RAELYN & CLYDE

May the odds be ever in your favor

@Clyde Wakefield

« Je sais c’que je fais. » Il sait ce qu’il fait, mais quoi qu’il en soit il relève la viande, discrètement comme pour que je ne m’en rende pas compte, mais il le fait et moi ça me suffit. Je n’ai que faire de blesser sa fierté et je n’ai que faire de la mienne : tout ce que je veux c’est manger de la viande cuite correctement puisque je dois avouer que je meurs de faim et que ce n’est pas les quelques barres énergétiques qu’il y a dans son sac à dos qui nous maintiendront en vie et nous donnerons assez de forces pour affronter ce qui nous attend.

Lorsqu’il me tend la moitié de l’animal - j’y tiens, j’ai beau être plus petite et plus maigre on marche au cinquante cinquante ou on marche pas du tout - je croque à pleines dents dedans sans me soucier de donner l’impression d’être une sauvageonne. Elle n’est pas mauvaise cette viande, elle me fait penser aux ratons laveurs que l’on attrape dans le district sept. La graisse de l’animal me dégouline le long des joues et pourtant je n’en ai que faire, j’attrape une cuisse que je dévore sans un bruit, avant de m’attaquer au reste de l’animal. Je suis repue quand j’arrive à la fin de ma moitié, mais je devine que ce n’est pas le cas de Clyde. « Autant pas attendre, je vais essayer de trouver autre chose tant qu’on est là. » Ceci dit il n’a pas tort, faire des provision n’est pas idiot et tant que nous sommes proches du lac nous risquons de trouver d’autres animaux venus s’abreuver. « Surveille le sac à dos. » Je lève un sourcil et tandis qu’il se redresse en m’observant, je me lèche les doigts avant de me diriger vers l’étendue d’eau pour me rincer les doigts et me laver le visage, en insistant sur le contour de ma bouche. « Tu sais, même si j’étais une traître, je serais pas assez idiote pour essayer de me tirer maintenant. » Il a peut-être mal à sa cheville mais je ne suis pas non plus vraiment au meilleur de ma forme. Il me rattraperait sans mal avant de me faire passer l’envie de lui fausser compagnie à nouveau, et certainement définitivement. « C’est bon, je surveille le sac. » Je m’installe contre, le dos appuyé contre le tissu en tentant de me refaire le fil de la journée. Je tente de lutter contre la fatigue, mais je m’assoupis sans m’en rendre compte, assommée par la fatigue, et c’est un bruissement de feuilles qui me tire de mon demi sommeil. J’attrape mon couteau sans réfléchir, avant de parler en direction du bruit. « Clyde c’est toi ? »

Clyde regarda du coin de l’oeil la blonde se rapprocher de l’étendue d’eau et commencer à se laver le visage, avant qu’elle ne se retourne vers lui d’un air avisé - elle n’était pas bête et savait lire entre les lignes, au moins. “Tu sais, même si j’étais une traître, je serais pas assez idiote pour essayer de me tirer maintenant.” Tout le conditionnel utilisé dans cette phrase ne plaisait guère au brun, même s’il n’aurait pas été prêt à lui jurer une loyauté éternelle non plus. Leur alliance était temporaire et aucun des deux n’en était dupe, mais il espérait au moins que pour le temps qu’elle durerait, Raelyn n’allait pas tenter de lui planter un couteau dans le dos. Littéralement, comme figurativement. “Maintenant ? Du coup faut que je commence à m’inquiéter à partir de quand ?” La question était tout aussi sérieuse que rhétorique, et il accrocha fermement la hache à sa ceinture tandis que la blonde revenait vers le sac à dos. “[color=indianred]C’est bon, je surveille le sac.” Il n’aurait plus qu’à espérer que l’honnêteté faisait partie de ses qualités, mais il n’hésiterait pas à se faire mal lui-même pour la rattraper et l’achever si elle décidait de le trahir.

Décochant un dernier regard quelque peu méfiant à sa co-tribut, il disparut entre les arbres, même s’il espérait trouver quelque chose à la lisière et ne pas avoir à s’enfoncer trop loin. Il se mit à avancer lentement, profitant de la mousse à l’orée du bois pour avancer discrètement et ne pas se faire repérer par d’éventuels autres animaux. Finalement, au bout de quelques minutes, il repéra un autre animal semblable au premier - avec un peu de chance, ils se déplaçaient à plusieurs et il y en avait d’autres dans le coin. Il lança son couteau qui vint cette fois se loger dans le cou de l’animal - si seulement Raelyn avait put le voir, ce coup-ci. Malheureusement pour lui, le gémissement de l’animal en révéla un autre tout proche, qui s’enfuit en quelques instants sans que Clyde n’ait pu rien faire. Il hésita à s’enfoncer plus loin dans les arbres mais se ravisa, car assurer sa sécurité lui semblait plus important qu’accumuler de la nourriture qu’il n’aurait pas l’occasion de manger s’il se faisait tuer dans l’heure. Alors qu’il revenait vers Raelyn, il la vit au loin, toujours adossée au sac et… les yeux fermés. Alors qu’il s’approchait silencieusement pour en avoir le cœur net, elle se réveilla en sursaut alors qu’il venait de marcher sur une feuille - et merde, il l’aurait bien prise sur le fait pour lui faire peur, un peu. “Clyde c’est toi ?” Il sortit du bois en ricanant à la vue du couteau qu’elle venait d’attraper. “Ça c’est de la surveillance efficace.” N’importe qui aurait pu leur voler le sac, ou pire, égorger la gamine. “A quoi tu me sers si tu peux pas tenir éveillée pendant tes tours de garde, hein ?” L’idée de ne pas être seul au milieu de cette arène de la mort était un point non négligeable, mais s’il ne pouvait même pas compter sur la blonde pour tenir la garde, elle perdrait très vite de son intérêt.

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« Maintenant ? Du coup faut que je commence à m’inquiéter à partir de quand ? » C’est bien Clyde, t’es pas si con que ça finalement. Voilà ce que j’ai envie de dire, mais à la place, je lui adresse un immense sourire bourré de cynisme. Il le sait comme moi : rien ne nous enchaîne ensemble et à long terme nous serons forcés de nous séparer pour ne pas nous entretuer. Si nous survivons jusque là bien sûr et au fond de moi je suis persuadée que c’est ce qu’il espère, que quelqu’un s’occupera de moi avant qu’il n’ait à se salir les mains. Et là, je suis persuadée d’avoir un avantage non négligeable sur lui. Jamais je ne lui nuirais ant que nous sommes encore autant en jeu, mais je ne cillerais pas si un jour je dois l’égorger dans son sommeil pour m’assurer la victoire. Peut-être que tout le monde me détestera, au sept, mais je préfère être haïe et en vie qu’adorée et respectée dans la mort. Chacun son truc. « T’en fais pas je te préviendrai, évidemment. »

Evidemment. Bien sûr que non sinon ça n’a pas d’intérêt, mais j’ose espérer qu’il n’est pas idiot au point de me croire sur parole. Quoi que, ça m’arrangerait. Une fois qu’il a disparu, je tente de garder les yeux ouverts mais l’épuisement me rattrape. Il me court après depuis des heures et j’avais prévenu Clyde avant même d’entamer la descente. La nuit qui ne tombe pas nous prive de la notion du temps qui passe, et je suis certaine que nous avons déjà passé trop de temps sans prendre le temps de nous reposer. Je m’endors et lorsqu’un bruit me réveille, mon coeur rate un battement. J’aperçois Clyde, le résultat de sa chasse à la main, qui semble très fier de m’avoir surpris.

« Ça c’est de la surveillance efficace. »
« Ta gueule. »
« A quoi tu me sers si tu peux pas tenir éveillée pendant tes tours de garde, hein ? »
« A attraper les furets quand tu les manques. »

Je suis agacée d’avoir été prise en défaut et je suis bien incapable de le cacher. Epuisée je deviens irascible et j’ai bien du mal à dissimuler ma naturel peu joviale. « Je t’ai dis que j’étais épuisée avant la descente, avant l’orage et c’est pas toi qui a dû descendre la falaise en escaladant. » Je suis consciente d’être de mauvaise foi, mais tant pis. « Et il s’est rien passé de toute façon. » Ça aurait pu, mais ce n’est pas le cas.

Le sourire de la blonde ne trompait personne, pas même Clyde qui aurait pourtant aimé à penser qu’elle ne serait pas assez stupide pour s’attaquer à lui. “T’en fais pas je te préviendrai, évidemment.” Évidemment. Pour chaque pas en avant qu’il faisait avec elle, où il pensait pouvoir lui faire un peu plus confiance, son sourire angélique qu’il croyait de moins en moins le faisait reculer d’un pas. A croire qu’elle ne semblait même pas intéressée par le convaincre qu’ils étaient dans ces Jeux ensemble quoi qu’il en soit - car la réalité était qu’ils étaient seuls du début à la fin, et visiblement la blonde n’avait aucun scrupule à le montrer. Pour aussi brut de décoffrage que Clyde puisse paraître, il avait une vision moins cynique de la situation - et c’était ce qui mènerait sûrement à sa perte, s’il n’avait plus ses muscles pour le sauver.

Il finit donc par abandonner cet échange qui ne mènerait à rien d’autre qu’à accentuer l’animosité palpable entre eux, et disparut entre les arbres avant de revenir avec une prise en main, tout ça pour prendre Raelyn sur le fait. Il n’avait pas fallu cinq minutes à la blondinette pour s’endormir - autant dire que son rôle de garde n’avait pas été un franc succès, et elle le savait, à en juger par le ton sifflant qu’elle employait pour ne pas devoir avouer sa faute. “Ta gueule.” Comme si ça allait l’empêcher de continuer à l’emmerder. Trop tentant, blondie. “A attraper les furets quand tu les manques.” “Et ça, c’est quoi ?” Lui non plus n’appréciait pas particulièrement qu’elle relève ses manquements, et il souleva donc avec un sourire narquois le nouveau furet qu’il venait d’attraper - sans son aide, évidemment. Il commença à s’approcher du feu pour le raviver, alors que Raelyn essayait visiblement coûte que coûte de se justifier.

“Je t’ai dis que j’étais épuisée avant la descente, avant l’orage et c’est pas toi qui a dû descendre la falaise en escaladant.”
“On a pas vraiment eu le choix, j’te rappelle.”
“Et il s’est rien passé de toute façon.”
“T’façon ça aurait été ton problème.”
Il finit par relever un regard bien plus perçant vers elle.
“Par contre quand je serai en train de dormir et que tu pourra pas tenir la garde, là ça va devenir mon problème.”

Et s’il tenait la fatigue jusque là, ce ne serait peut-être pas le cas longtemps - et là, cela deviendrait réellement inquiétant s’il ne pouvait pas faire confiance à Raelyn. Il finit de cuire le deuxième furet puis en attrapa une cuisse, laissant à Raelyn le soin d’en prendre un bout si elle le voulait - ou pas, et ça l’arrangerait. “On fait quoi, on repart ou on attend de voir si la nuit tombe ?” Et à voir la tête de la blonde, elle n’attendrait sûrement pas la nuit pour dormir.

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« Et c’est ça, c’est quoi ? » Je lève les yeux au ciel tandis que le blond brandit devant lui l’animal qu’il a réussit à attraper. « Si tu ressens le besoin de le dire à chaque fois que t’arrives à attraper un truc, je vais commencer à m’inquiéter. » C’est bien connu, ce sont ceux qui en font le moins qui en parlent le plus après tout.

Bien sûr, je n’aime pas être prise en défaut. Je n’ai pas choisi de m’endormir et c’est là l’expression de mon degré de fatigue. Le jour ne se couche pas, mais nos organisme se fatigue et je devine qu'en temps normal il devrait faire nuit depuis déjà bien longtemps.

« On a pas vraiment eu le choix, j’te rappelle. »
« On aurait pu dresser le camp avant la falaise. »
J’ai la sensation qu’il a l’intention de continuer à prendre des décisions unilatérales puis de me repprocher de ne pas être capable de suivre son rythme. Sauf que je ne suis pas un grand gaillard de quatre vingt kilos. Je suis une sauterelle qui a besoin de repos, et tant qu’il n’aura pas compris ça on ira pas loin. Il fonce à la corne et me reproche de m’être barrée. Il me pousse à avancer encore et encore et me reproche de m’être endormie. Cela commence à être un schéma récurrent qui me dérange. « T’façon ça aurait été ton problème. » « Exactement. » Pourquoi est-ce qu’il continue à m’emmerder dans ce cas ? « Par contre quand je serai en train de dormir et que tu pourra pas tenir la garde, là ça va devenir mon problème. » « Si t’écoutes quand je te dis que j’ai besoin de me reposer, ça sera le problème de personne. » Parce qu’il n’y aura pas de problème. « On fait quoi, on repart ou on attend de voir si la nuit tombe ? » « Faut que je m’endorme en marchant pour que tu comprennes que j’ai besoin de dormir ? » Et de toute façon, partir pour aller où ? Nous avons à manger et sommes à proximité d’un point d’eau. « Pourquoi tu veux bouger de toute façon, t’as un rencard ? Tu crois que tu vas gagner une médaille si t’explores la totalité de l’arène ? » Moi je dis qu’on trouvera difficilement mieux qu’ici pour se reposer.

“Si tu ressens le besoin de le dire à chaque fois que t’arrives à attraper un truc, je vais commencer à m’inquiéter.” Clyde secoua la tête en produisant un claquement de langue mécontent qui signifiait que la gamine commençait à trop lui taper sur le cerveau pour qu’il ait réellement envie de poursuivre cette conversation - s’il s’agissait réellement d’une conversation, et non pas d’un duel jusqu’à l’abandon. Quelque chose lui disait que la blonde n’avait jamais tord, et il n’était pas assez idiot pour se complaire dans une lutte qui l’emmerdait désormais plus qu’autre chose. Non contente de ne pas assumer le fait qu’elle avait failli au seul rôle qu’il lui avait confié, elle choisit d’enfoncer le clou un peu plus dans l’agacement du brun.

“On aurait pu dresser le camp avant la falaise.”
“Je t’ai jamais forcée à me suivre, t’avais qu’à y rester en haut de la falaise.”

Un mélange d’agacement et de mauvaise foi suffisait à lui faire oublier qu’elle lui avait sauvé la mise peu de temps avant qu’ils n’arrivent au bord de la dite falaise. Même si Raelyn lui semblait d’une flagrante inutilité à cet instant - d’autant plus qu’elle savait se montrer insupportable lorsqu’elle le voulait - il était conscient qu’il était mieux en sa compagnie. Pour l’instant, du moins. Sauf que cette dernière semblait décidée à lui imputer tous les malheurs qui lui tombaient dessus depuis le début des Jeux - à croire qu’elle n’avait pas bien conscience de là où elle se trouvait. Ils avaient beau s’être alliés momentanément, tous les tributs se battaient pour sauver leur peau, et la gamine pouvait donc difficilement blâmer quelqu’un d’autre pour sa propre fatigue.

“Si t’écoutes quand je te dis que j’ai besoin de me reposer, ça sera le problème de personne.”
“Au cas-où tu l’aies pas remarqué, on est pas ici pour se reposer quand bon nous semble.”
“Faut que je m’endorme en marchant pour que tu comprennes que j’ai besoin de dormir ?”
Le sourire du brun se crispa. Elle lui tapait sur les nerfs.
“Pourquoi tu veux bouger de toute façon, t’as un rencard ? Tu crois que tu vas gagner une médaille si t’explores la totalité de l’arène ?”
C’était lui qui allait finir par la taper tout court, à ce rythme-là.
“Et toi tu penses vraiment que parce c’est tranquille maintenant, on prend pas le risque de se faire surprendre par tous les côtés en traînant ici ?”
Alors qu’il levait les yeux au ciel d’exaspération, Clyde fut pris d’un sursaut lorsque le ciel s’obscurcit brusquement pour faire entendre l’hymne qu’il n’espérait plus.

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@Clyde Wakefield

« Je t’ai jamais forcée à me suivre, t’avais qu’à y rester en haut de la falaise. » « T’as autant besoin de moi que l’inverse. » Pour dormir, mais aussi parce que j’augmente son capital sympathie auprès des sponsors. On ne peut pas réellement dire que j’ai été remarquée ou appréciée pendant mon passage au capitole, mais une brute épaisse c’est vu et revu dans les jeux. Une brute épaisse qui protège sa plus jeune et plus fragile co tribut, c’est un type bien. Le genre de type auquel les sponsors veulent donner de l’argent, le genre de type que les riches capitoliens veulent voir la gagner. Et la jeune adolescente ? Oh, et bien elle, elle n’a jamais eu ses chances de toute façon. Je suis prête à parier qu’elle se l’arracheront au capitole s’il rentre en vainqueur.

« Au cas-où tu l’aies pas remarqué, on est pas ici pour se reposer quand bon nous semble. » « On n’est pas non plus ici pour marcher jusqu’à l’épuisement. » Et je ne pense pas que ce soit la meilleure stratégie non plus. Il nous faut nous reposer tant que nous le pouvons, puisque ce genre d’instant de tranquillité dure rarement bien longtemps dans les jeux. « Et toi tu penses vraiment que parce c’est tranquille maintenant, on prend pas le risque de se faire surprendre par tous les côtés en traînant ici ? » « Autant en profiter tant que - » La nuit tombe d’un coup, sans progression, les soleils s’emballent et se couchent en moins d’une minute, avant que l’hymne ne commence. Fascinée et effrayée à la fois, je me tais et lève les yeux vers le ciel. Onze morts, un peu moins de la moitié. Le garçon et la fille du quatre. C’est rare pour un début de jeu, ce sont eux qui ont été tués par les oiseaux dont mais cela veut aussi dire que les quatre autre carrière ont survécu, ainsi que les deux du trois. La fille du cinq, le garçon du six et les deux tributs du huit. Jusqu’ici peu de surprise, si  ce n’est celle que nous soyons encore en vie. Les deux tributs du neuf suivent ainsi que la fille du dix et celle du onze : voilà pourquoi les deux garçons étaient tous les deux tout à l’heure, ils ont dû se serrer les coudes. La fille du douze, et c’est terminé. Lorsque le ciel redevient noir, je me tourne vers Clyde. « Il reste les quatre carrières, les deux du trois, le garçon du cinq, la fille du six, le garçon du dix et celui du onze, et la fille du douze. Et nous bien sûr. J’ai oublié personne ? »

“T’as autant besoin de moi que l’inverse.” Un instant d’hésitation et un regard noir plus tard, Clyde n’était toujours pas prêt à lui donner raison. “J’en suis pas si sûr.” Si elle se considérait indispensable à ce point, il attendait qu’elle se rattrape après ce tour de garde catastrophique. Pour autant, il se rappela à cet instant-là qu’il était filmé, et songea au fait que se disputer avec sa co-tribut n’était peut-être pas le meilleur moyen de s’attirer la sympathie des spectateurs. Aux dernières nouvelles, il fallait soit les choquer, soit les attendrir - alors il avait le choix entre étriper la blonde dans son sommeil ou la supporter un peu plus longtemps. Pour agacé qu’il soit, la première option n’était pas - encore - sur la table, et il finit donc par détourner son regard d’elle avant d’être tenté de s’énerver davantage. “On n’est pas non plus ici pour marcher jusqu’à l’épuisement.” Ouais ouais, qu’elle parle, puisqu’elle avait toujours raison visiblement. “Autant en profiter tant que -” Ou qu’elle se taise, c’était encore mieux. Clyde leva les yeux en même temps que Raelyn, brusquement détourné du conflit par le ciel qui s’était assombri sans prévenir, avant d’être éclairé d’un faisceau lumineux tandis que l’hymne retentissait. Le même que chaque année, celui qu’ils avaient cru ne jamais entendre - mais certaines traditions avaient la vie dure, même dans les Jeux. Il compta les tributs un à un, espérant perversement que le décompte ne cesse jamais, quand bien même il s’agissait de gamins morts qui avaient tous plus ou moins son âge. Onze. Seulement onze, pas même la moitié. Dire qu’il avait naïvement espéré qu’il s’agirait du nombre à tomber durant le bain de sang à la corne, mais l’optimisme n’avait pas sa place aux Jeux, et il le découvrait peu à peu. “Il reste les quatre carrières, les deux du trois, le garçon du cinq, la fille du six, le garçon du dix et celui du onze, et la fille du douze. Et nous bien sûr. J’ai oublié personne ?” “Non, c’est ça.” Il refit rapidement le calcul dans sa tête, alors que les visages et les districts des morts se mélangeaient dans son esprit qui commençait tout de même à tourner au ralenti après tant d’heures passées debout. “Ouais, il en reste onze autres.” Ou douze, selon comment le calcul était fait, mais ce n’était peut-être pas le moment de remettre sur le tapis la fragilité de leur alliance. A la place, il continua à fixer le ciel dans lequel aucun soleil n’avait repris place après la fin de l’hymne - à croire que la nuit existait bel et bien dans l’arène, mais pour combien de temps ? Le seul avantage pour eux, c’était que leur feu était désormais éteint, et qu’en principe moins de tributs se déplaceraient en pleine nuit pour les trouver. Clyde finit par se racler la gorge, devant quelque peu se forcer à se radoucir face à Raelyn, même s’il parvenait à donner le change - pas à elle, c’était certain, mais aux sponsors peut-être. “Si tu veux dormir un peu, c’est le moment j’pense.” Quant à lui, il pouvait tenir encore un peu - mais rien ne promettait qu’il en ait le temps ensuite. Malheureusement, si la blonde ne dormait pas, il allait devoir la traîner par terre, et l’idée ne l’enchantait pas davantage. “Je prends la garde.” Et il allait la tenir, lui.

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@Clyde Wakefield

L’hymne commence et avec lui s’arrêtent nos chamailleries. Je suis certaine qu’elles plaisent aux citoyens de capitoles qui voient là une preuve de franche camaraderie. Je suis sûre qu’en ce moment même elles nous valent quelques points, mais pas assez pour faire de l’ombre aux carrières, non, tant qu’ils sont en vie, ils monopoliserons l’attention des sponsors. La meilleure stratégie ne serait pas d'échafauder un plan pour tenter de causer leur perte ? Nul doute que celui ou celle qui les tuera ou tuera l’un d’entre eux gagnera une flopée de fans, mais est-ce que cela vaut le coup ?

Pour le moment nous ne manquons de rien, relativement en tout cas, nous ne manquons de rien pour les jeux. Nous avons trouvé de l’eau et nous avons mangé. Ne ferions nous pas de nous cacher le temps que les autres s’entretuent. Je sais que ce serait ça mon plan si j’étais seule, mais j’ai Clyde à mes côtés, ne serait-ce pas un gâchis que de ne pas utiliser ses muscles ? Je tais mes questionnements, je les partagerai à Clyde quand moi même j’y verrai plus clair et pas avant. « Ouais, il en reste onze autres. » Je hoche la tête. Onze. La moitié de nos adversaire sont morts. Un peu moins si je mets Clyde dans le lot. Combien de temps dureront ces jeux ? « Si tu veux dormir un peu, c’est le moment j’pense. » « Je vais pas me faire prier. » Je l’observe tentant de savoir s’il va m’étrangler dans mon sommeil. Ça ça attirerait l’attention, pour sur. « Je prends la garde. » Je hoche la tête doucement en m’installant de la façon la moins inconfortable possible. « Tu me réveilles dans deux heures ? On fait des tours de deux heures ? » Sans montre ou aucune indication d’heure, ce sera approximatif. A peine je ferme les yeux, le sommeil se lève et la lumière revient violemment. Je les rouvre le temps de confirmer ma théorie. « Journées perpétuelles… Ça ça va être drôle. » Ou pas, nous allons avoir du mal à trouver un peu de repos. Mais pas cette “nuit”. Je suis si éreintée qu’à peine mes yeux refermés, malgré la chaleur, malgré le soleil, je m’endors immédiatement, ma chemise relevée sur mon visage pour éviter d’être brûlée par le soleil.

“Je vais pas me faire prier.” Et c’est exactement pour ça qu’il lui avait proposé de prendre la première garde, et non parce qu’il portait particulièrement la blondinette dans son coeur. Si elle ne dormait pas maintenant, elle finirait par s’écraser d’elle-même au sol - ou pire, elle deviendrait encore plus irascible qu’elle ne l’était déjà, et il s’agissait clairement de ce que Clyde voulait éviter le plus. “Tu me réveilles dans deux heures ? On fait des tours de deux heures ?” C’est long, deux heures. Si la notion du temps était approximative dans l’arène, Clyde se rappelait du chemin parcouru après le bain de sang, en quelques heures - peut-être deux, peut-être plus. Il n’empêche qu’en deux heures, ils auraient le temps de se faire retrouver par un bon nombre de tributs, de voir les soleils se lever et se coucher dix fois. Mais surtout, Clyde aurait le temps de s’endormir lui aussi, ce qui était le piège à éviter. Pour aussi solide qu’il en donne l’apparence, il n’aurait pas dû non à une sieste lui non plus, et s’il y avait bien quelque chose qu’il voulait éviter, c’était de devoir repartir en panique en n’ayant pas fermé l’oeil une seconde alors que Raelyn aurait eu tout le loisir de se reposer. Il finit néanmoins par grogner, bon gré mal gré, n’ayant aucunement l’intention de rappeler une fois de plus à la blonde qu’elle ne faisait pas vraiment partie de ses priorités. “Comme si j’allais pouvoir compter les heures.” Et surtout, comme s’il allait la laisser dormir aussi longtemps. Tant pis, leurs siestes courtes ne seraient pas très reposantes, mais il préférait dormir quelques dizaines de minutes plutôt que rien du tout. Raelyn finit tout de même par s’allonger, signe qu’elle avait un minimum confiance en lui pour ne pas la tuer dans son sommeil, ce qu’il aurait déjà fait si c’était là son intention. A l’instant même où elle sembla fermer les yeux, un des deux soleils retrouva sa course initiale dans le ciel en quelques secondes à peine. “Journées perpétuelles… Ça ça va être drôle.” Clyde lui répondit par une grimace, attendant simplement qu’elle se taise et en profite pour dormir - car le plus tôt elle serait endormie, le plus tôt il se reposerait à son tour. En attendant, il s'accroupit sur un rocher et attrapa son couteau et sa hache pour les aiguiser mutuellement, ce qui pourrait toujours servir. A plusieurs reprises, des bruissements de feuilles lui firent relever la tête, mais rien ne semblait suffisamment inquiétant pour que cela mérite de réveiller Raelyn. Enfin, au bout de ce qui lui semblait être une éternité alors que deux heures ne s’étaient sûrement pas écoulées, il sentit ses paupières s’affaisser peu à peu. Craignant d’avance la réaction de sa co-tribut, il se pencha tout de même vers elle pour la secouer doucement. “Je tiens plus, à ton tour.” Elle pourrait râler, mais il avait au moins eu le mérite d’être honnête - c’était ça ou il s’endormait à son tour, et il doutait que l’idée plaise à la gamine.

RAELYN & CLYDE

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@Clyde Wakefield

Le jour se lève déjà de nouveau, et je comprends que la nouveauté et torture de cette année sera de nous empêcher de nous reposer en nous assommant de soleil et de lumière sans interruption. Réussir à dormir une vraie “nuit” sommeil risque d’être compliqué et, si nous sommes à l’ombre des arbres dans la forêt et donc relativement chanceux, je n’ose penser à ce qu’endurent ceux qui se sont aventurés de l’autre côté de l’arène, dans les hautes herbes. La chaleur risque de vite devenir insupportable et leur peau d’être brûlée par la morsure du soleil. Les carrières, où sont-ils ? Je me surprends à espérer qu’ils souffrent le martyr, et je me découvre une cruauté naissante que je ne soupçonnais pas.

Malgré tout l’épuisement me permet au moins de sombrer vite. A peine j’ai fermé les yeux que je m’endors, et que les cauchemars s’invitent à ma table. Les bêtes que nous avons affrontées me hantent, l’énorme loup et les oiseaux féroces me pourchassent toute la nuit. Ma trop courte nuit puisque j’ai a peine l’impression d’avoir fermé l’œil quand Clyde me réveille. « Je tiens plus, à ton tour. » Grognon, j’accepte pourtant sans protester. Il dort à son tour, et nous échangeons à nouveau deux fois décidant de nous accorder un peu plus de repos. Ce n’est qu’au terme de ma deuxième garde que je suis alertée par un bruissement de feuille dans la forêt. Je secoue doucement l’épaule du blond, angoissée et stressée. « Clyde, réveille toi... » Des qui ouvre les yeux, je place mon index devant mes lèvres pour lui faire signe se taire avant de lui montrer la direction dont vient le bruit.

Doucement je me relève sans quitter l’orée de la forêt des yeux. Que se cache t’il derrière l’imposant érable qui se dresse devant nous ? Je fais quelques pas en avant, la main fermement agrippée à mon couteau, le coeur qui bat la chamade.

Le dé   :

Raelyn semblait être plus attachée à sa survie qu’à ses velléités de plaintes permanentes, puisqu’elle accepta sans broncher - mais sans sourire - que Clyde dorme un moment à son tour. Puisque les bois semblaient être tranquilles pour l’instant, ils finirent par échanger à nouveau la garde, profitant de ce repos qui serait peut-être le dernier avant un certain moment. Bien qu’aux abois, Clyde avait fini par prendre en compte la remarque de la blonde - à quoi aller toujours plus loin dans l’arène ? Rien ne disait que les autres tributs s’y refuseraient, ou pire, que les organisateurs des Jeux ne finiraient pas par les ramener s’ils jugeaient que leurs journées étaient trop reposantes. Au fond, cela ne servait presque à rien de chercher une situation idéale qui n’existait même pas, selon les bases sur lesquelles étaient conçus ses Jeux. Le brun profita donc des deux siestes consécutives, avant d’être réveillé en sursaut par Raelyn qui secouait vivement son épaule. Il n’eut pas le temps de prononcer un mot qu’elle lui intima de se taire en plaçant son index devant ses lèvres. Malgré toutes les questions qui fusaient dans son esprit, son instinct de survie prit rapidement le dessus et il regarda dans la direction qu’elle lui pointait, avant d’entendre le bruissement des feuillages à son tour. Il voulut empêcher sa co-tribut de se relever et d’aller dans la direction du bruit, mais il n’eut même pas le temps de saisir sa hache et de la rejoindre qu’une flèche fila au-dessus de leurs têtes. “Baisse-toi !” Clyde se jeta à terre pile à temps pour éviter le projectile mortel, avant de relever les yeux pour vérifier que Raelyn avait fait de même et n’était pas à présent embrochée vivante. Toujours allongé au sol, il saisit rapidement le couteau à sa ceinture avant de se relever doucement et de se décaler derrière l’arbre le plus proche, alors qu’il voyait des tributs avancer vers eux, l’un d’eux avec une autre flèche prête à être décochée. Les deux gamins du trois, l’un des rares binômes encore entiers, comme le leur.

@Raelyn Blackwell

Spoiler:

RAELYN & CLYDE

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@Clyde Wakefield

Pourquoi fait-il toujours jour dans cette arène de malheur ? Sans obscurité nous sommes à découvert, et la seule chose que nous pouvons faire c’est de prier pour que les autres tributs aient décidé de dormir à la même heure que nous.

De toute façon, nous aurions dû nous reposer à un moment où à un autre et, si comme je le pressens, la nuit ne tombera jamais, en tout cas pas en dehors de l’affichage des tributs morts et de l’hymne, nous allons devoir apprendre à dormir sans la certitude d’avoir enfin le droit à un peu de répit. Si j’étais un carrière, je décalerai mes journées pour qu’elle commencent après l’hymne et se termine quand les autres se lèvent. Ainsi, la nuit, je chasserais les concurrent les plus faibles pour les éliminer. C’est ce à quoi je pense lorsque j’entends un bruit qui m’alerte, et je réveille aussitôt Clyde. Je le secoue sans douceur, mais je porte un doigt à mes lèvres pour qu’il ne fasse aucun bruit. Sauf que nous sommes déjà repérés et qu’alors que je me redresse doucement une flèche file au dessus de notre tête. « Baisse-toi ! » Je n’ai pas attendu son ordre pour me jeter au sol, et je peine à présent à attraper à nouveau mon couteau d’une main tremblante. Les gamins s’avancent, et je crois distinguer les tributs du trois entre les branches. « Ce sont ceux du trois. Ils visent comme des ânes borgnes. » Mais ils sont proches, et nous n’avons aucune arme à distance. Alors quand la seconde flèche décochée par nos assaillants nous manque aussi, je ne prends pas le temps de prier ma bonne étoile. Je me dis qu’il s’agit d’un miracle et que nous n’aurons pas la même chance éternellement : je referme mes doigts autour du manche de mon poignard et je bondis.

Le dé   :