RAELYN & CLYDE

May the odds be ever in your favor

@Clyde Wakefield

« Si je sors d’ici vivant j’y croirai peut-être. » Je fronce les sourcils avant d’être prise d’une pensée plus sérieuse : s’il sort d’ici vivant c’est que je serais morte, comme les vingt deux autres tributs. « Si tu sors d’ici vivant c’est qu’on sera tous mort. Qui que soit le gagnant, j’ai du mal à croire que les autres auront mérité ça... » les Hunger Games nous punissent depuis plus de soixante dix ans et pour des actes commis par nos ancêtre. Je n’ai jamais été une rebelle dans l’âme mais le faire d’être coincée ici et envoyée à l'abattoir réveille ça chez moi, parce que c’est injuste. En attendant, nous n’avons l’un comme l’autre peu de chances d’en réchapper et pour cause : les quatre carrières sont encore en vie. J’ose espérer qu’ils traqueront les tributs les plus costaud avant nous - Clyde en fait partie mais pas moi et il reste moins impressionnant que d’autres garçons - et que certains périront par la même occasion. Dans les deux camps, de préférence pour nous.

« Pas pour l’instant, on a de quoi tenir. Mais si tu veux tenter un truc toute seule, je t’en empêche pas. » Je hoche la tête. Pense-t-il réellement que je suis assez idiote pour tenter quelque chose contre eux ? Je lève un sourcil et, amusée, je le houspille. « T’es plus marrant quand t’essaye pas en fait. » J’enfile mon t-shirt, j’attrape mes affaires et j'acquiesce à son plan : il est bon, faire profil bas pour l’instant ne peut être qu’une bonne chose. « Au cas-où tu l’aurais pas remarqué, je pense qu’on fait pas le même poids. Alors si les crochets tiennent, je vais pas m’en priver. » « Comme tu veux l’empoté. » Pourquoi a-t-il fallu que les piques mesquines soient ma seconde nature ? « Je préfère m’éloigner encore avant de grimper. » « Ouais, ça me va, mais pas trop, on est pas sûrs qu’il y ait un autre point d’eau que celui là. »

“Si tu sors d’ici vivant c’est qu’on sera tous mort. Qui que soit le gagnant, j’ai du mal à croire que les autres auront mérité ça...” Clyde s’était retenu de préciser que s’il était vivant cela signifiait que Raelyn serait morte, car cela coulait de source. Les Hunger Games n’avaient jamais connu plusieurs vainqueurs depuis leurs débuts, et il doutait que cela soit dans les plans à court terme du Capitole - donner de l’espoir aux districts, rien de pire. Il se contenta de hocher la tête, n’ayant pas besoin de lui repréciser qu’à terme, eux aussi deviendraient des ennemis. Elle le savait aussi bien que lui et cela était une réalité à laquelle ils ne pouvaient pas se soustraire, alors à quoi bon la relever encore et encore. Le moment viendrait où ils se sépareraient, mais le brun doutait que cela se fasse dans la bonne humeur et d’un commun accord.

Il se contenta de répondre de manière laconique à la blonde qui avait en tête de tenter quelque chose contre les carrières - qu’elle y aille seule, si ça la démangeait trop. “T’es plus marrant quand t’essaye pas en fait.” Il n’avait rien essayé, il ne faisait que décrire la vérité : elle pouvait faire ce qu’elle voulait, il s’en fichait bien. Le brun se contenta une nouvelle fois de grogner - même fatiguée, Raelyn ne s’arrêtait pas, et Clyde ne savait plus s’il devait en rire ou en pleurer d’agacement. Il finit par sortir les crochets de son sac sans demander l’avis de la blonde qui n’avait visiblement rien d’autre à faire que critiquer le moindre de ses choix. “Comme tu veux l’empoté.” Cette fois-ci, il lui lança un regard noir tout en commençant à taper avec une pierre sur les crochets pour les enfoncer dans l’arbre. Une part de lui imaginait presque la tête de Raelyn sur le bois, sur laquelle il ne pouvait pas encore taper, même si cela le démangeait presque. Pacifiquement, bien sûr. “L’empoté t’emmerde, et il va te laisser te débrouiller seule si tu continues à le faire chier.” Encore une fois, il ne faisait qu’énoncer les faits, et il n’essayait pas le moins du monde de plaisanter.

Clyde était davantage concentré sur l’idée de trouver un endroit idéal pour grimper, un peu plus loin que là où les derniers coups de canon s’étaient fait entendre, et qui risquait d’attirer du monde. “Ouais, ça me va, mais pas trop, on est pas sûrs qu’il y ait un autre point d’eau que celui là.” “L’eau nous a sauvé cette fois, mais elle nous tuera peut-être la prochaine. Si c’est un des seuls points d’eau les autres vont finir par se pointer.” La preuve, les tributs du trois leur étaient tombés dessus en quelques heures à peine. Cependant, il voulait bien concéder l’idée qu’il ne fallait pas trop s’éloigner non plus, sachant qu’ils n’avaient qu’une gourde chacun. “Je compte pas y retourner tout de suite. Peut-être si la nuit tombe.” Et si elle ne tombait jamais, il aviserait dans quelques heures. Au bout de quelques minutes de marche relativement rapide, il finit par s’arrêter devant des arbres dont la cime était invisible, ce qui en faisait un endroit parfait pour se cacher. “Tu veux tes crochets ou pas ?” Et il n’allait pas le répéter deux fois, tandis que lui enfonçait déjà les siens dans le tronc.

@Raelyn Blackwell

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@Clyde Wakefield

« L’empoté t’emmerde, et il va te laisser te débrouiller seule si tu continues à le faire chier. » Au moins là j’ai la confirmation qu’il n’a pas particulièrement d’humour le blond, ou en tout cas qu’il a un léger problème avec l’autodérision. Il faut dire que je suis obligée d’admettre avoir un humour mordant et, en parallèle, être particulièrement susceptible lorsque quelqu’un avec du répondant me renvoie l’ascenseur. Mais il manque de la répartie nécessaire à me faire fermer la gueule Clyde, et ça tombe bien, c’est pas ça que je lui demande. Ce que je lui demande c’est d’être les muscles de notre duo et de faire passer l’envie à certains tributs de s’attaquer à nous. Pour l’instant, concernant cette seconde partie, on ne peut pas prétendre qu’il s’agit d’une franche réussite, même ceux du trois se sont attaqués à nous sans hésiter. « L’eau nous a sauvé cette fois, mais elle nous tuera peut-être la prochaine. Si c’est un des seuls points d’eau les autres vont finir par se pointer. » Je hoche la tête. « On fait quoi, un kilomètre ? » Le compromis me semble bon surtout que, normalement, le terrain boisé nous donne l’avantage. Personne ne monte au terrain comme les enfants du sept et, de mon côté, j’ai passé plus de temps dans mes vie assise sur une branche les pieds dans le vide que les pieds sur terre. « Je compte pas y retourner tout de suite. Peut-être si la nuit tombe. » La nuit ne tombera pas. C’est beau d’espérer encore et, pour une fois, je ne réponds rien : il sait comme moi qu’il se berce d’illusion.

On marche en silence pendant quelques minutes, quinze, peut-être vingt, avant de commencer à jeter des coups d’oeils plus attentifs aux arbres, pour déterminer un juste milieu entre quelque chose d’adapté à l’ascension, mais pas accessible facilement aux débutants en escalade des autres district. « Et celui là, t’en penses quoi ? » Sans crochet les premiers mètres ne sont pas grimpables et ensuite, l’espace entre les branches solide rend l’ascension compliquée, mais pas impossible. On se décide pour le conifère, avant que Clyde ne sorte ses crochets de son sac. « Tu veux tes crochets ou pas ? » « Vas-y, file les moi. » Sans, difficile de progresser sur les premiers mètres, surtout avec mon poignet abîmés. « J’espère que c’est pas cassé. » Je tourne l’articulation sur elle même avant de prendre une grande inspiration et d’enfoncer mon premier crochet dans l’écorce de l’arbre.

“On fait quoi, un kilomètre ?” Au point où ils en étaient, faire un kilomètre ressemblait à une promenade de santé, surtout s’ils ne croisaient rien ni personne sur leur chemin. Clyde aurait pu marcher des heures si nécessaire, si seulement il avait eu la confirmation qu’il ne risquait pas de se faire alpaguer par une énième flèche en chemin. Il hocha donc la tête tandis qu’ils s’enfonçaient tous les deux à nouveau dans la forêt, laissant le point d’eau derrière - celui où il ne comptait pas retourner tout de suite, du moins pas avant d’être certain que la nuit ne tomberait pas. Si la forêt se tapissait d’ombre, il se savait capable de se déplacer sur ce type de terrain bien plus aisément que d’autres tributs. Encore fallait-il que les soleils se couchent un jour, ce dont il n’était pas persuadé mais qu’il espérait encore, alors que Raelyn ne semblait plus vraiment se raccrocher à cette idée. Soit, ils n’étaient pas pressés - après tout, ils étaient ici pour mourir, alors faire preuve de patience et attendre quelques heures pour avoir la confirmation qu’ils connaîtraient des journées éternelles n’était pas ce qui allait les tuer.

Raelyn finit par pointer du doigt un conifère dont l’ascension n’était pas aisé - du moins pas pour un tribut sans crochet et peu habitué à l’escalade, ce qui leur conférait un avantage certain. “Et celui là, t’en penses quoi ?” Clyde jeta un regard autour de lui, repérant plusieurs arbres semblables. “Y en a plusieurs qui sont pas mal.” Après tout, ce n’était peut-être pas la meilleure idée qu’ils grimpent au même, au cas-où ils doivent en descendre rapidement. Il se plaça devant l’arbre jouxtant celui de Raelyn, dont les cimes semblaient se toucher, puis sortit les crochets de son sac à dos avant d’apostropher la blonde. “Vas-y, file les moi.” Il jeta un regard mauvais à Raelyn mais se décida cependant à s’exécuter avant de lui tendre sa paire. “Deux empotés qui grimpent aux arbres, on est bien partis hein.” Il ne pensait pas si bien dire, car il s’agissait pourtant là d’un réel avantage que leur offrait cette arène, compte tenu du district dont ils étaient originaires. “J’espère que c’est pas cassé.” Cassé ou pas, au point où ils en étaient, ils devraient faire avec la douleur dans tous les cas. Il jeta un oeil à sa cheville avant de placer un premier pied sur l’arbre. “Prends ton temps, personne cherche à nous tuer pour l’instant.” Et le temps, il allait le prendre, car les premiers mètres suffirent à raviver suffisamment l’inflammation pour qu’il ne puisse cacher une grimace de douleur.

@Raelyn Blackwell

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@Clyde Wakefield

Je ne sais pas faire grand chose : on ne peut pas dire que ma force physique soit un atout, je ne sais pas lancer un couteau, tirer à l’arc ou me battre à l’épée ou au trident. Mais je sais grimpe, là dessus il n’y a rien à dire, et je connais aussi assez les arbres pour savoir si une ascension va être simple, compliquée, ou carrément suicidaire. Là, sur l’arbre que je repère, on se situe proche du suicidaire pour quelqu’un sans crochet et sans expérience et c’est parfait : je compte là dessus pour être tranquille une fois que j’aurais grimpé plus de dix mètres. « Y en a plusieurs qui sont pas mal. » Il regarde celui d’à côté et je comprends qu’il ne veut pas monter dans le même que moi. Tant pis pour lui, celui que j’ai trouvé est parfait. « Je ronfle pas hein tu sais. » J’esquisse un sourire avant de lever la tête pour observer la cime des arbres. « Y’a quelques branches qui se touchent qui s’emmêlent, on pourra se faire passer des trucs. » Cela dit, il reste peut-être plus intelligent de s’organiser. « On a qu’un sac, mais si tu me donne une des deux gourdes je peux l’accrocher à ma ceinture, et glisser une barre de viande séchée dans ma poche. Autant éviter les déplacements inutiles. » Je me dit qu’on pourra peut-être attrapepr un écureil avant de réaliser qu’il faudrait le manger cru, et je crois que je préfère encore jeûner tant que j’en suis physiquement capable. « Deux empotés qui grimpent aux arbres, on est bien partis hein. » Il me tend mes crochets en se déridant (enfin) et je les enfile en lui rendant son sourire. Je jette un oeil autour de moi, avant de tester la solidité du métal mais surtout celle de mon poignet. « Prends ton temps, personne cherche à nous tuer pour l’instant. » « Quelle belle journée. » Mon sourire amusé disparaît à l’instant où j’entame mon ascension. Mon poignet me fait mal et les crochets, plus adaptés à la roche qu’au bois mou, glissent parfois sur plusieurs dizaines de centimètres. Au bout de sept mètres je m’appuie sur une branche pour faire une preuve avant de regarder en bas. « Faut qu’on monte assez haut pour que les feuilles et les branches nous cachent. Sinon on est faits comme des rats si des tributs débarquent. »

Clyde roula des yeux en se demandant une nouvelle fois si le but de Raelyn dans ces Jeux était de survivre ou de l’emmerder jusqu’à ce qu’il finisse par en mourir - ce qui pouvait être une technique valide, vu la consistance à laquelle elle se tenait jusque là.

“Je ronfle pas hein tu sais.”
“C’est pas la question.”
“Y’a quelques branches qui se touchent qui s’emmêlent, on pourra se faire passer des trucs.”
“C’est exactement pour ça que je grimpe à celui-là. Tu me prends vraiment pour un débile en fait ?”
“On a qu’un sac, mais si tu me donne une des deux gourdes je peux l’accrocher à ma ceinture, et glisser une barre de viande séchée dans ma poche. Autant éviter les déplacements inutiles.”
“J'ai qu'un sac, mais ouais, d’accord.”

Il n’aimait pas l’idée de se départir d’objets qui lui serviraient davantage à lui qu’à elle s’ils en venaient à se séparer, mais il avait suffisamment bu pour se contenter d’une gourde pour l’instant. Quant à la viande séchée, il ne sortit qu’une seule barre avant de la lui tendre - puisqu’elle l’avait formulé ainsi, tant mieux - pour en garder la majorité pour lui, car il s’agissait tout de même de sa trouvaille à l’origine. Lorsque la blonde regarda son poignet avec un air soucieux, il ne put que la comprendre, car il craignait aussi de souffrir dans l'ascension. Cela ne manqua pas, puisqu’une grimace finit par déformer ses traits au bout de quelques mètres seulement, quand bien même les crochets lui permettaient de ne pas reposer tout son poids sur ses articulations, ce qui le soulageait grandement. “Faut qu’on monte assez haut pour que les feuilles et les branches nous cachent. Sinon on est faits comme des rats si des tributs débarquent.” Pour la première fois depuis le début, il regarda le sol - certes, ils s’étaient déjà élevés depuis plusieurs mètres, mais il suffisait qu’un tribu lève les yeux pour les repérer, ce qui rendait caduque le but de la manœuvre. Si les arbres ne pouvaient pas constituer une cachette, alors ils ne seraient qu’un piège puisqu’ils s’y retrouveraient bloqués sans possibilité d’en descendre. Clyde finit par se laisser à moitié tomber sur une branche, comme il vit Raelyn le faire, pour délester quelques secondes sa cheville de la pression. “Continue si tu peux, mais je dois m’arrêter deux minutes.” Enfin, deux minutes seraient peut-être trop longues, selon l’origine du bruit qu’il venait d’entendre à quelques mètres, encore couvert par la forêt environnante.

@Raelyn Blackwell

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« C’est exactement pour ça que je grimpe à celui-là. Tu me prends vraiment pour un débile en fait ? » Je réponds pas, je hausse simplement les épaules avec un air innocent sur les lèvres, comme pour sous entendre que oui, au fond, je le prends certainement un peu pour un idiot. Je ne dis rien puisque je suis consciente que ce serait outrepasser une limite, je me contente de laisser mon visage angélique donner le change. « J'ai qu'un sac, mais ouais, d’accord. » Et moi j’aurais dû laisser la fille du district un l’embrocher, comme ça j’aurais un sac et on aurait plus à se disputer pour une histoire de sujet ou de pronom. Mon sac, ton sac, quelle importance ? S”il a décidé qu’on était une équipe pour l’instant alors il vaut mieux me maintenir en vie et il me semble que pour ça une gourde et un bâtonnet de viande séchée c’est pas la lune non plus. Je lève les yeux au ciel mais ne répond pas puisqu’il s’exécute bon gré mal gré. J’attrape la gourde qu’il me tend et je la passe autour de ma ceinture avant de vérifier qu’elle est fermement accrochée, et je glisse la barre nutritive dans ma poche avant d’enfiler mes crochets.

Une fois qu’on monte, il n’y a plus personne pour se chamailler et se houspiller : nous avons tous les deux accusé des blessures qui nous font souffrir dans l’ascension. Moi je peux compter sur la force de mes jambes mais sans prise pour les poser c’est compliqué et mon poignet me fait horriblement mal quand, lui, c’est tout l’inverse. « Continue si tu peux, mais je dois m’arrêter deux minutes. » Je secoue la tête doucement, signe que je l’attend. Moi aussi j'accueille la pause avec soulagement, en nage et avec les larmes aux yeux d’avoir forcé sur à peine quelques mètres. « T’en fais pas, on peut faire une... » Je ne termine pas ma phrase puisqu’il bruit m’interromps. Je regarde Clyde avec des yeux remplis de panique et je lui fais signe de continuer l’ascension, tant pis pour la douleur. Je me mord l’intérieur de la lèvre et m’y remet, la peur me donnant des ailes.

Le dé   :

Au fond, l’opinion que pouvait se faire Raelyn de lui n’importait que peu à Clyde, quand bien même il trouvait toujours insupportable ce haussement d’épaules et ce regard angélique qui cachaient en réalité des critiques non formulées. A croire que parfois, elle savait se taire - et c’était bien dommage qu’elle n’en soit pas toujours capable. Il finit cependant par lui tendre la seconde gourde et une barre de viande séchée avant de démarrer l’ascension en serrant les dents de douleur, avant de s’arrêter sur une branche suffisamment solide pour supporter son poids. “T’en fais pas, on peut faire une...” Elle faisait moins la maligne, celle qui l’avait qualifié d'empoté quelques minutes apparemment - car en fin de compte, elle était tout aussi amochée que lui et elle ne pouvait pas non plus se soustraire indéfiniment à la douleur. Clyde ne releva pas, se contentant de reprendre son souffle et d’essayer de tendre sa jambe pour appuyer le moins possible sur sa cheville. Malheureusement pour eux, le répit ne semblait pas jouer en leur faveur puisqu’à peine arrêtés et encore à portée de vue, ils entendirent des bruits de pas à travers la forêt. Il ne suffit que d’un échange de regard avec la blonde pour qu’elle roule des yeux paniqués et lui fasse signe de continuer à grimper, ce à quoi il se plia sans se faire prier. Ce réflexe de survie leur valut de faire du bruit, trop de bruit sans doute, et d’attirer l’attention des quatres tributs qui avaient fini par arriver au pied de leurs arbres. Les carrières, et merde. A croire qu’à la loterie du karma, ils auraient pu être mieux lotis pendant ces Jeux, tout de même. L’adrénaline prit le pas sur la douleur une nouvelle fois, tandis que Clyde progressait le plus vite possible en espérant atteindre la cime des arbres avant qu’un des carrières n’ait la bonne idée de les prendre pour une cible mouvante, littéralement.

@Raelyn Blackwell

Spoiler:

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@Clyde Wakefield

J’ai cru que le pire serait la montée avec mon poignet foulé. La douleur a été si intense que, dès que j’ai eu les pieds suspendus dans le vide, j’ai ressenti une décharge de douleur. J’ai serré les deux, j’ai progressé sur quelques mètres en me disant que l’ascension allait être longue mais, qu’une fois en haut, on serait enfin tranquilles, on pourrait enfin reprendre notre souffle et surtout reprendre des forces aussi longtemps que nos provisions nous le permettent. Sauf qu’alors que je reprends mon souffle, installée sur un branche assez solide pour soutenir mon poid, j’entends d’abord un craquement, Clyde l’entend aussi, puis des voix. Je reconnais instantanément celle du garçon du un, celui avec son arc, avec ses poignards, celui qui m’a eu l’air particulièrement mortel à l'entraînement et, sans réfléchir, sans vérifier que Clyde me suite et continue lui aussi son ascension, je m’élance.

La douleur, je ne la sens presque plus. Je progresse en l’ignorant, les larmes aux yeux, en nage et le dos trempé de sueur froide, le coeur qui bat la chamade alors que je les entend crier, j’entend qu’ils nous ont repérés et qu’ils se précipitent vers nos arbres en courant, mais je ne jette aucun regard en arrière. Je progresse bien plus rapidement - ma vie en dépend et cela me donne des ailes - et je parcours dix mètres de plus en l’espace d’une poignée de seconde. Le tribut est sur nous et il identifie Clyde comme cible prioritaire. Il lance un premier couteau, un qui siffle et qui se fiche juste au dessus de la tête du blond, qui doit sa vie à ses réflexes. Au moins, on a un couteau de plus à présent. Je me suis arrêtée pour observer la scène et c’est une erreur puisque j’entends une des filles rires, attraper une hache et viser dans ma direction. Je me précipite plus haut, plus vite, j’espère que cela suffira. J’ai peur de mourir, je suis incapable de le cacher.

Allez c’est le tour de Raelyn :

La chance avait beau ne pas vraiment être de leur côté, elle les épargnait tout de même suffisamment pour leur laisser la vie sauve - pour l’instant. Alors que Clyde emboitait le pas de Raelyn qui n’avait pas attendu pour recommencer à grimper à son arbre aussi vite que possible, il prit le temps de regarder en bas - ce qui aurait pu se révéler être une erreur, mais lui sauva la vie puisqu’il vit arriver le couteau sur lui suffisamment à l’avance pour l’éviter. La lame avait sifflé à quelques centimètres de son oreille seulement, et il n’avait dû qu’à un réflexe de survie d’écarter son visage pour ne pas que le couteau vienne se ficher dans son cou et mette un terme rapide et instantané à son aventure dans les Jeux. Le fait qu’il soit la cible principale des carrières ne l’étonnait qu’à moitié, car d’un point de vue extérieur, il paraissait sans aucun doute plus fort et dangereux que Raelyn - quand bien même il avait vite réalisé que la gamine était plus agile et plus mortelle qu’elle ne le laissait paraître au premier abord.

Lâchant un soupir de soulagement, le brun ne se fit pas prier pour déloger le couteau de l’écorce et le passer rapidement à sa ceinture avant de reprendre son ascension sans se retourner à nouveau. Ce ne fut que lorsqu’il vit une hache filer en périphérie de sa vision qu’il se tourna vers Raelyn en serrant les dents, de peur de voir sa co-tribut se faire découper en deux sous ses yeux. De toute les manières de mourir, il espérait que l’arme utilisée ne serait pas une hache, ce qui serait un comble parce qu’il s’agissait de son matériel de prédilection. Lorsqu’il vit la hache s’écraser sur l’arbre puis retomber au sol, il reprit son ascension en lâchant un cri de peur, de colère et de douleur tout à la fois, avant de filer vers la cime des arbres qui leur paraissait de plus en plus proche. Enfin, après ce qui n’avait duré qu’une poignée de secondes mais avait semblé comme une éternité, il perdit de vue les carrières et tourna autour de l’arbre pour se retrouver derrière le tronc par rapport à leur position au sol. Désormais, il n’était plus question que les autres tributs les repèrent, et il se tourna donc vers Raelyn qui n’était qu’à deux mètres de lui, sur une branche voisine, avant de chuchoter. “On a eu de chance…” Oui et non, mais au bout du compte, ils étaient encore vivants, ce qui constituait la plus grande des chances durant les Jeux. “J’ai envie de leur balancer leur couteau mais je serais incapable de viser sans qu’ils me voient.”
@Raelyn Blackwell

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@Clyde Wakefield

Occupée à regarder le couteau qui se plante proche de la tête de Clyde, je ne réalise même pas que l’une des filles s’apprête à tenter de me faire subir le même sort. J’entends qu’elle rit mais je suis dans un état second focalisée uniquement sur l’ascension, et ce moment d'inattention manque de me coûter la vie. La hache manque de me faire perdre l’équilibre à cause de la surprise, mais elle ne me touche pas, rebondit sur l’écorce et retombe plusieurs mètre plus bas. Pas de cris, elle n’a même pas touché l’un des carrière en retombant.

La scène me fait en tout cas l’effet d’un électrochoc. Sans réfléchir je me lance à nouveau vers la cime des arbres et je recommence à progresser plus rapidement que je n’ai jamais progressé, pas même lors des concours d’escalades du district auxquels j’ai pourtant toujours obtenu de très bons résultats. Arrivés à une distance à laquelle ils ne peuvent plus nous viser, je m’arrête enfin sur une branche et j’aperçois Clyde, qui tient le rythme et qui ralentit aussi. « On a eu de la chance… »  « Si on avait eu de la chance elle se serait pris cette foutue hache en plein front quand elle retombée. T’as pu choper le couteau au moins ? » Celui qui est resté planté dans l’arbre au dessus de sa tête. J’aurais aimé que le projectile qui m’était destiné en face de même. « J’ai envie de leur balancer leur couteau mais je serais incapable de viser sans qu’ils me voient. » Donc il a leur couteau. « On est trop haut pour bien les viser. » Il faudrait redescendre et rien que l’idée me glace le sang. « Mais ils ont qu’à attendre qu’on crève de faim... » Je réfléchis en m’installant plus confortablement sur ma branche. « Ils savent pas grimper sinon ils aurait déjà essayé. » Et ils n’ont pas l’air d’avoir de crochets eux, au moins. « On a quoi, trois couteau en tout et ta hache ? Faudrait faire un sans faute pour les avoir tous, ce qui arrivera pas. Ensuite, on sera désarmés contre ceux qui restent. » Pas l’idée du siècle donc.

“Si on avait eu de la chance elle se serait pris cette foutue hache en plein front quand elle retombée. T’as pu choper le couteau au moins ?” C’était une manière de voir les choses, mais étant donné le but premier de ces Jeux, à savoir décimer les tributs les uns après les autres, Clyde s’estimait encore chanceux. Sa cheville le lançait terriblement, mais il n’avait pas eu à accuser de blessure supplémentaire qui aurait pu s’infecter et le tuer à petit feu, ce qui était une autre chance. Le brun finit par hocher la tête en réponse à la question de sa co-tribut, avant de jeter un coup d’oeil vers le bas - quand bien même il mourrait d’envie d’essayer de planter un des carrières au sol, il ne les voyait plus. “On est trop haut pour bien les viser.” Et autant dire que Clyde ne pouvait pas se targuer d’être le meilleur au lancer de couteau, ce qui rendrait d’autant plus dangereuse l’idée de redescendre en espérant toucher juste. “Même en redescendant je suis pas sûr d’en toucher un.” Au cas-où la blonde compte sur lui pour décimer les carrières, qui n’allait pas être une mince affaire - l’idée de base restant de survivre avant tout, et avant même de tuer les autres.

“Mais ils ont qu’à attendre qu’on crève de faim...”
“On peut tenir un moment. Faut espérer qu’ils se lassent.”
“Ils savent pas grimper sinon ils auraient déjà essayé. On a quoi, trois couteau en tout et ta hache ? Faudrait faire un sans faute pour les avoir tous, ce qui arrivera pas. Ensuite, on sera désarmés contre ceux qui restent.”
“Si on est en sécurité ici, je pense que ça vaut le coup d’attendre et voir ce que ça donne.”

Si les carrières n’abattaient pas un nouveau tribut dans les prochaines heures, peut-être ils finiraient potentiellement par se lasser et se lancer à la poursuite de quelqu’un d’autre. “Peut-être qu’ils se sépareront, ou qu'ils iront chercher du matériel pour grimper. S’il en reste que deux on aura plus de chances de les avoir.”

@Raelyn Blackwell