prouesses à elle ce soir-là. L'on se demandait toujours qui se donnait le plus, qui était la tête ou le coeur dans leur couple. En public, Celso était indéniablement la figure forte, l'homme de toute situation. Alors que lorsqu'il se confinait et était seul avec sa belle, il se mettait à ses genoux, en quête de mots et de gestes d'amour, totalement soumis à celle qu'il rêvait de voir impératrice. "Si nous venons à oublier pourquoi, il faut nous rappeler ce jeu de séduction que nous avions eu. Ce que nous avions pensé au premier regard, aux premiers mots échangés. Moi je me souviens de cet homme séduisant qui avait atterri dans cette cour au milieu de nobles. Il était impétueux, peut-être même insolant par moment, mais qui n'avait pas froid aux yeux. Il était, et est toujours, cet homme qui sait voir la beauté en toute chose, et qui a franchi ses propres limites pour avoir l'objet de sa convoitise." Elle avait adoré son côté osé et fougueux, passionné et libéré. "Tout comme j'ai été la femme qui a su te résister dès le premier soir, qui a du répondant et qui sait apparemment bien danser, qui sait se faire désirer et qui a parfois des opinions bien différentes des autres. Il faut se souvenir de notre première nuit ensemble, comme du jour où tu as pu constater notre enfant grandir en mon sein, ou lorsque tu as pu le prendre dans tes bras la première fois. Souviens-toi de chaque baiser, chaque caresse, chaque étreinte, même du jour où je suis arrivée en Italie. Souviens-toi de tout ça, Celso. Ce sont des preuves, des arguments, qu'il faut continuer d'enjoliver, d'amplifier et d'accumuler dans nos souvenirs." Elle continuait de caresser sa joue avec tendresse. "Et si nous ne nous reconnaissons plus, un jour, il y aura toujours cette force en nous qui finira par nous permettre de nous redécouvrir, sous un jour différent peut-être, mais avec tous les beaux souvenirs. Quoi qu'il advienne, je suis certaine que nous parviendrons à tout surmonter." Celso saisit le visage de sa bien-aimée afin de plonger son regard dans le sien. "Je ne compte pas changer, mon amour." lui assura-t-elle.[color=#006699] "Il y a juste, le temps où nous devrons attendre pour nous retrouver qui me rendra incroyablement triste. Mais je resterai à jamais à toi." [/coor]Il n'était pas toujours évident de mettre des mots sur tout ce que l'on pensait. Des sentiments si profonds et si ancrés qu'ils en devenaient indescriptibles. Et l'inquiétude qu'elle avait pour lui était proportionnel à cet ouragan de sentiments. Celso lui certifia que ça n'arrivera pas, mais elle avait tout de même bien peur pour lui. "Ton regard est si particulier lorsque tu dessines, ou que tu peins. Tu es dans une contemplation, dans ton propre monde, et cet éclat là, que tu as durant ces moments là, est incroyable. J'aime tellement tes yeux, lorsqu'ils sont ainsi déposés sur moi à chercher le moindre détail que tu préfères à d'autres." C'était un regard envoûtant, passionné, il faisait toujours un certain effet à la petite blonde. Pendant qu'ils s'embrassaient, les mains baladeuse de Celso s'en allèrent saisir la chair de sa belle au niveau de son fessier, bien déterminé à ce que leur première nuit à Florence soit inoubliable. Il la déshabilla, désireux de la voir dans son plus simple vêtement. Dès qu'il l'avait installé sur le lit, il se débarrassa également des morceaux de tissu afin de bien sentir la chaleur et la douceur de sa peau tout contre lui. Fougueux, il ne lésinait pas sur les baisers, allant même chérir sa poitrine avec une avidité certaine. Elle serrait entre ses doigts ses mèches de cheveux, et soupirait de plaisir à chaque baiser déposé. Grace échangea ensuite leur place pour faire de même, et parcourir son torse avec ses lèvres. Sa peau était déjà particulièrement touchante. Elle remonta jusqu'à son oreille pour lui susurrer. "Tu devras aussi te souvenir de tout ça." dit-elle d'une voix suave, guidant sa main long de son corps, remontant ses cuisses, ses hanches, jusqu'à son sein. Elle prit ensuite son visage entre ses deux pour l'embrasser on ne peut plus langoureusement, son bassin commençant à trahir le désir qu'elle éprouvait pour lui.
S’il est des détails que je préfère chez Grace ou d’autres que j’affectionne moins, je ne le sais pas moi-même. Je me suis toujours fait la remarque que je l’aime toute entière et que je la trouve parfaite en tous points, des pieds jusqu’à la tête. Elle est si agréable à contempler, à admirer des heures durant, si bien que cette beauté peut rendre plus long le travail de la peinture ; il est si simple de se perdre dans cette rêverie et de plonger dans ce regard bleu pour ne jamais en sortir –ou s’en faire extirper par un baiser. Je souris en coin ; à vrai dire, il n’y a que Grace pour croire qu’elle abrite des défauts. Qu’importe si mes sentiments me rendent aveugle, à mes yeux elle est un ange tombé du ciel, et déposé sur ma route pour veiller sur moi. Un petit bout de paradis qu’il m’est possible d’adorer comme un Homme, de toucher et d’embrasser avec cet amour immensurable qu’elle m’inspire. Et du désir, bien sûr. Une fougue et une passion brûlantes qui font naître une certaine avidité et une folle dévotion. Et la jeune femme, contrairement à d’autres aussi pieuses qu’elle, ne s’offusque pas de la teneur de pareille envie ; elle embrasse avec moi le magnétisme qui nous attire l’un vers l’autre et mêle nos corps bien des nuits. Après avoir reçu une infinité de baisers, Grace me les rend un à un. Elle m’offre tout son être et me laisse en faire ce que je veux, afin de l’inscrire de manière indélébile dans ma mémoire. « Comment pourrais-je l’oublier ? » je murmure avec un sourire avant de retrouver ses lèvres, une main sur sa fesse, l’autre sur son sein, maître et sujet de mon amante d’une vie. Je me délecte de chaque baiser échangé avec ma petite Lady, j’assimile sa chaleur à travers ma propre peau. Je la laisse guider mes mains et m’inciter à parcourir toutes ses courbes. Tout est plus beau, plus doux, plus délicieux parce que c’est elle. Pendant ce temps, nous ne cessons de nous coller un peu plus l’un à l’autre, à force de subtiles ondulations qui frôlent nos peaux et nos intimités brûlantes, aimantés par ce désir qui finira par nous pousser tout naturellement à l’acte. Fébrile, je brûle petit à petit de l’intérieur. Délicatement, je renverse Grace et reprends le dessus. J’applique le bout de mes lèvres sur sa poitrine et mes doigts sur son intimité, afin de les flatter l’un et l’autre durant de longues minutes pendant lesquelles seuls les souffles de ma belle sont audibles et emplissent l’air d’une sensualité sans nom. Le premier gémissement résonne lorsque les caresses s’intensifient et se glissent en elle ; ses doigts se resserrent sur ces mèches de cheveux qu’elle caressait si tendrement un peu plus tôt. Je lui accorde un long baiser, puis pose mon front sur le sien et la dévore du regard alors que ses joues s’enflamment et ses soupirs se multiplient. Je suis complètement épris de ce regard qui me fait sentir plus vivant, et tant aimé. Plus que je n’aurais jamais cru pouvoir l’être un jour. L’envie me consume, et lorsque je n’en peux plus je nous unis en m’introduisant lentement en elle. Grace pousse un gémissement que j’avale au bord de ses lèvres, avant de mes prendre d’assaut avec passion. Afin de pleinement profiter de chaque seconde, je nous plonge dans une houle délicate et ample dans laquelle chaque caresse se ressent à travers tout le corps. Je me devine allant et venant en elle inlassablement, pendant que je cherche sa langue, embrasse son cou, caresse sa poitrine, entrecroise nos doigts. Je ne pense plus ; le moindre de mes muscles frémit pour elle, et mon cœur grossit un peu plus de minute en minute. Nos regards se sont plantés l’un dans l’autre et il est impossible de détourner les yeux. Oui, elle est sublime, parfaite en tous points. Nous nous complétons à la perfection, comme si nous étions conçus pour cela, comme une absolue évidence. Au bord de ses lèvres, j’avale les souffles de ma bien aimée, y dépose parfois un léger baiser. Son nom se glisse dans un râle sous le coup d’un nouveau frisson de plaisir, tandis que la cadence amorce un rythme plus passionné. L’année dernière, je ne m’imaginais pas partager le lit d’une seule femme toute ma vie ; aujourd’hui, il me serait impossible de partager celui d’une autre une seule seconde.
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Il n'y avait certainement pas d'époux plus aimant que lui. Il y avait ceux qui se contentaient de la beauté physique et qui seraient révulsés par les quelques difformités encore visibles des restes de la grossesse de Grace. On pourrait aussi commencer à critique son âge, les premières rides au coin de ses yeux. Grace était une belle femme et elle faisait parler d'elle à la Cour, personne n'oserait toucher son visage. Celso, lui, l'aimait bien plus que cela. Il ne l'utilisait pas comme un accessoire qu'il montrait fièrement afin d'avoir des envieux, à s'autoproclamer détenteur de la plus belle créature existant sur cette Terre. Non, il l'aimait beaucoup plus, et le montrait dans chacun de ses baisers, chacune de ses caresses. Il n'avait cure de son ventre qui n'était plus aussi plat qu'avant ou de ces quelques courbes supplémentaires. L'on pourrait même croire qu'il les aimait encore plus que nécessaire tant il les embrassait. Grace ne les aimait pas vraiment, mais elle était soulagée à l'idée que son cher et tendre n'en était pas écoeuré, bien au contraire. Etre toujours aussi précieuse auprès de son époux était la plus belle chose qui puisse être pour elle. Celso inversa une nouvelle fois leur position, bien caler entre les jambes de sa belle. Sa peau était brûlante au possible, et presque luisante, déjà. Une position supérieure qui lui permettait d'appliquer des caresses que beaucoup d'autres n'oseraient pas faire. Les soupirs traversaient rapidement les lèvres de la petite blonde dès lors que les doigts de son amant touchait son intimité. Celso appréciait ce spectacle en plongeant son regard dans le sien, à voir cette étincelle de passion s'enflammer à force de baisers et de mouvements. L'une des mains de Grace s'était agrippée à sa nuque, ses lèvres frôlaient les siennes, bien désireuse de pouvoir les embrasser à nouveau. Mais Celso voulait passer à l'étape supérieure et unir leur corps pour de bon, faisant gémir de plaisir la jeune femme. Ses jambes se refermaient autour de sa taille. La cadence n'était pas bien rapide, elle permettait à Celso de l'embrasser, d'effleurer sa poitrine sans être essoufflé. Chaque contact était délectable et fournissait un plaisir certain pour tous les deux. Grace adorait le regard qu'il avait posé sur elle dans ces moments-là. Il accélérait malgré la cadence, avalant chaque soupir sortant de la bouche de sa femme. Leurs lèvres s'effleuraient, mais pas plus. Son âme se mettait même à parler pour lui, émettant le nom de l'être qu'il aimait le plus que tout et à qui il était en train de fournir un plaisir pleinement partagé. Subitement, Grace inversa à nouveau leur position, et le tira vers pour qu'il se redresse et que son torse se colle contre le sien. De là, il pouvait loger son visage dans son cou, embrasser sa poitrine ou effleurer à nouveau ses lèvres, comme bon lui semblait. Une position qui en ferait pâlir beaucoup mais qui était rapidement devenue fréquente durant leur devoir conjugal. Elle ne bougeait pas son corps pour le moment, trop happée par la chaleur émise par le corps de Celso. Elle caressait délicatement la peau de son dos, humait délicatement son odeur. Quelques minutes plus tard, le bel homme avait relevé la tête pour la regarder. Alors elle caressait délicatement les traits de son visage. Une passion sous une bien autre forme que précédemment, mais tout aussi intense. Elle eut alors cette idée étrange, peu catholique, mais elle en mourrait d'envie. De le sentir un peu plus en elle, qu'elle soit pleinement et entière sa femme. Une envie de rapprocher au mieux leur âme avant qu'un quelconque individu ne parvienne à les éloigner l'un de l'autre. Elle cherchait alors doucement à l'avoir un peu plus en elle, à atteindre cette limite, ce nouvel extrême. Son bassin bougeait alors avec précaution et délicatesse jusqu'à atteindre ce stage. Elle ignorait s'il avait deviné quel était son but. C'était subitement devenu nécessaire, primordial. Et lorsqu'elle avait atteint ce stage, elle ne s'était même pas rendue compte que l'entièreté de son corps s'était alors crispé, que ses ongles s'étaient plantés dans la chair de son dos et que son souffle s'était coupé. Elle était tant focalisée sur le regard de son bien-aimé et par ces sensations surprenantes qui s'étaient concentrées dans son corps du tout qu'elle en perdait même le nord. Il n'y avait que lui qui existait sur le moment, et c'était la pensée la plus agréable qui soit.
Personne ne peut douter de l’amour que je porte à Grace, il est une évidence. C’est une véritable métamorphose pour moi, quittant le cocon que je m’étais construit pendant des années loin de tout sentiment amoureux et de toute forme d’engagement. Me voilà mari et père comblé, et, contre toute attente, particulièrement heureux de cette vie, de cette union, de cette famille que nous bâtissons à deux en poursuivant notre chemin jusqu’à la couronne. Je ne m’ennuie pas de ma fugacité passée, même si la simplicité de cette existence me rend nostalgique. J’aime Grace, j’aime notre fils. Il ne pourrait pas en être autrement, car c’est ainsi que je suis heureux aujourd’hui, et c’est dans la perspective de notre réussite sur tous les plans, de nos nombreux petits héritiers et de tout ce que nous aurons à leur léguer, que je me complais. Qu’est-ce qui pourrait être capable de se mettre en travers de pareil lien ? Rien, ni personne. C’est à peine si nous pouvons nous-mêmes nous arracher l’un à l’autre, alors nul ne peut en avoir le pouvoir. Cette union-là est symbiotique, comme celle qu’entretiennent d’autres hommes avec leur Dieu si profondément ancré dans chaque seconde de chaque minute de leur vie ; moi, j’ai Grace, j’ai ce frêle petit ange, et elle sera à mes yeux toujours bien au-dessus de n’importe quelle autre figure divine. C’est cette adoration qui fait pétiller mon regard dès que la jeune femme fait son entrée dans une pièce, et qui vitrifie mon regard fou de désir à chaque fois que nos corps s’unissent de cette manière. J’émets de plus profonds râles, la cadence s’intensifie d’elle-même. La jeune femme me serre un peu plus fort, ses doigts s’accrochent à mon dos. Encore un peu plus fort. Mon corps brûlant s’est couvert de sueur, mes reins battent un rythme passionné. Un peu plus vite. Mon front se pose sur celui de Grace, l’air manque et nos lèvres ne peuvent plus se joindre que pour quelques baisers furtifs. L’élan est brusquement arrêté par Grace qui décide de reprendre le dessus, puis de me redresser et m’attirer vers elle afin que sa poitrine se plaque à mon buste. Mes bras la serrent aussi fermement que cette passion décuple la force de mon étreinte. Même si Grace souhaitait bouger, elle ne le pourrait guère ; me nourrir de sa chaleur et laisser pendant un instant nos âmes seules dialoguer pendant que nos corps demeurent entremêlés procure une sensation des plus agréables. Une pluie de baisers chauds tombe sur son épiderme brûlant, du creux de son cou au bord de ses épaules. Les subtils mouvements de Grace me poussent à admirer son regard bleu alors qu’elle nous unit toujours plus. Elle est si appliquée qu’elle ne remarque même plus ses joues qui s’enflamment un peu plus et ses membres pris parfois d’un spasme de plaisir. J’avoue que moi non plus, envoûté, je finis par ne plus rien dénoter d’autre que cette délicate avancée, petit à petit, au plus profond de la jeune femme, et toutes les sensations qui vont avec. Je finis par l’encourager du regard à faire plus, avide de plus. Elle finira par avoir raison de moi. Et d’elle même, puisque je sens tout contre mon corps toute sa petite silhouette se crisper, ses doigts se planter dans mon dos. La belle semble prise par surprise par son propre gémissement et s’y abandonne sans avoir le choix. Et pendant ce temps, je me délecte d’un contact plus intense que jamais, au cœur de cette symbiose à l’instant où le plaisir déferle dans ses veines et s’incruste dans sa chair ; juste quelques secondes de délice avant de me permettre de lâcher prise en capturant vivement les lèvres de Grace pour étouffer dans ses poumons un long râle. Quitte à la briser en morceaux, mes bras la serrent toujours plus fort. Qu’elle ne bouge pas, qu’elle n’y songe même pas. Je la veux pour moi ainsi encore un moment, juste pour l’admirer et l’adorer. Avoir l’impression que le monde s’est effacé. Mon front tombe sur le sien, essoufflé mais comblé, un rictus satisfait en coin. « Je ne sais pas comment tu fais… » je murmure pendant que je caresse tendrement son visage du dos de la main. « …mais tu me fais perdre tous mes moyens. » Je serais bien incapable de revenir au temps où je contrôlais chaque once de plaisir et parvenais à digérer chaque frustration pendant que les dames se délectaient du tout. Je ne le voudrais pour rien au monde d’ailleurs. « Et je crois que j’aime que tu me fasses perdre la tête. » j’ajoute avec un sourire avant d’embrasser Grace tendrement, peu à peu prêt à la laisser s’échapper.
I believe in the lost possibilities you can see. And I believe that the darkness reminds us where light can be. I know that your heart is still beating, beating darling. I believe that you fell so you can land next to me. ‘Cause I have been where you are before. And I have felt the pain of losing who you are. And I have died so many times, but I am still alive
Les sensations étaient apparemment au moins aussi intenses pour le bel homme, qui peinait même à contrôler sa force lorsqu'il voulait la serrer dans ses bras. Elle était collée contre lui et ne pouvait pas lui échapper. Elle ne le voulait pas, de toute manière. Il n'arrivait même pas à faire quoi que ce soit d'autre. Pas même l'embrasser ou caresser sa peau de porcelaine pendant quelques instants. Cela semblait être particulièrement nouveau pour lui. Il était évident qu'il n'avait jamais cherché d'atteindre cette apogée là, cette intensité là avec aucune autre femme. Il avait rarement des orgasmes avec elles, c'était son devoir de leur en procurer. Il avait dit plusieurs que bien peu de personnes ne s'était soucié de son propre plaisir. Et là, il se donnait entièrement à une seule femme, et c'était elle. Grace l'avait sous son emprise plus qu'elle ne voulait l'admettre. Elle n'en abuserait pas. Si ça avait été la Sforza, elle l'aurait utilisé dès le début. C'était ce qu'elle avait fait d'ailleurs, Grace l'avait soupçonné depuis le début et elle avait bien eu raison. Celso caressait tendrement son visage, comme envoûté par un quelconque sortilège qu'elle lui aurait lancé. "Peut-être parce que je le voulais, tout simplement." lui répondit-elle après avoir retrouvé une respiration normale. Elle souriait, son regard était à la fois satisfait et attendri. "Parfois, la volonté seule permet de faire de grandes choses." Elle rit doucement à sa remarque, comme quoi il admettait adorer qu'elle lui fasse perdre tous ses repères de cette façon là. Grace l'embrassa délicatement avant de passer ses dents sur la lèvre inférieure de Celso. "Alors je continuerai." lui susurra-t-elle sensuellement. "Il faut bien que je continue de tout faire pour que tu gardes de l'intérêt pour moi." Elle plaisantait, bien sûr. C'était plutôt flatteur que ses yeux allaient se poser sur elle. "Je pourrait te rappeler cette nuit là en venant te le chuchoter à l'oreille à n'importe quel moment -surtout les plus inopportun- pour t'avoir un peu pour moi." Ses yeux pétillaient de malice, excitée à la simple idée de le perturber de cette façon là au moment où il s'y attendrait le moins. Elle savait qu'une fois qu'ils auraient quitté Florence, les journées allaient être similaires à celles de Bologne. Ils ne se verront pas le matin, pourront peut-être dîné ensemble et faire l'amour le soir si aucun des deux n'était fatigué. C'était un peu le revers de la médaille pour la jeune femme, de ne pas pouvoir autant profiter de son époux. Les bijoux, les beaux tissus et les livres n'allaient jamais pouvoir remplacer sa chaleur, ses caresses ou ses baisers. "Reste encore un peu." souffla-t-elle alors qu'il comptait se détacher d'elle. Grace prit son visage entre ses mains pour l'embrasser avec tendresse. "Encore un peu." répéta-t-elle tout bas, bien trop concentrée sur ses lèvres qu'elle voulait embrasser. Ils restaient encore de longues minutes là, avant de songer à se rhabiller parce qu'il ne faisait pas si chaud que ça dans la pièce, et ils se blottirent l'un contre l'autre pour le reste de la nuit. Au petit matin, personne ne venait les réveiller. Giulia savait certainement que c'était un luxe qu'ils ne pouvaient plus se permettre depuis quelques temps déjà. Grace prit un certain plaisir à somnoler en restant collé à Celso, la tête sur son épaule et la main sur son torse. Lui dormait encore profondément. Elle prenait alors le temps de s'étirer, attendant patiemment que son amant se réveille également. "Bonjour, mon amour." dit-elle tout bas lorsque ce fut le cas. Elle se redressa afin de pouvoir l'embrasser en guise de salut avant de retrouver sa place initiale. "Je ne suis certaine de vouloir partir d'ici. Dieu sait comment nous serons accueillies, comment je le serai. Qui sait ce qu'ils peuvent penser des Anglais avec tout ce qui trame en Angleterre, avec toute cette histoire de divorce." Elle savait que Celso ne tolérerait pas que qui que ce soit se comporte mal à avec elle, mais l'inquiétude était tout de même présente. C'était une étape obligatoire, se disait-elle. Tout irait mieux après coup. Nouvelle cour, nouveaux appartements. Heureusement que Jane et Luisa étaient fidèles au poste. "J'espère qu'ils aimeront Francesco autant que nous l'aimons nous." C'était leur prince, après tout, celui qui héritera de ce trône là.
Il n'y a pas que le pouvoir qu'a naturellement Grace sur moi, il y a aussi le pouvoir que je lui laisse avoir dans tous les différents aspects de notre couple. Je ne suis plus en contrôle parce que la jeune femme me rend plus vulnérable que je ne l'ai jamais été devant une femme, mais aussi parce que je ne souhaite plus contrôler en sa présence. Je veux de quelqu'un qui prenne soin de moi autant que moi d'elle, et je sais qu'avec Grace, c'est le cas. Je peux lui confier mon coeur, mon corps et mon âme sans crainte, je peux baisser les armes et lâcher prise ; je suis entre de bonnes mains, entre celles de cette épouse si dévouée qui m'aime et que j'aime plus que tout. Et je n'ai pas peur de ce qu'elle pourrait faire de moi, ni qu'elle puisse me blesser. Ma confiance est totale et aveugle, tout comme j'espère que l'est la sienne envers moi. Nous sommes au-delà des doutes, embarqués dans ce même bateau qui ne doit nous mener qu'à un seul port fait de réussite. Nous voguons ensemble et, ce n'est qu'ensemble que nous rejoindrons le rivage. Un point c'est tout. « N'importe quoi. » je souffle avec un petit rire lorsque Grace insinue que je serais capable de perdre de l'intérêt pour elle. Cela n'est inimaginable. C'est douter de mes sentiments et de cette adoration qui me pousse à voir la jeune femme comme une divinité à part entière. Malicieuse comme tout, elle se voit déjà me taquiner avec le souvenir de cette nuit et me glisser des mots peu orthodoxes aux moment les moins opportuns. « Parce que tu crois qu'il est encore possible de me déstabiliser aussi facilement, moi ? » Celui qui l'a mise à nu, qui l'a touchée et goûtée de bien des façons. « Tu peux toujours essayer. » je mets au défi en haussant les épaules, persuadé qu'il y a bien peu de chances que Grace puisse me mettre mal à l'aise d'une quelconque façon. Nous demeurons ainsi proches l'un de l'autre encore un long moment. « Je ne vais nulle part. » je lui assure tout bas, frôlant son nez avec le mien, ses lèvres avec les miennes. Nous ne nous défaisons l'un de l'autre que lorsque la Laady le veut bien. Alors nous pouvons débuter une longue nuit de sommeil. Un repos plus long que d'habitude ; pas de servant pour venir me réveiller de bon matin, seulement le baiser aérien de mon épouse pour m'aider à me tirer de la léthargie lorsque Morphée desserra son étreinte sur moi. C'est un peu somnolant que j'accueille Grace dans mes bras, avec toutes les appréhensions que la nuit a apportée. Les pieux et traditionalistes italiens ont bien des raisons de voir les anglais d'un mauvais œil, et pourtant, nul ici est un parfait exemple de vertu. De plus, Grace n'est pas son roi. « Ils n'auront pas le choix. » j'articule de cette voix encore enrouée au réveil. Je m'éclaircis la gorge et m'installe un peu plus confortablement sous la couette, la jeune femme tout contre moi. « Je me fiche d'éventuels préjugés. Tu es leur souveraine, Francesco est notre héritier, et ceux à qui ces faits déplaisent verront les portes du royaume leur être grandes ouvertes. » Ils trouveront bien leur bonheur ailleurs, je ne les retiendrai pas. Malheureusement pour ces Cour, nous arrivons sur le trône à deux ; pas de mariage politique possible, pas de stratégie à adopter, c'est Grace ou rien, et tous n'ont qu'à se faire à l'idée. « Ne t'en fais pas pour ça. Je sais qu'ils vous aimeront. » j'ajoute, plus doux. Quoiqu'il en soit ces préoccupations peuvent encore attendre quelques jours. Nous avons encore du voyage à faire et ainsi que des au revoir à formuler à notre ancienne Cour. « Il nous faudra reprendre le chemin pour Tricarico dès demain. J'ai une affaire importante à régler là-bas avant que nous nous installions à Naples. » Rien qui puisse la concerner et qu'elle puisse encore moins approuver, alors j'esquive immédiatement le sujet en l'embrassant ; la surplombant ainsi, je lui adresse un sourire plus large ; « En attendant, nous pourrions continuer notre balade dans Florence aujourd'hui, puis nous irons te présenter à un ou deux Médicis qui seront enchantés de rencontrer cette petite reine de Naples. »
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Ce serait un sacré challenge, de parvenir à dérouter Celso. Lui qui avait déjà presque tout vu, l'esprit frivole à faire valser les draps de maintes femmes en manque d'amour. A côté, Grace était un ange, pleine de vertu et de principes qui faisaient d'elle l'épouse parfaite. Jamais elle n'avait exploré tel univers avant de l'avoir rencontré, à dépasser les limites de l'amour même. Cela le faisait beaucoup rire, de l'entendre se lancer un tel défi. "Je suis certaine que c'est possible." lui rétorqua-t-elle en riant doucement. "Au bon moment, avec les bons mots." Elle haussa les épaules, un brin amusé après ce pari lancé. "Et si j'y parviens ?" demanda-t-elle au bout d'un moment, alors que la chaleur de leur corps s'atténuait peu à peu et qu'il était temps qu'ils aillent sous les couvertures. Après une longe nuit de sommeil et un repos bien mérité, la petite reine partageait ses appréhension quant à son accueil à Naples. Elle était étrangère à la cour italienne - bien que beaucoup moins depuis Bologne - et celui qui avait été son roi se mettait en conflit avec le pape avec toute cette mascarade concernant son divorce. Grace s'attendait à une telle réaction de sa part. Il se fichait de ce que pouvait penser les autres. Elle avait un statut qu'il fallait respecter, et Celso n'accorderait aucune pitié à ceux qui n'allaient pas appliquer cette règle. "J'espère qu'ils seront un peu plus sympathiques qu'à Bologne." souffla-t-elle tout bas. Bien sûr, la jeune femme aura à faire ses preuves, comme cela avait été le cas pour Tricarico. Une nouvelle cour à charmer et à convaincre. Les premiers jours là-bas allaient être compliqués. "Ca ne va pas être facile, de faire nos adieux à Tricarico. Le peuple là-bas m'a si bien accueillie, je me sentais véritablement l'un des leurs. Ils sont d'une gentillesse peu commune." On les avait accueilli à bras ouvert, on se pliait en quatre pour eux et l'on se montrait patient pour espérer avoir leur bénédiction, ou ne serait-ce qu'un regard. Grace y avait rapidement trouvé ses marques là-bas, encore plus qu'à Squillace. Elle était tout de même perplexe de cette mystérieuse affaire qu'il avait à régler là-bas. Il évinça rapidement le sujet en venant l'embrasser, étant légèrement au-dessus. Grace avait passé ses bras autour de son cou pour prolonger un peu le baiser qu'il lui donnait. "Des Médicis ?" Une famille presque aussi connue que les Borgia, elle en avait largement entendu parlé depuis qu'elle était en Italie. "Des personnes à qui nous pourrions nous fier un minimum, ou non ? Comment est leur loyauté ?" Autant qu'elle le sache avant qu'elle ne soit présentée. Elle savait que cette famille avait gardé Celso sous son aile pendant de nombreuses années. "J'adorerai que tu m'en montres davantage, de Florence." dit-elle d'un ton enthousiaste, laissant largement deviner combien elle était tombée sous le charme de cette ville. Elle l'embrassa encore une fois avant de se décider à se lever, bien déterminée à aller voir son fils. Elle se vêtit des mêmes simples habits que la veille, se disant qu'il faudrait une nouvelle fois passer incognito durant leur visite. La blonde eut un petit moment d'angoisse en voyant que son fils n'était pas dans le berceau et était précipitamment descendue au rez-de-chaussée. Une peur rapidement apaisée en voyant que le petit était dans les bras de Giulia. "Je ne voulais pas vous faire peur, Grace, je n'ai juste pas pu résister de le prendre un peu avec moi. C'est un enfant si sage !" dit Giulia en regardant le petit. "Vous verrez à quel point ils grandissent vite. Installez-vous, je vais vous apporter de quoi manger." dit-elle en rendant l'enfant à sa mère. Grace l'embrassa, le salua. Il était endormi, mais peu importait. "Les miens étaient de vrais terreurs, même tout petits." s'exclama l'hôtesse à travers la salle, suivi d'un grand rire. Quelques minutes plus tard, Celso était descendu, se rapprochant de sa petite famille. Elle lui tendit Francesco afin qu'il le porte un peu également, que le nouveau né sache qui était son géniteur. Ils ne prirent pas trop leur temps pour le petit-déjeuner, étant donné que la journée s'annonçait chargée. Le petit était à nouveau confié à Giulia. Grace et Celso se promenaient dans des rues différentes de la veille, main dans la main. "Me laisseras-tu au moins mettre des vêtements plus corrects, pour rencontrer ces Médicis ?" lui demanda-t-elle avec un petit rire, en le prenant par le bras. Celso lui montra dans un premier le Palais de la Seigneurie, édifice bien différent de ce qu'ils avaient pu voir jusqu'ici, mais pas moins magnifique de par son architecture et sa hauteur.
Les appréhensions de Grace et les pensées politiques dès le réveil mettent mon cerveau engourdi à rude épreuve, néanmoins la jeune femme ne semble pas prête à attendre d’être autour d’un bon petit déjeuner pour m’assaillir de ses craintes, abrégeant rapidement le plaisir d’une insouciante grasse matinée –alors qu’un moment aussi privilégié est des plus rares. Je soupire en caressant machinalement les cheveux de mon épouse fortement préoccupée par l’accueil qui lui sera réservé à Naples. Il faut dire que le séjour à Bologne ne fut pas des plus agréables pour la petite Lady. « Je n’en sais rien. » je murmure à propos des sujets de notre prochaine Cour. Je ne les connais pas, je n’ai jamais vécu à Naples, et ses habitants me sont inconnus. Je n’en ai néanmoins entendu que du bien. « Mais ce sera chez nous. Quiconque ne le respecte pas ou nous déplait n’y aura pas sa place. » j’ajoute, quitte à sembler trop autoritaire, voire injuste. A mes yeux, il est hors de question que nous nous sentions menacés au sein de notre propre Cour. Comme à Squillace et à Tricarico, le ménage sera fait dans cet entourage jusqu’à ce que nous ayons pleinement confiance en chacun de ses membres, ou qu’au moins leur présence ne nous soit pas désagréable ni néfaste. Et ceux qui ne rentrent pas dans nos tablettes seront renvoyés à tour de bras s’il le faut. Nous n’aurons pas d’autre foyer à nous que le château, il sera à notre image et tel que nous le souhaitons, et il n’en sera pas autrement. Nous ferons en sorte d’y être aussi bien qu’à Tricarico. « Nous pourrons sûrement y retourner, après tout la ville est également à nous. » Elle fait partie du royaume dont nous avons été mis à la tête, et lorsque nous serons libres de nos mouvements rien ne nous empêchera de parcourir ce territoire afin d’en découvrir les villes et retourner dans celles que nous affectionnons. Je suppose que l’on ne nous reprochera pas d’avoir envie de savoir sur quoi et sur qui nous régnons. Je propose à Grace que nous poursuivions nos déambulations dans Florence aujourd’hui, avant de rendre visite aux Médicis qui pourront nous accorder une courte entrevue au nom du bon vieux temps. Moi qui ne m’attendais qu’à de l’admiration pour ce nom si fameux, c’est une pointe de méfiance que je récolte auprès de ma belle. « Tu ne perds pas le nord ! » je pouffe, surpris. « J’aimerais pouvoir dire que nous pourrons nous fier complètement à eux, mais après ce qu’il s’est passé l’année dernière, je sais qu’ils pensent avant tout à leurs intérêts. » Je ne risque pas d’oublier le retournement de veste du Pape qui a préféré soutenir Charles Quint. Même si je le comprends, j’ai eu la naïveté de penser qu’au nom du lien secret entre nos familles, il se rangerait de mon côté. Une leçon bien apprise. « Ils seront loyaux tant que nous sommes utiles, et actuellement nous le sommes. » Du moins, nous sommes puissants et nous gagnons en influence à grande vitesse, ce qui fait de nous des noms à garder dans sa liste d’amis –de ficelles à tirer en cas de besoin en langage politique. Le programme étant scellé, nous quittons le lit et nous habillons. Grace file tout droit vers la chambre de Francesco tandis que je prends plus de temps à me vêtir. Je les rejoins dans la salle à manger et la jeune femme me confie un instant notre fils. Il dort la majeure partie du temps, mais à cet instant il m’offre un discret sourire et un regard bleu intrigué. « Alors mon garçon, Giulia s’occupe bien de toi ? » je demande pour taquiner celle-ci, et lui adresse un regard complice. Je n’ai aucun doute sur ses compétences en la matière, elle est sûrement la meilleure que je connaisse d’ailleurs. Je fais quelques pas aléatoires en embrassant les petits doigts de Francesco. « Me topolino. » Au bout de quelques minutes, Giulia, maternelle avec tout le monde, me fait signe de me mettre à table pour déjeuner sans perdre plus de temps. Je lui confie le petit et mange sur le pouce sans grand appétit. Avant de quitter la petite villa, nous croisons Jane et Luisa qui jouissent d’un peu de temps libre tant que leur maîtresse n’a pas besoin d’elles. « Allez vous promener aussi, profitez un peu de la ville. » leur dis-je en passant. Les jeunes femmes se cantonnaient à la villa faute d’avoir le droit d’aller plus loin pensaient-elles. Autant qu’elles profitent de ce congé improvisé. Grace et moi poursuivons les déambulations dans Florence. Coquette et tenant à sa présentation, elle espère pouvoir troquer ces fripes contre des habits à la hauteur de son rang afin d’être introduite comme il se doit à ma famille d’adoption. « Comme tu préfères. » je réponds avec un haussement d’épaules. Cela sera sûrement plus protocolaire. Distrait, je m’attarde sur bien des étalages et dans quelques magasins, espérant trouver aujourd’hui quelque chose à acquérir et à emporter à Naples avec moi, autre que de nouveaux souvenirs de cette ville que j’affectionne tant. Nous trouvons un tailleur dans une rue parcourue par les plus riches. Les étagères regorgent de nombreuses étoffes aux matières et motifs différents. Quelques dentelles, des rubans. Sur les murs, des croquis et des patrons. J’inspecte de mon côté des soieries et des cotonnades, et tombe sur un tissu d’un intriguant bleu foncé aux grandes broderies florales. J’interpelle Grace afin de le lui montrer. « Je crois qu’il te faut une robe avec ceci. » Comprendre que même si elle n’en a pas besoin nécessairement, elle en aura une en cadeau de toute manière. « Cela te fera un souvenir. » Quitte à ne rien trouver pour moi, autant gâter mon épouse si l’occasion m’en est donnée. J’appelle sans attendre le tailleur qui se met immédiatement à la tâche, prenant les mesures de Grace de part et d’autre de sa fine silhouette et proposant, ici et là, quelques traces de personnalisation comme le plastron représentant une lune et un soleil l’un en l’autre qui sera placé sur le torse, les broderies au bord du col et des emmanchures, ainsi que les lacets en cuir qui noueront les pans les uns aux autres. « Nous partons demain, mais ne vous pressez pas. Faites simplement venir le vêtement à Naples une fois que vous aurez terminé. » dis-je une fois la robe précisément conçue dans nos têtes. C’est l’épouse du tailleur qui se charge de l’administratif et note ceci dans un grand carnet de commandes. « A quel nom ? » « Grace Borgia. » Le nom ne laisse pas indifférent. Le regard de la femme s’arrondit et se pose sur la petite blonde puis sur moi plusieurs fois. Finalement, elle nous offre une humble révérence. « Vous aurez la plus belle parure qui soit. » dit-elle avant de tout bien inscrire à l’encre. J’adresse un regard complice à mon épouse ; moi aussi, face à ce genre de réaction, j’ai toujours quelques papillonnements de satisfaction dans le ventre.
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Grace ne s'intéressait pas à la politique, mais elle devait au moins savoir à qui elle pouvait se fier ou non. Son époux lui dirait qu'elle avait une bonne intuition et qu'elle devait s'y tenir, mais elle tenait à avoir un peu de ses conseils pour savoir sur quel pied danser. Elle qui s'était bien gardé de se tenir éloignée de ce complot, elle était relativement mêlée à ceux de Celso, bien que celui-ci se gardait certainement de lui dire beaucoup de choses. Des cachotteries essentielles, dirait-on. Elle n'avait pas besoin de se mêler à tout ceci, et moins elle en savait, plus elle était en sécurité. A l'entendre, il n'y avait pas de véritable amitié sincère qui était possible et Grace avait toujours espéré un peu naïvement qu'ils trouveraient des alliés loyaux. Après leur petit-déjeuner, ils avaient croisé Jane et Luisa. Les pauvres ne s'étaient pas permises de sortir de la villa alors qu'il y avait tant à voir. Avant que leur maîtresse n'ouvre la bouche, Celso les invita à sortir également, à profiter du temps libre qui leur était accordé. Ce fut alors avec grand enthousiasme qu'elles étaient allées se vêtir de vêtements bien chauds pour aller arpenter les rues de Florence. Grace se disait qu'il serait bien plus convenable qu'elle enfile une robe de meilleure facture pour sa rencontre avec les Médicis. Ce jour-ci, le beau brun était bien plus distrait par les étalages des différentes boutiques. Il cherchait quelque chose, mais elle ne savait pas quoi. Elle le laissait alors déambuler d'échoppe en échoppe, jusqu'à tomber sur un tailleur. Un tissu ne le laissait alors pas indifférent et il pensait alors immédiatement à son épouse. Elle passa délicatement ses doigts sur le tissu, charmée par sa couleur et ses broderies. "Le tissu est magnifique." souffla-t-elle tout bas. Argument vraisemblablement suffisant pour Celso pour interpeller l'artisan et prendre commande d'une robe faite avec ce tissu là. On l'embarqua un peu plus dans la boutique afn de prendre les mesures de la jeune femme, suggérant ici et là des rubans et autre objets de mercerie pour enjoliver ce magnifique tissu. Celso s'occupait ensuite de toutes les formalités, finissant par dévoiler l'identité à la femme du tailleur. Stupéfaite, il lui fallut un long moment avant de dire quoi que ce soit. Après avoir remercié le couple, et après maintes courbettes de leur part, Cela et Grace finirent par les laisser commencer à faire cette commande plus qu'honorifique afin de fournir la plus belle robe qui soit à la jeune femme. Celle-ci ne put s'empêcher de rire un peu plus loin de leur réaction. Elle stoppa ensuite Celso pour se mettre face à lui et prendre son visage entre ses deux mains. "Merci infiniment, mon amour." dit-elle tout bas avant de l'embrasser longuement. "Tu me gâtes bien trop." Ce qui ne serait certainement jamais pour une reine. "Je la mettrai dès que je l'aurai. J'ai hâte." s'enthousiasma-t-elle. "Leur boutique gagnera rapidement en popularité, s'ils crient sous les toits qu'un membre des Borgia a passé commande chez eux." Ils reprirent alors leur marche au milieu de la foule. En chemin, ils avaient aperçu au loin Jane et Luisa devant un bijoutier, prêtes à s'acheter un collier. Grace les regardait d'un air attendri, avant de les laisser vaquer à leurs occupations. "Je suis à la fois heureuse et surprise que Jane ait accepté de me suivre jusqu'ici. Elle n'avait pas hésité une seule seconde, tout en sachant qu'elle laissait toute sa famille derrière elle. Elle se passionne de chacun de nos voyages et s'entend à merveille avec Luisa." dit-elle finalement. "Je lui ai déjà vaguement évoqué le sujet du mariage, mais ça n'a pas l'air d'être l'une de ses priorités. Elle m'a dit qu'elle préférait encore rester à mes côtés pour me servir et s'occuper de Francesco plutôt que de songer à un mariage." C'était une personne sur qui elle pouvait véritablement compter. Jane était d'une fidélité et d'une loyauté sans faille. Grace était aussi heureuse d'avoir une personne qu'elle connaissait depuis des années auprès d'elle. Elles connaissaient chacune leurs habitudes et leurs manières de faire. "Je dois t'ennuyer, en parlant d'elle." dit finalement Grace avec un rire gêné. Ils retournèrent chez Giulia pour le déjeuner, qui n'avait encore pas lésiné sur les doses. Grace appréciait beaucoup sa cuisine, tout avait beaucoup de goût. A peine eut-elle fini son assiette qu'elle s'excusa auprès de la tablée pour monter à l'étage et se changer. Enfiler une robe prenait un certain temps, et elle ne voulait surtout pas mettre en retard qui que ce soit dans leur programme. Grace opta pour une robe beige, avec quelques détails plus foncés au niveau du corsage et des manches. Luisa avait minutieusement choisi les bijoux pour les assortir au mieux tandis que Jane se concentrait sur la coiffure. Cela laissait tout le temps à Celso de discuter un peu plus avec Giulia, n'ayant alors pas eu véritablement l'occasion d'avoir de longues conversations.
A la sortie de la boutique du tailleur, je suis récompensé pour ma générosité par un tendre baiser. Je souris largement de satisfaction, bien heureux que l’intention plaise à Grace. « Tant que cela te fera sourire, je n’arrêterai pas. » dis-je en frôlant son nez du bout du mien. Son sourire est un prix que je me démènerai toujours à gagner. De cette simple commande de robe pour la petite Lady, la boutique pourrait bien en tirer un grand bénéfice s’ils font savoir que nous sommes clients –et mieux encore si nous sommes satisfaits. J’ai tout aussi hâte de découvrir la jeune femme dans cette nouvelle parure, la vision de l’artisan me semblait parfaitement lui correspondre. Elle aura, comme dans les contes de fée, une robe extraite du ciel de nuit qui lui conférera l’aura gracieuse d’une pleine lune. Pendant la balade, notre route croise celle des suivantes de Grace. Elles ne sauraient cesser de la suivre où que nous allons, dévouées à cette maîtresse dont je ne doute pas de la bienveillance envers elles. D’un signe de tête, je signifie que l’éloge de mon épouse au sujet de sa suivante anglaise ne m’ennuie pas. « Elle est loyale, et c’est une qualité rare et précieuse dans notre environnement. » je commente simplement, ne connaissant guère assez la demoiselle en question pour me prononcer plus. La villa de Giulia nous accueille pour un nouveau repas. Le temps que je prends entre chaque bouchée dissimule un appétit d’oiseau. Et j’avoue que je ne remarque l’absence de Grace, à la fin du repas, que lorsque mon amie m’interpelle depuis l’autre bout de la table. « Tu m’as l’air fort pensif depuis que tu es ici. Je ne t’avais connu si distrait, toi tu as toujours eu l’esprit léger et trop vif pour être pris par la même pensée plus d’un instant. » Elle l’illustre par un claquement de doigts. Je ris légèrement en jouant machinalement avec mon gobelet d’eau pour occuper mes doigts qui évitent le couteau et la fourchette. « Mon esprit est bien plus encombré désormais. » Encombré comme celui d’un monarque. Rares sont les futilités qui parviennent désormais à se frayer un chemin dans mon crâne afin de me distraire. « Et tu n’as jamais mangé si peu. Ca ne te plaît pas ? » « Si, si, bien sûr. » Mon amour pour la cuisine de Giulia fait partie des détails qui ne changent pas. Mon estomac n’en veut tout simplement pas en ce moment, ce qui est bien dommage car je n’en profiterai plus avant notre prochaine visite –s’il en est une à l’avenir. Je tends les bras sur la table et prends les mains de mon amie. « Ne t’inquiètes pas, d’accord ? Je vais bien. » « C’est un vilain mensonge, ça. Mais tant pis pour toi si tu ne veux pas me dire. » lance-t-elle en haussant les épaules. Lorsque l’on a autant d’enfants, autant de choses à faire, on ne se laisse plus préoccuper par les états d’âmes de son entourage si celui-ci préfère jouer la carte de mystère. L’on n’a pas le temps, pour le mystère. « Tu me manqueras à Naples. » dis-je avec un sourire sincère. Nous serons encore une fois séparés pour Dieu sait combien d’années. Lui seul sait si nous nous reverrons. « Tu auras Grace pour veiller sur tes fesses. » Elle lâche mes mains après un tapotement amical. Cela l’attriste que nous ne restions pas, je le devine dans ses yeux, malgré son regard fuyant. « Je l’aime bien. Je crois que vous vous êtes bien trouvés. Vous êtes ce dont vous avez besoin l’un l’autre, la pièce qui vous manque. » Et c’est pourquoi nous nous complétons si bien. Pour faire plaisir à Giulia, je reprends quelques bouchées de son plat. « Est-ce que… Est-ce que tu crois que nous pouvons avoir une autre vie sur Terre, après la mort ? » je demande après un moment de silence, histoire d’avoir son avis sur la question, si elle en a un. Mais je ne lis sur son visage que de l’incompréhension ; elle ne voit strictement pas de quoi je pale, et son expression suffit à me faire comprendre que la réponse est négative. « Oublie ça, c’est ridicule. » Quelle idée de poser ce genre de question à une si fervente croyante. Elle ne s’est jamais exposée à d’autres hypothèses que celles de l’enfer et du paradis, tout le reste n’a aucun sens. Je quitte finalement la table et vais me changer à mon tour, enfilant justement les habits offerts par Grace à Londres qui confèrent assez d’élégance pour ne pas sembler sorti de la plèbe. Les parures de roi attendront Naples. Lorsque je retrouve Grace, elle s’est également faite plus présentable. « Si l’idée est de vexer les dames Médicis en étant bien plus belles qu’elles, cela sera particulièrement réussi. » dis-je avant de lui voler un baiser. Giulia approuve le compliment d’un signe de tête, mais sans sourire. « Vous n’en trouverez pas beaucoup. » Les dames de la maison Médicis ne sont plus bien nombreuses, et peu demeurent à Florence, déportées à travers l’Italie grâce au mariage. « Bianca est décédée, Clarice aussi. Paix à leurs âmes. Vous pourrez voir Cosimo et Alessandro. Lorenzo est de retour de Rome aussi, mais si je peux me permettre, sa compagnie ne vous est pas nécessaire. » Ce cousin vient en effet d’être banni de Rome après avoir découpé les têtes de plusieurs statues de la ville sous l’emprise du vin. Il est désormais affublé d’une réputation qui le précède. « Et tu te souviens de Caterina ? Elle est en visite en ce moment. » En résumé, tous ceux avec qui j’ai grandi, ceux avec qui je jouais étant petit, sont décédés pour la plupart. Les autres, exilés de Florence, sont partis à Rome et Venise. Ceux qui restent étaient bien jeunes lorsque je suis parti, et attendent patiemment leur retour au pouvoir. Nous les rejoignons dans leur villa en bordure de la ville. Invités à entrer, même sans avoir prévenu de notre visite au préalable, nous sommes accueillis par Alessandro. Celui-ci n’hésite pas à m’étreindre avec un large sourire ravi. « Je pensais que tu ne te souviendrais pas de moi. » j’avoue, surpris d’être aussi bien accueilli. « C’est le cas, mais vu que vous avez été annoncés, je peux faire semblant de me rappeler. » Son rictus amusé transformé en rire trahit son manque de sérieux. « Je plaisante. Venez donc ! » Nous sommes guidés jusqu’à un salon où nous pouvons abandonner nos épais manteaux. « Giulia m’a fait comprendre que les dernières années ont été difficiles. » je me risque à dire, masquant autant que je peux une certaine peine à l’idée de ne pas revoir tous ceux que j’ai laissés derrière moi il y a un peu plus de dix ans. « La république, mon cher. Une bande de fous. » Une fillette d’une dizaine d’années fait interruption dans la salle. La pauvre n’a aucune grâce ni harmonie des pieds à la tête, elle n’a pour qu’elle qu’une forte présence qui la rend immédiatement remarquable. « C’est Catarina ? » je demande à Alessandro. Il acquiesce d’un signe de tête, alors je m’approche de la demoiselle dont le regard dur marque sa méfiance vis-à-vis des inconnus depuis qu’elle fut prise en otage par ces partisans de la république il y a deux ans. La famille la protège depuis dans des couvents à Rome. « La dernière fois que nous nous sommes vus, tu venais tout juste au monde. » Cela ne semble pas beaucoup la rassurer, néanmoins elle m’accorde une petite révérence, sous la pression du regard insistant de son cousin.
I believe in the lost possibilities you can see. And I believe that the darkness reminds us where light can be. I know that your heart is still beating, beating darling. I believe that you fell so you can land next to me. ‘Cause I have been where you are before. And I have felt the pain of losing who you are. And I have died so many times, but I am still alive
Celso était prêt à faire n'importe quoi pour la rendre heureuse. Si Grace lui demandait de conquérir le monde, il le ferait. Bien que c'était une chose qu'elle ne voudrait jamais ça venant de sa part. Il préférait la gâter en robes, en bijoux de valeur inestimable, en livres à la couverture richement décorée. Il savait ce qui lui faisait plaisir et ne lésinait jamais sur les moyens pour trouver des choses encore plus belles que tout ce qu'elle possédait déjà. En chemin, la jeune femme parlait alors de Jane et de sa loyauté sans faille. Trait que le vice-roi admirait, étant une denrée rare de nos jours. Grace savait qu'elle pouvait toujours compter sur elle. Celso n'avait guère d'appétit depuis le début de cette journée, elle l'avait bien remarqué. Elle quitta tout de même la table un peu plus tôt afin de pouvoir se changer. Le bel homme ne manquait jamais une occasion de la complimenter dès qu'elle changeait de vêtements ou qu'elle s'habillait pour des occasions particulières. D'ailleurs, il n'y avait même pas besoin d'événements singuliers pour qu'il ressente le besoin d'exprimer combien il la trouvait belle. Elle répondit amoureusement à son baiser avant d'écouter Giulia dire que bon nombre de Médicis n'était plus de ce monde, à force de mariage ou de décès. Elle fut néanmoins perplexe lorsque leur hôtesse ne recommanda pas d'aller voir le dénommé Lorenzo. Grace ne s'y connaissait pas assez pour savoir ce qui se tramait derrière ce nom. D'ailleurs, le couple ne tarda pas à se mettre en chemin pour aller à la rencontre de quelques membres de cette famille. Les deux hommes se saluèrent chaleureusement. "Et vous devez être Grace. Votre beauté vous précède." dit-il en s'inclinant poliment devant elle. La petite blonde hocha discrètement de la tête avec un sourire qui aspirait à la sympathie. Ils furent invités à l'intérieur de leur ville. On l'aida à retirer son manteau d'hiver avant de s'installer dans le salon. Une enfant d'une dizaine d'année fit son apparition alors. On devinait par son simple regard qu'elle avait déjà beaucoup trop vécu pour son si jeune âge. Malgré tout, il était impossible pour Grace de ne pas être prise d'affection pour elle. La petite maintenait une certaine distance, craintive au possible. "Vous l'appeleriez ... Catherine, dans votre pays d'origine, c'est bien cela ?" demanda Alessandro à Grace, pendant que la petite faisait sa discrète révérence. La vice-reine acquiesça d'un signe de tête. Elle s'approcha également de la petite et se mit à sa hauteur en s'accroupissant. "Bonjour, Catarina." dit-elle de sa voix douce. "Je m'appelle Grace, Grace Borgia." Elle avait toujours cet accent anglais qu'elle allait certainement garder encore pendant un long moment. Celso disait toujours adorer l'entendre parler italien. Grace restait accroupie, maintenant un sourire confiant malgré la méfiane persistante de l'enfant. "Pardonnez-la, elle n'est guère bavarde avec les étrangers." "Il n'y a pas de mal, ne vous en faites pas." répondit Grace, nullement offusquée par son comportement. Au moment où la jeune femme voulait se relever, l'enfant lui prit sa main, le regard attiré par l'une de ses bagues. Il ne s'agissait pas de son alliance, mais d'une fine bague en or avec un saphir jaune en son centre. Certains pourraient dire qu'elle était trop simple, mais elle l'aimait bien. Elle ne savait pas trop pourquoi le bijou attirait tant la petite. Ses yeux étaient longuement rivés dessus. Au bout de quelques minutes, la petite blonde la retira de son doigt et la tendit à la petite. "Tiens, je te la donne si tu veux." dit-elle alors avec un sourire complice. Le visage de Catarina s'illumina - c'était discret mais suffisamment notable. "Elle doit être encore un peu grande pour toi, mais tu pourras la mettre d'ici quelques années. Ca va avec toutes les robes que tu mettras, tu verras." La petite sourit discrètement et prit délicatement le bijou de la main de Grace. "Ce n'est pas nécessaire, Grace. Laissez-moi au moins vous rembourser." Elle rit doucement. "Vous ne me devez rien du tout. Et j'en connais un qui se sentira obligé de remplacer celui-ci aussi vite que possible. Je ne le devancerai pas, si j'étais vous, ça le vexerait." dit-elle en riant, lançant un regard à la fois amusé et attendri à son époux. Elle s'approcha d'ailleurs de lui pour lui voler un baiser. "Vous avez du vous rendre compte que les Italiens sont des êtres particulièrement passionnés, surtout avec quelqu'un comme Celso. Bien plus que d'autres peuples de l'Europe. Sans offense." "Je ne le prends pas mal." lui assura-t-elle. Alessandro les invita à s'asseoir et un de ses servants apportait de quoi boire. "Ton ascension a été particulièrement fulgurante. En un an, tu as un trône, une femme et même un héritier. Peu de souverains peuvent se vanter d'avoir eu autant de privilèges en aussi peu de temps."
N’ayant jamais été particulièrement doué avec les enfants, même en prenant de l’âge, le contact avec Catarina demeure simplement courtois et soumis à la distance que la demoiselle impose entre elle et un monde qui l’a déjà fort blessée. Grace peine également à lui soutirer autre chose qu’un regard méfiant, si ce n’est à l’instant où elle compte se détourner de la Médicis ; celle-ci lui prend la main, attirée par l’une des bagues de mon épouse, et celle-ci la lui cède volontiers. Cela ne me dérangerait pas outre mesure s’il ne me semblait pas que ce cadeau fut l’exacte raison de ce caprice tacite de la part Catarina. Et une telle manipulation me déplaît grandement. Je serais tenté de demander à récupérer la bague, le jeu ayant assez duré, mais le refus de Grace à l’idée que Alessandro lui offre une compensation laisse comprendre qu’elle tient à faire ce cadeau. La compensation, je la fournirai. « Je croyais que je te gâtais trop. » dis-je en rendant le sourire complice de la jeune femme. Puis nous suivons Alessandro dans le salon et nous installons sur les canapés. A l’entendre, mon ascension est un sujet à la mode, ou du moins, je fais parler de moi par cette fulgurante apparition dans le paysage politique, dessinée en un an seulement. « C’est que je ne suis plus tout jeune, il était temps que les choses se mettent en marche. » je réponds. Pour l’époque, je me suis marié tard, et mon fils est né à l’âge où d’autres hommes marient leur premier enfant. Beaucoup diront que je me démène pour un règne qui sera bien trop court en comparaison à la peine que je me donne, pourtant je ne me sens pas à l’agonie ni proche de l’être. « Disons que cela t’as permis d’acquérir de l’expérience et de te faire des amis à travers l’Europe. » J’acquiesce, même si, comme Jeanne dirait, je ne suis pas doué pour me faire des amis, c’est un effort que je ne me donne pas la peine de faire. « J’ai cru comprendre que tu seras le prochain maître de Florence sitôt le roi aura mis un terme à la république. » Alessandro paraît surpris que cette information en ma possession, puis se souvient que j’ai été au plus proche du roi ces derniers mois. « Tu étais à Bologne n’est-ce pas ? J’en suis parti peu avant ton arrivée, quel dommage. » Etrangement, il ne semble pas véritablement désolé par de concours de circonstances. Tandis que Catarina s’est assise près de nous, lisant un livre en gardant une oreille attentive sur nos paroles, un garçon de son âge, Cosimo, nous rejoint sans manque de nous saluer Grace et moi. Il est suivi par un jeune homme à peine plus jeune qu’Alessandro. « Tu te souviens de Lorenzo ? » me demande-t-il. Je demeure silencieux un court instant, me souvenant du conseil de Giulia à son sujet. Et il semble en effet débordant d’une sombre malice. « Bien sûr. » S’asseyant aux côtés d’Alessandro, Lorenzo esquisse un rictus mutin. « Je devine sur votre visage que ma réputation me précède. Néanmoins, la vôtre ne manquant pas de piquant, peut-être pourriez-vous cesser de me dévisager. » L’autre Médicis, plutôt que d’intervenir face au pique lancé par son cousin à l’encontre d’un invité, s’en amuse bien. L’importun renchérit ; « Vous avez une épouse bien trop belle pour la garder pour vous seul, vous devriez la partager. Alessandro vous a invités à rester ce soir n’est-ce pas ? » « De quoi parle-t-il ? » « C’est une… soirée entre amis que nous organisons toutes les semaines. » A sa manière de prononcer ces mots, je comprends immédiatement de quoi il s’agit en réalité, et dont mon propre passif ne me permet même pas de désapprouver ou de juger quoi que la pensée me traverse l’esprit. « Une orgie. » Leur silence acquiesce, leur sourire indique toute la satisfaction qu’ils tirent de ce genre de sauterie, et dans leur regard complice se lit les échanges charnels qu’ils ont vécus ensemble. « Je ne partage pas, désolé. » je réponds calmement, mais le cœur brisé par la noblesse de cette famille qui n’est plus qu’un vague souvenir piétiné par ces descendants d’une branche cadette. Grace et moi restons converser un instant, mais nous ne tardons pas à partir, la compagnie de cette famille désormais composée d’inconnus m’étant de plus en plus insupportable. Dans la calèche, j’ai le cœur plein de peine et ce fossé de la solitude se creuse un peu plus. « Je me sens déraciné. » je murmure à mon épouse, ne trouvant pas d’autres mots pour décrire cette sensation d’avoir mon propre passé qui me glisse entre les doigts, de ne plus pouvoir me raccrocher à quoi que ce soit, si ce n’est à mon ambition. Je n’ai qu’une hâte, retrouver mon fils, réunir ma famille, la seule que je reconnaisse, le seul endroit où je puis me sentir en sécurité.
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Celso était soucieux de son âge. Il était vrai que comparé à d'autres, il avait acquis titre et descendance relativement tard. Mais la jeune femme ne voyait pas ça d'un mauvais oeil. Il était plus réfléchi, plus mûr lorsqu'on lui avait posé pour la première fois une couronne sur la tête. Alors qu'il était coutume que des enfants devenaient, bien encadrés et surtout manipulés par ses prétendus conseillers. Grace le regardait d'un air tendre pendant qu'il discutait avec Lorenzo. Ils se mirent à discuter de politique, ce qui désintéressa fortement la petite blonde. Elle devait tout de même faire bonne figure, avec son éternel sourire qu'elle savait si bien faire, écoutant d'une sourde oreille. Un garçon fit alors son apparition, et un autre jeune homme, qui n'inspira aucune confiance auprès de la jeune femme. Il avait un sourire qui ne quittait pas son visage. Comme si un esprit malin le possédait. Grace était prête à parier que son âme devait être bien souillé, par ce simple rictus. On flattait une nouvelle fois la beauté de Grace, mais elle n'appréciait pas vraiment que ce compliment vienne de lui. La partager ? Elle n'était pas un objet non plus, elle en était presque offusquée bien qu'elle ne savait de quoi ces hommes parlaient exactement. Celso comprit immédiatement et le verbalisa. Peut-être que leurs nuits d'amour étaient désapprouvés par l'Eglise, mais Grace trouvait encore plus blasphématoire de faire cet acte à plusieurs. A partager des femmes à tout va. Celso déclina poliment et ne semblait pas le moins choqué par ce genre de pratique. Le couple ne resta pas bien longtemps. Une fois qu'ils étaient à nouveau dans leur calèche, il exprimait toute sa désillusion vis à vis de cette famille pensait noble. Il était déçu, lui qui avait tant d'admiration pour cette famille qui avait si respecté l'espace d'un temps. Grace croisa ses doigts avec les siens. "Regarde-moi, Celso." dit-elle tout bas. "Tu sais où tu prendre racine, tu sais sur qui tu peux compter." Son regard s'était plongé dans le sien. "Prends racine en moi, en notre enfant. Nous sommes en train de bâtir notre propre famille. Tu ne peux peut-être pas compter sur leur appui, ni leur faire confiance. Mais fais moi confiance, aie foi en des personnes telles que Giulia. Elle est la preuve même qu'il existe de belles personnes dans ce nid de serpent." Avec sa main libre, elle caressait délicatement son visage. "Je sais que tu es déçu, je le sens. Ne deviens pas comme eux. Et ne te laisse pas abattre. Tu n'es pas seul, Celso." Elle l'embrassa tendrement. Elle lui souriait et le rassurait d'autant qu'elle le pouvait. "Je ne pensais pas que l'on pouvait tomber si bas. Une orgie..." Elle était profondément marquée par ces propos et l'envie de Lorenzo de poser les mains sur elle. "Peut-être que ce nous faisons tous les deux n'est pas acceptable, mais ça, c'est blasphématoire. Que Dieu m'en garde, je veux que tu restes le seul qui puisse ainsi me toucher. Ne se rendent-ils pas compte de toutes les conséquences possibles ?" Elle n'en revenait pas. "Dans de telles situations, il serait bien aisé à un mari d'accuser sa femme d'adultère et de finir par retrouver la tête séparée du corps." Le trajet se poursuivait calmement. Quelques minutes avant de retrouver la demeure de Giulia, elle lui dit. "Souris-moi, mon amour, je n'aime pas te voir si triste." Il semblait véritablement peiné par ce qu'il venait de voir. "Allons voir Francesco, prends le dans tes bras." dit-elle en lui tirant le bras pour se hâte pour rentrer à l'intérieur. Giulia avait vraisemblablement un véritable coup de coeur pour le fils de Celso. "Alors ?" "Je suppose que nous sommes plutôt... surpris." Giulia ne fut même pas surprise de l'entendre. Elle s'approcha de Celso pour lui confier l'enfant, profondément endormi, serein. "Ne guérit-il pas toutes les peines par sa simple présence ?" souffla Grace tout bas à son époux. Jane apparut pour aider sa maîtresse à retirer ses vêtements chauds. "C'est bien dommage que vous deviez repartir demain." dit Giulia, un peu attristée. "J'ose espérer que nous nous reverrons bientôt. Mais ne devrions-nous pas plutôt profiter de la soirée au lieu de penser à demain ?" dit Grace avec un sourire confiant. "Vous avez bien raison ! Je suis même en train de vous préparer un véritable festin pour ce soir et sorti mes meilleurs vins. Je voudrais tout de même qu evous gardiez un bon souvenir de ma cuisine ! "