“love is everything it is cracked up to be. that's why people are so cynical about it. it really is worth fighting for, being brave for, risking everything for. and the trouble is, if you don't risk anything, you risk even more.” feat @wren doherty & lizzie potter

Elle a été la Sam plus ou moins raisonnable. Non pas que Lizzie aurait eu besoin ou l’envie de boire de toute façon. Si elle est complètement ailleurs, comme sur un nuage, c’est uniquement à cause d’une bonne nouvelle. Une excellente nouvelle même qui fait fleurir un sourire béat sur le visage, surplombé d’un sentiment de légèreté qui lui adoucit les épaules. Cette sensation incroyable d’une tension qui a duré et traîné sur plusieurs jours et semaines qui s’évapore enfin, ne laissant place qu’à la béatitude la plus totale et la plus pure. Ses yeux piquent parce qu’elle a dû pleurer - de joie, de bonheur, de surprise. Sa gorge est enrouée, sa voix est cassée - elle a crié quand elle a reçu le coup de téléphone et qu’elle a décrété que de faire du karaoké est une idée bien plus attrayante pour exprimer son allégresse. Ses membres tirent et ses pieds lui font mal, signe qu’elle a sûrement trop dansé, mais elle n’en a rien à faire alors que la brunette appuie joyeusement sur l’accélérateur après avoir déposé sagement Heather chez elle. Il est sûrement tard dans la soirée, ou tôt dans la matinée, mais Lizzie n’a aucun scrupule à se diriger exactement là où son suédois habite. Un brin euphorique, l’australienne fait le trajet de Spring Hill à Fortitude en moins de temps qu’il ne faut pour le dire. Voilà bien longtemps qu’elle n’a pas été heureuse comme ça, au point de presque jeter sa précieuse voiture sur la première place disponible et de se précipiter dans l’immeuble. Il lui faut bien trois essais pour réussir le code d’entrée, tellement que son impatience est grande. Lizzie a un cri de victoire quand la porte s’ouvre - une autre réussite ! - avant de se décider à gravir l’escalier parce que l’ascenseur est beaucoup trop long.

Elle a étrangement de l’énergie à revendre et l’impression de pouvoir faire l'aller et de retour au pas de course sur la Muraille de Chine lui paraît à sa portée. Une fois arrivée devant la porte de chez Wren, Lizzie frappe. Et elle sonne. Et elle frappe de nouveau tout en sonnant. « Wren, Wren, Wren. » Comme la légende de Bloody Mary, elle espère qu’il va apparaitre en l’appelant trois fois d’affilés. Seulement, lui, il ne va pas l’effrayer. Non, elle est même plus qu’impatiente de le voir parce qu’elle lui en a parlé, elle lui a dit l’heure exacte où elle passait, il a su à la seconde près quand ce fut son tour. Il a été d’une patience inouïe à supporter ses textes qu’elle récitait docilement (sans que lui le soit vraiment « sois sérieux, Wren, c’est pas un récital d’école ») et surtout les « tu crois vraiment que je vais pouvoir y arriver ? » et autres « c’est foutu, je suis foutue de toute façon, je ne sais même pas pourquoi j’y vais, il va y avoir d’autres plus douées, plus jolies aussi forcément, j’ai aucune chance ». Sûrement que Lizzie a traîné dans son appartement plus que nécessaire ces derniers temps, peut-être un peu trop et l’excuse de s’occuper de Croustibat ne fonctionnait plus puisque son maître est de retour. Et cela tenait encore moins quand la route quand elle avait décidé de le trainer au parc, au centre, au fleuve, ailleurs. Le distraire et veiller sur lui, plus ou moins avec discrétion. Juste être avec lui, aussi, le plus important, l’essentiel.
L’heure fatidique est passée, le résultat est tombé et la brunette est fébrile, dans une vraie petite bulle d’excitation et elle a besoin de la partager avec lui. Wren a été là, il l’a supporté (dans tous les sens du terme) et honnêtement, Lizzie n’a pas eu à réfléchir pour se diriger droit chez lui. Comme si c’est naturel et instinctif. D’autres termes, peut-être que la jeune femme s’en serait inquiétée. Mais pas ce soir. Ou cette nuit. Ou ce matin, l’australienne en perd complètement la notion du temps, il n’y a que la porte qui finit par s’ouvrir et l’apparence de son suédois qui apparait qui compte. Elizabeth a un petit cri tout en serrant ses poings et sautillant légèrement sur place. « Je l’ai ! Je l’ai, je l’ai, je l’aaaaaai ! » avant de se jeter à son cou pour une étreinte sauvage, un léger rire traversant ses lèvres et ses bras fermement accrochés autour de sa nuque. Tellement d’entrain qu’elle le fait involontairement reculer de quelques pas mais elle s’en fiche parce que « J’ai le rôle, Wren ! »

C'est le début d'un renouveau et cette fois-ci, Wren fera parti de son univers. Il sera là parce que Lizzie ne le lâche pas, qu'elle est d'une jovialité inédite et que les voisins risquent de rouspéter à entendre autant de bruit à cette heure-ci. « Purée, j'arrive pas à y croire. C'est en partie beaucoup grâce à toi, tu sais. »

Il hésitait, évidemment qu'il hésitait parce qu'il était coincé désormais. Il avait vendu son âme à la Ruche comme le reste de la fratrie, sauf qu'il lui était impossible d'être proche de drogues depuis son sevrage difficilement vécu en compagnie de Gabriel. Depuis, il évitait la dope à tout prix, sachant fort bien qu'il ne pourrait pas le faire éternellement, pas quand on acceptait un deal de cette envergure. Il en avait conscience parce qu'il avait déjà eu bien du mal à se sortir du réseau, le suédois, quand il s'était engagé chez les pompiers. Là, ce serait forcément pire parce que Wren n'avait aucun autre projet et qu'il lui restait quand même un loyer et des factures à payer. Le deal permettait d'avoir de l'argent facile, il le savait mieux que quiconque, et sortir ce soir-là relevait de cette aisance là puisqu'il avait tremblé quand il avait tendu les sachets, mais il n'avait pas plié sous le poids de cette tragique envie qui l'étreignait depuis qu'il avait arrêté. Doherty campait solidement sur ses pieds, rentrant chez lui au beau milieu de la nuit avec une belle liasse de billets dans les poches. A peine avait-il fermé la porte de son appartement qu'il avait retiré son haut et s'était étendu dans son canapé pour se fumer une bonne clope de la victoire. Il n'avait pas spécialement envie de dormir alors il avait erré, jouant avec Croustibat comme un idiot, se perdant dans les tréfonds de son appartement dans ce cache cache improvisé en compagnie de son chat. Il mit d'ailleurs du temps à entendre la sonnette dans ce genre de circonstances, finissant par se diriger vers la porte sans se dire que l'heure était sacrément tardive pour de la visite. Wren ne vivait pas dans le même monde que les autres alors, il était présent quand on avait besoin de lui. Il eut à peine le temps d'ouvrir la porte qu'une petite brune lui sautait dans les bras en exprimant sa joie. Il n'avait pas spécialement besoin d'ouvrir les yeux pour savoir que c'était Lizzie et qu'elle avait réussi son audition avec brio, il le savait avant même qu'elle n'arrive jusque là. Il était fier d'elle, bien sûr, et ses bras vinrent l'entourer naturellement alors qu'il se mettait à sourire comme un gamin. "Evidemment que tu l'as eu! Avec ton talent et ma manière parfaitement autoritaire de te faire répéter, il aurait pas pu te passer sous le nez celui-là." Il la relâcha pour poser ses deux mains sur ses joues, souriant encore, les yeux pétillants face à elle. "Tu l'as mérité, tu le sais. Félicitations et... Je suis fier de toi, plus que jamais." Il lui fit même un clin d'oeil en souriant avant de la relâcher et l'inviter à s'asseoir sur le canapé parce qu'ils allaient forcément fêter cela, non?

Elizabeth eut un rire léger et joyeux quand Wren la réceptionne, parce qu’évidemment qu’il va la réceptionner. Même quand elle débarque en plein milieu d’une heure improbable, il la réceptionne quoiqu’il arrive. Et c’est encore plus magnifique qu’il sourit et ça, pour elle, parce qu’il est content pour elle. Il sait à quel point ça signifie énormément pour Lizzie et ça lui fait chaud au cœur à la jeune femme quand il lui prend les joues dans ses grandes mains - elle n’a jamais eu autant l’impression d’être une gamine qu’à ce moment-là. La brunette se mord la lèvre tout en souriant de plus belle, illuminant ses yeux d’une lueur qu’elle n’a pas rencontré depuis longtemps. Il est fier d’elle et ça lui fait plus plaisir qu’elle ne l’aurait imaginé. « J’espère juste avoir été prise pour les bonnes raisons. » Lizzie se déleste de son sac qu’elle laisse trainer sur la table. « La bonne nouvelle, c’est aussi que celle avec qui je suis censée avoir une relation dans la série, c’est une bonne amie. » Elle espère juste de ne pas avoir eu le rôle à cause des dernières rumeurs qui courent à leur sujet, surtout. Mais en soit, ne pas être devant une inconnue pour jouer des scènes romantiques, ça la rassure un peu. Même si elle espère que ça ne se finira pas en chicanerie inutile. « Même pas elle m’avait prévenu, elle est censée être à Los Angeles pour Disney, en plus ! » Elizabeth ôte ses chaussures pour les faire valser sur le côté, ne prenant comme d’habitude pas soin de tout mettre à sa place. « Mais le principal, c’est que j’ai enfin réussi. » Elle passe ses mains dans ses cheveux tout en posant son regard sur Wren. « Et si t’es fier de moi, j’en suis encore plus ravie. » La brune en est même complètement flattée alors qu’elle continue à le dévisager en ignorant totalement son appel sur le canapé, comme si elle le voit pour la première fois depuis longtemps.

Il est magnifique et un véritable appel que Lizzie ressent de sa poitrine jusqu’au creux de ses reins, l’engouffrant et l’emballant furieusement comme pour lui rappeler à quel point elle est sensible. Sensible à lui, sensible à son regard, sensible à ses lèvres, à ses traits, à sa peau, à tout ce qui fait de lui l’être magnifique aux yeux bruns de la jeune femme. Cette dernière s’approche de lui, le minois mutin et un sourire enjôleur aux lèvres. « Tu resteras pendant tout le long du trajet, dis ? Tu ne vas pas t’évaporer ni me laisser seule ? » Dans un monde qu’au final, voilà bien longtemps qu’elle n’a pas fréquenté d’aussi près. Ses mains jointes derrière son dos pour ne pas les poser là où il ne faut pas - pas tout de suite en tout cas - Lizzie s’arrête juste devant lui, le menton relevé vers son visage avec une expression des plus innocentes placardées sur le sien. « J’ai encore besoin de toi. J’ai toujours besoin de toi, en faites. Il n’y a pas une minute ni une seconde qui s’écoule sans que j’aie envie de te savoir près de moi. T’es un pilier, Wren, t’es essentiel, t’es absolument tout. » Est-ce qu’il entend ce qu’elle lui dit ? Est-ce qu’il comprend le message qu’elle lui transmet ? Est-ce qu’il perçoit cette façon unique de lui dire que la porte est ouverte, pour lui, toujours ? Lizzie a le palpitant qui s’embrase alors qu’elle ne fait rien, les mots la clouant elle-même sur place, malgré cette énergie et cette palpitation exaltantes. C’est sûrement le cocktail de tout ça qui réussit à la pousser vers le seul manque de sa vie, à avoir cette claque dans la figure.
Est-ce que Wren va s’éloigner ou au contraire, encore la réceptionner ? Lizzie ne ressent même pas cette peur, assurée que c’est ce qu’il attend depuis deux mois, qu’elle fasse un pas, un geste, quelque chose vers lui. Et c’est ce qu’elle fait. Avec prudence quand même, en lui tendant une perche pour savoir s’il l’attrapera ou non. Marcher sur la pointe des pieds pour savoir si elle a manqué le coche ou pas.

Il n'était certainement pas l'homme de la situation, lui qui ne connaissait que l'euphorie une fois dans l'année, et encore, la plupart du temps, celle-ci était factice et amenée par des petites pilules en tous genres. Néanmoins, Wren souriait réellement parce qu'il était content pour elle, que sa voie se trouve encore ouverte malgré le concours des années. Lizzie avait une seconde chance et avec sa mère loin d'elle, la petite brune n'avait aucune raison de la rater. Doherty se doutait que retourner dans ce monde n'allait pas être simple: il n'y avait rien de beau dans le show business, rien qu'il pouvait envier vu les ramassis de conneries dont il entendait parler à longueur de journée. L'ancien pompier n'était clairement pas fait pour se trouver sous le feu des projecteurs de son côté, bien trop impulsif et rageur pour que les choses se déroulent idéalement. Ce n'était pas si important à l'heure actuelle, pas quand le bonheur de Potter s'étalait partout sur son visage, qu'elle semblait trépigner sur place maintenant qu'elle lui avait sauté dans les bras et que le suédois se laissait couler au fond du canapé pour écouter le moindre de ses propos. Elle avait des incertitudes, évidemment, mais rien qui ne pouvait entacher sa bonne humeur. En plus de cela, elle n'était pas seule face à ce projet d'envergure et quelque part, cela rassurait Wren plus qu'il n'était en mesure de le montrer. Il se contentait de sourire, de ne rien dire, juste d'apprécier de la voir aussi pétillante, une vision qu'il n'avait pas eu depuis des lustres et qui lui avait atrocement manqué, bien sûr. A ce sujet, il n'avait pas réellement besoin de s'exprimer avec des mots, juste à laisser son regard vagabonder vers la sincérité de ses sentiments alors que Lizzie s'approchait de lui mais sans le suivre dans sa course jusqu'au canapé. A la place, elle le toisa et Wren releva un regard conquis vers elle. "C'est plutôt moi qui devrais te demander ça. Tu vas être une star à nouveau, Lizzie." Et lui, il allait rester ce rien innommable, sans métier réel en dehors de sa vente de substances illégales et bon sang qu'il avait honte, là. Lizzie, elle, ne pouvait pas voir tout cela parce qu'elle se présentait à lui après une résurrection et qu'elle lui assénait cette vérité qui devait tout changer entre eux. Doherty savait qu'elle pensait le moindre mot et son coeur se réchauffait plus que de raison, pour sûr. "Je sais pas si je suis tout, ce serait prétentieux de dire d'accord à ça... Mais j'espère être assez, oui." Il lui fit un clin d'oeil amusé, plus mutin que jamais parce que la bonne humeur de la brune était communicative, même s'il avait passé une journée des plus différentes d'elle. "Tu vas vraiment rester debout, alors?" Il l'attendait. Wren n'avait toujours fait que cela après tout, alors pourquoi changer ses habitudes maintenant?

Elizabeth n’a pas souvenir d’avoir connu une telle plénitude ces derniers mois. Un petit sentiment de fierté, aussi bien de voir Wren la contempler avec ce sourire honnête que d’elle-même, de sa propre personne qui a réussi à relever un défi qui lui semblait bien trop grand, bien trop important. La brune a toujours pensé qu’il faut apprendre à se contenter de chaque réussite, de chaque victoire. Bien sûr, cela n’a pas été exactement son état d’esprit de ces derniers temps, son optimiste ayant été quelque peu chamboulé par des évènements malheureux qui l’ont brusqué dans le mauvais sens. Mais Lizzie ne parvient pas à leur en vouloir, à ces évènements. Elle peut les haïr mais les accepter. Au final, dans la tristesse, dans la douleur, dans la peine, son chemin a toujours retrouvé la même voie, la même trajectoire qu’elle le désire ou non. Droit vers Wren, toujours vers Wren et l’australienne passe une main sur la joue de ce dernier parce qu’il n’a pas à douter, plus jamais. Que ce soit sur son nouveau travail ou bien sur le fait d’être suffisant. Le jeune homme n’a aucune idée de l’ampleur de l’émotion qui envahit Lizzie à cet instant précis, le regard tendre mélangé à son sourire amusé alors qu’il lui demande si elle compte ‘vraiment’ rester debout. « Absolument pas. » Surtout que lui l’est, assis, alors évidemment qu’elle va le suivre. Evidemment qu’Elizabeth va avoir l’audace de le coincer entre ses jambes, bien sûr qu’elle va profiter pour non pas s’asseoir sur le canapé mais sur ses cuisses à lui. A ne pas douter qu’elle va aussi passer sa main de sa joue à ses cheveux tandis que l’autre glisse dans sa main, amenant ses longs doigts près de sa bouche. « Ne doute jamais de ce que tu représentes pour moi, Wren. Je sais que je ne suis pas la meilleure pour étaler mes sentiments parce que je n’ai pas vraiment l’habitude. Je serai prétentieuse pour toi, alors. T’es assez et plus encore. » Ses lippes et sa respiration frôlent les doigts de Wren, qu’elle embrasse du bout des lèvres alors que sa deuxième main quitte ses cheveux pour former un poing protecteur autour de celle du suédois. « Je n’ai plus la frousse. Ou peut-être que je l’ai encore mais je suis prête à l’affronter. J’ai envie d’effacer cette image où tu as pu penser que je me servais de toi. On peut ressentir quelque chose de réel, sans médicament, sans drogue. » Lizzie ne le quitte pas des yeux. Dans d’autres circonstances, elle n’aurait même pas eu un brin du courage qu’elle est en train d’avoir à ce moment précis. Cependant, le moment est bien choisi, le moment est parfait, Wren est la pièce manquante et maîtresse du puzzle qui lui manque de compléter. Ce vide qu’elle ressent toujours au fond d’elle-même se comble alors qu’elle se sent à sa place. Elizabeth continue de jouer avec la main du suédois, la tension palpable, mais une bonne tension elle ose imaginer. Son cœur qui tambourine comme un fou dans sa cage, ses membres qui ne peuvent s’empêcher de trembloter légèrement sous sa sincérité suprême. Et son sourire qui ne quitte pas ses lèvres alors qu’elle les approche doucement de son cou pour un planter un baiser léger. « Je ne peux plus faire comme si je ne ressentais rien. Comme si je ne peux me passer de toi parce que c’est faux. » Un deuxième baiser un peu plus haut. « Je t’ai dans la peau, dans la tête et dans le cœur. Tu l’as toujours été, tu n’es jamais parti et résister ne sert à rien. Surtout à cause de la peur. » Un troisième qui remonte sur sa mâchoire. « Je baisse les défenses parce qu’elles sont inutiles. J’ai cumulé trop d’excuses bidons mais c’est fini maintenant. On a perdu trop de temps déjà à se priver de la plus belle chose du monde par ma faute. » Lizzie se retrouve face à Wren, son visage à quelques millimètres du sien. Ses yeux bruns scrutent le vert clair en face d’elle, dont elle ne se laisse pas de plonger. Ses mains continuent à garder la sienne prisonnière, ses lèvres pouvant presque frôler les siennes si elle se penche un peu. Chose qu’elle ne fait pas, bâtissant cette tension aussi bien dans sa tête que dans son ventre et son cœur. Lizzie tremble pour lui, elle déborde de passion pour lui et pourtant, ce sont les mots les plus calmes et les plus tendres qui sortent de son gosier. « Je veux prendre le risque et tout ce qui va avec parce que je t’aime. Je t’aime plus que les pâtisseries, plus qu’Harry Potter, plus que les chats. Je l’ai toujours fait et sûrement que je continuerai à le faire. » L’honnêteté qui roule sur sa langue la ferait presque défaillir mais elle tient bon. Elizabeth ne s’est jamais autant mise à nue et, même si c’est intense, c’est aussi un poids qui s’ôte de ses épaules. Même si l’attente d’un retour la rend fébrile et nerveuse, se mettant à douter de sa confession spontanée. Mais elle ne fait rien d’autre. Elle étale ses sentiments sur un plateau et c’est à Wren de juger ce qu’il en fait. C’est comme ça que c’est censé se passer, non ? Chacun fait ses décisions, pour le pire comme pour le meilleur.

« Je ne sais aimer que toi comme ça, il n’y a jamais eu personne d’autre pour me rendre aussi dingue. » Lizzie espère quand même pour la deuxième option, serrant sa main dans les siennes contre elle.

Il fallait bien que d'autres rêvent à sa place parce qu'il était désabusé, Wren. Cela n'avait pas toujours été le cas étant donné que les Doherty étaient réputés pour leur manière de revenir sur les devants de la scène lorsqu'on s'y attendait le moins, surtout au moment où ils étaient au plus bas et le grand suédois n'avait pas vraiment été une exception en la matière. Au bord du gouffre ou bien de l'overdose, Wren s'était toujours relevé, encore plus vaillant qu'après la dernière rechute, pensant dur comme fer que ce serait la dernière et pourtant, ce n'était jamais réellement le cas. Il y avait toujours une catastrophe qui l'attendait au prochain virage et il était trop faible pour lutter contre les évidences. Wren n'était pas plus fort qu'un autre, il n'avait jamais vraiment eu de talents particulier en la matière d'ailleurs, jouant de ses charmes plutôt qu'un quelconque don pour s'en sortir dans la vie. Si on pouvait appeler cela s'en sortir ces derniers temps puisqu'il avait plus sombré qu'autre chose. Il voulait croire qu'il allait mieux à partir de maintenant, il n'était plus seul après tout et son entourage n'était jamais bien loin pour lui faire miroiter le septième ciel. Est-ce qu'il y croyait encore réellement, cela dit? On se devait d'en douter vu le regard incrédule qu'il laissa posé sur son visage au moment où Lizzie étalait son discours, se calant sur ses genoux, jouant de tendresses diverses sur ses doigts, dans ses cheveux. Wren, lui, ne bougeait pas d'un millimètre, certainement qu'il avait du mal à y croire, surtout après tout ce qui s'était passé dernièrement. Elle l'avait tant haï, Lizzie, tant repoussé, préférant la drogue à sa grande stature et avec du recul, Doherty ne pouvait qu'approuver cette décision parce qu'il était mauvais, qu'il ne savait pas faire autrement que blesser autrui, qu'être un initiateur du chaos dans les grandes largeurs. Hors de question de lui faire subir cela à nouveau, qu'elle devienne le dommage collatéral qu'il ne pouvait que tuer à ses côtés. Pourquoi continuait-elle à l'aimer, pourtant? Qu'est-ce qui la rendait aussi trépidante de vie à ce moment là quand lui n'avait l'air de rien d'autre qu'être mort? "C'est l'euphorie qui parle, Lizzie." Il déglutit tant bien que mal, n'osant rien dire d'autre que cela, en la regardant, en la chérissant, en ayant aussi mal au coeur, tout cela à la fois, oui, puisque rien n'était clair dans ses neurones endormis par l'héroïne ingérée récemment. "T'as eu un rôle, tu vas retrouver ton monde et sûrement que ça te donne des ailes... Pourquoi tout change d'un coup, pour toi? Après tout ça?" Après la plage, la drogue, les peines, les disputes et les séparations à répétition. "Qu'est-ce qui me fait dire que tu regretteras pas ta décision demain, Lizzie? Je dois me protéger, tu sais, je joue l'invulnérable mais Gaby a raison, je suis plus fragile que je le pense. Je suis plus le même. Plus ce type que t'as aimé et que t'as l'air d'aimer encore comme ne dingue, apparemment. Tu veux vraiment de cette version là?" Lui n'était pas certain de vouloir vivre avec la nouvelle image qu'il rendait mas Wren désirait y croire encore un peu, la toisant de son regard vert d'eau, achevé par tout ce qu'elle lui faisait miroiter, par tout l'amour qu'elle lui donnait et qu'il n'était pas sûr de mériter. "Je t'aime mais j'ai peur." C'était franc, il était sur le qui-vive alors que sa main libre frôlait la joue de Lizzie, le reste de ses mots restant coincés au fond de sa gorge, ses yeux brillants d'une émotion qu'il ne pouvait décemment pas contrôler. A l'image du reste de sa vie d'ailleurs, incontrôlable.

Il y a un univers entier qui sépare celui de Wren de celui que Lizzie. Pourtant, elle s’est retrouvée sur son terrain il y a quelques semaines, pauvre petite chose qui aurait pu tomber sur n’importe qui à ce moment-là. Même si le moment n’a pas été un souvenir qu’elle souhaite garder, elle s’estime heureuse dans un sens d’être tombée sur Wren, et non pas sur une de ces personnes louches que l’on peut croiser parfois, les traits tirés et le rouge des yeux ressortant de façon complètement abrutie. Pour la jolie brune, Wren a arrêté la drogue alors il a forcément arrêté de dealer. Parce qu’elle est inconsciente, innocente de ce monde qu’elle ne connait pas. Qu’elle ne sait pas qu’on ne part pas d’un trafic comme ça, du jour au lendemain. Que quand on donne son âme au diable, ou au moins au service d’autrui, on y est lié jusqu’à ce qu’on reparte les pieds par devant. Même quand ils étaient adolescents, jamais Lizzie ne posait de questions sur ce qu’il trafiquait, Wren s’étant refusé à toute réponse dès qu’elle tâtait le terrain de toute façon. Alors à l’époque, elle n’ignorait pas qu’il la tenait à bout de bras de ce monde-là pour la préserver. Mais aujourd’hui, ses yeux bruns portés sur lui avant une affection indéfectible, Elizabeth ne pense pas une seule minute à tout ça. Elle considère que c’est aussi bien du passé pour elle que pour lui. Alors oui, c’est peut-être l’euphorie qui parle. Mais c’est son cœur qui bat, ses trippes qui vibrent, tous ses sens qui sont en éveil quand il est là. Sa proximité actuelle la rend fébrile, l’appel à la tentation d’arrêter de parler et d’agir est tellement fort. Mais non, Elizabeth a besoin de mettre des mots, elle a envie qu’il les entende, qu’il l’écoute et surtout, effacer les doutes qui visiblement planent dans la tête du suédois.

Ses interrogations sont légitimes. Elle l’a rejeté plusieurs fois et elle se pointe comme une fleur là maintenant tout de suite en décrétant que c’est le bon moment. Celui où elle le laissera lui offrir tout ce qu’il veut, où elle lui donnera tout ce qu’elle peut. Le bon moment qui peut être fourvoyé et aveuglé parce que Lizzie est heureuse, elle est enjouée et qu’il n’a pas l’habitude. Alors forcément, il a des doutes. Sur la sincérité de ses sentiments, sur sa capacité à rester demain. Lizzie remarque à quel point ses rejets à répétition ont causé une marque auprès de son suédois mais bon dieu qu’elle prête à refermer chaque brèche, chaque blessure, chaque fracture qu’elle a pu causer. « Je t'aime mais j'ai peur. » Deux combinaisons de mots qu’elle ne connait que trop bien et cela la fait sourire malgré elle alors que Wren pose sa main sur sa joue. Lizzie penche sa tête contre les doigts du jeune homme alors qu’une de ses propres mains s’en va dans sa nuque. Elle s’approche pour l’embrasser très légèrement, comme si cela peut ôter tout ce qu’elle a pu créer comme craintes auprès de Wren. « Tu crois que j’agis sur un coup de tête ? Je suis terrifiée, Wren. Je ne sais pas comment ça fonctionne. Tout ce que je comprends, c'est ce que je ressens. » Lizzie recule brièvement pour l’observer. « Est-ce que tu peux promettre de ne pas me briser le cœur ? Est-ce que tu peux m’affirmer que je ne risque rien en te le confiant de nouveau ? C’est impossible de prévoir. On a chacun nos torts mais si on n’essaie pas, on ne pourra jamais savoir à quoi ça peut ressembler, toi et moi. Je ne sais pas toi mais j’en ai marre de laisser ma peur me guider et me priver de tout ça. » Tout ça étant sa main remontant tranquillement dans ses cheveux, l’autre faisant un peu plus pression autour de celle de Wren. « Il n’y a pas un monde qui existe sans que j’accepte toutes tes versions. Tu as vu les miennes, elles ne sont pas plus glorieuses. On va apprendre ensemble. » Parce qu’ils tournent autour sans cesse, sans s’arrêter, sans discontinu, et que Lizzie est lasse de repousser tout ça. Elle est fatiguée de lutter, de se laisser voiler la face par des excuses stupides qui ne sont que des barrières pour se protéger. « Je suis peut-être euphorique, mais c’est Lizzie qui parle. Lizzie a juste envie que Wren lui prouve à quel point il l’aime. Et qu’il laisse Lizzie l’aimer en retour. Malgré les incertitudes et l’inconnu. Parce qu’elle, elle ne regrettera pas. Elle est sûre d’elle. » Et elle peut tout avoir. Là maintenant tout de suite, la brune peut avoir exactement tout ce qu’elle a toujours voulu.

Mon cœur a toujours été le tien, prends-en soin, s’il te plait.

Il y avait trop d'histoires là pour que cette prise de décision ne soit pas pleine de doutes et d'appréhensions. Wren lui avait dit, bien sûr, qu'il attendrait patiemment. Il n'avait pas changé d'avis sur la question mais l'arrivée de Lizzie comme un cheveu sur la soupe après des mois à attendre qu'elle se sente à la hauteur de ce qu'ils pouvaient de nouveau construire ensemble apportait forcément son lot d'interrogations. Pourquoi maintenant? Doherty venait de sortir d'un sevrage forcé et il pouvait retomber dedans à tout moment, sans compter qu'il n'avait aucun autre plan de carrière en dehors du deal. Potter, elle, retournait dans le monde de la comédie et là bas, il n'y avait pas de place pour les histoires compliquées avec des civils lambda qui viendraient atteindre à la réputation de leurs stars favoris. Wren était très clairement une épine dans le pied de Lizzie si on y réfléchissait bien: si elle perçait à nouveau, ils trouveraient forcément de quoi creuser l'affaire pour mieux découvrir le passé tortueux du Doherty, sans compter toutes les rumeurs qui circulaient concernant le feu de l'appartement de leur mère dont il était à demi responsable. Qu'est-ce que la brune avait à y gagner au bout du compte? Elle lui en voudrait nécessairement d'être une atteinte à sa carrière parce que c'était son rêve et que le suédois n'avait jamais réellement de place au beau milieu de celui-ci. Il était l'élément perturbateur, celui que la mère Potter avait sûrement détesté parce que sa fille sortait trop, buvait, fumait et apparemment, elle n'avait pas spécialement arrêté après la rupture. Wren n'était pas le bienvenu dans la famille, il en avait conscience et tous ces éléments extérieurs ne pouvaient que l'effrayer, malgré les sentiments ressentis pour Lizzie. C'était la seule véritable certitude de l'affaire, rien n'avait changé en douze années et rien ne comptait changer d'ici un bon petit moment mais tout le reste, oui, tout pouvait les détruire en dehors de cela. Elle l'embrasse pourtant, garde ce contact précieux entre eux et ne sonne pas l'heure de la retraite malgré les mots prononcés. Il avait peur, c'était vrai et il ne savait pas vraiment comment réagir pour que son coeur ne se fasse pas piétiner une fois de trop. L'appel de la drogue n'était jamais fort loin après tout et Doherty se devait d'être prudent en la matière. Il la regardait, il l'écoutait et peut être que là, son coeur s'apaisait, il n'en savait trop rien, il vivait le moment sans réfléchir à rien d'autre. "J'aime bien cette Lizzie sûre d'elle. Elle est belle. Elle est merveilleuse. Elle est... Il y a pas de mots." Il lui souriait avant que sa main quitte sa joue pour venir entourer ses hanches et il fit ce dont il avait besoin constamment ces derniers temps: l'enlacer. Se perdre dans cette étreinte, respirer son odeur et ne plus attendre rien d'autre que ce moment de félicité parce que c'était ce bonheur là qu'il avait toujours voulu, même dans son état le plus fragile des semaines récentes. "Ne pars plus alors. Ne me fuis plus. Jamais." Il respirait dans son cou, ses lèvres osant se poser là, ses mains caressant son dos imperceptiblement pour qu'elle se rapproche un peu plus de lui. C'était lent, c'était amoureux. C'était sûrement la promesse qu'il ferait de son mieux, même si ce ne serait peut être jamais assez pour quelqu'un de la trempe de Lizzie Potter.

Lizzie le recueille contre elle avec plaisir, elle le laisse l'enlacer, souriante éperdument face aux propos du jeune homme. Pour une fois depuis une éternité, elle n'a pas l'envie de s'en aller. Ni de se murer et encore moins de le rejeter. Non, elle l'accepte, aussi bien sa main qui la serre contre elle que ses mots et son baiser dans le cou. C'est d'une tendresse folle, ça lui gonfle le cœur en même temps que les poumons, retrouvant une façon de respirer. Wren lui murmure de ne plus le quitter, de ne plus le fuir. Lizzie glisse sa main dans ses cheveux en le contenant contre elle, reposant sa tête sur la sienne, se serrant toujours plus contre lui. Elle a mal au ventre de penser qu'il peut avoir ce genre de doute à cause d'elle, qu'il émet de telles craintes parce qu'elle l'a fait, plusieurs fois, à répétition et qu'il n'est pas un surhomme. Elle l'a blessé autant qu'elle s'est blessée elle-même. La brune n'a pas fait de bien à leur relation, elle les a tous les deux plantés avec brio et elle fera tout pour que Wren se sente en sécurité auprès d'elle. Autant qu'elle l'est dans ses bras, son torse nu contre son buste, alors qu'elle le tient comme la précieuse des pierres. Et il l'est, bordel, précieux et cassable, son suédois. "Tant que tu voudras de moi, je ne bougerai pas." Lizzie caresse ses cheveux, lui embrasse le sommet du crâne et remonte son visage vers elle. "Tu n'imagines pas à quel point j'ai besoin de toi." Qu'elle a besoin du cocon qu'il lui offre. De ce sentiment de sécurité, de réconfort. La familiarité, aussi, qu'elle ressent près de lui. Un roc sur lequel se poser alors qu'elle va forcément angoisser un moment ou un autre. Mais pas pour l'instant. Elizabeth scrute ses traits, observe son visage avec un amour infini qu'elle ne peut plus contenir, repoussant une mèche de cheveux de son front.

"Tes mots me conviennent très bien." Mais pas autant que ses gestes. Pas autant que cette recherche de la garder près de lui. Pas autant que cette caresse de ses lèvres sur son cou. Et encore moins quand Elizabeth se penche pour l'embrasser réellement, presque timidement. Un goût différent des autres fois. Il n'y a pas de cris, pas de pleurs, pas de mélancolie. Elle ne se cache pas derrière de faux mensonges, il ne se mure pas derrière sa façade glaciale. Ils sont purs, ils sont beaux et leur baiser l'est tout autant. Sa main quitte la sienne pour se plonger contre sa nuque, accentuant un peu plus la pression de ses lipped. Lizzie reste sur sa frontière, elle se contente de torturer délicieusement ses lèvres sans aller plus loin, un léger soupir traversant les siennes. Langoureusement, amoureusement, le retrouver des années après et avoir la sensation d'être exactement là où elle doit être.

Elle allait forcément bouger à un moment parce qu'elle était actrice, et lui, rien du tout en comparaison. Lizzie avait repris espoir, c'était palpable mais qu'en était-il réellement pour Wren? Il n'aurait su le dire, sa tête refusait de lui répondre dernièrement, comme si l'héroïne qui s'y était fait une place de choix durant de longues semaines lui avait volé le reste de ses neurones. C'était sûrement plus ou moins le cas, les séquelles étaient présentes avec les pertes de mémoire, les tremblements inopinés, les sautes d'humeur, le tout sans que Doherty ne puisse y comprendre grand chose. Il s'était affaibli, inexorablement, à cause d'un surplus de fierté ou de conneries, voire les deux à la fin. A trop vouloir subsister à tout prix, il en avait oublié de vivre et maintenant, tout semblait si flou concernant son avenir. Potter, elle, était sur le droit chemin. Elle avait canalisé sa consommation de petite pilules, s'était reprise à passer des auditions et à les obtenir apparemment. Wren ne pouvait pas en dire autant, c'était certain, et il ne savait pas vraiment quoi dire en retour parce qu'il n'y avait pas de réponses parfaites. Rien que son cerveau puisse transmettre de manière correcte. Alors, il ne dit rien du tout, c'était sûrement mieux ainsi, laisser Lizzie gérer l'intensité des discours, lui la regardant en attendant d'avoir toutes les cartes en main pour faire un pas en avant. Ce n'était pas si évident qu'il l'aurait cru de prime abord, c'était comme si quelque chose de profond s'était brisé en lui parce qu'il avait toujours été impulsif, Wren, à sauter sur les occasions qu'on lui tendait et c'était aussi ce qui les avait blessés la dernière fois qu'ils avaient été si proches. Non, il ne voulait pas vivre une deuxième fois un tel spectacle, se sentir marteler de l'intérieur et ne plus pouvoir respirer correctement durant des semaines, il n'avait pas spécialement la force pour en réalité. "Je sais pas pourquoi, Lizzie... J'ai pas grand chose à te donner, tu sais." Encore moins qu'avant si c'était possible parce qu'il avait rendu sa vie misérable, le suédois, en jouant à l'idiot, la rendant accro pour finir par la jeter comme une vieille chaussette pour un délire protecteur qui n'avait marché en rien. Il l'enlaçait néanmoins, y croyait quand son coeur tremblait, sentant le regard de Potter venir chercher le sien et ses lèvres, finalement. Il se laisse porter par le flot de ce doux baiser, lui-même ne cherchant pas à le rendre plus fougueux parce qu'il était question d'amour avant tout, pas forcément de manque. Juste de cela, d'eux deux, qui naviguaient sur un nouvel océan, sans être trop certain de la personne à la barre. Wren n'y pensait plus, posant sa main sur la joue de Lizzie pour approfondir le baiser, tout en tendresse, juste avant de reprendre sa respiration, un sourire aux lèvres. "On peut y aller doucement peut être, je sais pas." Non, il n'en savait rien, il ne voulait juste pas que l'un d'eux termine blessés et c'était une peur qui persisterait tant que Wren n'aurait pas retrouvé son flegme d'antan. Tant que l'héroïne ne serait pas plus qu'un lointain souvenir et pas une épée de Damoclès prête à tomber sur son crâne à tout moment.

Wren doute encore, il se descend encore plus bas que terre, pensant si petit de lui-même, de ce qu’il peut lui apporter à elle. Lizzie coupe court à ça en l’embrassant, le distrayant de ses pensées négatives de la plus jolie des façons, bien décidée à ne pas le laisser patauger dans son obscurité dans laquelle il se prélasse bien trop souvent. S’il faut qu’elle soit sa lumière, alors elle le sera. Elle a dit qu’elle sera là, qu’elle ne bougera pas tant qu’il ne rejettera pas. Elle est là pour un moment, Lizzie, foutrement déterminée à ne pas le laisser se sauver. Si lui ne veut pas qu’elle fuit, elle ose espérer qu’il ne fera pas la même chose à la moindre opportunité, à la moindre faiblesse qu’il jugera indigne d’elle ou par pur instinct de protection. Cela fonctionne dans les deux sens et la jolie brune a de la ressource pour le garder entre ses bras, entre ses jambes, sous son regard, son amour à bout de lèvres prêt à découler à chaque instant de chaque minute. Wren ne réalise sûrement pas à quel point elle s’est torturée et languie de ce moment, qu’il ne lui a fallu que du courage pour braver ses craintes, monter en scelle et dire que c’est elle qui décide et pas eux. Lizzie n’a pas besoin d’autrui pour être heureuse, indépendante qu’elle est s’y tient. Mais le suédois se trouve exactement là où il faut pour qu’elle se sente encore plus ravie de ne pas avoir cherché à succomber à autre chose. L’optimiste en elle se dit qu’il y a effectivement le soleil qui pointe enfin le bout de ses rayons, comme le lui a promis tant de fois sa thérapeute. Le sourire de Wren la fait sourire à l’unisson et elle caresse la pointe de ses cheveux, ses lèvres embrassant sa joue et la commissure de sa bouche charnue alors qu’il suggère d’aller doucement. Il ne sait pas, et elle non plus. Les relations, elle n’en a jamais connu. Les situations romantiques, encore moins. Il n’y a pas de manuel pour ça. « On peut aller doucement maintenant… Ou plus tard. » Parce qu’elle, la douce petite brune, elle commence déjà à dévaler ses lippes sur sa mâchoire, en-dessous de son oreille. Le pressant contre le canapé alors que sa bouche se faufile dans son cou où elle torture délicieusement sa veine palpitante, sûrement dans l’idée de marquer déjà son empreinte sur lui, la petite fourbe. « Wren… T’es en train de réfléchir. » Lizzie remonte doucement contre ses lèvres pour plonger son regard dans le sien. Elle lève une main pour caresser sa joue tendrement tout en déposant un baiser sur sa lèvre supérieure. « A quoi tu penses ? » Parle-moi, s’il te plait. Si l’australienne se tient contre lui, si elle le désire plus que tout, elle espère que ça sera suffisant pour que Wren ne plonge pas dans le mutisme.

Il aurait aimé dire merde à tout et se laisser emporter par la magie de l'instant, sans plus avoir à réfléchir. C'était même le seul voeu qu'il avait parce que Wren retrouvait enfin le contact délicat de Lizzie contre lui, ses lèvres sur les siennes, son coeur si proche du sien et pourtant, il avait cet ombre qui planait quelque part dans son âme meurtrie. Il savait que le passé était responsable de ce fait là, qu'il n'était pas serein parce qu'il avait laissé trop de fois la situation lui échapper et qu'il l'avait fatalement regretté. Doherty ne voulait pas souffrir à nouveau, encore moins la faire souffrir, elle, en lui faisant miroiter des mensonges parce qu'il n'était même plus l'homme stable qui s'était présenté à elle au moment de leurs retrouvailles. Il n'avait même plus son uniforme de pompier pour faire croire qu'il était en parfait contrôle de son destin, non, il n'avait rien qui laissait présager qu'il pourrait retrouver la route de la paix et de la sérénité. Malgré tout, il restait un Doherty dans le coeur, dans l'âme, dans chaque muscle qui tremblait en sentant l'impatience de Lizzie contre lui. Elle jouait avec lui, l'embrassait, descendait jusqu'à son cou, y laissait une trace qui ne lui déplaisait pas, bien au contraire mais il ne se détachait pas totalement de ses sombres idées. Il savait que c'était bête et il le regrettait déjà au moment où les yeux de Lizzie retrouvèrent les siens, leur visage à quelques centimètres l'un de l'autre seulement. Il ne put que s'échapper de son étreinte parce qu'il avait besoin de respirer, de marcher aussi, s'y autorisant en se relevant du canapé, bien à contre-coeur forcément. "Je peux pas ignorer tout ce qui s'est passé, Lizzie. Je peux pas parce que demain, je peux très bien me barrer pour aller me jeter dans une mare d'héro' et te briser le coeur encore, tu vois. J'ai pas de job, j'ai rien de bien... Et je deale des putains de merdiers pour payer le loyer. Ça entre en contradiction avec ce que tu vas vivre, Lizzie, parce que je vais te dire ce qui va se passer. Tu vas jouer ton rôle à merveille, tu vas retourner sur les devants de la scène et tu pourras pas laisser un ex junkie dealer à ton bras. Alors, tu vas me larguer parce que c'est important de se préserver dans ce monde là, je serai d'accord avec ça évidemment et je sais pas vraiment ce que je vais devenir... Je suis obligé d'y penser, tu comprends?" Il était au moins franc là dessus en ne sachant pas comment tenir le coup, s'arrêtant de bouger pour s'asseoir au coin de la table basse, fatigué mais en vue de l'heure, ce n'était pas franchement une grosse surprise non plus.

Lizzie a beau essayé de le rassurer, cela n’a pas l’air de détendre les traits de Wren. Est-ce que les rôles sont inversés sans qu’elle ne s’en rende compte ? Est-ce que c’est sa punition pour l’avoir fait attendre, pour l’avoir repoussé plus d’une fois derrière ses retranchements ? Est-ce qu’il veut lui faire goûter ce qu’elle lui a fait subir, même si elle en a déjà fait l’amère expérience des années plus tôt ? Elizabeth n’aime pas le voir soucieux, il n’a pas franchement besoin de parler pour qu’elle sente qu’il y a quelque chose qui ne va pas. Non, c’est ridicule, il ne lui aurait pas demandé d’arrêter de le fuir si c’est pour faire la même chose une minute après. Même si techniquement, c’est ce qu’il se passe. Il est là quelques secondes et l’instant d’après, envolé. Wren se détache de sa portée et elle le laisse faire parce que, comment elle pourrait contrer son geste ? Lizzie s’enfonce dans le canapé en se retournant pour ne pas le quitter cependant du regard. La brune l’observe faire moins de cent pas dans son salon alors qu’elle ramène une jambe pliée contre elle, posant son menton sur son genou. Et tout ce qu’il lui sort, ça la pique, ça la plante, ne s’étant pas attendu à ce qu’il étudie la question avec autant de profondeur. Même elle ne l’a pas fait, parce qu’il n’y a pas lieu d’être. Lizzie considère son monde professionnel différent de sa vie privée et elle fronce des sourcils en essayant d’assimiler ce que Wren lui raconte. Et pour lui en raconter, il lui déblatère. Elle comprend qu’il deale toujours, elle avale qu’il peut à tout instant chavirer, fragile de cœur et fragile d’esprit. L’avenir, le futur, toutes ces choses dont Lizzie ne veut pas y penser, elle. La preuve est qu’elle est venue sans seconde pensée chez lui. Quand est-ce qu’il a pensé à tout ça ? Lizzie est abasourdie alors qu’elle le regarde finir par s’asseoir sur sa table basse à l’autre bout d’elle qui est toujours avachie dans les profondeurs du canapé, sa jambe pliée contre elle. Elle n’attend pas très longtemps pour glisser de l’autre côté du canapé, face à Wren, se penchant vers lui tout en glissant une main dans la sienne. « Non, t’as pas à y penser.  Okay, t’as eu des moments pas très glorieux. Moi non plus. On peut retomber l’un comme l’autre à tout instant. Mais ça me briserait plus le cœur si tu ne me laisses pas être là pour toi, comme moi j’ai envie que tu sois là pour moi. On est des petits morceaux cassés mais on peut se recoller, j’en suis persuadée. » Lizzie cherche ses yeux, ce regard vert qui fut bien plus lumineux ces derniers temps qu’à ce moment-là et qui échappe quelque peu à sa vision. « Ne vois pas déjà le pire, Wren. On s’en fiche de ce que le monde peut penser. » La jeune femme penche la tête, ses doigts se serrant autour des siens. « T’as ça de bien, elle pose son autre main sur son cœur, alors écoute-le. On a tout le temps du monde pour savoir ce que tu peux faire. Je te l’ai déjà dit, tu n’es pas une cause perdue, Wren Doherty. Je refuse que t’utilises l’excuse de ma carrière pour essayer encore de me protéger. De nous préserver. Est-ce qu’on peut aussi penser que c’est la meilleure chose qui nous soit arrivé, nous ? Tu m’as dit que tu m’attendais, Wren. Alors ne sois pas celui qui fuit, cette fois-ci. » Parce que franchement, Lizzie ne se remettrait certainement pas de ça, qu’importe la portée de son futur rôle.

Son cerveau lui jouait des tours, il n'aurait pas dû en être étonné, c'était un fait constant ces derniers temps. Depuis qu'il était retombé dans le cercle de la drogue, ses instants de sobriété le rendaient fou et il savait que c'était également ce qui le poussait à tout foutre en l'air pour s'empêcher de penser à quoique ce fut. En soit, Wren sombrait, peu à peu, malgré le sevrage, malgré les gens autour de lui qui tâchaient de le tenir à flot. Cette démarche était bien sympathique, à n'en pas douter mais on arrivait vite à en oublier que la vie était plus complexe qu'il n'y paraissait. Doherty avait conscience de cela à ce moment là, de tout ce qui le séparait de Lizzie et qui représentait un risque majeur pour son faible coeur. La jeune femme ne se rendait certainement pas compte de tout ce qui allait changer à partir de maintenant: s'ils avaient vécu leur relation passée après que Lizzie se fut échappée du show business, ils s'apprêtaient à en recommencer une nouvelle sous le feu des projecteurs et c'était là que tout se jouait, le suédois en avait conscience. Son complexe d'infériorité revenait vite au galop dans ce genre de circonstances puisque la vie de Potter allait être dix fois plus belle et dix fois plus regardante sur ses fréquentations aussi. Elle avait beau dire qu'aujourd'hui, elle s'en fichait pas mal de ce qui adviendrait et qu'ils verraient bien comment ils géreraient l'affaire, Wren, lui, ne pouvait pas détacher totalement ses pensées de l'avenir parce que c'était ce qu'il n'avait jamais fait jusque là et qui avait créé le chaos dans toutes ses relations. L'instant présent était certes agréables mais il y avait également des conséquences à chaque pulsion, aussi forte fut-elle. "C'est pas comme ça que ça devrait être, on devrait pas espérer de se réparer mutuellement." Ils devraient être plus que cela, bien plus que des agneaux meurtris, autant par le monde que par leur comparse d'ailleurs. "Je fuis pas. Je t'expose ce que j'ai là justement." Il posa sa main par dessus la sienne, déjà sur son coeur parce que c'était quelque chose qu'il ne faisait jamais avant, s'exprimer de la sorte, s'oser à la vulnérabilité dans les moments où il n'avait qu'à sauter le pas et arrêter de réfléchir. "Je te le dis maintenant pour pas que tu penses que, si à un moment ça dérape, c'est parce que je te l'ai caché. Au moins, tu le sais. Tu sais que j'ai honte d'avoir tout gâché, de ne plus avoir vraiment de quoi rebondir maintenant que je suis plus pompier, de ne pas être à la hauteur de ton talent parce que tu vas briller, Lizzie et moi, je vais rester dans le noir, il faut que t'en aies conscience." Si elle ouvrait les yeux à ce sujet, Wren ne dirait rien. Il n'aurait de toute manière plus la force de quoique ce fut, ses yeux verts d'eau perdus dans le vague, son coeur à la dérive et sa vie en suspens.

C’est quelque chose qui dépasse totalement Lizzie. Si elle s’attendait à une réaction, ça n’aurait certainement pas été celle-là. Elle n’aurait pas songé une seule seconde que Wren aurait déjà réfléchi, pensé, énuméré et fait une liste de tout ce qui pourrait aller mal pour eux, un défilement de points négatifs qu’il écrit et qu’il check à chaque instant, comme pour se prouver à lui-même qu’il n’en vaut pas la peine. Il est vrai qu’elle lui a peut-être donné trop d’occasions et de raisons de se renfermer dans sa coquille. A force d’avoir tiré sur la corde, voilà le résultat. Est-ce que Wren songe à tout cela depuis un moment ? Il ne peut pas forcément avoir pensé à tout ça juste là, maintenant, tout de suite. C’est une réflexion sur le long terme et Lizzie s’en veut encore plus de lui avoir laissé trop de temps pour douter sans jamais lui en parler. Wren n’est pas des plus grands bavards et pourtant, elle aimerait - elle espère - qu’il lui parlera à elle. Elle aurait aimé qu’ils aient cette conversation plus tôt, peut-être plus légèrement, et ne pas avoir le visage grave du suédois en face d’elle à ce moment-là. Il n’est plus pompier et alors ? Il trouvera autre chose. Oui, Elizabeth n’est pas franchement ravie, et encore moins rassurée, de savoir qu’il continue à dealer. L’image de Wren trainant encore dans ses foutues ruelles la bute totalement mais elle a envie d’avoir l’optimisme qu’il s’en sortira, qu’ils trouveront un moyen et que surtout, il finira par trouver sa voie.
« T’as rien gâché du tout. Aux dernières nouvelles, c’est moi qui ai plus foutu le bazar entre nous qu’autre chose. » La brunette lâche un léger soupir avant de se lever. Elle hésite deux secondes avant d’aller dans la cuisine pour boire un verre d’eau - parce que malgré tout, son palais est sec et sa gorge toujours enrouée d’avoir chanté - ou hurlé, selon les points de vue. Lizzie revient dans le salon son verre aux lèvres, le buvant entièrement avant de le laisser poser sur la table et d’aller se coincer devant Wren, levant son visage vers elle de ses deux mains. « J’aurai aucune honte à t’avoir à mes côtés, tu m’entends ? Aucune. On va réussir à gérer ça, on peut faire en sorte que ça fonctionne, il faut juste y mettre du cœur et de la bonne volonté. Et un brin d’optimisme, aussi. » Une main contre sa mâchoire, l’autre sur son front à balayer les mèches de cheveux. Chercher quelque chose dans ses yeux verts, montrer ce que les siens veulent émettre comme message, laisser le gonflement de son coeur envahir chaque pore et lui prouver qu'elle est ici et qu'elle ne tournera pas les talons. Ni demain ni plus tard. « Tu ne peux pas me dire que tu veux être avec moi depuis des semaines et quand ça arrive, te renfermer comme une huitre parce que t’as la frousse et que tu te considères comme moins que rien. Tu comptes pour moi, est-ce que c’est pas censé être suffisant, ça ? » Pourtant Wren a peut-être la réaction la plus posée et la plus mature à ce moment-là. Mais transportée par l’amour qui découle de partout sur son visage, Lizzie n’en a rien à faire. Elle l'aime, elle veut en vivre, en respirer, vibrer au rythme de lui. De Wren, de son suédois torturé sur lequel elle dépose un nouveau baiser léger sur ses lèvres, une détermination sans faille à le convaincre qu'il a juste à s'abandonner dans ses bras. « N'essaie pas de me faire partir. T'y arriveras pas. Tu crois que je me sens à la hauteur? Tu ne réalises même pas à quel point ta capacité à aimer est absolument immense. Laisse toi aller, Wren. Sois courageux pour moi. C'est à ton tour de fermer ton esprit. » Elle a un fin sourire en repensant à leur toute première nuit ensemble, où il lui avait martelé ces mots parce qu'elle réfléchissait trop. Ses doigts glissent sur ses épaules alors qu'elle repose ses lèvres sur les siennes, avec un peu plus d'instance. T'es le meilleur de mes mondes, Wren, enveloppe moi et emporte moi ailleurs.