I believe in the lost possibilities you can see. And I believe that the darkness reminds us where light can be. I know that your heart is still beating, beating darling. I believe that you fell so you can land next to me. ‘Cause I have been where you are before. And I have felt the pain of losing who you are. And I have died so many times, but I am still alive
Les insomnies seront certainement une des choses dont Joanne ne parviendra pas à se débarrasser. Elle refusait catégoriquement d'avoir recours à la médication, aussi naturelle que cela puisse être. Elle avait tellement peur de ne pas se réveiller lorsque Daniel en aurait besoin, de ne plus l'entendre pleurer. Elle était assez endurante, en soit, d'être ainsi capable de ne dormir qu'une poignée d'heures et se réveiller pour s'occuper des deux hommes de sa vie. Mais là, les heures étaient terriblement longues avant même qu'elle ne parvienne à somnoler. De longues à penser, à retourner une situation dans tous les sens pour en extirper des explications qui n'avaient pas lieu d'être. Sa matière grise ne lui laissait aucun répit, et ça l'énervait beaucoup. Elle ne changeait pas de position, toujours une oreille attentive si jamais son enfant exprime à nouveau son malaise. Jamie, comme à son habitude, dormait paisiblement, parfaitement imperturbable. Plus l'esprit de Joanne travaillait, plus son coeur tambourinait dans sa poitrine comme pour l'inciter de ne pas s'endormir, et de continuer à se torturer avec des idées totalement insensées. C'était parfois insupportable. Et ne pas savoir y remédier était bien pire. A semer le doute partout alors qu'elle savait au fond d'elle-même qu'elle pouvait lui faire confiance, qu'elle pouvait croire en lui. Mais il y avait ces faits qu'elle s'inventait en permanence et qui la rendait perdue. Ce ne fut qu'aux toutes premières lueurs du jours qu'elle parvint à fermer les yeux, et à s'endormir quelques minutes après. Lorsque son fiancé était allé cherché leur enfant, elle dormait encore très profondément. Joanne se rendait tout de même compte qu'il était revenu s'allonger à côté d'elle, entendant de petits soupirs qu'elle connaissait par coeur. Instinctivement, elle se tourna pour avoir en face d'elle Jamie et Daniel, bien que ses yeux étaient encore bien clos. Daniel émit un léger rire, heureux de voir sa mère après toute une nuit de sommeil. Il ne devait pas avoir l'habitude de la voir encore dormir. Joanne se réveillait toujours avant lui lorsqu'ils faisaient la sieste ensemble, adorant le voir se reposer paisiblement. Blottie contre Jamie, elle avait bien du mal à s'extirper de sa torpeur, malgré ses rares étirements et la motivation qu'elle avait, que de voir Jamie et Daniel comme première vision de la journée. Un véritable bonheur. Elle ne savait pas combien de temps s'était coulé jusqu'à ce qu'elle arrive à s'arracher quelques mots, toujours bien emmitouflée sous la couette. "Quelle heure est-il ?" demanda-t-elle tout bas, toujours les yeux fermés. Histoire de savoir si elle venait de perdre la majeure partie de la matinée. Le premier à manifester son impatience serait Daniel, lorsque le ventre criera sérieusement famine. Si ça ne tenait qu'à son fiancé et elle, ils pouvaient rester des heures durant à se câliner et flâner dans le lit parce que cela faisait partie de leur petit bonheur du weekend. Cette règle semblait être toujours d'actualité dans leur maison de campagne, ce qui était appréciable. Que Jamie ait répondu ou non, sa fiancée se rendormit quelques secondes plus tard, confortablement installée. Mais au bout d'un moment, Daniel commençait à avoir, et à s'agiter un peu. Joanne parvint enfn à ouvrir ses paupières encore bien lourdes. Elle embrassa l'épaule de son amant avant de faire glisser délicatement leur enfant pour qu'il se retrouve entre deux, prêt à téter le sein de sa mère. Celle retira l'une de bretelles de sa nuisette pour qu'il y ait accès. Ses gestes étaient machinaux, habitué. Le petit corps de Daniel était calé grâce à Jamie qui restait juste à côté. Joanne porta l'une de ses mains sur le torse de son homme, qu'elle effleurait du bout des doigts, toujours les yeux fermés. Elle avait beaucoup de mal à se réveiller pour de bon encore, et peinait encore à parler. Elle exprimait donc sa tendresse par quelques gestes d'amour jusqu'à ce que sa main s'alourdisse et se dépose sur lui sans plus bouger.
Toute la maisonnée est somnolante. Daniel bien calé contre moi. Yeux fermés, je laisse les minutes passer en me contentant d'écouter le son de la respiration de mon fils et de ma fiancée, paisibles. Le poids du corps de mon petit sur mon torse, la chaleur douce qui en émane, m'apaisent complètement. Je sens Joanne qui s'éveille lentement. Elle se tourne en douceur et se blottit à son tour près de moi. Je penche un peu la tête, lourde, pour déposer un léger baiser sur le front de ma belle encore endormie. Nous gardons longuement un pied dans le sommeil, profitant tout simplement de ce sentiment de plénitude. La jeune femme demande finalement l'heure qu'il est. “J'en sais rien…” je murmure d'une voix encore rauque et grinçante, l'esquisse d'un sourire juste au coin des lèvres. “Et je m'en fiche.” Nous avons tout le temps, nous pouvons traiter des heures et des heures. Même si nous n'aimons pas perdre du temps, dans le fond, ce ne sont pas des heures gâchées. Il faut attendre que Daniel manifeste sa faim pour qu'un minimum de mouvement s'effectue. Je le confie délicatement à sa mère qui s'occupe de lui donner le sein. “Mes deux petits anges…” je murmure en caressant tendrement les petites jambes potelées de notre fils. Joanne, elle, laisse ses doigts frôler mon torse. Mon regard croise le sien. Silencieusement, je lui articule un “je t'aime”. Je reste encore à traîner un long moment, loin d'être pressé de devoir retourner à la réalité. C'est étrange comme sensation, de se savoir pleinement éveillé, et pourtant d'avoir l'impression de rêver. Tout est si parfait. Plus que je n'aurais pu l'imaginer. En les observant, je ne suis que plein de gratitude, le coeur gonflé d'amour. “Je suis si chanceux…” Je dépose un baiser sur la joue du bébé repus, et embrasse Joanne tendrement. “Je vais nous préparer quelque chose à manger.” dis-je finalement, me décidant enfin à sortir du lit. Je laisse mes deux amours dans la chambre et descends au rez-de-chaussée pour préparer le nécessaire pour un grand brunch. Les placards et le frigo sont un peu vides, mais il y a sûrement de quoi faire dans la glacière apportée par Joanne. Comme elle l'a suggéré la veille, vu que le soleil brille juste pour nous, je m'occupe d'allumer un feu dans le barbecue en pierre. Elle ne tarde pas à descendre à son tour avec Daniel. Le jus, le kit à tartines ainsi que la charcuterie, un peu de fromage et quelques légumes à faire griller sont sur la table. Seul le thé manque à l'appel, l'eau n'est pas encore chaude, alors je retourne dans la cuisine. Par dessus le passe-plat, de l'autre côté de la porte fenêtre, j'aperçois une boule de poils. Un petit rouquin rayé a moustaches qui se lèche le dos des pattes avec nonchalance. “Nous avons un petit visiteur.” je fais remarquer à Joanne en lui indiquant l'invité d'un signe de tête. Je m'approche tout doucement pour ne pas l’affrayer et invite ma fiancée à faire de même avec notre fils. Accroupis, nous lui montrons le petit félin, et ce nouvel être vivant semble lui plaire. “Regarde Daniel, c'est un chat.” Il ouvre la bouche d'étonnement, le regard toujours aussi pétillant de curiosité. Il aimerait sûrement le toucher, mais je doute que ce soit une bonne idée. Sans attendre d'être invité, le chat se met sur ses pattes, fait le tour de la porte-fenêtre, et entre dans la maison. “Qu'est-ce que…” Il nous frôle les genoux, laisse sa queue chatouiller le visage du bébé -que cela fait bien rire- puis s'installe sur le canapé pour terminer sa toilette. “Fais comme chez toi.” dis-je en me relevant. Je hausse les épaules. Qui sait, il s'agit peut-être du chat des anciens propriétaires pour qu'il soit si à l'aise. Il semble bien se ficher de qui nous sommes en revanche. Qu'importe. Nous allons enfin nous installer dehors pour le brunch.
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La jeune femme somnolait encore lorsque Daniel buvait tranquillement son lait, une main posée sur le sein de sa mère. Un réveil particulièrement difficile, mais agréable entendant les mots d'amour de son futur conjoint. Elle sourit légèrement à ses phrases. "C'est moi qui suis chanceuse." dit-elle tout bas, le sourire tendre. "D'avoir deux hommes si beaux rien que pour moi." Sa voix était encore faible, à peine éveillée. Jamie l'embrassa tendrement avant de commencer à préparer le petit déjeuner. Daniel, quant à lui, finissait son repas, ayant été très gourmand. Elle restait un peu avec lui, en le prenant dans ses bras. Lui se blottissait automatiquement contre elle, apaisé, pendant qu'il écoutait tous les mots d'amour dites avec la voix douce de sa maman. Elle l'aimait tellement, bien plus que de raison. Elle l'embrassa sur sa tête, son front, inlassablement. Joanne le laissa allongé au milieu du lit, le temps qu'elle mette des vêtements un peu plus décents. Ils avaient beau vivre au milieu de la campagne, sa pudeur était bien là, et elle ne se voyait pas se promener en nuisette et kimono dans leur jardin. Le temps était des plus radieux, elle enfila une robe blanche légère. La jeune femme sortit de leur valise un adorable petit chapeau pour son fils, et ses lunettes de soleil à elle. Il fallait bien protéger ces deux paires d'yeux bleus clairs. Jamie avait allumé le barbecue à l'extérieur et avait préparé la majorité des choses dont ils avaient besoin pour prendre un brunch digne de ce nom. Un chat fit alors son apparition. Un petit rouquin qui semblait très bien connaître les lieux. La famille s'en approcha, accroupis. Joanne avait mis Daniel sur l'un de ses genoux. Il était émerveillé par cette nouvelle créature qu'il venait tout juste de découvrir. Il était si curieux, toujours. Jamie lui dit le nom de l'animal, alors qu'il le regardait avec beaucoup d'attention. Sa maman le regardait d'un air attendri. Le petit félin frôla les jambes des nouveaux propriétaires de la maison, avant d'y entrer et d'y finir sa toilette. Joanne rit en le voyant faire tout en se redressant. Ils s'installèrent ensuite sur les chaise entourant la table extérieure pour commencer à manger, Joanne avait gardé Daniel sur ses genoux, appuyé contre elle. "Nous devrions peut-être faire quelques petites courses pour avoir quelques réserves ici, des produits non périssables. Nous aurons juste à ramener des produits frais à chaque fois que nous viendrons, comme ça." suggéra-t-elle. "C'est tellement paisible." constata-t-elle. On n'entendait même pas les voitures qui circulaient plus loin. Ils étaient isolés de tout, ça leur permettait de se détacher totalement de leur quotidien, ce qui était des plus agréable. "Quelque chose me dit que Papa et Maman voudront venir ici très souvent." dit-elle à Daniel en le chatouillant un peu. Il riait à coeur joie, jouant avec un hochet qu'elle lui avait aussi donné. "Ca défoulera peut-être enfin Milo en courant dans tous les sens ici, il aura de quoi faire." ajouta-t-elle en riant, en regardant autour d'elle. Elle but un peu de son jus d'orange, lançant quelques regards amoureux. A ses yeux, c'était véritablement l'endroit idéal pour des vacances en famille. Elle n'avait de cesse d'imaginer plusieurs enfants jouer dans le jardin. "Il y aurait même de la place pour mettre une balançoire quelque part. Et peut-être que si tu le demandes plus tard à Papa, il sera ravi de faire une cabane rien que pour toi." dit-elle à nouveau à Daniel en réajustant son petit chapeau, faisant toujours bien attention qu'il n'ait pas le soleil dans les yeux. Elle savait que Jame retrouverait automatiquement son âme d'enfant pour ce genre de choses. Elle avait hâte que leur fils grandisse pour qu'il puisse jouer ici. Le brunch se poursuivait avec quelques conversations, Joanne jonglait entre Daniel et son repas. Elle n'avait pas un grand appétit, mais elle avait tout de même mangé un peu. "Tu veux peut-être profiter un peu de ton père, toi. Tu ne l'as pas trop vu de la semaine." dit-elle en se levant et en confiant son fils à Daniel. En passant, elle l'embrassa et lui caressa la joue. Une fois qu'il l'avait dans ses bras, elle restait derrière et se pencha pour l'entourer son cou de ses bras et coller sa joue contre la sienne.
Assis face à Joanne, mon regard est surtout porté sur Daniel. Avec un sourire attendri, je l'observe jouer avec son petit hochet, bien couvert sous son chapeau. Si mignon. Je lui adresse un clin d'oeil qui le fait légèrement rire. Je n'écoute pas vraiment ce que me dit ma fiancée, quelque chose à propos de la nourriture. Je secoue légèrement la tête pour faire mine d'avoir compris, puis reprend la dégustation de mon assiette. Joanne s'est bien peu servi, ce qui m'arracherait un soupir si j'avais à coeur de lui faire la moindre remarque à ce sujet. Mais non, je n'en ai aucune envie. Elle est bien assez grande pour prendre soin d'elle après tout. En tout cas, tant que mon humeur ne va pas dans un sens contraire. Je me fais plus attentif pour la suite, n'étant pas du genre à maintenir ce qui est à mes yeux une forme banale de manque de respect. Mon regard se pose donc sur ma fiancée avec un petit sourire. Mais c'est elle qui porte son attention sur Daniel. « Je t'avoue que si ça n'était pas pour le travail, nous nous installerions ici. » Je vendrais l'autre maison de Brisbane, qu'importe tout mon attachement pour celle-ci, et d'ailleurs cela renflouerait particulièrement bien nos caisses. Mais notre belle maison aux tuiles bleues est bien trop éloignée de la ville, et donc, de la radio. Avec tout le travail que j'ai à faire, cela me ferait lever fort tôt le matin, et revenir bien trop tard le soir. Un rythme intenable, un prix trop cher à payer même pour cette qualité de vie. Cette maison restera la demeure de campagne jusqu'à ce que nous soyons assez vieux pour quitter la ville et rester ici. J'observe le grand jardin en imaginant où je pourrais installer la balançoire dont Joanne parle, et sur quel arbre construire la cabane. « Papa en serait absolument ravi. » Pour sûr. Et mon impatience à l'idée de partager ce genre de choses avec mon fils lorsqu'il sera en âge se devine parfaitement. Sa mère, une fois le brunch touchant à sa fin, se décide à me le confier un peu. Je m'installe assis sur mes jambes, l'aidant parfois à tenir sa tête trop lourde pour son petit cou. « Quel beau bébé que voilà. » Oui, il est parfait. En tout points. Je n'en n'aurais jamais demandé autant à la vie, et pourtant je suis comblé par elle plus que je ne l'aurais imaginé. J'embrasse furtivement Joanne sur la joue et serre un peu lus fort Daniel contre moi. « Papa t'aime fort, tu le sais ça. » J'aime tant le sentir tout contre moi, ses petits doigts qui cherchent à s'accrocher, sa tête qui s'appose sur mon torse en complète confiance, sa respiration tranquille. Sa présence qui n'est pas perturbée par la moindre préoccupation. Une simple petite boule d'amour qui transmet toute cette affection en permanence. « Tu le verras un peu plus désormais. Fini les heures sup', c'est promis. » J'embrasse de temps en temps la tête de Daniel, caresse ses fins cheveux bruns. « Je n'aime pas avoir l'impression qu'il va grandir sans moi et que je n'en serais que spectateur. » dis-je à Joanne. Car il est vrai que je les ai bien trop peu vus cette semaine, l'un et l'autre. Comme toutes les semaines. Comme toujours. « Nos trouverons un autre moyen de payer les travaux, et le mariage. » Je ne sais pas lequel. Mais il n'est pas question que ma peur, une de mes lus grandes peurs, celle d'être un père absent, se réalise pour palier à ce que j'ai fait pour avoir notre garçon de nouveau auprès de nous. Pourquoi tout donner afin de l'avoir de retour si c'est pour ne pas le voir à cause d'une question d'argent ? Nous avons déjà plus d'argent par mois que certains d'en ont dans une année. Les épreuves de ce genre remettent les priorités dans l'ordre. Ma famille est la mienne.
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La seule est unique qui avait l'entière attention de Jamie, c'était Daniel. La jeune femme avait vite compris qu'elle parlait à un sourd, malgré son discret signe de tête. Elle aurait bien vexé s'il n'avait pas fini par accepter de la regarder et d'écouter ce qu'elle avait à dire avec plus d'attention. Bien sûr, il avait choisi de tendre l'oreille pour une information qui l'enthousiasmait bien plus qu'une vulgaire histoire de nourriture. "Nous pourrions très bien y vivre quand nous n'aurons plus vraiment l'âge de travailler. Y passer nos vacances aussi." Jamie l'avait fait beaucoup voyagé depuis qu'ils se connaissaient, mais ce n'était pas pour autant qu'elle se lasserait d'aller toujours au même endroit pour profiter de leur temps libre. Comme lorsqu'elle adorait retourner à Sydney. Après tout, lorsqu'elle était plus petite, elle passait toutes ses vacances chez ses grand-parents, près de la plage. Avec son frère et sa soeur, ils trouvaient toujours de quoi s'occuper, il y avait toujours quelque chose à faire ou à découvrir dans les horizons. Alors venir en vacances ici plusieurs lui ferait tout autant plaisir. Rien que de retrouver l'air de la campagne, l'atmosphère que dégageait cette belle maison. Il n'y avait pas besoin de plus, le dépaysement était déjà bien là. La jeune femme finit par confier Daniel à son père. Celui-ci consacrait la majeure partie du temps de ses weekends à son fils, ce qui était des plus compréhensibles. Joanne n'avait aucun soucis pour cela, mais elle avait l'impression de ne pas assez profiter de son fiancé. Qu'il fallait que Daniel soit gardé par quelqu'un pour qu'il se recentre peu sur elle. Elle connaissait sa phobie d'être le père absent, mais il ne l'était pas à ses yeux. Ce n'était pas parce que leur petit était déjà couché lorsqu'il rentrait du travail que cela faisait de lui un mauvais paternel. Il viendra un temps où Daniel se couchera un peu plus tard pour qu'il puisse profiter de son papa, qu'il lui lise ensuite une histoire avant d'aller au lit. Joanne ne manqua pas d'être surprise lorsqu'il dit qu'il comptait d'ailleurs rentrer plus tôt le soir, afin de pouvoir le voir un peu plus souvent. Parce que jusqu'ici, et depuis qu'ils vivaient ensemble, leur soirée se résumant à dîner ensemble, et Jamie allait ensuite se coucher, exténué par une journée trop complète. La jeune femme se permettait de regarder un peu la télé, de s'occuper avant de le rejoindre au lit. Mais ce n'était certainement pas en semaine que leur vie conjugale était au beau fixe. "Si tu n'étais que spectateur, tu ne te lèverais pas le weekend pour aller t'occuper de lui jusqu'à la fin de la journée, comme tu ne profiterais pas de lui lorsqu'il est encore debout quand tu rentres du travail." Non, il tenait à être là pour lui, et il le montrait comme il le pouvait. "Tu n'es pas un père absent, Jamie." lui affirma-t-elle, d'un ton plus que certain. Le bel homme semblait être déterminé à faire passer son rôle de père de famille au premier rang plutôt que celui de rédacteur en chef. Ce qui ravit Joanne, autant que ça pouvait l'inquiéter sur le plan financier. "Est-ce qu'il accordera aussi un peu plus de temps à sa mère, lorsqu'il en aura fini avec les heures supp' ?" lui demanda-t-elle. C'était bien la première fois que Joanne réclamait un peu plus de sa présence. Elle faisait absolument tout pour lui éviter les corvées ménagères et tout ce qui s'en suit, dans l'espoir que ce temps puisse être passé avec lui, mais ce n'était pas une formule qui avait beaucoup de succès. Ca restait une famille de possessifs, l'un le montrant plus que l'autre, et il n'était pas toujours aisé de porter son attention sur deux êtres chers en même temps, surtout que l'attention demandée n'était pas la même pour tout le monde. Joanne avait cet éternel appréhension, qu'il finisse par l'oublier elle, à force d'être obsédé par cette crainte de devenir un père absent. Lorsqu'ils étaient à nouveau fiancé, et qu'ils se parlaient à peine, il ne faisait qu'attention au foetus qui grandissait dans le ventre, et non à la personne qui le portait. Il ne pouvait pas. Joanne ne voulait pas renouveler cette impression, ce fut une expérience à peine vivable pour elle. Elle ne se voyait que comme une mère porteuse. Elle ne voulait pas partager ces pensées avec lui, comme de nombreuses autres d'ailleurs. "Je travaillerai plus pour la fondation. Je pense que je pourrai en tirer un salaire honorable tout en restant raisonnable, histoire de récupérer en bonne et due forme ton argent." Joanne restait un peu amère à ce sujet. Juste concernant les caisses de la fondation, pas l'organisation en elle-même. Cela restait à ses yeux de l'argent sale et lâche, joliment signé par Edward Keynes en personne. Elle ne prenait pas en compte le fait qu'elle puisse peut-être être en plus consultante, parce que rien n'était sûr. "On devrait s'en sortir, comme ça." dit-elle en haussant les épaules. Il était hors de question de le laisser seul se débrouiller à ce sujet, même s'il avait certainement voulu qu'il en soit ainsi.
« Il n'est quasiment jamais encore debout quand je rentre du travail. » dis-je immédiatement pour corriger les paroles de Joanne. Et c'est bien la raison pour laquelle j'aimerais faire mon possible pour être rentré plus tôt. L'émission prend fin à dix-huit heures, et dans un monde idéal, je pourrais partir de la chaîne juste après, une fois mes affaires rangées, comme c'est le cas tous les vendredis depuis la naissance de Daniel. Peut-être serais-je plus tard à la maison de temps en temps, mais cela serait le rythme idéal qui me permettrait de voir un peu mon fils le soir lorsqu'il est éveillé, et non en passage furtif dans sa chambre pour l'embrasser et lui souhaiter bonne nuit en essayant de ne pas le sortir de son paisible sommeil. La jeune femme ne se doute sûrement pas de la frustration que cela est. Toutes les semaines, je dois attendre le week-end pour voir les beaux yeux bleus de mon petit grands ouverts, pour admirer son sourire et pouvoir jouer avec lui. A mes yeux, je n'ai pas la relation que j'aimerais avoir avec lui. Nous n'aurons sûrement jamais la même symbiose que celle qu'il partage avec sa mère, mais je n'aspire pas à être le genre de père que ses enfants ne connaissent pas vraiment. Un amour garanti, mais une présence qui l'est bien moins, et un personnage finalement bien obscur. Le genre dont les enfants ne savent pas vraiment quoi offrir lors de la fête ds pères parce qu'ils ne savent pas trop ce qu'ils aiment ou non. Je veux exister pour Daniel et être celui sur qui il saura sans le moindre doute qu'il pourra compter dessus. Je ne suis pas un père absent, non, pas pour le moment. Pas encore. Mais je me connais. Je sais mon amour pour mon travail, ma capacité à perdre toute notion du temps, ces moments où la radio se dresse au sommet des autres priorités -des moments qui me font oublier ce qui est vraiment important. Mes émotions, mes sentiments, mais aussi mes passions et mes intérêts ont toujours été excessifs. Je ne fais pas qu'être en colère ; je perds le contrôle. Je ne fais pas que dépoussiérer une ancienne histoire d'amour ; j'en fais une obsession. Cela vaut pour le travail. J'arque un sourcil et adresse un regard étonné à Joanne qui me demande si je prendrai plus de temps pour elle aussi. « C'est une évidence. » dis-je comme si penser le contraire était la chose la plus idiote qui soit. Est-ce que je ne lui ai pas assez répété qu'elle est ma priorité ? Est-ce que je n'ai pas assez prouvé que toutes mes décisions sont prises pour elle ? Mon regard se fait plus sévère. Je n'aime pas ce que son interrogation insinuait -ou du moins l'insinuation que j'ai cru saisir. « Je ne suis pas un père absent mais je suis un fiancé absent, n'est-ce pas ? » j'ose demander non sans l'inquiétude qu'elle puisse en effet l'affirmer. Cela me vexerait au plus haut point. Après tout, je fais toujours mon possible pour être là pour elle. Je m'occupe de celle que j'aime et de mon fils autant que je le peux, aussi bien que j'en suis capable. Mais peut-être bien que ce n'est pas assez à ses yeux. Mon attention se reporte sur Daniel. Dans tout cela, il ne faut pas oublier que nous devons payer les travaux de cette maison-ci. Entre autres charges. Ce n'est pas revenir au rythme de travail le plus normal que j'ai jamais eu qui changera grand chose à notre situation à mon avis. Dans un cas comme dans l'autre, il y a une somme à réunir d'un moyen ou d'un autre. Joanne propose de se consacrer un peu plus à la fondation, se versant par la même occasion un salaire honnête qui reversera notre argent là où il devrait être. « Ca n'est pas la peine, je pense avoir bientôt trouvé une personne à mettre à la tête de la fondation. Tu en seras débarrassée. » Après tout, à la base, elle ne souhaitait s'en charger uniquement pour m'en décharger, et je lui avais dit que je trouverai une personne pour s'en occuper au plus vite. Je ne fais que tenir parole.
I believe in the lost possibilities you can see. And I believe that the darkness reminds us where light can be. I know that your heart is still beating, beating darling. I believe that you fell so you can land next to me. ‘Cause I have been where you are before. And I have felt the pain of losing who you are. And I have died so many times, but I am still alive
Il était certainement difficile à accepter pour Jamie que leur situation financière soit si tendue, alors qu'il veut garder cette maison de campagne, payer ces travaux. Gérer et payer deux immenses bâtisses avec un seule salaire, et un compte bancaire vide. Joanne savait qu'il fallait remettre les pieds sur terre et qu'il fallait se rendre à l'évidence que seul, il n'arriverait à rien. Ils rompaient alors l'un de leurs principes : que Joanne ne pourrait pas se consacrer entièrement, corps et âme, à leur vie de famille. Il fallait qu'elle y contribue d'une manière ou d'une autre. Il fallait couper la poire en deux, et retourner à un certain équilibre. Cette discussion était malheureusement inévitable, et même si ça mettait un peu de tension dans l'atmosphère, il fallait que les choses soient mises au clair. Il était évident pour Jamie que s'il comptait effectivement arrêter de rentrer plus tard, il consacrerait aussi du temps pour elle. Son air devint bien plus sévère, posant une question à laquelle il devait certainement espérer qu'elle ne réponde pas affirmativement. "Non." dit-elle simplement. "Et je souhaite de tout coeur que tu ne le sois jamais." lui affirma-t-elle. La jeune femme savait depuis le tout début de leur relation que cet aspect là allait être compliqué. Il suffisait de voir comment s'étaient déroulées les premières semaines, où ils parvenaient à peine à se voir. Elle savait à quel point il aimait son travail et qu'il était facile qu'il s'y plonge sans voir le temps passer. Elle ne le lui reprochait pas, elle savait ce que c'était, que d'aimer son travail. Joanne lui assura qu'elle continuerait de tenir les rennes de la fondation, Jamie lui assura qu'il pensait avoir trouvé quelqu'un pour reprendre son rôle. Il ne faisait que respecter son premier choix, mais il y avait beaucoup d'autres choses qui étaient entrés en ligne de compte depuis. "Non, je garde mon poste pour le moment." dit-elle d'un ton qui laissait clairement sous-entendre qu'elle ne lui laissait pas vraiment le choix. "Parce que tu l'as dit toi-même hier soir, peut-être que ce poste de consultant ne verra jamais le jour, peut-être que je ne remettrai jamais les pieds dans le musée en disant que c'est mon lieu de travail. Et la fondation, aussi souillée puisse-t-elle être par les méfaits de ton père, est littéralement la seule chose à laquelle je peux contribuer, et où j'ai un poste assuré. Certes, ça brûle bon nombre de mes principes, mais je pense à ma famille avant tout. Et il est hors de question que je confie ces gamins à une personne que nous ne connaissons ni d'Adam, ni d'Eve." De renoncer à ces valeurs là lui donnait parfois envie de vomir, mais elle pensait à cette liste de jeunes qui avaient bénéficié de toutes ces aides qui s'en étaient merveilleusement sortis. Elle s'y était attachée, malgré tout. Et il n'y avait pas d'autres choix. "Je ne veux pas nous voir paniquer à l'idée de comment seront payés nos facture le lendemain, ni même de savoir ce qu'on pourra donner manger à Daniel, avec seulement un seul salaire qui rentre, Jamie. Je veux pouvoir garantir à Daniel, et à nos autres enfants des beaux jours, une éducation correcte, des portes ouvertes pour leur avenir. Certes, ça va rompre cette volonté de vouloir que je me consacre jour et nuit à Daniel et toi, mais ce sera en fait toujours le cas. D'une autre manière." A faire rentrer un deuxième salaire, loin d'être négligeable, dans leur foyer. Pouvoir leur garantir de garder leur deux maisons et de vivre agréablement. Retomber dans le commun des mortels ne lui faisait pas peur, elle savait ce que c'était. "Et puis c'est bien le seul emploi qui me permette de rester à la maison, et je serai toujours pour m'occuper Daniel et toi. Nous sommes à une période où il faut faire des choix et des compromis, et j'ai fait les miens. Parce que ça, c'est bien la seule chose à l'heure actuelle pour que je puisse aider financièrement ma famille." Et c'était quelque chose qui avait toute son importance alors que les comptes étaient vides. Il n'allait pas lui enlever. La jeune femme prendra certainement goût, à long terme, de s'occuper de cette fondation, dès qu'elle sera épurée. Elle avait fait quelques découvertes lorsqu'elle s'était penchée sur toute la paperasse de la fondation, et tenait encore à faire quelques recherches à ce sujet. "Parce que je veux que mon fiancé, et père de mon fils, soit rentré plus tôt à la maison, et que nous ne perdions pas ce temps si précieux à discuter des fins de mois. Je veux juste qu'il rentre pour qu'il ne fasse qu'aimer et chérir sa famille." Qu'il n'ait pas de tracas à se faire, qu'ils se détendent et que tous puisse profiter de l'un et de l'autre.
Elle insiste. Non, ce poste à la tête de la fondation Keynes n'ira pas à qui que ce soit d'autre que Joanne, future Keynes. Je fronce les sourcils, surpris, ne comprenant pas ce soudain changement d'avis et attendant qu'elle me l'explique. Il est vrai que ce poste est une garantie. La jeune femme aura toujours une activité si elle continue de s'occuper de l'association, et donc, un salaire. Ce qui lui donne les moyens de participer activement aux finances de son foyer comme elle le veut tant depuis l'arrivée de Daniel, et encore plus depuis son enlèvement. La provenance de l'argent qui nourrit la fondation reste toujours en travers de la gorge pour nous deux, mais le fait qu'il serve une juste cause semble enfin attendrir Joanne. « Tu t'y es un peu attachée, hein ? » Comment ne pas s'y attacher ? Ces enfants et ces adolescents ne sont que des noms sur des dossiers, des personnes que nous n'avons jamais rencontrées, et pourtant, elles sont là, elles ont besoin d'aide, elles mettent de l'espoir dans cette structure. Impossible de rester de marbre face à des jeunes en détresse, surtout pour une mère. Surtout pour une femme comme Joanne qui aime tant prendre soin des autres. Je savais que la vocation de l'association lui plairait, même si j'avais peu d'espoirs qu'elle fasse l'impasse sur l'argent sale. Je suis assez surpris qu'elle parvienne à ronger son frein pour cette cause. Et puis, le salaire n'est pas négligeable du tout. Même si je doute que la jeune femme soit aussi gourmande que certains autres directeurs de grosses associations qui n'hésitent pas à atteindre les dix mille dollars par mois pour leur bonté au sein de l'humanité, cet argent est le notre et nous en avons besoin. Ma contrariété se lit sur mon visage comme sur un livre ouvert lorsqu'elle admet que ma volonté qu'elle ne se consacre qu'à Daniel ne pourra pas être maintenue. Mais elle a raison, ce travail lui permet de rester à la maison. J'écoute sans plus dire un mot le discours de ma fiancée qui m'explique avec conviction que son choix est fait. Et de toute façon, il est clair que cela n'est pas discutable. « Bien. » dis-je alors tout simplement, un petit sourire au coin des lèvres, touché par chacune des paroles de ma belle. J'admire toujours autant son dévouement. Lorsqu'il s'agit de sa famille, elle est incroyable. Je l'embrasse tendrement pour la remercier. « Je crois que j'aime bien quand tu fais preuve d'un peu d'autorité de cette manière. » Ce qui est assez rare, mais cela me fait toujours le même effet. Je ne peux pas m'empêcher de l'admirer. Je pose mes mains sur les oreilles de Daniel, comme pour l'empêcher d'entendre ce que je compte dire -alors qu'il ne l'aurait pas compris, mais qu'importe, mieux vaut préserver son innocence dès le plus jeune âge, il la perdra déjà bien assez vite. « Ca te rend incroyablement sexy. » j'ajoute donc avec un sourire malicieux et un regard complice. Au moins, tout ceci me retire une sacré pine du pied. Joanne a son occupation et son salaire pour se rendre utile comme elle le souhaite. Je n'ai pas à trouver quelqu'un pour la remplacer à la tête de la fondation. Et celle-ci reste entre les meilleures mains qui puissent être. Cela me soulage grandement. Mon sourire s'efface petit à petit. Ce n'est vraiment pas comme cela que j'imaginais les choses pour nous, pour elle. Je n'en suis pas malheureux, mais seulement déçu de moi-même. De ne pas pouvoir tout tenir sur mes épaules et qu'elle n'ait à se soucier de rien d'autre que de son fils. « Je suis désolé pour tout ça. » Je continue de me sentir responsable. C'est mon père et ma mère qui nous ont mis dans ce pétrin. C'est ma famille qui met la nôtre dans cette situation. C'est mon manque d'attention et de vigilance dans ce supermarché qui nous a causé du tort. C'était ma décision naïve de faire le virement de toute cette fortune en pensant que cela nous ferait récupérer notre fils. Oui, dans le fond, c'est entièrement de ma faute, et je ne suis toujours pas prêt de me le pardonner.
I believe in the lost possibilities you can see. And I believe that the darkness reminds us where light can be. I know that your heart is still beating, beating darling. I believe that you fell so you can land next to me. ‘Cause I have been where you are before. And I have felt the pain of losing who you are. And I have died so many times, but I am still alive
La surprise de Jamie quant à la décision de sa belle concerant la fondation était parfaitement lisible sur son visage. Le changement d'avis était assez radical depuis la première fois qu'ils en avaient parlé, mais bien des choses étaient survenues entre. Bien sûr, cet histoire d'argent injecté dans ces comptes lui restera éternellement au travers de la gorge. C'était le prix que donnait Edward Keynes à son petit-fils. Comment peut-on même comparer un bébé à une somme d'argent ? Joanne savait qu'il y avait qui n'avaient pas mauvaise conscience en pensant ainsi. C'était inhumain, cela révolterait n'importe quelle mère. Pendant tout le discours de la jeune femme, il restait silencieux, attentif à ce qu'elle disait. "Un peu, oui." reconnut-elle, les yeux baissés. Bien plus qu'elle ne pourrait l'accepter pour le moment. Il fallait encore du temps pour que certaines plaies soient cicatrisées. Joanne ne voulait pas reconnaître qu'elle adorerait s'y rendre un jour, faire la connaissance de ces gamins à la recherche de soi, et de ceux qui leur permettaient d'avoir des voies pour y parvenir. Joanne ne s'attendait pas à ce qu'il finisse par sourire en coin, comme ça, à la fin de son discours. Peut-être une expression surprise, peut-être admirative, elle n'en savait pas trop rien, mais pas ça. Il s'expliqua rapidement, la trouvant particulièrement séduisante lorsqu'elle faisait preuve d'autorité. Ce qui était un fait extrêmement rare, mais qui semblait bien lui plaire. Elle rougit plein fard, se dissimulant derrière son verre de jus d'orange, dont elle but une gorgée. Elle toussota un petit peu et éclaircit sa voix, pour dire alors, d'un ton beaucoup moins timide que d'habitude. "Eh bien, j'espère que tu penseras toujours la même chose de moi ce soir." Parce que la frustration de la veille était bien là, et elle avait terriblement envie de lui. Poussée d'hormones, envie passagère, qui sait. Le visage de Jamie s'attrista bien rapidement. Il s'en voulait toujours autant. Joanne le regarda d'un air tendre et lui caressa la joue. Elle s'installa ensuite sur ses genoux, prenant Daniel sur les siens. "Il n'y a plus que tu te pardonnes, à toi-même." Elle ne lui en voulait pas, elle le lui avait déjà une multitude de fois. Mais il se laissait ronger par ses propres remords, se reprochant absolument. Son inattention, l'attitude de ses parents, le fait de les avoir ruiné sur un coup de tête. "Regarde-le, mon amour. Regarde Daniel." lui dit-elle de sa voix douce en glissant ses doux dans ses mèches brunes. "Il est là, et il est heureux. Il va bien. Il s'épanouit de jour en jour, et ne manquera jamais d'amour." Elle lui fit un sourire réconfortant, bien qu'elle savait que ce ne serait jamais suffisant. "Je suis là, et je suis heureuse. Je peux chérir et m'occuper des deux hommes de ma vie comme bon me semble." La belle blonde l'invita à loger son visage dans son cou. "Et tu sais tout autant que moi que ce n'est pas un kidnapping, ou un compte bancaire à zéro, qui vont nous enlever ça. Le monde pourrait trembler et s'écrouler autour de nous, nous serons toujours là, ensemble." Daniel s'était blotti contre ses deux parents, totalement comblé. "Il suffit que tu regardes son sourire pour voir ce que l'on est capable de faire ensemble." Elle redressa ensuite délicatement sa tête pour capter son regard, et lui transmettre par les yeux tout l'amour qu'elle lui portait. "Il suffit que l'on se regarde pour savoir tout ce que l'on s'est apporté l'un l'autre. L'amour, un enfant, une famille. Je ne ferai jamais ce plaisir à Edward Keynes de nous torturer l'esprit même dans sa mort, il en est hors de question. Parce que nous possédons bien plus que ce qu'il n'a jamais eu." La jeune femme continuait ses gestes de tendresse de sa main libre, l'autre maintenant leur fils contre eux. "Et puis de toute façon, Daniel et toi restez ma priorité, même s'il faut gérer la fondation à côté. Je me fixerai un quota d'heures ou je ne sais quoi, mais vous passerez éternellement devant, vous serez toujours les premiers. Et les jours où je voudrais concentrer le tout, mes parents peuvent toujours venir à la maison pour l'occuper un peu. Et je pourrai vous consacrer entièrement les autres jours. Ce sera un peu plus facile lorsqu'il ira à l'école. A moins que d'ici là..." Elle souriait timidement, comme si elle n'en avait pas le droit. "Il y ait un deuxième petit miracle en route. Mais j'y arriverai. On y est toujours arrivé, pas vrai ?"
Il ne faut pas plus que ces quelques mots pour me faire comprendre la frustration que ressent encore Joanne par rapport à la veille. Je secoue négativement la tête, me disant que décidément, elle est capable de faire un foin de peu de choses. Elle est ainsi. Mon regard et mon sourire se veulent rassurants. « Je le pense toujours. » je lui assure. Mais, oui, même moi j'ai mes moments à vide où même en présence de celle que j'aime plus que tout, et qui est à mes yeux a plus belle des créatures qui soient, l'envie n'est pas là. Cela arrive même aux meilleurs, et même aux plus passionnés. Je ne l'aime pas moins, je ne la trouve pas moins séduisante et désirable. La flamme ne s'est tout bonnement pas allumée, j'espère qu'elle finira par le comprendre et le prendre tel quel -et non d'une quelconque autre manière biaisée. Je me sens déjà bien assez gêné par rapport à cela. Je présente une nouvelle fois -je ne les compte plus- mes excuses pour toutes les épreuves passées le mois dernier. Nous aurions pu perdre Daniel pour toujours par ma faute, notre famille aurait été écartelée, démembrée, et j'aurai été le seul à blâmer. Même si j'ai réussi à nous ramener notre fils, je continue de m'en vouloir, non seulement pour ce qu'il s'est passé, mais aussi pour toutes les autres hypothèses de scénarios plus affreuses les unes que les autres qui auraient pu avoir lieu si j'avais échoué. Pourtant il est là, je devrais parvenir à être un peu plus en paix avec moi-même, passer l'éponge sur ma propre ardoise. Impossible. Pas pour le moment, tout est encore trop frais. J'observe mon fils qui, dans la plus parfaite des insouciances, n'ayant aucune idée du sujet abordé et ne sachant sûrement pas trop ce qui lui est arrivé, secoue joyeusement son hochet pour en faire tinter le grelot et sourit largement comme si ce bruit est le plus magique qui soit. Il est si beau. Oui, il semble parfaitement heureux, là, entouré de ses parents, baignant dans leur amour. Je souris légèrement quand Joanne m'assure être heureuse. Les seuls mots que j'espère chaque jour entendre de sa bouche. Qu'elle ne manque de rien, qu'elle est comblée, et que je fais bien mon travail de futur mari. Tout contre elle, câlinant machinalement notre petit garçon, je laisse ses paroles bercer mes pensées sombres et les endormir pour un temps. Je laisse son regard me sonder et me rassurer avec la conviction que nous serons toujours bien plus forts que tous les bâtons que la vie aura à nous mettre dans les roues. Je souris un peu plus lorsqu'elle évoque la possibilité d'un second enfant. C'est notre nouveau rêve, je pense, de pousser encore notre chance pour agrandir notre famille. « On y arrivera. » je répète pour me l'enregistrer dans le crâne. Nous sommes sur la bonne voie pour nous en sortir très bien et mener une vie comme nous la voulons. Pour être heureux avec ce que nous avons, même si cela implique d'être un peu plus mortel. Mes yeux ne cessent de briller, admirant avec dévotion ma fiancée qui montre à cet instant cette facette forte de sa personnalité qui s'est révélée avec la naissance de Daniel. Elle n'a jamais été et ne sera jamais une de ces femmes de caractère qui ont pourtant toujours eu mes faveurs ; elle sera toujours cet ange doux et délicat que je souhaite épouser. Mais lorsqu'elle révèle cette discrète facette d'elle même, elle me semble toujours si belle. J'approche mon visage du sien pour l'embrasser avec tendresse et autant de gratitude que possible. Je la remercie d'être là, de savoir m'épauler quand je m'affaisse, de me rassurer et injecter toujours autant d'affection dans ma vie. « Je crois que j'ai vraiment très envie de toi tout à coup. » je murmure au bord de ses lèves avec un sourire taquin. Elle saura comprendre que ce n'est pas qu'une simple envie momentanée de sexe. Ses paroles ont tant et si bien gonflé mon coeur d'amour que mon être ressent le besoin de le lui dire. Mais je ne sais pas faire de belles tirades comme les siennes. Je n'ai qu'un moyen. « Je t'aime tellement. » lui dis-je avant de l'embrasser de nouveau, complètement sous le charme de la mère de notre magnifique fils.
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Joanne savat qu'elle ne serait pas celle qui lui apportera un peu de paix à son âme. Un pardon qui le libérerai de ces chaînes qui finissait par lui peser lourdement sur ses épaules, à agiter ses sommeils et à le rendre plus épuisé qu'il ne l'était déjà. Cela pouvait durer des semaines, des mois. Elle espérait tellement qu'il trouve comment se pardonner, elle ne savait pas quels outils lui donner pour qu'il y parvienne. Peut-être qu'il n'y aura que le temps, qui pourra effacer de tels remords. Il s'était alors blotti contre elle, se laissant emporter par la voix douce de sa future épouse qui donnait tout ce qu'elle pouvait pour tenter de le soulager un peu, même si ce n'était que pour quelque minutes. Joanne continuait de le caresser tendrement, plongée dans une vague d'optimisme en espérant avoir ce second enfant, qui était déjà tellement aimé alors qu'il n'était même pas encore là. Son fiancé semblait convaincu qu'ils y parviendraient. Qu'après leur mariage, ce sera leur nouveau rêve, leur nouvel objectif. Ils avaient tous les deux envie de remplir cette maison, faire en sorte que Daniel ait des frères et soeurs avec qui jouer. Cela allait être compliqué, une route semé d’embûches. Mais Joanne regardait alors à chaque fois son fils, et se rappelait à quel point ça valait le coup, quel était l'intensité de son bonheur dès qu'elle avait su qu'elle allait être maman. C'était son accomplissement à elle, sa plus belle des victoires. Jamie regardait celle qu'il voyait comme un ange avec ces yeux pleins de reconnaissance. Il y avait à nouveau cette dévotion, cette adoration qui faisait briller de manière sublime ses yeux verts. Elle caressait du bout de ses doigts la peau de sa joue jusqu'à ce qu'il l'embrasse tendrement. Un baiser faisant circuler des tas de mots, de longues phrases d'amour et de douceur. Beaucoup de reconnaissance, aussi. Chaque baiser, chaque contact avait fini par avoir sa signification, un message qui lui était propre. Joanne avait pris à les apprendre, il y en avait certainement qu'elle ne connaissait pas encore. Il trouvait toujours de nouveaux moyens pour communiquer la dévotion qu'il avait pour elle. Quasiment la dévotion que l'on pourrait avoir pour une grande divinité. Il ne s'en lassait pas. De l'aimer, de la représenter sur ces toiles. Cela faisait longtemps d'ailleurs qu'elle ne l'avait pas vu grimper à l'atelier. Il exprima alors l'envie de lui faire comprendre tous ces mots d'amour, à sa propre manière. Il n'avait jamais été doué pour les discours de ce genre, bien plus à l'aise dans des tirades officiels. Mais il avait su se faire comprendre, et là, il avait besoin d'être compris, de bien faire passer le message. Joanne était envoûté par son regard vert, alors que ses lèvres restaient en contact avec les siennes sans pour autant l'embrasser. Mais il prit une nouvelle fois d'assaut sa bouche, d'une manière un peu plus passionnée que la fois précédente. Elle sentait son coeur battre la chamade. "Je t'aime aussi." lui dit-elle durant la fraction de seconde où leur bouche se détachait de l'une l'autre. Ca aurait pu rapidement finir sous la couette, sauf qu'il y avait un modèle réduit avec un hochet en main qui l'amusait largement, qui bloquait quelque peu cet élan. Toujours en gardant ses lèvres en contact des siennes, et un peu essoufflée, elle lui dit tout bas. "Il va falloir que je prenne mon mal en patience alors, pour entendre tout ce que tu as à me dire." dit-elle avec un rire gêné. "Puisqu'il y a ton fils qui pète la forme là. Et qui veut certainement profiter de son papa." Elle rit, amusée de devoir prendre ce paramètre là en compte. A se demander comment ils gèreront leurs envies lorsqu'ils auront plusieurs enfants. "Moi, j'en profiterai pendant toute la soirée. Peut-être un peu pendant la sieste." ajouta-t-elle avec un large sourire, haussant les épaules. Elle se mit ensuite à rire discrètement et approcha sa bouche de son oreille. "J'ai bien fait de ramener de la lingerie que tu ne connais pas, alors." Elle se mordit la lèvre inférieure et rougit de plus belle, venant dissimuler son visage dans son cou. "Peut-être que ça te donnera de l'inspiration pour ta tirade." Ce n'était pas de la lingerie sophistiqué. Elle était blanche, avec des détails en dentelle sur lesquels Joanne avait complètement fondu. Elle se l'était achetée avant que Daniel ne soit enlevée, lorsque sa taille et son poids lui convenaient à nouveau. Mais à chaque fois, Jamie prenait un malin plaisir à découvrir à sa façon les nouveaux sous-vêtements de sa future femme. Joanne l'embrassa à plusieurs reprises avant de lui confier Daniel. "Restez un peu entre hommes, je m'occupe de débarrasser tout ça." lui dit-elle en lui volant un dernier baiser avant de se lever et de rentrer toute la vaisselle et les produits à l'intérieur. Elle fit ensuite la vaisselle du jour et de la veille et mit un peu plus en ordre la cuisine.
Le baiser a beau être passionné, les ardeurs restent tempérées. Et pour cause, le petit Daniel qui continue de faire tinter le grelot du hochet avec enthousiasme. Comment l'oublier avec tout le boucan qu'il fait à lui seul ? Entre ça et ses petites exclamations, l'air de demander à ce qu'on le regarde, à chercher notre approbation et notre fierté dans le moindre de ses mouvements de bébé. Il lance des « ah », des « oh » et des « euh » d'un peu partout, s'essayant aux sons produits par les cordes vocales comme papa et maman, mais encore incapable d'articuler des mots. Il ne cesse de se découvrir lui-même tout en découvrant le monde, c'est un travail à temps plein pour lequel le petit est particulièrement motivé aujourd'hui. « Ah, les concessions des jeunes parents... » dis-je en riant. Les ébats attendront plus tard. Oui, peut-être l'heure de la sieste, ou seulement ce soir. De quoi alimenter la frustration pendant quelques heures et la faire exploser le moment venu. Je ne suis pas aidé par ce que Joanne me glisse à l'oreille. Mes yeux s’arrondissent, non seulement surpris de savoir qu'il y a une nouvelle fois un joli paquet à déballer, mais aussi qu'elle ose me faire languir de la sorte. « J'étais déjà fort inspiré. » dis-je avec un autre petit rire. « Tu n'as pas le droit de jouer ainsi avec ma frustration. » j'ajoute avec un faux regard mauvais avant qu'elle ne quitte mes jambes et me confie Daniel pour ranger la table et faire la vaisselle. C'est d'un vicieux. Je suis la jeune femme du regard avec ce sourire taquin jusqu'à ce qu'elle disparaisse dans la cuisine -laissant mon regard se balader sur les courbes de son corps. Dur d'attendre. « On fait un tour dans le jardin ? » je demande à Daniel qui commence à se demander quel goût pourrait avoir ce hochet s'il le dégustait avec ses gencives roses. Je me lève et le prend dans mes bras, tourné vers l'extérieur pour qu'il puisse étancher son éternelle curiosité. Admirer le ciel, voir l'herbe et les quelques insectes qui volent et se déposent dessus. Voir à quoi ressemble la maison de l'extérieur, et la petite dépendance. Regarder les arbres, écouter les oiseaux, et se demander d'où viennent ces chants étranges. Je lui montre des choses et d'autres en les nommant. Il paraît que c'est important à tout âge, que ça les familiarise avec le langage. Le chat de tout à l'heure passe près de nous dans une posture de chasse qui m'intrigue. Je l'observe, curieux, jusqu'à comprendre qu'il est sur le point de faire son déjeuner d'un petit serpent qui se trouvait là. Pour un anglais, c'est une scène pour le moins peu commune. Je m'éloigne donc avec Daniel du terrain de chasse et m'allonge à l'ombre d'un arbre. Le hochet est tombé par terre, tant pis pour lui. Tenant le bébé à bout de bras, je m'amuse à le pencher d'un côté et de l'autre comme s'il planait. « L'avion D.320 survole le Mont Papa, blrrrrr... » Cela semble l'amuser au moins autant que moi d'être un petit avion humain qui monte et qui descend. J'entends le bruit des pas de Joanne dans l'herbe, elle nous rejoint. « Mayday, Maman en approche, atterrissage forcé. » Blrrrr, turbulences, secousses, et boum, crash (en douceur) sur sa mère avec un savant bruitage de fracas -et de gazouillis de bébé hilare. Retrouvant du calme, j’assieds Daniel sur mon ventre en faisant attention à ce qu'il ne tombe pas. Quelques minutes de tranquillité passent jusqu'à ce que je prenne la parole, pensif. « Je me disais… Je verrais bien le mariage avoir lieu sous cet arbre. » Il est assez éloigné de la maison, et je pense qu'il serait mieux de mettre le reste près de la maison. « Mettre la grande table par là-bas. » dis-je en indiquant vaguement un bout de terrain face à la maison, vers la gauche. « Et la piste de danse à côté, là. » Juste à côté, mais bien assez éloigné de la table. « Ce serait plus clair si j'avais pensé à prendre de quoi dessiner. » Comme cela avait été fort utile pour la redécoration du rez-de-chaussée à Brisbane. « Je me disais qu'il faudrait aussi un espace pour les enfants, avec une personne engagée pour veiller sur eux peut-être, afin que tout le monde puisse venir sans se poser la question de la baby-sitter et profiter de la fête. »
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Daniel savait se manifester quand il le fallait, surtout lorsqu'il avait des objets bruyants en main. Sa maman était toujours impressionnée par son évolution, ces voyelles qu'il articulait, la dextérité qu'il avait gagné avec ses mains, la découverte de son corps, mais aussi de tout ce qui l'entourait. C'était un petit bonhomme bien curieux qui ne se lassait pas des choses qu'il voyait. Ca ne le rendait que plus adorable. Ca mettait du baume au coeur de Joanne de voir que sa croissance se déroulait parfaitement bien. Les jeunes parents allaient devoir attendre un moment avant d'espérer avoir un peu d'intimité, avec leur petit bout qui ne demandait qu'à être cajolé. Difficile de lui refuser quoi que ce soit. La jeune femme se permit tout de même de narguer Jamie. "Tu t'amuses pourtant aussi bien avec la mienne lorsque ça te chante." lui rétorqua-t-elle, tout aussi amusé. "Puis je sais que dans ce domaine là, c'est moi qui gagne la plupart du temps." dit-elle tout bas avant de l'embrasser. Parfois la roue tournait et ça s'inversait, mais c'était un phénomène plus rare, mais tout aussi présent. C'était sur sa faim, qu'elle laissait les deux hommes en tête à tête le temps qu'elle mette un peu d'ordre dans la maison. Il n'y avait pas énormément de vaisselle, c'était relativement rapide. Elle en profita pour passer un coup d'éponge sur les éléments de la cuisine, réajuster quelques détails qui la titillait. Dès que la pièce était parfaitement rangée, elle sortit de la maison pour les rejoindre. Il faisait tellement bon dehors, ils pourraient y passer la journée. Il était si attendrissant de voir le père jouer avec le fils. Il y avait là bien plus de complicité que Jamie ne pourrait le croire. Lorsque la jeune maman compris le thème du jeu, elle écarta ses bras et s'approcha de Daniel en faisant de tout petits zig-zag jusqu'à s'entrechoquer délicatement. Elle en profita pour l'embrasser sur le nez, un large sourire dessinant son visage de porcelaine. Daniel ne cessait de rire. Elle s'assied juste à côté de Jamie, et en profiter pour passer une main délicate sur sa joue. La belle blonde retira ensuite ses sandales pour laisser les brins d'herbe chatouiller ses pieds. Le sol n'était pas trop sec, et le gazon était d'un vert magnifique. Le jardin rêvé, se dit-elle. Elle admirait le terrain sous ce nouvel angle de vue jusqu'à ce que son fiancé parle du mariage. Il les voyait bien se marier sous l'arbre sous lequel ils étaient. C'était l'un des plus grand qu'il y avait, il n'était pas de la dernière jeunesse. Elle leva la tête au ciel pour en admirer les branchages généreusement feuillus, le sourire aux lèvres. Il indiquait ensuite où il disposerait les tables, la piste de danse. "Ca me semble parfait." lui dit-elle en guise d'approbation. "Pas d'arche blanche pour le mariage, par contre. Je vois bien quelque chose avec du bois clair, et des feuillages et des fleurs par ci par là, mais pas trop. Que ça reste assez sobre. Le reste du jardin sera largement décoré et éclairé, je pense." dit-elle avec un rire. "Et ce serait effectivement chouette d'avoir quelqu'un pour garder les petits." Il y aurait les enfants de Thomas aussi, c'était les premiers qui lui venaient à l'esprit. Elle espérait qu'Ezra puisse emmener le sien aussi, que ses problèmes seraient réglés d'ici là. Elle songea alors à prendre de ses nouvelles au courant de la semaine suivante. "Tu sais, quand on y pense. Si rien de tout ceci ne se serait passé, peut-être que nous n'aurions jamais pensé à nous marier ici, alors que c'est l'endroit rêvé." Ils n'auraient peut-être pas vu grand, mais ils auraient pu demandé à privatiser un beau jardin de Brisbane, trouver un cadre paradisiaque. Mais parfois, il ne fallait pas voir plus loin que le bout de son nez pour constater que leur coin de paradis, ils l'avaient déjà. "J'ai hâte de tout voir illuminé. Ca sera féerique." Elle en rêvait déjà, émerveillée comme une enfant devant un sapin de Noël. Il ne lui fallait pas grand chose. "Tu pourras tout dessiner une fois que tu seras rentré à la maison. Si tu veux, je pourrai prendre des photo avec mon portable à différents endroits du jardin, et en te basant sur ça, tu pourras laisser ton imagination se libérer." Elle lui lança un regard complice, lui faisant ensuite une nouvelle caresse, mais au niveau de ses cheveux, cette fois-ci. "Par contre, les choux à la crème caramélisés parmi les desserts, c'est une obligation." dit-elle après un moment de silence, en riant. "Et Daniel pourra aussi goûter des aliments pendant la soirée, je suis certaine que ça lui plaira, curieux comme il est." Elle espérait qu'il ne soit pas trop difficile, et qu'il prenne goût à un maximum de choses. Le choix du régime lui reviendra lorsqu'il sera en âge de décider, elle ne verrait pas d'inconvénients à ce qu'il décide de suivre les traces de son papa. Joanne continuera malgré tout de cuisiner sa ration de viande à côté, ce n'était pas ça qui allait lui poser problème. "Hein, mon trésor ? Tu mangeras un peu de chou à la crème avec Maman ? Tu verras à quel point c'est bon !" lui dit-elle en s''approchant de lui avec un large sourire, venant lui faire quelques chatouilles et l'embrassant sur la joue. Ses magnifiques yeux bleus brillaient, Daniel avait un si beau sourire. Cet élan d'amour le fit d'ailleurs tomber à la renverse. Réflexe maternelle, elle maintint tout de même la tête jusqu'à ce qu'elle soit délicatement posée sur le torse du père. Daniel agita ses petites jambes, toujours. Elle embrassa son fils de toute part. "Vous êtes tellement beaux, tous les deux, tellement beaux." Elle plongea son regard dans celui du bébé. "Je t'aime, mon trésor." lui dit-elle tout bas. Puis elle se rapprocha du visage de son fiancé, qu'elle couvrait également de baisers, mais de manière bien différente. "Toi aussi, je t'aime." lui dit-elle lui regard amoureux, en lui caressant tendrement la joue. Daniel devait certainement ressentir tout ça, parce qu'il souriait tout le temps durant ces moments familiaux, où il n'y avait que de l'amour et de la tendresse. Il suffisait que le ton de la conversation change pour qu'il ait l'air plus interrogateur, ne comprenant pas tout, à moins qu'il ne soit occupé par un jouet. Mais ses réactions correspondaient toujours à celles de ses parents. Heureusement, l'esprit de famille trônait majoritairement lorsqu'ils étaient tous ensemble. Il ne fallait pas perdre son temps pour les quelques désagréments.
Je ne sais pas si Joanne visualise vraiment les choses comme je le fais, mais elle approuve quand même l'idée d'agencement du jardin pour le mariage, aussi vague soit-il. J'acquiesce à mon tour lorsqu'elle précise son idée concernant l'arche sous laquelle elle souhaite que nous nous disions oui. Cela ne me surprend même plus de constater que nous pensions à la même chose. Vu qu'il n'est pas question de bannir les enfants hors de l'événement ni d'obliger les parents à passer toute la soirée à s'occuper d'eux sans pouvoir pleinement profiter de la fête, une baby-sitter s'impose. Quelqu'un qui saura les distraire et les tenir sages quand cela est nécessaire. Daniel aura neuf mois à ce moment là, il gambadera à quatre pattes et sera donc assez grand pour jouer avec les autres petits que compte la famille. « Tu auras d'autres enfants avec qui jouer, tu entends ça ? Ceux de Thomas, Ezra, James, Lehyan... » Et la liste est finalement bien plus longue que cela car il faut compter les enfants de la sœur de Lehyan, Kennedy, et ceux dont nous n'avons pas encore connaissance de l'existence, comme celui de Liv. « Ca sera amusant. » J'imagine déjà ce mariage plein d'animation et de vie. Rien de solennel, quelque chose de familial. Quelque chose aux antipodes de tout ce que j'ai toujours connu, et cela me plaît énormément. Comme le dit Joanne, sans les événements qui nous ont ébranlés, nous n'aurions pas songé une minute à organiser notre mariage chez nous. Du moins, je ne l'aurais sûrement pas voulu, et j'aurais vu plus grandiose malgré moi par habitude. Pourtant, la manière dont ce jour ce profile dans cet endroit me semble parfait, et pour ma fiancée aussi. « Tu es sûre ? Tu ne dis pas ça pour me rassurer ? » je demande, un peu inquiet à l'idée qu'elle freine toutes ses ambitions pour ce moment si important uniquement à cause de l'argent. Peut-être qu'il y a de ces détails dont les petits filles rêvent dont elle n'ose pas me parler, sachant très bien que je ferais tout pour le lui obtenir, que nous en ayons les moyens ou pas. Je veux seulement qu'elle ne soit pas déçu et n'ait pas de regrets d'aucune sorte. Joanne m'aidera sûrement pour les croquis, comme la dernière fois. Nos deux imaginations se complètent si bien. Et cela rendra toute l'organisation bien plus facile. « Nous pourrons enfin commencer à faire appel à Madison. » Elle sera la première surprise d'apprendre que moi, l'aristocrate anglais, ne compte pas me marier dans un château une fois encore, mais dans mon propre hectare de jardin de ma maison de campagne. J'ai hâte de la revoir et commencer à travailler là-dessus avec elle. Je sais qu'elle se donnera autant de mal que possible pour nous proposer le meilleur. « Il serait temps que tu la rencontres. » Et pas qu'un peu. Mais tout le monde a été fort occupé ces derniers mois. Je profite des quelques caresses de Joanne. Notre contact physique est vraiment constant dès que nous sommes l'un avec l'autre. Impossible de nous dessouder. Je ris en l'entendant réclamer la présence de choux à la crème au buffet. « Cela va sans dire. » Je suppose que Daniel sera à table avec nous malgré la présence de la baby-sitter. Ce qui m'inquiète, c'est que vu le lien fort qui unit la mère et son fils, la jeune femme soit capable de complètement le laisser éclipser le reste du monde. Elle qui n'est pas très à l'aise lorsqu'elle est entourée de personnes qu'elle connaît trop peu, comme c'est le cas des Beauregard qui seront bien nombreux, elle prendra sûrement Daniel comme une échappatoire. « Il a la gourmandise de son père, c'est sûr. » Le garçon perd son équilibre suite au baiser de sa mère et s'étable sur mon torse en riant. A croire qu'il rit toujours. Il est adorable. Nous avons tellement de chance. J'ai droit à quelques baisers moi-aussi. Légèrement teintés de cette envie frustrée qui bout quelque part tout au fond de moi. Des baisers un brin langoureux qui laissent deviner que le désir n'est pas passé, et cela sera sûrement le cas jusqu'à ce que nous puissions être seuls. « Et nous t'aimons. » je lui réponds avec un sourire tendre. Je prends les grosses joues de Daniel entre deux doigts et appuie dessus pour faire bouger ses lèvres. « Oui, je t'aime maman ! » Je ris de mes propres bêtises, et le bébé qui n'en comprend que la moitié aussi. Il enfouit son visage contre mon torse en s’esclaffant. « Tu n'es pas pressée de l'entendre parler ? » je demande à Joanne. Dire papa, maman, oui ou non, réclamer son doudou. Des petits mots de deux syllabes identiques et basiques mais qui nous permettront déjà de commencer à vraiment parler avec lui. Puis nous enrichirons son vocabulaire jour après jour. « Quoi que ce petit garçon est déjà bien communicatif. Un poste à la radio t'intéresserait Daniel ? » Je replie mes jambes et redresse le petit de manière à l'adosser à mes cuisses et le maintenir ainsi assis. Je prends le hochet qui se trouve par terre, l'essuie un peu et m'en sert à la façon d'un micro à main. « Dites-moi, bébé Keynes, comment est la vie d'un bout de chou d'une pomme et demie ? » Il me regarde, dubitatif, puis regarde sa mère, l'air de demander quelle bêtise est encore en train de faire papa. Puis il lance quelques voyelles en secouant les bras. Dormir, manger, jouer, dormir encore, en somme. J'acquiesce en faisant mine de comprendre et plussoie ; « Dur. » La bouche de Daniel forme un petit o qui s'agrandit pour le laisser émettre un bon gros bâillement. Quelque chose me dit que d'ici peu de temps, le petit réclamera son lit. « C'est l'heure de la sieste qui approche, hein ? »
I believe in the lost possibilities you can see. And I believe that the darkness reminds us where light can be. I know that your heart is still beating, beating darling. I believe that you fell so you can land next to me. ‘Cause I have been where you are before. And I have felt the pain of losing who you are. And I have died so many times, but I am still alive
Il y aurait certainement bien plus d'enfants qu'elle ne pouvait l'imaginer. Elle ne connaissait pas toute la famille du côté de Jamie, encore moins ceux qui avaient des enfants, mais elle savait que de son côté, Daniel serait le seul jeune représentant. Tant mieux, se disait-elle, si durant leur mariage, ils pouvaient entendre les rires et les jeux du groupe des petits. L'esprit familial sera alors prévalent, encore en sachant que leur mariage se déroulerait dans un lieu qui leur appartenait. Jamie avait besoin d'être rassuré à ce sujet, qu'elle n'en attendait pas plus de leur mariage. Le sourire serein, elle secoua négativement la tête. "Non." dit-elle doucement. "Nous avons toujours voulu un mariage qui nous ressemble. Alors quoi de mieux qu'un lieu qui est à nous et qui aspire à la joie de vivre ?" Joanne le regarda avec tendresse. "Pour être honnête, tous les autres lieux que tu aurais suggéré m'auraient plus, à n'en pas douter. Mais peut-être que je ne m'y serai pas sentie aussi à l'aise qu'ici." Elle aurait émerveillée par ce qu'il aurait été prêt à faire. Elle le sera bien plus lorsque leur jardin sera embellie de mille lumières et de chaleur. La jeune femme n'avait pas d'exigences particulières, elle ne voyait pas en elle des rêves gamins se réaliser le jour de son mariage. Il fallait dire qu'elle était très loin d'être exigeante, et elle n'osera jamais certainement trop en demander à son futur époux. Elle appréhendait néanmoins sa rencontre avec Madison. La fameuse princesse qu'il mentionnait souvent, et elle n'avait pas de visage à coller sur ce prénom. Elle ne la détestait pas non, mais la complicité qu'il pouvait y avoir entre Jamie et elle l'effrayait un peu. Que même si Jamie ne remettrait jamais en question sa place d'épouse, il y ait ce plus entre lui et Madison qui la rongerait tout de même. Non, ce n'était pas facile de voir Jamie si proche d'autres femmes, de savoir qu'il ait autant d'affection pour elles. La belle blonde acquiesça d'un signe de tête, préférant se concentrer sur les caresses qu'elle faisait à son fiancé. Il fallait bien qu'elle fasse sa connaissance un jour, peut-être que cela permettra d'efface ses à priori. Ce dont Joanne n'avait pas encore conscience, c'était que les proches de Jamie allaient être largement majoritaires à leur mariage, même s'ils veulent que ce soit en comité réduit. La famille de Joanne n'était déjà pas bien grande. Elle doutait sérieusement que Reever viendra à son mariage. Il n'était pas venu au premier, alors pourquoi s'intéresserait-il au deuxième ? Elle n'allait pas non plus invité des cousins qu'elle connaissait à peine et avec qui elle n'avait établi aucune véritable relation. Sophia n'était plus là. La liste des invités de son côté allait être particulièrement maigre. Elle s'était certes rapprochée de quelques proches de Jamie, notamment Gaby et Ezra. Mais pour les autres, ils restaient toujours de parfaits inconnus, elle ne savait rien d'eux. Joanne le réalisera certainement lorsqu'ils feront les cartons d'invitation, et son malaise sortira forcément de là. Déjà qu'il ne sera pas très facile d'accepter que toute l'attention soit portée sur elle et Jamie. Elle se réfugiera très certainement avec sa famille proche, ou avec Daniel dans les bras. Mais tout ceci ne lui avait pas encore effleuré l'esprit, et c'était tant mieux. La jeune femme embrassa ses deux amours. Comme il fallait s'y attendre, son fiancé avait hâte que leur petit se mette à parler. "J'ai hâte de tout, avec lui." dit-elle doucement. "Qu'il parle, qu'il marche, qu'il commence à dessiner, à jouer avec les chiens, qu'il apprenne à manger comme un grand. Rien que là, c'est un bonheur de le voir grandir et s'épanouir comme il le fait déjà." Car l'évolution n'avait pas été des moindres, depuis sa naissance, et ça allait continuait ainsi. "Tu veux déjà l'influencer pour qu'il finisse à l'ABC, c'est ça ?" dit-elle en riant. Elle espérait que Daniel trouve sa voie, sa passion, comme ses parents avaient réussi à le faire. Joanne ne deviendrait un frein que s'il empruntait une voie dangereuse. Cela faisait partie de son rôle de maman. Le bébé commençait d'ailleurs à fatiguer. Même lorsqu'il baillait, il était adorable. "C'est Papa qui va t'emmener au lit, qu'en dis-tu ?" Jamie n'avait pas beaucoup d'occasion pour le border et le regarder s'endormir. "Promis, je ne bougerai pas d'un pouce." dit-elle tout bas à son fiancé, en l'embrassant amoureusement. Qu'il était frustrant d'être prise de bouffée de chaleur, animée par cette flamme dès qu'elle avait un contact physique avec lui. Il y avait ces tenues vestimentaires qu'il savait qui faisait un certain effet à sa belle, mais en réalité, il lui faisait de l'effet à nouveau. Jamie finit par se lever dans le but d'emmener Daniel au lit. Pendant ce temps, la jeune femme s'allongea dans l'herbe, appréciant le bruit de la nature. Ses yeux étaient fermés. Oui, c'était bien l'endroit rêvé pour se marier.