"If you’re ever feeling lonely If you’re ever feeling down You should know you’re not the only one ‘cause I feel it with you now When the world is on your shoulders and you’re falling to your knees Oh please You know love will set you free"
Comme très très souvent, Rachel est chez moi. Elle a répondu à un appel au secours, une alerte vestimentaire qui se transforme en séance de psy avec ma meilleure amie. Elle me connaît, elle me comprends, elle me supporte, elle me guide aussi et c'est ma meilleure conseillère. Celle qui m'aide à y voir plus clair, à prendre de meilleures décisions, à faire de meilleurs choix. Depuis qu'elle est entrée dans ma vie, elle me permets d'éviter les conneries, du moins les grosses conneries et elle tente de faire de moi quelqu'un d'un peu plus raisonnables et moins excessives en soirée. Elle m'aide à me comprendre, elle m'aide à y voir plus clair dans la bordel qu'est ma vie et mon esprit. Et, surtout elle est dans ma vie, présente à tout moment pour me rassurer et m'écouter comme cet après-midi ou juste après ses cours, elle a accouru chez moi pour m'entendre évoquer le même sujet depuis deux, trois semaines. Caleb. Parce que je ne pense qu'à lui, je ne pense qu'à ce que nous avons vécu, partagé, qu'à ce mec qui me bouleverse sans que je ne puisse en comprendre la raison. Et comme si j'étais déjà pas assez nulle en relation, il a fallu tout compliquer en couchant avec lui le deuxième soir. Alors qu'on ne se connaît pas. Alors qu'on ne sait rien finalement l'un de l'autre. Je suis nulle en relation et j'ai l'impression d'avoir déjà rendu tout ça encore plus compliquée. « On a décidé qu'on irait doucement mais une soirée chez lui en tête à tête, c'est pas un peu trop risqué, trop rapide ? » Oui, après avoir couché avec lui, on s'est donné le droit de faire les choses correctement, du moins plus simplement. Mais ça ne me semble pas simple à moi et je me demande comment je vais devoir agir avec lui, qu'est-ce que je vais pouvoir faire ou non. Je ne sais pas ce qui est attendu dans une telle situation et je crois que j'ai peur de tout gâcher. « Alex, tu t'es déshabillée devant lui, tu lui as sauté dessus le premier soir, tu as couché avec le deuxième soir. Quoique tu fasses ce soir ça ne pourra pas être plus rapide que ça. » Je lui envoie un oreiller dessus, alors qu'elle ne m'aide pas vraiment en se moquant de moi. Mais elle n'a pas forcément tord. Tout a été vite entre nous, très vite et ça aurait pu tout gâcher finalement. J'aurais pu lui faire peur, lui donner une mauvaise image de moi, et puis on peut pas dire que ce moment soit mémorable en plus. Mais, pour une raison que je suis incapable de comprendre, j'ai eu envie de le revoir encore, j'ai eu envie de passer du temps avec lui, et j'en ai encore envie. Sauf qu'alors que je me prépare pour une soirée chez lui, je crois que je commence à me questionner sur le sens de cette soirée. « Tu crois que ça veut dire qu'il le veut, enfin qu'on va le faire ? Je sais pas ce qu'il veut, ni ce qu'il attends de cette soirée et si je fais un truc de travers ? » Et si une fois avec lui j'oublie que l'on doit aller doucement, si une fois avec lui j'ai envie de plus mais qu'il refuse ? Si finalement, à force de passer du temps avec moi, il finit par se rendre compte que je ne suis pas aussi intéressante que belle ? Si on a rien à se dire ? « Tu te poses trop de question là, j'en sais rien moi. Il te plaît oui ou non ? » Je baisse les yeux, je rougies un peu, je lève les épaules incapable de répondre à cette question. Incapable de savoir réellement ce que je ressens pour lui, ce que je ressens tout court. J'en sais rien, tout est nouveau pour moi finalement. Je n'ai jamais eu autant de questions comme ça, autant de peurs de mal me comporter, de mal agir avec un homme. Et je ne comprends pas pourquoi je suis ainsi. Est-ce qu'il me plaît ? Sans doute oui sinon je n'aurais jamais été aussi vite avec lui. Je n'aurais jamais tenu à le revoir après notre première soirée. Je n'aurais jamais essayé de rattraper le raté de notre deuxième soirée. Mais je ne sais pas m'y prendre avec les hommes, je ne sais pas ce qu'ils veulent, je ne sais déjà pas ce que je veux moi. Et si je gâche tout ? Et s'il est déçu par ce qu'il découvre de moi ? « Je devrais annuler, je vais tout faire foirer. » Cette fois c'est sur moi qu’atterrit l'oreiller, alors que Rachel s'adresse à moi avec un ton autoritaire. « Tu mets cette robe, tu achètes des pizzas et tu vas le retrouver ou je t'y conduis moi même. Il te plaît et tu lui plaît et si tu es trop bête pour ne pas t'en rendre compte, tu es encore plus grave que je ne le pensais. Je te connais Alex, et je peux juste te dire que j'ai vu comme tu souris avec lui, tu sembles à l'aise à ses côtés, et j'ai vu aussi comment il te regarde, le seul risque que tu prends en allant le voir, c'est celui de passer une bonne soirée. Alors tu arrêtes de douter et tu vas le retrouver parce que tu en as envie. » Elle ne devrait pas avoir le droit de me connaître autant, de savoir autant ce que j'ai besoin d'entendre parce qu'elle pourrait me faire faire n'importe quoi. La, elle me permet surtout de me concentrer sur une chose, sur le sourire que j'ai avec lui, et elle a raison. Je me sens bien à ses côtés, il me fait sourire et je le trouve attachant avec son petit côté gêné qu'il n'arrive pas à cacher face à moi. Je souris en repensant à tout ça, et pendant que je finis de me préparer, habillage, coiffage et maquillage, je veux être belle, bien que je pense que la robe choisie par Rachel soit plus sexy que belle, mais je veux lui plaire. Et je crois que c'est bien la première fois que je veux vraiment plaire à un homme ou du moins que je fais des efforts particuliers pour plaire à un précisément. « Hey Clarke, un dernier conseil, si tu prévois de recoucher avec lui, le fait pas fumer avant. » Un dernier doigt d'honneur dans sa direction alors qu'elle me sourit sans doute fière de sa blague. « Je te jure que si tu parles à quelqu'un de ça, je te tue moi même. » Elle me regarde toujours en souriant et après une dernière remarque sur ma tenue pour me confirmer que tout est bon, elle me pousse presque à l'extérieur, elle me fout à la porte de mon propre appartement tout en me lâchant quand même un « bonne chance et bonne soirée, amusez vous bien. » Un ton qui laisse presque suggérer un sous-entendu dans ses derniers mots mais je n'en tiens pas compte et c'est avec ma voiture que je me rends chez lui, m'arrêtant sur le chemin pour prendre les pizzas pour notre soirée.
Pizza, film, j'ai déjà fais ce genre de soirées, souvent. Une combinaison qui annonce une bonne soirée entre amis, mais pourtant ce soir alors que j'entre dans son immeuble avec mes quatre pizzas différentes je stress. – Quatre pizzas c'est sans doute beaucoup mais j'ai réalisé au moment de la commande que je ne connaissais pas ses goûts j'en ai pris quatre très différentes pour être sure de pouvoir lui convenir. - Je ne devrais pas hésiter, je ne devrais pas rester debout avec mes pizzas devant sa porte à attendre avant de frapper à sa porte. J'hésite à partir, parce que je ne sais pas ce qu'il veut, ce que je veux, ce que cette soirée représente, je n'en sais strictement rien et je suis beaucoup trop sobre pour ne pas me questionner pour ne pas douter. On a couché ensemble merde, on s'est vus nus. Je l'ai embrassé, plusieurs fois et j'ai aimé ça. Alors, pourquoi je doute ? Je frappe à sa porte, et j'essaye de sourire, mais au moment ou il ouvre la porte, je me remets à douter. Je dois l'embrasser ? Je dois lui dire quelque chose ? Je dois faire quelque chose ? Comment ça se passe ? Je ne sais même pas ce qu'il est pour moi, ce que je suis pour lui. Juste deux personnes qui vont partager trop de pizzas devant un film ? Deux personnes normales, mais je ne suis pas normale moi. Est-ce normal que quand je le vois, je me rappelle ce baiser le premier soir et les sensations que j'ai ressenti ? Est-ce que je peux l'embrasser alors qu'on veut aller doucement ? Est-ce que si je ne le fais pas il sera déçu ? Est-ce qu'il le veut ? Pourquoi tout semble plus dur d'un coup ? « Bonsoir Caleb, livraison de pizza à domicile. Je ne savais pas trop ce que tu aimais comme pizza, je connais tes goûts en sushis mais pas en pizza, pas encore en tout cas, alors j'en ai pris quatre, j'espère que tu aimeras au moins une sinon je peux retourner en chercher d'autres. » Et voilà, je parle trop. Mes pizzas toujours en main, plantée devant chez lui. Je suis en train de réaliser que c'est la première fois que je viens chez lui, que je rentre dans son appartement pour passer une soirée avec lui. Un film et une pizza Alex, c'est tout. Un film et une pizza, apprendre à se connaître, c'est tout. Je le regarde un peu et j'ai toujours cette sensation étrange en le voyant, cette sensation que je ne connais pas et qui a tendance à me faire sourire légèrement. C'est ce que je fais d'ailleurs, je souris avant de déposer un baiser sur le coin de ses lèvres, un baiser très bref mais qui a le mérite d'exister. J'en avais envie et puis on a dit doucement mais un baiser ça n'engage à rien, rien du tout. « Tu as choisis le film ? Je suis impatiente de voir tes goûts en matière de cinéma et de pizza. » Est-ce qu'au fond de moi, j'ai envie qu'il ait choisi un film qui fait peur juste pour avoir une raison de me coller à lui ? Peut-être, mais je ne sais même pas pourquoi je pense à ça en le regardant. C'est qu'une soirée télé et pizza Alex, rien de plus. Et pourtant, j'ai déjà envie de lui toucher les cheveux, déjà envie de le voir sourire et rire, déjà envie d'être contre lui, de le voir être gêné et timide face à moi, perturbé par ma présence parce que ça me plaît de sentir l'effet que je peux avoir sur lui. J'ai envie de ses compliments qui me font rougir. Je veux apprendre à le connaitre et découvrir ce qui le rends si différent. Ce mec me rends folle, oui je crois que ça doit être ça. Je ne vois que ça. Je suis folle. folle de lui peut-être ?
IF YOU’RE EVER FEELING LONELY IF YOU’RE EVER FEELING DOWN. YOU SHOULD KNOW YOU’RE NOT THE ONLY ONE ‘CAUSE I FEEL IT WITH YOU NOW. WHEN THE WORLD IS ON YOUR SHOULDERS AND YOU’RE FALLING TO YOUR KNEES OH PLEASE. YOU KNOW LOVE WILL SET YOU FREE
C’est la panique, la catastrophe, je cours partout parce qu’il est bientôt vingt heures, qu’Alex ne devrait pas trop tarder à arriver et je suis sûr que rien ne sera prêt pour ce soir. Que ce soit moi, puisque je dois encore prendre une douche et m’habiller ou même le dessert que j’ai préparé pour terminer le repas sur une note sucrée. Mon portable coincé entre mon épaule et mon oreille je suis au téléphone avec ma mère alors que je poche les macarons des différentes ganaches que j’ai préparée : chocolat, vanille, framboise et fruit de la passion. Parce que je me suis rendu compte que je ne savais pas quel goût elle pourrait potentiellement préférer alors j’ai fait simple ; j’en ai fait plusieurs. Le chocolat et la vanille, tout le monde aime enfin, presque tout le monde. La framboise fait, selon moi, les meilleurs macarons et fruit de la passion pour un peu d’acidité. « Oui, oui maman… » Elle parle beaucoup, ma mère. Beaucoup trop. Elle m’explique que les jumelles semblent aimer se faire remarquer à l’école et que mon père et elle ont encore été convoqué par le directeur. Ce qui est sûr c’est que ça leur change de moi, parce que j’ai toujours été discret et calme à l’école, ce qui semble être le contraire pour mes deux plus jeunes sœurs. « Non je ne suis pas en stage ce soir. » Ce qui me semble évident puisque dans le cas contraire je n’aurais pas pu lui répondre. Les macarons sont prêts. Pas tous aussi beaux que je l’aurais voulu, certains ont même un visuel qui laisse à désirer et je les mets dans une assiette de côté pour éviter de lui servir ceux-là tout à l’heure. Je pose mon portable sur le plan de travail, mets ma mère en haut-parleur pour maintenant nettoyer ma cuisine. La règle d’or c’est de toujours tout nettoyer petit à petit mais aujourd’hui j’ai pris tellement de retard que je n’ai même pas pris le temps de le faire. Je laisse ma mère parler sans trop intervenir, elle a l’habitude de toute façon. Me contentant simplement de lui répondre de temps en temps des petits « hum hum. » ou bien « d’accord. » Sauf que je fais beaucoup de bruit à côté, je range, je nettoie, je fais la vaisselle et elle semble le remarquer. « Si, si je t’écoute. Mais là je vais devoir te laisser, j’attends quelqu’un à vingt heures et je ne suis pas prêt du tout. Je te rappelle demain, bonne soirée. » Je ne lui laisse même pas vraiment le temps de répondre avant de raccrocher. Parce que je la connais, je sais qu’elle s’apprêtait à me demander qui est-ce que j’attendais et je n’ai absolument pas envie de lui dire que je reçois une fille chez moi. Et pas n’importe quelle fille. Une fille incroyable, magnifique, parfaite, qui me fait complètement craquer. Une fille à qui je pense tous les jours, toutes les heures, toutes les minutes, une fille qui me fait perdre tous mes moyens dès que je la vois, une fille dont je suis certainement en train de tomber amoureux. Mais ce n’est sûrement pas réciproque, pas après la soirée d’anniversaire et ce moment dont j’ai encore extrêmement honte.
J’ai très exactement vingt minutes pour prendre une douche, me laver les cheveux et vérifier une dernière fois que mon appartement est bien rangé et bien propre. Je me dépêche, je cours vers la salle de bain et je pense que c’est la douche la plus rapide que je n’ai jamais prise de toute ma vie. J’enfile un pantalon, une chemise, des chaussures et quand je ressors de la salle de bain ; 19h58. Je souffle avant de partir dans ma chambre me parfumer un peu, je passe une main dans mes cheveux encore mouillés. Je souffle une nouvelle fois et je fais le tour de l’appartement pour vérifier qu’il est bien propre et que je sois bien prêt à la recevoir. On frappe, et je recommence à paniquer. C’est elle. Ça doit être elle, je sens mon cœur battre à deux milles à l’heure, je pose ma main sur la poignée, je respire doucement tout en fermant les yeux et au bout de quelques secondes, je lui ouvre la porte. Comme à chaque fois au début, je suis mal à l’aise, je ne sais pas comment je suis censé lui dire bonjour. Je reste immobile, comme un imbécile mais étonnement, c’est moi le premier à bouger, moi le premier à parler. « T’es…t’es tellement belle… » Un petit sourire gêné, et je recommence avec ces tics qui ne cessent pas à chaque fois que je suis avec elle : je souris, je ris beaucoup trop, je passe ma main dans mes cheveux et ses yeux m’impressionnent tellement que j’ai beaucoup de mal à la regarder trop longtemps. « Bonsoir Caleb, livraison de pizza à domicile. Je ne savais pas trop ce que tu aimais comme pizza, je connais tes goûts en sushis mais pas en pizza, pas encore en tout cas, alors j'en ai pris quatre, j'espère que tu aimeras au moins une sinon je peux retourner en chercher d'autres. » Elle me fait rire, sûrement trop puisque je suis sûr qu’elle ne voulait pas être drôle mais quand je vous dis que je rigole pour un rien quand je suis avec elle. « J’aime de tout vraiment. Enfin…je ne suis pas difficile. » Je lui dis, avant de passer rapidement le bout de ma langue sur mes lèvres pour les humidifier et je me décale pour la laisser entrer. C’est d’ailleurs ce qu’elle fait – enfin – et elle prend une autre initiative à laquelle je ne m’attendais pas du tout. Un petit baiser sur le coin de mes lèvres. Simple, bref, léger, mais qui suffit à me faire sourire bien plus qu’il ne le faudrait. Cette fois, je me pince les lèvres avant de lui prendre les cartons de pizzas pour les poser sur la petite table de salon. « C’est pas grand-chose, c’est vraiment pas très grand mais…voilà…c’est chez moi. » Je lui dis en lui montrant mon appartement, le salon dans lequel il y a tout juste de la place pour un canapé deux places, une petite table basse et une télévision. Juste à côté ma cuisine, sûrement la pièce de mon appartement la plus fournie, la plus garnie, c’est là où j’ai le plus de matériel pour cuisiner ou pâtisser, une petite table et dans le salon deux autres portes ; ma chambre et les toilettes/salle de bain. Mais je me contente de lui montrer simplement le salon et la cuisine. « Tu as choisis le film ? Je suis impatiente de voir tes goûts en matière de cinéma et de pizza. » Je secoue doucement la tête avant de sortir de mon meuble télé quelques DVDs que je lui montre. « Choisis entre ceux-là. » Parce qu’au final, moi non plus je ne connais pas du tout ses goûts cinématographiques. Elle doit choisir entre Forest Gump, l’Étrange Noël de Monsieur Jack, et Titanic. Je la laisse faire son choix alors que je m’éclipse quelques secondes dans la cuisine pour revenir avec des verres à vin et une bouteille. « J’ai acheté un vin italien qui se marie très bien avec la pizza. » Je lui dis tout en lui montrant la bouteille, en espérant qu’elle apprécie parce que je sais qu’elle aime la bière, l’alcool fort, mais le vin, je n’en ai aucune idée.
"If you’re ever feeling lonely If you’re ever feeling down You should know you’re not the only one ‘cause I feel it with you now When the world is on your shoulders and you’re falling to your knees Oh please You know love will set you free"
Il est là devant moi, je ne peux plus faire marche arrière, je ne peux pas m'enfuir avec mes pizzas mais étonnamment je n'en ai plus du tout envie. Parce que je le regarde et même si je ne sais pas comment me comporter face à lui, juste sa présence suffit à me rassurer un peu. Je le dévisage un peu, attirée par ses cheveux visiblement mouillés et je me rappelle ce moment à la mer tout les deux. Je rougis un peu, autant parce que je repense à ce que j'ai ressenti ce soir là, que parce que son compliment m'amuse et me fait réagir, comme toujours. Je rougis beaucoup trop face à lui, encore un truc que je ne peux pas contrôler. « Ravie que ça te plaise. » que je te plaise, c'est pour toi que j'ai fais tout ça « J'ai galéré à trouver comment m'habiller » Je lui souris en retour en lui avouant ça, alors que mes yeux se posent sur ses lèvres, sur le petit sourire qu'il a, sur ses lèvres que j'ai énormément désiré ce soir là à la plage et les autres fois aussi. Sa main qui glisse dans ses cheveux semble presque me narguer, et je comprends à ce moment là que Rachel a sans doute raison, je crois qu'il me plaît, je crois que j'ai envie de sourire quand je suis avec lui. Sans raison logique, sans explication, sans même comprendre pourquoi je ressens ce que je ressens, j'ai ça en moi, cette envie de passer du temps avec lui. Quand je le vois, c'est comme ça, je veux être proche de lui, mais je ne peux pas. Pas ce soir, parce que c'est pas ainsi que ça fonctionne, parce que je ne sais même pas ce qu'il veut, ce que je veux, ce que je peux attendre de lui. J'en sais rien, tout ce que je sais c'est qu'il me déstabilise et c'est quelque chose de nouveau, de tellement nouveau pour moi que j'ai bien du mal à le comprendre, à comprendre comment tout ça fonctionne. Alors comme souvent quand je ne sais pas ce que je dois faire ou ce que je dois dire, je parle trop, je parle pour ne rien dire, juste pour cacher cette gêne que je ressens. Pour cacher le fait que je ne maîtrise pas grand chose. Pour porter la discussion sur autre chose que sur ce à quoi je suis en train de penser, et aussi parce qu'au fond, je sais ce que j'aimerais pouvoir faire avec lui, mais je ne sais pas ce que je peux vraiment faire alors je parle. Ça je sais le faire, ça je peux le faire. J'entends son rire et je souris alors qu'il n'y a rien drôle, rien qui puisse justifier le fait qu'il rit, que je souris, mais à croire que c'est quelque chose de plus fort que moi. « J’aime de tout vraiment. Enfin…je ne suis pas difficile. » Pour preuve, il semble capable de me supporter, il doit pas être bien difficile non plus dans ses fréquentations. « Donc pas difficile pour la nourriture, mais difficile pour l'alcool, je vais retenir tout ça. » Je vais le noter aussi, dans le carnet qu'il m'a offert sûrement, ça et tellement d'autres choses. Je note beaucoup de choses, je ne sais pas pourquoi, mais je fais attention à ce qu'il me dit, j'essaye de retenir ce qu'il dit, et c'est finalement pas si difficile puisqu'il ne parle pas énormément comparé à moi. Alors j'écoute quand il le fait, j'écoute, pendue à ses lèvres. Mais ce n'est pas pour me concentrer sur ses mots que je fixe ses lèvres, que je le fixe sa langue qui glisse sur ses lèvres, et après sa main dans ses cheveux, j'ai encore l'impression qu'il me nargue, qu'il me provoque. Je sais que c'est pas le cas, on doit y aller doucement, mais toujours devant sa porte, je me prépare à entrer chez lui, à refermer la porte et à me retrouver seule chez lui, dans un lieu assez intime finalement. Et je n'ai toujours rien fais, je ne sais toujours pas ce que je peux ou ne peux pas faire et alors qu'il se décale pour me laisser passer, je glisse un baiser très léger au coin de ses lèvres. Ce n'est ni un vrai baiser, ni une simple bise de salutation amicale, c'est entre deux, parce que c'est la situation dans laquelle je suis. Entre-deux, envie d'être proche de lui, tout en restant loin pour éviter de tout gâcher. Un pas en avant, un en arrière et je recule le laissant prendre les pizzas et le suivant dans la découverte de son appartement. Je l'observe du coin de l’œil, j'observe sa réaction à ce petit geste de ma part, j'attends de saisir ses émotions, de savoir ce qu'il en pense, mais à part son sourire, je ne vois rien d'autres qui m'indique ce qu'il ressent. Je reporte mon attention sur son appartement. « C’est pas grand-chose, c’est vraiment pas très grand mais…voilà…c’est chez moi. » Et il a raison, c'est vraiment pas très grand, surtout comparé à l'appartement que j'occupe au frais de mes parents. Mais comme il le dit, c'est chez lui et je crois que j'aime plutôt bien le côté intimiste de son appartement. Et puis au moins, ici il n'y a pas de faux semblant et je peux juste être moi et j'aime plutôt ça. Il ne sait rien de ma vie, de ma famille, de l'argent et de ce monde que je déteste alors je crois que finalement même si c'est petit chez lui et simple, j'aime beaucoup. Je remarque aussi que tout est rangé et propre chez lui, ce qui est loin d'être le cas de mon appartement et je profite de cette constatation pour le taquiner un peu. « C'est pour m’impressionner que tu as tout rangé ? » Je lui fais cette remarque avec beaucoup de légèreté dans la voix, je le taquine et j'aime ça. Je tente de me détendre, et d'oublier tout mes questionnements, de juste penser à ce moment avec lui, en oubliant les précédents moments avec lui et les questions que je peux avoir pour la suite de cette soirée. Je regarde le canapé, sa télé et je repense au film, c'est bien pour ça qu'il m'a invité chez lui non ? « Choisis entre ceux-là. » Bon il a pas choisis le film mais il a fait une pré-sélection, donc ça me confirme qu'il veut vraiment regarder un film et peut-être qu'il ne veut que ça, est-ce que ça me convient ? Oui je pense. Je regarde les trois DVDs qu'il me propose et sans réellement hésiter je choisis le film que nous allons regarder et je profite qu'il s'éclipse dans sa cuisine pour le mater un peu alors qu'il me tourne le dos. « Titanic c'est parfaiiiit et Jack mon dieu ! J'aime tellement ce film ! » Un peu trop enthousiaste alors que je lui crie mon choix même s'il n'est finalement qu'à quelques pas de moi dans sa cuisine. Mais oui Titanic c'est parfait. C'est long comme film, et à défaut de pouvoir me blottir contre lui devant un film d'horreur pour m'aider à maîtriser ma peur, je pourrais me blottir contre lui quand je finirai en larmes devant ce film, parce que je sais déjà que ça va finir comme ça. Rachel dit que je chiale pour rien, je crois qu'elle a raison. Je le vois revenir dans le salon alors que je suis dans mes pensées. « J’ai acheté un vin italien qui se marie très bien avec la pizza. » Outch, je grimace légèrement, le vin et moi c'est pas trop ça. Mais je ne sais pas si je dois lui dire ou pas. « Tu sais ce qui se marie bien avec la pizza aussi ? De la bière. » Je lève les épaules presque désolée pour lui de ne pas me montrer plus enthousiaste à l'idée de boire du vin alors qu'il revient avec les verres et la bouteille. « Mais tu as du vin et ça ira très bien. » Ou peut-être de l'eau, de l'eau ça pourrait être pas mal Alex non ? Ça m'éviterait de dire des conneries, ou de faire des conneries de rester à l'eau, mais rester trop sobre c'est pas top non plus. Je veux pouvoir profiter de cette soirée, je veux arrêter de me demander ce que je peux ou ne peux pas faire. Ce qu'il veut ou ne veut pas. J'en sais rien, je sais déjà pas grand chose sur moi et sur ce que cette soirée représente, et je ne veux pas passer ma soirée à tenter de trouver un sens. J'ouvre les différentes boites de pizzas et je m'installe sur son canapé après avoir retiré mes talons, je me mets à l'aise, enfin j'essaye du moins de l'être, parce que le film est long et qu'il va bien falloir à un moment que l'on retrouve cette relation si simple que l'on avait avant de coucher ensemble et de tout rendre un peu plus compliqué. « Tu as proposé Titanic comme film, c'est un film que tu aimes ou tu voulais me faire plaisir en proposant ça ? » Pas que je considère Titanic comme étant un film de filles, mais c'est pas le premier film qu'un homme proposerait de regarder non ? Enfin j'en sais rien c'est tout nouveau un film en compagnie d'un homme, enfin non j'en ai fais beaucoup avec Tim mais alors pourquoi tout me semble si différent ce soir ? Pourquoi avec lui c'est pas si simple ? Je le regarde quelques secondes, je cherche ce contact visuel avec lui, je cherche à me perdre dans ses yeux parce que je me sens bien avec lui quand il me regarde. C'est d'ailleurs étrange ça aussi, je n'aime pas le regard des autres, des hommes normalement. Mais lui c'est si doux, si tendre, si honnête et finalement il n'y a que ça qui compte non ? « Avant que tu lances le film, tu dois me promettre de ne pas te moquer de moi si je chiale à la fin, parce que spoiler alert, Jack meurt et c'est vraiment, vraiment troooop injuste et triste. » Je me risque à parler de la fin mais il a le film en DVD chez lui et puis je pars du principe que tout le monde doit connaître ce film, doit l'avoir vu au moins une fois et avoir eu le cœur détruit par ce film et par la mort de Jack. « Et par contre tu sais qu'à la fin de ce film, je vais sans doute avoir un accent snob encore pire que celui que j'ai là et ça aussi interdit de te moquer. » Je ris légèrement en avouant ce fait. J'essaye de me débarrasser de cet accent un peu -beaucoup- snob de bourgeoise Londonienne que j'ai et qui ne passe pas inaperçu ici en Australie, il m'a d'ailleurs fait remarquer mon accent lors de notre premier rendez-vous, mais j'ai énormément de mal avec ça moi, et si j'entends quelques anglais parler pendant plus de trois heures ça risque d'être horrible pour lui de m'entendre ensuite et je préfère le prévenir. Comme je l'ai prévenu que ce film risque de me faire chialer comme une madeleine, mais c'est aussi une facette de ma personnalité et il aurait bien fini par s'en rendre compte donc au moins devant Titanic, ça devrait passer tout le monde pleure devant ce film non ?
IF YOU’RE EVER FEELING LONELY IF YOU’RE EVER FEELING DOWN. YOU SHOULD KNOW YOU’RE NOT THE ONLY ONE ‘CAUSE I FEEL IT WITH YOU NOW. WHEN THE WORLD IS ON YOUR SHOULDERS AND YOU’RE FALLING TO YOUR KNEES OH PLEASE. YOU KNOW LOVE WILL SET YOU FREE
Quand je la vois de l’autre côté de la porte, dans cette robe, ce maquillage et cette coiffure parfaite, je me sens minable. Parce que c’est un fait et ça se confirme clairement ce soir ; je suis ridicule à côté d’elle. Sa beauté m’intimide presque et c’est clairement la première fois que je ressens une chose pareille face à une femme. Trop belle. Trop rayonnante. Trop parfaite. Alors que moi à côté, je suis d’une banalité sans nom. « Ravie que ça te plaise. J'ai galéré à trouver comment m'habiller » Un petit sourire se dessine sur mon visage. Un sourire bref, un sourire hésitant et une main vient gratter ma nuque pour accompagner ce petit sourire. Quand elle parle je rigole sans véritable raison, sans qu’elle n’essaie même d’être drôle. Elle doit me trouver bizarre. Ce mec bizarre, le boulet nul au lit qui n’a même pas su tenir plus d’une minute. Je ne sais pas pourquoi je suis incapable de penser à autre chose, j’y pense toujours et je me maudis, je me déteste je suis mal à l’aise et je n’ose même pas ce qu’elle doit penser de moi maintenant. Mais j’essaie de balayer tout ça de mon esprit, j’ai envie de passer une bonne soirée sans laisser toutes ces pensées me parasiter. Mais sans que je ne comprenne pourquoi, elle me sourit et ça suffit à me perturber encore plus que je ne le suis déjà. « Donc pas difficile pour la nourriture, mais difficile pour l'alcool, je vais retenir tout ça. » Je ne sais pas comment prendre sa réflexion. Je sais que ce qu’elle me dit n’est pourtant pas méchant, ou qu’elle n’essaie pas de se moquer de moi mais pourtant elle souligne le fait que je ne sois pas comme tous les garçons de mon âge. Pas comme ces gens avec qui elle semble aimer passer du temps, pas comme ses amis. Je n’aime pas vraiment l’alcool, je n’aime pas faire la fête comme elle et ses amis. Alors oui, je me demande sincèrement pourquoi elle a accepté mon invitation ce soir et toutes celles d’avant. « Je n’aime juste pas vraiment les alcools forts. » Parce que j’aime le vin, le champagne et même la bière. Mais la vodka, la téquila ou le whisky, non pas vraiment. Et puis ça ne me réussit pas vraiment, malheureusement elle a eu l’occasion de s’en rendre compte. Je suis stressé et mal-à-l’aise mais je la fais rentrer pour lui faire visiter mon appartement. Et c’est assez rapide finalement, parce que c’est petit chez moi. Pas grand. Pas exceptionnel. Mes meubles ne sont pas de la meilleure des qualités, parce que je n’ai clairement pas les moyens d’y mettre une trop grande somme d’argent – que je n’ai pas de toute façon, – et mes parents non plus. « C'est pour m’impressionner que tu as tout rangé ? » Je la regarde, je panique, mon cœur s’emballe et j’ai l’impression que ça ne lui plait pas. Mais le pire c’est que non, je n’ai pas rangé mon appartement pour l’impressionner. Pas du tout. « Euh…non non pas du tout…» Je lève les yeux vers elle avant de me pincer les lèvres sans la quitter des yeux – pourtant je devrais, parce que je suis sûr qu’elle doit voir la panique dans mes yeux – « J’aime juste quand tout est propre et bien rangé. » Moi, maniaque ? Sûrement un peu, oui. Mais nerveux aussi. Ce soir je suis très nerveux. Parce que depuis son anniversaire c’est la première fois qu’on se retrouve seuls, en tête à tête tous les deux. Et ça me fait peur, parce que je suis persuadé que je vais encore tout gâcher. Je lui demande de choisir entre une sélection de trois films, trois de mes films préférés et pour l’instant, je la laisse faire son choix alors que je disparais un instant dans la cuisine pour récupérer une bouteille de vin et des verres. « Titanic c'est parfaiiiit et Jack mon dieu ! J'aime tellement ce film ! » Bien sûr qu’elle doit trouver Leonardo DiCaprio plus que séduisant, et cette pensée me dérange un peu. Je crois que je suis un peu jaloux, en fait. Je reviens avec la bouteille de vin et les verres que je pose sur la table basse du salon. « Tu sais ce qui se marie bien avec la pizza aussi ? De la bière. Mais tu as du vin et ça ira très bien. » Et là, c’est le drame. Je m’en veux. Je m’en veux tellement de ne pas y avoir pensé. J’aurais dû acheter de la bière, juste au cas où. Dans le doute. Puisqu’elle n’aime apparemment pas le vin. Je suis nul, je m’en veux et je me déteste encore plus. « T’aimes pas le vin c’est ça ? » Je lui demande accompagnant mes mots d’une légère grimace. « Désolé je le savais pas, je suis tellement nul… » Je culpabilise, clairement. J’essaie de réfléchir et de trouver rapidement une solution, et une idée me vient à l’esprit. « Tu veux que j’aille te chercher de la bière ? » Et je suis même à deux doigts de lui demander de ne pas bouger et de courir dehors jusqu’au magasin le plus proche pour lui acheter une bière. Mais je ne suis tellement pas doué que je serais capable de prendre une bière qui ne lui plait pas. J’ai déjà commencé à gâcher la soirée avec mes mauvais choix. « Tu as proposé Titanic comme film, c'est un film que tu aimes ou tu voulais me faire plaisir en proposant ça ? » Je la regarde, un petit sourire aux lèvres. Ce même sourire qui ne me quitte pas depuis tout à l’heure. « Tu vas certainement te moquer de moi mais…c’est sûrement mon film préféré. » Parce que pour un garçon, on ne pense clairement pas à des films de romance et je n’aime pas spécialement ça non plus. Sauf Titanic. Plus ou moins. Je m’installe sur le canapé et lui fais signe de faire de même. Son épaule frôle la mienne, je me pince les lèvres tout en souriant au même moment. « Avant que tu lances le film, tu dois me promettre de ne pas te moquer de moi si je chiale à la fin, parce que spoiler alert, Jack meurt et c'est vraiment, vraiment troooop injuste et triste. » Elle me fait rire, sûrement plus que je ne le devrais. « Je suis pas le genre de mec qui se moquera de toi. » Je lui assure, dans un premier temps. « Mais si je te rejoins sur un point c’est que la fin est triste. Et injuste. » Et sûrement même évitable, parce que je suis persuadé que Jack aurait pu survivre aussi. « Et par contre tu sais qu'à la fin de ce film, je vais sans doute avoir un accent snob encore pire que celui que j'ai là et ça aussi interdit de te moquer. » Pour la deuxième fois en l’espace de quelques minutes elle me demande de ne pas me moquer d’elle. Sauf que je ne suis clairement pas le genre de mec qui se moque des autres. Pas du tout. Jamais, même. Mais pour la énième fois, elle me fait rire et je souris même. Ce petit sourire timide, et hésitant. « Jamais je ne me moquerais de toi. Et je t’ai déjà dit que j’aimais vraiment beaucoup ton accent. » Je lui avoue, ou plutôt je lui rappelle puisque c’est quelque chose qu’elle sait et que je lui ai déjà dit lors de notre premier rendez-vous. Je lance le dvd, le film commence et j’espère sincèrement pouvoir me détendre un petit peu. Parce qu’il n’est clairement pas étonnant qu’elle ne soit pas intéressée par moi si je me mets la pression à chaque fois qu’on se voit dans un lieu plus intime. Ce silence qui s’installe entre nous me met un peu mal à l’aise et pourtant si nous regardons un film toute la soirée je vais devoir m’y faire, à ce silence. Je prends une première part de pizza dans laquelle je croque une première fois. « Merci pour les pizzas, d’ailleurs. Même si tu as été ambitieuse en en achetant quatre. » Je rigole doucement, je la taquine, ou du moins j’essaie. J’essaie de l’intéresser et de ne pas être trop chiant, ce qui n’est franchement pas facile. Même si ce n’est pas flagrant, je pense que j’essaie de la draguer. Mais je suis juste très mauvais pour ça. Comme pour beaucoup d'autres choses, d'ailleurs.
"If you’re ever feeling lonely If you’re ever feeling down You should know you’re not the only one ‘cause I feel it with you now When the world is on your shoulders and you’re falling to your knees Oh please You know love will set you free"
Caleb n'est pas le genre de mec avec qui je traîne en soirée, mais les gens avec qui je traîne en soirée ne sont pas non plus ceux que j'ai envie de voir en tête à tête, ils n'ont pas ce truc que je vois chez lui. Ils n'ont pas son sourire, ils n'ont pas la façon qu'il a de me regarder, ils ne me font pas ressentir ce petit truc que je ressens à ses côtés et surtout, je n'ai pas peur de tout gâcher avec eux parce que je n'en ai rien à faire d'eux. Est-ce que je suis en train de réaliser que j'ai quelqu'un chose à faire de lui, de son avis ? Oui sans doute. Mais j'essaye de ne pas penser à ça, j'essaye de profiter de cette soirée, de ce moment avec lui, le premier en tête à tête, le premier chez lui aussi. Et peut-être que c'est trop tôt finalement ? Que me retrouver là avec lui c'est une mauvaise idée ? Je vais réussir à faire un truc ou dire un truc qui va lui faire prendre conscience que je ne suis pas quelqu'un d'intéressant, que je n'ai rien à donner de bien. Mes yeux qui oscillent entre son regard et son sourire, je ne veux pas le fixer trop longtemps mais pourtant j'ai envie de le regarder, plus que quiconque, et de l'entendre rire aussi. Ce qu'il fait, doucement et je ris légèrement avec lui moi aussi. Je ne sais pas énormément de choses sur lui, on ne peut pas dire que ce soit un grand bavard à côté de moi, mais quand je peux apprendre certaines choses sur lui, j'essaye de garder en mémoire ce qu'il me dit. « Pas les alcools forts, c'est noté. » Je note aussi qu'il aime quand les choses sont bien rangées, et c'est un détail qui n'en est pas un parce que pour le coup je ne suis pas mais alors pas du comme ça et chez moi, c'est clairement pas aussi rangé, à l'exception peut-être de mon dressing (l'endroit le plus précieux de mon appartement) et de ma cuisine (qui ne sert jamais). Je ne sais pas pourquoi je le sens mal-à-l'aise face à ma remarque alors que je ne voulais que le taquiner un peu. « C'est bon à savoir. Sache que quand tu viendras chez moi et si c'est rangé, moi je l'aurais fais pour t’impressionner. » Oui je veux l'impressionner et je l'avoues en riant sans vraiment le regarder parce que je crois que je risquerai de rougir. Je me concentre plutôt sur le film qu'il me laisse choisir et je n'hésite pas longtemps. Titanic c'est vraiment le film parfait pour cette soirée non ? Il revient avec du vin, et je ne mets pas longtemps à regretter d'avoir sous-entendu que je n'aimais pas le vin. Je vois sa grimace qui gâche un peu son habituel sourire. « Désolé je le savais pas, je suis tellement nul… » Et il s'excuse, il se rabaisse juste parce que je n'aime pas le vin, alors que c'est moi qui devrait m'excuser de ne pas aimer ça non ? « Non, non c'est moi qui suis compliquée, et tu es tout sauf nul. » Oh que non il n'est pas nul mais il semble être incapable de le voir, comme ce premier soir ou alors que l'on flirtait, il m'a dit être un garçon tout ce qu'il y avait de plus ordinaire sans talent particulier. Et le pire c'est que ça m'a plus. Il en vient à me proposer d'aller me chercher de la bière, alors que tout ce que je veux c'est passer du temps avec lui, et qu'il se détende un peu. « Non, non tu restes là. » Et sans réfléchir vraiment, j'accompagne mes mots d'un simple geste, mes doigts qui serrent doucement son poignet comme pour le retenir et l'empêcher de s'enfuir m'acheter de la bière. Je peux boire du vin, je peux m'adapter et surtout je ne veux pas tout gâcher cette soirée et passer pour une chiante, que je suis quand même en temps normal. Mais je le sens stressée et je ne veux pas qu'il le soit encore plus à cause de moi. Je relâche assez vite son poignet peut-être un peu gênée par ce contact physique que je n'ai pas vraiment prémédité. « C'est très bien comme ça Caleb, vraiment. Et tu n'as pas à t'excuser, c'est pas grave, je peux boire du vin. » Je prends le verre pour qu'il me serve et un peu aussi pour lui montrer que ça me convient très bien. J'ai presque envie de lui demander de se détendre parce que je commence à ressentir son stress et ça ne m'aide pas vraiment. Voir pas du tout. Pourtant, j'arrive normalement à faire une blague pourrie ou deux qui me permettent de me détendre mais ce soir, j'aimerais surtout trouver une solution pour le détendre lui.
Je parle du film, je m'intéresse à son choix, enfin à ses propositions et je fixe son sourire avant d'écouter sa réponse. Je lui souris aussi en retour parce que je lui ai déjà dis mais tant qu'il sourit, je crois qu'il ne peut rien lui arriver, j'aime tellement son sourire. J'aime cette sincérité et cette émotion que je ne sais décrire mais qui me donne envie de sourire avec lui. « Pourquoi je me moquerai, j'aime tellement ce film moi aussi. » Et peut-être que dans d'autres circonstances j'aurais pu me moquer du côté fleur bleu du film, du romantisme débordant qu'il y a dedans, et du fait que c'est plus un film de fille qu'un film d'homme, mais je me sens et je le sens peut-être pas encore à l'aise pour ça. Parce que ce soir, il y a quelque chose qui fait que je ne suis pas totalement comme je peux l'être habituellement. Parce que ce soir, je ne me moque pas de ce qu'il peut penser de moi. Il s'installe sur le canapé et j'en fais de même, je m'assoies sur le canapé me mettant à l'aise ou du moins essayant de l'être et c'est à ce moment que je sens mon épaule frôler la sienne, que je sens ce simple contact physique et c'est si anodin que je ne devrais même pas le remarquer et pourtant je le fais. Je le remarque mais je ne dis rien, je m'installe sur son canapé à quelques centimètres de lui. L'inconvénient ou l'avantage d'avoir un petit canapé, à voir finalement. Mais je le sais là, juste à côté de moi et je tente de ne pas trop penser à ça, me concentrant sur le film que j'ai choisi, tentant une nouvelle fois, de détendre un peu l’atmosphère en me moquant de mon côté un peu fleur bleu et du risque qu'il y a à me voir fondre en larmes dans son canapé. « Je suis pas le genre de mec qui se moquera de toi. » Oh je le sais ça, j'ai cru le comprendre très rapidement, c'est d'ailleurs une des choses qui me plaît chez lui. Parce que oui il me plaît ou du moins je crois, j'en sais rien, je sais plus grand chose à cause de lui, je perds mes moyens mais je tente de ne pas le montrer. « Oh mais je sais et ça me plaît chez toi. » Ça semble raté. Et, encore une fois, je pense et je parle sans vraiment me rendre compte que mes mots sont partagés avec lui. Mais oui ça me plaît chez lui, alors je n'ajoute rien, je ne reviens pas sur mes mots, je rougis seulement peut-être un peu mal à l'aise finalement même si je tente de ne pas le montrer, de ne pas rester sur cette impression là. Je me concentre sur lui, sur le film dont il me parle, sur cette fin à laquelle j'ai fais référence et qui me fait pleurer de façon bien trop abusée. « Mais si je te rejoins sur un point c’est que la fin est triste. Et injuste » Elle est si triste oui, si triste, horrible et cruelle en plus. Et rien que d'y penser, je crois que je me sens émue, putain je suis parfois pathétique avec mes émotions moi. Mais maintenant qu'il sait que je vais pleurer, et puisqu'il semble être d'accord sur le fait que la fin est triste et donc qu'il est légitime pour moi de pleurer, je me détends légèrement et tout en évitant de le regarder, je prononce quelques mots.« C'est si horrible comme fin, et maintenant que je sais que tu ne me taquineras pas et que tu es d'accord avec moi, je compte sur toi pour me consoler et me soutenir dans ce moment délicat. » Je laisse échapper d'entre mes lèvres un petit rire nerveux, je ne veux pas qu'il pense que je suis sérieuse, et pourtant je sais que je le suis peut-être un peu. Est-ce que je viens d'utiliser le film pour espérer avoir son attention ? Sans doute, mais est-ce que je vais attendre que le bateau coule et que Jack meurt pour espérer qu'il ait un geste envers moi ? Je ne pense pas. J'en sais rien enfaîte. C'est fou comme je ne sais pas m'y prendre avec lui, ou avec les mecs en général. Mais d'habitude ça ne me semble pas grave. Alors comme souvent quand je me sens un peu trop perdue ou en proie à un doute quelconque, je change de sujet, je lâche une blague, je cherche à faire en sorte que le sérieux ne dure pas, que la gêne passe au profil d'une autre discussion. Et je lui parle de mon accent, un sujet bien plus léger que ma demande ou mon envie qu'il me console. « Jamais je ne me moquerais de toi. Et je t’ai déjà dit que j’aimais vraiment beaucoup ton accent. » Je me tourne vers lui, tout mon corps bouge un peu pour m'asseoir de sorte que je puisse le voir entièrement, parce que je veux voir sa réaction à ma question. Celle là est voulue, elle est choisie et je veux voir s'il est gêné ou amusé. « Ah oui c'est vrai, aussi incroyable que ce soit tu aimes mon accent, puis-je savoir ce que tu aimes d'autres ? » Je bats des cils de façon très largement exagérée et je le regarde un petit sourire aux coins des lèvres. Je ne sais pas si c'est une bonne idée de lui demander ça, je ne sais pas si c'est une bonne idée et si ça ne va pas le mettre mal à l'aise, mais mon attitude prouve que la question n'est pas vraiment sérieuse, même si une part de moi attends une réponse pour peut-être y voir plus claire. Il lance le film et c'est parti pour plusieurs heures de film, de Jack et Rose, de romance avant de passer au drame et aux larmes. Mon regard oscille un peu entre l'écran de sa télé, lui et les pizzas, j'essaye d'être discrète mais je ne sais pas si j'y arrive. J'ai pleins de choses à dire, pleins de choses en tête mais je ne dis rien, parce que le film est commencé et que je ne veux pas le perturber, après tout il m'a invité pour regarder un film non ? C'est lui qui brise le silence le premier et je me retourne encore un peu vers lui, concentrant cette fois mon attention un peu plus sur lui tout en mangeant une part de pizza. « Quatre c'est vrai que ça fait beaucoup mais le film est long et on a le temps de les finir. Mais je te promets de ne pas te laisser tout seul avec un trop plein de pizza. » De là à lui dire que je vais rester avec lui jusqu'à ce que les pizzas soient entièrement mangées, je n'en suis pas loin. Mais je ne veux pas m'imposer auprès de lui, je ne veux pas aller trop vite et risquer de le mettre mal à l'aise. « Et puis au pire s'il en reste, tu devrais essayer le petit-déjeuner à la pizza, c'est vraiment pas mal. » Je suis presque heureuse que la luminosité de son salon ne soit pas élevée pour qu'il ne remarque pas que je rougis encore parce que je ne sais même pas pourquoi j'évoque le petit-déjeuner, et surtout pourquoi cette pensée me fait sourire et rougir. Je le regarde toujours, oubliant quelques instants le film. Je le regarde lui et il me semble tellement plus intéressant que le début du film qui m'a toujours semblé un peu long. J'hésite à me rapprocher, et à défaut de le faire de façon volontaire et claire, je me penche un peu vers lui pour attraper la bouteille de vin qui est de son côté. C'est minable mais je n'ai rien trouvé de mieux pour tenter un rapprochement avec lui. Je suis tellement pas douée. Je me penche un peu et mon bras frôle sa cuisse alors que je passe devant lui et que je reprends ma place avec la bouteille de vin dans la main. « Désolée je voulais juste du vin. » Je n'en ai même pas envie mais je me sers un verre, déjà mon deuxième finalement après le premier que j'ai bu assez vite comme pour lui prouver que j'aimais ça et que ça ne me dérangeais pas. Un deuxième verre en espérant que l'alcool m'aide un peu à me détendre et m'aide à être plus instinctive et fasse disparaître cette peur que j'ai de tout gâcher. Je pose mon verre une fois vide et je me réinstalle sur le canapé, je bouge un peu et de façon absolument pas subtil, je laisse mon épaule se coller à la sienne en espérant qu'il ne bouge pas pour se décaler de moi.
IF YOU’RE EVER FEELING LONELY IF YOU’RE EVER FEELING DOWN. YOU SHOULD KNOW YOU’RE NOT THE ONLY ONE ‘CAUSE I FEEL IT WITH YOU NOW. WHEN THE WORLD IS ON YOUR SHOULDERS AND YOU’RE FALLING TO YOUR KNEES OH PLEASE. YOU KNOW LOVE WILL SET YOU FREE
Elle doit me trouver minable. Et elle aurait raison. Je panique toujours, tout le temps, pour un rien parce que j’ai l’impression de ne pas être à la hauteur et au fond, je sais que c’est bien plus qu’une sensation ; c’est la vérité. Je suis nul face à elle et je me demande comment elle fait pour ne pas m’envoyer chier, parce que je ne suis pas doué, je suis toujours stressé et encore tout un tas d’autres choses clairement pas positives à mon égard. Elle est belle – tellement tellement, tellement belle –, marrante, son sourire me fait complètement fondre, un regard captivant et hypnotisant. Et moi je suis là, en train de lui montrer ô combien je suis maniaque, pas intéressant et un mec qui ne s’amuse pas comme tous ses autres amis. Oui, elle doit très clairement me trouver chiant. « C'est bon à savoir. Sache que quand tu viendras chez moi et si c'est rangé, moi je l'aurais fais pour t’impressionner. » Quand tu viendras chez moi. Elle prévoit de m’inviter chez elle un jour ? Cette pensée me fait certainement rougir un petit peu, parce que je ne m’y attendais pas du tout. Je me pince les lèvres, je souris mi-gêné, mi-touché par ses mots. « Tu n’as clairement pas besoin de ça pour m’impressionner. » Et je suis déjà complètement sous son charme alors très clairement, elle ne peut pas faire beaucoup plus. Je pense toujours à elle, quand nous sommes tous les deux je souris, je rigole, je perds tous mes moyens, je n’arrive pas à décrocher mon regard du sien mais en même temps, la regarder trop longtemps me donne comme des papillons dans le ventre. C’est étrange, c’est bizarre, c’est extrêmement déroutant mais c’est en même temps tellement beau. Et tellement agréable. Beaucoup plus agréable que lorsque je me rends compte qu’elle n’aime pas le vin et, comme un idiot je n’ai rien acheté de plus. Pas en alcool en tout cas. « Non, non c'est moi qui suis compliquée, et tu es tout sauf nul. » Oh que si, je pèse mes mots. Et encore. Je suis tellement nul. Pitoyable. J’aurais dû y penser, j’aurais dû le prévoir. Mais je suis partie du principe qu’elle aimait le vin, comme si tout le monde était obligé d’apprécier cet alcool. Je lui demande si elle voudrait que j’aille lui acheter de la bière et je suis quasiment prêt à partir dans le magasin le plus proche pour lui en acheter sauf qu’elle m’en empêche en attrapant mon poignet. « C'est très bien comme ça Caleb, vraiment. Et tu n'as pas à t'excuser, c'est pas grave, je peux boire du vin. » Doucement je secoue la tête de droite à gauche. « Non mais tu n’aimes pas ça... » Et je ne veux surtout pas qu’elle se force à boire quelque chose qu’elle n’apprécie pas. Certes, je l’ai fait pour son anniversaire. Alors que je ne suis pas un adepte des alcools forts, j’en ai bu. J’ai fumé un joint pour la première fois de ma vie, mais je ne veux surtout pas qu’elle fasse la même chose que moi. « Ou bien laisse-moi au moins te proposer autre chose à boire. » J’essaie de me rattraper comme je le peux en partant de nouveau dans ma cuisine pour sortir de mon frigo une bouteille de soda et une de thé glacé. Je reviens vers elle avec ces bouteilles que je lui montre. « Tu te sers ce que tu préfères. Et surtout tu fais comme chez toi. » C’est la moindre des choses que je peux faire au moins.
Mon sourire habituel quand je suis à ses côtés revient à nouveau quand elle me dit aimer elle aussi ce film. Elle aurait pu se moquer de moi puisqu’i s’agit clairement d’un film qui est en grande majorité adulé par la gente féminine. Mais moi je l’aime beaucoup. Peut-être que ça vient du fait que j’ai grandi entouré de filles chez moi, alors ce genre de films j’en ai vu un grand nombre. On est tous les deux installés sur mon canapé, je ne vais pas tarder à lancer le film mais avant, je bois une première gorgée du vin. « Oh mais je sais et ça me plaît chez toi. » Ça lui plait chez moi ? Encore une fois, je souris, un grand sourire qui mélange à nouveau le bonheur, le plaisir mais aussi la gêne. Elle vient de me dire que je lui plaisais ? Non, je ne pense pas. Je crois que je suis parano, ou bien j’interprète mal ses mots. Mais elle a quand même prononcé ces mots ; ça me plait chez toi. Et si je continue à sourire ainsi je vais bientôt avoir mal aux zygomatiques. Surtout qu’en plus de sourire elle me fait rire, comme quand elle me dit qu’elle va sûrement pleurer à la fin du film. Je la trouve touchante, mignonne et marrante. « C'est si horrible comme fin, et maintenant que je sais que tu ne me taquineras pas et que tu es d'accord avec moi, je compte sur toi pour me consoler et me soutenir dans ce moment délicat. » Elle rigole un petit peu et je l’accompagne dans un rire qui semble sonner aussi nerveux que le sien. La soutenir ? Elle veut que je la console et la soutienne ? Comment est-ce que je suis censé faire ça ? Je souris, mais à l’intérieur je stresse. « Dis-moi comment je peux te consoler et je le ferai. » C’est bizarre lui demander ça, non ? Je ne suis vraiment pas doué et pour le coup je n’ose vraiment pas la regarder en lui posant cette question que je n’assume sûrement pas. Alors que je lui répète aimer son accent british qui lui donne un côté classe et sophistiqué elle se retourne vers moi pour me demander. « Ah oui c'est vrai, aussi incroyable que ce soit tu aimes mon accent, puis-je savoir ce que tu aimes d'autres ? » Je la regarde sans bouger. Sans battre d’un cil, ne sachant pas si je dois vraiment lui dire tout ce qui me plaît chez elle alors dans le doute, je le fais. « Tes yeux. Ton sourire, ton rire, tes cheveux, tu me fais rire. Et je ne suis sûrement pas le premier à te le dire mais tu es tellement, tellement, tellement belle… » Je m’arrête, alors que je pourrais sûrement continuer ma liste mais je me rends compte que je commençais sûrement à m’emballer. J’aurais pu lui dire que j’aime ses lèvres, qu’elle embrasse divinement bien et que son corps m’attire comme jamais aucune autre femme ne m’a jamais attirée. Gêné, je romps le contact visuel et me racle la gorge avant de prendre à nouveau une gorgée de vin et je lance le film. Sûrement parce que je ne veux pas la laisser réagir à mes paroles, un peu mal à l’aise avec la déclaration que je viens de lui faire. Je dévie alors la conversation sur les pizzas. « Quatre c'est vrai que ça fait beaucoup mais le film est long et on a le temps de les finir. Mais je te promets de ne pas te laisser tout seul avec un trop plein de pizza. » Je souris – pour changer – alors que je m’attaque à ma première part de pizza. « Tu es en train de me dire que tu vas rester avec moi tant qu’on a pas terminé les pizzas ? » Je lui demande, amusé, mais finalement je commence enfin à me détendre un peu. « Et puis au pire s'il en reste, tu devrais essayer le petit-déjeuner à la pizza, c'est vraiment pas mal. » Elle me parle de petit-déjeuner et je ne comprends pas pourquoi elle parle de ce repas spécifique de la journée. Mais je crois voir qu’elle rougit un peu. Encore un petit rire nerveux qui se fait entendre. « Pizzas pour le petit-déjeuner ? » Je répète, un peu amusé mais les sourcils froncés parce que je ne comprends vraiment pas ce qu’elle essaie de sous-entendre. Si elle veut bien évidemment sous-entendre quelque chose, je n’en suis même pas sûr. La seule chose dont je suis sûr c’est que je commence enfin à me sentir un peu moins stressé et ça, il était temps. Alors que je me concentre un instant sur le film, elle se penche vers moi – ou on peut même presque dire sur moi et je sens son bras qui frôle ma cuisse. Mes yeux se baissent sur son bras et je ne bouge pas, frissonnant tout de même un peu. « Désolée je voulais juste du vin. » Mon regard se tourne vers elle, puis sur son verre déjà vide. Un petit sourire hésitant se dessine sur mes lèvres alors que ma main vient se poser ma nuque et de nouveau, je ris doucement nerveusement. « Pas de problème… » Je la regarde, je lui souris et nerveusement je joue un peu avec mes doigts. Son épaule est maintenant collée à la mienne et nos corps sont donc bien plus proches qu’ils ne l’étaient tout à l’heure mais ce n’est pas pour le déplaire au contraire. Je déglutis sans quitter l’écran de télévision des yeux mais un petit sourire est toujours présent sur mes lèvres. Je ne sais pas si elle essaie de m’envoyer des signaux ou si je suis parano. Je ne sais pas si elle s’est collée à moi simplement parce que le canapé est petit ou parce qu’elle voulait être un peu plus contre moi, mais tout ce que je sais c’est que j’apprécie plutôt bien cette proximité entre nous. D’un geste hésitant je m’approche encore un peu d’elle, toujours sans oser la regarder. Je frotte mes mains contre mes cuisses. Elle est tellement proche de moi que je peux facilement sentir son parfum. Ma jambe touche la sienne, nos épaules se collent. Toujours très hésitant ma main cherche la sienne, sans vraiment savoir si c’est quelque chose qu’elle veut ou pas. Je lui prends la main, enfin, entrelaçant nos doigts, je ne la regarde pas mais je souris. Et mon cœur s’accélère aussi, beaucoup.
"If you’re ever feeling lonely If you’re ever feeling down You should know you’re not the only one ‘cause I feel it with you now When the world is on your shoulders and you’re falling to your knees Oh please You know love will set you free"
Je suis chez lui, pour la première fois depuis notre première fois, je me retrouve dans un lieu aussi intime que son appartement, seule avec lui. En tête à tête et c'est finalement très étrange, enfin non ça ne devrait pas l'être. Mais pour moi ça l'est, parce que je ne sais pas comment me comporter. Je ne sais pas ce qu'il veut, ce qu'il désire, ce qu'il ressent tout simplement. Je ne sais même pas s'il a des attentes particulières, comment il me voit, ce qu'il avait en tête en me proposant une soirée pizza + film. La pizza ça n'a rien de très romantique, une soirée film en soit ça ne l'est pas non plus, mais pourtant être là chez lui, dans cette tenue, avec toutes ces questions, ça ne me semble pas naturelle. Pas normale. Mais en même temps rien avec lui ne me semble normale, même moi j'ai l'impression de ne pas l'être à ses côtés. Pas que je le sois habituellement mais à ses côtés, je ne suis pas totalement moi-même, ou alors je le suis et c'est avec les autres que je ne le suis pas ? Pourquoi je me pose trop pleins de questions ? Pourquoi je ne comprends pas ce que je veux, ce que je ressens quand je suis à ses côtés ? Et pourquoi j'ai besoin de lui dire que j'ai l'intention d'essayer de l'impressionner ? Pourquoi ce qu'il pense de moi compte ? Pourquoi le regard qu'il pose sur moi me fait rougir ? « Tu n’as clairement pas besoin de ça pour m’impressionner. » Et pourquoi quand il me dit ces mots j'ai l'impression d'avoir un peu chaud ? Je baisse les yeux, un sourire qui naît sur mes lèvres sans que je ne le désire vraiment. Je l'impressionne alors ? S'il savait que lui m'impressionne aussi, me déroute, me déstabilise aussi alors que je fais tout pour ne pas le montrer, peut-être aussi pour ne pas accepter l'évidence des choses. Il me déstabilise oui, il m'attire sans doute aussi, mais c'est une information que je ne peux pas gérer réellement alors que je ne suis toujours pas vraiment sûre de ce qu'il désire. Les hommes et moi c'est pas une grande histoire, c'est pas une évidence, et pourtant avec lui je suis à l'aise. Et lui je veux lui plaire. Je veux être agréable avec lui. Je veux même être gentille avec lui. Et je ne veux pas le mettre mal-à-l'aise, ce que je n'arrive pas vraiment, puisque je le sens mal quand je sous-entends l'idée que je n'aime pas le vin. Quelle conne je suis. J'essaye de me rattraper, de le rassurer, de faire en sorte qu'il ne se reproche pas d'avoir acheté du vin, mais ça semble raté. Il en fait beaucoup, trop peut-être mais je sens qu'il veut me faire plaisir et ça me touche un peu, beaucoup même si le sentir stressé, me stress aussi. « Non mais tu n’aimes pas ça... » J'ai envie de lui redire encore une fois que ce n'est pas grave, que je peux boire du vin mais il s’éclipse dans la cuisine sans que je n'ai le temps de lui attraper le bras cette fois et il revient avec d'autres boissons non alcoolisées que j'aime. « Tu te sers ce que tu préfères. Et surtout tu fais comme chez toi. » Mais clairement j'ai besoin d'alcool, au moins un peu pour me détendre, alors je lui prouve que le vin n'est pas un problème, du moins pas un gros problème, en me servant un verre. « Caleb, détends toi et arrête de t'agiter partout. » Je lui dis ça en riant légèrement, alors que j'espère que lui aussi il finira pas se détendre un peu parce que le film risque d'être long sinon. J'essaye de mon côté de vraiment profiter de ce moment, et je profite du choix du film pour parler un peu, j'aime parler. J'aime d'autant plus parler que ça m'aide à gérer mon stress, et je plaisante un peu sur ma capacité à avoir la larme facile, sur ce film triste et sa fin pourrie, enfin pas pourrie mais horrible devrais-je dire. Je parle parce que c'est une chose que je sais faire, et parfois parler m'aide à arrêter de penser. Ou penser me fait parler au choix et quand je lui dis que le fait qu'il ne soit pas du genre à se moquer me plaît, je ne pensais pas trop à la portée de mes mots, même s'ils étaient sincères mais le voir sourire me fait oublier la petite gêne que j'ai ressenti en réalisant ce que je venais de lui dire. Je crois que rien que pour le voir sourire, je pourrais dire beaucoup de conneries. Comme quand je lui dis que j'attends de lui qu'il me console à la fin de ce film. Oui j'ai vraiment dis ça et je ne sais même pas ce que j'entendais par là. Ce que je voulais dire avec ces mots. Enfin si je le sais mais non je ne peux pas l'avouer, pas comme ça. « Dis-moi comment je peux te consoler et je le ferai. » Et pourtant il me demande ce qu'il peut faire, et surtout il me dit qu'il le ferai. Et je me sens d'autant plus mal-à-l'aise d'un coup parce que j'ai en tête quelques trucs que je ne peux définitivement pas lui dire et je suis presque soulagée qu'il n'ait pas réussi à soutenir mon regard en posant cette question. Je pense que je suis beaucoup trop rouge et je bois une gorgée, ou plusieurs de mon verre, histoire de faire passer ce léger moment. Je pourrais ne rien dire, et j'ai longuement hésité, mais c'est presque une seconde nature chez moi. Parler au lieu de se taire. Se taire au lieu de parler. Et si là, j'aurais sans doute du me taire, je ne le fais pas. « Quand je pleure, ce qui arrive sans doute trop souvent aux dires de mes proches, j'aime bien avoir une épaule sur laquelle pleurer, alors si je pleure tu devras me faire un câlin pour me consoler. » Je n’assume pas mes paroles, pas du tout et je rigole encore peut-être de façon à peine exagérée alors que je cache le fait que mes mots traduisent d'un véritable désir de ma part. Oui j'ai envie de son épaule pour poser ma tête et pas qu'en cas de larmes de ma part, et je le réalise d'autant plus à ce moment alors que je suis là prêt de lui dans son appartement, sur son canapé, à boire une boisson que je n'aime pas mais que je bois quand même pour lui faire plaisir et aussi parce que je compte sur l'alcool pour m'aider à gérer ce que je ressens. Je commence un peu à me sentir plus à l'aise et l'entendre me dire qu'il aime mon accent me rappelle un peu cette toute première soirée, la facilité avec laquelle j'arrivais à lui parler, sans crainte. La façon que j'avais de le taquiner, et à m'amuser de sa timidité et de sa gêne. Et c'est d'ailleurs ce que je fais un peu quand je le regarde amusée en lui demandant ce qu'il aime chez moi. Sauf que la question se retourne contre moi au moment ou il me prends aux mots et me réponds avec sérieux. « Tes yeux. Ton sourire, ton rire, tes cheveux, tu me fais rire. Et je ne suis sûrement pas le premier à te le dire mais tu es tellement, tellement, tellement belle… » Et je crois que mes joues n'ont sans doute jamais virées au rouge aussi rapidement, mon cœur semble avoir l'impression de battre un peu plus vite comme si je venais de faire un effort physique. Je suis totalement perturbée par ses mots, par ce qu'il me dit, par la façon avec laquelle il me dit tout ça aussi, en me regardant dans les yeux et je le regarde aussi. Je soutiens son regard malgré la gêne que je ressens et que je ne peux sans doute pas cacher. Je crois que je lui plais non ? Je crois qu'il est en train de me dire que je lui plais c'est clair non ? Mes yeux, mon sourire, mon rire, ça lui plaît. Et je suis tellement belle d'après lui. Ok c'est définitif je suis déstabilisée par ses mots et je le suis tellement que je ne trouve même pas un truc à dire, pas une connerie à sortir, je suis silencieuse comme je le suis très très rarement. « Euh, merci, enfin je crois. » Il a réussi à me rendre incapable de dire une connerie et c'est assez fou. Je le remercie et j'ai presque envie de me frapper la tête contre la paume de ma main tant j'ai l'air d'une débile en le remerciant de la sorte. Je suis presque soulagée qu'il lance le film finalement alors que je l'imite en finissant mon verre d'une traite. Le film est lancé et pendant quelques minutes, le silence règne et je réfléchis à ses mots. A son invitation ce soir. A ce que nous avons déjà vécu. A ce que ça représente finalement, ce que ça veut dire. Il m'a invité et je lui plais, c'est quoi la suite ? Pourquoi ça semble si compliquée ? Le film ne m’intéresse que moyennement, de toute façon le début à toujours semblé bien trop long à mes yeux. Mais il met fin à mes questionnements, en parlant des pizzas changeant complètement de sujet et je crois qu'intérieurement je l'en remercie. Je saisis cette opportunité pour concentrer toutes mes pensées sur les pizzas, parce que c'est bien moins risqué comme sujet non ? Enfin je croyais. « Tu es en train de me dire que tu vas rester avec moi tant qu’on a pas terminé les pizzas ? » Je rigole doucement à sa question, un peu surprise par sa prise d'initiative. « C'est une proposition que tu me fais là ? » Je retrouve doucement ma faculté à formuler des vrais phrases et c'est avec un sourire au coin des lèvres que je lui réplique ces quelques mots. Est-ce qu'on est en train de flirter ? Franchement je sais pas, mais ça me plaît. Et je parle, j'évoque le petit déjeuner, sans vraiment penser au message qui peut se cacher derrière cette suggestion, mais je crois que je commence à me détendre et je ne me formalise pas de la petite gêne que je ressens en réalisant tout ça. « Je t'assure que la pizza froid les lendemains de soirée, ça vaut le coup, je crois que y'a rien de meilleur, et si tu me crois pas, je te montrerai ça un jour. » Enfin ça c'est pour les réveils pas trop compliqués, pour ceux ou l'estomac n'est pas complètement retourné et ou la migraine n'est pas si forte que juste l'idée de sentir une pizza donne envie de renvoyer le trop plein d'alcool. Mais ça je ne compte pas lui montrer, ni un jour, ni jamais. Parce que je suis sûre d'une chose, je ne veux pas qu'il me voit complètement bourrée, complètement déchirée par l'alcool, non ça c'est hors de question parce que je sais que ça ne sera pas dans la liste des choses qu'il pourrait aimer de moi et je préfère nettement la liste qu'il a déjà fait de moi et je ne veux rien gâcher. Mais gâcher quoi ? J'en sais rien, je ne sais pas ce qu'il y a entre nous, ni même s'il y a quelque chose, et à force de me demander ce que ça signifie ce soir, ce que ça veut dire la déclaration qu'il m'a faite, je me dis que j'en ai un peu marre de cette situation. De cette distance entre nous, de ce malaise qu'il y a ou que je suis peut-être la seule à ressentir ? Et je fais le premier rapprochement. Je tente, je teste, de manière minable et clairement pas de façon claire mais j'ai besoin de voir si ce que j'ai senti auparavant reste toujours valable. Je me penche sur lui, je ne fais rien de plus mais ça à au moins le mérite d'attirer son attention puisqu'il me regarde, détournant son regard de la télé. « Pas de problème… » Oh si ! Il y a un gros problème, parce qu'être à quelques centimètres de lui me prouve que je ressens toujours ce truc incompréhensible quand je suis près de lui, et surtout que j'ai toujours envie de l'embrasser. Alors si, il y a un problème, un gros même. Mais je ne dis rien, je ne fais rien, enfin presque rien. Je bois juste mon verre de vin en quelques gorgées comme pour éviter de penser à ce que je ressens à cet instant précis. Et une fois le verre reposé, je me colle à lui, légèrement, enfin non complètement mon épaule contre la sienne, j'essaye de fixer l'écran, j'essaye de me concentrer sur Jack qui devrait illuminer l'écran et suffire pour attirer mon attention, mais pourtant je n'y arrive pas. J'ai toujours adoré Titanic et pourtant là je ne pense qu'à la proximité de mon corps avec celui de Caleb. Je sens sa jambe qui frôle la mienne, je reste les yeux rivés sur l'écran. Je sens que la pression contre mon épaule est plus forte et qu'il ne s'éloigne pas de moi au contraire. Et je reste les yeux rivés sur sa télé. Sa main s'approche de la mienne, je sens ses gestes hésitants, je sens ses doigts qui frôlent ma main, et finalement il me prends la main, et je reste les yeux toujours fixés sur l'écran sans vraiment savoir ce que je regarde. Je ne pense qu'à ce geste, qu'à sa main dans la mienne qu'à cette pression que je resserre comme pour lui montrer que j’accueille son geste avec beaucoup de plaisir. Il y a quelques jours, je lui sautais dessus dans l'eau alors que j'étais en sous-vêtements et ce soir, ce simple geste suffit à me déstabiliser, suffit à faire augmenter la tension en moi. Je ne parle pas, je ne bouge pas non plus, n'osant pas gâcher ce moment avec ma légendaire maladresse. Seul mon pouce caresse doucement sa main sans jamais rompre le lien qu'il a osé créer entre nous et je regarde le film. J'essaye du moins. J'essaye de m'intéresser au récit de Rose, à son histoire, à sa rencontre avec Jack et à leurs aventures, tout en sachant pourtant qu'elle est en train de tomber amoureuse d'un futur mort. Mais c'est dur de se concentrer sur leur histoire à eux alors que je suis bouleversée par ce que je ressens. « J'aime ce film mais je n'ai jamais cru au coup de foudre et à leur histoire, tu peux pas tomber amoureux en quelques heures. » Je les regarde tout les deux, deux gens qui appartiennent à des mondes différents, qui ont une culture différente, qui n'ont rien en commun et pourtant qui vont risquer chacun leur vie pour l'autre. Non, c'est pas possible ça. C'est du moins ce dont je suis persuadée, ce que je crois au plus profond de moi. Ma main toujours dans la sienne, je n'ai plus envie de la lâcher, je bouge un peu, je me redresse quelques peu bougeant tout mon corps pour trouver une position plus agréable, je finis par la trouver cette position. Ma tête qui se pose doucement contre son épaule et nos deux mains jointes que je ramène sur ma cuisse pour me rapprocher encore un peu de lui. Il a osé établir un premier contact physique et je crois que désormais, j'ai pris ça comme une autorisation pour me rapprocher encore de lui. Pour retrouver cette proximité de notre premier soir, ou allongée sur le sable, je n'avais pas hésité à être contre lui. « Je déteste tellement le mec de Rose et tout ce qu'il représente, et ces gens riches sont haïssables. » Je parle du film, je critique le futur mari de Rose, cet homme abjecte qui sur certains points pourraient presque me faire penser à mon père et à cette société d'un autre siècle mais qui reste presque assez proche de notre société actuelle. Je critique les riches, je critique ce que je suis finalement même si la position de la femme a quand même bien évoluée et ça je ne peux que m'en satisfaire. Je parle du film, je regarde le film, alors qu'au fond la seule chose qui occupe mes pensées c'est Caleb et ce que je fais ici dans son appartement. « Tout le monde devrait avoir un Jack dans sa vie, quelqu'un qui est prêt à sauter pour le sauver, mais dans la vie les gens comme ça, ça n'existe pas non ? » Du moins je n'y crois pas, pas du tout. J'ai bien plus rencontré des gens qui seraient prêt à pousser l'autre dans le vide plutôt que le retenir. Je ne crois pas en l'amour, en leur histoire, en tout ça, et pourtant ce que je ressens à ce moment précis la tête sur l'épaule de Caleb semble assez fort pour me faire douter ou du moins pour me déstabiliser totalement.
IF YOU’RE EVER FEELING LONELY IF YOU’RE EVER FEELING DOWN. YOU SHOULD KNOW YOU’RE NOT THE ONLY ONE ‘CAUSE I FEEL IT WITH YOU NOW. WHEN THE WORLD IS ON YOUR SHOULDERS AND YOU’RE FALLING TO YOUR KNEES OH PLEASE. YOU KNOW LOVE WILL SET YOU FREE
Elle est chez moi mais je ne comprends vraiment pas pourquoi elle a accepté mon invitation. Parce que je fais n’importe quoi et comme à chaque fois que l’on se voit, je gâche toujours tout. Je m’agite partout et elle me le reproche mais ce qu’elle ne semble pas savoir c’est que je suis comme ça. Toujours en train de bouger, quel que soit la raison. Mais ça semble l’agacer, alors il faut que je change ça et que j’apprenne à me poser. Mais en même temps, ça fait totalement partie de ma personnalité et si ça ne lui plaît pas peut-être que ça veut tout simplement dire que je ne lui plais pas ? De toute façon, il n’a jamais été question de ça et la réponse à mon interrogation me semble assez évidente. Il suffit de me regarder pour le comprendre. Bien sûr que non je ne lui plais pas, ça serait quand même insensé. « Quand je pleure, ce qui arrive sans doute trop souvent aux dires de mes proches, j'aime bien avoir une épaule sur laquelle pleurer, alors si je pleure tu devras me faire un câlin pour me consoler. » Une épaule sur laquelle pleurer je pense pouvoir faire ça oui. Par contre un câlin, ça, j’en suis beaucoup moins sûr. Je suis nul pour ça, je ne fais jamais des câlins à personne parce que je n’aime pas ça. Ça me donne clairement l’impression d’être envahi dans mon espace personnel. Mais je ne peux pas lui dire ça au risque de passer encore plus pour un imbécile à ses yeux, alors je garde toutes ces informations pour moi, ne sachant pas vraiment quoi lui répondre. Pourtant il faut que je dise quelque chose, et vite. Le laps de temps entre la fin de sa phrase et le début de la mienne est beaucoup trop long, ce qui montre sûrement qu’elle est en train de me déstabiliser complètement. « Je ne suis pas sûr d'être vraiment doué pour ça, mais je vais essayer. » Je vais essayer ? C’est vraiment ce que je viens de lui répondre ? Plus les minutes passent, plus je me déteste – comme si c’était possible de me détester encore plus. – Sans vraiment le vouloir et alors même que j’essaie de faire l’inverse je lui montre encore que je suis un boulet bon à rien. Je lui ai dit que j’allais essayer, alors qu’au fond je me rends compte que l’idée même de la prendre dans mes bras ne me semble pas si désagréable que ça bien au contraire. Je ne suis même pas capable de comprendre quand ses questions ne sont pas sérieuses. Enfin si, mais je m’en rends compte trop tard. Je viens de lui dresser une liste des choses que j’aime chez elle. Une courte liste, pas complète mais qui a le mérite d’exister quand même. Et merde vraiment, je suis nul. Elle est gênée, ça se voit et elle est sûrement en train de se demander ce qu’elle fout ici avec moi, ce gros nul, ce boulet qui ne comprend rien du tout et qui passe son temps à la mettre mal à l’aise. C’est la seule chose à laquelle je semble être bon ; la mettre mal à l’aise. « Euh, merci, enfin je crois. » Je n’ose même plus la regarder parce que j’ai peur de ce que je pourrais voir dans son regard alors je fixe l’écran de télévision sans oser bouger ne serait-ce qu’un doigt. « Désolé. » Quoi ? Je le pense oui, parce que je la mets encore une fois mal à l’aise mais je n’étais pas censé le dire à voix haute. Les sourcils froncés je me redresse et avant même qu’elle ne puisse dire quoi que ce soit, je reprends. « Enfin non. De rien. C’est…ce-ce… » Oh non, je recommence à bégayer. « …ce que je v-voulais d-dire. » Je m’enfonce encore. Je continue de me ridiculiser encore et toujours. Je ne suis plus à ça près de toute façon. Pas après ce qu’il s’est passé à son anniversaire.
Je devrais me taire, je le sais. Surtout que j’ai lancé le film et qu’elle me trouve déjà sans aucune doute, con, nul, ridicule et j’en passe. Mais pourtant ce silence me met vraiment mal à l’aise et aussi étrange que cela puisse paraître c’est moi qui brise le silence. Elle rigole et moi je fronce les sourcils parce que je ne vois vraiment pas ce qu’il y a de drôle dans ma question. Elle se fout de moi, certainement et en même temps je lui donne toutes les raisons pour. « C'est une proposition que tu me fais là ? » Elle, elle sourit mais moi je panique. Je ne vois vraiment pas ce qu’il y a de drôle. Vraiment pas, non. D’ailleurs je secoue doucement la tête de droite à gauche avant de lui répondre. « Non...enfin je ne sais pas. C’est t-toi qui a commencé à parler de pizza au petit-déjeuner. » Oui, c’est elle qui en a parlé en premier. Donc est-ce que c’est elle qui essayait de me faire une proposition ? Honnêtement moi ça n’en était pas une. Je ne me permettrais pas. Parce que je suis nul à tout ça, elle a pu le constater à son anniversaire. Je suis même plus que nul. « Je t'assure que la pizza froid les lendemains de soirée, ça vaut le coup, je crois que y'a rien de meilleur, et si tu me crois pas, je te montrerai ça un jour. » Cette fois une grimace franche que je n’essaie pas de cacher se dessine sur mon visage. « Tu manges vraiment de la pizza pour le petit-déjeuner ? » Je pensais sincèrement qu’elle me disait ça pour rire, pour faire la conversation – parce que je ne suis définitivement pas doué pour ça, non plus. – « Ça doit être dégueulasse… Je n’ai jamais vraiment eu la gueule de bois de toute façon. » Puisque je ne sors pas beaucoup et je ne vais encore moins en soirée. Surtout pas le genre de soirée qu’elle fréquente elle. Parce que j’ai pu avoir un aperçu de ce qui semble être sa vie le jour de son anniversaire et elle est à des années-lumière de ce que j’aime moi. De l’alcool, beaucoup, beaucoup d’alcool, des joints et peut-être même d’autres drogues ? Je n’en sais rien et je ne suis pas sûr de vouloir le savoir. Et puis elle est bien entourée, il y avait beaucoup de garçons autour d’elle. Vraiment beaucoup de garçons. De l’expérience elle doit quand même en avoir malgré ce qu’elle m’a dit le soir de notre rencontre. Elle ne peut pas sortir, boire et danser ainsi avec des garçons sans avoir la moindre expérience. Et puis, pourquoi est-ce que je pense à ça maintenant ? Sûrement parce que je réalise qu’elle a vraiment dû me trouver ridicule le soir de son anniversaire. De toute façon je le suis. Cette fille me plait. C’est même bien plus que ça. Mais pourtant je suis incapable d’aller plus loin avec elle – de nouveau. – Parce que j’ai beaucoup trop peur, et j’ai honte. J’ai tellement honte. Je ne peux pas m’empêcher de penser à sa soirée d’anniversaire et à quel point je me suis ridiculisé. Je la regarde du coin de l’œil, elle termine rapidement son deuxième verre alors que moi mon premier est à moitié vide. Mais si je la regarde du coin de l’œil c’est surtout pour tenter une approche. J’y vais doucement. Mes gestes sont tellement hésitants et j’essaie vraiment d’y aller doucement. Peut-être trop doucement pour elle ? Après tout c’est elle qui m’a fait des avances la dernière fois. Peut-être que je suis trop lent pour elle. Alors j’y vais, et je prends sa main dans la mienne, même si j’ai l’impression que mon cœur est en train d’exploser tant il bat vite.
Aussi dingue que cela puisse paraître, elle ne me repousse pas au contraire. Je sens son doigt qui caresse ma main. « J'aime ce film mais je n'ai jamais cru au coup de foudre et à leur histoire, tu peux pas tomber amoureux en quelques heures. » Elle brise le silence, je tourne le regard vers elle pour la regarder sans penser au fait que nous nous sommes tellement rapprochés ces dernières secondes que mon visage se retrouve assez proche du sien. Mes yeux glissent quelques secondes sur ses lèvres mais très vite, je reporte mon attention sur le film priant qu’elle n’ait rien remarqué. « Moi je pense qu’on peut tomber amoureux en quelques heures. Même en un seul regard. » Le coup de foudre, j’y crois. Et encore plus depuis que je l’ai vécu avec elle mais ça, je le garde bien évidemment pour moi. Elle bouge, je pense qu’elle va se détacher de moi mais non ce n’est pas ce qu’elle fait. Sa tête se retrouve sur mon épaule alors que nos mains entrelacées sur sa cuisse. Et de nouveau mon regard quitte la télévision pour dévier sur nos mains, sa cuisse, mais comme tout à l’heure, je suis rapide et je regarde à nouveau le film. Je la laisse critiquer le film sans vraiment réagir à ses mots, de toute façon moi, je n’ai jamais fréquenté des gens riches. J’ai grandi dans une ferme et mes parents ne roulaient clairement pas sur l’or. « Tout le monde devrait avoir un Jack dans sa vie, quelqu'un qui est prêt à sauter pour le sauver, mais dans la vie les gens comme ça, ça n'existe pas non ? » Encore une fois je ne suis pas vraiment d’accord avec elle. Mon pouce caresse doucement le dos de sa main sans même que je ne réfléchisse à ce geste tant il est instinctif. « Je pense que quand on aime quelqu’un, quand on est vraiment amoureux on est capable de tout pour cette personne. Même des choses les plus folles. » Pourtant je ne suis jamais tombé amoureux. Enfin pas avant d’avoir rencontré Alex. Est-ce que je vais trop vite en affirmant être tombé amoureux d’elle à partir du moment où mon regard a croisé le sien ? Peut-être, mais je sais que c’est la vérité. « Tu ne penses pas ? » Moi je sais que pour les personnes que j’aime je suis capable de tout. « Comment est-ce que tu peux aimer ce film alors que tu n’as même pas l’air de croire en ce qu’il raconte ? Le coup de foudre, l’amour et les sacrifices que tout ça peut demander. » Et c’est une vraie question que je lui pose. Je suis sincèrement intrigué. À en croire ce qu’elle me dit elle ne croit pas au coup de foudre, ni en l’amour, et je trouve ça triste.
"If you’re ever feeling lonely If you’re ever feeling down You should know you’re not the only one ‘cause I feel it with you now When the world is on your shoulders and you’re falling to your knees Oh please You know love will set you free"
Je suis gênée par mes mots, par ce que j'ai dis et surtout parce que ça traduit d'un véritable désir chez moi. Celui d'avoir ma tête sur son épaule, celui d'être dans ses bras aussi peut-être, sans doute. Mais je n'assume pas mes mots, pas plus que mes envies, et je crois que lui non plus si j'en crois le temps qu'il met à me répondre. Il n'en a pas envie, il ne veut pas me consoler si je pleure ? Enfin pas comme ça et je crois que je suis déçue. Déçue de voir qu'il ne semble pas enthousiaste à l'idée de pouvoir me consoler, pas enthousiaste à l'idée que je me blottisse contre lui. « Je ne suis pas sûr d'être vraiment doué pour ça, mais je vais essayer. » Il finit par me répondre et je suis un peu perplexe. Il n'est pas doué pour ça ? Pour les câlins, pour consoler quelqu'un, pour accepter de me laisser son épaule pour pleurer dessus ? Je ne sais pas, mais j'essaye juste de retenir qu'il va essayer. Essayer quoi ? J'en sais rien, de me consoler quand je vais me mettre à pleurer devant ce film, ça doit être juste ça oui. Et je m'en contenterais, ce soir du moins, parce que je ne veux pas brusquer les choses, je ne veux pas risquer de tout gâcher à nouveaux, de le mettre mal-à-l'aise. De nous mettre mal-à-l'aise tout les deux. Tout me semble compliquée, alors que tout était si simple les deux premiers jours entre nous. Tout a changé, tout est devenu plus difficile à gérer et pourtant, je suis chez lui, dans son appartement, assisse sur son canapé à quelques centimètres de lui. Ça ne devrait pas être difficile, et je ne devrais pas être si gênée, si incroyablement déstabilisée quand il fait la liste des choses qu'il aime chez moi. Je ne devrais pas être si surprise par ses mots et pourtant je le suis. Parce qu'il ne me laisse pas indifférente, parce que lui plaire est pas quelque chose d'anodin pour moi, même si je ne sais pas pourquoi ça compte autant. Je suis incapable de dire autre chose qu'un merci pas vraiment le bienvenue, mais face à lui j'ai parfois l'impression de perdre mes moyens, d'agir et de réagir d'une façon différente, et surtout de ne pas m'en moquer, parce que je ne veux pas dire ou faire n'importe quoi face à lui. Il semble tout aussi incapable de dire des choses censées, puisqu'il s'excuse. Pourquoi il s'excuse de m'avoir dit de telles choses aussi touchantes ? J'en sais rien, et je ne vais pas lui demander. Je le regarde du coin de l’œil alors que lui fixe son écran de télé, et il reprends. Il s'explique, il bégaie et en l'entends bégayer, je me rends compte que la situation doit être sacrément compliquée pour lui, peut-être encore plus que je le pensais. « Tu n'as pas à t'excuser, j'ai bien aimé moi, tes mots m'ont vraiment touché. » Ces mots m'ont déstabilisé oui, mais aussi grandement fait plaisir et je ne veux pas qu'il soit mal à l'aise parce qu'il s'est montré sincère et gentil avec moi. Au contraire, je veux qu'il continue à l'être, je veux qu'il continue à me dire de telles choses, et qu'il me regarde aussi, ce qu'il ne fait plus vraiment. Il est plutôt concentré sur le film qu'il a lancé et sur la pizza, alors que moi je me concentre plus sur le vin et sur lui, du coin de l’œil. Sans vraiment assumer mes regards vers lui. Ce silence relatif, puisqu'il y a la télé qui vient combler le vide devrait avoir quelque chose d'apaisant puisqu'il n'y a rien à dire, rien à faire à part regarder le film et pourtant, il parle. Il parle de pizzas, des quatre pizzas que j'ai apporté, il me demande si je compte rester avec lui jusqu'à ce qu'il ne reste plus de pizzas. Et sur ces mots, je profite de son questionnement pour le taquiner, pour lui demander s'il est en train de me faire une proposition. Je souris moi, je ris aussi, essayant de la taquiner un peu comme j'avais pu le faire au bar ou à la plage. Mais il ne sourit pas lui. Non pas du tout, pas même un peu. J'ai encore raté une occasion de me taire visiblement. « Non...enfin je ne sais pas. C’est t-toi qui a commencé à parler de pizza au petit-déjeuner. » Oui c'est moi, c'est vrai et c'est moi aussi qui ait insinué que je ne le laisserais pas avec un trop plein de pizza, mais il ne semble saisir aucun de mes sous-entendus, est-ce que s'en est réellement d'ailleurs ? Est-ce que je veux qu'il me propose de rester avec lui ? Est-ce que je veux une pizza au petit dej avec lui ? Même pour moi rien n'est clair, mais lui il semble mal à l'aise face à mes insinuations mal maîtrisées. Mais au lieu de me taire je continue. Sauf que cette fois j'ajoute que je lui montrerais les pizzas au petit-déjeuner un jour. Pas maintenant, pas de pression, un jour et ce qu'il retient c'est que je mange des pizzas au petit-déjeuner. Enfin il semble avoir besoin d'une nouvelle confirmation. « Tu manges vraiment de la pizza pour le petit-déjeuner ? » Je secoue la tête positivement pour répondre à son questionnement, oui oui je mange de la pizza froide au petit-déjeuner et je l'assume. Ce que j'assume beaucoup moins c'est mon côté fêtarde. « Tu ne rates pas grand chose. Enfin si la pizza froide, et tu vas devoir y goûter avant de dire que c'est dégueulasse, mais pour le reste je t'assure que la gueule de bois c'est pas la partie la plus amusante. » Pas du tout même. Et pourtant c'est une habituée qui le dit. Un peu trop habituée d'ailleurs même s'il fut un moment ou c'était pire encore. Mais ça il n'a pas besoin de le savoir, et je ne veux surtout pas qu'il le sache. Il en a déjà vu bien trop ce soir là à mon anniversaire. L'alcool, les joints, mes fréquentations, et mon comportement envers lui une fois un peu trop alcoolisée, un peu trop détendue aussi. Je devrais m'excuser pour mon comportement ce soir là, je devrais lui dire que celle qu'il a vu ce n'est pas vraiment moi, sauf que ce serait faux. J'aimerais aussi m'excuser de l'avoir poussé à boire, de l'avoir fait fumer alors que je savais déjà que ce n'était pas son genre. Je voudrais aussi m'excuser pour la suite, pour avoir été trop vite avec lui, trop tôt aussi. Mais je ne veux surtout pas parler de ce soir là, pas alors que je tente de me rapprocher un peu de lui sans oser le faire. Et c'est finalement lui qui fait le premier pas, hésitant, incertain mais c'est lui qui prends ma main ce soir et ce simple simple suffit à me perturber un peu, beaucoup. Mais lui qui semble avoir du mal à se détendre depuis que je suis là, il a osé et je crois que ça veut dire beaucoup finalement. Je sens son regard sur moi au moment ou j'évoque le fait que je ne crois pas au coup de foudre et à l'histoire de Rose et Jack. Je me concentre sur leur histoire, cette fiction dont je connais déjà l'issue, parce que c'est bien plus simple. Bien moins déstabilisant que le regard de Caleb, je tourne la tête vers lui, pour le regarder un peu à mon tour et de nouveau je sens cette attirance pour lui, cette attirance inexplicable qui m'a poussé à sauté dans ses bras sur la plage. Cette attirance qui m'a poussé à l'embrasser à plusieurs reprises à la soirée de mon anniversaire et j'ai de nouveau cette envie de l'embrasser là maintenant mais je ne fais rien. Il est de nouveau tourné vers l'écran et ça me rassure un peu de ne pas avoir à devoir soutenir son regard. « Moi je pense qu’on peut tomber amoureux en quelques heures. Même en un seul regard. » Encore moins en l'entendant prononcer cette phrase. Il croit en l'amour lui. Il croit au coup de foudre. Il croit en tout ça, et j'aimerais y croire moi aussi. Ou pas. J'en sais rien, je sais plus rien quand je pense à lui et à la façon dont il arrive à me déstabiliser. Je cherche à comprendre mes émotions, à comprendre ce que je ressens mais je n'ai pas de réponses, c'est un mystère que je n'ai pas encore réussi à résoudre. « Ça t'est déjà arrivé ? Le coup de foudre, d'être amoureux ? » Ma tête qui se pose doucement sur son épaule, ma main toujours dans la sienne et sans le regarder, je m'intéresse à sa vie sentimentale, à ce qu'il a déjà vécu. S'il y croit, c'est sans doute qu'il a déjà aimé quelqu'un, qu'il est déjà tombé amoureux non ? Peut-être qu'il l'aime encore cette fille d'ailleurs ? Pourquoi je pense à ça moi ? Et pourquoi ça me déplaît en plus ? Moi je suis sûre de n'avoir jamais aimé quelqu'un, j'en suis sûre parce que je ne sais pas ce que c'est que l'amour donc à partir de ce moment, c'est bien que ça ne m'est jamais arrivé non ? Le film comme distraction qui me permet de concentrer mes pensées sur quelque chose de concret, je critique un peu un film que j'aime pourtant réellement. Je critique ces gens riches sans jamais oser lui dire que je fais partie de cette catégorie de gens. Je profite plutôt de ma tête sur son épaule, et il n'aura pas fallu attendre que je pleure pour que ma tête trouve le chemin de son épaule. Je profite de ma main dans la sienne et des mouvements doux de son pouce sur ma main que j’accueille avec un sourire que je tente tout de même de dissimuler. Contre lui, je me détends un peu, évoquant le film plus que notre relation, enfin plus que ce qui est en train de se passer entre nous parce que finalement même si leur histoire est compliquée, je ne suis pas impliquée dedans, beaucoup moins qu'avec Caleb. « Je pense que quand on aime quelqu’un, quand on est vraiment amoureux on est capable de tout pour cette personne. Même des choses les plus folles. » Je l'écoute, et je réfléchis à ses mots, incapable de lui répondre, du moins pas avec certitude, pas avec instinct non plus. « Tu ne penses pas ? » Et pourtant il me questionne cette fois, il me demande une réponse, et je dois bien trouver quelque chose à lui dire. « Je ne suis pas sûre de croire vraiment en l'amour. » C'est une révélation que je lui fais avec une pointe d'incertitude, de doute dans la voix. J'hésite à lui développer ma pensée, j'hésite à lui montrer que je ne crois pas en tout ça, que je ne crois pas que l'amour soit quelque chose qui existe ou du moins quelque chose qui existe pour moi. Aimer, être aimée, je connais pas, j'y connais rien et je n'y crois pas. « Je sais pas, je n'ai jamais vraiment été témoin de tout ça. Faut croire que je ne suis peut-être pas faite pour ça, je dois pas être le genre de personne pour qui on est prêt à tout. Et puis, mes parents sont un bel exemple que l'amour c'est qu'une belle connerie, à part se détruire, ils ne sont prêts à rien l'un pour l'autre. » Il m'a demandé mon avis, et peut-être que je n'avais pas à développer autant mais pourtant je le fais. Un peu vulnérable en évoquant mes parents mais aussi cette pensée ancrée en moi qui me dit que je ne suis pas faite pour ça, que je ne peux pas être aimée, et puis sûrement que je suis incapable d'aimer aussi alors peut-être que l'amour existe, peut-être mais pas pour moi. Ma main qui resserre un peu son étreinte sur la sienne, le sentir avec moi à ce moment me fait du bien, aussi surprenant que ce soit, j'apprécie de l'avoir à mes côtés alors que j'ai la sensation de lui avoir livré un peu de mon intimité et je ne suis pourtant clairement pas sûre que ce soit positif. Et la question qui arrive est légitime, pourquoi j'aime ce film. Enfin comment je peux l'aimer alors que je n'y crois pas. « Je sais pas, je crois pas que ce soit possible, je n'y crois pas mais c'est un film, et même si c'est pas crédible, ils vivent leur histoire, que j'y crois ou pas c'est pas vraiment le sujet. Et puis peut-être que finalement j'aime ce film parce que malgré tout ce qu'ils font pour être ensembles, ça se termine mal pour eux. » Négative moi ? Non pas du tout. Réaliste plutôt. C'est en partie vrai. C'est finalement le fait qu'ils se soient aimé qui a conduit à la mort de Jack. Enfin le bateau qui coule à sans doute aidé aussi, un peu … « Elle aurait pu monter dans cette barque et lui, il aurait pu tenter de s'en sortir sans elle, finalement c'est le fait qu'ils se soient rencontrés qui a condamné les chances de Jack. Ça donne pas forcément envie vu comme ça non ? Et pourtant ça rends le film mémorable. » Est-ce que je caricature les choses, est-ce que je montre les côtés négatifs de leur amour alors qu'au même moment sur l'écran, ils vivent leurs premiers instants de joie ensembles, ils sont en train de tomber amoureux l'un de l'autre et moi je ne vois que la fin tragique de leur amour. Mais c'est aussi ce qui fait que ce film est mémorable, l'histoire du Titanic est tragique, mais l'histoire de Rose et Jack apporte un plus à l'histoire. « Et puis si on oublie le fait qu'ils tombent amoureux en trois secondes alors que tout les oppose, ils sont plutôt assez touchants finalement. » Peut-être que finalement si j'aime ce film c'est parce que j'aimerais y croire à ce qu'ils vivent, j'aimerais me dire que ça existe, j'aimerais y avoir le droit moi aussi, mais je n'y crois pas et ce n'est pas un film, une histoire inventée aussi belle soit-elle qui va me faire changer d'avis non ? « J'espère que je n'ai pas gâché l'ambiance. » Je me redresse, je lâche un petit rire gêné et je lâche sa main pour boire un peu de vin, un troisième verre que je remplis avant d'en boire deux grosses gorgées. J'ai l'impression de lui en avoir trop dit sur moi, beaucoup trop et je me sens légèrement mal. Beaucoup trop mal et j'ose à peine le regarder. Pourquoi je n'ai pas réussi à me taire ? Je regarde l'écran, je replonge dans ce film et sans le regarder, je reprends ma place contre lui. Sans montrer l'hésitation que je ressens pourtant, je viens m'asseoir à ses côtés, ma tête sur son épaule et mes jambes contre les siennes. Je prends sa main dans la mienne et je pose nos mains jointes sur ma cuisse une nouvelle fois, et peut-être qu'ainsi il finira par comprendre qu'il a le droit. Le droit de quoi ? J'en sais rien, mais contre lui à ce moment précis, je me sens bien, juste bien. « Je suis bien avec toi. » Les mots sont un peu couverts par le bruit du film mais la proximité de nos têtes devraient lui permettre d'entendre cet aveux. Je ne sais même pas pourquoi je lui dis ça, mais je le dis, parce que je le ressens vraiment à ce moment précis.
IF YOU’RE EVER FEELING LONELY IF YOU’RE EVER FEELING DOWN. YOU SHOULD KNOW YOU’RE NOT THE ONLY ONE ‘CAUSE I FEEL IT WITH YOU NOW. WHEN THE WORLD IS ON YOUR SHOULDERS AND YOU’RE FALLING TO YOUR KNEES OH PLEASE. YOU KNOW LOVE WILL SET YOU FREE
Elle me demande si je suis déjà tombé amoureux et finalement, sa question me met toujours un peu plus mal à l’aise et ne m’aide clairement pas à me détendre. Si je crois au coup de foudre c’est parce que je l’ai vécu avec elle. Je le sais je le sens mais ce n’est pas quelque chose que je peux lui dire. Parce qu’elle va prendre peur et je vais la faire fuir. Je ne sais pas quoi lui dire. La vérité ? Non certainement pas. Mais alors peut-être que je devrais le sous-entendre ? Lui dire encore une fois à quel point elle me plaît ? À quel point je me sens bien avec elle ? Je n’en sais rien. Mais je suis obligé de lui apporter un élément de réponse, parce que c’est ce qu’elle attend. Je me pince les lèvres, je réfléchis alors que par la suite je me mordille légèrement les joues. Je me redresse un peu, sans pour autant rompre ce contact physique entre nous et sans elle réfléchir à ma réponse, j’ouvre la bouche. « Je ne suis jamais tombé amoureux avant, non. » Sous-entendu avant de la rencontrer, mais c’est tellement sous-entendu qu’il y a peu de chance qu’elle ne le comprenne de cette manière et en soit, tant mieux. « De toute façon j’ai jamais vraiment intéressé les filles. » Elles ne me regardent pas et ça, c’est un fait qui est indéniable. Je me souviens au lycée de cette fille qui me plaisait mais qui, elle, ne me regardait pas du tout. J’ai l’habitude de passer au second plan, de ne pas attirer l’attention des filles sur moi. Malheureusement. Ce qui explique mon énorme manque d’expérience alors que je vais bientôt avoir vingt-et-un an. Ce qu’elle doit, d’ailleurs, trouver bien ridicule. Notre conversation dévie sur quelque chose de bien plus important, peut-être même de trop profond pour un rendez-vous. Est-ce qu’on est vraiment en rendez-vous galant ? Je n’en sais rien, pour moi oui mais pas sûr qu’elle partage mon avis. Je lui explique rapidement mon point de vue. Je crois en l’amour et je crois comprendre qu’elle ne croit pas au coup de foudre. Alors je lui en demande plus, mais sa réponse m’étonne presque autant que je ne m’y attendais pas. « Je ne suis pas sûre de croire vraiment en l’amour. »Oh. Pourquoi est-ce que cette information me donne comme un petit pincement au cœur ? Parce que moi je sais que je suis en train de tomber amoureux – si je ne le suis pas déjà complètement – alors qu’elle est en train de me dire qu’elle ne croit pas en tout ça. Ne pas croire au coup de foudre c’est une chose que je peux comprendre sans problème, moi aussi j’avais du mal à y croire avant de le vivre réellement. Mais affirmer carrément ne pas croire en l’amour, c’est triste. « Je sais pas, je n'ai jamais vraiment été témoin de tout ça. Faut croire que je ne suis peut-être pas faite pour ça, je dois pas être le genre de personne pour qui on est prêt à tout. Et puis, mes parents sont un bel exemple que l'amour c'est qu'une belle connerie, à part se détruire, ils ne sont prêts à rien l'un pour l'autre. » Plus elle parle plus ce qu’elle pense réellement se confirme et je trouve ça toujours aussi triste. À ce niveau-là c’est même plus que triste. Elle dit que l’amour c’est qu’une belle connerie et je comprends que ses parents n’avaient pas l’air très amoureux ou très démonstratifs du moins, mais de là à affirmer que ce n’est qu’une connerie et qu’elle n’y croit pas une seule seconde je trouve ça assez dur. Elle est difficile oui. Très difficile et je ne comprends pas du tout son raisonnement. Nous ne sommes pas sur la même longueur d’onde là-dessus alors je commence vraiment à me demander ce qu’elle fait ici. Je ne réponds rien et elle ne m’en laisse pas vraiment le temps de toute façon puisqu’elle parle énormément. Je lui demande comment est-ce possible pour elle d’aimer ce film si pour elle l’amour n’est qu’une illusion et au lieu de me dire pourquoi elle l’aime, elle me démontre à quel point elle le trouve ridicule. Donc elle n’aime pas ce film ? Elle ne croit pas en l’amour ? Elle ne croit pas au coup de foudre ? C’est triste tout ce qu’elle dit et plus elle parle plus je me sens mal. C’est son amour pour Rose qui a condamné Jack, enfin c’est ce qu’elle pense mais je ne suis pas du tout d’accord. Même s’il n’avait pas rencontré Rose, Jack serait mort comme la plupart des personnes sur le bateau. Entre les deux, seule Rose avait une chance de s’en sortir. C’est l’amour qui nous tue, tout ce qu’elle dit est triste et me démontre bien toute la distance émotionnelle qu’elle y met. Elle démonte le film à chacune de ses paroles et elle démonte l’amour, aussi. Et qu’elle critique le film m’importe peu, ce qui me touche réellement sont ses mots ; elle ne croit pas en l’amour, c’est d’ailleurs une belle connerie à ses yeux, tomber amoureux en trois secondes c’est complètement ridicule (elle ne le dit pas clairement mais la façon avec laquelle elle prononce ces mots le sous-entend fortement.) Maintenant, je me sens encore plus ridicule, encore plus con, encore plus bête et surtout je n’y comprends plus rien. « J'espère que je n'ai pas gâché l'ambiance. » Elle rigole mais moi je ne ris pas du tout, et quand elle lâche ma main je me surprends à être presque soulagé de ce geste de sa part. « Je suis vraiment désolé pour tes parents. » Mes excuses sont sincères et ce sont bien les seuls mots qui sortiront de ma bouche. Je ne comprends pas son point de vue et surtout je me questionne énormément. Elle se sert un troisième verre de vin, à croire qu’elle est obligée de se bourrer la gueule pour passer du temps seule avec moi. Il faut croire que ma présence est extrêmement désagréable. Elle doit me trouver ennuyant à mourir, c’est pour ça qu’elle se verre autant de verres et si elle continue comme ça, elle va finir la bouteille à elle toute seule. Je suis encore plus silencieux que d’habitude, et de nouveau elle se colle à moi. Tout à l’heure ça ne me dérangeait pas, bien au contraire mais maintenant je ne comprends plus son comportement. Elle m’envoie des signaux, elle se colle à moi, elle me prend la main et en même temps elle me dit qu’elle ne croit pas en l’amour et que tout ça ce n’est qu’une belle connerie. Mais pourtant elle me colle, elle sait qu’elle me plaît, je lui ai déjà dit plusieurs fois, elle sait donc qu’elle ne me laisse pas indifférent, elle me fait comprendre que ce n’est pas réciproque ou du moins que rien ne se passera jamais entre nous. Parce que si elle ne croit pas en l’amour, elle ne peut pas vouloir aller plus loin avec moi, non ? « Je suis bien avec toi. » Et maintenant elle me dit ça. Elle me dit qu’elle se sentirait apparemment bien avec moi mais en même temps, pas pour aller plus loin vu qu’à ses yeux l’amour ce n’est qu’une vaste connerie. Donc qu’est-ce qu’elle fait avec moi ? Pourquoi est-ce qu’elle se colle ainsi à moi ? Pourquoi est-ce qu’elle me dit ce genre de chose si elle ne les pense pas ? Elle se fout de moi, c’est la seule explication logique qui en ressort. Je ne lui réponds même pas, de toute façon je ne vois pas ce que je peux lui dire. Enfin si, dans d’autres circonstances j’aurais pu lui répondre que moi aussi, je me sens bien avec elle mais là à l’instant présent ça serait lui mentir. Parce que je me sens tout sauf bien, alors je me lève prétextant devoir aller aux toilettes, ce qui est faux mais j’y vais quand même et je reviens assez rapidement mais j’en profite pour installer une distance entre nous. Je ne me colle plus à elle, au contraire. Je m’assois sur le canapé mais je me tiens éloigné d’elle, mon coude se posant sur l’accoudoir, ma tête posée sur la paume de ma main et je suis complètement perdu. Je regarde la télé sans réellement regarder, le regard perdu dans le vide plus qu’autre chose. Elle ne ressent rien pour moi, elle me l’a presque dit clairement ; puisqu’elle ne croit absolument pas en l’amour et elle ne semble pas avoir envie d’essayer de le découvrir. Je reste silencieux très longtemps, parce qu’au final maintenant sa présence me fait plus de mal que de bien. Je lâche un long soupir et j’ose enfin reprendre la parole. « Qu’est-ce que tu fais ici alors ? » Et oui, je réagis peut-être avec cinq ou dix minutes de retard mais au moins j’ai enfin réussi à parler un peu. Elle n’est pas venue parce que je l’intéresse, clairement pas, elle me l’a bien fait comprendre. Mais pourtant ses mots sont en totale contradiction avec son comportement, je suis perdu et j’ai simplement l’impression qu’elle se fout complètement de moi. Alors j’ai besoin de réponses.
"If you’re ever feeling lonely If you’re ever feeling down You should know you’re not the only one ‘cause I feel it with you now When the world is on your shoulders and you’re falling to your knees Oh please You know love will set you free"
Il n'est jamais tombé amoureux, mais pourtant il y croit. C'est quelque chose d'étrange pour moi, mais je ne sais pas pourquoi, ça me rassure de savoir qu'il n'a jamais été amoureux d'une femme. Enfin qu'il n'est jamais tombé amoureux avant. Avant ? Avant quoi ? Je fronce les sourcils en me demandant ce que signifie ce 'avant'. Soit il est déjà tombé amoureux soit non, mais pourquoi sa phrase me paraît tout d'un coup étrange. Je n'ai pas le temps de répondre, ou même de formuler une quelconque question, qu'il parle à nouveau. « De toute façon j’ai jamais vraiment intéressé les filles. » Je trouve ça triste, la façon dont il le dit, la façon dont il se voit aussi. Je suis une fille et il m'intéresse, du moins je crois lui avoir montré non ? Pourtant je ne sais pas pourquoi, je doute. Je reste silencieuse, quelques minutes, ma tête sur son épaule, je pourrais lui dire qu'il m'intéresse, je devrais peut-être lui dire mais je ne sais pas si c'est ce qu'il attends de moi. Si c'est ce qu'il souhaite, après tout, tout a été vite entre nous et depuis, il ne s'est pas passé grand chose alors je ne sais pas. Et pourtant je suis là, chez lui dans son appartement. « Je pense surtout que tu as une si mauvaise image de toi et que tu ne vois pas quand quelqu'un s'intéresse à toi. » Peut-être que c'est un message que je lui laisse, mais peut-être que je devrais juste être plus claire et arrêter avec mes taquineries et mes insinuations pas toujours claires et pas toujours assumées. Pourtant je suis bien avec lui, du moins je me détends à ses côtés. Il a osé me prendre la main, et j'ai osé me rapprocher de lui, c'est plutôt bon signe non ? Bon signe pourquoi ? J'en sais rien mais ça me semble bien plus agréable que la tension et la gêne qu'il y avait quand je suis arrivée chez lui. Je crois que je suis plus à l'aise dans mes gestes pour lui montrer ce que je désire qu'avec des mots. Je ne sais pas m'exprimer, je ne sais pas la fermer non plus. Je réfléchis beaucoup, ou pas assez. Mais une chose est sûre je suis plus à l'aise pour exprimer ce que je ressens à son égard par des gestes que par la parole. Et pourtant parler je le fais. Quand il me demande ce que je pense de l'amour. Je le fais alors que je sens que je ne devrais pas. Je m'ouvre à lui sur un sujet délicat pour moi, et j'évoque le fait que je ne crois pas en l'amour. Que je ne crois pas en tout ça, du moins pour moi. Parce que je n'ai jamais aimé, ou du moins sûrement enfant, j'ai aimé mes parents mais eux n'ont pas réussi à me faire me sentir aimée et si eux n'ont pas réussi, je me dis que l'amour c'est clairement pas fait pour moi. Personne dans mon entourage ne semble avoir connu l'amour, et je crois qu'à mes yeux, c'est plus simple de me dire que ça n'est pas pour moi. Je ne suis pas faite pour ça tout simplement. Et alors que je lui dévoile une partie de ma vie, du moins une vision de la vie que j'ai, et que j'accepte de me montrer vulnérable devant lui, il reste très silencieux. Peut-être trop ? Il ne réagit que pour me demander comment je peux aimer ce film si je n'y crois pas, et je continue à parler. Je continue à lui donner mon point de vue sur leur histoire et sur l'amour aussi par la même occasion. Je lui donne mon avis sur le sujet comme il me l'a demandé sans réaliser que je vais peut-être trop loin. Du moins je ne le réalise pas à ce moment précis quand je parle, je le réalise après quand je ressens le besoin de boire un peu de vin pour me détendre un peu. J'essaye de rire un peu, même si ça trahis plutôt un certain malaise de ma part, mais il ne rit pas avec moi. Pire, la seule chose qu'il dit c'est en lien avec mes parents. « Je suis vraiment désolé pour tes parents. » Je lève les épaules, trouvant un certain apaisement dans l'alcool bien plus que dans ses paroles. « Faut pas, ils sont cons c'est comme ça. » Et visiblement je le suis aussi. Un brin fataliste, j'ai besoin de ne pas trop m'impliquer émotionnellement ou du moins ne pas lui montrer que je le suis. Mes parents sont un sujet bien trop sensible pour être abordé ce soir. Le silence qu'il laisse est assez désagréable, parce que je viens de m'ouvrir à lui, peut-être pas comme je l'aurais du mais je lui ai dis certaines choses que peu de gens connaissent de moi, et si personne ne serait étonnée de savoir que je ne crois pas en l'amour, très peu savent en revanche que je pense ne pas y avoir le droit, ne pas le mériter, ne pas être assez bien pour connaître ça, pour être aimée. Je me sens mal de lui avoir partager tout ça, je me sens mal et pourtant quand je me remets contre lui, je me sens un peu mieux. Je me sens même étrangement bien et je lui dis ces mots, rares de ma part. Mais encore une fois, je suis confrontée à son silence. Il est beaucoup trop silencieux pour que ça n'en soit pas gênant, il ne réagit pas et j'ai envie de lui demander si tout va bien. S'il y a quelque chose que j'ai dis ou fais qui le dérange, mais il se lève et il s'éclipse aux toilettes. Il s'en va et je me retrouve toute seule sur son canapé devant ce film à commencer à maudire les sourires de Rose et de Jack et leur bonheur qui rayonne à l'écran. J'aime ce film, je l'aime vraiment mais malgré toutes les épreuves pour eux, ça semble si simple entre eux. Je vois Caleb revenir rapidement et je lui souris, un sourire qui disparaît bien vite quand je constate qu'il s’assied loin de moi, aussi loin que son canapé le lui permet et je ne comprends pas. Je ne comprends absolument pas son attitude et j'ai mal, vraiment mal. Je viens de lui dire que j'étais bien avec lui, et il s'éloigne de moi. Il me repousse et je crois que j'ai rarement été aussi mal, aussi touchée qu'à ce moment précis. Parce que je me sens bien à ses côtés et lui il me repousse, et j'ai l'impression d'avoir une boule dans l'estomac, ça fait mal vraiment mal d'être repoussée par quelqu'un qu'on apprécie et je le découvre là ce soir dans son canapé. Je suis définitivement pas douée, mais je ne comprends pas ce changement d'attitude de sa part. Le film ne semble même plus avoir un quelconque intérêt d'un coup, je ne pense qu'au silence et la distance qu'il met entre nous et je réfléchis, beaucoup pour essayer de comprendre ce que j'ai dis ou fais pour qu'il s'éloigne d'un coup. Et j'ai beau ne pas être douée, je sais que j'ai du dire un truc qui l'a blessé ou déplu, est-ce que c'est le fait que je ne crois pas en l'amour ? Que j'ai critiqué le film ? Franchement j'aimerais comprendre, j'aimerais pouvoir comprendre pourquoi tout semble si difficile avec lui alors que c'était si simple, si instinctif, si bon avant. Pourquoi je me mets à réfléchir alors que tout se passait bien quand je ne faisais qu'agir. Je suis bien avec lui, je le sais, je lui ai dis pourquoi ça ne suffit pas ? Pourquoi je ne comprends rien de rien aux relations humaines ? Voilà encore une preuve que c'est pas pour moi, ni l'amour, ni rien du tout. « Qu’est-ce que tu fais ici alors ? » Sa voix met fin à mes questionnements, mais surtout elle me ramène à une réalité que je ne peux plus nier. Je l'ai visiblement vexé ou blessé, j'en sais rien. Mais sa question me perturbe réellement. Qu'est-ce que je fais ici ? Je me suis posée cette question aussi, enfin pas à savoir ce que je faisais chez lui, mais pourquoi il m'avait invité chez lui. Et je n'ai toujours pas de réponses. « J'sais pas. » Déstabilisée par sa question, par le sens de celle ci, déstabilisée par la distance entre nous, par cette tension que je ressens mais pas celle que je ressentais sur la plage, un autre truc, désagréable cette fois. « Pourquoi tu m'as invité ? » Répondre à une question par une question c'est moche et je le sais. Et je m'en veux de lui avoir dis ça, je m'en veux de ne pas réussir à lui dire réellement ce que je ressens. Je repense aux mots de Rachel à ce moment précis Il te plaît et si tu es trop bête pour ne pas t'en rendre compte, tu es encore plus grave que je ne le pensais. Je te connais Alex, et je peux juste te dire que j'ai vu comme tu souris avec lui, tu sembles à l'aise à ses côtés, tu arrêtes de douter et tu vas le retrouver parce que tu en as envie. Il me plaît oui, je suis à l'aise à ses côtés oui, enfin pas là maintenant mais quelques minutes plus tôt je l'étais oui. J'avais envie d'être là ce soir. Oui voilà ce que je peux lui dire, ce que je dois lui. « J'avais envie d'être avec toi ce soir. » Et les autres soirs, les autres jours aussi. Je ne comprends rien, ni ce qu'il se passe entre nous à ce moment, ni même pourquoi je suis si bien avec lui, je ne comprends jamais rien de toute façon, mais c'est la vérité pourtant, j'avais envie d'être avec lui. « Je me sens bien avec toi. Je sais pas ce que je fais ici, j'en sais rien, et sans doute que je devrais partir maintenant, mais tu es le premier qui me déstabilise comme ça, alors je sais pas comment faire et visiblement je gâche tout, je suis désolée. Mais j'aime passer du temps avec toi. Me demande pas pourquoi stp j'en sais rien. » Et c'est vrai j'en sais rien. Je ne sais pas pourquoi il m'attire autant. Je ne sais pas pourquoi je me sens bien à ses côtés. Je ne sais pas pourquoi j'ai envie d'être proche de lui. Je ne sais pas pourquoi quand je pense à lui, quand je parle de lui, j'ai envie de sourire, j'en sais strictement rien parce que comme je lui ai dis c'est le premier qui me déstabilise autant. Parce que, oui je suis déstabilisée face à lui, parce qu'il malmène mes défenses. La preuve encore, je suis là sur son canapé, et je m'ouvre à lui, et je me sens tellement vulnérable à ce moment précis que j'ai envie de m'enfuir. Je me lève d'ailleurs, c'est lui qui a commencé à mettre de la distance de toute façon et puis j'ai tout gâché alors autant partir. « Mais tu vois, quand tu dis que tu n’intéresse pas les filles, tu as tord Caleb. » Parce que j'ai beau ne rien comprendre, être incapable de saisir ce qui se passe entre nous, ne pas savoir m'y prendre et tout gâcher, il m'intéresse, plus que je ne peux le gérer d'ailleurs. Je suis perdue totalement perdue, parce qu'il me pousse à vivre et ressentir des choses que je ne gère pas, que je ne veux pas gérer non plus. Il me pousse à m'ouvrir et à me questionner sur ce que je ressens, sur ce que je veux, et j'en sais strictement rien. Ca devait être un film et des pizzas, ça devait être juste ça, et dire que je me demandais s'il voulait recoucher avec moi. Il ne m'aura pas vu nue à nouveau mais je me mets pourtant à nue devant lui, montrant toute ma fragilité et ce que je ressens et c'est rare, très rare.
IF YOU’RE EVER FEELING LONELY IF YOU’RE EVER FEELING DOWN. YOU SHOULD KNOW YOU’RE NOT THE ONLY ONE ‘CAUSE I FEEL IT WITH YOU NOW. WHEN THE WORLD IS ON YOUR SHOULDERS AND YOU’RE FALLING TO YOUR KNEES OH PLEASE. YOU KNOW LOVE WILL SET YOU FREE
« Je pense surtout que tu as une si mauvaise image de toi et que tu ne vois pas quand quelqu'un s'intéresse à toi. » Non, pas du tout. Elle ne sait pas de quoi elle parle là. Si je suis ce boulet qui ne sait rien absolument rien faire alors bien sûr que non les filles ne me regardent pas, elles ne me calculent pas et je pense être le mieux placé pour pouvoir lui affirmer. Le peu de filles qui m’ont intéressées, ça n’a jamais réellement été réciproque et je ne comprends pas pourquoi elle essaie de me dire l’inverse. Je secoue doucement négativement la tête en haussant les épaules sans pour autant lui répondre. Et la conversation ne va pas en s’arrangeant puisqu’elle me dit ne pas croire au coup de foudre – et ça, je ne lui en tiens pas rigueur je peux le comprendre – mais elle m’avoue ne pas non plus croire en l’amour, que tout ça est ridicule et que c’est également une belle connerie. Peut-être que je sur-réagis, peut-être que ma réaction est stupide et disproportionnée mais la fille qui me plait est en train de me faire comprendre qu’il ne se passera jamais rien entre nous mais tout en m’annonçant ça, elle se colle à moi, elle me prend la main. Son comportement est en totale contradiction avec ses propos et elle a réussi à me faire mal et à me laisser complètement perplexe. Je ne réagis pas vraiment à ses paroles parce que je n’en vois pas l’intérêt. Elle ne croit pas en l’amour, elle trouve ça ridicule elle en a tout à fait le droit, mais j’aimerais juste qu’elle arrête d’être si proximale avec moi si notre relation n’ira donc pas plus loin. Parce qu’après son discours si elle ose me dire qu’elle voudrait aller plus loin avec moi, c’est qu’elle est très clairement en train de se foutre de moi. Mais non, je ne réagis pas à ses mots et je me contente de me montrer compatissant vis-à-vis de ce qu’elle a pu me dire sur ses parents. « Faut pas, ils sont cons c'est comme ça. » Les sourcils légèrement froncés j’hésite à la questionner sur ses parents et dans un autre contexte je l’aurais sans aucun doute fait. Mais là aujourd’hui, ce soir je lui en veux. Parce qu’avec son comportement et les choses qu’elle a pu insinuer lors de nos précédents rendez-vous elle me faisait croire que quelque chose serait potentiellement possible entre nous mais finalement, ce soir je me rends compte qu’elle me mentait. Parce qu’on ne peut pas ne pas croire en l’amour et vouloir se mettre en couple avec quelqu’un ou bien apprécier un garçon si elle ne croit pas en tout ça. Je lui en veux beaucoup et mon comportement lui montre. Je m’éloigne, je romps tout contact physique avec elle et je subis. Je subis cette soirée, ce film qui ne m’intéresse plus du tout. Plus rien ne m’intéresse ce soir, j’ai juste envie de m’enfermer dans un trou et de ne plus jamais en ressortir. Au bout d’un très long silence de ma part, je finis par le briser en lui demandant simplement les raisons de sa présence chez moi ce soir. « J'sais pas. » La nonchalance de sa réponse est déconcertante. Elle me prouve une fois de plus qu’elle se fiche complètement de moi et sa réponse me fait mal. Parce qu’elle aurait pu me répondre qu’elle m’apprécie, qu’elle voulait passer du temps avec moi mais non, elle ne sait pas pourquoi elle est ici. Et je suis agacé, je pense très clairement qu’elle le voit sur mon visage et je n’essaie même pas de le cacher. « T’en as décidemment vraiment rien à foutre. » Clairement, j’ai envie de lui demander de partir et de ne plus jamais la voir. Parce qu’elle me prouve que tout ça ne compte pas pour elle. J’sais pas. Voilà ce qu’elle m’a répondu et je lui en veux encore plus désormais. Elle ne s’est jamais intéressée à moi, elle doit même bien rire de ce boulet nul en tout qui l’invite souvent à passer du temps avec elle. « Pourquoi tu m'as invité ? » La réponse à sa question me semble pourtant évidente et pourtant elle semble avoir besoin que je lui dise. Je lâche un petit rire froid, rempli d’ironie, préférant même ne pas la regarder parce que son contact visuel me fait beaucoup trop mal. « Comme je te l’ai déjà dit plusieurs fois, tu me plais énormément. Mais j’ai été con de croire que quelque chose pourrait vraiment se passer entre nous. Enfin c’est bon, maintenant j’ai compris et de toute façon je pense que je me suis assez ridiculisé comme ça avec toi. » Bien sûr que je fais référence à ce qu’il s’est passé à son anniversaire mais pas que. Parce qu’encore une fois je lui dis qu’elle me plait alors que j’ai bien compris que mon sentiment n’était pas réciproque. Il y a encore un blanc entre nous, toujours aussi désagréable que les précédent et cette fois je ne compte pas le briser parce que je n’ai de toute façon plus rien à lui dire. « J'avais envie d'être avec toi ce soir. Je me sens bien avec toi. Je sais pas ce que je fais ici, j'en sais rien, et sans doute que je devrais partir maintenant, mais tu es le premier qui me déstabilise comme ça, alors je sais pas comment faire et visiblement je gâche tout, je suis désolée. Mais j'aime passer du temps avec toi. Me demande pas pourquoi stp j'en sais rien. » Mes yeux se relèvent vers elle et je la fixe sans trop savoir quoi lui répondre. Parce qu’encore une fois ce qu’elle dit n’a aucun sens. Elle affirme aimer passer du temps avec moi, et elle me dit tout un tas d’autre chose mais je ne sais pas si j’arrive réellement à la croire. Parce que ça n’a pas de sens et encre une fois, c’est en contradiction avec ce qu’elle me disait il y a encore cinq minutes. « Pourtant j’ai besoin de savoir pourquoi tu me dis tout ça alors qu’il y a quelques minutes tu m’affirmais que tout ça, c’est qu’une connerie à tes yeux. » Tout ça parce que je ne peux pas parler d’amour. Ou du moins pas clairement, aps directement parce que je ne veux pas la faire fuir. Pourtant ça ne changerait pas grand-chose puisque nous ne sommes apparemment pas sur la même longueur d’onde. « Mais tu vois, quand tu dis que tu n’intéresse pas les filles, tu as tord Caleb. » Une nouvelle fois, je secoue la tête de droite à gauche ne comprenant pas pourquoi elle revient là-dessus. « Je t’assure que non, les filles ne s’intéressent pas à un gros nul comme moi, qui ne sais pas…» Satisfaire une fille au lit et tenir plus d’une minute. Mais ça non plus, je ne le dis pas. «… et qui en plus bégaie encore comme un imbécile quand il est déstabilisé. » Et encore, maintenant je ne bégaie quasiment plus alors qu’il y a encore quelques années je ne pouvais pas faire une phrase sans buter un mot sur deux.
"If you’re ever feeling lonely If you’re ever feeling down You should know you’re not the only one ‘cause I feel it with you now When the world is on your shoulders and you’re falling to your knees Oh please You know love will set you free"
« T’en as décidemment vraiment rien à foutre. » C'est bon, c'est officiel, j'en suis sûre j'ai tout gâché. Quoi ? Comment ? J'en sais rien mais il me suffit de voir son visage, de l'entendre me parler pour comprendre que j'ai réussi à l'énerver. Il est énervé contre moi et je n'aime pas ça, vraiment pas du tout. Et le pire c'est qu'il se trompe, qu'il a tout faux, je n'en ai pas rien à foutre, pas du tout même et c'est peut-être pour ça que tout me semble si compliquée. Parce que ça semble devenir important, ça semble devenir douloureux de plus en plus alors qu'il s'éloigne physiquement mais aussi dans l'attitude. Plus froid, plus direct, plus dur aussi et je n'aime pas cette attitude, je n'aime pas me dire que je suis responsable de tout ça. Je ne voulais pas le blesser, je ne voulais pas lui faire de mal, mais peut-être que tout ce que ça prouve c'est que décidément je suis nulle, juste nulle dans tout ça et que les relations quelque soit le type de relation, ce n'est pas pour moi. Je baisse les yeux, à la fois par honte et parce que la façon avec laquelle il me regarde m'est extrêmement désagréable. Et je découvre à ce moment précis que s'il a le pouvoir de me faire sourire avec un regard, il a aussi le pouvoir de me faire beaucoup de mal avec un regard. Je voudrais lui dire que je n'en ai pas rien à foutre de lui, que c'est même parce que je n'en ai pas rien à foutre du tout que je suis aussi nulle avec lui, mais je ne dis rien. Honteuse sans doute de voir que la situation m'échappe et que plus j'ouvre la bouche plus ça semble s'empirer. Mais il semble réellement croire que j'en ai rien à foutre, rien à foutre de lui ? Et pourtant je suis chez lui, j'ai essayé de lui faire comprendre des choses, ce très léger baiser déposé à la commissure de ses lèvres en arrivant, cette proximité avec lui. Il n'a rien vu, rien comprit et j'ai beaucoup de mal à me dire qu'il pense vraiment que j'en ai rien à faire. Qu'il croit que tout ceci ne compte pas à mes yeux, alors que je lui ai donné à lui tellement plus qu'à tout les autres. Je ne le regarde pas, j'en suis incapable, le voir énervé, agacé par moi, par ma présence me rends tellement mal à l'aise que je préfère éviter de voir ça. « Tu te trompes tellement et si tu crois ça c'est que tu as rien compris. » Ou que je me suis très mal exprimée, ou que j'ai été nulle, oui c'est sans aucun doute ça. J'ai été nulle et j'ai tout gâché. Je me demandais ce que cette invitation voulait dire, je me demandais comment ça allait se passer avec lui, et j'en avais envisagé des choses mais ça, c'était loin, très loin d'être une des situations que j'ai pu envisagé. Et finalement, je ne comprends même plus ce que je fais là, pourquoi je suis là alors que j'ai l'impression que l'on est en train de se faire du mal. Je ne sais plus ce qu'il veut, ce que je veux, ce qu'il y a entre lui et moi. Je suis totalement perdue parce que mes émotions sont en train de foutre le camp, de prendre le dessus sur le semblant de contrôle que j'essaye de montrer, alors que là je ne contrôle absolument plus rien. Je suis en train de perdre le contrôle et de le perdre lui aussi et cette pensée me semble encore plus dure à gérer que son regard, que sa colère. « Comme je te l’ai déjà dit plusieurs fois, tu me plais énormément. Mais j’ai été con de croire que quelque chose pourrait vraiment se passer entre nous. Enfin c’est bon, maintenant j’ai compris et de toute façon je pense que je me suis assez ridiculisé comme ça avec toi. » Et à nouveau, mon ventre se serre, je me déteste et je lui en veux aussi de ne pas comprendre, de ne pas remarquer les choses que je ne lui montre pas. Je lui en veux de ne pas me comprendre alors que personne n'y arrive. Je m'en veux de tout gâcher, alors qu'il me dit encore que je lui plais. Au présent. Pas au passé, au présent. Il parle de croire en un truc entre nous, et pourtant dans la seconde d'après il semble résigné, il semble lâcher l'affaire alors que j'avais juste besoin de plus de clarté, et j'en avais peut-être avec ces mots. Il me dit s'être assez ridiculisé devant moi et pourtant à ce moment précis, c'est moi qui ait l'impression d'être une abrutie devant lui. Une abrutie qui ne dit rien par peur des mots que je pourrais employer alors que la seule peur que j'ai au fond c'est qu'il me foute dehors. Et je finis par m'ouvrir un peu, juste un peu, en lui disant pourtant que je me sens bien avec lui, une nouvelle fois. Que je lui avoues qu'il est le premier à me déstabiliser comme ça, le premier à qui je donne la possibilité de le faire aussi. J'apprécie d'être avec lui, j'apprécie d'être à ses côtés et putain que j'apprécie d'être contre lui aussi, sauf que là c'est qu'une distance physique entre nous, c'est plus que ça, une froideur et c'est extrêmement dur à gérer. « Pourtant j’ai besoin de savoir pourquoi tu me dis tout ça alors qu’il y a quelques minutes tu m’affirmais que tout ça, c’est qu’une connerie à tes yeux. » Et je saisis le problème, enfin, ou du moins je crois le comprendre. Il m'en aura fallu du temps, mais je crois comprendre ce qui a tout gâché. Je crois comprendre ce qu'il a comprit ou du moins ce qu'il a interprété. Je soupire doucement comme pour me donner un peu de force et de contenance. Comme une profonde inspiration avant de me jeter dans le vide et ça fait peur, vraiment peur. « Je te dis tout ça parce que c'est la vérité, je suis bien avec toi et je ne supporte pas l'idée que tu penses que j'en ai rien à faire de toi ou que tu dises que tu es ridicule. » Je joue avec mes doigts, debout dans son salon, j'essaye de le regarder, j'essaye vraiment mais j'ai bien trop peur de voir du rejet dans ses yeux alors je trouve un réconfort en regardant ses mains, son torse, lui à l'exception que ses yeux qui sont pourtant l'une des parties de son corps que j'aime le plus. « Je suis perdue Caleb. Parce que je n'ai jamais rencontré quelqu'un comme toi. Je n'ai jamais eu envie d'être aussi proche de quelqu'un et ça me fait peur parce que tu deviens important et je ne sais pas comment gérer ça. Je n'ai jamais eu à gérer ça. Je ne m’investis pas, pas comme ça, parce que j'ai vu comme l'amour pouvait faire mal, et j'ai peur. Si tu savais comme j'ai peur de ce que je ressens pour toi et j'ai peur aussi de ce que tu ressens pour moi. Je sais c'est con, et je suis conne, mais personne ne m'a jamais traité comme tu le fais, personne ne m'a jamais autant dit que je lui plaisais et je comprends pas pourquoi. Caleb je ne peux pas croire en l'amour, parce que personne ne m'a jamais aimé, personne pas même mes parents et je me dis que si eux n'ont pas pu, personne ne le pourra et cette pensée me fait bien trop mal. » Je ne suis pas quelqu'un qu'on aime, pas quelqu'un qu'on apprécie même, du moins pas ainsi et à défaut d'y avoir le droit, de connaître une belle histoire d'amour, j'ai décidé de ne pas y croire, de me protéger sauf que Caleb est entré dans ma vie et mes protections n'ont même pas tenu 5 minutes face à lui et ça me fragilise grandement. Je refuse l'évidence peut-être, je repousse la réalité, peut-être que je suis en train de tomber amoureuse, peut-être que c'est ce qui explique tout ce que je ressens et que je ne maîtrise pas, peut-être mais ça me terrifie. Parce que je vois comme ça me fait du mal de le voir me repousser ce soir, de le voir s'éloigner de moi et oui ça me fout la trouille de me résoudre à me dire que ce gars est en train de mettre à mal toutes mes certitudes, le peu de certitude que j'ai d'ailleurs. Mais il y a une chose dont je suis désormais certaine, je tiens à lui, je suis en train de me rendre compte là alors qu'il me repousse. Il me plaît, je m'intéresse à lui même s'il semble ne pas le comprendre, même s'il ne semble pas saisir mes mots, préférant se dénigrer à nouveau et je n'aime vraiment pas ça. « Moi je m'intéresse à toi. » Voilà ce que j'aurais du lui dire depuis le début. Ce qu'il devait entendre et comprendre, ce qu'il devait retenir, mais il n'a pas comprit mes sous-entendus, il n'a pas comprit ce que je voulais lui dire alors je lui dis. Clairement et sans aucun sous-entendus. « Tu me plais et je ne te vois pas comme un gros nul, pas du tout. Au contraire. Tu es quelqu'un de bien Caleb, vraiment bien. Tu me plais vraiment. Je pensais que c'était clair Caleb, je pensais que tu l'avais compris, tu me plais et si tu savais comme je ferais tout pour revenir à ce moment sur la plage. » Ce moment dans ses bras, ce moment allongée sur le sable avec lui, quand tout semblais si simple, quand je ne pensais pas, quand je ne réfléchissais pas à tout ce que ça représentait. « Depuis cette nuit là, j'ai l'impression d'avoir été trop vite avec toi, d'avoir tout gâché entre nous parce que tout semble compliqué depuis, et je réfléchis à tout ça, à tout ce que ça représente pour moi et j'arrive pas à savoir ce que je dois faire, comment être parce que tout ça compte pour moi, si tu savais à quel point ça compte, et j'ai peur de mal me comporter, d'aller trop vite encore alors que j'en ai envie. » Je me rends compte de mes mots, de ce que ça peut laisser sous entendre, et tant pis, c'est pas forcément le message que je voulais lui transmettre, mais il est vrai aussi. Oui j'en ai envie, de lui, d'être avec lui et je ne reviendrai pas sur mes mots. De toute façon désormais je parle, je parle encore en espérant éviter de lui laisser la possibilité de me demander de partir. Je ne veux pas partir, je ne veux pas le laisser, je ne veux pas être ailleurs qu'ici avec lui. « Crois moi s'il te plaît, crois moi quand je te dis que j'ai envie d'être ici avec toi, que j'aime être avec toi. » Crois moi s'il te plaît parce que tu es le premier à qui je le dis et là j'en ai besoin. Je m'avance vers lui, doucement, hésitante, et je le regarde. Je cherche son regard, je ne détourne pas mon regard, je lui montre que je suis sincère avec lui, je lui montre aussi que tout est difficile pour moi, m'ouvrir ainsi. Et je m'avance encore vers lui. « S'il te plaît, me repousse pas. Laisse moi une chance. » Arrivée à quelques centimètres de lui, j'ai envie de me blottir contre son torse, sentir ses bras m'enlacer, mais je reste là, juste là en lui demandant de ne pas me repousser parce que ça fait trop mal. « Laisse nous une chance. » Je murmure ces mots, il pensait qu'il y avait quelque chose de possible entre nous, c'est lui qui l'a dit, et je crois qu'avec ces mots, je lui demande d'y croire encore un peu, d'y croire pour nous deux.
IF YOU’RE EVER FEELING LONELY IF YOU’RE EVER FEELING DOWN. YOU SHOULD KNOW YOU’RE NOT THE ONLY ONE ‘CAUSE I FEEL IT WITH YOU NOW. WHEN THE WORLD IS ON YOUR SHOULDERS AND YOU’RE FALLING TO YOUR KNEES OH PLEASE. YOU KNOW LOVE WILL SET YOU FREE
« Tu te trompes tellement et si tu crois ça c'est que tu as rien compris. » Et pourtant le message est clair et il est très bien passé. Je lui demande pourquoi elle est ici et tout ce qu’elle trouve à me répondre c’est : j’sais pas. Elle ne sait pas pourquoi elle est ici donc elle sous-entend qu’elle s’en fiche un peu. Je suis son bouche-trou parce qu’elle n’avait rien de mieux à faire ce soir et si un plan meilleur et bien plus intéressant s’était présenté à elle, elle aurait annulé notre soirée. Comme un idiot, cette soirée que je considérais comme un rendez-vous mais je suis apparemment le seul parce que si c’était également le cas pour elle, elle n’aurait pas répondu j’sais pas à ma question. Elle se fiche de tout. De moi en particulier et je me sens encore plus con et encore plus ridicule maintenant parce qu’une toute partie de moi espérait qu’elle m’aimait bien elle aussi. Mais j’ai été con. Tellement con. Comment une fille comme elle aurait pu s’intéresser à un loser comme moi ? Je n’en sais rien, mais j’ai osé y croire un peu et voilà où ça me mène. Nulle part. Enfin si, une nouvelle humiliation face à elle. Je ne sais plus à ça près de toute façon. Je la déteste. Je me déteste. Oui c’est surtout ça, je me déteste. « Je te dis tout ça parce que c'est la vérité, je suis bien avec toi et je ne supporte pas l'idée que tu penses que j'en ai rien à faire de toi ou que tu dises que tu es ridicule. » Pourtant elle agit comme tel. Elle agit comme si elle n’en avait rien à faire de moi, elle ne sait pas pourquoi elle est venue. Ça veut tout dire. Parce que moi si on me demandait pourquoi je l’ai invité j’aurais tout un tas de choses à dire. Je sais pourquoi je l’ai invitée, parce qu’elle me plaît, parce que j’aime passer du temps avec elle, parce qu’elle me manque quand nous ne sommes pas ensemble et parce que je passe mes journées à penser à elle. Je me sens con. Encore plus con que tout à l’heure. Elle continue à parler et je ne lui réponds pas. Parce que je ne sais pas quoi lui dire mais aussi parce que je ne suis même pas sûr de réussir à croire en tout ce qu’elle me dit maintenant. Moi non plus je n’ai jamais eu à gérer ça. Cet attachement si fort à une seule personne, tout ce que je ressens en la regardant. Elle dit avoir peur de ce que je ressens alors qu’elle n’a pas la moindre idée des sentiments que j’ai pour elle. Elle ne le sait pas, parce que je sais que je passerai pour un fou si mettais des mots sur ce que je ressens alors qu’on ne se connait que depuis trois semaines. Ce qui fait que, je me sens toujours un peu plus con. Plus les minutes passent, plus je me déteste. « Moi je m'intéresse à toi. » Pour la première fois depuis qu’Alex a commencé son monologue je lève les yeux vers elle. C’est la première fois que quelqu’un me dit ça et j’ai même presque du mal à y croire. « Dis pas n’importe quoi. » Sauf que je ne la regarde pas longtemps et c’est de nouveau mes mains que je fixe, avec lesquelles je joue nerveusement depuis tout à l’heure. « Tu me plais et je ne te vois pas comme un gros nul, pas du tout. Au contraire. Tu es quelqu'un de bien Caleb, vraiment bien. Tu me plais vraiment. Je pensais que c'était clair Caleb, je pensais que tu l'avais compris, tu me plais et si tu savais comme je ferais tout pour revenir à ce moment sur la plage. » Je suis quelqu’un de bien. Ce n’est pas vraiment la première phrase qui me viendrait à l’esprit pour décrire quelqu’un qui me plait. Mais oui ça, je n’en doute pas vraiment, je le sais. Il est gentil, Caleb. Il est généreux, il pense aux autres, c’est quelqu’un de bien. Je suis quelqu’un de bien. Si c’est tout ce qu’elle pense de moi alors elle ne va pas tarder à se tendre compte que non, je ne lui plais pas vraiment. Je reste simplement focalisé là-dessus et je n’arrive même pas à retenir ses autres paroles. Bien trop perturbé par cette phrase. « Depuis cette nuit là, j'ai l'impression d'avoir été trop vite avec toi, d'avoir tout gâché entre nous parce que tout semble compliqué depuis, et je réfléchis à tout ça, à tout ce que ça représente pour moi et j'arrive pas à savoir ce que je dois faire, comment être parce que tout ça compte pour moi, si tu savais à quel point ça compte, et j'ai peur de mal me comporter, d'aller trop vite encore alors que j'en ai envie. » S’il y a bien quelqu’un qui a été trop vite, c’est clairement moi et pas elle. « C’est de ma faute, désolé. Je suis nul. » Plus que nul même. Si tout est compliqué depuis, c’est clairement de ma faute. Parce que je n’arrive pas à oublier ce moment de gêne pour nous deux mais surtout pour moi. Parce que je m’en veux. Parce que je me déteste. Parce que je me suis humilié devant elle, devant cette fille qui, pourtant me plaît tellement. Et je ne parviens pas à me le pardonner. « Crois moi s'il te plaît, crois moi quand je te dis que j'ai envie d'être ici avec toi, que j'aime être avec toi. » Elle se rapproche encore un peu de moi et cette fois je la regarde. Je la regarde et je me maudis parce qu’elle est en train de me déstabiliser. « Je ne comprends juste pas pourquoi, mais je te crois. » Enfin je pense la croire. Même si je ne suis même plus sûr de comprendre quoique ce soit. Mais j’ai surtout l’impression que quelque chose s’est brisé maintenant. Peut-être que j’en fais trop. C’est même sûrement le cas mais je n’arrive surtout vraiment pas à le comprendre. À comprendre ce qu’elle cherche. Ce qu’elle attend. Parce que moi je sais ce que je veux mais ça ne semble pas être son cas. « S'il te plaît, me repousse pas. Laisse moi une chance. » Je ne la repousse pas. Pourtant je pourrais. Parce que les choses sont bizarres entre nous. Parce que je suis un abruti qui se pose trop de question et qui vient de casser cette chose entre nous. « Laisse nous une chance. » Je la regarde, je ne sais plus quoi penser. Elle a surtout réussi à me perdre. Je relève mon regard vers elle pour la regarder un instant. « Qu’est-ce que tu attends de moi ? De nous ? De cette soirée ? » Peut-être trop de questions, peut-être que je vais la faire fuir, peut-être que je continue à me ridiculiser. Non en fait, ça j’en suis sûr. Je reste toujours un peu perdu et je me sens toujours con. Très con. Pas beaucoup plus à l’aise. Pas forcément rassuré. Parce qu’elle ne semble pas sûre d’elle alors j’attends une réponse bien précise à ma question. Même si je suis sûr de ne pas avoir ce que je veux.
"If you’re ever feeling lonely If you’re ever feeling down You should know you’re not the only one ‘cause I feel it with you now When the world is on your shoulders and you’re falling to your knees Oh please You know love will set you free"
Je lui parle, je me dévoile, j'essaye de me rattraper alors que je le sens s'éloigner de moi, que je le sens s'agacer aussi et ne plus oser me regarder. Et tout ceci me met très mal à l'aise. Je suis mal face à lui alors qu'il avait jusqu'à présent le pouvoir de me rendre bien, de me faire me sentir bien. Et c'est bien parce que je le sens s'éloigner que je me livre à lui, que je lui fais part de mes peurs et de mes doutes. Parce que je n'aime pas la façon avec laquelle il se comporte avec moi, je n'aime pas du tout cette distance entre nous. Je lui parle, beaucoup et je n'ai finalement que peu de réactions de sa part et pire, il ne me regarde pas. Pas du tout et je peux le comprendre, je peine moi aussi à le regarder. Par honte, par peur aussi de le voir si distant, je ne le connais pas beaucoup finalement Caleb, mais son regard je commençais à bien le connaître et à beaucoup l'apprécier, sauf que ce soir, il a disparu. Il est loin de moi et il ne réagit pas du tout alors que je me livre avec sincérité à lui, comme je ne l'ai rarement. Voir même jamais auprès d'un homme qui me plaît. Parce que oui, il me plaît. Je m'intéresse à lui et c'est sans doute la première fois que je m'intéresse autant à un homme, que je me sens aussi vulnérable face à un homme et c'est une sensation vraiment pas agréable. Mais j'ose lui dire, de façon claire, j'ose lui affirmer que je m'intéresse à lui et ça a le mérite de le faire réagir. « Dis pas n’importe quoi. » Il en doute, il semble du moins en douter alors que je pensais que c'était quelque chose d'assez clair. La façon dont j'ai été avec lui les deux premiers jours, ce plaisir que j'ai ressenti à ses côtés, cette envie que j'ai de le voir, d'être à ses côtés. Mais je réalise que ça, je ne le lui aies peut-être pas dit, ou peut-être qu'il n'y a pas cru. Du moins il n'y croit pas là. Pas du tout. Et j'ai beau lui redire, lui dire qu'il me plaît à plusieurs reprises, il ne réagit pas. Même quand j'évoque la plage, même quand je lui dis qu'il me plaît, il ne réagit pas et j'ai vraiment l'impression de perdre quelque chose. De le perdre lui et cette idée est difficilement gérable. Alors je parle encore, je parle toujours pour retarder l'inévitable. Je parle et j'accepte de laisser tomber peu à peu mes défenses, je me dévoile à lui, sans vraiment savoir si ce que je lui dis a un impact sur lui ou pas. Il ne me regarde pas, et je n'arrive pas vraiment à le faire non plus. Mais il reste bien souvent silencieux, bien trop à côté de moi qui n'en finit plus de parler. La seule chose qu'il fait c'est se dénigrer à nouveau. Alors que j'évoque mon comportement, le fait que l'on ait sans doute été trop vite lui et moi, que j'ai gâché les choses alors que tout était si simple, si bien cette nuit là sur le sable de cette plage. « C’est de ma faute, désolé. Je suis nul. » Il se dénigre encore, il s'excuse aussi et je m'en veux presque d'avoir évoqué cette nuit, celle ou notre relation a prit une autre tournure. « Tu n'es pas nul arrête de te dénigrer tout le temps. Je t'avais fais boire, et fumer, je n'aurais pas du te mettre la pression, je savais que tu n'étais pas expérimenté, on aurait du aller doucement faire les choses correctement. J'aurais aimé que les choses se passent différemment que ça ne complique pas tout, mais pour ce que ça vaut, je ne pense pas que tu sois ridicule et je t'en veux pas Caleb. » Ce soir là, j'en avais envie, et le pire c'est que j'en ai toujours envie, mais je n'ose plus. Même avouer que je ressens du désir pour lui me semble inappropriée au vue de notre relation. Et pourtant, j'en dis des choses. Et à défaut de lui dire que j'ai encore envie de lui malgré notre nuit ratée, je lui dis qu'il me plaît. Je lui redis encore et encore ces mots, j'ai envie d'être avec lui, d'être à ses côtés, j'aime ça et je le réalise peu à peu face à lui alors que la distance reste toujours une constante que je n'aime pas, mais alors pas du tout. Et peu à peu je m'avance vers lui, réduisant l'espace entre nous. Peu à peu j'avance avec une énorme appréhension, osant le regarder dans les yeux, osant faire face à la situation. J'aurais pu fuir mais j'ai bien trop peur de partir et de ce qu'il adviendra de nous si je le fais. J'ai vraiment envie d'être à ses côtés et je lui rappelle tout en avançant doucement vers lui. Je lui demande de me croire, parce que c'est tout ce que je peux faire désormais, lui demander de me croire quand je m'ose à lui avouer une partie de ce que je ressens. « Je ne comprends juste pas pourquoi, mais je te crois. » Il me croit et c'est déjà ça, je me raccroche au moindre signe positif, au moindre mot de sa part qui me prouverait que je n'ai pas tout gâché avec lui, parce que j'ai peur que ce soit trop tard. Que je n'ai tout détruit avant même que ça ne commence réellement, alors que j'ai envie de commencer quelque chose avec lui. Oui je pense vraiment que j'en ai envie. « Tu me plais voilà pourquoi, tu me plais et tu m'attires. » Je lui redis, cette fois en le regardant, en soutenant son regard parce qu'il doit me croire, je n'ai plus que ma sincérité pour lui montrer que je ne me moque pas de lui, que je ne m'en fous pas de lui. Je m'avance encore et j'ai l'impression que mes jambes tremblent et que chaque pas semble plus compliqué que le précédent. Mais je m'avance vers lui redoutant de le voir reculer ou pire me repousser parce que j'ai besoin de cette sensation si forte que je ressens quand je suis proche de lui. Que j'ai besoin de le voir me regarder vraiment comme il le faisait avant que je ne me mette à tout gâcher. J'ai besoin qu'il me fasse me sentir bien, belle, qu'il me montre que je peux plaire à quelqu'un comme lui. Qu'il me fasse ressentir à nouveau ces sensations si plaisantes, qu'il m'embrasse comme il l'a fait ce soir là, que mes corps frisonne sous ses caresses. J'ai envie et besoin de tout ça. J'ai envie d'être avec lui ce soir et peut-être les autres soirs. Je suis bien avec lui, oh oui, je le suis sincèrement, aussi bien dans ses bras, alors que je suis si mal loin de lui. Je veux une chance de me racheter, une chance tout court d'être avec lui. Je suis très proche de lui désormais, et il ne m'a toujours pas repousser. « Qu’est-ce que tu attends de moi ? De nous ? De cette soirée ? » Il me regarde et je peux sentir son parfum tellement je suis proche de lui. Je peux le sentir, et je pourrais même frôler sa peau si je le voulais, si je me l'autorisais aussi. Mais je ne le fais pas. Parce que je ne veux pas faire quelque chose qu'il ne voudrait pas. Et je pense à sa question, à ses mots. Qu'est-ce que j'attends de lui ? De cette soirée ? De nous ? Ca fait tellement bizarre, mais c'est moi qui ait employé le nous finalement et oui je veux un nous maintenant qu'il est en train de s'éloigner j'en prends conscience mais encore faut-il que j'arrive à le dire. « Je veux juste pouvoir revivre les même émotions que sur la plage. » Je le redis encore. « Je ne sais pas si j'ai encore le droit d'attendre quelque chose de toi, j'ai tout gâché avec mes doutes, mais sache une chose Caleb, j'avais vraiment très envie de passer cette soirée avec toi, j'avais vraiment envie d'être à tes côtés, parce que je pense à toi tout le temps, parce que je parle de toi tout le temps, parce que j'ai toujours envie de t'embrasser. » Je le regarde à nouveau quelques secondes de silence, je le regarde et après une dizaine de seconde d'hésitation je prends le risque de le faire. De me pencher vers lui et de l'embrasser, parce qu'il n'y a rien de plus éloquent que des gestes. Je dépose un léger baiser sur ses lèvres, très léger, très court aussi pour ne pas risquer d'en faire trop, j'ai déjà l'impression d'en faire beaucoup alors que je ne suis pas sûre qu'il le veuille. « Dis moi que tu n'en as pas envie, dis moi que tu ne ressens rien quand je t'embrasse et je partirais. Je ne veux pas te faire de mal Caleb et si tu me le demandes je le ferais même si c'est la dernière chose que j'ai envie de faire. J'ai envie d'être avec toi dans ce canapé, j'ai envie de pleurer sur ton épaule, j'ai envie de rire avec toi, j'ai envie de manger ces quatre pizzas, j'ai envie d'être dans tes bras, j'ai envie de pouvoir t'embrasser. J'ai envie de toi, de tout ça et plus encore, j'ai envie de tellement de chose, mais pas de partir, mais si tu n'es plus capable de me regarder ou même de me toucher, c'est trop dur, je peux pas rester là à te regarder me détester. » J'ai envie de l'embrasser à nouveau, j'ai envie de me taire mais en même temps j'ai peur de lui laisser la possibilité de me demander de quitter son appartement, il a déjà eu l'occasion de le faire mais il ne l'a pas fait et pourtant je redoute toujours ce moment parce que je sens qu'il se rapproche et que je ne suis pas prête à renoncer à lui. « Et toi alors de quoi tu as envie ? Qu'est-ce que tu attends de moi ? » Je lui retourne sa question, alors que je viens de lui dévoiler tout ce dont j'avais envie, ou du moins une partie. Et je veux savoir ce qu'il veut, même si c'est un risque finalement, savoir ce qu'il attends de moi, parce que je ne sais finalement pas ce que je dois faire, parce que je suis juste nulle, et à part lui sauter dessus tout le temps, je ne sais rien faire de bien.