RAELYN & CLYDE

May the odds be ever in your favor

@Clyde Wakefield

« Tu penses vraiment qu’il y a des paris sur des gens comme nous ? » Je lève un sourcil. Peut-il être naïf à ce point ? Les montant que les gens sont prêt à offrir à un tribut sous forme de don dans l'arène dépendent certes de préférences personnelles, mais surtout du résultat des paris pris par les bookmaker. « Il y a des paris sur nous depuis le jour où notre nom est sorti de l’urne. » Lui il doit se situer par loin derrière les carrière. Il est costaud et a reçu une note solide à l'entraînement. Ceux qui aiment les challengers auront placé leur argent sur lui. « J’dis juste que je compte pas tuer si c’est pas nécessaire. » Je hausse les épaules et me retiens de répondre que tuer est déjà nécessaire. J’ignore s’il l’a remarqué, mais on est coincés dans une arène avec vingt deux autres tributs déterminés à nous tuer - surement un peu moins à présent - ne compte-t-il pas prendre les devants, se contenter de se défendre ? Moi, si j’en un adversaire à ma merci je n’hésiterais pas deux fois, et ça me conforte dans l’idée que j’ai peut-être des atouts qu’il n’a pas.

« T’es déjà fatiguée ? » Je secoue la tête. « Je suis surtout réaliste. » Je ne suis pas fatiguée mais mes muscles le sont. Et si nous nous lançons dans l’escalade, le moindre faux mouvement nous enverra nous rompre le coup des dizaines de mètres plus bas. Nous avons eu de la chance jusqu’ici, je n’ai pas envie de forcer la chose. « Si on reste là n’importe qui peut nous tomber dessus. » « N’importe qui peut nous tomber dessus à n’importe quel moment. » Et avec l’un de nous deux pour monter la garde, que risquons nous ? Nous entendrons n’importe qui arriver plusieurs minutes avant. « Les herbes c’est trop risqué. T’es capable de marcher encore un moment, qu’on longe la falaise pour voir si y a mieux plus loin ? » Je pousse un long soupir avant de hausser les épaules. « Si tu veux. » Sauf que je ne suis pas convaincue. Je tente de prendre sur moi pour le bien de notre binôme, mais déjà le premier soleil commence à disparaître, ce qui veut dire que d’ici une heure ou deux nous aurons déjà passé une après midi entière dans l’arène, même s’il fera toujours jour. « Tu crois qu’il afficheront les visages des tributs comment ? » S’il fait toujours jour ? Peut-être y aura t’il un moment, un bref instant où le premier soleil sera complètement couché et l’autre sur le point de se lever, quelques minutes de nuit noire, peut-être sera elle provoquée artificiellement le temps d’afficher les visages dans le ciel, avant de nous plonger à nouveau dans une journée éternelle. « T’as compté combien de coups de canon ? »

“Il y a des paris sur nous depuis le jour où notre nom est sorti de l’urne.” Certes, mais ça ne lui disait pas quels étaient les paris. A cet instant-là, Clyde aurait bien aimé savoir si certaines personnes avaient vraiment parié sur lui - et donc s’il pourrait à un moment des Jeux compter sur les sponsors, ou s’il serait livré à lui-même pour survivre le plus longtemps possible sans aucune aide extérieure. Ce sac, c’était donc tout ce sur qui il - ou plutôt ils - pouvaient compter désormais ? Ca ne ferait pas long feu, malheureusement, et c’était une raison supplémentaire pour laquelle il aurait aimé descendre la falaise dès maintenant. Au plus vite ils mettraient la main sur les sources d’eau et de nourriture - s’il y en avait - au plus de chances ils avaient de passer avant les autres tributs. Cela dit, la blonde ne semblait pas tentée par l’escalade après la marche et surtout les coups d’adrénaline qu’ils venaient de vivre au cours de la journée. “Je suis surtout réaliste.” Son réalisme n’arrangeait pas Clyde, mais à bien y réfléchir, il préférait encore cela au fait qu’elle compte sur lui pour la rattraper toutes les deux minutes. “N’importe qui peut nous tomber dessus à n’importe quel moment.” “Sans déconner” lâcha-t-il d’un ton sarcastique en levant les yeux au ciel. Ce n’était pas parce que l’arène entière était un coupe-gorge qu’ils devaient se jeter dedans à pieds joints - il y avait toujours des lieux plus tranquilles que d’autres, dans toutes les arènes. Néanmoins, Raelyn se laissa persuader sans trop de difficulté lorsqu’il lui proposa de longer le précipice pour espérer trouver un lieu abrité pour passer la nuit - ou, pourquoi pas, un passage où la descente serait moins longue. Tandis qu’ils se remettaient à marcher, elle leva les yeux au ciel, ce qui poussa le brun à remarquer également que les deux soleils s’étaient croisés depuis un moment, tandis que l’un commençait à décliner, même si l’arène était toujours aussi lumineuse. “Tu crois qu’il afficheront les visages des tributs comment ?” Il haussa les épaules, même la question l’avait intriguée, lui aussi. “Il va bien faire nuit à un moment, non ?” Il l’espérait, mais il n’était en réalité pas bien plus avancé qu’elle. “Comment on va compter les jours sinon ?” Savoir que l’on avait survécu un jour de plus dans les Hunger Games était ce qui permettait de tenir, apparemment - alors s’ils ne comptaient plus les jours, comment ne pas perdre tous ses repères, dans ce lieu déjà si étranger ? “T’as compté combien de coups de canon ?” “Au cas-où tu l’aies pas remarqué, j’étais plutôt occupé à sauver ma peau à la corne.” Compter les coups de canon n’était pas vraiment sa priorité à ce moment-là. “Y en a eu beaucoup, une dizaine je pense. T’en a entendu combien toi ?” A cet instant-là, un nouveau coup de canon se fit justement entendre dans le ciel infini. “La chasse est ouverte, faut pas traîner” rajouta-t-il d’un ton laconique, même si la crainte commençait à se faire réellement une place dans son regard. Le brun n’avait pas entendu de coup depuis le bain de sang à la corne, mais ce nouveau n’était que le premier d’une longue série, si les carrières étaient vraiment partis en chasse. Rien qu’à cette idée, il n’était vraiment pas ravi de passer les prochaines heures en terrain découvert.

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@Clyde Wakefield

« Sans déconner » Je hausse les épaules d’un air détaché. Il énonce des évidences, je réponds par des évidences, je ne vois pas où est le problème et il n’avait qu’à pas commencer à s’aventurer dans cette voie là lui même. « Ce que je dis, c’est qu’on ne sait même pas ce qui nous attend en bas, et que rien nous dit que ce sera pas pire. » Peut-être qu’on ne trouvera même pas d’endroit où se cacher. Peut-être que tous les tributs se retrouveront au même endroit, peut-être que ça regorgera des créatures encore pire que l’énorme loup que nous avons abattu. Ici au moins, tapis dans les hautes herbes, on ne nous voit pas de loin. « Il va bien faire nuit à un moment, non ? » J’observe un instant le ciel en tentant de masquer assez les soleils de mes mains pour ne pas être éblouie. « S’il fait nuit j’ai pas l’impression que ça durera longtemps. Observe la course des deux soleils. » Elle semble inversée. S’il n’y a aucun décalage, s’ils leur course et parfaitement symétrique, alors nous n’aurons pas une minute de nuit noire. « Comment on va compter les jours sinon ? » « Ils trouvent un nouveau moyen de torturer les tributs tous les ans, faut croire que cette année, ce sera ça. » Des journées perpétuelles. Sans que je ne sache pourquoi, ça me glace le sang.

« Au cas-où tu l’aies pas remarqué, j’étais plutôt occupé à sauver ma peau à la corne. » Comme tout le monde Clyde, comme tout le monde. Il n’est ni le centre du monde ni le sauveur de l’humanité. « Je te posais juste une simple question. » Qu’est-ce qu’il peut être désagréable quand il s’y met. A moins que ce soit moi qui le rende comme ça, j’ai toujours eu le chic pour faire ressortir le pire de mon interlocuteur, à force d’agacement. « Y en a eu beaucoup, une dizaine je pense. T’en a entendu combien toi ? » « J’en ai entendu sept, mais j’en ai peut être manqué certains. » Je hausse les épaules. « On verra bien ce soir. » Je me rappelle qu’il n’y aura peut être ni soirs ni nuits. « Ou en tout cas quand ils se décideront à afficher les visages. » J’espère que certains carrières y sont restés, ou la montagne de muscle du neuf, mais j’ai de sérieux doutes à ce sujet : ce sont souvent les gens comme moi qui meurent dans les premiers jours. Un coup de canon nous interromps, et on se dévisage quelques secondes. « La chasse est ouverte, faut pas traîner. » Je hoche la tête doucement, avant d'accélérer le pas.

Le dé  

“Ce que je dis, c’est qu’on ne sait même pas ce qui nous attend en bas, et que rien nous dit que ce sera pas pire.” La blonde n’avait pas totalement tort, mais son côté pessimiste suffisait à agacer Clyde, qui ne savait donc pas bien ce qu’elle attendait réellement de lui, ni même ce qu’elle voulait faire elle-même. Voulait-elle descendre ou non ? L’arène était un lieu dangereux dans ses moindres recoins, et elle avait raison de se méfier de tout, mais le brun n’avait pas besoin qu’une autre personne lui rappelle à quel point leurs vies étaient fragiles. Il ne lui donna donc même pas la possibilité d’étendre plus loin ses doutes, commençant à marcher en direction d’un horizon inconnu qu’il préférait encore aux bruits des craquements des hautes herbes dans lesquelles le moindre bruit paraissait suspect. “S’il fait nuit j’ai pas l’impression que ça durera longtemps. Observe la course des deux soleils.” Il avait vu les deux soleils se croiser, mais n’avait pas fait attention au fait que leur course paraissait en effet parfaitement symétrique. Décidément, Raelyn avait cette attention des détails qu’il ne prenait pas le temps d’avoir. “Ils trouvent un nouveau moyen de torturer les tributs tous les ans, faut croire que cette année, ce sera ça.” “J’espère que toi aussi la lumière te dérange pas pour dormir, alors.” En soit, il espérait surtout qu’elle réussirait à se reposer suffisamment pour ne pas devenir un poids mort au bout de deux jours. L’absence de nuit, c’était une chose - ou déjà une torture pour les gamins sensible à la luminosité - mais l’absence de calendrier, c’en était une autre. Après tout, s’il y avait deux soleils, rien ne leur prouvait finalement que ces derniers avançaient à la vitesse habituelle, et que les heures dans l’arène étaient les mêmes qu’à l’extérieur. Même si Clyde était certain que cela faisait moins de 24h qu’ils étaient là, il n’aurait su dire s’ils avaient marché deux, trois ou quatre heures - nul doute qu’après leur première ‘nuit’ de sommeil, il aurait donc perdu le compte du temps. Tout comme il avait déjà perdu le compte des tributs, un peu trop occupé à sauver sa vie. “Je te posais juste une simple question.” Il haussa les épaules, conscient qu’il suréagissait quelque peu, mais absolument pas enclin à le reconnaître. “J’en ai entendu sept, mais j’en ai peut être manqué certains. On verra bien ce soir. Ou en tout cas quand ils se décideront à afficher les visages.” “Ouais on verra, à moins qu’ils aient changé ça cette année aussi.” Peu probable, mais il espérait que l’idée n’ait pas traversé l’idée des organisateurs.

Les deux tributs longeaient la falaise depuis une bonne heure, sans que les hautes herbes n’aient jamais quitté leur vue de l’autre côté, lorsqu’ils arrivèrent en vue de ce qui semblait être un passage. Alors qu’ils s’en approchaient, Clyde passa la tête au-dessus de la falaise - heureusement qu’il n’avait pas le vertige - pour vérifier que le chemin de terre était réellement praticable jusqu’en bas, ce qui semblait être le cas. A première vue, personne ne les avaient suivi, et aucun tribut ne se trouvait au bout du chemin. “On tente par là ?” Il sortit néanmoins les crochets qu’ils avaient depuis rangé dans le sac, en prenant une paire pour tendre la deuxième à Raelyn. “Au cas-où ça se passe mal et il faille se mettre hors de portée.” Ils ne pourraient passer des heures sur la paroi et Raelyn ne serait sûrement pas en état de la grimper totalement, mais cela leur servirait peut-être à échapper à une prochaine bête sauvage, ou pire, des carrières. Clyde s’engagea donc sur le chemin dont la pente était suffisamment limitée pour que le tracé s’étende sur près de trois cent mètres avant qu’ils n’espèrent arriver en bas - ce qui constituaient autant de mètres que de secondes durant lesquelles ils seraient à découvert et sans autre échappatoire que la roche.

@Raelyn Blackwell

Spoiler:

RAELYN & CLYDE

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@Clyde Wakefield

« J’espère que toi aussi la lumière te dérange pas pour dormir, alors. » Je hausse les épaules d’un air détaché. Le fait est que je n’en sais rien mais qu’au fond je reste persuadée qu’une fois que je serais épuisée, je finirais par tomber de sommeil qu’il fasse jour où nuit. Ce qui me fait le plus peur c’est de ne pouvoir conserver aucune notion du temps qui passe. L'enchaînement de jours et de nuit a quelque chose de rassurant, il aide à se situer et j’ai le sentiment que nous allons vivres des journées entière sans savoir combien de temps nous avons marché avec les seuls hymnes comme indicateur. « Ouais on verra, à moins qu’ils aient changé ça cette année aussi. » Je secoue la tête, horrifiée. « Y’a toujours eu l’hymne. » Et il y a toujours eu le défilé des tributs morts ils ne peuvent le retirer, ne serait-ce que parce que le moment est réellement apprécié du public. Nous en avons besoin pour savoir contre qui nous nous battons.

Au bout de longue minutes de marches, nous arrivons en haut d’un étroit sentier en terre qui serpente à travers la roche et semble emmener tout en bas du précipice sans nécessiter de compétences particulières en escalades. Certains passages semblent raides vu d’en haut, mais rien d’insurmontable avec un minimum d’agilité et en faisant attention à où nous mettons les pieds. « On tente par là ? » Je trouve ça surréaliste et trop beau pour être vrai que nous soyons réellement les premiers sur les lieux, mais il faut que j’arrête de m’attendre toujours au pire et d’être constamment méfiante. Peut-être est-ce la chance qui nous sourit enfin ? « Ouais, j’ai pas la force de descendre en escalade de toute façon, et ça a l’air calme. » On ne voit pas exactement tout le chemin à cause de virages dissimulés de notre point de vue, mais il faut prendre le risque. Il me tend les crochets et je les attrape sans poser de question. « Au cas-où ça se passe mal et il faille se mettre hors de portée. » « Je préfère les avoir. Tourne toi. » J’attrape la fermeture éclair de son sac à dos que j’ouvre. Là, je tire la corde pour m’en découper un morceau à l’aide de mon couteau. Je la noue autour de ma taille et j’y accroche les crochets. Je teste la solidité de ma ceinture de fortune, avant de m’embarquer dans la descente, satisfaite. Un bruit sourd se fait entendre alors que nous arrivons à la moitié, et j’aperçois Clyde trébucher et tomber lourdement du coin de l’oeil. Je m’accroupis instinctivement, observant les alentours, sans arriver à voir d’où provenait le bruit.

Le dé   :

“Y’a toujours eu l’hymne.” Et pourtant, est-ce que les Hunger Games pouvaient se targuer de respecter les traditions, surtout lorsque celles-ci étaient essentielles aux tributs se battant à mort dans l’arène ? Pas vraiment. Leur seul but était d’infliger une leçon aux districts, année par année, et de captiver l’audience du Capitole par tous les moyens nécessaires, incluant le plus souvent du sang et des larmes. A partir de là, Clyde ne pouvait s’empêcher de craindre que la plus basique des traditions, l’hymne, puisse disparaître si cela poussait encore davantage les gamins dans leurs retranchements - et ce serait le cas, si personne ne savait plus qui était encore en vie, à moins d’avoir participé à la mise à mort. La gorge nouée, le jeune homme n’avait pas envie de partager ses idées pessimistes à Raelyn, et continua donc à marcher silencieusement jusqu’à ce que ces derniers arrivent au bord d’un chemin qui semblait praticable. Cela constituait surtout leur seul point d’accès au niveau inférieur de l’arène, qu’ils se devaient donc d’aller explorer pour espérer une trouver, sinon un endroit tranquille, au moins de l’eau. “Ouais, j’ai pas la force de descendre en escalade de toute façon, et ça a l’air calme.” Alors qu’il sortait les crochets de son sac, il en tendit une paire à Raelyn qui les accepta - pour une fois qu’ils étaient sur la même longueur, c’était un progrès. “Je préfère les avoir. Tourne toi.” Il regarda la blonde se créer une ceinture de corde et y suspendre les crochets, ce qui était une idée bien plus ingénieuse que ce qu’il avait compté faire - les garder dans la main, tout simplement. Il hocha donc la tête en lui offrant une moue impressionnée, avant de l’imiter puis de refermer le sac alors qu’ils entamaient la descente.

Alors qu’ils approchaient la moitié du chemin et qu’il leur restait une centaine de mètres à parcourir, un bruit déchira le ciel sans que Clyde ne puisse mettre le doigt sur son origine. Pris d’un coup d’adrénaline, il pressa le pas avant de trébucher sur une pierre et de tomber lourdement sur le flanc tandis qu’une douleur lancinante envahissait sa cheville droite. Le brun se releva en grimaçant, réalisant que du sang gouttait lentement le long de sa mâchoire - il ne s’était pas râté. Alors qu’il se tournait vers Raelyn pour essayer de savoir si cette dernière avait plus d’idées que lui quant à l’origine du bruit, une pluie torrentielle se déversa soudainement sur eux et il vit Raelyn glisser à son tour, s’écartant du chemin pré-tracé pour dévaler la terre - transformée en boue en quelques secondes - sur plusieurs dizaines de mètres. C’est qu’elle allait arriver en bas avant lui, la petite, mais sûrement pas dans l’état escompté. Alors qu’elle arrivait enfin à se stabiliser sur un éperon rocheux qui n’était désormais plus qu’à quelques mètres du sol, mais duquel elle ne pouvait plus espérer s’extraire qu’en escaladant pour descendre, Clyde reprit le chemin en boitant, pour essayer d’arriver au plus près d’elle. “Raelyn !” Il cria son prénom en vain, oubliant le réflexe de survie le plus basique qui aurait tenu à ne pas se faire repérer - et donc à ne pas hurler -  mais nul doute le moindre de ses mots avait été couvert par la pluie qui s’était calmée sans pour autant se tarir.

@Raelyn Blackwell

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RAELYN & CLYDE

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@Clyde Wakefield

Naïvement et en voyant la voie libre, j’ai pensé qu’il y avait eu assez d’action aujourd’hui entre le bain de sang et l’attaque de ce monstre pour rassasier le capitole, et que la chance nous souriait enfin. J’ai cru que nous allions pouvoir nous mettre à l’abri pour la nuit et que les choses sérieuses reprendraient demain, mais je me suis visiblement trompée. Le bruit sourd qui effraye Clyde, je ne le reconnais que lorsqu’il retentit une seconde fois. Il s’agit de l’orage, et je n’ai pas le temps de m’enquérir de Clyde, de demander s’il s’est blessé dans sa chute, qu’une pluie torrentielle s’abat sur nous. Loin des averses que nous avons parfois dans le sept, celles qui sont nécessaire à nos paysages boisés et verdurés, celle ci semble artificielle. Elle nous tombe dessus comme s’il s’agissait d’une douche, violemment et avec une puissante qui me fait perdre l’équilibre. Je tente de me rattraper à la roche mais, le sol devenu boue glisse, et je suis emportée dans ce qui ressemble plus à crue d’un lac qu’à quelques gouttes de pluie. J’entends crier mon nom - je crois - je sens mes jambes s’écorcher sur les pierre et, instinctivement, je tente tant bien que mal de protéger ma tête de mes mains. Je me dis que mon heure est venue, que finalement je n’aurais pas survécu à une journée dans l’arène et je me demande ce que pense ma famille qui doit certainement être devant sa télévision.

Lorsque mon dos heurte violemment un sol dur j’ai le souffle coupé, et ma vision se trouble quelques secondes. Je tente de retrouver ma respiration, et je mets quelques secondes à comprendre que je n’ai pas dévalé la falaise pour m’écraser des dizaines de mètre plus bas mais que j’ai atterri sur une corniche, ce qui vient certainement de me sauver la vie. De mon promontoire le chemin n’est plus visible et je comprends que je vais devoir descendre à l’aide des crochets. Impossible de voir Clyde de ma position, et lorsqu’un coup de canon, cette fois ci je suis sûre que c’en est un, retentit, mon coeur s’emballe. « Clyde ? Clyde ? » Je répète plusieurs fois son nom, de crainte que ce soit lui qui vienne de perdre la vie. Je n’ai pas la moindre affection pour ce le jeune homme, mais pour l’instant l’idée de me retrouver seule me terrifie. La pluie continue de tomber et pour l’instant, la moindre tentative d’escalade résulterait d’une chute vingt mètres plus bas, si bien que je rampe pour m’éloigner du précipice, colle mon dos contre la falaise et ramène mes genoux contre moi, tremblant en attendant que la pluie s’arrête. Mon poignet me lance et me fait souffrir mais je tente de l’ignorer, persuadée que maintenant que mon co-tribut a disparu et que je suis coincée sur cette corniche jusqu’à la fin de l’averse, il est le dernier de mes soucis.

La pluie se calmait peu à peu, mais pas suffisamment pour que Clyde puisse se lancer en courant vers Raelyn qui avait disparu de son champ de vision alors qu’il continuait sur le chemin, espérant se rapprocher de l’éperon rocheux sur laquelle il l’avait vue retomber. Alors que la plateforme sur laquelle il espérait apercevoir son corps - mouvant, de préférence - apparaissait dans son champ de vision, un coup de canon le fit sursauter et il cria encore plus fort, ne pouvant s’empêcher de croire que ça ne pouvait être que Raelyn. C’est là qu’il l’entendit, sa voix qui bravait les nuages déversant encore et toujours une pluie diluvienne. Il lâcha un soupir de soulagement, réalisant avec étonnement que son souffle s’était coupé quelques secondes - c’était qu’il en venait presque à s’y attacher, à la petite, qui représentait encore le seul lien qu’il avait avec la réalité et son district qu’il ne reverrait peut-être pas. “Clyde ? Clyde ?” “Raelyn !” Le brun tenta de s’approcher au plus près du vide, alors qu’un morceau de roche lui apparaissait, sans qu’il ne réussisse pourtant à apercevoir Raelyn dessus - où pouvait-elle bien être, s’il l’entendait d’aussi près que ça ? “Ça va ?” Elle avait sans doute passé meilleure journée, mais il ne voyait pas réellement ce dont il pouvait s’enquérir à part son état de santé général. “T’as mal quelque part ?” Il se garda bien de lui faire l’énumération de ses propres blessures, avant de connaître l’étendue des siennes qu’il espérait n’être pas trop sérieuses - il ne manquerait plus qu’ils forment un duo d’estropiés, maintenant. “T’as encore tes crochets ? J'arrive pas à voir où tu es !” A cet instant-là, il passa la main à sa ceinture pour sentir les siens qui étaient encore accrochés fermement, même si l’un d’eux lui avait écorché le ventre dans sa chute - au point où il en était, il y avait pire. Il craignait davantage pour la blonde qui avait fait une sacrée glissade, et qu’il ne savait pas comment tirer de là si elle n’était pas capable de s’extraire toute seule de sa corniche.

RAELYN & CLYDE

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@Clyde Wakefield

« Raelyn ! » En entendant hurler mon prénom, je relève ma tête de mes genoux et tente de dégager l’eau qui ruisselle sur mon visage. Clyde. Clyde est vivant et surtout, je ne suis pas seule dans cet enfer. C’est un soulagement de le savoir, et je tente de l’apercevoir. Il est là, un peu plus bas sur le chemin et il a l’air en un morceau, même s’il semble boiter. « Ça va ? » Je me redresse précautionneusement, pour ne pas glisser sur la roche trempée, et tente de lui faire signe que oui. « T’as mal quelque part ? » Mes doigts s’agrippent à la roche derrière moi et je lui réponds en criant pour couvrir le bruit de l’orage. « Au poignet ! » Et je réalise que cela me place en mauvaise posture. En très mauvaise posture, puisque j’ai la même distance à parcourir pour descendre que pour regagner le chemin. Je savais qu’il fallait dormir là haut et attendre demains pour descendre. Je fulmine. « T’as encore tes crochets ? J'arrive pas à voir où tu es ! » Je porte la main à ma ceinture, réalisant que je n’ai même pas encore vérifié. Ils sont là, l’acier a l’air bien plus solide que celui qu’on utilise chez nous. « Ils sont là ! Je suis sur la corniche, un peu plus haut par rapport à toi, à 20 mètres à gauche ! » Nos regards finissent par se croiser et alors que je fais un mouvement un peu brusque je manque de glisser et sens mes jambes trembler. « Je peux pas bouger tant que la pluie se sera pas arrêtée ! » Si seulement elle s’arrête. « Il va falloir être patients ! » Et prudents aussi. Lui est à découvert et, si là où je suis je ne risque pas l’attaque d’un tribut, ils n’auraient qu’à m’attendre en bas et m’encercler pour me cueillir ou me laisser mourir de faim sur mon promontoire. « Je tenterai la descente quand la pluie se calmera ! J’ai autant de distance à parcourir que si je regagnais le chemin. » Je jette un coup d’oeil au vide. La falaise est raide et la pierre mouillée ne permettra pas d’erreur, mais ai-je réellement le choix ? Et surtout, moi poignet me lance toujours violemment, en serais-je capable ?

Le dé:

 

La voix de la blonde lui parvint au-dessus de lui, tandis qu’il voyait enfin quelques mèches de cheveux dépasser de la corniche sur laquelle elle semblait bel et bien bloquée. “Au poignet !” Et merde. “Ils sont là ! Je suis sur la corniche, un peu plus haut par rapport à toi, à 20 mètres à gauche !” Il avisa d’un coup d’oeil la distance qui séparait Raelyn du sol, et qui était presque aussi importante que celle qui la séparait du chemin. Quoi qu’elle décide de faire, la descente ne serait pas facile, et elle n’aurait d’autre choix que d’escalader la roche, ce qui constituait l’exact contraire de ce que la blonde avait sans doute espéré de la soirée. Elle lui avait clairement dit qu’elle n’était pas capable de descendre, et même si la distance venait de se réduire considérablement, Clyde craignait pour elle, d’autant plus qu’il ne pensait pas pouvoir lui être d’une grande aide s’il tentait de la rejoindre. Peut-être pourrait-il la soutenir dans la descente, mais peut-être l’entrainerait-il avec lui dans sa chute si sa cheville venait à lâcher prématurément. Pour le moment, il boitait, mais l’intensité de la douleur ne lui disait rien qui vaille. “Je peux pas bouger tant que la pluie se sera pas arrêtée ! Il va falloir être patients !” Lui-même n’avait pas particulièrement envie de s’élancer à nouveau sur le chemin tant que la pluie continuerait à transformer la terre en boue, ce qui risquait de lui valoir le même sort que Raelyn et ne ferait qu’empirer leur situation. “Je bouge pas non plus pour l’instant, je me suis tordu la cheville.” cria-t-il par-dessus l’orage. Il ne pouvait pas réellements s’asseoir au milieu de la boue, alors à défaut, il se contenterait de rester debout en mettant son poids sur sa cheville valide. “Je tenterai la descente quand la pluie se calmera ! J’ai autant de distance à parcourir que si je regagnais le chemin.” “D’accord ! J’attends de voir si la douleur passe et si je peux grimper pour te rejoindre.” Clyde n’eut pas réellement le temps de sentir sa douleur diminuer, car quelques minutes après, la pluie s’arrêta brusquement. Il regarda le ciel se fendre de rayons lumineux si soudains qu’il plaça sa main devant ses yeux, tandis que la chaleur réconfortante l’atteignait. La transition entre l’orage et le beau temps était si inattendue qu’il s’en réjouit, avant de réaliser que trop de soleil pourrait aussi les tuer, à terme. Néanmoins le temps n’était pas aux pronostics, mais à l’action. Il regarda à nouveau en direction de la corniche, espérant que Raelyn n’avait pas perdu connaissance. “Raelyn ! Comment tu te sens ? T’es capable de descendre ?”