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 joamie + this is london, baby

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Message(#)joamie + this is london, baby - Page 6 EmptyDim 17 Mai 2015 - 18:23

Joanne me fait comprendre que ce n'est pas tant rentrer qui lui fait peur. Après tout, notre vie nous attends là-bas, suspendue dans le temps, et nous devrons bien y retourner un jour. Les appels incessants sur mon téléphone ne me manquent pas, mais j'aime mon travail. Surtout, j'adore ma vie à Brisbane, bien plus que ce que j'ai pu aimer de ma vie à Londres. Cette ville sera toujours mon lieu de naissance, et l'Australie, le pays de la renaissance. Non, ce qui fait peur à Joanne, c'est que nous n'ayons plus autant de temps pour nous voir. Ici, dans notre monde à deux, malgré les contre-temps, nous sommes toujours ensemble. Là-bas, tout est plus compliqué. La vie, en somme. Je comprends et j'acquiesce d'un signe de tête. Il me faut peu de temps pour lui répondre ; « Je ferais un effort. Je trouverai du temps. » Quand je le veux, je finis toujours par trouver du temps. Je réussis à prendre des pauses pour me balader un peu, prendre l'air, je vais toujours à ces déjeuners qui durent la moitié de l'après-midi, et je reste jusqu'à bien trop tard le soir dans mon bureau à avancer le travail de la semaine suivante. Je peux bien gratter dix minutes par-ci par-là pour les consacrer à Joanne. Passer ma journée de repos avec elle. Et pourquoi pas, l'inviter à rester dormir à la maison parfois. « Promis. » j'ajoute afin qu'elle comprenne bien que je suis très sérieux. Je lui explique ensuite que, comme chaque jour a son contre-temps, celui de samedi sera de passer par la maison familiale. En théorie, mon père ne devrait pas y être. Mais connaissant ma mère, elle a certainement dû lui dire que je passerai, et rien que pour cette raison, il y sera lui aussi. La jeune femme dit qu'elle viendra avec moi. Ce n'est pas une question, ni une suggestion. Elle vient, point. Je lui souris et ne la contrarie pas. « Eh bien, si j'avais su que tu rencontrerai mes parents aussi tôt. » dis-je en riant. Ce n'est pas vraiment la manière conventionnelle de présenter sa belle à ses parents, il faut bien l'avouer. Autant en rire.

Parler d'Oliver, même si sa mort état un fait désormais, est en revanche plus difficile. Après m'être absenté juste une minute ou deux, Joanne décide de ne pas lâcher l'affaire. Elle pense que la famille n'est pas un problème alors que je suis persuadé que cette pourriture est dans le sang. Quelque part, là-dedans, il y a un gène, je ne sais quel chromosome défectueux qui crée une maladie différente chez chacun d'entre nous. Pas une maladie physique, rien de visible, au contraire ; des choses pernicieuses qui se passent dans nos cerveaux. Je persiste à penser cela malgré tout. Notre environnement est loin d'être simple, mais il existe des personnes qui y survivent très bien et dont la plus grande névrose est de se sentir obligé de poster dix selfies dans la journée. Quelque chose cloche chez nous. Bien sûr, s'obliger à être autre chose que soi-même, cet espèce de demi-humain évidé de ses émotions n'a rien de sain pour qui que ce soit. Bien sûr, cela rend les gens malades en soi. Mais cela n'excuse pas tout. Nous sommes faibles de caractère. Oliver a cédé à la drogue, et moi à ces pulsions colériques qui me dépassent. Je ne sais pas si elles son liées à lui. Petit, j'étais un démon, et cela m'est passé pendant toutes les années où j'ai été obligé de jouer un rôle. Quand le rôle a prit fin, la colère est revenue. Cela fait simplement partie du vrai moi. Néanmoins, oui, je n'ai pas été à la hauteur pour Oliver, pas autant que lui l'a été pour moi, et je ne peux pas m'empêcher de m'en vouloir pour cela. « Tu l'aurais aimé. Il était toujours sincère et fidèle à ses émotions. Il n'avait pas de problème pour s'ouvrir aux autres. » Ce qui était, en soi, son plus gros problème. Dans n'importe quelle autre sphère de la société, cela aurait été une incroyable qualité. Un peu comme Joanne se trouvant trop gentille. On fait de qualités des défauts aujourd'hui. « Tu serais facilement tombée amoureuse de lui plutôt que de moi en fait. » j'ajoute avec un rire nerveux. N'empêche que je le pense. Ils auraient été merveilleux l'un avec l'autre.

Nous retournons à ces gaufres. Ne connaissant pas la recette, je laisse Joanne faire et m'assied sur une chaise haute juste à côté d'elle, observant attentivement le ballet de la gestuelle de la jeune femme. L'idée étant de pouvoir reproduire cela un jour, chez moi. Les fillettes de Lehyan en seraient folles à n'en pas douter. En une poignée de minutes, a pâte est prête. Elle m'en fat goûter un doigt avant de m'embrasser. Sa malice me fait rire. Ses mots sont flatteurs. Je ne saisis absolument pas ce qui peut lui faire dire ou penser des choses pareilles. Il y a moins d'une heure, j'écrasais une porte sur le visage d'un inconnu, bon Dieu. Mais je ne discute pas, je reste souriant et j'acquiesce d'un signe de tête. « D'accord. » Mes mains glissent autour de la taille alors que je suis toujours sur la chaise haute. Je dépose un baiser sur son front, le bout de son nez, ses lèvres. Nous voici avec deux heures à tuer. « Tu sais, pour en revenir à Brisbane, la radio est vraiment à côté du musée. Il n'y a qu'un pont à traverser, c'est l'affaire de peut-être quinze minutes à pied. On pourra toujours trouver un moyen de déjeuner ensemble, ou… je pourrais te reconduire chez toi le soir. » Je tiens à lui montrer l'importance que cela a pour moi de faire de ce brouillon de relation que nous avons quelque chose de plus concret et sérieux. Lui montrer que je tiens à elle de cette manière. « Ca fait de nous un couple ? » je demande lorsque la question me traverse l'esprit. Ce n'est pas la première fois que j'y pense, je n'avais simplement pas osé poser les mots dessus. Et le fait est qu'à peine cette phrase prononcée, mon regard fuit, gêné, et un rire nerveux m'échappe. « C'est bizarre comme question, je sais. C'est qu'on saute souvent l'étape « couple » chez nous. » On se rencontre, souvent grâce à nos parents. Si le courant passe bien, les rares fois où les deux personnes se voient, les parents commencent à faire des plans. Et avant que les enfants aient vraiment le temps d'apprendre à se connaître, on leur met la bague au doigt quasiment de force. C'était à peu près ce cas de figure pour moi et mon ex-femme. Une union de pur intérêt, avec une affection superficielle. Juste assez pour avoir l'air heureux ensemble quand cela était nécessaire.
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Message(#)joamie + this is london, baby - Page 6 EmptyLun 18 Mai 2015 - 11:53

this is london, baby
I believe in the lost possibilities you can see. And I believe that the darkness reminds us where light can be. I know that your heart is still beating, beating darling. I believe that you fell so you can land next to me. ‘Cause I have been where you are before. And I have felt the pain of losing who you are. And I have died so many times, but I am still alive

Une promesse. Certains prenaient ça pour des foutaises, que ça n'avait aucun intérêt, que ça ne signifiait rien à personne. Pour d'autres, promettre quelque chose était un véritable engagement. Ils pensaient leurs mots et comptaient bien les exécuter. Joanne savait qu'il faisait partie de cette deuxième catégorie. Qu'il lui promette de se libérer d'autant qu'il le pouvait afin qu'ils puissent se voir plus souvent qu'auparavant la touchait beaucoup. Son planning à elle était globalement plus léger, il y avait juste quelques soirs où elle devait rester plus tard au musée à attendre les gardiens de nuit. Mais sinon, elle parvenait toujours à s'arranger, bien que ce n'était pas courant au fil de l'année passée qu'elle fasse des demandes particulières. Elle ne doutait donc pas de sa promesse, c'était des phrases qu'elle allait garder précieusement en elle, qui comptait beaucoup pour elle. Concernant les parents de Jamie, la jeune femme rit nerveusement à ce qu'il dit. Il était vrai que c'était certainement trop tôt pour faire connaissance, mais on devait déjà tout savoir d'elle, pratiquement. Du moins c'était ce qu'elle pensait. Spontanément, elle pensait au jour où elle devrait à son tour l'introuire à ses parents et à Mia. Cette dernière ne voulait que son bonheur, mais à force de ne vouloir que le meilleur pour elle, elle passait son temps à chercher la petite bête, à trouver quelque chose qui n'allait pas. Joanne espérait vraiment qu'elle soit convaincue par Jamie. Depuis son divorce, elle n'avait jamais eu une seule relation avec un homme, et malgré les hauts et les bas, la cadette Prescott trouvait que de bonnes bases s'étaient fondées. Il y avait encore beaucoup d'éléments à travailler ou exploiter, mais elle sentait qu'ils étaient sur la bonne voie.

Jamie ne semblait pas particulièrement ravie que la belle blonde revienne sur Oliver. Le fait qu'il ne fasse aucun geste ni aucun commentaire à ce sujet justifiait qu'il n'était pas d'accord avec ce qu'elle disait. Il préférait de ne pas prolonger cette partie du sujet en disant que Joanne aurait adoré Oliver, qu'elle serait même tombée amoureuse de lui s'il était toujours de ce monde. Ca ne devait pas être facile pour lui de dire ça, même s'il le pensait. D'un part, parce qu'ils parlaient d'Oliver, de l'autre, parce qu'il s'imaginait Joanne avec lui. Cette dernière lui sourit tendrement, et l'embrassa sur le coin des lèvres. "Mais maintenant, je suis follement amoureuse de toi." Qui dit qu'Oliver serait tombé amoureuse d'elle en retour ? "A ton avis, qu'est-ce qu'il dirait s'il était là ? Que penserait-il de nous, de moi ?" Depuis qu'il lui avait parlé de son frère, Joanne s'était posée plusieurs fois la question. Suite à  cela, Joanne préparait enfin ses gaufres.

Il s'installa sur une des chaises hautes, à la regarder faire. Après quoi il la prit par la taille d'où il était, pour l'embrasser à différents endroits. Joanne avait posé ses mains sur son torse. Il revint rapidement sur leur retour à Brisbane, au retour de leur vie courante. Elle était tout de même étonnée qu'il donne autant du sien pour trouver des solutions afin de se voir le plus souvent possible et ça signifiait beaucoup de choses pour Joanne. Il avait véritablement envie de poursuivre leur relation. La jeune femme en était même émue. Un large sourire se dessina sur son visage et elle l'embrassa doucement. "Ce serait merveilleux." Beaucoup plus timidement, Joanne ajouta. "Tu...tu pourrais rester chez moi parfois... si ça te dit...enfin je ne voudrais pas te forcer..." Ses épaules se haussèrent. Joanne restait très, parfois trop innocente par moment. "... si jamais tu oublies à nouveau ta montre." Elle aurait juré sentir ses joues rougir. "Mais si ça ne te convient pas, je comprendrai parfaitement, si jamais tu penses que c'est... enfin..." Elle ne terminait même pas sa phrase. Finalement, superposer leur semaine à Londres avec leur vie quotidienne à venir n'était pas si facile que ça. C'était comme collé le rêve à la réalité et faire en sorte que ça reste vrai. Jamie posait ensuite une question qui lui avait déjà traversé l'esprit. Sa main vint se poser sur la joue afin qu'il redresse la tête et qu'il la regarde. Elle n'était pas pour autant moins gêné que lui. "Je suppose que oui." Ses lèvres collèrent longuement contre les siennes, se blottissant contre lui. "Je pense que ce ne sera pas la dernière question bizarre que l'on se posera." dit-elle, rieuse. "Autant les poser pour avoir une réponse, et être sûrs de ce qu'on fait et de ce qu'on fera." Elle marqua un temps de pause, avant de lui chuchoter. "Je voudrais ne sauter aucune étape avec toi."
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Message(#)joamie + this is london, baby - Page 6 EmptyLun 18 Mai 2015 - 12:49

Il n'est pas simple de parler d'Oliver, mais contrairement à il y a quelques jours, maintenant, je suis au moins capable de prononcer son nom. Avant, il était devenu un tabou, un secret que je gardais jalousement ; personne ne devait savoir qui il était, ou réussir à s'imaginer la personne que c'était. Son souvenir n'était qu'à moi. Partager quelque chose à son sujet est à la fois difficile et agréable. Les souvenirs ne sont pas tous bons, mais les évoquer à haute voix, enfin, me fait du bien. J'imagine très bien mon frère aimer Joanne. Ils se ressemblent, elle aurait su le comprendre, plus que moi. La jeune femme me reprend, disant qu'elle m'aime. C'est une notion bizarre quand même. Je me demande tout ce qui peut se passer sous cette chevelure blonde pour qu'elle puisse dire, sans hésiter, qu'elle m'aime. Ce qui peut faire que, malgré tous les défauts qu'elle me connaît, elle continue de vouloir rester à mes côtés, m'embrasser. Est-ce qu'elle a su qu'elle était amoureuse de moi avant que j'ai moi-même conscience de l'aimer ? Et qu'est-ce qui a déclenché cela ? C'est idiot, toutes ces questions. Je continue de vouloir tout intellectualiser. J'ai ces mots de Joanne et de Siobhan qui me reviennent, disant que je ferais mieux d'arrêter d'utiliser ma tête. Mais quelque part, c'est plus fort que moi. Qu'en penserait Oliver ? « Je suppose que… » Il y a quelques années, je n'aurais eu aucune hésitation pour répondre à cela. Je savais exactement ce que Oliver pensait, il me le transmettais, et j'appliquais. Mais là, après une courte réflexion, je ne cherche pas à creuser pour avoir la réponse. Parce qu'il n'est pas là. Souriant, je laisse un rire s'échapper. « A vrai dire, je n'en sais absolument rien du tout. » Et je dois dire que c'est une excellente chose. Tout ce qui m'arrive est extrêmement positif. Brisbane, Oliver, Londres, Joanne. Je ne pense pas que je puisse demander au mieux, au final, et je compte m'accrocher à cette chance. La jeune femme, comme pour apporter sa pierre à l'édifice, propose que je passe la nuit chez elle de temps en temps moi aussi. « Aucune chance que je la perde ! » dis-je en lui montrant la montre dont elle m'a fait cadeau. A part pour aller sous la douche, elle ne me quitte déjà plus. Je l'aime vraiment beaucoup. La montre et la personne qui me l'a offerte, bien sûr. Elle se remet à bredouiller comme elle le fait lorsqu'elle se sent gênée et que la timidité la gagne. Rapidement, je pose un doigt sur sa bouche. « Non, chut. », dis-je pour la couper dans cet élan de n'importe quoi. J'enlève mon index, lui vole un baiser et reprends ; « C'est une très bonne idée. » Cela ne peut que nous permettre de nous voir plus souvent, ça ne pourrait pas être une mauvaise chose.
A ma question -complètement idiote soit disant passant- Joanne acquiesce. Voilà, boum, me voilà en couple ? Il semblerait que oui. J'attrape ses lèvres et prolonge le baiser qu'elle me donne, plutôt enthousiaste à l'idée de pouvoir me dire, et dire aux autres, que j'ai quelqu'un dans ma vie. Que je suis avec quelqu'un. Et qu'elle est avec moi. Je resserre mon étreinte autour d'elle, comme pour m'assurer, niaisement, que c'est bien réel. « Je me sens tellement ridicule, je n'y connais vraiment rien du tout. » Je dois sûrement faire une montagne d'erreurs, dire tellement de choses qu'il ne faut pas dire. Je tente de laisser faire les choses naturellement, de faire les choix qui me semblent être les bons, lâchant du leste concernant mes envies de contrôle incessant. Alors j'avance à tâtons en espérant que tout se passe bien. « Tu te poses des questions bizarres, toi ? » je demande, l'air de ne pas en croire un mot. Joanne n'est peut-être pas la femme la plus sûre d'elle qui soit, néanmoins, elle en saura toujours plus que moi sur le sujet. Je ne sais pas ce que font les gens qui s'aiment, les couples, si ce n'est ce que j'en vois dans la rue. Je n'ai jamais eu de vrai couple, juste des filles pendues à mon bras pour lesquelles je n'avais souvent pas d'intérêt. Mais bon, si elles disaient être amoureuses, elles pouvaient bien rester là. Mon mariage n'avait rien de naturel. Au fond, je ne sais pas quand il est correct de partir en voyage à deux -qu'importe, c'est déjà fait-, de s'installer ensemble -et je me rends compte que cela me fera bizarre de dormir à nouveau seul à Brisbane-, de se marier. Tout est curieux et incompréhensible pour moi. Mais comme elle, je ne demande qu'à connaître chaque étape.
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Message(#)joamie + this is london, baby - Page 6 EmptyLun 18 Mai 2015 - 14:58

this is london, baby
I believe in the lost possibilities you can see. And I believe that the darkness reminds us where light can be. I know that your heart is still beating, beating darling. I believe that you fell so you can land next to me. ‘Cause I have been where you are before. And I have felt the pain of losing who you are. And I have died so many times, but I am still alive

Il n'avait aucune idée de ce que penserait Oliver de leur relation. Lui qui faisait tout pour devenir son frère, il s'y était tellement détaché en si peu de temps qu'il ne savait plus sa manière de penser. Au fond, c'était une bonne chose. Ca permettait à Jamie d'être lui-même, et Joanne n'en demandait pas plus. Même si elle aurait adoré avoir une bride de réponse, elle était heureuse pour lui de passer à autre chose. Le bel homme lui montra ensuite fièrement la montre qu'elle lui avait offerte, affirmant qu'il ne la perdrait pas. A ses mots, elle esquissa un large sourire. D'un doigt, Jamie fit taire la jeune femme, qui s'était perdue dans des phrases qui n'avaient ni queue ni tête. Il trouvait que c'était une bonne idée. Après coup, Joanne regrettait brièvement sa proposition, craignant que l'appartement soit beaucoup trop modeste pour lui. Même s'il semblait s'y être plus lorsqu'il était venu la voir. Elle n'était toujours pas à l'aise avec cette différence de classe sociale. Elle ne s'y sentait bien que si Jamie était là. L'énormité de son appartement en était un parfait exemple. Il était devenu comme un point d'accroche dans ce milieu. Sans lui, elle serait certainement perdue. En dehors de ses moments de colère, sa présence le rassurait, sans raison apparente. Il était là.

Joanne se doutait qu'il n'était pas particulièrement familiarisé avec l'amour et tout ce qui l'entourait. Il disait même se sentir ridicule. Ses bras avaient emprisonné le corps de Joanne, leur étreinte se faisait de plus en plus forte. D'un sourire qui se voulait serein et rassurant, elle lui demandait. "Pour toi, on est quoi, tous les deux ?" La question était difficile, c'était un peu le but recherché. Elle voulait qu'il exprime son ressenti par rapport à elle, à leur relation. Le fait de concrétiser ses idées par la parole lui permettrait certainement de mettre les choses à plat et d'y voir plus clair. Ses yeux ne le quittaient pas. Il se demandait si elle aussi se posait des questions étranges. "Des questions ? Oui, des centaines. Bizarres, je ne sais pas vraiment." Il s'agissait surtout de questions qui ne faisaient que confirmer son manque de confiance, les doutes qu'elle avait envers elle-même. "Une grande partie d'entre elles commencent par pourquoi et comment." Elle voyait l'interrogation dans le regard de Jamie. Après avoir soupiré, elle donna quelques exemples. "Pourquoi est-ce que tu m'aimes ? Pourquoi ne m'as-tu pas rejeté après t'avoir parlé de mon divorce, de ma fausse-couche ? Pourquoi ne m'en veux-tu pas alors que jusqu'ici, j'ai été responsable de tes colères ?" Elle afficha un sourire triste. "Que des questions que tu n'aimes pas entendre. Parce que... Parce que je me remets constamment en question." Joanne doutait d'elle-même, mais faisait entièrement confiance à Jamie. Ils débutaient à peine leur relation, elle avait déjà cette hantise de le perdre, ça en frisait le ridicule. La jeune femme colla son front contre le sien, en glissant ses doigts fins dans ses cheveux, effectuant un léger massage. "Et toi ?" C'était à son tour de l'embrasser tendrement sur le front. "Quelles sont tes questions bizarres ? Tes questions inavouées ?" Elle était très mal placée pour parler de ça, elle en avait conscience. Mais la belle blonde pensait essayer de l'aider, à peut-être moins appréhender un monde qu'il ne connaissait pas. Construire une relation était loin d'être simple, ne rien en connaître ne devait pas améliorer les choses. "Tu n'es pas le seul à te sentir ridicule, mon coeur." Elle aussi. Ses doigts passaient doucement sur sa joue, puis ses lèvres. "Chaque relation est différente. A chaque fois, c'est nouveau. Il y a beaucoup de choses que je ressens pour toi que je n'ai jamais ressenti pour mon ex-mari." Elle lâcha un petit rire, amusée. "A croire qu'on est tous les deux dans le pétrin." Elle plaisantait. Ce n'était pas parce qu'elle s'était déjà mariée par amour qu'elle savait comment tout reprendre avec Jamie. "Comment est-ce que tu nous imagines, une fois de retour à Brisbane ?"
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Message(#)joamie + this is london, baby - Page 6 EmptyLun 18 Mai 2015 - 16:48

La question de Joanne est si vaste et vague qu'elle pourrait me donner le tournis. Heureusement pour moi, je suis bien assis. J'ouvre de grands yeux ronds, surpris. Est-ce qu'il n'y a pas une loi empêchant de poser des questions si larges et gênantes à la fois ? Un nouveau rire nerveux s'échappe de ma bouche alors que je passe une main dans mes cheveux, visiblement très embêté. « Tu fais exprès de me poser des colles, hein ? » Honnêtement, que répondre à ça ? C'est une question sûrement très justifiable et légitime, je m'en doute bien. Peut-être même qu'il est important que je me la pose. Mais là, de but en blanc, elle ne fait que me laisser sans voix. Je me mordille la lèvre en réfléchissant, le remarque, et me stoppe aussitôt, encore plus gêné. « Je n'ai pas le vocabulaire pour ce genre de choses, tu sais... » Ce qui est particulièrement frustrant pour quelqu'un travaillant dans la radio, n'est-ce pas. J'en ai passé des heures à l'antenne, capable de débiter un nombre incalculable de choses sans que jamais les mots ne me manquent. Mais ce qu'elle attends, ce n'est pas d l'information ou du divertissement, c'est de l'émotion. Je tente de trouver l'inspiration pour quelques mots qui, ensemble, pourraient avoir du sens. Je ne trouve rien de très convainquant. « On est… simplement, deux personnes qui s'aiment, non ? » Voyez ce que je veux dire. Non, ça n'est pas suffisant, pas satisfaisant. Ni pour elle, ni pour moi. Je cherche encore un peu, me forçant à faire un petit effort. J'essaye d'appliquer les conseils qu'on m'a donné. Arrêter d'utiliser ma tête. Mon coeur n'a aucun vocabulaire, mais admettons que je connecte ça à mon cerveau. Il y a bien quelque chose qui doit se passer. « Deux personnes qui se reconstruisent au contact de l'autre. » j'ajoute en prenant connaissance des mots à la seconde même où ils traversent mes lèvres. Mieux. Il y a du progrès. Au tour de Joanne de me dévoiler un peu ce qu'il y a dans sa tête. Les questions qu'elle peut se poser. Malgré son manque d'assurance, je ne pensais pas qu'elle était aussi pleine de doutes. Je suis assez surpris, et peut-être un peu triste aussi de l'entendre évoquer son divorce, sa fausse couche, et se penser à l'origine de mes crises. Ce n'est pas que je n'aime pas entendre ces questions… C'est qu'à mes yeux, elles ne devraient pas exister. Ma main se pose sur le visage de Joanne et passe sur sa joue avant de se poser sur sa nuque. Je dépose un baiser léger sur sa joue. « Hey. Tu n'est pas responsable de mes colères, enlèves-toi ça de la tête. Le plus souvent, le seul sujet de mes colères, c'est moi. » dis-je tout bas afin de la rassurer. Je lui souris un peu pour qu'elle comprenne que je ne suis pas contrarié par ses interrogations. Au contraire, je veux qu'elle se sente bien. « Ensuite, je n'ai pas pour habitude de rejeter les femmes pour qui j'ai de l'admiration. » j'ajoute en référence à ses mésaventures. Je ne sais toujours pas pourquoi elle pense que je pourrais la rejeter pour des choses pareilles, alors qu'avoir appris pour ces événements ne m'a fait que la trouver encore plus belle à mes yeux. Oui, je l'ai pensé fragile à cause de cela, de sa sensibilité quand elle m'en parlait, mais elle a aussi démontré qu'elle avait un grand courage et la volonté de se relever, ce qui est tellement admirable. J'aimerais vraiment qu'elle comprenne cela. Finalement, je reprends ; « Et je t'aime parce que dès notre rencontre, tu t'es imposée comme un repère pour moi… Comme un phare. A partir de ce moment là, j'étais obsédé par l'envie d'être quelqu'un qui puisse te plaire, parce que j'adorais être à ton contact, puis j'ai compris que je pouvais vraiment être moi-même à tes côtés. Et finalement, tu es devenue indispensable. Il n'y a pas une seconde où je n'ai pas envie d'être avec toi, d'être là pour toi. » Je me rends compte que mon regard est planté dans le sien depuis le début, que je suis happé dans cet espèce d'océan qui noie le reste de mes pensées afin que ne soient prononcés que les mots du coeur. Je ne m'en sors pas trop mal finalement. Je réalise chacune de ces phrases et chaque syllabe dont je prends conscience accélère mon rythme cardiaque. Je déglutis difficilement mais tente de ne pas avoir l'air trop déstabilisé. Je passe une mèche blonde de Joanne derrière son oreille avec un fin sourire. « Je peux répondre à toutes tes questions, si ça peut te permettre d'arrêter de douter de toi-même. » dis-je avec la voix légèrement serrée et basse. Encore une fois, nerveux, je souris. « Mes tes chevilles risqueraient d'exploser. » j'ajoute pour couper court à ma gêne en espérant qu'un trait d'humour puisse m'aider. Cela m'allège un peu et je retrouve une certaine contenance. A mon tour, je suppose, de partager mes questionnements. J'en ai beaucoup trop, mais qui sont tellement techniques, froides, utiles. Des choses que je verrais bien par moi-même quand je serais confronté à chaque cas de figure. Je ne peux pas demander à tout savoir à l'avance par peur de l'inconnu, et laisser le savoir désenchanter complètement ce qu'il m'arrive. Il faut laisser une part de mystère à tout ceci, aussi difficile cela puisse être pour moi. Alors je ne partage que ces questions qui me travaillent vraiment à chaque fois qu'elle me dit qu'elle m'aime, ou qu'elle pense que je suis quelqu'un de bien. « Principalement, je me demandes ce que tu fais avec un type qui aurait pu tuer quelqu'un sur un coup de tête. Et après ce que tu as vécu l'année passée, je me demande pourquoi tu prends le risque d'être avec quelqu'un qui n'a jamais aimé qui que ce soit de sa vie à part un mort. Pire, en fait, avec quelqu'un qui cherche encore à savoir qui il est. Comment tu peux penser connaître, aimer ou être en confiance avec quelqu'un qui ne se connaît pas lui-même ? » J'ai vraiment la crainte qu'être novice finisse par lui faire du mal. De ne pas être à la hauteur de quoi que ce soit, faire erreur sur erreur malgré moi et finir par la perdre. Je sais que je ne veux pas la perdre, que c'est devenu une de mes nouvelles peurs, et d'un autre côté je pense qu'il le faudrait. Qu'elle trouve mieux. Je ne doute pas de tout ce que j'ai à lui donner, mais de ma capacité à le lui donner. Joanne m'avoue qu'elle aussi se sent parfois ridicule. Que nous avons pas mal de choses à apprendre. Que toutes les histoires d'amour sont différentes. On ne fait qu'improviser à longueur de temps. J'écoute, mais je suis concentré sur ses mains qui glissent sur mon crâne, mon visage, mes lèvres. Je prends ses doigts doucement et les pose sur mes cheveux en appuyant mon front contre le sien, les yeux fermés. « Laisse tes mains là. J'aime quand tu les passe là... » je murmure en profitant de ce contact. Il me détend instantanément. Je respire profondément, sans bouger. A vrai dire, si je pouvais rester ainsi toute l'après-midi, cela m'irait très bien. La jeune femme me demande enfin la manière dont je nous imagine à Brisbane, une fois que cette parenthèse anglaise sera close. Toujours les yeux fermés mais avec un large sourire amusé, je lui réponds le moins sérieusement du monde ; « Je nous imagine très heureux, dégoulinants d'amour, niais à mourir et sautillants en lançant des fleurs aux passants. »
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Message(#)joamie + this is london, baby - Page 6 EmptyMar 19 Mai 2015 - 12:02

this is london, baby
I believe in the lost possibilities you can see. And I believe that the darkness reminds us where light can be. I know that your heart is still beating, beating darling. I believe that you fell so you can land next to me. ‘Cause I have been where you are before. And I have felt the pain of losing who you are. And I have died so many times, but I am still alive

"Tu cherches à savoir ce qu'il se passe dans ma tête. Ne va pas croire que je ne suis pas intéressée à chercher ce qu'il se passe dans la tienne." dit-elle d'un sourire malicieux. Joanne était curieuse, mais elle n'osait pas trop fouiller dans sa tête, à chercher la petite bête. Après tout, elle savait très bien ce qu'il pouvait se passer si elle touchait un point particulièrement sensible, comme le sujet de son frère. Mais son désir de le connaître encore et toujours mieux était intarissable. Ce n'était pas obsessionnel, c'était quelque chose qu'elle s'était promis. Il peinait à trouver ses mots, dire le fond de ses pensées. La jeune femme était restée silencieuse, à attendre que ça vienne. Un sourire s'afficha suite à ses propos. Se reconstruire grâce à l'autre. Elle avait beaucoup aimé ces termes, et lui fit un baiser volé. "Il n'y a pas un vocabulaire particulier à avoir. Dis le avec tes mots à toi. Comme tu le sens, comme tu le penses." La jeune femme avait constaté depuis que c'était loin d'être une chose aisée pour lui. Il réfléchissait à chaque mot qu'il disait, parfois même un peu trop. Il n'avait jamais vraiment aimé auparavant, sans prendre en compte tout l'amour qu'il portait pour son frère aîné. Etre amoureux, et se considérer en couple devait être particulièrement compliqué pour lui, te ceci mélangé à du bizarre, qui ne faisait que le rendre mal à l'aise. Jamie la prit ensuite doucement par la nuque après l'avoir embrassé sur la joue, déterminé à faire sortir ces mauvaises pensées de la tête de Joanne. Il disait qu'elle n'était pas responsable de ses colère, qu'il éprouvait de l'admiration pour elle. Le coeur de Joanne s'emballait. Deux larmes remontèrent d'elles-mêmes, sans effort, jusqu'aux yeux de la jeune femme, pour aller se déverser ses joues. Non, ce n'était pas de la tristesse, loin de là. Juste l'intensité de ses émotions qui voulaient s'exprimer de la manière dont elles pouvaient. Comme Jamie, son regard n'avait pas quitté le sien. Elle était touchée. Ses lèvres lui offrirent un sourire des plus attendrissants. Joanne ne pouvait rien faire de plus que cela, les mots ne venaient pas. Encore faudrait-il qu'ils soient à la hauteur des siens. Ses doigts passaient derrière l'oreille de Joanne afin d'y glisser une mèche rebelle. Elle lui sourit, presque tristement. "Ca fait 29 ans que Mia travaille dessus, voilà le résultat." Sa soeur et elle étaient différentes en tout point au niveau de leur caractère. Mia était beaucoup plus directe, franche, à faire ce qu'elle pensait sans jamais se mettre en doute. Joanne n'était que son parfait antagoniste. "Je t'assure que c'est aussi très dur pour moi, d'être incapable de prendre des décisions franches, à douter de chaque chose que je fais. Et je m'en veux encore plus, et je suppose que ça me laisse enfermer dans une sorte de cercle vicieux dont je n'en sors plus." Elle hausait les épaules, regardant le vide. Elle voyait les choses comme ça, et s'imaginait ne jamais en sortir. "Ne t'en fais pas pour mes chevilles, elles sont encore bien petites à mon avis." ajouta-t-elle d'un sourire léger.

Lui aussi se demandait beaucoup de choses. Le tout se résumait à : comment pouvait-elle l'aimer ? Joanne lui sourit tendrement. La réponse lui semblait tellement évidente. Il ne voyait que ses mauvais côtés, et pas le reste. "Eh bien, ce type, comme tu dis, m'a sauvée d'un homme ivre qui aurait pu me faire de bien mauvaises choses. Il ne semble d'ailleurs pas remarquer à quel point il est gentil, attachant, érudit, qui a un métier passionnant, qu'il est plus que talentueux et qui a beaucoup à donner. Et depuis ces dernières semaines, ce n'est auprès que de cet homme que je me sens en sécurité, avec qui j'arrive à voir un peu de lumière et que jour après jour, les nuages se dissipent. Je ne pense d'ailleurs pas qu'il ait remarqué que je me sens être à nouveau quelqu'un quand je suis avec lui." Elle marqua un temps de pause, la gorge serrée. "J'ai d'ailleurs peur de lui dire que je ne vois que mon avenir avec lui, j'aurais peur qu'il s'en effraie et qu'il ne pense pas la même chose, qu'il dise qu'il est beaucoup trop tôt pour dire cela." Joanne prenait ensuite une profonde inspiration. Son coeur battait tellement vite dans sa poitrine. "Mais je le pense quand même. Parce que j'adorerai être là pour lui quand il cherche à savoir qui il est, que je ferai tout pour l'aider." Elle était un peu déçue par la toute dernière partie de son discours. "Tu m'avais dit que tu ne méritais pas ma méfiance." Elle soupira. "Je pense que tu te connais beaucoup mieux que tu ne puisses le croire. Tu ne veux juste pas admettre ou accepter que tu es une personne des plus fréquentables, et le fait qu'on puisse t'aimer pour tout ce que tu es." Autant dire tout ce qu'elle pensait. Elle n'était apparemment pas la seule à ne pas croire en soi. Ca ne la surprenait qu'à moitié, même si elle adorait l'assurance qu'il pouvait avoir. Il redirigea les mains de Joanne vers ses cheveux, disant aimer lorsqu'elles se trouvaient là. La jeune femme sourit et caressa doucement son cuir chevelu. Contrairement à Jamie, elle avait gardé les yeux ouverts, à l'admirer. Elle laissé échapper un rire en balançant le plus grand stéréotype du couple parfait. "Dégoulinons d'amour dans ce cas." finit-elle par chuchoter.
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Message(#)joamie + this is london, baby - Page 6 EmptyMar 19 Mai 2015 - 13:24

Deux petites larmes roulent sur les joues de Joanne. Sur le coup, je me demande si j'ai dit quelque chose qu'il ne fallait pas. Elle avait un sourire légèrement triste. Un petit pincement au coeur me rappelle ce que cela a donné la dernière fois que je me suis risqué à faire une déclaration d'amour de ce genre à la jeune femme, et que cela pourrait bien recommencer un jour. Elle ne répond rien après tout. Mais les seconds passant, je comprends que ma crainte est inutile. Au final, je suppose qu'elle est touchée. Je n'en sais rien, ce genre de réaction fait partie des choses qui m'échappent encore. Mais j'arrive à voir la tendresse dans son regard, et cela me rassure. Rapidement, mes pouces passent sur ses joues sur sécher les sillons qui se sont formés. Joanne m'explique que son manque de confiance en elle l'handicape beaucoup, et je n'ai aucun mal à imaginer cela. « Ne t'en fais pas, ça viendra un jour. » dis-je avec un sourire. Haussant les épaules, j'ajoute ; « Si je suis capable de dire des mots d'amour, c'est qu'il y a de l'espoir pour tout le monde après tout. » Vu le pas de géant que cela est pour moi, après dix-huit ans à taire tout ce qui provenir de moi, je ne doute pas un instant qu'il arrivera forcément un moment où la jeune femme, d'elle-même, dira stop et brisera la spirale dans laquelle elle est coincée. Comme pour mon détachement d'Oliver, elle comprendra que sans se donner les moyens de tout arrêter, elle restera coincée encore des années qui la feront encore plus souffrir. Je vois en elle plus de volonté qu'en moi. Alors forcément, elle y arrivera. Pour alléger le ton une seconde, elle fait remarquer que ses chevilles sont encore fines. Je jette un coup d'oeil rapidement ; « Hm, un peu moins qu'avant quand même. » dis-je avec un clin d'oeil. Vient mon tour de donner mes questionnements. En effet, j'aurais largement pu raccourcir cette montagne d'interrogations par un simple et très enfantin « pourquoi tu m'aimes ? ». Je ne m'en serais senti que plus ridicule. Et puis, ce n'était pas assez précis. Je devais mettre des mots exacts sur ce qui me tracasse pour être sûr qu'elle comprenne. Et je crois que ce but est atteint. J'écoute avec attention les réponses qu'elle a à me demander. Je suis assez certain que mes jours s'empourprent un peu plus à chaque seconde. Jusqu'au moment où elle me dit qu'elle voit son avenir avec moi, et qu'une énorme bouffée de chaleur me traverse et m'empêche de respirer. Une centaine d'émotions s'entrechoquent, flatté, je suis aussi entre la panique, la peur, la joie -non, l'euphorie-, la gêne… Je n'ai pas le sens du timming en matière de couple, je serais le dernier à pouvoir dire qu'il est trop tôt pour ce genre de déclarations. Je ne sais pas non plus ce que j'en pense. Je ne suis plus en état de penser à vrai dire. Oh, zut, un coup je dois débrancher mon cerveau, et la seconde d'après je dois utiliser ma tête. Je ne sais plus à force. Est-ce que je pense la même chose ? Je ne me suis simplement pas posé la question. Je ne réponds rien, me voyant mal lui dire une chose pareille. Je me donne du mal pour essayer de comprendre les mécanismes de l'amour jour après jour, alors l'avenir me semble terriblement lointain. En matière de futur, je ne me vois qu'avec elle demain. Et le sur-lendemain, et le jour suivant, le suivant, et tous ceux d'après jusqu'à… je n'en sais rien. Je suppose que cela revient au même. Je suis complètement perdu dans mes pensées. Joanne pourrait mal prendre mon silence si je continue ainsi. « Pardon, je... » Je me sors de tous ces savants calculs cherchant à déterminer ce que « avenir » veut dire. « Je crois que les mots reviennent à manquer. » j'ajoute au bout de plusieurs secondes avec un sourire gêné. Elle a raison, je ne parviens pas à me mettre en tête que je suis une personne capable d'aimer et d'être aimé. Comme tout, cela se fera une place dans ma tête à un moment donné. Il semblerait que j'apprenne vite. « ...merci. » dis-je tout bas avant de déposer un long baiser sur ses lèvres, profitant toujours du doux contact de ses doigts qui passent entre mes cheveux. Oh oui, à Brisbane, nous serons le couple que tout le monde adore détester. Les personnes impossibles à séparer sur qui les célibataires ont envie de cracher dans la rue. Mais je m'en fiche, je pense mériter ce petit voyage sur un nuage à des kilomètres des autres. Ne penser qu'à elle, tout le temps. « Ces gaufres ne vont pas se faire toutes seules, miss Prescott. Et il est l'heure du goûter. » dis-je après quelques minutes de silences passées essentiellement à refuser de lâcher ses lèvres. Retour sur Terre. Je quitte la chaise haute afin d'aller la machine qui, je suppose, sert à faire des gaufres vu la forme du moule. J'en profite pour jeter un coup d'oeil dans le frigo afin de vérifier qu'il y a de quoi préparer le dîner. Mais à part un vent froid, il n'y a pas grand-chose. J'étais persuadé d'avoir demandé à ce que le réfrigérateur soit rempli. « Changement de programme pour ce soir. Pizza ou chinois ? »
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Message(#)joamie + this is london, baby - Page 6 EmptyMar 19 Mai 2015 - 14:54

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Jamie semblait assez sûr de lui en disant que Joanne parviendrait à arrêter à se mettre en doutes, à se rabaisser constamment. Elle n'y croyait pas vraiment, elle ne pouvait pas le faire seule en tout cas. Le silence qui régnait après qu'elle ait dit ce qu'elle pensait de lui n'arrangeait pas les choses. Au fur et à mesure des secondes -qui devenaient étonnamment longues-, le sourire de Joanne s'effaça peu à peu. Comme un désenchantement. Peut-être ne voyait-il pas la chose de la même manière qu'elle. Pourtant il lui avait promis de faire un effort pour se revoir une fois de retour à Brisbane, qu'il serait même prêt à rester chez elle de temps à autre. Autant d'efforts pour maintenir leur relation, et pourtant. Joanne ne savait que trop en penser de cette longue réflexion de Jamie. Elle pensait alors qu'elle n'aurait pas du ajouter cela, et commençait tout doucement à le regretter. Ca partait d'une bonne intention. Selon elle, ça aurait été une notion qui l'aurait peut-être rassurer. Ils s'étaient déjà créés une telle dépendance de l'un de l'autre. Lui autant qu'elle ne voyait plus trop comment survivre sans la présence et l'affection de l'autre. Il n'y avait qu'eux, et le reste du monde était bien loin. La jeune femme sentit sa bouche se sécher par l'inconfort de la situation, ses yeux s'étaient baissés. Jamie s'excusa, se justifiant qu'ils manquaient de mots. Cela arrivait très souvent à Joanne, elle pouvait le comprendre. Avant même de comprendre qu'il la remerciait, il prit possession de ses lèvres pour l'embrasser longuement. Après tout, elles étaient les siennes. Dès qu'elle sentit ses doigts passer dans ses cheveux, un frisson parcourut l'ensemble de son corps. Ses mains saisirent alors son polo pendant qu'elle se rapprochait doucement de lui. Elle adorait quand il lui touchait les cheveux. Lorsqu'elle était allongée, elle pouvait facilement s'endormir rien que par ce geste. C'était presque un déchirement pour Joanne d'arrêter ce baiser. Mais, apparemment, l'estomac de Jamie commençait à clame sa faim. La jeune femme laissa échapper un rire pendant qu'il se levait. Jamie lui déposa la machine à gaufres à proximité, et elle ne tarda pas à le brancher afin de le faire pré-chauffer.

Le réfrigérateur était bien vide, il était impossible de cuisiner quoi que ce soit si ce n'est de l'air. Jamie proposait des pizzas ou du chinois. Joanne fit mine de réfléchir de manière bien exagérée, mais elle avait déjà pris sa décision. "Mmmh... Chinois." Elle déversa un peu de pâtes dans la machine et lançait ainsi une première cuisson de gaufres. Deux à trois minutes, pas plus. Elle cherchait dans les placards deux petites assiettes, qu'elle finit par trouver. Une fois cuite, elle posa les gourmandises dans chacune des assiettes et en tendit une à Jamie. Une fois qu'il l'avait en main, elle redéposa son assiette à elle afin de faire cuire les prochaines gaufres. Ses joues commençaient à rougir en pensant à ce qu'elle voulait lui dire. Elle ne pouvait s'empêcher de sourire et ses yeux pétillaient. Ses épaules se haussèrent légèrement. "Les pizzas seront meilleures quand on les mangera à Rome... ou Florence." Oui, elle songeait déjà à un prochain voyage. Non pas qu'elle voulait envoyer des plans sur la comète, mais elle se voyait déjà repartir avec lui. C'était une de ses destinations rêvées. Elle qui était passionnée d'Antiquité et de Renaissance Italienne, elle ne pourrait qu'y trouver son bonheur. Entre les paysages de la Toscane, la multitude de monuments et de faits historiques qui se trouvaient là-bas, leur gastronomie, il y avait de quoi voir et de quoi faire. Son doigt se trempa à nouveau dans la pâte à gaufre. Joanne se mit enfin à le regarder tout en faisant sa gourmande. "Tu vois, c'est vraiment pas compliqué de faire des gaufres." Elle rit. "Après, si on ne veut vraiment pas être raisonnables, on peut rajouter du chocolat, de la chantilly, de la confiture, du miel, du sirop d'érable... A assaisonner selon tes préférences." Elles étaient tout aussi bonnes nature. Joanne ajoutait systématiquement, en plus du sucre glace, du sucre vanillé. La jeune femme s'approcha doucement de lui, avec la soudaine envie de glisser l'une de ses mains sous le polo de Jamie pour lui caresser, pendant quelques secondes, son dos, avant de l'embrasser au niveau du cou, sous son oreille. Et elle s'attaqua de nouveau aux gaufres, jusqu'à qu'il n'y ait plus de pâte. Joanne n'en avait volontairement pas fait de trop, de peur qu'ils n'aient plus trop faim pour le dîner. "Pour le chinois, prends ce que tu veux, je mange presque de tout." Sauf les bananes, elle n'aimait pas trop les bananes. Mais elle raffolait manger chinois. Elle n'avait qu'une hâte, c'était de démarrer ce film pour être dans ses bras.
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Message(#)joamie + this is london, baby - Page 6 EmptyMar 19 Mai 2015 - 15:58

Faute de vivres, Joanne et moi allons devoir nous faire livrer le dîner. Et j'avoue que ça me réjouit. Ne me demandez pas pourquoi, je suis toujours très joyeux lorsqu'on me demander de prendre le téléphone pour passer commande. J'aime aussi demander une longue liste de choses improbables au restaurant à l'autre bout du fil, faire ajouter au retirer autant d'aliments que possible, histoire de leur faire regretter leur service de livraison. Je sais c'est puérile, mais très drôle. La jeune femme jette son dévolu sur le chinois. L'un ou l'autre étant un bon choix, je lui souris et approuve d'un signe de tête ; « Vendu ! » La belle se met à faire les gaufres, et je la regarde comme un petit garçon, fasciné, les coudes sur l'îlot de la cuisine, le menton dans les mains. Une odeur absolument enivrante commence à envahir tout l'appartement. J'en prends de grandes bouffées. Je suis décidément trop gourmand. Heureusement pour moi, ma compagne l'est aussi. Tiens, « ma compagne », ça sonne bien. Je souris bêtement à cette pensée. Joanne fait remarquer que les pizzas seront meilleures quand nous iront en Italie. Je ris doucement. C'est loin d'être faux. J'aime aussi l'évocation d'un futur voyage tous les deux. A vrai dire, j'ai déjà hâte d'y être. Je me dis que faire ce genre de projets, c'est une manière de rendre la notion de couple concrète, non ? Laissant ma gaufre refroidir un peu avant de l'attaquer, je me contente de profiter de l'odeur et de la vision de cette belle jeune femme préparant la fournée suivante. Rome ou Florence. « Tu as raison, gardons Venise pour la lune de miel. » dis-je avant de devoir m'empêcher de me coller une immense baffe. James Ethan Keynes, pitié, réfléchis avant de dire des choses pareilles. T'as le cerveau bien branché quand ce n'est pas nécessaire, et t'es capable de sortir des âneries plus grosses que toi. Je plonge mon visage dans mes mains, sûrement transformé en pivoine par la gêne. Mes doigts glissent finalement dans mes cheveux et sur ma nuque. « Hm, enfin… On dit Rome pour la prochaine destination alors. » j'ajoute avec un sourire histoire de rattraper le coup. Bien sûr, ce qui est dit est dit, mais j'ai bon espoir que Joanne fasse comme si de rien n'était. Mais quel idiot.
La belle, se moquant sûrement de mon incompétence en matière de gaufres, souligne que cela n'a rien de difficile à préparer. Je ris également ; « Tu me connais à force, j'ai du mal à faire simple. » Le complexe et la démesure sont deux mots qui me collent malheureusement à la peau. Même en matière de cuisine. Je suis pourtant quelqu'un de parfaitement capable de se contenter de peu de choses, mais l'habitude a installé un moi un goût prononcé pour les (très) belles choses. « Bannis-moi le mot « raisonnable » de ton vocabulaire, veux-tu ? » je demande quand elle évoque les différentes manières de garnir les gaufres. D'ailleurs, elle a réussi à encore plus attiser ma gourmandise. Je retourne donc fouiller dans les placards pour en sortir chaque élément de la liste qu'elle venait d'énoncer. Et dire que le frigo est vide. Le tout étalé sur l'îlot de la cuisine, je dis avec un grand sourire ; « Choisis ta drogue. » pour ma part, ce sera chantilly, avec un trait de sirop d'érable. Joanne mentionne rapidement le fait qu'elle n'est pas difficile en matière de nourriture, pour le chinois. « On verra ça plus tard, on a le temps. Pour l'instant, la question est : Inception ou The Dark Knight ? » dis-je avec un large sourire. Puis, armé d'un couteau et d'une fourchette, je porte enfin le premier morceau à ma bouche. « Oh, je crois que je peux mourir en paix ! » je m'exclame en feignant de tomber par terre. C'est bon, c'est indécent. « Merci, miss Prescott. » Je maintiens, cela pourrait vraiment bien rendre sur une enseigne de magasin. Je dévore cette gaufre en moins de temps qu'il n'en faut pour le dire. Et, armé de grands yeux de chien battu, je tends mon assiette vide vers la belle pour en réclamer une autre.

Après la troisième gaufre, je me décide à ralentir et garder de la place pour le dîner. Joanne et moi continuons de passer du temps entre la cuisine et le salon, à discuter de tout et de rien, pendant des heures qui passent comme de simples minutes. En un clignement de paupières, la nuit tombe. Il faut avouer que depuis ce grand cube de verre qui me sert d'appartement, c'est un sacré beau spectacle. Dans le canapé avec la jeune femme, le silence s'installe pendant quasiment une heure, le temps d'observer le ciel de Londres passer du bleu au rose, au violet, puis se faire happer par l'obscurité alors que les lumières de la ville s'allument une à une. Je dépose régulièrement un baiser dans le cou de la belle pendant ce moment de spectacle qui n'a besoin d'aucun mot pour être apprécié.
L'heure passe, et nous nous chamaillons encore un peu, gentiment, à propos du film de ce soir. J'avoue que c'est de ma faute. Je ne sais pas si je préfère Inception ou The Dark Knight. Je pense même regarder Memento à un moment donné, mais je retire vite l'idée. Le choix est assez compliqué comme ça. Finalement, j'abdique et laisse Joanne choisir pendant que je m'occupe d'appeler le restaurant chinois afin de commander notre dîner. Une grande portions de légumes chop-suey bien épicés pour moi, et je ne sais quelle autre spécialité dont le nom sonnait bien sur le flyer pour la dame. De toute manière, si cela ne lui plaît pas, je ne doute pas qu'elle soit capable de se nourrir des quelques gaufres qui restent. Il ne faut pas plus d'une demie-heure avant que le dîner soit servi. Et sur les coups de vingt-et-une heure, Joanne et moi sommes confortablement installés dans le canapé pour profiter du film.
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Message(#)joamie + this is london, baby - Page 6 EmptyMer 20 Mai 2015 - 11:11

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Les yeux de Joanne s'écarquillèrent lorsque Jamie parlait de lune de miel. Elle ne savait pas s'il le pensait vraiment, s'il s'agissait d'un désir inavoué, s'il voulait voir sa réaction ou s'il s'agissait d'une vilaine plaisanterie. Elle vit qu'il allait se dissimuler derrière ses mains, notant que ses oreilles avaient un peu rougies. La jeune femme le regardait silencieusement, ne sachant que répondre à ça. Lui qui n'arrivait pas à voir le futur, voilà qu'il pensait déjà à l'après-mariage. C'était un peu de trop pour elle, d'un coup. Un certain malaise régna brièvement avant qu'il ne tente de rattraper le coup. Joanne préférait se passer de commentaires et n'avait de toute manière rien à dire. "Avec un petit détour par Florence ?" Oui, elle insistait beaucoup, mais c'était une ville qu'elle aimait beaucoup. Il y avait il y a quelques années de cela une exposition des arts florentins, avec divers objets historiques et des photographies des principaux monuments. Ses innombrables églises, ponts et sa magnifique cathédrale lui avait donné l'eau à la bouche. Joanne avait fait un exposé assez complet par rapport à cette ville lorsqu'elle était étudiante, se concentrant principalement sur le règne des Médicis. Elle rêvait de voir les paysages toscans d'elle-même. Et elle pourrait pas refuser une période de régime comportant des pâtes et des pizzas, loin de là. Joanne était tout de même d'entendre qu'il était d'accord pour qu'ils partent à nouveau voyager ensemble, alors qu'ils n'avaient même pas terminé leur séjour à Londres. "Pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué, c'est ça ?" dit-elle avec un sourire en coin de bouche. Même si elle comprenait, elle trouvait ça incroyable de ne pas se sentir capable de faire des choses simples ou simplement. Elle énuméra quelques ingrédients qu'ils pouvaient ajouter sur la gaufre. Lui voulait qu'elle ne dise plus jamais "raisonnable". Ca allait être compliqué. "Depuis qu'on se connait, on l'a déjà employé plein de fois, et pourtant, nous ne faisons que son contraire." lui rétorqua-t-elle d'un ton doux, souriante. "A quoi bon se forcer à bannir un mot de notre vocabulaire s'il a déjà perdu tout son sens ?" Et de toute manière, Joanne continuerait à l'utiliser malgré elle. Elle saupoudra ensuite sa gaufre d'un peu de sucre. Elle avait des périodes où elle ne lésina pas sur l'assaisonnement de cette gourmandise,  d'autres où elle restait plus nature, à ne manger que la gaufre ou la recouvrir d'un peu de sucre glace. "The Dark Knight. Je n'ai pas vraiment envie de beaucoup réfléchir pendant le film de ce soir." Jamie continuait à réclamer sa fin, Joanne faisait en sorte de le satisfaire. Elle fit quelques gaufres supplémentaires avec la pâte qu'il restait, pensant qu'ils pourraient les manger plus tard, ou le lendemain.

Depuis leur arrivée, Joanne n'avait jamais réellement prêté attention au plus bel avantage qu'avait cet appartement : regarder le ciel changer de couleur pour s'assombrir et se faire éclairer par des étoiles, et voir la ville s'illuminer progressivement. Ils s'étaient tous deux installés sur le canapé. Silencieux, ils regardaient le ciel se vêtir de ses couleurs nocturnes, alors que Jamie l'embrassait régulièrement sur le cou de la jeune femme. A chaque fois, un frisson. A chaque fois, ses yeux se fermaient. Jamie avait certainement du comprendre que c'était une partie de son corps qui était un peu plus sensible que d'autres, ou alors parce qu'il lui avait dit qu'il l'adorait. Elle n'en savait rien. Elle ne pouvait que le laisser faire, et profiter de chacun de ses baisers. Les mots n'avaient pas leur place pendant ce moment, juste quelques rares gestes. Jamie revenait ensuite au sujet du film, à la faire hésiter volontairement davantage, mais elle ne cèda et resta sur sa position. Jamie avait commandé le repas, et il avait suffi d'une demi-heure de préparation et de transport que ça arrive chez eux. Après avoir mangé le repas chinois, Joanne se permit de ramener les gaufres restantes sur la table basse, si jamais l'un deux avait un petit creux pendant qu'ils regardaient le film. Ce dernier venait tout juste d'être débuté. La jeune femme était collée contre son amant, la tête sur son épaule, les jambes pliées sur le canapé. Pendant le visionnage, une de ses mains s'était déposée sur l'une de ses cuisses, à effectuer quelques caresses. Ses yeux restaient rivés sur l'écran, mais parfois, son esprit était ailleurs. Enveloppée par la chaleur qu'émettait Jamie, son coeur s'emballait de lui-même, sans qu'elle s'y attende. Ils étaient restés silencieux tout au long du film. Il n'y avait que les mains de Joanne qui parlaient à leur manière. Dès que les premières lignes du générique s'affichèrent, la belle blonde s'étira un petit peu avant de se redresser et d'aller chercher les lèvres de Jamie. "La prochaine fois, c'est toi qui choisis." lui chuchota-t-elle. Ses doigts allaient se perdre dans les cheveux de Jamie. "Nous devrions peut-être allés au lit." Elle préférait tout mettre au conditionnel, se disant qu'il voudrait encore faire quelques choses avant d'aller se coucher.
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Message(#)joamie + this is london, baby - Page 6 EmptyMer 20 Mai 2015 - 13:21


Le film terminé, je me retrouve immédiatement face aux lèvres de Joanne. C'est si soudain que je ne peux pas m'empêcher de sourire alors que je lui rends son baiser. Il est vrai qu'il est tard. La nuit est devenue bien plus noire. Je regarde une seconde la jeune femme et passe une main dans ses cheveux. Ce que j'observe, plus que son visage, simplement, ce sont ses traits sous cet éclairage précis. L'appartement est plongé dans l'obscurité, se suffisant aux lumières de la rue comme simple éclairage. Je vois toutes les lumières de la ville faire passer le regard, les pommettes, les lèvres de Joanne dans une autre dimension. Elles lui donnent un air plus mystérieux et plus angélique à la fois. Son regard bleu devient gris, puis doré quand une voiture passe. C'est une autre de ces visions que je prends en photo dans mon esprit. « Tu as raison. » je réponds après une bonne minute de silence. Je lui vole un nouveau baiser. « On a une longue journée qui nous attend demain. Des kilomètres et des kilomètres de musée. » dis-je avec un grand sourire qui trahit ma hâte. Il ne nous reste officiellement que deux jours à Londres. Deux jours sans encombres, je l'espère, à pouvoir enfin profiter de la ville comme il se doit. Juste elle et moi, et le monde tournant autour n'ayant droit qu'à notre indifférence la plus totale. Avec un signe de tête indiquant la chambre, je l'invite à aller se coucher avant moi. « Monte, je te rejoins tout de suite. » Je songe à la cuisine, qui est un bordel sans nom. Puisque je ne me vois pas m'allonger tout de suite, je me suis mit en tête de nettoyer tout ça afin de ne pas avoir à le faire demain. La belle s'exécute et grimpe les escaliers à pas feutrés avant d'allumer la lumière dans la chambre. Restant dans le canapé encore une minute, je la regarde se changer depuis le salon. Je ne vois pas grand-chose d'autre qu'une ombre se mouvant pour enlever sa robe et en enfiler une autre. Quoi que, elle est supposée me prendre un t-shirt. Je suppose qu'il s'agit de ça. Je souris, et me lève enfin.
La cuisine est sale au possible, tâchée ici et là de traces de pâte à gaufres, de sucre glace, de sirop d'érable. Et bien sûr, il y a l'évier. Mon désastre de ce matin encore là, dans l'évier. Je soupire. Au boulot. En soulevant le plateau du petit-déjeuner, je découvre les assiettes cassées et les verres dans le même état. Un pot de confiture s'est largement fissuré aussi. Du grand art. Je sors un sac poubelle et fourre le tout dedans sans faire de distinction. Ce qui n'est pas détruit retrouve sa place dans les placards ou dans le frigo. Je fais attention à ne pas me blesser encore une fois avec les morceaux de verre et de porcelaine. Régulièrement, je soupire en secouant négativement la tête, passant tout le temps que me demande le nettoyage à me réprimander et me traiter de tous les noms à voix basse. L'évier débarrassé, je m'attaque à l'îlot. La vaisselle, en un morceau cette fois, termine dans la machine prévue à cet effet pour être nettoyée. Un coup d'éponge, et tout redevient normal. Comme si de rien n'était.
Avant de monter à l'étage, je me laisse flâner dans l'appartement. Je traîne un peu dans le salon, retourne dans le canapé. Tourné face au panorama offert par la baie vitrée, je passe de longues minutes à simplement regarder Londres, pris d'un soudain élan de nostalgie. Je ne sais pas pourquoi mes pensées retournent vers Oliver et m'obligent à ravaler l'eau salée qui s'est mise à border mes yeux. Je revois toutes les soirées que j'ai passé ici, à ce même endroit, à regarder la ville, seul dans cet appartement. Il faudra que je le vende, une fois que nous serons partis. C'est sûrement cette idée qui me replonge des années en arrière. Dans des souvenirs qui sot loin d'être tous agréables, mais qui sont des souvenirs quand même. Je ne peux pas garder cet endroit, même si je le voulais. Financièrement, déjà, c'est un luxe inutile. Je ne sais pas quand est-ce que je reviendrais à Londres après cette semaine, cela ne vaut pas le coup de garder un pied à terre ici. Et puis, c'est à cause des souvenirs. Je ne pourrais pas remettre un pied dans cet endroit à l'avenir. Je veux le quitter avec toutes les belles images de Joanne et moi ici, parce que c'est ainsi que mon lien avec ce lieu doit prendre fin. Ma très grande cage en verre…
La lumière est encore allumée dans la chambre quand je m'y rends enfin. Joanne est sous la couette. J'appuie sur l'interrupteur pour plonger la pièce dans la seule lumière de la lune. Otant un à un mes habits, je murmure ; « Pardon, j'ai été un peu long. Tu dors ? » Pas de réponse. Je suppose que la réponse est oui. Alors j'enfile le pantalon de pyjama de la veille dans faire plus de bruit et me glisse à côté d'elle dans le lit aussi délicatement que possible. Mon bras vient entourer son corps en prenant soin de ne pas la réveiller. Elle semble avoir un peu froid. Je me colle un peu à elle, dépose un baiser sur son épaule. « Bonne nuit, mon ange. »
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Nous retournons au British Museum dès les premières heures du matin cette fois, histoire d'être sûrs d'avoir le temps de voir le maximum de choses. Ce n'est pas aussi grand que le Louvre, mais une visite complète des lieux demande toujours plus d'une seule journée. D'autant plus lorsqu'il s'agit d'un couple de passionnés d'histoire et d'art qui passe dix minutes sur chaque œuvre. C'est que, chacun notre tour, nous demandons à l'autre ce qu'il pense de tel artiste, de tel tableau, telle sculpture, tel objet, telle période de l'histoire. Il est tellement facile pour nous de nous engager dans un débat de plusieurs dizaines de minutes à chaque fois que nous devons nous retenir pour passer à la salle suivante. C'est à la fois frustrant et amusant. Cette fois encore, je n'ai pas apporté mon carnet de croquis. Malgré les paroles de la veille de Joanne, je ne vois pas m'arrêter d'une heure devant une œuvre pour la dessiner en sachant la jeune femme à côté de moi. Ce n'est pas sa présence qui m'aurait gêné, mais l'idée de la savoir en train d'attendre. Et puis, cela nous aurait fait perdre du temps plus qu'autre chose, et il y a tant de choses à voir. Ne souhaitant pas quitter le musée de la journée, nous mangeons dans la cafétéria de l'établissement. Quelque chose de léger, rien de plus qu'un sandwich ou une salade avec un café. Histoire d'être de retour sur le circuit aussi rapidement que possible. Seigneur, depuis combien de temps je n'ai pas passé une journée entière dans un musée ? Je n'ai pas le temps pour ce genre de choses à Brisbane, et j'avoue que cela m'a manqué. Quand nous sortons, à l'heure de dîner, je me sens complètement revigoré -et complètement crevé également d'avoir autant marché. Ce soir là, nous passons rapidement par un primeur, juste avant qu'il ne ferme ses portes. Nous prenons de quoi nous faire à manger cette fois, et, de retour à l'appartement, je passe une bonne heure en cuisine avec Joanne pour m'assister. C'est que deux mains supplémentaires ne sont jamais en trop pour éplucher des légumes. Sortent deux assiettes de ce fameux plat tunisien dont je lui avais parlé la veille. Comme elle l'a dit, cette fois, je choisis le film. Pendant un bon moment, j'utilise sa naïveté pour lui faire croire que j'ai la ferme intention de lui faire regarder l'intégrale de la saison 1 du Muppet Show ce soir. Je me retrouve faussement résigné à proposer Le Jour d'Après -seul et unique film catastrophe que j'apprécie. Il nous faut une bonne heure de papotage avant de monter nous coucher.
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Grasse matinée. Nous traînons longuement dans le lit à ne rien faire d'autre que nous embrasser à certains moments. Appelons ça le bonheur. Comme nous l'avions prévu, la journée se résume à se promener sans but. Nous nous arrêtons déjeuner dans le premier endroit qui nous parle -et pour que nous soyons d'accord, nous avons dû passer rois établissements au crible. Je me demande encore comment il est possible qu'il existe encore des restaurants de nos jours qui ne proposent pas un seul plat végétarien sur leur carte. Nous atterrissons à la terrasse d'un établissement finalement très français. Ces satanées grenouilles sont décidément partout. La balade nous fait faire le tour de Londres, et bien sûr, nous passons devant tous les sites touristiques qui existent ici. Après tout, ce sont des incontournables, même lorsqu'on cherche à les éviter. Difficile de ne pas aller là où le monde s’agglutine. Tous les jours sont forcément un jour de vacances quelque part dans le monde, ce qui amène des touristes. Des cars de touristes. Nous passons par le tunnel de Waterloo, où chaque centimètre carré est couvert de graffitis. A Hyde Park, nous tombons au milieu de la représentation d'une troupe de comédiens amateurs qui ont pris possession du Speaker's Corner. La pièce nous tient jusqu'à la fin de l'après-midi. J'emmène alors Joanne à Camden Town. Elle qui voulait connaître un endroit que j'aime tout particulièrement à Londres pour la soirée, c'est ici qu'il se trouve, entre les devantures multicolores, les dragons géants, les tatoueurs aux magasins complètements dingues, et les immenses statues de robots. Les deux trottoirs de la rue sont bondés et Joanne soit fermement garder son bras autour du mien pour ne pas se perdre -et cette fois, je doute qu'elle retrouve son chemin seule sans se faire aborder non pas par un homme à l'air érudit, mais par je ne sais quel punk aux cheveux violets et au nez de taureau. Nous arrivons devant un stand, là, en plein air, dans lequel sont étalés d'immenses bols de différents plats sud-américains aux couleurs vives. Pour quatre livres, vous avez droit à une portion du plat de votre choix. Par contre, vous n'avez plus qu'à vous débrouiller tout seul pour trouver un endroit où manger sans vous faire marcher dessus. Mais je guide Joanne jusqu'à un minuscule parc, un peu plus haut dans la rue. Je me doute bien qu'elle s'attendait à un restaurant pour ce soir, mais il n'y a que ce stand auquel je tiens vraiment dans cette ville. Je n'ai retrouvé cela nulle part ailleurs. C'est authentique, là, au milieu d'une des rues les plus agitées de Londres, et les odeurs sont à tomber par terre. Nous rentrons à l'appartement au bout d'une bonne heure de marche. Cette fois, nous montons directement dans la chambre. Demain recommence notre périple en avion pour rentrer à Brisbane. Vingt-trois heures d'avion. Même si nous aurons tout le temps de dormir pendant le voyage, il vaut mieux le commencer reposés. Alors, c'est le ciel quasiment clair encore que vous retrouvons notre lit. Et nous faisons l'amour avant de nous endormir.
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« Ta valise est prête ? » je demande à Joanne en terminant de fermer la mienne. « L'avion est dans trois heures. On a pile le temps de passer à Whitehall faire un saut express avant d'aller à l'aéroport. » Oui, j'ai complètement fait exprès de prévoir un minimum de temps chez mes parents histoire de ne pas être en leur présence trop longtemps. On entre, on dit au revoir, on sort, et c'est fini. J'attrape la jeune femme dans mes bras et lui vole un baiser avant que nous descendions nous affaires dans la voiture. « Tu auras le droit de dévaliser les boutiques de souvenirs. » j'ajoute en tapotant le bout de son nez pour la taquiner. Néanmoins, je vois mal la belle acheter un porte-clé Big Ben ou une boule à neige avec le portrait de la reine.
Je laisse à Joanne le temps nécessaire pour terminer de se préparer, puis les valises se retrouvent dans le coffre. Il ne faut que cinq minutes pour arriver devant la maison parentale. Mes mains triturent le volant nerveusement alors que le moteur tourne toujours. Je mordille ma lèvre, m'en rends compte et arrête. Bon dieu, depuis que la jeune femme m'a fait remarquer cette habitude que j'ai, je ne peux plus m'y adonner tranquillement. « Tu es sûre que tu ne veux pas m'attendre dans la voiture ? C'est l'affaire d'une dizaine de minutes. »
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Message(#)joamie + this is london, baby - Page 6 EmptyMer 20 Mai 2015 - 15:10

this is london, baby
I believe in the lost possibilities you can see. And I believe that the darkness reminds us where light can be. I know that your heart is still beating, beating darling. I believe that you fell so you can land next to me. ‘Cause I have been where you are before. And I have felt the pain of losing who you are. And I have died so many times, but I am still alive

Joanne avait grimpé les escaliers, comme il venait de le lui demander. Elle se permit d'ouvrir les armoires afin de trouver un T-shirt. Après les avoir quasiment tous fouillés, elle finit par en trouver un qui s'était perdu au milieu de ses polos, c'était certainement le seul qu'il avait ici. Le reste n'était que de beaux polos et des chemises bien repassées. La porte toujours ouverte, elle se changea et s'allongea dans le lit, espérant qu'il ne tarde pas trop. Elle entendait des bruits de vaisselle brisées, de placards qui s'ouvraient et se fermaient. La jeune femme avait vite compris qu'il était en train de tout ranger alors qu'il lui avait demandé de monter dans sa chambre. Elle l'aurait aidé. Ses yeux restaient ouverts jusqu'à ce qu'elle n'entende plus rien. Elle s'était dit qu'il ne tarderait pas à venir la rejoindre. Ses paupières se fermèrent sous le poids de la fatigue, et s'envola tout aussi vite dans le pays des rêves. Son sommeil était encore suffisamment léger pour se rendre compte qu'elle avait un peu froid, et qu'un corps chaud se colle à elle et l'entoure d'un bras. A partir de ce moment là, le sommeil devint plus que profond.

Comme ils l'avaient convenu, ils retournèrent au British Museum pour compléter leur visite précédente. Joanne se doutait qu'ils y allaient passer un bon moment, mais ne s'attendait pas à ce que ce soit la journée entière. Elle avait adoré rester plantée devant une oeuvre pendant de longues minutes, à débattre de sa signification, de son esthétisme. Mis à part avec ses collègues, Joanne ne parlait jamais vraiment de tout ça. Avoir un connaisseur qui était en dehors de son lieu de travail lui plaisait beaucoup. Il voyait les choses d'une bien autre manière que cette horde de conservateurs, et il lui faisait voir certaines sous un nouvel angle. Ils mangèrent leur déjeuner dans la cafétéria du bâtiment. Joanne avait opté pour une salade accompagnée de crudités, de poulet rôti froid et d'une sauce cocktail. C'était bizarre pour elle de passer une journée entière dans un musée sans y travailer. Elle n'avait aucune idée du nombre de kilomètres qu'ils avaient pu marcher ce jour là, ou peut-être était-ce du au fait de se maintenir debout toute une journée durant, mais Joanne était aussi contente de retourner à l'appartement le soir, les pieds endoloris. Ils avaient cuisiné ensemble, comme un vrai couple. Joanne découvrait aussi par là les délices de ce plat végétarien. Elle adorait toujours autant la viande, mais elle avouait que ce mêt était particulièrement savoureux. Jamie avait choisi le film, après l'avoir fait longuement marcher en la faisant croire qu'il voulait à tout prix regarder la première saison des Muppet Show. Bien évidemment, naïve comme elle était, elle y avait bien cru. Elle aurait peut-être même pu accepter, mais il finit par se résigner d'un air faux et moqueur, et ce n'était qu'à ce moment là qu'elle se rendit compte qu'il se fichait d'elle. Joanne avait beaucoup entendu parlé de ce film, mais elle n'aimait pas trop les films catastrophes. Elle se demandait régulièrement pourquoi les Yankees en produisaient autant. La jeune femme lui avoua qu'elle n'avait pas particulièrement apprécié, mais au moins, elle saura de quoi elle parle lorsque le sujet reviendra sur table. Après quoi, ils discutaient, de sujets futiles mais qui permettaient de mieux se connaître l'un l'autre, puis s'en allèrent dormir, épuisé de cette longue mais passionnante journée.

La belle blonde avait vraiment bien dormi. Elle avait l'impression que cela faisait une éternité qu'elle ne s'était pas reposée en étant aussi sereine, paisible. Ils passèrent la majeure partie de la matinée à rester sous la couette, à profiter de l'un de l'autre. Jamie et Joanne s'étaient promenés toute la journée. Pour le déjeuner, elle faisait bien attention à chaque menu de restaurant qu'elle pouvait voir, afin de s'assurer que l'on y servait des plats végétariens pour Jamie. La troisième fois était la bonne. Le hasard avait bien fait les choses, car ils s'agissait d'un restaurant très français. Joanne avait pris une escalope à la crème avec des pâtes fraîches -un véritable délice. Reprenant leur promenade, Joanne put voir les monuments majeurs et représentatifs de Londres. Ils marchaient aléatoirement, jusqu'à tomber sur un spectacle de rue dans un parc, qui les avait envoûté pour une bonne partie de leur après-midi. Elle était reste collée à lui lord de leur promenade à Camden Town. Ce coin là était merveilleux pour les yeux, il débordait de couleurs. Et de monde aussi. Joanne n'était pas non plus agoraphobe, mais être noyé ainsi dans la foule ne la mettait pas à l'aise. Elle s'était même mise à serrer le tissu de la manche de sa veste entre ses doigts. Pour être sûre de ne pas le perdre. Joanne se laissait guider par Jamie, pour aller manger dans un tout petit parc, mais qui avait tout son charme. Elle voulait qu'il lui montre l'endroit où il préférait manger, et il venait de le faire. C'était une agréable surprise pour elle. Elle s'attendait plus à un de ces restaurants vraiment très classes, bondés d'aristocrates et d'autres célébrités en tout genre. Mais par cette intimité, elle retrouvait ce que Jamie aimait. Lui qui disait ne pas arriver à faire les choses simples, il venait tout juste de le faire. La jeune femme sourit à cette pensée. Ils rentraient chez eux, Joanne ne pensait qu'à leur retour du lendemain. Devoir tout ranger, se faire à l'idée de revenir. Elle était tout autant contente de rentrer que triste. Ils s'étaient couchés tôt ce soir-là, il faisait encore jour. Le désir et l'envie qu'ils avaient l'un pour l'autre étaient beaucoup trop forts pour qu'ils puissent y résister. Ils couchèrent ensemble, avec cette étrange habitude que Joanne avait prise pour conserver sa pudeur. Cela n'était pas gênant durant leurs ébats, mais l'idée continuait à la poursuivre dans sa petite tête.

Joanne était encore en train de plier ses derniers vêtements pour les mettre dans sa valise quand Jamie lui demanda où elle en était. Elle répondit oui, en allant enfin chercher sa trousse de toilettes qui était encore dans la salle de bain. Elle ferma sa valise, enfin. Elle afficha un sourire un peu triste lorsqu'il lui dit le temps qu'il leur restait à Londres. Certes, des promesses avaient été faites et beaucoup de choses avaient changé et s'étaient révélées durant cette semaine. Joanne restait très anxieuse et soucieuse de leur retour à leur vie quotidienne. Elle ne doutait pas des paroles de Jamie, mais elle savait que ça allait être beaucoup plus compliqué que ce qu'ils espéraient. Jamie la saisit subitement dans ses bras, la faisant sortir de ses pensées. Il l'embrassa. "J'ai déjà beaucoup de merveilleux souvenirs d'ici. Ce sont tous les moments passés avec toi." Joanne n'aimait pas trop les boutiques de souvenirs, avec ces babioles à trois francs six sous, kitsch à souhait. Il se chargea de descendre les valises pour les mettre dans le coffre de la voiture, et ils étaient en route pour la maison familiale. Il fallait l'avouer, bien sûr que Joanne était extrêmement nerveuse, mais elle ne comptait pas revenir sur sa décision. Il ne fallait que quelques minutes pour y arriver. La voiture était arrêtée, mais Jamie avait laissé le moteur allumé, les mains sur le volant. Lui aussi semblait inquiet, soucieux. Il demandé une nouvelle fois si elle était certaine de son choix. Joanne soupira, puis lui esquissa un tendre sourire tout en lui caressant la joue. "Je t'ai dit que je viendrai avec toi, alors je viens." Elle embrassa furtivement ses lèvres avant de sortir de la voiture. Une fois dehors, elle avança pour être devant cette dernière, et attendit Jamie. Son coeur battait à mille à l'heure et elle manquait certainement de salive, mais elle n'allait pas faire demi-tour maintenant.
crackle bones
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Message(#)joamie + this is london, baby - Page 6 EmptyMer 20 Mai 2015 - 17:24

Je ne pensais pas qu'elle insisterait, pourtant Joanne s'en tient à sa parole ; elle vient. Je souris timidement. J'en suis soulagé quand même. Après un rapide baiser, je glisse un « Je t'aime. ». La voilà déjà dehors. Je respire un grand coup et fait de même. Je ne sais même plus depuis combien d'années je n'ai pas mit un pied ici. Ce n'est pas la maison dans laquelle j'ai grandi. Jusqu'à mon entrée au collège, nous vivions dans la demeure de chasse. Plus j'ai grandi, plus nous avons déménagé dans de plus petits espaces. Jusqu'à ce que je quitte la maison et qu'ils s'installent finalement ici. A moins d'un kilomètre du pouvoir. J'attrape la main de Joanne, plus pour me donner du courage que pour vraiment l'aider à traverser la route. Nous montons les quelques marches avant le perron, puis je frappe à la porte. Les secondes semblent interminables avant que mon père n'apparaisse face à moi. Mon sourire disparaît dans l'instant. « Bonjour Ed'. Je… passe dire au revoir à maman. » dis-je en regardant par dessus son épaule pour trouver une trace de vie de sa part.  Je dois forcer un peu et faire un pas en avant pour que Edward se mette sur le côté pour nous laisser entrer. La maison est très classique, depuis l'architecture jusqu'au mobilier. La décoration est un chouia vieillotte, mais pas de quoi se croire chez une sexagénaire. Le fait est que ma mère a encore quelques années avant d'atteindre ce cap, contrairement à son mari qui, lui, l'a largement dépassé et vient tout juste d'atteindre les 75 ans. Leur différence d'âge de 20 ans est toujours terriblement flagrante au premier abord. Marie ne fait pas son âge, ce qui n'aide pas vraiment. C'est une belle brune aux yeux bleus, assez grande. Sa carrière à la télévision se devine en un seul coup d'oeil ; elle sait toujours quelle position, quel profil la met le plus en valeur, son élocution est parfaite, et sa taille est terriblement fine. Le parfait antagoniste de mon père. Elle se trouve dans le salon, son ordinateur sur ses genoux. « Comme promis. » dis-je pour nous annoncer. Un immense sourire éclaire son visage alors qu'elle se lève pour me prendre dans ses bras. Le contraste est flagrant en comparaison avec l'accueil paternel. « Je vous présente Joanne. Elle... » Marie me coupe immédiatement. « Elle est magnifique, n'est-ce pas Edward ? Ravie de vous rencontrer. » Je me demande si elle le fait exprès, ou si c'est un jeu pervers entre elle et mon père. Bien sûr qu'il la trouvera magnifique, elle pourrait être la photocopie de toutes les conquêtes qu'il a pu avoir -et qu'il a encore aujourd'hui. Je retiens un soupir d'exaspération et me contente de sourire pour approuver. Nous sommes invités à entrer un peu plus dans la maison, faire un pas de plus dans le salon. Mon père guide Joanne d'une main dans le bas de son dos qu'il fait toujours passer pour de la galanterie -mais tout le monde sait que son imagination détraqué se suffit à ce seul contact. « Vous venez d'Australie, c'est ça ? Qu'est-ce que vous faites dans la vie ? » demande ma mère. « Pourquoi ne vous a-t-on pas vu au gala l'autre soir ? » ajoute Edward avec un incroyablement manque de subtilité. Je lui jette un regard noir. Avant que Joanne ne puisse répondre, je rétorque ; « Elle ne se sentait pas bien. Et je pense que là non plus elle ne se sent pas très bien avec toutes vos questions. Laissez-la respirer, hm ? Et dégage ta main de là, Ed. » Ses doigts avaient glissé du dos de la jeune femme à sa hanche. Sans le maximum de self control que cela me demande, je pense que son nez serait déjà en miettes. Il prend quand même une poignée de secondes avant de s'exécuter, je le sens retenir un sourire -mais pas ce petit coup d'oeil de haut en bas sur elle. Ma mère pose une main sur mon épaule. « Asseyez-vous. Vous prenez un thé ou un café ? » Qu'importe, tant que c'est bourré de cyanure et que ce type est le seul ici à en boire. « Oh, non, rien de tout ça. On ne fait que passer, on ne va pas s'éterniser. » dis-je quasiment prêt à repartir. Mais mon regard se pose sur Marie et la déception qui happe son visage alors qu'elle murmure ; « Je vois. » Je ne sais jamais si ma mère fait marcher ses propres talents de comédienne ou si elle est sincère. Surtout quand ses émotions sont aussi transparentes. « Pitié, arrête de ce faire ces yeux là. Viens. Juste un café, ok ? » dis-je en la conduisant vers la cuisine. Un passe-plat l'ouvre sur le salon. Ainsi, je peux garder un œil sur mon père et Joanne qui discutent à côté pendant que nous préparons quatre expresso.
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Message(#)joamie + this is london, baby - Page 6 EmptyJeu 21 Mai 2015 - 12:43

this is london, baby
I believe in the lost possibilities you can see. And I believe that the darkness reminds us where light can be. I know that your heart is still beating, beating darling. I believe that you fell so you can land next to me. ‘Cause I have been where you are before. And I have felt the pain of losing who you are. And I have died so many times, but I am still alive

Il y avait enfin un visage au paternel que Jamie détestait tant. Il n'avait rien à lui envier. Son père avait quoi, plus de soixante-dix ans ? Joanne aurait volontiers caresser le dos de son compagnon dans le but de le rassurer et de lui rappeler qu'elle était là. Mais elle ne voulait faire remarquer à son père son malaise. Le visage de Joanne restait neutre, le suivant de près pour entrer dans la maison. La décoration n'était pas de dernière jeunesse, certes, mais ça offrait un certain charme à la maison. Jamie allait se présenter à sa mère, comme il lui avait promis. Immédiatement, le visage de Mme Keynes s'éclaircit, semblant véritablement ravie de voir son fils. Elle l'enlaça. Joanne avait ses mains jointes devant elle, regardant la brève scène. Elle n'était pas vraiment à l'aise au milieu de tout ça mais elle ne regrettait en rien son choix d'être venue. Jamie la présenta à sa mère, la belle blonde lui esquissa un sourire bien timide. Le vieux couple les invita à s'enfoncer un peu plus dans leur habitat. Une main étrangère vint se déposer sur le bas du dos de Joanne, ses yeux s'écarquillèrent en réalisant à qui appartenait cette main balladeuse. Elle adorait quand Jamie lui caressait le dos, mais l'idée simple de sentir la main du père à cet endroit la dégoûtait plus qu'autre chose. S'il avait pour but de la rendre plus que mal à l'aise, sa mission était un succès. Gardant la gorge serrée, Joanne tentait de garder ses moyens, histoire de ne faire une crise d'angoisse aux yeux de tous. On la bombardait ensuite de questions, elle ne savait pas où en donner de la tête. Jamie prit rapidement le flambeau, en répondant à sa place, à travers un petit mensonge et dit à son père d'ôter sa main d'où elle était. Elle lui aurait santé dans les bras pour le remercier, mais ce n'était pas ce qu'il y avait de plus convenable. La situation était tendue depuis qu'ils avaient franchi le seuil de la porte d'entrée.

Mrs. Keynes leur proposa de rester boire un café ou un thé, et Jamie déclina dans un premier temps. C'était en voyant son regard triste qu'il finit par céder, à la grande satisfaction de sa mère. Joanne l'aurait volontiers rejoint mais Edward la prit par le bras afin qu'elle reste avec lui. Là, la panique commençait à venir. "Il ne me semble pas que vous étiez véritablement mal en point l'autre soir, je me trompe ?" La jeune femme le dévisagea. Il avait ce quelque chose dans les yeux, un air vicieux et malicieux, très sûr de lui et de ce qu'il convoitait. Rien de très rassurant, en somme. Muette à sa réponse, il se permit d'argumenter "Ce Paul Matthews est vraiment un brave homme." Qui avait certainement fini avec un nez cassé, pensa-t-elle. Le père de Jamie était presque paranoïaque pour elle, il l'effrayait beaucoup. "Il m'a dit qu'il était parvenu à toucher un point sensible." Elle sentait qu'il jubilait intérieurement, elle se sentait piégée, emprisonnée. "Je me doutais que Jamie viendrait sans vous au gala. Il est bien trop égoïste de montrer sa toute nouvelle acquisition. Surtout quand on sait qu'il perd facilement les choses. Ou peut-être avait-il honte de vous présenter, ça ne m'aurait pas étonné de lui. Il a toujours été négligent. Que faites-vous dans la vie, déjà ?" Chaque mot qui sortait de sa bouche était comme du venin. Elle le regardait à peine mais Edward se débrouillait à chaque fois pour repêcher son regard et être euphorique d'y voir tant de détresse. "Conservatrice." dit-elle d'une voix frêle. Il esquissa un large sourire, semblant être satisfait de sa réponse. "Un beau métier, mais vous ne devez pas gagner beaucoup." "Cela me suffit largement." S'il voulait l'acheter par de l'argent, c'était peine perdue. Joanne n'avait jamais roulé sur l'or et se suffisait à elle-même. Si elle avait le même compte bancaire que Jamie, elle n'aurait aucune idée de quoi en faire. Elle n'avait pas de rêves de grandeur, ou de démesure. Edward se mit à rire. Il posa une de ses mains sur son bras. "Il ne vous mérite pas, Joanne. Je suis sûr que vous l'avez déjà vu dans ses états d'âme, à ne faire attention à rien. Alors pourquoi penser qu'il fera attention à vous ?" Sa voix était étrangement basse, comme s'il voulait s'assurer que Jamie n'entende pas un traître mot sortant de sa bouche. "Je ne suis pas fier de lui, il n'a vraiment rien de son frère. Si ce n'est son excellent goût en matière de femmes." Son regard était plus qu'insistant. La jeune femme faisait de son mieux pour faire face à ses dires qui s'assimilaient à des coups de poignard. "Je veux dire... eh bien, regardez-vous !" Il l'admirait de la tête au pieds. Joanne n'en revenait pas qu'il fasse ainsi des avances alors que son fils ne se trouvait qu'à quelques mètres d'eux. Joanne n'avait d'ailleurs pas remarqué qu'il gardait un oeil sur elle de loin. "Il ne vous mérite pas, ma chère." répéta-t-il "Et quand il le réalisera, vous serez déjà bien loin de lui après avoir été victime de ses propres violences. Je le connais mieux que quiconque, et, d'après votre regard affolé, vous l'avez déjà vu dans une de ses rages noires et je peux parier ce que vous voulez que vous avez terriblement peur de lui. Constamment." Il enchaînait et enchaînait encore. "Je ne sais pas d'où vient tout ceci, mais certainement pas de moi." La main d'Edward glissa lentement vers le dos de la jeune femme, retrouvant sa position au bas du dos, et osait même s'aventurer plus bas. Joanne ne savait pas ce qu'elle était sensée faire. Elle ne voulait pas pourrir la situation, c'était déjà assez étrange comme ça. Elle craignait aussi de faire quelque chose qui puisse se retourner contre Jamie. Donc elle le laissait, à son grand désespoir. C'était presque du viol pour elle, elle se sentait horriblement mal. Malgré tout, elle le défia du regard en lui disant. "Ce n'est pas parce que l'Australie était une colonie anglaise qu'il faut croire être en terrain conquis." Il rit. "Pas pour un Lord. Et puis, Sa Majesté reste Reine d'Australie." "Un titre plus symbolique d'autre chose." rétorqua-t-elle, sans agressivité dans sa voix.  Joanne n'avait rien contre la monarchie anglaise, loin de là, elle ne voulait juste pas donner raison au vieux croûton. "Vous pourrez dire ce que vous voulez Mr. Keynes, mais j'aime Jamie." Il rit cyniquement. "Oh ma chère, vous êtes bien naïve. Il est plus question de possession qu'autre chose. Et en vue de mon titre, je peux avoir tout ce que je veux." Son regard pesait lourdement sur elle. "Je peux vous offrir bien plus que lui, je suis sûr que vous le savez au fond de vous-même, Joanne. Pensez-y." Elle aurait rêvé d'avoir le courage qu'il fallait pour lui dire le fond de ses pensées. Les phrases étaient déjà toutes construites, toutes prêtes, et ne manquaient pas de tact. Mais elle s'en sentait incapable, par peur que ça se retourne contre elle ou contre Jamie et que la situation dérape. Joanne ne connaissait rien de cet univers et ne voulait pas en savoir plus après avoir brièvement discuté avec Edward Keynes. Elle s'y retrouvait quand même, malgré elle. En aimant Jamie. "Contrairement à lui, je n'aurai pas honte de vous montrer à mes côtés." Elle se mit à ressentir un vertige, sa vision se troublait un peu. Ces signes là, elle les connaissait. Elle prit appui sur le fauteuil qui se trouvait juste à côté, lui permettant de tenir toujours sur ses deux jambes. Le cas contraire, elle aurait certainement perdu connaissance. La main d'Edward se plaisait où elle était. Soudain, la mère de Jamie apparut avec un plateau portant quatre tasses à expresso. Au même moment, Edward retirait sa main d'où elle était. Sauvée par le gong. Mrs. Keynes avait toujours un sourire pendu aux lèvres, et posa les cafés sur la table basse. "Tout va bien ?" demanda-t-elle. "Excusez-nous d'avoir pris autant de temps, nous avons un peu discuté." Edward esquissa un large sourire, faisant comme si de rien n'était. "Nous allons bien. Nous faisions simplement connaissance. Joanne est conservatrice, tu sais." Le visage de Joanne était presque inexpressif, juste ce sourire forcé quand Marie leur avait demandé s'ils se portaient bien. Elle s'installa sur le canapé sans dire mot, juste à côté de Jamie. A cet instant là, oui, elle rêvait d'être de retour à Brisbane.
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Message(#)joamie + this is london, baby - Page 6 EmptyJeu 21 Mai 2015 - 19:08

Arrivés dans la cuisine, ma mère me prend immédiatement le bras et, avec un regard malicieux vers Joanne, glisse tout bas ; « C'est une très belle femme. Timide, n'est-ce pas? » En effet, mais j'imagine bien que son manque d'assurance n'est pas aidé dans des moments pareils. Je ne sais pas pourquoi j'ai eu l'espoir qu'Edward se tienne. Voilà qu'il a dû l'effrayer. Elle comprendra pourquoi je tenais à aller au gala seul. Elle n'aurait jamais supporté toute une soirée à cette intensité là. Surtout qu'il ne l'aurait pas lâché d'une semelle. C'aurait été un désastre. Je jette un coup d'oeil vers eux. Je n'aime pas l'expression sur le visage de la jeune femme à ce moment là, je sais très bien ce qu'il peut être en train de lui dire. Mais je ne peux pas intervenir. La main de ma mère resserre mon bras pour me faire comprendre de laisser couler. « Disons que ce n'est pas très conventionnel de rencontrer les parents de son homme aussi tôt. » Et de se faire tripoter au bout de cinq minutes par le père de l'homme en question. Finalement, elle aurait dû rester dans la voiture. « Tu la connais depuis combien de temps? » Je quitte Joanne du regard et le pose sur Marie. J'hausse les épaules. Bonne question. J'ai une notion du temps très altérée par mon travail très prenant. Les semaines filent, les journées sont à la fois courtes et fort longues. L'incident du bar semble remonter à une éternité. « Trois mois il me semble. » dis-je après une courte réflexion. Elle sourit, toujours malicieuse. « Tu l'aimes? » Je me rends compte que ma mère ne m'a jamais vraiment compris. Elle n'a jamais vraiment fait attention aux émotions des autres, aux miens. Elle ne m'a jamais demandé si j'aimais telle chose, telle personne. Elle comme moi avions une notion très abstraite de l'amour. Alors cette question me semble étrange, elle sonne bizarrement à mes oreilles. Je ne peux m'empêcher de sourire légèrement. J'acquiesce d'un signe de tête. « Bien sûr. Énormément. » Elle me lâche le bras et assène une tape sur mon dos avant d'aller trouver le café dans un placard. « Tant mieux. Tu sais que tu es ma dernière chance d'avoir un petit fils un jour, alors ne traîne pas trop pour lui mettre la bague au doigt. » Bien sûr, c'était trop beau pour durer. Je soupire, exaspéré par ses paroles. Comment peut-elle s'avancer autant alors que je viens de lui dire que Joanne et moi nous connaissons depuis quelques mois seulement ? « Maman, pitié... » Elle balaye la fin de ma phrase d'un signe de main pour me faire comprendre qu'elle ne veut rien entendre. Je me dirige à mon tour vers un placard pour en sortir les quatre tasses -au format le plus petit possible afin qu'il soit bu rapidement et que nous puissions partir au plus vite. « Tout va bien avec Edward? » Je demande, sachant d'avance qu'elle répondra oui, que tout va pour le mieux, qu'il est formidable avec elle, qu'ils prévoient de partir je ne sais où en vacances. « Fais un effort, Ol-Jam..ie. Tu sais que je n'aime pas que tu l'appelles par son prénom. » Oui, et je sais qu'elle a toujours du mal avec le mien. Il est rare que ma mère réussisse à m'appeler Jamie du premier coup. D'abord, elle commence par dire Oliver, puis elle bute sur James, avant de réussir à m'appeler correctement. Ca semble toujours si laborieux pour elle. J'essaye de ne plus y faire attention, mais j'ai toujours un pincement au coeur. « Aucun test de paternité ne prouve que ce pseudo-humain soit mon père,  alors ça restera Edward. » Elle soupire mais ne répond rien. J'appelle mon père ainsi depuis plus de dix ans, ce n'est pas prêt de changer, elle le sait. Elle seule a le droit au vrai statut de parent à mes yeux, même si elle a toujours été très loin de la perfection. L'autre, c'est son mari, le type qui met le pain sur la table, le tyran, mais rien d'autre qui puisse avoir un lien avec moi. Marie semble interpellée par ce qui se passe dans le salon l'espace d'une seconde. Son regard se pose sur mon père et Joanne. D'ici, il n'y a qu'un homme qui parle beaucoup et une jeune femme mal à l'aise. « Tu les entends? » demande-t-elle. « Non, et toi? » Elle soupire à nouveau avant de retourner à la préparation du café. « ...non. » Elle me ment, je le devine rapidement. Il y a quelque chose là-bas qui a mérité son attention, et je devrais m'en préoccuper. Mais bien avant que je puisse me demander ce qu'il se passe, elle change de sujet. « Il m'a dit que tu es allé voir Oliver au cimetière. » Contrarié à l'idée de m'être fait suivre sans même m'en rendre compte, le croise les bras et m'appuie sur l'un des meubles de la cuisine. « Oui, j'ai pu constater que vous n'y étiez pas allé depuis un moment. » dis-je pour éviter les questions sur les raisons de ma visite là-bas, ce qu'il s'est passé, la manière dont je peux me sentir. Cela ne l'intéresse sûrement pas de toute manière. « On aimerait mais tu sais ce que c'est... » Un rire cynique m'échappe et lui coupe la parole. « Bien sûr, s'empiffrer de petits fours est plus important, je comprends. Vraiment, comment est-ce que vous pouvez autant aduler un fils et l'ignorer en même temps? Tu n'es toujours pas capable de prononcer mon nom sans buter sur le sien. » Dans la seconde, une immense baffe s'abat sur ma joue. Marie me jette un regard froid, glacial. Elle ne laisse pas transparaître d'énervement, d'agacement, de peine. Rien. « C'est aussi difficile pour nous. » se contente-t-elle de répondre. Choqué par son geste, je reste silencieux et l'observe avec des yeux ronds. Elle me tourne le dos pour vider l'eau du bac de la machine à café et le remplir à nouveau. Puis elle appuie sur le bouton central afin que l'eau chauffe. Sa tête se secoue négativement alors qu'elle regarde fixement la diode qui clignotte. « Tu ne m'aurais jamais parlé sur ce ton avant ton départ. C'est elle qui te rend comme ça? » Je sors de ma léthargie. Doucement, mon regard retourne dans le salon. « Joanne? Bien sûr que non. Elle... » Là, je remarque la main d'Edward bien trop bas dans le dos de la jeune femme qui n'est plus seulement mal à l'aise, mais pétrifiée. « Qu'est-ce qu'il fait?! » je m'exclame prêt à sortir de la cuisine -voire passer par dessus le passe-plat – pour définitivement mettre fin aux jours d'un porc qui a déjà vécu trop longtemps. Mais la main de Marie se pose sur mon épaule immédiatement, l'autre me fait attraper une boîte métallique. « Tu amènes le sucre s'il te plaît? » Je murmure je ne sais quoi qui ressemble à un oui. C'est étrange, le pouvoir du simple appui de la main de ma mère sur mon épaule. Un contact qui m'ôte toute volonté d'être en colère. Je me demande si elle en a toujours eu conscience. Sûrement, oui, vu la manière dont elle en use. Juste une pression, et plus rien. Je sais que je brûle encore, mais l'explosion est retardée. Ce n'est pas de l'indifférence face à ce qu'il se passe, mais du contrôle. Sans plus un mot, je suis ma mère jusqu'au salon. Edward et elle ont un tel talent pour faire comme si de rien n'était, c'est de la folie. De la folie. Mon regard ne quitte pas Joanne. J'essaye de la rassurer sans un mot, lui demander de rester calme, que tout va bien, mais je sais qu'il n'y a qu'une fois seuls que nous pourrons débriefer de sa conversation avec mon père. « Conservatrice? Beau métier que voilà. Le frère de Jamie, Oliver était un artiste né. Vous vous seriez sûrement entendus à merveille. D'ailleurs c'est gentil à vous d'avoir accompagné Jamie au cimetière l'autre jour. J'espère que ça n'a pas entaché votre séjour. Vous avez aimé Londres? » Contrairement à mon père, je sais qu'elle ne cherche pas à me dévaloriser par ce genre de paroles. Son détachement naturel l'empêche de s'en rendre compte. Je ne note même plus ces mots. Alors que tout le monde s'assied, Joanne et moi dans le canapé, mes parents dans deux fauteuils séparés en face, Marie tend un café à chacun sans oublier de proposer du sucre.« Oh, racontez-nous comment vous vous êtes rencontrés. Ca peut en dire long sur l'avenir d'un couple vous savez. »
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