RAELYN & CLYDE

May the odds be ever in your favor

@Clyde Wakefield

« Je préfère, ouais. » Et est-ce qu’il préfèrera aussi le jour où je lui collerais mon poing dans le visage parce qu’il m’aura trop tapé sur les nerfs avec son air supérieur ? Encore une fois, je ne dois qu’aux circonstances exceptionnelles de réussir à ravaler ma fierté et de ne pas lui dire de se mettre son eau et ses provision là où je pense. Mais je suis plus maligne que orgueilleuse, c’est dire, et même si je ne me fais pas trop d’illusion quant à mes chances de victoire, je me suis promis de tout faire pour essayer de rentrer chez moi. Alors je lui retourne un immense sourire, le genre clairement faux mais qui s’en préoccupera ?

« Je sais pas si t’as vu de la viande trainer dans le coin, mais pas moi. » Ah, donc visiblement, le second degré c’est trop compliqué pour lui. Il n’échappe pas cette fois ci à un regard noir, et à une pique bien sentie. Après tout, inutile de prétendre que j’aurais le droit à quelques supporters parmi les sponsors si je me comporte en gamine bien élevée et fragile. « Ah ouais ? J’ai vu vingt quatre gibier tout à l’heure à la corne, vingt deux sans nous compter. » Il veut savoir si je pense être capable de tuer un être humain ? La voilà sa réponse. « Pas besoin d’égorger, enfin j'sais pas. Mais va falloir s’en servir pour se défendre au moins. T’en es capable ? » « J’en suis capable. » Je hausse les épaule. « Je suis meilleure avec une hache, mais je suppose qu’elle est pour toi alors... » Alors le couteau fera parfaitement l’affaire et j’attraperai la hache quand il n’en aura plus besoin, par exemple parce qu’un autre tribut aura eu sa peau pour moi, de préférence tard dans le déroulement des jeux, j’ai besoin de lui pour me protéger. « De toute façon j’sais pas si c’est une bonne idée de te filer un couteau. Qu’est-ce qui me dit que tu vas pas filer à la première occasion comme tu viens de le faire ? » Je déglutis difficilement et je tente de prendre sur moi : je ne lui ai pas reproché de filer vers la corne, pourquoi serais-je coupable d’avoir fait le contraire ? « Tu sais comme moi que j’aurais pas survécu une minute si j’avais couru à la corne. » Ou en tout cas il le comprendrait s’il utilisait son cerveau. « T’as une hache et deux couteau de tout façon, si je file avec qu’est-ce-que ça peut bien te faire ? » Il a pas trois bras pour les manier tous les trois de toute façon. « Je filerais pas en douce. Je suis pas idiote, j’ai plus de chance de survivre avec toi que sans toi. » Pour l’instant… Mais je n’ai pas besoin de le préciser, on sait tous les deux que si nous restons en vie longtemps, il faudra un jour ou l’autre se séparer.

Oh qu’elle commençait à lui taper sur les nerfs, la blondinette. Même pas une heure de passée dans l’arène et il avait presque déjà envie de l’embarquer sur son dos et aller la déposer à la corne, l’utilisant comme appât tandis qu’il ferait le plein de provisions et repartirait sans se soucier de son sort, pour aller se cacher pour les dix prochains jours. Car malgré sa force et sa carrure qui en imposait, Clyde ne se faisait pas trop d’illusions sur ses capacités en combat rapproché face à un carrière, si la chance décidait cette fois de lui tourner le dos. Alors, se cacher, ça lui semblait être le moindre des mals si cela se présentait comme une possibilité. Malheureusement, pour l’instant, il devait encore supporter Raelyn. “Ah ouais ? J’ai vu vingt quatre gibier tout à l’heure à la corne, vingt deux sans nous compter.” A croire qu’elle prenait un malin plaisir à relever tout ce qu’il disait. Pour éviter de l’entendre piailler, le mieux était peut-être finalement de ne pas lui accorder d’attention, et il se désintéressa donc de sa remarque cynique en levant les yeux au ciel - même s’il brûlait d’envie de lui rétorquer qu’à cette vitesse-là, il en voyait un juste devant lui, de gibier. Heureusement pour elle, elle semblait ne pas se défiler devant l’idée de devoir utiliser un couteau dont le tranchant ne laissait pas le droit à l’erreur. “J’en suis capable. Je suis meilleure avec une hache, mais je suppose qu’elle est pour toi alors...” Il lui lança un sourire mauvais accompagné d’un rire cynique, histoire qu’elle oublie tout de suite cette idée. “Ouais, moi aussi j’suis meilleur avec une hache.” Fin de la discussion, blondie. Il allait même devoir la garder précieusement à ses côtés, maintenant qu’il connaissait l’intérêt de la gamine pour son arme fétiche, à lui aussi. D’autant plus qu’elle avait filé sans demander son reste à la corne, et qu’il doutait donc de pouvoir compter sur elle lorsqu’il aurait besoin de son aide. “Tu sais comme moi que j’aurais pas survécu une minute si j’avais couru à la corne.” Clyde hocha la tête - il pouvait au moins lui accorder ça, car elle n’avait pas tord sur ce point-là. “T’as une hache et deux couteaux de toute façon, si je file avec qu’est-ce-que ça peut bien te faire ?” “Ça peut me faire que si j’en perds un, j’serai bien content d’en avoir un autre. Et j’aurai pas à me méfier de toi dans mon dos quand t’aura un couteau.” Au moins c’était dit, plus de doute sur le fait que la méfiance et l’animosité était mutuelle. Cela dit, ils devraient peut-être songer à se calmer avant de s’étriper entre eux, ce qui n’était pas vraiment le but de la manœuvre. “Je filerais pas en douce. Je suis pas idiote, j’ai plus de chance de survivre avec toi que sans toi.” Clyde s’arrêta avant de se retourner vers Raelyn, la jaugeant du regard. “J’espère que t’es pas idiote, ouais.” Sous entendu, si tu me la fais à l’envers, tu vas le regretter. Il finit par grogner et attraper un des couteaux qu’il avait accroché sur l’extérieur du sac, et le tendre à la blonde d’un geste mesuré. Il ne pouvait s’empêcher d’être sur le qui-vive, au cas-où elle soit réellement idiote et espère le finir dès maintenant - ce à quoi il avait déjà prévu de rétorquer en levant la hache qu’il tenait dans la main droite. Mais soudain, son attention se déporta sur un bruit dans les hautes herbes et un grognement animal qui se rapprochait d’eux.

@Raelyn Blackwell

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« Ouais, moi aussi j’suis meilleur avec une hache. » Oui, peut-être que j’aurais dû m’allier avec un autre tribut au final, un qui ne vient pas lui aussi du district du bois et qui a les yeux qui brillent lorsqu’ils se posent sur le tranchant d’une hache. Mais d’un autre côté, vu ce que j’ai montré à l'entraînement, je doute que j’aurais trouvé quelqu’un d’autre d’assez fou pour vouloir s’allier avec moi. Je ne réponds rien : cette hache est à lui, s’il ne m’avait pas rattrapée je n’aurais même pas pu tremper mes lèvres dans la gourde, et je suis pas ingrate à ce point. « Ça peut me faire que si j’en perds un, j’serai bien content d’en avoir un autre. Et j’aurai pas à me méfier de toi dans mon dos quand t’aura un couteau. » Je lève les yeux au ciel. « T’as prévu de perdre une hache et un couteau ? » Me serais-je vraiment alliée avec le pire des crétin de ces jeux ? « Si j’ai pas d’arme, je pourrais pas me défendre si on est attaqués. » C’est aussi simple que ça. « Et tu vas pas me dire que t’as peur de moi quand même ? » Je me penche vers lui pour m’exprimer à voix basse. « Ça la foutrait mal pour les sponsors si c’était le cas. » Je vois déjà ça, Clyde, grand gaillard du district 7, effrayé par sa co tribut et ses quarante kilos.

« J’espère que t’es pas idiote, ouais. » S’il savait. Je n’ai pas grand chose pour moi si ce n’est ma cervelle. C’est comme ça que je vais être utile, du moins, je l’espère. Il me tend enfin le couteau, et plutôt que de le glisser à ma ceinture je le garde dans la main : je ne voudrais pas qu’il tombe ou qu’il me blesse, je pense qu’il faudra que je fabrique une sorte d’étui si nous trouvons un arbre dans lequel je puisse en tailler un.

J’entend le grognement quelques seconde avant le garçon et je m’arrête net tentant de deviner d’où il vient. Un coup d’oeil en direction de mon partenaire forcé d’aventure m’apprends qu’il l’a perçu aussi, et mes doigts se resserrent autour du manche de l’arme blanche qu’il m’a confiée. Je pousse un hurlement quand une bête qui ressemble à un loup, seulement deux fois plus grand et plus gros, nous saute dessus et fait basculer le blond en arrière. Sa hache vole quelques centimètres plus loin et je vois ses doigts tenter d’attraper son couteau. Cette fois ci je ne reste pas paralysée et mes réflexes prennent le dessus : je pourrais fuir, mais la bête me rattrperais après en avoir fini avec Clyde et pour l’instant, j’ai besoin de lui et du contenu de ce sac, qui sait dans combien de temps nous trouverons de l’eau. Alors en quelques pas je fonds sur l’animal et tente de lui porter un coup de couteau à l’arrière de la nuque.

Le dé   :

“T’as prévu de perdre une hache et un couteau ?” Enième remarque sarcastique qu’il ne releva pas, commençant presque à s’y habituer, sans pour autant en être moins agacé. “Si j’ai pas d’arme, je pourrais pas me défendre si on est attaqués. Et tu vas pas me dire que t’as peur de moi quand même ?” Evidemment que non, mais un peu quand même ? “J’ai l’air d’avoir peur de toi ? J’me méfie, c’est tout. Mais je pense que t’as déjà saisi le principe.” Dans l’arène, la méfiance était de mise, et on l’avait prévenu que les autres tributs, même alliés, seraient ceux qui causeraient sa perte, si les créations ne le tuaient pas avant. “Ça la foutrait mal pour les sponsors si c’était le cas” lâcha-t-elle en chuchotant. Il hocha les épaules, désinvolte - il y croyait peu, même si un filament d’espoir lui trottait tout de même dans la tête à ce sujet. “Avant de parler de ça prouve moi que j’ai une bonne raison de te rester avec toi. J’ai tout, t’as rien.” Puis il s’éloigna d’elle en lui tendant le couteau, tandis qu’un bruit dans les hautes herbes eut à peine le temps d’annoncer la bête qui venait de lui sauter dessus.

La chance ne semblait pas être de la partie ce coup-ci, puisque la hache avait volé deux mètres plus loin lorsque la grosse bête avait sauté sur Clyde - heureusement sans enfoncer ses griffes, ce qui aurait signé son arrêt de mort immédiat. A croire que les habitants du Capitole se délectaient bien plus de voir un tribut lutter pour sa vie durant quelques minutes au moins, avant que ce dernier ne se fasse achever d’un coup d’index sur une tablette qui ordonnerait à la création de mettre fin aux jours de l’adolescent. Clyde tentait tant bien que mal de maintenir la bestiole - dont la tête était plus grosse que la sienne - à distance en la repoussant à bout de bras, mais il devrait rapidement faire un choix entre sauver sa tête ou attraper son couteau, ce qui se présentait clairement comme un choix impossible. Contre toute attente, Raelyn sembla se soucier de son sort et s’approcha de la bête pour utiliser à bon escient le couteau que Clyde lui avait tendu quelques instants auparavant - ce qui semblait, après coup, avoir été une sage décision qu’il ne regrettait finalement pas, pour l’instant du moins. Malheureusement pour lui, la blonde faisait encore moins le poids que lui face à la création qui la repoussa comme si elle n’existait même pas, ne prenant pas le temps de s’en soucier. Le brun avait imaginé des dizaines de scénarios qui mèneraient à sa perte, mais il se refusait à perdre la vie face à une créature qui n’était même pas réelle et au bout d’une heure dans l’arène à peine. Heureusement pour lui, la nécessité de grimper aux arbres dans le district 7 lui conférait une certaine agilité - toute relative, certes - qui lui permit de ramener ses jambes sur son torse et de pousser la créature de toute ses forces, tandis qu’il criait à Raelyn “Chope la corde !” A défaut de pouvoir planter la créature, et s’il n’arrivait pas à attraper son couteau ou sa hache à temps, il pouvait toujours espérer avoir une dernière chance en tentant d’étrangler tant bien que mal la bête.
@Raelyn Blackwell

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@Clyde Wakefield

« J’ai l’air d’avoir peur de toi ? J’me méfie, c’est tout. Mais je pense que t’as déjà saisi le principe. » J’ai l’intuition qu’il sera facile à faire sortir de ses gonds en cas de besoin mon co tribut, je ne sais pas encore si cela me sera utile, mais je note l’information dans un coin de ma tête : faire enrager quelqu’un à force d’insolence c’est dans mes cordes, plutôt deux fois qu’une, alors ça tombe plutôt bien. « Avant de parler de ça prouve moi que j’ai une bonne raison de te rester avec toi. J’ai tout, t’as rien. » Je lève les yeux au ciel. « T’as pas tout. Crois moi, t’as pas tout. » J’attends le moment où il nous faudra nous servir de notre tête pour nous tirer d’une situation pour qu’il comprenne. Ou peut-être que je m’en fous qu’il comprenne, parce qu’après tout, qu’il me sous estime jouera en mon avantage. Alors je finis par hausser simplement les épaules et conclure. « Si tu veux dormir tranquillement, il faut être deux pour organiser des tours de garde » Au moins deux en tout cas. Je sais que je n’arriverai pas à dormir paisiblement, je n’ai pas assez confiance en lui, mais il constitue tout de même un filet de sécurité, alors à prendre ou à laisser. Je le supplierais pas de m’emmener, mais puisqu’il me confie le couteau je suppose que c’est la décision qu’il a prise.

L’attaque du loup - à défaut d’un autre nom pour cet animal géant vraisemblablement sorti tout droit d’un laboratoire, l’empêche de répondre clairement. Il est projeté à terre à plusieurs mètre de mois et, si j’ai paniqué à la corde d’abondance, cette fois si je réagis rapidement et me jette sur la créature. Tente de me jeter sur la créature serait plus juste, puisqu’elle doit faire au bas mot quatre fois mon poids et m’écarte comme si j’étais un vulgaire moucheron. Mon crâne heurte violemment le sol et je suis sonnée, mais je tente de me redresser. J’ai le vertige, le sentiment que la terre tangue, que je vois trouble aussi, et pourtant je me dirige à quatre pattes du mieux que je peux vers le sac à dos, tentant de trouver une idée.
« Chope la corde ! » La nourriture desséchée n'intéressera de toute façon pas cette créature, pas quand elle a du gibier vivant en face d’elle - je réalise à présent que la blague était de mauvais goût mais je m’en fous - si bien que la corde me semble être la seule chose utile à moi aussi. Seulement je n’ai jamais utilisé de lasso, et je n’ai pas le temps d’apprendre. Je profite que l’attention de la créature soit dirigée sur Clyde pour bondir sur le dos de l’animal, en tentant de ne pas réfléchir à ce que je fais, et je passe la corde autour de son cou avant de tirer fermement vers moi. Clyde en profite pour se dégager des crocs de l’animal et saisit son couteau avant de le planter à plusieurs reprises dans la gorge du loup, qui au terme d’un hurlement d’agonie tombe finalement à terre, mort.

Peut-être que la gamine avait raison, en précisant qu’elle n’avait pas ‘rien’. A la grande surprise de Clyde, qui avait tenté de lui hurler de l’aider en dernier recours, mais qui n’espérait pas qu’elle réussisse à sortir de sa tétanie et se décide réellement lui venir en aide, elle s’était pourtant jetée sur la bête une deuxième fois. Après avoir saisi la corde dans le sac comme il l’espérait qu’elle le fasse, elle avait grimpé sur le dos de la bête en lui passant la corde autour du cou, permettant à Clyde de se libérer davantage et s’emparer du couteau à sa ceinture. Si Raelyn n’avait clairement pas assez de force pour étrangler le loup, son intervention avait au moins laissé suffisamment de marge de manoeuvre au brun pour qu’il plante à plusieurs reprises sa lame dans la fourrure de la bête. Au bout de quelques instants, elle finit par tomber au sol dans un hurlement de douleur qui ne fit ni chaud ni froid à Clyde, encore sous le choc de l’attaque. Il resta allongé au sol de longues secondes, reprenant sa respiration tandis qu’il essayait tant bien que mal de se persuader qu’il avait bien survécu à l’attaque de la bête, et qu’elle gisait morte à ses côtés, hors d’état de nuire.

Lorsque le brun se releva enfin, il réalisa que l’attaque avait dû créer un brouhaha susceptible d’être entendu sur des centaines de mètres - et qu’il était donc peut-être temps de presser le pas pour s’éloigner de là, et espérer sortir un jour de ces hautes herbes de malheur. A cet instant-là, il aurait tout donné pour voir un arbre, mais il se contenta d’attraper une gourde et d’avaler deux lampées d’eau, ce qui l’aida à reprendre ses esprits. La blonde était encore à ses côtés, ce qui l’étonna presque, mais il se sentit néanmoins contraint de la remercier car elle avait sans aucun doute participé à sauver sa peau. “Merci.” Lui-même y aurait réfléchi à deux fois avant de se lancer sur la bête. “En fait j’avais raison, t’es idiote quand même.” Vraiment ? “Mais courageuse.” ll se fendit d’un sourire discret à peine perceptible, mais qui était bien présent - une première depuis la moisson. Néanmoins, ils n’avaient pas de temps à perdre dans les grandes effusions de sentiments, alors qu’il leur restait encore à découvrir à peu près 99% de ce que leur réservait cette arène. Clyde réajusta donc le sac sur son dos, puis se mit en marche à nouveau, sans attendre.

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@Clyde Wakefield

Ce qui me pousse à sauter sur le dos de la bête ? Certainement pas le fruit d’une longue réflexion, certainement pas une décision mûrement réfléchie. Non, c’est bien l’adrénaline, je ne réfléchis plus, je ne pense pas une seule seconde que je n’ai pas la moindre chance de réussir à étrangler l’horrible créature, je me contente d’écouter mes tripes, et visiblement elles sont suicidaires.

Si je n’ai pas la moindre chance de venir à bout de l’animal, j’offre au moins une distraction suffisante à Clyde qui parvient à mettre la main sur son couteau et à le planter dans la gorge de la mutation. Je compte au début les coups mais j’arrête lorsque je perds le compte, les bras engourdis, les mains qui me brûlent à cause de la corde, et lorsque la bête roule morte sur son flanc je me dégage simplement de quelques centimètres et je reste étendue en fixant le ciel dans les hautes herbes. C’est malin, j’ai le visage recouvert de sang maintenant. Mais ce n’est rien à côté du blond qui semble avoir été aspergé du liquide rouge poisseux et qui sentira la mort d’ici quelques heures. « Merci. » Le rythme des battements de mon coeur commence à se calmer, si bien que je me redresse pour me relever péniblement. « En fait j’avais raison, t’es idiote quand même. » Je lui offre un doigt d’honneur en guise de réponse, avant de calquer ma voix sur son ton. « En fait j’avais raison, elle te sert à rien cette hache. » Sous entendu, elle aurait été plus utile entre mes doigts qu’à terre. Je me baisse pour la ramasser, avant de la tendre à mon co tribut. « Mais courageuse. » J’esquisse un sourire. Parfait, il ne me trouve plus tous les défauts du monde et, à présent, il aura certainement plus de scrupules à me laisser en arrière. « Je te l’ai dit. Faut être deux pour organiser des tours de garde et je tiens à mon sommeil. » C’est faux, lui sauver la vie était la seule chose à faire puisque si je m’étais enfuie, la créature se serait lancée à ma poursuite, mais je n’y ai pas pensé en sautant sur cette chose. Je bois quelques gorgées d’eau à mon tour avant de récupérer mon couteau et de me mettre en marche. « Y’a forcément de l’eau quelque part. » C’est toujours le cas, le capitole préfère voir des gamins s’entretuer que de crever de soif. « Faut qu’on la trouve. »

Clyde gisait aux côtés de Raelyn, tout deux mis à mal par leur entrevue surprise avec la bête qui avait bien failli avoir leur peau dès le début des jeux. Les organisateurs ne faisaient-ils pas en sorte de commencer par des piqûres d’insectes avant de lancer les plus gros animaux qui n’avaient d’autre but que d’arracher la carotide des tributs ? Visiblement pas, mais contre toutes attentes, ils s’en étaient sortis. Clyde n’avait aucun doute sur le fait que sans l’aide de Raelyn il y serait resté, et cela suffit à le faire oublier pour l’instant son envie de se débarrasser de la petite qui l’agaçait plus qu’autre chose. “En fait j’avais raison, elle te sert à rien cette hache.” Elle n’avait que peu apprécié la remarque du brun, qui ne put s’empêcher de sourire devant la répartie de la blonde qui finit par se radoucir. “Je te l’ai dit. Faut être deux pour organiser des tours de garde et je tiens à mon sommeil.” Elle pouvait lui dire ce qu’elle voulait, il savait bien qu’elle ne l’avait pas sauvé par bonté de coeur, mais plutôt parce qu’elle avait bien compris qu’une fois le cas de Clyde réglé, la bête se serait sans doute tournée vers elle. Néanmoins, le brun pouvait se satisfaire de cette justification pour l’instant, puisqu’il savait au moins que la blonde constituait un ennemi de moins dès lors qu’elle voyait en la survie de Clyde son propre intérêt. “Si on trouve pas d’endroit tranquille, le sommeil ça sera le dernier de nos problèmes.” Le brun n’avait pas réellement comme stratégie d’aller s’attaquer aux autres tributs tant que ces derniers ne venaient pas le chercher, et sa volonté de progresser dans l’arène semblait correspondre avec celle de Raelyn. Ils se remirent donc en route, une fois l’adrénaline quelque peu retombée. “Y’a forcément de l’eau quelque part. Faut qu’on la trouve.” En effet, ils avaient beau avoir deux gourdes - ce qui était peut-être davantage que d’autres gamins - cela ne leur tiendrait pas bien longtemps. Clyde se rappela avec amertume la fontaine qui trônait au centre de la corne, mais il était hors de question d’y retourner, du moins pour l’instant. Durant la majorité des éditions, les carrières tenaient la corne, et il s’agissait donc littéralement du dernier endroit où se trouver. “Y en avait à la corne mais faut qu’on trouve ailleurs, ouais.” D’autant que Clyde ne comptait clairement pas sur Raelyn pour couvrir ses arrières à la corne. Leur seule option serait de trouver d’autres tributs aussi désespérés qu’eux pour tenter de s’en approcher en groupe - et encore, il se méfiait d’une telle alliance. “On t’a donné quoi comme conseil avant de partir ? T’allier ?” Il était curieux de ce qu’avait pu entendre la blonde quant à leur avenir dans l’arène, car lui-même avait reçu tellement de conseils différents qu’il ne savait pas réellement où donner de la tête. Il savait abattre un arbre centenaire sans ciller et vivre dans les bois des jours durant, mais niveau stratégie et contacts humains, il séchait un peu. Alors que leurs deux tributs progressaient encore à travers les hautes herbes, ces dernières commencèrent à se faire de plus en plus éparses, si bien qu’une autre vue leur apparut enfin.

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@Clyde Wakefield

« Y en avait à la corne mais faut qu’on trouve ailleurs, ouais. » Ouais, la fontaine, je l’ai vue aussi quand j’attendais la fin du compte à rebours depuis ma plaque. « Ça a pas de sens. Ce serait un bain de sang et les jeux seraient fini en deux jours. » Et ce n’est pas ce que le capitole veut. « Sans compter que je suis prête à mettre ma main à couper que lui, il boit pas dans une fontaine. » Je montre du bout du menton l’énorme loup étendu par terre. S’il y a des animaux, il y a de l’eau, c’est une certitude, il suffit de la trouver.

« On t’a donné quoi comme conseil avant de partir ? T’allier ? » Je laisse échapper un rire sarcastique, avant de m’apercevoir qu’il me dévisage comme si j’étais folle. « Clyde les gens t’ont peut-être donné tout pleins de conseils à toi... » Après tout il est bien bâti et s’il n’est pas donné gagnant comme les carrières, il a ses chances. « Mais moi personne s’attend à ce que je gagne ces foutus jeux. Personne m’a donné de conseil. » Pas mon équipe de préparation qui s’est contentée de m’habiller en arbre, comme le sont nos tributs tous les ans, pas non plus Johanna, ma mentor, qui n’a certainement pas eu envie de perdre son temps. « Et ton mentor à toi, il t’a dit quoi ? » Je l’ai souvent vu en compagnie de l’autre gagnant du 7. De toutes l’histoire des Hunger Games nous n’avons eu que peu de vainqueurs. Seuls trois sont encore en vie, Johanna, qui a fait office de mentor pour moi, un vieillard qui ne sort pratiquement plus de chez lui, et le mentor de Clyde. Je me demande si lui croit en les chances de victoire de son tribut.

On marche longtemps. Je ne saurais dire combien avec exactitude, mais plus de deux heures, peut-être trois ou quatre. J’ai levé la tête vers le ciel avant de m’étonner. « Hé, t’as vu ? Il y a deux soleils. » Impossible donc de savoir l’heure qu’il est. Ils semblent suivre une course contraire, l’un se couche et l’autre se lève et j’en déduis que nous n’aurons que peu voir pas d’heures où il fera nuit noire. « J’espère que la lumière te dérange pas pour dormir. » J’espère qu’il ne deviendra pas fou de ne jamais pouvoir savoir quelle heure il est réellement surtout. Les herbes finissent par disparaître, et nous nous trouvons nez à nez avec une falaise. Elle semble moyenne escarpée, assez pour que certains tribut se brise la nuque, trop peu pour que cela devienne la première cause de mort, ça non plus ça n’amuserait pas le public. « Je suppose que c’est à ça que servent les crochets... » Même si vu d’ici certains passages me semblent praticables sans, nul doute qu’ils doivent être une aide inestimable pour d’autres. « Et je suis prête à te parier qu’elle est là haut notre eau. »

“Ça a pas de sens. Ce serait un bain de sang et les jeux seraient fini en deux jours.” Elle n’avait sûrement pas tort, la blondinette, même si Clyde ne pouvait s’empêcher de craindre que le Capitole soit suffisamment vicieux pour ne leur avoir mis à disposition de l’eau qu’à la corne. Ce n’était pas parce que les jeux étaient supposés servir de distraction et durer plusieurs jours qu’il ne pouvait pas y avoir des ratés. Les jeux de l’année dernière avaient été jugés trop longs par la population, alors peut-être voulaient-ils s’assurer de l’exact contraire cette année ? “Sans compter que je suis prête à mettre ma main à couper que lui, il boit pas dans une fontaine.” Clyde se retourna vers le loup gisant à terre que Raelyn pointait du doigt, puis hocha les épaules tout en acquiesçant d’un geste. A moins que les créations s’affranchissent cette année de leur état de nature, il avait appris qu’observer les bêtes permettait toujours d’obtenir des informations utiles sur l’arène - et visiblement, Raelyn avait un meilleur sens de l’observation que lui, et les informations tournaient plus vite dans sa caboche à elle. Le brun ne s’en formalisa pas, préférant finalement voir l’intérêt qu’il pouvait tirer d’une co-tribut qui n’était pas stupide à en mourir.

Alors qu’ils se remettaient en marche, Clyde tenta d’interroger Raelyn sur les stratégies à tenir, même s’il était clair que vu leurs constitutions respectives, ils n’avaient pas les mêmes atouts. “Clyde les gens t’ont peut-être donné tout pleins de conseils à toi... Mais moi personne s’attend à ce que je gagne ces foutus jeux. Personne m’a donné de conseil.” “Ah…” Qu’est-ce qu’il pouvait réellement répondre à ça ? Ils étaient tous envoyés à la mort dans cette arène, alors il ne pouvait réellement lui promettre que tout irait bien - car tout n’irait pas bien, non, et le loup n’était qu’un début. Pourtant, la manière qu’avait eu la blonde de prononcer cette phrase sans réellement d’émotion le perturbait - comme si elle était déjà résignée sur son sort, sans pour autant l’être puisqu’elle avait semblé vouloir défendre sa vie jusque là. Peut-être espérait-t-elle fuir le plus loin possible de tout le monde, pendant que les autres tributs seraient occupés à s’entretuer ? Sauf que cette stratégie ne marchait pas, et on l’avait déjà prévenu à ce sujet - le Capitole tentait toujours de ramener les tributs les uns vers les autres, en leur envoyant toutes sortes de mutations pour les pousser à se déplacer. “Et ton mentor à toi, il t’a dit quoi ?” Son mentor était de même constitution que lui, et avait gagné ses jeux en tapant plus fort que tout le monde sur la tête des autres tributs - une boule de muscles, une bête à l’état pur, ce que Clyde n’était pas même s’il partageait la même carrure de bûcheron. “Qu’une hache était la meilleure arme possible pour trancher la tête des autres tributs.” Clyde grimaça à cette idée. “Mais moi j’préfère attendre de pas avoir le choix.” En somme, il n’avait donc aucune stratégie, à part attendre, et aviser.

Après plusieurs heures de silence, la lisière des hautes herbes semblait enfin se rapprocher. “Hé, t’as vu ? Il y a deux soleils. J’espère que la lumière te dérange pas pour dormir.” Une nouvelle fois, Clyde hocha la tête. Si la lumière était leur seul problème, il pouvait s’en accommoder. “Je sais même pas si j’arriverai à dormir ici.” Du moins, la fatigue ne semblait pas prendre effet sur lui pour l’instant, tandis qu’une nouvelle montée d’adrénaline l’envahissait à la vue de la falaise devant laquelle ils venaient de s’arrêter. “Je suppose que c’est à ça que servent les crochets… Et je suis prête à te parier qu’elle est là haut notre eau.” “Sûrement, apparemment ils laissent rien au hasard dans l’arène. Enfin, j’ai entendu ça.” Il ne savait pourtant pas si cela valait vraiment le coup de prendre le risque de descendre avec les crochets. Au loin, il voyait des endroits qui semblaient praticables à pied, mais il lui sembla apercevoir quelqu’un bouger - nul doute que beaucoup de tributs se retrouveraient au même endroit s’il y avait peu d’endroits où passer, et ce n’était pas donc le meilleur endroit pour eux. “Y a deux paires de crochets.” A croire que le Destin avait signé le duo de sa main. Ouvrant le sac pour les sortir, il hésitait en les regardant sous tous les angles, même s’ils semblaient en effet suffisamment costauds pour entrer dans les brèches dans la roche, pourvu qu’elle ne soit pas friable. Puis il jeta un coup d’oeil à la corde, et l’idée lui sauta aux yeux. “Soit on s’encorde, soit c’est chacun pour soi.” De son point de vue à lui, il s’estimait suffisamment solide pour soutenir la blonde si elle glissait - et même si elle ne pourrait sûrement pas le retenir, il serait mort quoi qu’il en soit s’il lâchait la roche. Finalement, il préférait la garder à ses côtés aussi longtemps que possible, car il sentait qu’elle pourrait l’aider à trouver des solutions là où il se sentirait bloqué.

RAELYN & CLYDE

May the odds be ever in your favor

@Clyde Wakefield

Il a presque l’air gêné quand je le mets face à la réalité, ma réalité de tribut au gabarit minuscule. Il ne répond rien de plus qu’un ah qui témoigne de son embarras voir de sa pitié, mais je m’en fiche. Je ne suis pas indifférente à l’idée de mourir, je combat juste la peur avec un cynisme poussé à l’extrême. « Qu’une hache était la meilleure arme possible pour trancher la tête des autres tributs. » Bon conseil. Le mentor avec lequel je l’ai aperçu a sensiblement le même gabarit que lui, et cela ne m’étonne pas qu’il ait gagné. Quant à Johanna, je ne lui ai pas posé la question : ses jeux sont assez récents pour que je les ai en tête. « Mais moi j’préfère attendre de pas avoir le choix. » Je le dévisage un instant. Alors comme ça, l’idée de le tuer le repousse ? Si c’est le cas j’ai du mal à le voir aller loin dans ces gens, ils ne sont jamais remportés par des tendres. « C’est idiot ça. Peut-être qu’ils avaient tort et que c’est sur moi qu’il fallait parier dans ce cas. » Puisque de mon côté, l’empathie ne m’étouffe pas et je pressens que l’idée de devenir une meurtrière pour sauver ma propre vie ne me posera aucun cas de conscience.

Lorsque nous arrivons au bord d’un précipice, je baisse les yeux dans le vide un instant. Des journées perpétuelles, un terrain conçu pour que nous nous rompions le cou, quelles autres surprises nous réserve cette arêne ? « Sûrement, apparemment ils laissent rien au hasard dans l’arène. Enfin, j’ai entendu ça. » Ouais, j’en suis persuadée aussi, même si je me demande comme l’énorme loup a pu grimper ça. « Y’a forcément des passages plus praticables, mais ce seront des coupes gorges... » Parce qu’ils seront lieu de passage pour tous les autres tributs. « Y a deux paires de crochets. » Je hoche la tête. Deux paires, ce sac semblait nous être destiné. « Soit on s’encorde, soit c’est chacun pour soi. » Je jauge à nouveau le vide avant de réalise que je suis vidée de mes forces, et que je ne pourrais pas entamer la descente aujourd’hui. « Je suis d’avis qu’on attende demain. J’ai besoin de reprendre des forces avant de descendre, on sait pas pour combien de temps on en aura et on a assez de provisions dans le sac pour nous offrir ce luxe. » L’idéal aurait été de commencer à descendre et de trouver une grotte ou une cavité sur le chemin pour nous abriter, mais je ne suis pas certaine d’avoir envie de prendre le risque.

Lorsque Clyde avait jugé bon de préciser qu’il ne comptait pas trancher la tête des autres tributs de bon coeur, cela ne voulait pour autant pas dire qu’il s’y refuserait s’il s’agissait de sauver sa peau. “C’est idiot ça. Peut-être qu’ils avaient tort et que c’est sur moi qu’il fallait parier dans ce cas.” De son avis à lui, il ne fallait parier sur aucun d’eux deux, mais il se refusait à penser que le jury l’avait jugé digne d’un bon score s’il ne le méritait pas. Après tout, à part les carrières, y avait-il vraiment des tributs prêts à tuer pour le simple but de tuer ? “Tu penses vraiment qu’il y a des paris sur des gens comme nous ?” lâcha-t-il en haussant les épaules. Il avait beau avoir conscience de sa force physique, cette dernière n’avait jamais été développée dans le but de massacrer d’autres être humains. “J’dis juste que je compte pas tuer si c’est pas nécessaire.” Sauf que ce serait nécessaire, malheureusement, chose qu’il n’avait pas encore totalement saisie. Mais si elle tenait absolument à tester ses limites, elle n’avait qu’à servir de cobaye, pour voir.

Alors qu’ils arrivaient enfin à la lisière des hautes herbes, une falaise se dessina sous leurs pieds - et nul doute que cette dernière ne demandait qu’à être franchie, car ce qui se trouvait en-dessus ne pouvait qu’être plus intéressant que ces herbes à perte de vue. “Y’a forcément des passages plus praticables, mais ce seront des coupes gorges...” Jusque-là, elle ne lui apprenait rien. “Je suis d’avis qu’on attende demain. J’ai besoin de reprendre des forces avant de descendre, on sait pas pour combien de temps on en aura et on a assez de provisions dans le sac pour nous offrir ce luxe.” “T’es déjà fatiguée ?” Il lui jeta un sourire moqueur, même s’il devait avouer que la journée l’avait éreinté lui aussi, bien qu’il se sente capable de descendre après un petit moment de repos. S’ils restaient à découvert de cette manière, ils seraient une proie facile pour tous types de bestioles - ou de tributs, considérant que tous n’avaient sûrement pas encore descendu la falaise. De son point de vue à lui, il avait tout à gagner à descendre, avec ou sans elle, ce qui ne changerait pas grand chose puisqu’elle ne pourrait de toute manière pas le retenir s’il tombait. “Si on reste là n’importe qui peut nous tomber dessus.” Il la regarda d’un air songeur, réellement partagé entre l’idée de descendre - et donc de la laisser derrière lui - ou de passer la nuit avec elle pour s’assurer la continuité de leur pseudo alliance. Cependant, s’ils descendaient et qu’elle glissait, il risquait malheureusement d’y passer avec elle, ce qui n’était pas réellement dans les plans du brun. “Les herbes c’est trop risqué. T’es capable de marcher encore un moment, qu’on longe la falaise pour voir si y a mieux plus loin ?” Vu la manière dont leur alliance avait commencé, il aurait presque pu se considérer comme gentil, désormais - mais peut-être n’était-ce qu’une manière de profiter d’un dernier contact humain avant le début de la déshumanisation inévitable.