Essoufflé, je me retire pour ne pas subir plus longtemps la frustration de ne pas pouvoir atteindre le même plaisir que Grace. C'est une sensation que je connais bien, un mal nécessaire. Ce n'est rien, je terminerai ailleurs, plus tard, comme toujours. C'est bien la seule chose qui ne change pas entre cette fois et les autres. Quoi que, au milieu d'un baiser, je dois réprimer un gémissement mêlé à de la surprise au moment où je sens les doigts de la jeune femme frôler ma virilité. Mon regard croise celui de Grace pour l'interroger ; j'y devine une certaine détermination et un débordement d'affection qui me laisse muet. Envoûté par pareille volonté de me satisfaire à mon tour, je ne me vois pas refuser l'intention et me laisse complètement faire. Je m'allonge sur le dos, saisis le visage de ma belle, et la couvre de baisers pendant que ses caresses me font frémir de plus en plus. Je ne résiste pas bien longtemps à la douceur de son toucher, et je finis par lâcher prise. Mon corps tremble quelques secondes alors que je vis enfin cette libération d'une toute autre manière. J'évacue un long gémissement de plaisir, ma poigne relâche le drap que je serrais de toutes mes forces. J'embrasse Grace avec la même intensité, et un fond de gratitude. « Personne ne s'est jamais soucié de ça. » je lui avoue tout bas. D'ailleurs, je ne crois pas avoir déjà été touché de cette manière. Personne n'ose, ou toutes s'en fichent. Je laisse à la jeune femme le soin de nous nettoyer avec un linge. C'est idiot, mais je la regarde faire avec le regard amoureux. Elle est vraiment différente, et pleine de surprises. Elle est vraiment faire pour moi.
Je me suis glissé sous la couverture et elle m'y rejoint, ne manquant pas de se blottir dans mes bras. « Nous n'avons pas à dormir tout de suite. » je lui assure en caressant son épaule. Nous n'avons pas à donner à demain la chance d'arriver encore plus vite. J'aurais aimé avoir été moins stupide. Nous aurions pu avoir deux semaines pour nous, et non une seule nuit avant mon départ. C'est bien trop peu. Les paroles de Grace me vont droit au coeur. Je n'y réponds pas, pas que je ne le veuille pas ou que je ne ressente pas la même chose, mais je réfléchis, et mon esprit s'égare. Elle est tout ce dont je me suis toujours protégé, et je suis maintenant complètement victime de ce sentiment que je fuyais. Je me tire un peu de mes pensées lorsque la Lady s'installe sur moi pour m'embrasser. « Alors je continuerai. » je lui réponds avec un sourire. Et pendant quelques minutes, je laisse mes mains parcourir tout son corps, ses courbes, saisir son visage, ses cheveux, tout en la couvrant de baisers et d'amour. Je veux tout lui donner avant de m'en aller, qu'elle prenne tout, et qu'elle sache que je lui appartiens même loin d'elle. Au bout d'un moment, je me redresse sur mes coudes. Mon regard dans le sien, je me fais plus sérieux. Je ne peux pas attendre plus longtemps pour lui dire ce que j'ai à lui dire, et je ne peux pas prendre le risque de rater l'occasion. Qu'importe si ce n'est pas facile. Si j'ai la conviction que je l'aime, alors je le dois. « J'ai envie de tout vous dire. Je veux que vous sachiez tout de moi. S'il doit m'arriver quoi que ce soit, et qu'une seule personne au monde puisse dire qui je suis, je veux que ce soit vous. » J'ai toute son attention, c'est important. Lorsque je la sens pleinement attentive et plus curieuse que jamais, je prends sur moi la nervosité due à la peur de lire les réactions dans son regard, et je me lance dans ce récit trop sérieux et trop compliqué, cette histoire de ma vie que je dépose entre ses mains comme dans un coffre scellé ; « On m'a donné le nom de famille Rossi, parce que c'est celui que l'on donne par défaut à ceux qui n'en ont pas. Aucun de mes deux parents ne m'a reconnu. Mon père est mort avant ma naissance, et ma mère craignait pour sa vie. Je suis né en Espagne. Ma mère était Sancia D'Aragon, fille illégitime du roi de Naples. Elle était mariée à Gioffre Borgia. Elle a eu une aventure avec son frère, Juan Borgia, mon père. César l'a tué pour ça, en partie. Ma mère m'a confié à son frère lorsqu'il est parti en Italie épouser ma tante, Lucrèce. Mais elle avait aussi peur de César et de ce qu'il pourrait me faire s'il apprenait que j'existais. Alors j'ai été placé à Florence au service des Médicis. » Un secret bien gardé entre les familles en sachant qu'un jour, le garçon pourrait leur servir. On ne m'a jamais caché mes origines, et même si je n'étais pas traité comme un Prince, j'ai reçu l'éducation adéquate. On a pris soin de moi, tout en me gardant caché, jusqu'à ce que je sois assez grand pour m'occuper de moi-même. Sans nom, je n'avais le droit que d'être peintre en attendant que l'heure vienne. « Même en étant issu de deux branches illégitimes, je suis plus légitime et proche du trône de Naples, d'Espagne et de Rome que l'actuel couronné. Tout ça devrait être à moi. » j'explique à Grace. Par les jeux obscurs des alliances et du sang, je réunis à moi seul tout le sud de l'Europe et plus encore. Charles n'est lui qu'un lointain cousin. Il n'est même pas Espagnol. La couronne est tombée sur sa tête par hasard. Alors elle peut bien revenir au bâtard qui, lui, a le sang des véritables monarques. « J'ai une lettre de ma tante et de son mari attestant qui je suis et que mon père est mort trop tôt pour pouvoir me reconnaître. J'ai passé dix ans à aller dans chaque Cour des plus importants monarques du continent pour avoir leur appui. Je suis allé voir chaque prince-électeur pour obtenir leur voix. Je n'ai plus qu'à présenter tout ça au pape pour qu'il me reconnaisse. C'est un Médicis, il est en pleine guerre contre Charles Quint, alors il le fera forcément. » Et dans cette situation étriquée, il n'y a que lui au monde pour déclarer ma légitimité. Je lui promettrai le plus étendu des royaumes saint. J'ai fait une longue liste de promesses. Rendre des territoires, en céder, appuyer le divorce du roi d'Angleterre, tout est prêt à être signé, et absolument tous veulent la tête de Charles sur une pique. Je suis l'alternative qui débloque absolument tous les conflits actuels. Il suffit d'un mot d'un vieillard. Et je l'aurai, j'en suis certain. Je m'approche un peu plus du visage de Grace, mon regard ne quittant pas le sien, mes lèvres au bord des siennes. « Je reviendrai de mon voyage en tant que Celso Borgia, à la tête du plus grand Empire jamais vu. » Je me redresse jusqu'à être assis. Mes bras autour de la jeune femme la serrent tout contre moi. Je soupire légèrement. Je l'adore tellement. Sa chaleur, son odeur, la douceur de sa peau, tout. Je caresse sa joue du bout du pouce, mortellement envoûté. « Si vous m'attendez et si vous me promettez votre main, vous serez couronnée à mes côtés. Est-ce que vous m'attendrez ? » Mes yeux jonglent entre ses prunelles avec l'espoir qu'elle dise oui. Parce que je ne veux qu'elle auprès de moi.
I believe in the lost possibilities you can see. And I believe that the darkness reminds us where light can be. I know that your heart is still beating, beating darling. I believe that you fell so you can land next to me. ‘Cause I have been where you are before. And I have felt the pain of losing who you are. And I have died so many times, but I am still alive
Celso lui avoua tout bas que personne ne s'était intéressé à son propre plaisir, mis à part elle. Pour la Comtesse, le plaisir se devait d'être partagé, jusqu'au bout. Et c'est ce qu'elle parvint à faire en lui prodiguant de telles caresses, cette vague de volupté rendant son corps encore plus brillant. Elle le trouvait si beau. Une fois qu'il avait retrouvé ses esprits, elle nettoya sa main et le bassin de son amant avant de jeter le drap un peu plus loin dans la chambre. Le bel homme semblait particulièrement touché par cette attention. Bien au chaud sous la couette, il affirma à la jeune femme qu'il n'était pas nécessaire de dormir dans les suites. Ils pouvaient encore discuter ou simplement profiter de la présence de l'autre. Elle le devina dans ses pensées et l'y laissa jusqu'à ce qu'elle se mette sur lui. Il se plut àr répondre à sa demande en caressant les formes de sa belle, et en la chérissant avec une multitude de baisers. Au bout de ce long moment d'affection, Celso se redressa en sa maintenant sur son coude. Grace restait sur lui et elle se redressa également, perplexe qu'il prenne soudainement un ton si sérieux. Il voulait apparemment lui révéler quelque chose que personne d'autre ne savait. Grace était à la fois flattée mais un peu apeurée parce qu'il comptait lui avancer. Elle le fixa longuement, silencieuse, jusqu'à ce qu'il se lance dans ses explications. La Comtesse eut bien du mal à dissimuler sa stupéfaction au fur et à mesure que les mots sortaient. Elle en devenait même bouche bée. Ce savant mélange familial faisait de lui l'un des hommes les plus puissants qui puissent exister. Avant même qu'il n'explique la raison exacte de son voyage au Vatican, Grace savait ce qu'il était venu faire ici. Il avait cet objectif en tête depuis le début, d'où son assurance depuis le début. Elle qui n'aimait pas entendre parler politique, elle fut prise d'intérêt par son discours, et ce n'était certainement pas par opportunisme. Grace sentit son coeur s'accélérer dans sa poitrine. Celso finit par se redresser pour encercler la taille de sa belle avec ses bras. Il était né d'une des plus grandes familles d'Italie, et avait grandi dans la deuxième. Toute cette histoire était à en perdre son latin, Grace ne parvenait pas à prononcer le moindre mot. Elle ne savait plus où elle en était lorsqu'il lui demandait de lui promettre son coeur et sa main jusqu'à son retour. Toujours la bouche entrouverte, et bien secouée par cet énorme révélation, Grace ne savait même plus comment se comporter. Elle bégaya longuement, incapable de prononcer le moindre mot pendant plusieurs minutes. "Vous prendriez une veuve, qui a déjà un enfant, pour épouse ?" lui demanda-t-elle avec une voix faible. Les mariages royaux et impériaux n'étaient que stratégiques, pour faire et défaire des alliances. A moins que s'unir avec une noble anglaise ne lui permette de nouer une certaine amitié avec le roi. Après tout, Grace était devenue une amie d'Anne Boleyn, ce n'était pas négligeable. "Vous allez être à la tête du plus grand Empire qui soit. Je... Je ne sais pas si je suis digne d'être une impératrice à vos côtés." Grace était certes de sang noble, mais elle n'avait jamais envisagé de sa vie une telle ascension. Bien sûr que c'était un titre qui faisait rêver toutes les jeunes femmes, dont beaucoup feraient absolument tout pour l'obtenir. Grace pensait également à la pression qu'il pouvait y avoir derrière. Bien qu'elle appréciait Anne Boleyn, elle avait une profonde admiration pour Catherine d'Aragon. Le roi avait fini par se lasser d'elle, principalement parce qu'elle n'avait pas pu offrir un fils à la couronne anglaise. Grace tentait de se mettre à sa place un instant, et eut cette appréhension soudaine de ne pas pouvoir lui offrir une descendance pour cet Empire. Bien qu'il ne fallait pas douter de sa fertilité, elle était tombée très rapidement enceinte d'Edward. Elle savait que Celso ne lui demandait sa main que par amour. "Pourrais-je tout de même voir mon fils, si je reste à vos côtés ?" Il disposait déjà d'un bel héritage malgré son jeune âge. Toutefois, sa mère l'aimait énormément et elle ne supporterait certainement pas la séparation. Et cela ne l'empêchera pas d'aimer tout autant les enfants qu'elle pourrait avoir avec l'Empereur en devenir. Pourtant, elle pouvait comprendre que Celso ne veuille pas qu'il rese auprès de Grace. Sa question lui semblait idiote, après coup. "Aurons-nous toujours ces nuits d'amour, comme ce soir ?" La réponse était certainement positive, à la différence près que pour les fois qui arriveront, ils pourront chacun aller au bout de leur plaisir. Grace ne se souciait guère des bijoux et de la place qu'elle aura, bien qu'un trône lui semblait être impressionnant. Ca ne changerait pas ce qu'elle était. Elle connaissait déjà bien des richesses, mais elle voulait être riche d'amour, si cela lui était possible. Impossible de se détacher de son regard, Grace se laissait envoûter par ses beaux yeux. "Je vous attendrai." dit-elle au bout d'un moment. Elle acquiesça également d'un signe de tête. "Je vous attendrai." répéta-t-elle."Et je prierai Dieu chaque jour pour que vous me reveniez au plus vite." Des larmes bordaient les yeux de Grace, car il y avait tout un flot d'émotions en elles qu'elle n'arrivait plus à contenir. Il y avait beaucoup de choses à accepter, à assimiler, et elle savait déjà combien il allait lui manquer. Cela ne l'empêcha pas de l'embrasser langoureusement alors que ses petites larmes coulaient d'elles-mêmes le long de ses joues. C'était à la fois de la joie, qu'elle ressentait pour lui, car il allait bientôt vivre dans de bien meilleures conditions, il allait retrouver la place qui était la sienne. C'était aussi le bonheur de l'aimer autant, le bonheur qu'il promettait dès son retour. Mais aussi un peu de tristesse, il lui était impossible d'imaginer la séparation à venir, comprenant bien qu'elle était incapable de se passer de lui.
Alors que Grace reste silencieuse et ne trouve pas ses mots, la bouche entrouverte et les yeux écarquillés, je me surprends à avoir peur d’essuyer un refus. C’est sûrement cela qu’elle n’ose pas dire. Qui n’accepterait pas de devenir reine de pareil royaume? Plus d’une femme, en soi, si elles avaient toutes le choix comme je le lui donne. C’est une vie qui peut être effrayante pour une noble, son sang n’est pas de la même nuance de bleu. Ce sont tellement de responsabilités et de pression à laquelle elle n’aspire peut-être pas. Mais en réalité, la seule chose que je lui demande, c’est d’être à mes côtés. D’être auprès de celui qu’elle aime, et qui l’aime follement. Le regard inquiet, j’attends ce qui me semble être des heures avant que Grace n’articule quoi que ce soit. Et lorsque c’est le cas, un sourire illumine mon visage. Elle veut dire oui. Elle veut accepter, mais je ne dois que répondre à quelques craintes, sinon elle ne poserait pas de questions, elle se contenterait de dire non. Je saisis délicatement son visage entre mes mains et incruste un peu plus mon regard dans le sien, « Je prendrai qui je veux pour épouse et je mettrai qui que ce soit au défi de m'en empêcher. » Qui osera s’en prendre à moi pour s’être vexé de refuser la main de sa fille ? Quel roi sera assez fou pour me menacer de quoi que ce soit ou me faire la guerre ? Je serai intouchable. Le bâtard qui a toujours vécu caché sera plus grand que n’importe qui, et cette vengeance est le travail de toute une vie. Je mérite d’épouser celle que j’aime, la seule à qui je veux donner cette couronne. Grace n’a pas été élevée dans cette optique, mais je sais qu’elle sera digne de ce rôle. « Pour moi vous l'êtes. Je n’imagine personne d’autre à votre place. » Il n’y a rien de stratégique. Tous les futurs accords et traités sont déjà prêts et tous sont quasiment à l’avantage de tous les partis. Cette liste de promesses longue comme le bras sera tenue si je récupère tout ce qui doit être à moi, et peut apporter quelques années de paix entre les grandes puissances. Mais aucun monarque n’est pacifiste, cela sera éphémère. Quoi qu’il en soit, toutes les ficelles plus compliquées les unes que les autres sont nouées, et toute cette stratégie est sur le point de payer. Je réfléchis quelques secondes concernant le fils de la Lady. Il n’aura pas d’intérêt pour moi, et il n’aura absolument aucun droit d’héritage. La question est plutôt de savoir s’il peut être une menace ou un avantage. Ni l’un ni l’autre j’en ai peur, alors qu’il reste ou qu’il vienne ne devrait rien changer. « Il sera le bienvenu. » j’assure à la jeune femme. Nous en prendrons soin. Il ne sera jamais une priorité en comparaison aux enfants que nous aurons. L’idée d’en engendrer avec Grace m’exalte un peu plus. « Des nuits d’amour ? Nous n'aurons que ça, autant que nous le souhaitons. Je serai toujours tout à vous. Vous serez ma reine sur tous les fronts. » je réponds avec un regard pétillant. Certains époux se découvrent de l’affection puis de l’amour des années après avoir été mariés. Nous, notre union sera plus forte. Nous avons déjà ce lien qui me semble plus solide de seconde en seconde. Oui, c’est comme si cela ne pouvait être qu’elle depuis toujours. Malgré ses petites larmes d’émotion, j’embrasse Grace avec une incontrôlable fougue ; mon coeur a explosé à la seconde où elle m’a assuré qu’elle m’attendra. Nous pourrons nous marier dès mon retour, dès que j’aurai un nom à lui donner. « Je reviendrai le plus vite possible, je vous le promets. En attendant, tout cela doit rester secret, vous ne devrez pas en dire un mot. Pas même à votre frère. » Je ne veux pas prendre le risque que la moindre indiscrétion ruine tous mes plans, qui reposent en partie sur la surprise de mon rival qui n’aura rien vu venir pendant que je passais dix ans à tisser ce piège. Cela fera partie du triomphe. Je rêve tous les soirs de la manière dont son visage se décomposera lorsqu’il saura qu’un petit portraitiste qui n’est personne lui volera tout. Je colle à nouveau mes lèvres sur celles de Grace, fou de joie. « Je vous aime tellement. Vous ne pourriez pas me rendre plus heureux. » Je la serre de toutes mes forces dans mes bras. J’ai le sentiment que nous serons invincibles. Je m’emporte, je suis trop optimiste, qu’importe. Celle que j’aime m’a promis sa main, et ses larmes témoignent de la sincérité de ses sentiments. C’est tout ce qui compte. L’embrassant avec toujours la même passion, je me rallonge petit à petit et garde son corps collé au mien. Je prends l’une de ses mains et la glisse le long de mon torse jusqu’à mon bas-ventre. Elle peut sentir entre ses jambes mon désir pour elle, exalté par la joie qu’elle me procure. « Quoi que pareil empire aura besoin d'un héritier... » je lui murmure avec un sourire malicieux, le regard taquin.
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C'était bien la dernière chose à laquelle Grace pouvait s'attendre, d'avoir partagé son lit à l'homme qui pourrait bouleversé le monde grâce à une simple signature. Il suffisait d'un peu d'encre pour qu'il soit à la tête du plus grand Empire qui soit. Et alors, tout le monde la jalousera ou le vénérera, prêt à embrasser ses pieds. Elle n'en revenait toujours pas. Elle avait quelques appréhensions qu'elle n'hésitait pas à partager avec lui. Après tout, elle n'était ni soeur ou fille d'un monarque, aucun accord ne pouvait se faire autour de ce mariage auquel Celso aspirait. Lui ne voulait qu'un mariage d'amour, et n'hésitait pas à le lui faire comprendre. Elle savait que son premier fils n'aurait pas d'importance à ses yeux, mais elle ne restait pas moins sa mère. Il ne voyait pas d'objection à ce qu'Edward reste avec elle, Grace avait conscience qu'il n'était clairement pas une menace pour l'empire en devenir. Celso lui promettait aussi des nuits torrides d'amour comme celle-ci, désireux de faire passer sa belle en première d'autant qu'il le peut. Il prit d'assaut ses lèvres qu'il embrassa avec une fouge démesurée, bien trop heureux de l'avoir entendu promettre sa main pour son retour. Il ferait au plus vite, bien qu'il serait difficile d'accélérer ces longs jours de voyage. Elle acquiesça d'un signe de tête pour lui assurer qu'elle n'en parlerait à personne. Il la serrait de toutes ses forces, la collant au possible contre lui en reprenant ses baisers à chaque fois qu'il ait fini de parler. "Je vous aime aussi." lui souffla-t-elle entre deux, bien trop pressée de caresser à nouveau ses lèvres. Le bel homme finit par s'allonger sur le lit, la gardant tout contre elle. Il prit l'une de ses petites mains par la faire glisser contre son torse. Elle était un peu surprise de le sentir à nouveau si exalté, lui faisant comprendre ce qu'il y aurait ensuite. Grace n'avait jamais connu pareille excitation. Ce n'était pas avec son mari qu'elle passait de telles nuits. Elle sentit son coeur s'emballer de plus belle lorsqu'il lui fit comprendre qu'il avait l'intention de concevoir. "Je vous donnerai autant d'héritiers que mon sein saura vous donner." C'était le rôle primordial de toute reine ou de toute impératrice. Et ce ne sera certainement pas une corvée pour eux de concevoir. Grace effectuait quelques caresses sur sa virilité, et sa bouche restait au bord des siennes. "Personne ne nous reprochera de commencer à essayer dès maintenant. Et..." Grace avait eu une idée, avec la manière dont elle était sur lui. Peut-être que lui connaissait, il avait beaucoup plus d'expérience qu'elle. "J'ai aussi très envie de vous sentir jouir en moi." lui dit-elle tout près de son oreille avant d'introduire sa virilité en elle. Au fur et à mesure qu'il venait profondément en elle, la jeune femme poussa un long gémissement en restant près de son oreille. Son corps frémissait sous ce contact. Grace se redressa. Celso avait déposé ses mains sur ses cuisses dont il saisissait délicatement la chair. Elle ne bougeait pas encore, découvrant cette position qu'elle n'avait jamais adopté. Il la regardait avec adoration, il voulait certainement encore mémoriser les détails de son corps. La jeune femme se pencha à nouveau sur lui et commença à exercer de lents mouvements de bassin. Elle n'avait pas l'habitude de faire ceci, mais elle s'exécutait avec application. Cela semblait le satisfaire de la voir ainsi, parce qu'il ne bougeait pas, et il avait ce sourire de satisfaction qui se dessinait sur ses lèvres. Grace se redressait de temps en temps, ses mains s'appuyaient sur son torse pendant qu'elle continuait de se déhancher ainsi sur lui. Les soupirs et gémissements étaient nombreux. Cette nouvelle vague de chaleur fit perler quelques gouttes de sueur le long de son échine. Même si elle était à bout de souffle, elle ne pouvait pas s'empêcher de l'embrasser passionnément, de le laisser avaler le moindre de ses soupirs.
Habitué à veiller jusqu’à tard dans la nuit, la fatigue ne se fait pas ressentir. Et de toute manière, je ne voudrais éloigner ma conscience de Grace pour rien au monde. Paradoxalement, j’ai hâte de passer la nuit tout contre elle, et de m’imprégner de sa chaleur pendant de longues heures de sommeil. Une empreinte qu’elle laissera dans un coin de ma tête et qui remontera à la surface les soirs où je me sentirai trop seul. Sachant à combien de kilomètres je vais être éloigné de la jeune femme, le moindre centimètre pouvant nous séparer cette nuit sera un centimètre de trop. Mon être a encore ce vif désir pour celle qui sera ma femme. Une envie, un besoin de plaisir charnel une nouvelle fois et de m’abandonner entre les jambes de Grace, mêlé au souhait de nous donner une chance de concevoir notre premier enfant. J’imagine à peine le bonheur que cela serait de rentrer de Rome pour découvrir la jeune femme avec un ventre un peu plus rond. Je quitterai l’Angleterre en étant personne, je reviendrai en ayant tout. Loin d’être contre cette idée, Grace y consent complètement. Envoûté par les mots qu’elle me souffle au bord des lèvres, puis au creux de l’oreille, je la laisse manœuvrer et unir nos corps dans cette position absolument inconventionnelle et réprimandable. Mais comment une chose aussi agréable et de bon pour le corps et l’esprit peut-elle être considérée comme un péché ? C’est une sensation expérimentée si rarement que cela semble être la première fois à chaque fois. Je frémis et gémis en agrippant les cuisses de la jeune femme. Naturellement, mes mains glissent sur son fessier puis le bas de son dos pour y effectuer une légère pression afin de me sentir pleinement en elle. La respiration décadente, mon cœur explose dans ma poitrine. Elle se redresse et laisse mon regard se poser sur elle et nos corps mêlés. Elle est magnifique. Complètement absorbé, je la laisse débuter de lentes et amples ondulations. La sensation est particulière, différente, mais surtout des plus délectables. Grace ne tarde pas à me rendre ses lèvres, et je les capture avidement. Elle mène ainsi la cadence pendant un long moment où je n’ai qu’à me délecter de chacun de ses mouvements, en ayant la liberté de parcourir entièrement son corps alors que les vagues de frissons font grandir le plaisir dans tout mon organisme. Je serre la jeune femme de plus en plus fort, jusqu’à sentir qu’il me faille reprendre la main ; alors je la fais basculer pour échanger nos places et reprends cette cadence fougueuse de coups de reins qui font résonner en cœur soupirs et gémissements. Grace remet ses jambes autour de ma taille, ses bras autour de mon cou, et s’abandonne à moi dans cette houle. Bientôt ses doigts serrent mes cheveux plus fort, ses cuisses m’emprisonnent. J’étouffe de plus en plus de gémissements entre ses lèvres en accélérant, jusqu’à ce que je ne puisse même plus les atteindre et abandonne ces râles près de son oreille. Le moment venu, je me délecte de sentir ce grand frisson partir du bas de mon échine et se propager dans tout mon corps, tous mes muscles. La chaleur du plaisir le plus ardent qui soit me rend brûlant. Pendant quelques secondes, mon souffle se coupe ; alors je sens que je me libère en elle, que toute cette volupté lui est transmise. Je ne sais plus depuis combien de temps je n’avais pas pu vivre cette jouissance de cette manière, si longtemps que cela me semble être la première fois. J’ai bien des années de frustration imposée qui sont enfin satisfaites. Dès que je le peux, j’embrasse Grace. Puis je laisse mon front sur le sien le temps de me remettre de mes émotions. « Il n’y a rien de comparable à cette sensation. » dis-je plus tard en roulant sur le côté pour m’allonger. Et il n’y a rien de comparable à cette satisfaction qui reste après coup. Je dorlote Grace tout contre moi, et glisse tendrement ses cheveux derrière ses oreilles pour dégager son joli visage. « Je suis à vous pour toujours désormais. » je murmure en naviguant dans ses yeux bleus. Je passe de longues minutes à la contempler amoureusement. « J’ai laissé votre portrait dans ma chambre, sur le chevalet. Je vous en laisserai la clé. » Elle pourra aller le chercher et le faire encadrer. Je ne doute pas qu’elle aura du goût pour cela. « C’est à la fois un souvenir et un cadeau de mariage. » j’ajoute avec un petit rire. Mais il s’évapore bien vite dans l’air. « Vous me manquerez. » Je dépose délicatement mes lèvres sur les siennes. J’ai déjà hâte d’être de retour.
I believe in the lost possibilities you can see. And I believe that the darkness reminds us where light can be. I know that your heart is still beating, beating darling. I believe that you fell so you can land next to me. ‘Cause I have been where you are before. And I have felt the pain of losing who you are. And I have died so many times, but I am still alive
Grace mourrait de chaud, à force de maintenir la cadence qu'elle avait adopté. Et chaque sensation lui était nouvelle, unique, ce qui ne faisait que décupler les vagues de plaisir qui envahissait son corps de porcelaine. Elle laissait les mains de son amant la guida afin qu'il puisse être encore plus en elle, et cela fit longuement gémir la jeune femme, qui profitait du moindre contact de leur corps en fermant les yeux. Pour rien au monde il ne voulait se détacher de ses lèvres une fois qu'elle s'était à nouveau penchée sur lui. Il les dévorait avec un plaisir certain, se laissant transporter par les mouvements de rein de sa belle. Jamais de sa vie elle n'aurait pensé faire l'amour de cette façon. Pas avec autant de sentiment, ni autant de plaisir. Tout ceci lui était si nouveau, cela s'apparentait à une belle découverte. Elle sentait le corps de Celso frémir sous elle, elle l'entendait soupirer à chaque mouvement. Il ne cachait absolument plus ses sentiments pour elle. Au bout de longues minutes, il finit par échanger leur place, afin de se retrouver à nouveau sur elle, et reprendre une cadence bien plus soutenu. Chaque coup de rein rappelait à quel point il se donnait à lui et qu'il voulait qu'il soit à elle. Il accélérait de plus en plus, incapable de tenir davantage ses ardeurs.Grace le serrait tout contre elle à l'aide de ses bras et de ses jambes, étouffant des gémissements qui se firent de plus en plus nombreux avec ses baisers. L'une de ses mains remontait le long de sa nuque, pour saisir entre ses doigts ses cheveux. Sa cadence se fit de plus en plus soutenu, venant ainsi à bout du plaisir de sa chère et tendre, qui s'abandonna à lui peu avant qu'il ne se libère en elle. A bout de souffle, ils eurent besoin de quelques secondes de répit avant de s'embrasser à nouveau. Il posa son front contre le sien, avec un large sourire satisfait s'était dessiné sur les lèvres. Celso finit par se détacher d'elle pour s'allonger dans le lit. "Vous pourrez le comparer à toutes nos prochaines nuits ensemble." lui répondit-elle avec un air malicieux. Elle était encore un peu essoufflée et vint se coller à lui, même si elle avait bien chaud et que le corps de son amant était semblable à de la braise. Grace le laissait jouer avec ses cheveux. Elle s'était redressée, sa tête appuyée sur son coude, pour pour l'admirer. Elle lui souriait avec tendresse. "Et moi à vous, pour toujours." Toujours. Ce mot prenait tout son sens avec lui, comme s'il s'agissait d'une réalité, d'une évidence. Eux, leur corps, ne vivrait pas toujours. Il finirait par se remettre à Dieu le moment venu, lorsque l'âge l'aurait rattrapé. Mais qu'en est-il de l'âme ? Grace s'était déjà posée la question. Certains poètes disaient que l'amour traversait les âges, elle s'était demandée si c'était vrai, si cela était véritablement possible. "J'irai le chercher dès demain." lui assura-t-elle. "Je me demande quels bijoux et vêtements vous avez choisi de dessiner sur ce portrait." Elle avait hâte de le voir, de voir comment lui l'apercevait, à travers son oeil d'artiste. Elle rit lorsqu'il mentionnait le cadeau de mariage. Elle prit ensuite l'une de ses mains pour la déposer sur son ventre. "Mon cadeau de mariage se trouvera juste là, si Dieu le veut." lui dit-elle avec un sourire amoureux. "Et si ce n'est pas le cas, je pense qu'il arrivera quelques mois plus tard, après d'autres essais. Ce n'est rien, quelques mois." Son rictus était devenu malicieux. L'acte pour concevoir n'allait certainement pas être un problème entre eux. Ils étaient jeunes et il suffisait de voir la nuit qu'ils venaient de passer pour ne pas douter de leur activité à venir. "Vous me manquerez aussi." lui dit-elle en lui caressant la joue. "Mais dites-vous que mon âme vous appartient, que je serai toujours auprès de vous, dans votre coeur." Et Celso l'embrassa avec amour et tendresse. Tous deux espéraient certainement que cette nuit ne se termine jamais. "Revenez-moi au plus vite, mon amour." Elle s'impatientait déjà à l'idée de le retrouver. Grace l'embrassa longuement, le temps que son corps se remette de toutes ses émotions et réalise qu'il est bien fatigué. La jeune femme restait alors collée à lui, dessinant quelques arabesque sur le torse de son amant avec ses doigts, jusqu'à ce que ses paupières ne se ferment toutes seules. Un grand sentiment de tristesse la parcourut pendant toute la nuit, car elle savait au fond d'elle-même qu'il ne sera plus là, à lui caresser tendrement le bras, lorsqu'elle se réveillera.
Le sommeil ne vient pas, mon esprit est bien trop occupé par une foule de pensées. Je veux surtout continuer de contempler Grace jusqu’à m’épuiser. Il fait presque jour lorsque je ferme les yeux pour n’avoir que quelques instants de repos léger. J’aurai tout loisir de dormir pendant le voyage pour faire passer le temps plus vite. Quand le soleil est plus haut dans le ciel, je me glisse hors du lit sans réveiller la jeune femme. J’ai le cœur lourd, très lourd, mais je dois partir au plus tôt. J’abandonne sur une petite table la clé de ma chambre. Elle a déjà été vidée de mes affaires et celles-ci ont été portées jusqu’au navire pour la France la veille. J’ai été contraint d’y abandonner du matériel de peinture afin de ne pas trop m’encombrer, mais je prends avec moi de quoi dessiner et peindre pendant le voyage. Grace trouvera là-bas son portrait. Elle y est représentée comme le soir de Noël, une épaule dénudée, le regard aussi malicieux et le sourire aussi mutin que je les lui connaît.En échange, en souvenir pour moi, je lui subtilise un chapelet traînant entre ses bijoux. Les perles bleues ornées de dorures me rappelleront ses yeux. Je me rhabille en silence, chose pour laquelle je suis expert, mais n’enfile mes souliers qu’une fois dans le couloir. Je rentre aussi vite que possible à Hampton Court où l’autre calèche pour le port m’attend. Je saute à l’intérieur, le ventre noué par l’angoisse. Mon regard glisse une dernière fois sur ce paysage qui me semble toujours aussi morose. « Allons-y. »
Dieu merci, la traversée jusqu’en France est rapide. Les navires ne sont absolument pas faits pour moi. Mon mal de mer est tel que je dois rester allongé pendant toute la durée du trajet. Et une fois au Havre, je m'accorde une longue balade pour me dégourdir les jambes et remettre mon estomac à l'endroit. Nous repartons ensuite pour une longue traversée de l'hexagone qui durera deux semaines. Une éternité. N'ayant pas eu le temps de perdre mon français, je ne me sens pas dépaysé. Lors de nos haltes, je parviens à faire la discussion. Mon naturel charmeur ne me quittera sûrement jamais, les regards et les sourires m'échappent sans que je n'ai plus de réel contrôle dessus ou même conscience qu'ils existent. Néanmoins, je ne partage la couche de personne. Aucune femme ne peut retirer Grace de mon esprit. Elle s'y est imposé tant et si bien que l'acte en lui-même m'est inintéressant. Je ne veux qu'elle, et lui faire l'amour comme la dernière fois. Je rêve parfois d'elle avec un petit sourire au coin des lèvres. Je la quitte encore et toujours au petit matin pour reprendre la route. Je confie quelques uns de ces rêves qui n'ont rien d’avouables dans mon journal. Ces feuilles reliées dans un carnet à la couverture en cuir souple ne me quitte jamais. Les pages sont noircies par les dessins, les pensées, des anecdotes. Je note ce qu'il se passe minute après minute. J'y décris les paysages, les personnes que je rencontre. Je veux garder une trace d’absolument tout. Parfois je m'adresse à Grace, sûrement parce qu'elle me manque. Et parce que je sais qu'elle lira ces lignes un jour. J'entends dire que le roi de France s'est vexé que je ne fasse pas un détour par la Cour.
Ce n'est qu'une fois entrés en Italie que je reconnais véritablement mon pays. Ses paysages typiques sont restés ancrés dans ma mémoire tout ce temps, et même dix ans plus tard, je n'ai rien oublié, tout est aussi vif que si je ne m'étais absenté que quelques jours. Je renoue avec ma langue natale pour mon plus grand plaisir. Mon sourire ne me quitte pas alors que nous nous arrêtons quelques jours à Florence. Mon précepteur est décédé depuis longtemps, mais sa fille se souvient de moi. Nous avons été élevés côte à côte après tout. C'est presque les larmes aux yeux qu'elle m'accueille et m’héberge sous le toit de son époux où les enfants courent partout. Je rejoins Rome quelques jours plus tard. Avant d'entrer au Vatican, je confie mon journal à quelque porteur qui part justement pour l'Angleterre et auquel je n'ai pas d'autre choix que de faire confiance. « J’aimerais faire parvenir ceci à cette adresse aussi vite que possible. » Mais je ne saurai jamais si le journal est parvenu à Grace.
La semaine suivante, c'est les traits tirés suite à une nuit sans sommeil que je confie une longue lettre à mon escorte qui quitte l'Italie pour rentrer au pays sans moi. Elle n'arrivera que dans un mois entre les doigts de la Lady. Qui sait ce qu'elle est devenue. « Grace, Je me demande si vous m’attendez toujours. Parfois j’espère que non et que votre frère vous aura trouvé un parti convenable. Je ne veux pas que vous ayez perdu votre temps avec moi, j’ai tellement peur de lire la déception ou la pitié dans vos yeux. Je n’obtiendrai pas le triomphe que j’espérais. Je vous avais dit qu’il n’était pas bon de nourrir les espoirs et qu’il fallait garder les rêves pour la nuit, et je n’aurais jamais du croire si fort en ce projet. Je ne serais jamais couronné et rien de ce qui devrait m’appartenir ne me reviendra. Et toutes ces années n’auront servi à rien. Je sais que la politique ne t’intéresse pas, mais je te résumerai tout de même mon entrevue avec le pape et, à ma grande surprise, le Roi d’Espagne. Si le pape n’a pas consenti à reconnaître mon droit sur la couronne, ni de Naples, ni d’Espagne, ni de Rome, il a reconnu ma naissance pour me consoler avec un nom qui inspire ici une étrange forme de respect forcé mêlé à une fascination morbide qui fait naître des murmures dans les couloirs plus qu’un réel prestige. Au moins, je peux signer cette lettre Celso Borgia. Je repars surtout avec le poids de la plus grande des humiliations sur le cœur. Il me fait même mal de vous en parler. Je suis affublé de quelques titres qui ne visent qu’à mettre de la pommade sur ma fierté et faire honneur à un nom noble tout en me faisant garder un genou à terre. Prince régent de Squillace et de Tricarico, l’on m’a mis à la tête des provinces de Calabre et Basilicate qui appartiennent au Royaume de Naples, tout au sud de l’Italie, et donc à Charles Quint. Je suppose que cela est ma punition pour avoir voulu le chasser de son trône, devoir désormais le servir. A ma mort, ces provinces reviendront à mes cousins, et non à mes descendants. Je ne sais pas ce que j’aurai à offrir à mes enfants, si j’en ai. J’ai émis le souhait de refuser tous ces titres, plutôt repartir bredouille qu’insulté, mais je n’avais pas le choix. Le roi et le pape se sont accordés à dire que si je tournais le dos à l’honneur qu’ils me faisaient, alors la situation serait retournée en disgrâce et je serais mis à mort pour hérésie. Il semblerait que je me sois trop fait remarquer pendant mes séjours dans les Cours d’europe. Toute la volonté et toutes les convictions d’un homme s’envolent lorsqu’il est question de mort. Pardonnez-moi d’avoir été trop optimiste, trop rêveur et idéaliste. Je crois que la leçon à tirer de cela est que je ne suis rien d’autre qu’un artiste. Je ne rentre pas en Angleterre, je prends immédiatement mes fonctions au château de Squillace. Là où je suis né, c’est une belle ironie. Vous pouvez me rejoindre avec votre fils, si votre main m’appartient toujours. J’aurai au moins un nom à vous donner, si vous voulez toujours de moi. En revanche, l’avenir sera incertain. Moi je vous attendrai. Avec tout mon amour, Celso Borgia »
I believe in the lost possibilities you can see. And I believe that the darkness reminds us where light can be. I know that your heart is still beating, beating darling. I believe that you fell so you can land next to me. ‘Cause I have been where you are before. And I have felt the pain of losing who you are. And I have died so many times, but I am still alive
"Grace, donne-moi cette lettre." dit fermement Nicholas. Il était venu lui rendre visite, pour un sujet de conversation qui devenait particulièrement récurrent ces derniers temps. Grace secoua négativement la tête. "Donne-moi cette lettre." "C'est personnel, tu n'as pas le droit de la lire." rétorqua-t-elle froidement. "Je reste ton frère, c'est à moi, que l'on demande la main, c'est moi qui donne la dot une fois que tu seras mariée. Je suis en droit de savoir ce que tu manigances ces derniers mois." Il était furax ce jour là, sans raison apparente. Il finit par lui arracher la lettre des mains. Un lourd silence s'imposa le temps qu'il la lise. "...Borgia ? Un Borgia est amoureux de toi, et u ne m'en as pas parlé ?" "Tu ne comprends rien." lui répondit-elle sèchement en récupérant la lettre de Celso. "C'était pour lui que tu essuyais le moindre homme qui s'approchait de toi ?" "Encore une fois, tu ne sais rien." "Alors explique-moi Grace !" s'exclama-t-il en levant les bras. "Il aurait pu être bien plus que le Prince régent de Squillace et de Tricario, Nicholas." Il semblait ne rien comprendre à ce qu'elle disait. "Il m'aime, et il aurait pu être bien plus qu'un Prince. Et je l'aime aussi." "Grace, tu sais bien qu'il n'y a pas de place pour l'amour. Tu en as très bien tenu compte jusqu'ici, je..." "Jusqu'à ce que ça puisse te tomber dessus, Nicholas." "J'aime..." "Bien sûr que tu l'aimes. Mais combien d'années as-tu attendu après votre mariage pour que tu aies un quelconque sentiment pour elle ?" Son frère ne dit rien, regardant d'un air désolé sa soeur. Elle savait qu'il ne voulait qu'une bonne situation pour elle. "Je ne peux pas t'en dire plus, j'ai promis que le reste serait un secret." "Mais bien sûr que tu peux te confier à moi, Grace." "Pour que tu le fasses ébruiter à la Cour ? Tu es devenu un expert lorsqu'il s'agit de répandre des rumeurs. En quoi cette fois-ci serait-elle différente ?" Il resta longuement silencieux. "Grace, je ne pensais pas que..." "Eh bien tu as mal pensé, Nicholas." dit-elle en lui coupant sèchement la parole. Nicholas était attristé de savoir qu'il avait perdu la confiance. "Je peux te faire la promesse que je ne dirai rien." Grace resta longuement de marbre. "Tu ferais bien de te tenir ta parole, sinon tu ne reverras plus jamais." "Tu n'es pas séri-..." "Tu en parles à ne serait-ce qu'une personne, et je partirai, Nicholas." Il finit par acquiescer d'un signe de tête, résignée. "J'aurais pu être impératrice. J'ai attendu, parce que j'aurais pu devenir impératrice." Parce qu'il n'y avait que ça qui comptait, Nicholas oubliait rapidement le côté sentimental. Il resta longuement bouchée bée. "Parce qu'il a bien plus de droit d'être sur le trône d'Espagne, de Rome et de Naples que Charles Quint. Et tu connais la suite de l'histoire puisque tu as lu une lettre qui ne t'était pas destinée." Nicholas finit par s'asseoir, tombant de bien haut. Sa soeur restait debout, statique. Elle n'attendait rien de lui, si ce n'est qu'il tienne parole. "Bien qu'il soit Prince, tu vois bien qu'il a précisé qu'il ne peut rien garantir pour... votre éventuelle descendance. Ni pour toi, d'ailleurs." dit-il au bout de longues minutes. Grace sentit sa gorge se serrer. Nicholas était sincèrement désolé pour elle. "Tu sais tout autant que moi que tu n'as pas d'avenir avec lui, Grace." En lisant la lettre, elle avait considéré à partir en Italie, et rester auprès de lui. Elle faisait son mieux pour retenir ses larmes. Le Comte se leva et fit les cent pas près de la table de la salle à manger. "Tu as conscience que je ne peux pas accepter cette union, n'est-ce pas ?" Ca lui faisait certainement mal au coeur de mettre sa soeur dans tous ses états. Il avait bien vu les larmes qui bordaient ses yeux. "C'est pour cela qu'une femme de ton rang ne peut... tomber amoureuse." Il s'approcha d'elle dans le but de la consoler en la prenant dans ses bras, mais Grace recula d'un pas. "Anthony, veuillez raccompagner le Comte." Et elle tourna les talons pour se rendre dans la chambre, ayant grand besoin de solitude.
Après un voyage qu'elle trouva incroyablement long, Grace arrivait enfin à destination. Elle n'en avait informé personne, pas même Celso. Tout était si différent, ici. L'architecture, les manières, le code vestimentaire. Le dépaysement était brutal. Grace entrait dans le château de Squillace. Elle ne parlait pas italien, et ne comprenait rien à ce qui pouvait être dit. On la guida jusqu'où se trouvait Celso. Il était bel et bien là, dans des habits de qualité, bien coiffé, bien entouré. Grace était à la fois incroyablement heureuse, mais aussi triste de le revoir. Elle s'inclina devant lui, en baissant la tête, ses gestes toujours aussi fluides et harmonieux. "Votre Grâce." Elle se redressa, et le regarda enfin dans les yeux. Son coeur s'emballait de plus belle. Elle l'aimait toujours autant. "Ai-je droit à une audience, votre Grâce ?" lui demanda-t-elle timidement.
Si je suis né ici, je n'en ai aucun souvenir. Je ne devais pas être en âge d'avoir de la mémoire lorsque j'ai été emporté loin de Squillace. Son château est particulièrement ancien. Il surplombe la ville, et beaucoup d'autres villages, depuis le haut de sa falaise, au sommet de la jetée. Il a connu bien des destructions et des reconstructions. Ces régions de l'Italie sont constamment en guerre alors ces murs sont les cibles de toutes les attaques. Fautes de moyens, certaines parties ont été condamnées et ne sont plus accessibles à qui que ce soit. Trop dangereuses, le temps les transforme peu à peu en ruines. Il y a des tableaux datant de l'âge d'or du château où l'on voit toute sa splendeur passée. Aujourd'hui, on lutte contre les courants d'air. La grande salle est toujours pleine, ce n'est pas un lieu exclusif. La Cour est modeste, composée de quelques nobles et bourgeois de la ville et des alentours qui aiment pouvoir donner leur grain de sel dans chaque décision. Ils se traînent tous dans leurs beaux manteaux avec leurs servants, à ne rien faire à part du bruit. Les italiens sont bruyants, c'est une chose qui frappe après tant d'années loin de cet environnement. Mes propres compatriotes trouvent que mes années sur les routes ont fait de moi un étranger dans mon propre pays. Mon cousin, Francesco, n'a jamais entendu parler de moi. Nous ne nous appelons pas « frères » cause d'une sorte de pudeur, même si nous avons la même mère. J'aurais aimé qu'il me parle d'elle, mais il s'y refuse. A vrai dire, il se refuse à m'adresser le moindre mot en dehors des formules de politesse et quelques traces de courtoisie ou de respect auquel il est obligé. Alors qu'il a l'âge de se marier et qu'il pourrait gouverner, le jeune garçon se retrouve sous la tutelle d'un homme qu'il ne connaît ni d'Eve ni d'Adam. Je ne tiens rigueur à personne de la méfiance dont ils font preuve. Je me contente de faire mon travail et de mettre de la bonne volonté dans chaque tache qui m'est assignée, mettant de côté ma fierté blessée en plein coeur. A vrai dire, je suis résigné à l'idée que je ne peux pas espérer plus que de gagner la confiance et le respect de ma Cour, de mon cousin et de mon Roi afin de m'assurer un avenir prospère. En quelques semaines, j'ai déjà enclenché quelques projets qui ont enthousiasmé mon entourage. Parmi eux, la construction d'une cathédrale au pied de la colline, à côté de l'église qui se fait vieillissante. Quelques rénovations du château aussi, qui seront financées, selon les plans, par un regain d'exportation de la terra cotta locale qui est l'une des plus précieuses d'Italie. Encore une fois, pour m'aérer l'esprit, je peins la nuit. J'ai effectué un portrait de Grace de mémoire. Elle me manque terriblement, mais je fais au mieux pour ne pas trop penser à elle. Je ne dois pas m'impatienter de sa venue ou d'une éventuelle réponse à ma lettre. Le temps que la mienne lui parvienne, qu'elle prépare son voyage et vienne jusqu'ici, ou simplement le temps qu'elle m'écrive à son tour et que cela me soit porté, il peut se passer de nombreuses semaines. Cela fait maintenant trois mois que je suis parti. Trois mois que je ne l'ai vu qu'en rêve. Alors quand sa voix résonne dans la salle, mon coeur fait un bond. Je reconnais immédiatement son timbre, la douceur dans son élocution. En plein discussion, je m'interrompt sans m'excuser et je tourne immédiatement la tête. Je pose mon regard sur cette petite silhouette, cette chevelure blonde que je devine sous cette coiffe de voyage. Je croise ses yeux bleus ; mon coeur part au galop, mes mains tremblent, ma respiration s'est coupée. Bouche bée, le choc finit par laisser place à une joie incommensurable. Je lui adresse un large sourire. Il n'y a que la décente pour m'empêcher d'accourir vers elle, de la serrer dans mes bras et l'embrasser devant toute l'assemblée. Au lieu de ça, calmement, je fais signe à toutes les personnes présentes d'évacuer la salle. En une minute, nous nous retrouvons seul à seul. Alors je peux m'approcher doucement. « Vous êtes venue. J'ai eu peur que vous ne veniez jamais. » Une fois près de Grace, je l'enlace et l'étreint tendrement. Je dépose un long baiser amoureux sur ses lèvres. Seigneur, elles sont toujours si douces et délicieuses. Elle m'a tellement manqué. « Je suis si heureux de vous voir. » Je prends le temps de l'admirer et renouer avec les traits de son visage. Je ne me recule que pour l'observer dans son intégralité, des pieds à la tête. Toujours si élégante et gracieuse. « Vous êtes magnifique. » Sa main dans la mienne, je la tire jusqu'à un banc qui borde une grande fenêtre donnant sur la ville en contre bas. « Le voyage a dû être éreintant, asseyez-vous. Votre fils est avec vous ? » Elle semblait tant tenir à le garder avec elle autant que possible que je suis étonné de ne pas l'avoir vu apparaître avec lui.
I believe in the lost possibilities you can see. And I believe that the darkness reminds us where light can be. I know that your heart is still beating, beating darling. I believe that you fell so you can land next to me. ‘Cause I have been where you are before. And I have felt the pain of losing who you are. And I have died so many times, but I am still alive
Il était encore plus beau que dans ses souvenirs. Il rayonnait, il avait énormément de prestance. Il aurait fait un empereur parfait, c'était ce que se disait Grace lorsqu'elle croisa son regard. Son coeur s'emballait à l'idée de le savoir si près d'elle, même si cela était encore bien trop loin. Sa chaleur, ses baisers n'étaient plus qu'à quelques mètres d'elle. Mais la pudeur était de rigueur, même sur le sol italien. Afin d'avoir de l'intimité, Celso ordonna à toute personne étant dans la salle d'y sortir. Quelques secondes plus tard, un silence total régna dans la pièce. Grace était incapable de bouger, certainement du à l'épuisement. Mais le seigneur de ces terres s'approcha d'elle pour la prendre dans ses bas. Ce fut comme une véritable bouffée d'oxygène, un soulagement, de le sentir ainsi contre elle. Il l'embrassa longuement, et amoureusement. La jeune femme y répondit avec autant de passion. La fatigue la rendait particulièrement émotive, et une fine larme coulait le long de sa joue. Mais elle souriait, elle état si heureuse de le revoir. Cela remplissait son coeur devenu bien vide ces derniers mois de l'amour qu'elle pouvait puiser chez lui. Celso ne pouvait s'empêcher de l'admirer, d'effleurer ses traits avec ses doigts. Il la guida jusqu'à un banc, où elle pouvait s'asseoir à côté de lui. Grace gardait précieusement entre ses deux mains, celle de Celso, comme si elle craignait qu'il ne lui échappe. Son sourire devint rapidement triste lorsqu'il mentionna son fils. Elle baissa les yeux. "Il est chez mon frère." répondit-elle, la gorge serrée. La Comtesse restait longuement silencieuse. "Je..." Elle ne savait même pas par où commencer. Ses mains tremblaient. Elle était envahie d'une profonde tristesse. "Mon frère m'a arrachée des mains la lettre que vous m'aviez envoyé. Je lui ai raconté succinctement ce dont il s'agissait, en le menaçant de faire certaines choses s'il daignait en parler à qui que ce soit. Il était en colère ce jour-là parce qu'il voyait que je ne faisais aucun effort pour m'intéresser aux prétendants potentiels. Je ne me rendais plus vraiment aux banquets, je ne passais pas mes journées à la Cour comme j'avais l'habitude de faire. Et il fallait qu'il sache pourquoi. Les sentiments lui importent peu, mais il a pardonné mon comportement lorsqu'il a su le titre que j'aurais pu avoir après cette période de silence." Grace déglutit difficilement sa salive. "Nous en avons longuement discuté et... Mon père n'étant plus de ce monde, c'est à lui qui revient le choix de la personne qui sera mon époux. Ce n'est pas qu'il n'a cure de mes sentiments, mais... Il est comme tout noble qui puisse exister. Ce n'est pas l'amour qui me promettra un bel avenir, et un futur confortable pour mes enfants." Grace était en larmes. "Il refuse de prendre le risque de m'envoyer ici en se disant que je n'aurai pas d'avenir, et nos enfants non plus. Il n'a pas grande confiance en Charles Quint et doute qu'il se montre miséricordieux envers les enfants d'un bâtard qui aurait très bien pu le faire renverser." Elle prit une inspiration, dans l'espoir de pouvoir se calmer. En vain. "Nous avons longuement discuté, mon frère et moi. Et nous avons trouvé une sorte de... compromis. Je voulais venir ici, passer un peu de temps ici. Ce que Nicholas a accepté... à condition que je me marie dès mon retour en Angleterre." Son frère tentera certainement de trouver un homme bien placé, pas trop vieux et qui puisse convenir un minimum à Grace, mais il y avait aussi bien d'autres facteurs décisionnels. "Et je ne voulais pas que tout ça se résume à... un simple échange de lettres." Elle qui avait l'habitude de tenir tête était là comme un chien battu, résignée. "Ce mariage est à mes yeux le châtiment que je dois subir afin de pouvoir passer un peu de temps avec vous. Mon frère fait croire à tout le monde que je suis allée rendre visite à un ami proche de la famille, désireuse de voyager avant de me marier. Il est un bon menteur, pour ce genre de choses." Tout en gardant sa main dans la sienne, Grace quitta le banc pour s'agenouiller devant lui, anéantie. "Je vous demande pardon. Je vous en prie, pardonnez-moi." dit-elle en pleurant. "Je comprendrai que vous préféreriez que je parte de suite, n'étant qu'un messager de malheur. Mais je voulais tant vous revoir." Grace appuya alors son front contre ses genoux en sanglotant de plus belle, attendant d'être rejetée à tout moment. Elle était si triste, elle se vidait de ses larmes agenouillée devant lui. Grace n'avait jamais aussi malheureuse, aussi désespérée.
Le silence de Grace ne présage rien de bon. A vrai dire, la tristesse que je sentais en elle à son arrivée était déjà un mauvais présage. Maintenant mon coeur bat comme les tambours des bourreaux dans l'attente de découvrir la nature du châtiment à subir. J'écoute avec attention, mâchoire serrée, gorge nouée, les mains crispées autour de celles de la jeune femme. Mon regard planté sur elle, je cligne à peine des yeux. Je devine très rapidement que le frère de la Lady ne veut pas de moi comme beau-frère. Et pourquoi ? Est-ce que le statut de prince n'est pas assez bien à ses yeux ? Qu'est-ce qu'il espère, trouver mieux auprès des petits nobles de la Cour d'Angleterre ? Il ne croit pas que je saurai assurer la sécurité de ma famille. Il ne sait rien de moi et de mon acharnement, et il se pense en position de juger ma capacité à assurer la pérennité de ma descendance et de celle de sa soeur. Je le gagnerai, l'avenir de cette famille. Je l'arracherai s'il le faut. Les larmes de Grace me fendent le coeur mais la colère prend le dessus. Je bous de rage et ne souhaite intérieurement que la mort de Nicholas. Je me brise en mille morceaux lorsque ma promise m'annonce qu'elle devra épouser un autre dès son retour en Angleterre. Ma tête se secoue négativement, refusant la réalité. Je ne peux pas accepter ça, je ne peux pas digérer ça. J'ai l'estomac noué, nauséeux. Mes mains, mais aussi tout mon corps s'est mis à trembler. Je sens comme une fièvre faire brûler mes tempes et mes oreilles qui saignent à chaque mot supplémentaire. Grace aurait mieux fait d'envoyer une lettre. Il n'y a pas pire douleur de la voir pour me dire qu'elle devra repartir alors qu'en la voyant j'étais persuadée qu'elle resterai à mes côtés pour toujours. Tout ça pour quelques jours d'illusion. Voilà mon second espoir brisé. Grace tombe à genoux, mais je ne bouge plus, paralysé par le choc. Frappé de plein fouet par un échec cuisant sur tous les tableaux. Je suis puni. Pour tout ce que j'ai pu faire, pour les complots, les adultères, les aventures, l'orgueil dont j'ai fait preuve. Je suis puni, c'est la seule explication. « Je... » La bouche sèche, je patauge entre les mots et les phrases qui ne semblent plus rien vouloir dire. Le coeur en miettes, je réalise que ce n'est que l'histoire qui se répète ; la précédente ayant eu mon amour s'est envolée avec un meilleur parti. Désormais, après tous mes efforts, malgré le nom et les titres, je ne suis toujours pas assez bien pour avoir le droit à l'amour. « Vous aviez dit... » Elle avait dit qu'elle attendrait. Elle a attendu. Et ses espoirs ont été aussi déçus que les miens, les plans sont tombés à l'eau. Elle a tenu sa parole, je ne peux pas l'accuser de briser une promesse. Il y a un monde entre devenir impératrice et princesse au lendemain incertain. Mais je refuse de laisser tomber. Les mains moites, je serre un peu plus celles de Grace. Je redresse son visage pour planter mon regard dans le sien. Mes yeux sont bordés de larmes de colère et de douleur, mais gardent une étincelle de détermination. « Je me fiche de votre frère. Tant que vous êtes à Squillace vous êtes trop loin pour qu'il ait la moindre autorité sur vous. Nous pouvons nous marier ici, il ne pourra rien y faire. Je n'ai pas besoin de votre dot, je ne veux que vous. » Ma voix tremble, mes doigts aussi. Mon regard la supplie, l'implore. Je ferais n'importe quoi pour la retenir près de moi, n'importe quoi. « Ne me faites pas ça Grace. J'ai perdu dix années de ma vie, ma fierté, ma dignité et ma liberté. Je ne peux pas vous perdre aussi. » Ou alors ma vie aura perdu tout sens. Je me sens déjà mourir à la simple idée de la laisser partir. C'est au-dessus de mes forces.
I believe in the lost possibilities you can see. And I believe that the darkness reminds us where light can be. I know that your heart is still beating, beating darling. I believe that you fell so you can land next to me. ‘Cause I have been where you are before. And I have felt the pain of losing who you are. And I have died so many times, but I am still alive
Tout le corps de Grace tremblait. Elle le voyait déjà lui demander de partir, lui dire que ce n'était pas nécessaire d'avoir fait tout ce voyage pour si peu. Mais elle voulait tant le revoir, il lui avait tant manqué. Noyée dans ses sanglots, elle voyait son futur et n'y voyait rien de bon. A partir du moment où elle aura quitter de pays, on lui arrachera son bonheur et il n'y aurait plus aucun sourire qui viendra s'afficher sur son visage. Qu'importe si son prétendant est beau, attentionné, cultivé et parfait. Il ne sera jamais aussi bien que Celso. Le silence qui s'imposait entre eux était incroyablement long. Une attente interminable jusqu'à ce que Celso fasse délicatement redresser la tête de sa bien-aimée afin de pouvoir la regarder. Lui aussi, versait des larmes, et cela fendait le coeur de Grace. Elle se sentait énormément fautive. La distance entre les deux pays fit que le prince se fichait bien de ce que voulait Nicholas pour sa soeur. Il passait outre le compromis qui avait été convenu. Celso ne pouvait être atteint d'où il était et son statut empêchait le Comte de s'interposer. Même s'il dépendait du Roi d'Espagne, il n'était pas moins un prince, ce qui était un titre non négligeable. Grace était surprise qu'il ne se soucie pas de sa dot. C'était en général la première chose à laquelle les prétendants s'intéressaient, en plus du physique et de l'âge de la future mariée. Celso, lui, ne voulait que Grace. La voilà dans une situation bien délicate. Elle était entre son devoir familial et son coeur. Celso avait tellement d'espérance, et en l'espace d'une rencontre, il avait tout perdu. Ils avaient un peu trop rêvé, la nuit avant qu'il ne fasse ce long voyage. La Comtesse eut une pensée pour son fils. Celui-ci ne risquait rien, il héritait de la richesse et des terres de son père, son futur était assuré. Elle restait longuement plongée dans ses yeux. Elle l'aimait tellement, elle ne se voyait pas survivre durant son voyage du retour, tuée par son propre chagrin. Elle ne pouvait pas se passer de lui, elle l'avait bien compris durant ces derniers mois. "Je reste." dit-elle tout bas alors qu'elle avait encore la gorge bien serrée. "Je reste." répéta-t-elle, se disant qu'il n'avait peut-être pas entendu la première fois. "J'ai envie de me marier avec vous." Etrangement, son futur ne lui faisait pas peur. Elle savait qu'elle allait être heureuse avec lui. Un mariage d'amour, on ne voyait pas ça, et c'était pourtant ce qui allait se produire. "Vous savez déjà que je suis tout à vous." Ils se l'étaient dits, après tout. "Et... ces derniers mois ont été insupportables. Ils étaient... vides de tout." La seule chose qui la maintenait en vie était la présence de son fils, qu'elle se mit à voir on ne peut plus régulièrement, n'ayant pas le coeur à se rendre à la Cour. Elle se fichait bien des festivités et des politiques. "Je veux porter vos enfants si vous me le permettez toujours." Ils trouveront un moyen de garantir leur futur, elle savait désormais que Celso était doué en matière de stratagème et de politique. Ces enfants-là auront des bagages et des noms, il fallait savoir les utiliser à bon escient. Grace se redressa un peu sur ses genoux pour approcher son visage du sien et atteindre sur ses lèvres pour les embrasser tendrement. "Je saurai vous rendre fier, grâce aux enfants que je vous donnerai par exemple. Et vous n'avez pas perdu toutes vos libertés. Vous pouvez épouser qui bon vous semble, et les nuits nous appartiennent, nous en ferons ce que nous voudrons. Vous n'avez pas tout perdu." De sa main libre, elle lui caressait tendrement la joue. Elle parvenait enfin à lui sourire, bien que son rictus fut discret. Ses yeux étaient encore bien rouges et bien humides pour le moment, mais elle ne sanglotait plus. Elle hoquetait par moment, mais sentir sa chaleur et plonger dans son regard l'apaisait. "Vous m'avez tant manqué." dit-elle tout bas, effleurant son visage avec le sien. "Votre sourire, votre chaleur, vous sentir tout contre moi. Il n'y avait pas un jour où je ne priais pour vous. J'avais tellement peur d'oublier certains traits de votre visage à force d'y penser, ou de ne plus rien avoir pour me rappeler votre odeur. C'était ma plus grande crainte, d'oublier tous ces détails là."
Au bord des larmes et la gorge nouée, j’attends la réponse de Grace et guette la moindre réaction de sa part. Pour calmer ses pleurs, mes doigts se sont glissés entre ses cheveux et caressent son crâne blond. Puisque je n’ai plus rien d’autre à perdre à part elle, je me fiche d’avoir l’air pathétique en la suppliant de rester avec moi et faire fi de l’accord passé avec son frère. Il est bien trop loin désormais pour empêcher quoi que ce soit, son erreur a été de la laisser venir. Ici, elle est sous ma protection et mon autorité. Je pourrais l’empêcher de partir de force si je le voulais, je l’aurais sûrement fait d’ailleurs. J’aurais été incapable de renoncer à elle. Mais cela ne sera pas nécessaire. Cela doit sonner comme une haute trahison envers sa famille, mais la jeune femme consent à demeurer en Italie avec moi. Elle me donne sa main, qu’importe si le Comte désapprouve. Elle ne renonce pas, elle non plus, et c’est pour moi le plus grand des soulagements. Je ne peux pas lui offrir tout ce que j’avais promis, mais je sais que nous vivrons notre bonheur à plus petite échelle. Je souris, ému. Mes larmes s’évaporent de mes paupières, mon cœur se gonfle à nouveau de joie pendant que nous échangeons un long baiser. Non, je n’ai pas tout perdu. « Merci. Je n’aurais pas supporté de vous laisser partir. » je lui avoue tout bas. Dans ma mémoire, ses traits auraient fini par être de plus en plus vagues et flous. Il ne serait resté qu’une chevelure blonde et un regard bleu. J’aurai oublié son corps et sa chaleur. J’aurais été si malheureux. « Vous m’avez manqué aussi. » dis-je en serrant Grace dans mes bras. J’hume son parfum en caressant ses cheveux. Je frôle sa peau pour en retrouver la douceur. Au bout d’un long moment, je me lève et l’invite à faire de même. Elle n’a plus rien à faire à genoux. « Séchons ces larmes. Vous êtes chez vous maintenant. » Mes pouces passent sur ses joues pour en effacer toute trace de peine. Je lui souris tendrement. Le château est aussi sa maison désormais, celui de Tricarico aussi. Ce qui m’appartient est aussi à elle. Et elle a tout mon cœur entre ses mains. « Nous nous marierons au plus vite. Et personne ne vous arrachera à moi. » Cela ne doit pas attendre plus longtemps. Notre séparation a été bien assez longue, nous avons gagné le droit de nous unir avant qui que ce soit ou quoi que ce soit ne nous en empêche. « Je trouverai comment assurer notre avenir par tous les moyens. Je vous me promets. » j’ajoute en prenant les mains de la jeune femme entre les miennes, déterminé. Maintenant qu’elle sait ce que j’ai pu faire pour avoir un trône, elle ne peut pas douter de tous les stratagèmes que je suis capable de mettre en place pour ma propre famille. Je ne quitterai pas ce monde perdant ou en laissant mes enfants sans rien. Elle peut me faire entièrement confiance. « Je vous présenterai à tout le monde ce soir. Je ne crois pas que qui que ce soit ne parle anglais ici, mais ne vous en faites pas, vous apprendrez vite la langue. » Les débuts seront sûrement difficiles et le choc des cultures compliqué, néanmoins Grace devra s’adapter à son nouvel environnement. Cela ne devrait pas être trop difficile, je suis certain qu’elle se plaira. « Je dois me rendre à Tricarico cette semaine, vous viendrez avec moi. Cela vous fera voir un peu sur quoi nous régnons. Ce n’est pas un empire, mais c’est une magnifique région. Nous nous marierons à notre retour. Nous avons de la chance, vous arrivez en Italie à la plus belle période de l’année. » Le printemps est en tout cas la saison la plus agréable à mes yeux. Grace pourra admirer tous ces magnifiques paysages du sud. Enthousiaste, je lui donne un nouveau long baiser amoureux. Mon avenir me semble bien moins gris et menaçant désormais. « Où sont vos affaires ? Nous allons les faire porter jusqu’à mes appartements. Puis vous pourrez vous reposer. »
I believe in the lost possibilities you can see. And I believe that the darkness reminds us where light can be. I know that your heart is still beating, beating darling. I believe that you fell so you can land next to me. ‘Cause I have been where you are before. And I have felt the pain of losing who you are. And I have died so many times, but I am still alive
Nicholas allait certainement être colère. Quoiqu'il savait quel était le risque de laisser sa soeur partir quelques tems en y allant. Peut-être qu'il savait ce qui allait se passer. La jeune femme n'en savait trop rien. Mais elle savait qu'elle ne serait plus jamais heureuse si on la séparait de lui. Et le seul moyen d'éviter de les détacher n'était qu'autre le mariage. Une fois unis aux yeux de Dieu, personne ne pouvait s'y opposer. Elle était apaisée en sentant ses doigts dans ses cheveux et lorsqu'il la prit dans ses bras pour la serra fort. Il y resta longuement logée, le temps nécessaire pour qu'elle se parvienne à se calmer. Celso finit par se relever, incitant sa femme en devenir à faire de même. Elle réajusta rapidement son jupon avant qu'il ne vienne sécher ses joues humides de larmes. Non, il n'y avait plus de raisons d'avoir du chagrin. Grace lui sourit avec tendresse. Il voulait faire au mieux pour elle. Eviter toute séparation en se mariant le plus vite possible, montrer sa détermination et sa volonté de leur assurer un futur prospère, pour eux comme pour leur descendance. Il était prête à faire n'importe quoi pour Grace se sente bien dans ce pays qui lui était totalement inconnu. Ne rien connaître à la culture et aux coutumes d'ici l'effrayait un peu. Grace n'avait jamais voyagé, ce n'était pas vraiment dans les moeurs. Ereintée par le voyage, elle parlait peu, mais restait attentive à tout ce qu'il disait. Elle lui répondait par un signe de tête ou un sourire tendre. Elle lui était très reconnaissante, de tous les efforts qu'il comptait pour lui offrir une vie qui devrait lui convenir. Il était Prince, après tout. "J'ai quelques notions d'italien. Mon tuteur m'avait vaguement appris la langue, il doit m'en rester quelques souvenirs." lui dit-elle avec un sourire. Comme on lui avait appris le Français et l'Espagnole. Le latin était une évidence. Celso comptait déjà la faire voyager au courant de la semaine, en lui montrant la région sur laquelle il régnait. Il était si heureux. Ses yeux pétillaient, et il était pris d'un grand enthousiasme à l'idée de savoir que Grace restait. Celle-ci se dit qu'elle devrait écrire une lettre à son fils pour tout lui expliquer. Et à Nicholas également, mais qu'à partir du moment où elle sera mariée. Il n'ira pas contre la volonté d'un Prince, il avait bien trop de respect pour ce genre de titres. Celso l'embrassa longuement, et elle l'embrassa avec autant d'amour. "Tout est encore près de la calèche. L'une de mes suivantes a accepté de m'accompagner, j'espère que cela ne vous dérange pas." dit-elle d'un air gêné. "Mais je me doutais que je ne comprendrai pas grand-chose aux conversations, alors je l'ai prise avec moi. Il va falloir que je lui explique que je vais rester ici à jamais." Elle avait un sourire amusé. "Et je savais qu'elle rêvait toujours de voyager, alors c'est bénéfique pour tout le monde." Sans attendre davantage, il demanda à ce que la malle soit placée dans ses appartements. "Dans vos appartements ?" lui demanda-t-elle alors, réalisant qu'il n'était pas vraiment question qu'il la mette dans une autre chambre. "Cela signifie-t-il que je pourrais me reposer sur votre lit, dans vos draps ?" Elle lui parlait tout bas, le regard malicieux. Vraisemblablement, il ne voulait pas passer une seule nuit sans elle. En gardant précieusement sa main dans la sienne, Celso la guida dans le château jusqu'à atteindre ses appartements. Les affaires de la Comtesse arrivèrent rapidement. Mais une fois qu'ils étaient seuls et que la porte était fermée, Grace se jeta une nouvelle fois sur ses lèvres. "Je sais que vous avez des impératifs pour le reste de la journée, mais..." Elle passa ses bras autour de son cou. "Juste quelques baisers." lui souffla-t-elle au bord de ses lèvres pour l'embrasser à nouveau. La petite blonde n'avait pas vraiment fait attention à la disposition ou la décoration de la chambre. Elle aurait tout le loisir de le faire une fois qu'il devra rejoindre les conseillers et autres nobles pour régler certaines affaires. Elle ne pouvait pas attendre qu'ils soient seuls le soir même pour caresser ses lèvres pendant de longues minutes.
Impossible pour moi de contenir ma joie. Cette fois si mon cœur bat à toute allure, ce n’est que pour mieux propulser tout ce bonheur à travers mon corps. Je ne tiens plus en place, j’implose et cela ne se devine que dans le petit pétillement de mon regard. Je sais que pour ma part je n’aurais pas pu aspirer à meilleur mariage. Ma position est bancale et les régions ne me reviennent pas, je ne suis que régent et je n’ai pas de réelle possession. Aucune jeune femme noble n’aurait concédé à m’épouser, je n’ai pas de réel intérêt matériel. Tout mariage n’aurait été qu’à mon avantage et ce n’est pas ce que les familles recherchent pour leurs filles. Sans Grace, les scénarios étaient tous pauvres et limités. A savoir que j’aurais pu me marier par convenance, pour la forme, avec une demoiselle n’ayant rien à perdre. Ou je serais resté seul jusqu’à ma mort et sans descendance à laisser dans une situation étriquée. Dans tous les cas je sais que l’amour ne m’aurait plus jamais frappé. Je ne l’aurai pas laissé me faire souffrir une troisième fois. Je serais resté fidèle au souvenir de Grace. Je n’aurais même pas pu reprendre les batifolages ; je suis l’un des Princes du futur royaume Saint, plus aucun écart ne me sera pardonné. Je suis muselé. Avec Grace à mes côtés, je sais que tout ira pour le mieux. Oui, à nous deux, tout ira bien. La jeune femme n’est pas venue seule ; par souci d’avoir de la compagnie, l’une de ses suivantes a fait partie du voyage. Elle lui sera une amie précieuse pendant ses premières semaines en Italie. « Bien sûr que ça ne me dérange pas. Vous avez bien fait. Elle pourra rester si elle le souhaite, ou nous lui donnerons les moyens de rentrer en Angleterre. » Après tout, si elle ne se plaît pas ici ou souhaite retrouver son pays, nous ne la retiendrons pas contre son gré. « Vous pourrez également vous trouver d’autres suivantes ici et à Tricarico. » La jeune femme pourra les choisir elle-même ; faute d’être dans son pays, son entourage proche doit au moins lui convenir parfaitement. Rapidement, je me rends à la porte de la salle pour demander à l’un des deux gardes d’envoyer un servant récupérer les affaires de Grace et de les faire porter jusqu’à mes appartements. Une perspective qui ne semble pas déplaire à la jeune femme. « En effet. Vous allez pouvoir profiter de draps en soie provenant de Florence, d’un confort à se damner. Et les imprégner de votre parfum. » Je lui rends son regard, tout aussi malicieux. Qu’il est doux de la retrouver ainsi, non seulement sa présence, mais aussi cette complicité, comme si nous ne nous étions jamais quittés. Elle aurait pu changer, mais non, elle est restée la même. La Grace que j’aime. « Ce sera le temps que je vous fasse aménager une chambre qui vous sera propre. » Parce qu’il lui faudra bien ses propres appartements, tout de même, afin d’avoir un peu d’intimité de temps en temps. Néanmoins malgré le bon nombre de chambres dans le château, aucune ne me semble actuellement à la hauteur d’accueillir une princesse en devenir. Alors ce sera chez moi, pour le moment. Les valises de Grace sont apportées, disposées un peu partout pour le moment, puis nous sommes laissés seuls. A peine la porte s’est-elle fermée que la jeune femme me saute au cou pour m’embrasser. Mes bras l’étreignent et la serrent tout contre moi immédiatement. Je lui souris furtivement. J’ai bien quelques minutes à lui accorder avant de retourner à mon devoir. Trois mois de séparation méritent bien quelques baisers. Malgré les couches de tissus qui la recouvrent, mes mains parviennent à palper quelques formes de son corps, subtilement devinables sous mes paumes. « Vous me torturez, Grace… » je murmure entre deux baisers qui gagnent en intensité. Je sens mes joues s'enflammer, un désir dissimulé depuis des mois refaire surface. Mes mains saisissent son visage. Je la fais reculer petit à petit vers le grand lit à baldaquin, jusqu'à ce qu'elle tombe allongée dessus. Encore quelques minutes, je retrouve le goût de ses lèvres, colle mon corps au sien. Puis je parviens à m'en arracher. « Maintenant, reposez-vous. » Je dois retourner aux affaires qu'elle a interrompues pour mon plus grand plaisir. « Mon amour… » Je lui souris tendrement, la contemplant en frôlant ses traits du bout des doigts. Son visage, son cou, sa poitrine. « Je reviens dès que possible. » dis-je après lui avoir volé un dernier baiser. Sachant que si je me retourne je finirai par me jeter sur elle, je quitte rapidement la chambre. Plus loin dans le couloir, je tombe sur mon cousin. « Qui était-ce ? » demande-t-il en arquant un sourcil. « Une Lady venue d’Angleterre. Ma future épouse. » Il ne se sent ni intéressé ni menacé. Francesco est homosexuel, ce que je suis bien mal placé à dénoncer vu mes propres frasques, et de toute manière je ne me vois pas trahir ma famille, qu'importe s'il ne me tient pas dans son coeur. Il finira de toute manière par se marier et engendrer. « Je n’avais jamais vu ce sourire sur votre visage. » fait-il remarquer. « Et il ne me quittera plus jamais. » je réponds en souriant un peu plus. J'entre en trombe dans la grande salle qui a été réinvestie. Sautillant presque, j'atterris sur mon trône. « Reprenons ! »