Les affres de son palpitant sont encore sensibles, comme des cordes qui peuvent vibrer à tout moment si on leur accorde un minimum de toucher. Considérant le fait que Primrose ne se défait pas de Tim, bien au contraire, il la lorgne de toute sa hauteur avec cette expression qu’elle ne veut pas désigner comme amourachée mais qui s’y prête bien, la tâche risque de ne pas être aisée. De toute façon, ce n’est pas comme s’ils cherchaient à aller ailleurs. Pas maintenant. Pas quand la jolie brune peut très bien sentir que Tim la réclame tout autant, que tout ceci ne l’a pas rendu indifférent et qu’il serait scandaleux que d’être égoïste. Pas quand le français vient de la faire gravir le premier, qu’il l’a conquise sur un mont des plus doux mais que la suite n’en reste pas moins un mélange terrifiant et ô combien tentant. En le guidant contre elle, Primrose souhaite ne pas se dégager de sa chaleur, du bien-être qui lui procure, de toutes ces sensations incroyables qu’elle ressent, même après l’extase passée. Elle ne s’est jamais sentie aussi détendue et apaisée que là, en le regardant et en lui souriant avant de rire légèrement. “T’es insupportable, Tim.” Si elle pouvait, elle prendrait un oreiller pour l’y battre gentiment avec mais à la place, elle enroule bras et jambes autour de lui accompagnée de son doux rire - qui ressemble plus à un gloussement d’adolescente, vraiment - tout en l’embrassant de nouveau. Furtivement, prudemment, de simples petits envolés de papillon ici et là sur ses lèvres pour lui prouver à quel point il est insupportable à lui demander d’être plus précise. Elle sait qu’il joue d’elle, qu’il s’amuse à la pousser dans ses retranchements. Rien ne l’interdit d’entrer dans son jeu en retour. Ce qu’elle fait avec plaisir. Un petit moment de rire et de joie au milieu de la passion et la frénésie, c’est avec un soupir d’aise qu’elle continue à caresser ses formes, accueillant non sans bonheur les paroles du français. Primrose peut donc s’autoriser à croire qu’elle peut rendre quelqu’un d’heureux. C’est assez inédit - et triste - que d’arriver à la conclusion que c’est sûrement la première fois que cela arrive.

La brunette ne renchérit pas par les mots parce qu’il n’y a rien à dire face à une telle confession remplie de tendresse, elle ne peut juste que sentir son cœur qui se meurt un peu plus dans sa cage sous les lèvres caressantes de Tim contre elle. Elle est juste remplie du syndrome de l’amoureuse transie, il faut croire, et cela coupe toute fonction rationnelle. Puis Tim reprend la parole, Primrose qui a le visage décontenancé et surprise, ne s’attendant visiblement pas à une telle déclaration. Oh elle pouvait bien croire et voir dans ses gestes qu’elle pouvait se vanter d’avoir un minimum d’attraction pour lui - oui, un minimum seulement, bien sûr Anderson - mais l’entendre dire tout cela à voix haute provoquant une onde d’émotions, en plus de raviver les fameux affres de son cœur qui se répandent partout quand le jeune homme vient l’embrasser avec un peu plus de force et de vivacité que les secondes qui viennent de s’écrouler. Force de constater que t’es faible, Anderson, terriblement et irrémédiablement faible. Il n’y a pas besoin de beaucoup pour que les fonctions naturelles reprennent le dessus et son bassin se redressant contre le sien suffit à la faire soupirer doucement contre ses lèvres, interrompant sans le vouloir le baiser qu’il lui prodigue.

Il ne peut pas lui mentir sur un fait aussi important que celui-là, qu'elle attise tous ses sens, qu'elle le rend complètement fou sans que ce cher Tim ne puisse rien y faire. Il n'a pas tellement choisi de ressentir tout ce qu'il a au fond du coeur à nouveau mais c'est pourtant quelque chose qui naît peu à peu, qui le ravive alors qu'il a pensé durant quelques semaines qu'il ne trouverait plus jamais le chemin du bonheur. Primrose est réapparue au moment parfait, celui où la patience de Tim commençait à lui faire défaut, l'espoir également parce qu'il n'a jamais été un homme qui va vers les autres à la base. C'est arrivé le plus naturellement du monde avec la belle Anderson, au détour d'un moment à la librairie où aucun d'eux n'avait certainement lu l'intensité du moment. Decastel, en tout cas, ne s'est pas attendu à grand chose à la base car il avait fini par se convaincre qu'il n'avait plus besoin de rien ni de personne pour ressentir une profonde joie. Il a ses enfants pour cela après tout, non? Néanmoins, ce n'est pas comparable: ses bouilles d'ange qu'il chérit depuis plus d'un an sont certes des éléments essentiels à son existence maintenant et il ne peut plus s'en séparer mais il ne sont pas du même acabit qu'une femme à aimer. Il sait que ce sont deux choses distinctes, un amour qui ne se vaut pas tant il est différent: les racines ne sont pas les mêmes et l'intensité des sentiments ne naviguent pas sur les mêmes ondes et cette fois, Tim a la chance de pouvoir connaître les deux. Cela ne veut pas dire qu'il sait très franchement comment s'y prendre envers la petite brune: après tout, il n'a jamais été doué dans les affres de l'amour et il a su le prouver au fil de ses expériences, avec tous ces départs qui l'ont mitraillé, voire abattu. Primrose est à un autre niveau car elle est là, elle l'a attendu et elle ne s'est pas précipitée vers lui pour profiter de l'opportunité qu'il lui offre. Non, à l'inverse, c'est elle qui a mis souvent un stop à leur aventure parce qu'il est hors de question de tout gâcher avec une intimité trop rapide. Elle a eu raison et ils ont tous les deux fait le bon choix pour en arriver jusqu'à ce moment précis, où le sourire de Tim s'agrandit parce qu'elle ose dire qu'il est insupportable. Le jeune français est quasiment sûr qu'elle l'apprécie ainsi, avec ses petites questions qui feignent l'ignorance, ses joues qui rougissent quand il ressent la moindre émotion qui se mélange comme à ce moment-là, autant le désir que la passion le submergent et le libraire en profite impunément.

Que seront-ils après cet instant? Est-ce que tout changera? Si c'est le cas, Timothy est persuadé que ce sera une évolution positive car le signe de confiance qu'ils s'offrent mutuellement à l'heure actuelle vaut tout l'or du monde. Il est clair qu'aucun d'eux ne se permet énormément de donner toute son âme et tout son corps à quiconque d'autre, même s'ils ont été abusés par le passé. Tim sait ce qu'il gagne auprès de la belle Anderson, il a conscience de ce qu'elle traverse au club et ce qui la blesse donc, certainement parce qu'il vit les mêmes chagrins de son côté, dans d'autres circonstances. Ils sont bien l'un avec l'autre, c'est tout ce qui est supposé compter pour le moment, même s'il y a des variables qui les effraient et qui les rend fébriles de tant de façons. Ils le sont, là, l'un avec l'autre, mais dans un contexte radicalement différent que celui de la veille quand il y avait des enfants en crise à gérer puis le matin même lorsque Alex a fait son apparition pour chambouler leur univers tout entier. Ils sont tous les deux désormais et c'est la seule chose qui compte aux yeux de Tim alors qu'il parle, qu'il attend Primrose, qu'il ne sait pas ce qu'elle en dira, ce qu'elle pourra ressentir pour lui.

La jolie brune ouvre doucement les yeux, qu’elle avait clos sans le remarquer, et sourit gentiment à son amant tout en caressant sa joue. “Tu es absolument nul pour éviter la combustion.” Primrose le garde prisonnier contre elle, son coeur ne se remettant pas de ce qu’il vient de ce qu’il vient de se passer. Elle attrape ses lèvres du bout des siennes, lascivement, tendrement. “Mais je veux que tu continues cette technique. Peut-être qu’elle finira par fonctionner un jour. Même si j’en doute, pour l’instant.” Un léger rire s’échappe de ses lippes, heureuse et apaisée, comme si toutes les contraintes et les tracas du monde étaient loin, tellement loin derrière elle. Elle n’a pas de raison de s’inquiéter ; avoir l’affection de Tim est tout ce dont elle a besoin. Enfin, ça, c’est ce qu’elle croit parce qu’elle est encore sous l’emprise des hormones du bonheur. Mais pour l’instant, Primrose ne veut pas s’en séparer. Elle est bien là, contre Tim, dans ses bras, à le tenir contre elle. Laissez-les en profiter un peu de ce bonheur, ils l’ont bien mérité.

Il lui faut d'ailleurs un moment pour réaliser cet exploit car le moment a été particulièrement intense aux yeux de Tim, lui qui a quelque peu perdu l'habitude d'autant s'offrir dernièrement. Le libraire s'est renfermé sur lui-même mine de rien, sur le cocon qu'il désire former avec ses enfants pour les protéger et que plus aucune personne mal avisée ne vienne les troubler. La manière dont Primrose est venue les perturber justement, c'est ce qui rend Tim le plus heureux au monde à l'heure actuelle, lui qui ne se détache pas d'elle pour le moment, non, il retrouve simplement son souffle comme il le peut, sentant la chaleur de la jeune femme irradier contre la sienne. En effet, on repassera pour le côté de l'évitement à la combustion mais la remarque de la brune le fait doucement rire. "Ah bon? Je trouve que c'est la meilleure technique parce que dans deux minutes, tu me demandes une couverture à cause de la fraîcheur d'après effort." Il ne croit potentiellement pas si bien dire, même s'il a plus souvent chaud que froid de son côté, surtout à ce moment précis par ailleurs. Timothy va devoir attendre un petit peu avant d'oser bouger sereinement, sûrement parce que ses yeux sont concentrés sur le moindre trait du visage de Primrose, ses doigts venant courir contre quelques mèches brunes qui se sont mêlées durant leurs ébats. Elle est si belle quand elle rayonne de la sorte, qu'elle ose plaisanter et qu'elle trouve de la satisfaction dans un instant de partage qu'elle a décidé et qu'elle a surtout voulu, pour une fois. "Est-ce que je sens une invitation à une pratique régulière jusqu'à prouver l'efficacité ou nom de la technique? Tu me diras à quelle date tu comptes faire un bilan et arrêter de l'utiliser, que je me prépare psychologiquement..." Il joue autant qu'elle, franchement peu enclin à envisager un quelconque arrêt de ce genre d'activités avec la belle Anderson. Non, il est bien trop à l'aise actuellement, même si le français se décide à se retirer d'au dessus d'elle au bout d'un moment pour lui permettre de mieux respirer et lui-même de retrouver la fraîcheur du matelas dans son dos. "Je suis content qu'on ait attendu... Pour vivre ça." Et par "ça", il entend à quel point l'instant a été spécial à ses yeux, à quel point l'affection s'est mêlée au plaisir pour créer une bulle de confort qu'il ne connait que fort peu. Primrose est celle qui met en exergue d'autres facettes de sa personnalité, celle qui évolue à ses côtés et qu'il souhaite conserver contre lui pour les quelques minutes à venir, dans l'apaisement le plus merveilleux. Yeux dans les yeux.

L’esprit, le corps et le coeur sont tous légers. Ils sont tous transportés gentiment dans une vallée de plénitude et de détente, ce qui donne à Primrose la possibilité de connaître le répit. Les hormones jouent leur affaire, ils font effet absolument partout en elle et c’est exactement pour cette raison qu’elle se complaît à sourire, à rayonner sans s’excuser, à caresser son bonheur après avoir observé Tim qui se perdait pour elle et en elle. Quelle vision qu’elle emporte avec elle, incrustée sur les parois de son âme, de son français qui l’autorise à partager avec elle un tel moment. La satisfaction, ne pas regretter, cette première fois qui reste avec ce goût-là même. Celui de la découverte de cette silhouette qu’elle a pourtant connu dans le passé mais contre laquelle elle ne s’était pas autorisée à s’abandonner. Pas complètement, pas émotionnellement, pas humainement. Là, cette après-midi, la jolie brune lui a donné tout ce qu’il pouvait recevoir, tout ce qu’elle était capable d’offrir et elle ne regrette tellement rien que ça aussi, c’est plaisant. De ne pas avoir flanché, de ne pas s’être perdue, de ne pas encore s’être fourvoyée. Elle qui craignait que ce n’était pas encore le bon moment, la bonne conjoncture, que la situation ne le permettait pas, voilà que tous ces doutes-là, au moins, ont été balayés. Son instinct s’est occupé de la guider, de l’amener là où elle est, autrement dit à observer Tim toujours au-dessus d’elle, qui la fait rire en retour de son commentaire alors qu’elle passe ses mains sur ses hanches. “Je ressens pas l’once d’une fraîcheur pour l’instant.” Oh non, elle est parfaitement recouverte par sa chaleur à lui et elle s’y plait bien, ne songeant pas à bouger pour retrouver son espace vital et sa respiration. Non, pas quand il y a Tim la regardant de la sorte, comme la huitième merveille du monde, passant ses doigts dans ses mèches. Qui réussit à la faire encore plus rire et elle plaque ses deux mains sur son visage pour s’effacer de son attention. Bien malgré elle, Tim se détache et à peine son dos tombé sur le lit qu’il a la forme de la petite brune qui vient se coller sur tout son côté. “Je n’ai pas de boule de cristal, j’ignore si j’aurai la date du dernier jour…” Niaisement, elle pense déjà “à tout jamais” alors que son regard caresse son visage ; ils viennent à peine de se connaître sous cette forme-là et il est certain que ce n’est pas demain que Primrose lui mettra de nouveau un stop. “...Mais je peux sûrement affirmer sans aucun doute que ce n’est pas pour un futur proche.” En tout cas, si le destin le veut bien, si le ciel reste un minimum sans trop de nuages, si on le leur permet dans la mesure du possible.

Sa jambe vient se coincer au milieu des deux siennes tandis que sa main vient vers des dessins et des acrobaties sur son torse, souriante comme jamais de l’entendre dire que l’attente a eu du bon. Rien que le fait que Tim le dise la réconforte dans la certitude qu’elle a eu la bonne action, la réaction correcte que celles de l’avoir fait patienter. Au moins quelque chose de bon qu’elle a pu faire après s’être sentie mal de lui avoir mis autant de stop - ce qui n’a jamais été à cause de lui mais clairement juste à cause d’elle. “Moi aussi. La patience a du bon, parfois.” Même si là, c’est surtout Tim qui a dû être patient, le temps qu’elle compile et qu’elle évacue ses peurs. Il a réussi haut la main pour cette fois mais au moins, jamais les sentiments n’auront été plus accentués qu’à ce moment-là. "Ça me réconforte et me confirme encore plus de ce que je veux.” Primrose se mord la joue intérieure, soucieuse de commencer à parler un peu trop et de tout gâcher. “Nous deux. Ensemble.” Elle en fronce des sourcils alors que son regard descend sur sa propre main toujours contre son torse. “Non pas que j’en ai douté.” Sinon, ils n’en seraient pas arrivés là. “T’es une des plus belles choses qui me soit arrivée et je ne veux pas que ça s’arrête. Mais le karma a toujours la sale manie de venir pointer son nez. Alex et Caleb en sont la preuve.” La jolie brune relève ses yeux sur ceux du français, intimidée de telles confessions qu’elle ose faire. “J’ai jamais connu quelque chose d’aussi fort que là et visiblement, ce que je ressens suffit à me donner envie de vaincre tous les karmas du monde.” Puis, Primrose ne peut s’empêcher de cacher son visage contre son épaule tout en lâchant un léger rire nerveux. “C’est pas terrible, comme pouvoir, je trouve.” Rien de tel que de l’humour comme elle ne sait pas faire pour rééquilibrer une atmosphère qu’elle vient, naturellement, d’alourdir. Comme à chaque fois, Anderson, tu ne peux pas t’en empêcher.

La douceur est de retour après un tel moment de volupté. Timothy apprécie ce calme renouvelé, les quelques secondes de silence où chacun reprend son souffle, plus ou moins difficilement. De son côté, il a son sourire qui s'étend sur ses lippes car les images restent déjà ancrées dans son esprit. Il en oublie que ce n'est pas officiellement leur première fois, étant donné que ce fut le première soir qu'ils craquèrent en réalité mais Tim ne porte guère d'intérêt à ce détail précis à l'heure actuelle. Non, ce qui l'intéresse plutôt, c'est la silhouette de Primrose qui vient se caler contre la sienne, la manière dont leurs deux corps s'emmêlent d'une manière bien différente que quelques secondes plus tôt et le jeune français se laisse totalement emporter par les rêveries de son esprit. Il s'estime des plus chanceux d'avoir pu obtenir un tel privilège de la part de Primrose car Decastel a la ferme impression qu'elle n'offre pas très souvent cette partie d'elle, la vraie Primrose en somme. Est-ce même une première? Il n'ose pas vraiment lui demander, même s'ils devront forcément parler un jour ou l'autre de leurs expériences passées, de ce qui les a emmenés jusqu'ici, frêles qu'ils peuvent être parfois sur leurs appuis, les souvenirs douloureux les happant dans de mauvaises réactions souvent. Tim a envie de tout apprendre de sa compagne mais il n'est pas de ceux qui deviennent invasifs dès les premières secondes d'intimité, non, il a plutôt cette tendance à s'effacer et à attendre qu'on ait expressément besoin de lui ou de se confier à sa personne. Il répétera certainement ce schéma auprès de la petite brune car il voit bien qu'elle a beaucoup de choses cachées au fond d'elle pour le moment mais ne pas la brusquer, y aller doucement semble être le remède tout indiqué contre toute forme de panique. Mine de rien, ils sont tous les deux proches de cette émotion-là, celle qui peut rapidement tout gâcher car les réactions se disproportionnent, le rythme se perd et le chagrin prend le dessus. Tim se promet néanmoins de ne plus céder à ce genre d'angoisses, du moins pas sans en parler aux quelques personnes de confiance qui peuplent son existence et Primrose en fait désormais partie. Elle est là après tout, n'est-ce pas? Elle le regarde et il lui rend la même expression de ses yeux bleutés qui ne perdent pas une seconde à observer le décor. Non, Primrose, juste Primrose alors que son bras se cale bien autour d'elle, jusqu'à pouvoir toucher ses cheveux et la bercer doucement contre lui. De la douceur, encore de la douceur.

Pourtant, il arrive un moment où les mots fusent de nouveau et Tim écoute attentivement la belle brune, elle qui expose les faits tels qu'ils sont à l'heure actuelle: leur relation commence sur des bases solides. Par conséquent, elle entend conserver leur lien pendant plutôt longtemps, ce qui fait sourire Tim jusqu'aux oreilles, ses lèvres venant se poser contre le front d'Anderson, signe qu'il est d'accord avec elle sur son plan. Ils ne savent clairement pas où ils vont mais l'important réside plutôt dans le fait qu'ils y vont ensemble, non? Du moins, c'est l'image que Timothy porte, lui qui descend sa main contre l'échine de Primrose pour la bénir de quelques caresses du bout des doigts, peut être que la chair de poule la prendra en conséquence. "Tant mieux si c'est lointain. Le plus lointain possible." Il a besoin de se rassurer, lui qui n'a jamais eu une relation franchement durable, juste quelques semaines ici et là, rien d'extravagant mais tout de même des faits qui lui ont brisé le coeur à répétition. "Tu comprends pourquoi je suis un homme patient, du coup." Pas seulement à ce sujet-là précisément mais de manière générale, Tim a tout de même attendu trente et un ans pour laisser le désir charnel l'attraper. Avant cela, rien, nada, le vide intersidéral mais il ne ressentait pas tellement de besoin non plus. Le français avait d'autres problèmes à gérer, entre ses angoisses et ses traumatismes, il n'était vraisemblablement pas prêt à s'offrir à quelqu'un. "J'espère que tu n'as pas douté, oui, car je l'ai pas fait une seule seconde non plus." C'est un fait, Tim est un optimiste et quand il sait ce qu'il veut, il ne laisse pas l'incertitude venir tout gâcher. Il stresse parfois certes, mais il ne remet pas en cause ses choix lorsqu'il est question d'aimer quelqu'un. Non, il a la foi, et tout ce qui va avec. "Ne vois pas le noir, il y a pas de karma qui tienne, juste nous deux et cette envie qu'on a de vivre notre histoire à fond. Peu importe ce qui arrivera, on le vaincra. Si c'est ce qu'on veut. On le fera, Prim', OK?" Elle pourra avoir ce super pouvoir si elle le désire mais Tim conservera le sien, celui de croire en l'avenir, en tout ce que l'univers peut parfois offrir de beau, malgré le mal qui s'y propage trop fréquemment. "T'es aussi ce que j'ai de plus beau avec les enfants, tu sais. Et puis, j'ai jamais eu de relations très longues... On m'a souvent abandonné alors que j'y ai toujours cru. Si tu y crois avec moi, on sera invincibles. Ce sera notre super pouvoir." Il lui fait un clin d'oeil en continuant ces quelques arabesques contre son dos, ses lèvres restant proches de son visage, il a besoin de cette proximité avec Primrose, sûrement parce que l'affection est présente et qu'il en a manqué toute sa vie, parce que c'est elle aussi, bien sûr. "C'est toi et moi, ma Prim'. Le reste, on s'en fout." Il ne parle pas souvent ainsi mais Tim semble si sûr de lui à l'heure actuelle alors qu'il baisse ses yeux vers les siens, leurs deux visages si proches. Il est déterminé et ensemble, ils vaincront le karma et tout ce qui s'en suit. L'amour avant tout.

Aussi lointain qu’il le faudra, Tim. Primrose n’a aucune volonté de changer quoique ce soit pour le moment, elle qui est trop bien installée dans le creux de son bras et qui se permet mille et un dessins sur toute sa forme magnifique et solidement bâti. Maintenant qu’elle aura son visage se perdant dans la folie la plus pure de l’extase incrustée dans sa cabosse, elle est sûre que son désir pour lui ne sera jamais très loin, que ce soit de rester simplement dans la même pièce que lui ou pour développer d’autres scènes charnelles comme celle-ci, qui font du bien au corps et à l’esprit. La jolie brune n’a pas eu le sentiment aussi léger depuis si longtemps, certainement de son existence toute entière, et c’est un constat véritablement dramatique de voir qu’il a fallu attendre l’aube de ses vingt-sept ans pour qu’un beau français vienne régler ce petit détail dans sa vie si monotone et si pesante. Tim n’a pas conscience de toute la légèreté et la béatitude qu’il lui apporte depuis des semaines, par sa simple présence qui suffit à irradier tout sur son passage, la jolie fleur dans ses bras en premier lieu. De toute façon, il est clair qu’elle n’espère pas qu’il irradie trop même si son charme discret ne peut pas passer outre, encore moins à la librairie où il est au contact de personnes toute la journée. Elle frissonne légèrement sous la caresse de ses doigts, se rapprochant un peu plus de lui, bien décidée à vaincre plus de deux minutes sans drap juste pour contrarier ses propos et affirmer les siens - juste lui est suffisant pour réchauffer son corps, il peut en être de même pour son corps, n’est-ce pas ? “Après, un peu d’impatience ici et là n’a jamais fait de mal à personne”, qu’elle murmure avec ce sourire amusé contre son épaule, telle la petite démone qu’elle peut être. Ils ont atteint un palier où la timidité n’a plus vraiment sa place, et la patience sera une corde sur laquelle elle jouera sûrement pour essayer de l’amaigrir et de la mettre au défi. Bien sûr, Primrose ne compte pas non plus le mettre mal à l’aise ou même faire preuve d’étouffement mais il faut bien maintenir la passion d’une façon ou d’une autre, n’est-ce pas ?

C’est un terrain plus miné qui se profile, délaissant les appels charnels au profit de l’aspect bien plus profond de leur relation. Elle ne peut s’en prendre qu’à elle-même puisque c’est elle qui a ouvert les vannes de ce sujet. Heureusement que Tim n’en a pas douté ; sachant que rien ne serait arrivé sans sa persistance, il aurait été de mauvaise augure qu’il n’y croit plus. Au moins, il ne va pas la rejeter et ça non plus, Primrose n’en attendait pas moins de lui. Il faut croire qu’il est véritablement le verre plein à son verre vide, son optimisme contrebalançant son pessimisme et il est beau de voir comment ils vont pouvoir créer une zone grise au milieu, celle où ils vont pouvoir se rejoindre et en être heureux comme ils le méritent. Primrose aimerait croire qu’elle pourra un jour caresser l’état d’esprit de son compagnon ; mais quand bien même elle se laisse bercer par ses mots qui l’atteignent et qu’elle savoure, il y a toujours la crainte du lendemain niché au fond. Ne serait-ce que juste dans quelques heures, où elle va devoir partir, se détacher de ce cocon rassurant et bienheureux pour aller se dandiner devant des hommes bien trop mûrs pour elle ; elle n’a jamais été aussi résignée à y aller qu’à cet instant-là. Elle croira malheureusement toujours au karma, elle y a toujours cru et sa vie entière en est la preuve. Mais juste là, à cette seconde où il lui dit que “le reste, on s’en fout”, la jolie brune hoche la tête. Le discours a été enregistré, les mots ont été entendus et maintenant, il faut qu’elle trouve comment les mettre en application. Avec le temps, cela devrait venir. Et puis, à la seconde où elle redresse la tête pour l’embrasser tendrement, c’est comme une promesse silencieuse qu’elle lui fait.

La promesse qu’elle croit en eux, en lui, et que ça suffira contre “le reste”. Peut-être pas maintenant, mais ça viendra. Doucement, mais sûrement, à l’image de leur relation jusqu’à présent. “L’avantage d’avoir toujours été seule, c’est que je n’ai jamais connu l’abandon.” Serait-ce de l’humour noir, Anderson ? Et pourtant, elle dit ça avec toute la légèreté du monde alors qu’elle se redresse un peu plus jusqu’à se retrouver au-dessus de son visage, son doux sourire plaqué sur ses lippes qu’elle va frôler contre celles du Decastel. Sa main vient s’accrocher dans une des siennes alors qu’elle le coince entre ses jambes, sa langue allant doucement chercher la sienne, toujours aussi tendrement que lascivement. “Toi et moi contre le monde ? J’aime bien l’idée.” qu’elle chuchote, ses cheveux protégeant leurs visages du ledit monde, malicieuse mais sincère malgré tout. Elle aime plus que l’idée, elle y adhère totalement. Ils peuvent y arriver. Primrose ne compte pas laisser tout ça lui échapper des mains. Pas quand elle va quérir ses lèvres une nouvelle fois et que son coeur fond sous les pulsions amoureuses que cela implique. Gentiment, affectueusement, tendrement.

Se sentir proche de quelqu'un n'est pas un contexte aussi naturel que cela pour Timothy, probablement parce qu'il a toujours été l'enfant de trop, celui qui ne s'intègre nulle part. Il n'est pas normal, voilà le genre de discours qu'il a entendus pendant des années alors qu'on le regardait de travers, qu'on le jugeait pour sa gentillesse et sa manière de traiter les gens avec respect quand le monde entier n'est que violence et désolation. Tim n'a jamais trouvé sa place nulle part et avec le temps, il a fini par ne plus rien donner aux autres, si ce n'est à son frère ou Alex. Les rencontres faites n'ont toujours été que superficielles au bout du compte et le peu de fois où son regard a été attiré par un autre être, il s'est avéré qu'il s'est retrouvé avec une déception infâme à la clé. Le français ne veut pas vivre ce genre de conséquences auprès de Primrose, surtout pas elle parce que pour une fois, il a osé insister pour avoir la chance de vivre une histoire à ses côtés. Habituellement, Decastel se fait plutôt discret, il est le garçon dans un coin qui attend qu'on lui offre la chance, hors de question de la saisir surtout, il aurait beaucoup trop honte d'essuyer un refus et d'entendre encore et toujours les mêmes discours sur son immense nullité. Anderson a fini par craquer pourtant parce qu'il a été patient, le grand brun, qu'il a su utiliser ses charmes à bon escient sans avoir peur qu'on vienne le juger pour toutes les blessures qu'il arbore honteusement au fond de lui. Non, Tim a simplement espéré que la brune le comprenne, qu'elle ne se moque en rien de tout ce qu'il a vécu et il a réellement fait le meilleur choix. Il n'a jamais entendu le moindre discours désobligeant de la part de la jeune femme, elle a même été apporter discrètement toute son affection à ses cicatrices, signe qu'elle l'admire suffisamment pour vouloir effacer comme elle le peut les marques d'un passé mystérieux. Avec le temps, ils apprendront à tout connaître l'un de l'autre: en attendant, ils se contentent amplement de la tendresse qu'ils se vouent, des regards qu'ils échangent et des caresses qui se promènent ça et là sur des corps encore trop chauds. Tim sourit, Tim est le plus heureux des hommes en sentant son coeur battre la chamade, un fait qu'il n'a pas connu depuis un petit moment maintenant. Pourvu que Primrose l'aime. Pourvu qu'elle veuille rester avec lui après cette journée en sa compagnie. Pourvu, oui, qu'il ne la déçoive pas ou qu'elle ne se lasse pas trop vite de sa douceur et de son amour. Timothy n'a que son expérience pour lui et celle-là n'est pas très radieuse, il ne peut pas le cacher.

Au moins, Anderson le sait, il a été très honnête sur la question. Enfin, de manière générale, Tim a été plus qu'honnête avec elle. Il s'est dévoilé malgré les peurs, notamment de la perdre avant même de l'avoir gagnée et c'est avec une joie immense qu'il l'observe, elle qui se veut taquine et joueuse désormais. "Est-ce que je dois comprendre que tu vas vouloir jouer de ma patience?" Elle a clairement de quoi faire sur la question car Timothy n'a jamais été de ceux qui lâchent au premier instant. Non, il a dû être patient justement, lui qui a attendu treize ans avant d'être libéré du joug de sa mère. Ce trait de caractère a persisté avec le temps, même si aujourd'hui, avec tout ce qu'il a pu connaître en matières d'échanges charnels, ce fait a tendance à s'estomper. Le désir existe au fond de lui et même, il croit avec le temps parce qu'il se rend compte d'à quel point les sensations sont merveilleuses quand on partage cela avec une personne qu'on aime. Il l'a désormais vécu avec Primrose et il ne souhaite pas que le tout s'arrête dans un avenir proche. Pour le moment, la jeune femme est là, clairement campée contre son buste et il en profite, la collant un peu plus à lui alors qu'ils échangent sur leur avenir et mine de rien, sur leur passé et ce qu'ils ont dû supporter pour se trouver au bout de la route. "Tu n'as jamais aimé et été aimée, ma Prim'? On va arranger ça aussi, dans ce cas." Il parle avec ce déterminant là parce qu'il est sur un petit nuage et qu'elle est contre lui, dans le cocon qu'il lui apporte. Decastel se sent définitivement bien, même s'il a mal pour elle de constater qu'il lui a fallu tant d'années pour ressentir de tels instants d'épiphanie. Il veut être celui qui règle ce méfait, celui qui lui fait découvrir les sensations d'un amour profond et réciproque. Ils scellent l'accord d'un baiser et Timothy caresse tout son dos de sa large main pour la garder encore plus contre lui et lui narrer à quel point elle est belle à ses yeux, à quel point il la veut auprès de lui désormais. "Je comprends pas comment personne n'a pu voir ce que je vois en toi... Toute cette beauté, cette envie de partage, tout l'amour que tu as à donner. C'est vrai que ça m'avantage du coup parce que t'as du temps à rattraper sur la question alors, non? Comme moi, c'est fou cette coïncidence, hein?" Il ne sait pas vraiment ce qu'elle a vécu mais de ce qu'il entend, Primrose n'a pas baigné dans les relations de couple alors que lui n'a eu que des tentatives avortées en l'espace de deux années. Ils peuvent tout régler et s'aimer maintenant, en tout cas, c'est le plan alors que Tim fait voyager ses doigts sur la peau de la belle, ses lèvres se promenant à divers endroits de son visage. L'aimer va être si facile pour lui.