RAELYN & CLYDE

May the odds be ever in your favor

@Clyde Wakefield

« Même en redescendant je suis pas sûr d’en toucher un. » Bon au moins on est d’accord lui et moi mais cela ne nous dit pas comment nous allons nous sortir de cette mauvaise passe - le mot est faible. La seule solution serait que les carrières se lassent ou qu’il soient pris en charge par quelque chose de plus dangereux que nous : et je ne sais pas si c’est réellement souhaitable ou envisageable pour ça nous, comme solution. « On peut tenir un moment. Faut espérer qu’ils se lassent. » Je hoche la tête. « Ou qu’une meilleure proie que nous pointe le bout de son nez. » Mais ça ce serait un miracle et, de toute façon, si j’étais à la place des autres tributs, je nous laisserais nous entretuer plutôt que de tenter quoi que ce soit. « Si on est en sécurité ici, je pense que ça vaut le coup d’attendre et voir ce que ça donne. » « Ouais, tant qu’on peut attendre je suis d’accord avec toi. » Autrement dit, tant qu’on a encore à boire et à manger.

« Il faudrait s’attacher pour ne pas prendre le risque de tomber. » Si on s’endort, ou qu’on est surpris pas une créature labmda. « La corde est longue, tu m’en coupe une portion ou tu préfère prendre le risque de me voir m’écraser en bas ? » Il l’a dit, c’est son sac à dos. Son choix. Mais faudra pas qu’il se plaigne si je me fait attaquer par des guêpes géantes ou si je tombe de fatigue et que je m’écrase vingt mètres plus bas. Cela dit, peut-être que ça l’arrangerait, j’écraserais bien un ou deux carrière dans ma chute. « Peut-être qu’ils se sépareront, ou qu'ils iront chercher du matériel pour grimper. S’il en reste que deux on aura plus de chances de les avoir. » Peut-être. Le souci c’est que nous sommes haut, et que le temps de descendre ils auront tout le temps de nous voir venir. « De ton côté y’a beaucoup d’arbres ? Des branches communicantes ? » Quelque chose qui nous permettrait de nous déplacer par les airs.

“Ou qu’une meilleure proie que nous pointe le bout de son nez.” Qu’importe qui la prononce, l’idée est la même et ils n’ont pour une fois pas besoin de se convaincre mutuellement - si tant est qu’ils aient réellement d’autres options viables, coincés plus de dix mètres au-dessus du sol. Si la hauteur n’effraie pas Clyde, ce que les créateurs de l’arène ont pu y cacher le fait douter de l’idée, même si elle semble jusque-là leur avoir sauvé la vie, et continuera de le faire tant qu’ils auront de quoi subsister. En d’autres circonstances, le brun serait tenté de croire que l’espoir fait vivre, mais pas ici, et encore moins alors que les autres tributs sont tombés comme des mouches et qu’il n’en reste plus tant que ça, en comptant le joyeux groupe de six qu’ils forment tous actuellement autour de ces arbres. Pourtant, Clyde ne dit rien - Raelyn n’est pas idiote, et il en presque certain maintenant, alors elle aura aussi vite fait de faire un plus un et de comprendre qu’ils ont peu de chance de perdre soudainement l’intérêt des carrières. “Ouais, tant qu’on peut attendre je suis d’accord avec toi.” Cela dit, tant qu’elle ne le force pas à tenter quoi que ce soit, il s’en contente, et hoche donc la tête aux idées successives de la blonde.

“Il faudrait s’attacher pour ne pas prendre le risque de tomber. La corde est longue, tu m’en coupe une portion ou tu préfères prendre le risque de me voir m’écraser en bas ?” L’idée lui a traversé l’esprit, mais il en est encore au stade où il espère vainement qu’ils n’auront pas à rester là coincés des heures - et pourtant, si, alors il se saisit de son sac en lui offrant un sourire narquois qui veut tout dire, et qu’il ne peut pourtant pas encore prononcer devant les caméras : oui, je préférerais te voir t’écraser en bas pour ne pas avoir à m’occuper de toi moi-même, mais tu espères sans doute la même chose. “Quand même pas, ça serait pas beau à voir.” Et il n’a presque pas menti - la vision serait loin d’être plaisante, il n’en doute pas. Personne n’est réellement dupe, et pourtant, il pousse un râle en découpant un morceau de corde avant de le lui tendre. “Tiens.” Puis à son tour, il s’attelle à la tâche et entoure son buste autour de l’arbre, veillant tout de même à faire un nœud qu’il puisse facilement défaire, au cas-où. “De ton côté y’a beaucoup d’arbres ? Des branches communicantes?” Il relève la tête vers la brune avec une expression étonnée sur les traits, puis passe ses yeux sur les branches environnantes. “Ça m'a pas l’air très solide mais ça se tente.” Pour elle, plus facilement que pour lui, sans aucun doute. “Tu veux te déplacer par là?” L’idée se tient, si tant est qu’ils ne finissent pas vingt mètres plus bas trois secondes plus tard. “Ils risquent d’entendre, il vaudrait mieux attendre qu’il y ait un autre bruit.” Une distraction, quelque chose, qui ne viendra peut-être jamais, pourtant.

@Raelyn Blackwell

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@Clyde Wakefield

« Quand même pas, ça serait pas beau à voir. » Oui et pour l'instant, je n’ai pas encore appris à voler. Alors s’il veut s’épargner la soupe d’organes au pied de l’arbre, il vaut mieux pour lui qu’il cède un morceau de sa corde : ce n’est pas comme si je lui demandais de me confier sa hache. De toute façon, refuser alors que nous sommes certainement filmés n’est pas du tout à son intérêt, et je compte bien là dessus. « Tiens. » Je me penche au maximum pour réussir à contourner l’épais tronc de l’arbre et, lorsque je dois lâcher d’une main l’écorce pour attraper l’écorce, je me retrouve pratiquement dans le vide et j’ai un haut le cœur. Mes doigts se referment sur la corde et, le cœur battant la chamade, je m’attrape rapidement à l’arbre. « Merci. » Je sais que je t’ai piégé et pas tellement laissé le choix, mais merci. Quand décidera-t-il qu’il a plus à gagner à se débarrasser de moi qu’à faire plaisir aux spectateurs ? Je l’ignore mais je me fais la promesse que je saurai estimer avant lui quand il sera temps de se planter un couteau dans le dos.

J’observe autour de nous et je me demande si nous pourrons fuir si d’aventure les carrières décidaient de camper. « Ça m'a pas l’air très solide mais ça se tente. » Je l’observe et je sais qu’il pense comme moi. Pour moi, c’est moins dangereux que pour lui. Il est loin d’être pataud, mais sa corpulence l’empêche d’être aussi agile que je peux l’être. « Tu veux te déplacer par là ? Ils risquent d’entendre, il vaudrait mieux attendre qu’il y ait un autre bruit. » « Seulement s’ils nous laissent pas le choix. Peut-être quand il fera n- » Je m’arrête. Quand il fera nuit. Sauf qu’il ne fera jamais nuit, j’ai failli l’oublier. « Quand ils dormiront. » Il organiseront certainement des tours de garde cela dit. « Si on a pas le choix quoi. J’ai pas encore réfléchi aux détails. » Mais c’est bon de savoir que, moi en tout cas, je peux suivre. Si je m’échappais et qu’il restait coincé là, les carrières ne décideraient-ils pas de le surveiller lui après tout ? Il représente certainement à leurs yeux un bien plus gros risque que moi.

Ce n’est qu’une fois la corde fermement attachée autour de sa taille que Clyde prend la peine de relever les yeux, suivant le regard de Raelyn qui lui intime d’observer les possibles issues de secours. Au cas-où ils ne puissent pas descendre par en bas, ce qui semble être clairement impossible si l’instant. Les carrières sont quatre, ils n’auront aucun mal à relayer pour dormir, aller chercher de quoi manger à la corne, ou même se lancer derrière les tributs restants pour ne pas perdre de temps. La possibilité qu’ils baissent la garde durant quelques instants seulement, leur permettant ainsi de filer, est si faible qu’il faut d’ores et déjà imaginer un plan de secours.

Si le sac à dos contient encore suffisamment de nourriture, ils sont deux et les stocks s’épuiseront rapidement si Clyde doit les partager. L’idée lui déplait profondément, maintenant que sa survie est en jeu, et pourtant le moment n’est peut-être pas le meilleur pour briser une alliance - alors qu’ils se trouvent littéralement à deux mètres l’un de l’autre. L’idée lui traverse pourtant pour l’esprit, notamment maintenant qu’il voit clairement Raelyn être capable de passer d’une branche à l’autre, alors qu’il craint que cela passe moins facilement pour lui. “Seulement s’ils nous laissent pas le choix. Peut-être quand il fera n-” Ils ne leur laisseront pas le choix, et il ne fera jamais nuit, que le brun se rappelle douloureusement lorsque la blonde se corrige d’elle-même. “Quand ils dormiront.” “S’ils sont suffisamment crevés pour tous s’endormir, mais j’y crois pas trop.” Il ne croit plus à grand chose, à part sa propre survie, mais la tournure que la situation prend remet en cause cette perspective même. “Si on a pas le choix quoi. J’ai pas encore réfléchi aux détails.” Dommage, parce que lui est momentanément à court d'idées. “Mais il faut déjà prévoir quand même, t’as raison.” Les mots lui écorchent presque la gorge, et pourtant il s’agit bien de la vérité, car ils ont tout intérêt à prévoir avant de se retrouver au pied du mur. “On en profite pour se reposer et on avise dans quelques heures?” Alors même que les mots franchissent la barrière de ses lèvres, ses yeux papillonnent alors que l’adrénaline redescend, enfin.

Lorsque Clyde ouvre les yeux à nouveau, un bruit sourd se fait entendre et le sort instantanément de sa torpeur à laquelle il s’est laissé aller, sans savoir réellement combien de temps. Il baisse la tête, pour voir que les carrières s’agitent en bas, tandis que les racines des arbres environnants se mettent à se mouvoir, recouvrant vite le sol avant de commencer à grimper sur les troncs environnants. Sur les leurs. Et merde.

@Raelyn Blackwell

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@Clyde Wakefield

« S’ils sont suffisamment crevés pour tous s’endormir, mais j’y crois pas trop. » Je n’y crois pas non plus, mais est-ce qu’il m’entend être pessimiste ? Quand il s’agit de garder la tête sur les épaules, j’entends qu’il peut être parfois nécessaire de pointer l’évidence du doigt. Mais dans le cas présent, nous savons tous les deux que nous sommes faits comme des rats à moins d’un miracle, alors a-t-il réellement besoin de rappeler que nous sommes fichus ? « Mais il faut déjà prévoir quand même, t’as raison. » Concentrée à enrouler mon bout de corde autour du tronc d’arbre, je réponds à peine. Ce n’est pas important de savoir qui a raison - je ne pensais pas dire ça un jour - ce qui importe, c’est de parvenir à trouver une solution et, au pied du mur, je dois bien admettre que je me fiche bien qu’il vienne de lui ou de moi ce miracle, tant qu’il vient. Il peut-être le résultat de l’opération du saint esprit que je l’acceuillerais avec le même soulagement. « On en profite pour se reposer et on avise dans quelques heures ? » « Oui, de toute façon pour l’instant y’a rien de plus à faire. On est trop hauts pour qu’il nous visent et ils sont trop inexpérimentés pour nous rejoindre. Je pense pas qu’on ait besoin de monter la garde. » Appuyée contre le tronc de l'arbre, je teste la résistance de mon attache avant de laisser ma tête basculer en arrière. Les yeux tournés vers le ciel, je prie pour que les sponsors soient cléments avec nous. Mais en même temps, que pourraient-ils nous offrir d’utile ? A part une paire d’ailes, j’ai du mal à voir ce qui pourrait nous aider. Et dans ce cas, je serais prête à égorger Clyde pour la garder pour moi. C’est la pensée que j’emporte avec moi lorsque mes yeux se ferment.

J’ai l’impression d’avoir somnolé quelques minutes à peine - mais c’est dur à dire - lorsqu’un bruit de canon me réveille en sursaut. Je baisse les yeux vers les carrières et mon sang se glace. Les racines des arbres semblent être sorties du sol pour attaquer les quatres jeunes. La fille du un me semble être réduite à l’état de poupée de chiffon et je devine qu’il était pour elle le coup de canon. A présent, plus question de mettre un pied à terre. Sans consulter Clyde, je me doute qu’il doit être occupé à la même chose que moi, j’entreprends de défaire le nœud de ma corde. « Putain elles grimpent le long de l’arbre. » En bas, ils hurlent et tente de s’échapper en donnant des coup de lance et d’épée dans les racines. « Il faut quitter la forêt ! »

Tributs restants:

“Oui, de toute façon pour l’instant y’a rien de plus à faire. On est trop hauts pour qu’il nous visent et ils sont trop inexpérimentés pour nous rejoindre. Je pense pas qu’on ait besoin de monter la garde.” Le brun hoche la tête comme si le sommeil l’emportait déjà alors que l’adrénaline redescend brusquement - à se demander s’il aurait été capable de monter la garde si cela avait vraiment été nécessaire. Et pourtant, lorsqu’il se réveille en sursaut, il regrette vivement qu’aucun d’eux n’ait pu observer plus tôt les racines des arbres qui sont en train de s’attaquer aux carrières et commencent déjà à grimper le long des troncs sur lesquels ils ont trouvé refuge. Un coup de canon retentit sans même que Clyde prenne le temps de remarquer lequel des tributs y a succombé - car à tous les coups, il s’agit bien de l’un d’eux en bas - tandis qu’il s’empresse de défaire la corde qui le retient accroché. L’idée était bonne et elle lui a permis de grappiller un sommeil salvateur, aussi court qu’il ait pu être, mais elle lui fait désormais perdre des secondes précieuses qu’il n’a peut-être pas. “Putain elles grimpent le long de l’arbre.” Si la panique ne l’envahissait pas si brutalement, il pourrait presque prendre le temps de lui hurler qu’il sait et qu’il n’est pas aveugle, mais le cri de Raelyn ne fait que le motiver à se libérer plus rapidement, ce qu’il parvient enfin à faire. “Il faut quitter la forêt!” Pas par le bas, pas par le haut - du moins pas pour lui - ce qui rend les options instantanément beaucoup plus limitées. “Ces branches sont pas assez solides pour moi, je descends!” Car si la blonde peut se permettre de tenter l’escalade sur les morceaux de bois aussi fins que celui de sa hache, lui sait par avance qu’il court à sa perte s’il essaie. L’avantage, c’est que les carrières semblent bien assez occupés à se battre avec les racines meurtrières pour lui prêter attention alors qu’il franchit la lisière des arbres et commence à prendre appui sur des branches bien plus imposantes. L’idée est risquée et les racines se rapprochent dangereusement, mais le choix est fait - il pose un pied puis l’autre sur la première branche, et s'agrippe tant bien que mal aux suivantes, passant d’un arbre à un autre sans s’arrêter. A cet instant-là, il ne prête plus attention à rien d’autre que sa fuite, pas même à sa co-tribut.

@Raelyn Blackwell

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@Clyde Wakefield

Je sais que c’est là que notre duo risque d’être mis à rude épreuve. Face à l’obstacle qui se dresse devant nous ou plutôt qui sort du sol pour grimper le long des troncs d’arbre, notre stratégie ne peut être la même puisque chacun pensera en fonction de ses forces et ses faiblesses : Clyde ne peut envisager de se déplacer dans les arbres, il est trop lourd, pas assez agile et il prendrait le risque de s’écraser plus de vingt mètres plus bas et de se rompre le cou quand, de mon côté, je ne peux prendre le risque de descendre. Je ne suis pas armée d’une hache et je ne pèse pas lourd au corps à corps : les racines me broyeraient comme elles ont broyé la fille du un. J’entends encore le craquement sinistre de ses os il et me donne froid dans le dos. « Ces branches sont pas assez solides pour moi, je descends ! » Je n’ai pas le temps de croiser son regard qu’il s’est déjà élancé, et il a raison. A partir de maintenant nous devons penser à notre propre survie, plus à un pacte qui n’a jamais été officiel. Avant de m’élancer, je le regarde toucher terre et donner un premier coup de hache dans une racine avant de me ressaisir. « Bonne chance Clyde ! » Puisque c’est là que nos chemins se séparent et que si je dois trouver la mort dans cette arène, je préfère que ce soit lui le vainqueur que quelqu’un d’autre. Peut-être nous retrouverons nous plus tard, peut-être pas mais pour l’instant je ne dois pas y penser. J’attache la corde à ma ceinture pour ne pas la perdre, j’y range également mon poignet et je me redresse, en sueur et concentrée, avant de traverser la branche pour rejoindre l'arbre suivant. Ces années passées à ne presque jamais toucher le sol me sont salutaires : j’atteins sans chuter la lisière de la forêt et je descends rapidement, avant de fuir loin des arbres et de leurs racines. Clyde n’est pas visible et je suppose qu’il est sorti dans une autre direction, comme il a pu.

Tant pis, il ne m’a pas semblé entendre de second son de canon et s’il est sorti vivant de la forêt, il a certainement pris la décision de fuir et j’en viens à la même conclusion : je ne peux pas laisser les carrières me rattraper. Je n’ai plus de gourde, plus de nourriture, alors je fais le seul choix logique, je retrouve le cours d’eau que nous avons trouvé la veille et je le remonte. Je ne tombe d’épuisement que bien des heures plus tard, après avoir attendu l’hymne pour m’assurer de ne pas voir le visage de mon co-tribut dans le ciel.

Tributs restants:

“Bonne chance Clyde!” Le brun n’a même pas fini sa descente qu’il entend la brune hurler à son intention - qu’elle le pense ou pas, il s’agit toujours de quelque chose qui ne lui souhaite cette fois par sa perte, et il se retourne brièvement vers elle pour faire de même. “Toi aussi!” Il continue sa descente sans lui jeter un regard supplémentaire, alors que la vue des racines se fait de plus en plus proche et qu’il se demande encore s’il va réussir à passer au-delà de ce piège mortel. Sa hache tournoie, il tranche une racine puis une autre, tout en se félicitant d’être en possession de la seule arme capable de lui sauver la vie à cet instant-là. Alors qu’il pose un pied à terre, les racines apparaissent de partout, toujours plus nombreuses et rapides que la seconde précédente. Alors sans réfléchir, il grimpe à nouveau à l’arbre, ne fait que deux mètres avant de trouver les premières branches, plus solides cette fois, qui lui permettent de franchir le centre du piège avant de retomber lourdement à terre une dizaine de mètres plus loin. Son poids l’empêche de courir aussi vite qu’il l’espérerait, alors que sa cheville le lance comme jamais - et pourtant, une fois de plus l’adrénaline fait le travail et le pousse dans ses retranchements tandis qu’il s’arrête une fois de plus pour se débarrasser des racines qui le rattrapent. Ce n’est qu’au terme d’une course qui le laisse soufflant comme un bœuf et à genoux qu’il finit par réaliser que la lisière de la forêt approche, et qu’il est encore vivant. Une fois encore, la dernière peut-être, alors il prend quelques longues minutes pour souffler et le réaliser, désormais seul dans l’immensité de l’arène. Dire que Raelyn lui manque serait une exagération, mais il doit avouer qu’une présence à ses côtés avait quelque chose de rassurant, ou du moins de réconfortant étant donné la raison de leur présence au sein de cet enfer vivant. Désormais, c’est l’écho des arbres qui répond à son souffle rapide, alors qu’il finit par s’emparer de son sac à dos pour boire le reste de la gourde. Il lui faudra la remplir et vite, mais pour l’instant, il doit trouver un endroit pour se cacher en attendant l’hymne - peut-être que les racines l’auront débarrassé d’un carrière d’un plus, mais il espère secrètement ne pas voir le visage de la blonde dans le ciel, pas comme ça, pas de manière si abrupte, quand bien même il s’agit du jeu. Alors, sa tête dodeline de fatigue contre la roche de petite grotte dans laquelle il s’est réfugié, jusqu’à voir l’hymne et le visage unique de la fille du Un éclairer le ciel. Tout va bien pour eux - ou presque.

@Raelyn Blackwell

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@Clyde Wakefield

Se cacher, c’est le luxe que peuvent se payer les chanceux de la corne d’abondance. Ceux qui ont récupéré une gourde, de la nourriture ou même quelques barres de céréales nutritive et une petite bouteille. Je n’ai rien de tout ça, je ne possède qu’un poignard et un bout de corde alors je décide le jour suivant l’attaque des carrières et la riposte de la forêt de remonter le cours d’eau que avons trouvé il y a quelques jours. Depuis combien de temps sommes-nous coincés ici ? Deux jours ? Trois ? Plus ? La cruauté des créateurs de l'arène de cette année ne réside peut-être pas dans les dangereuses créatures qui peuplent l'arène ou les arbres qui s’attaquent aux êtres vivants : c’est cette journée éternelle, cette nuit qui ne vient pas. Ça fonctionne : peu à peu je perds toute notion du temps et je me demande combien de fois mes parents se sont couchés avant la peur au ventre que je sois morte lorsqu’ils allumeront la télévision le lendemain ?

Le premier jour sans Clyde, je décide de m’offrir le luxe d’une toilette. J’en profite d’être seule pour me débarrasser de mon pantalon, mais je garde ma fine chemise en lin déchirée aux manches. Je m’immerge toute entière et entreprends de brosser mes cheveux à l’aide de mes doigts pour en débarrasser la crasse, avant de les nouer à nouveau en une natte grossière. Certains tributs attirent la sympathie des sponsors parce qu’ils sont attirants, séduisants malgré leur jeune âge mais je ne fais pas partie de ceux-là et je n’essaye même pas. Je n’ai pas de stratégie, pas d’autre angle d’attaque que celui qui consiste à tenter de tout faire pour survivre. Le deuxième matin, le ventre désespérément vide, je n’arrive plus à duper mon estomac en mâchant des feuilles de fougères. Armée de mon couteau, je tente de chasser mais pas l’ombre d’un mammifère à l’horizon. Le troisième matin, alors que ma vue se trouble déjà à cause de la fin, je manque de hurler en voyant un serpent ramper près de ma botte mais je réagis : mon couteau le tranche en deux et, si manger sa chair crue me dégoute, je n’ai pas le choix alors je passe outre ma répulsion. Le troisième jour sans Clyde se termine et j’ai le ventre un peu moins vide : toujours pas l’ombre d’un autre tribut et je me demande ce que les concepteurs du jeu préparent.

Tributs restants:

La première nuit dans la grotte sonne comme une bouffée de tranquillité et pourtant de silence pesant dans lequel le brun ressasse nombre de pensées mortifères, avant que la fatigue ne le rattrape et l’assomme en l’espace de quelques instants. Lorsqu’il se réveille, il fait toujours désespérément jour, au point que son rythme ne soit désormais plus entrecoupé que par l’appel de son ventre. Impossible de connaître l’heure ni même le nombre de jours écoulés, alors qu’il n’a pas le moindre moyen d’être certain de ses pronostics. Cela fait plusieurs jours qu’ils sont là, c’est certain - mais parier sur deux, trois ou quatre relèverait d’un pur hasard. A son réveil, Clyde se rappelle douloureusement que sa gourde est vide, alors que la soif ne fait que l’assaillir un peu plus quand il dévore un bâton de viande séchée. S’il se félicite d’avoir encore quelques prévisions dans son sac à dos, son esprit ne peut s’empêcher de dévier vers Raelyn. Que fait-elle? Que mange-t-elle? Est-elle blessée? S’il n’espère rien de cela pour elle, il se met tout de même lâchement à songer que cela réglerait le problème sans qu’il n’ait à s’en occuper. Pourtant, aucun autre coup de canon n’a retenti depuis ce qui semble être désormais une éternité, et il songe donc à essayer de retrouver la brune - tant que leur alliance pourrait leur être utile face aux tributs, et pire, aux carrières restants.

Alors, au bout de longues heures - une matinée, une journée, une nuit de plus même - Clyde se décide enfin à sortir de sa grotte. Si retrouver Raelyn fait partie de ses objectifs, le premier reste de trouver de l’eau, alors que sa gorge le rappelle de plus en plus à l’ordre. Il crache, tousse, essayant de rester le plus discret possible alors qu’il parcourt la forêt des heures durant sans jamais réussir à retrouver le chemin de la mare dans laquelle ils sont tombés avec la blonde. Si la journée est éternelle, les arbres se parent tout de même d’une rosée à certains moments, qu’il collecte sur les feuilles en priant pour qu’il ne s’agisse pas là de la manière par laquelle il finira par mourir. Assoiffé, et seul. Ce n’est qu’au bout de ce qui semble être une nouvelle éternité que le ciel se pare enfin d’un halo nouveau, alors qu’il lève les yeux pour entendre un micro grésiller, venant briser le silence dans lequel il est plongé depuis si longtemps désormais. “Tous les tributs sont invités à se rendre à la Corne d’Abondance. Tout ce dont vous avez besoin s’y trouve désormais.” De l’eau. C’est tout ce qui lui traverse l’esprit, alors qu’il rebrousse chemin pour essayer de retrouver la Corne, sans même hésiter une seconde sur les implications de cette nouvelle.

@Raelyn Blackwell