Quelque chose me dit que de l’enfance aux trente ans, en passant par l’adolescence et les premières années de l’âge adulte, Joanne a bien peu changé de caractère. Je pense qu’elle a toujours été cette rêveuse fleur bleue, cette demoiselle réservée et timide qui ne souhaite pas attirer l’attention. Celle qui se contente d’une poignée d’amis proches, d’une fête en petit comité. Lorsqu’elle évoque Sophia, son regard se fait tout de suite bien plus triste -et le mien aussi en la voyant ainsi. Son départ a laissé un trop grand vide dans la vie de ma fiancée, et je ne sais pas si quelqu’un sera en mesure de le combler un jour. Prendre la place de la belle rouquine ne sera pas une tâche aisée, voir impossible. Elles étaient comme des soeurs, cela ne s’oublie jamais. Il est toujours difficile de croire qu’elle s’est simplement envolée du jour au lendemain. Pour Joanne, c’est véritablement un deuil de leur amitié qu’elle doit faire, et c’est une lourde tâche pour une jeune femme aussi sensible. Oui, Sophia manque beaucoup. “Je sais bien.” je murmure en caressant tendrement le dos de ma belle. Elle s’efforce de sourire, mais je sais bien qu’évoquer son amie lui laissera toujours un goût amer tant qu’elle n’aura pas tourné la page à ce sujet -et peut-être ne le fera-t-elle jamais. Alors elle propose de trinquer à nous, et tout ce qui nous rend si chanceux et heureux, toute la richesse que nous avons sous ce toit. “A tout ça alors.” dis-je avant de prendre une gorgée de vin. Mon libre entoure le petit corps de Joanne et ma main posée sur sa hanche la caresse de temps en temps machinalement. Je vois bien que ma réponse concernant mes vacances ne lui convient absolument pas et la déçoit même. J’avoue que je ne sais pas vraiment quoi faire. Il est assez compliqué d’expliquer à la chaîne qu’ils devront faire des rediffusions d’une émission qui a moins d’un an ou mettre quelqu’un d’autre aux manettes pendant quelques jours… encore. “Ce n’est pas que je ne veux pas, mais je…” Je n’y suis franchement pas habitué, je ne crois même pas savoir à qui je dois m’adresser pour ce genre de demandes, et j’avoue que cela m’angoisse un peu de complètement décrocher du travail pendant toute une semaine. Même en repos forcé, je m’inquiétais de savoir comment les choses allaient sans moi. Je ne suis plus seul à gérer toute l’équipe désormais, mais tout de même… C’est une sensation bizarre. Comme si on me demandait de mettre une partie de moi au placard. Mais je sais qu’il le faudra désormais, et j’y prendrai sûrement goût. Après tout, j’ai une famille que j’aimerais bien voir un peu plus que le temps d’un week-end. “Je ne sais pas quand est-ce que tu aimerais que je les prenne.” dis-je finalement avec un petit sourire, espérant qu’elle verra au moins l’effort. Néanmoins, je doute que cela lui convienne plus. Ca ne devrait pas être un effort de demander des vacances après tout. Daniel aura sa maman pour lui seul pendant encore un moment. De quoi alimenter un futur complexe d’Oedipe en béton. “J’ai acheté toute une immense maison loin de tout afin de ne t’avoir que pour moi pendant les week-ends, et je ne suis pas assez possessif ?” je demande avec un sourcil arqué. Pourtant, je ne crois pas pouvoir faire mieux, moi le ravisseur de cette belle pièce de musée que tout l’établissement me reproche d’avoir subtilisé et enfermée dans une cage dorée. Plus si dorée que ça. Pris d’un peu de nostalgie, je repense à ce soir particulier dans ce bar où Joanne et moi avions bu beaucoup trop de shots vodka caramel. Le matin suivant n’avait pas été glorieux. Et surtout trop solitaire. Je ris doucement en me remémorant que j’avais effectivement débouté la jeune femme ce soir-là, encore assez éveillé pour lui dire non. “C’est vrai. Et pour conduire aussi.” Ce qui était sûrement la pire idée que je pusse avoir. Mais qu’importe, nous y avons survécu. Ma fiancée en vient à se demander sous quel autre prétexte je pourrais refuser de coucher avec elle, ce qui me surprend beaucoup. Ca, c’est le genre de sujet de conversation qui ne termine jamais bien. Il va falloir limiter les dégâts. “Je n’en sais rien, je n’ai pas eu l’occasion d’expérimenter d’autres raisons valables.” je réponds dans un premier temps avec un léger haussement d’épaules. Ce qui est vrai, en soi. J’y réfléchis un peu, mais pas grand chose ne me vient à l’esprit. “Je refuserai si je pense que tu couches avec moi en t’y sentant obligée.” Pour ne satisfaire que moi, parce qu’elle me sait impatient, parce qu’elle ne veut pas que je lui reproche de ne pas avoir envie. Ou toute autre excuse made in Joanne. “Ou si un autre homme t’as touchée entre temps.” j’ajoute, même si cela me semble évident. Je termine mon verre de vin, rebuté à cette seule pensée. “Je ne pense pas que je le supporterai.” Il suffit de voir quel traitement a été réservé à James qui s’est contenté de l’embrasser. Il ne faudrait pas qu’un homme se permettant plus que cela avec elle me tombe sous la main. Ni Joanne elle-même d’ailleurs.
I believe in the lost possibilities you can see. And I believe that the darkness reminds us where light can be. I know that your heart is still beating, beating darling. I believe that you fell so you can land next to me. ‘Cause I have been where you are before. And I have felt the pain of losing who you are. And I have died so many times, but I am still alive
Oui, Sophia lui manquait beaucoup. Le genre de départ qui laisse aux plus proches des plaies éternellement béantes et un sentiment de vide difficilement oubliable. Pas évident non de trouver quelqu'un qui puisse remplir ce trou, et ce rôle, surtout lorsque l'on connaît Joanne et que l'on sait à quel point elle avait du mal à faire confiance et à parler de ses problèmes. Elle avait une telle peur du jugement et des reproches qu'elle avait préféré depuis se renfermer sur elle-même et garder bon nombre de ses idées et sentiments pour elle. Ce qui ne présageait rien de bon le jour où elle explosera sous ce poinds devenant insupportable pour ses frêles épaules. A se demander comment elle parvenait à rester saine d'esprit, aussi, avec tous ces tracas qui la hantaient en permanence. Elle devina le regard triste de Jamie sur elle, il devait s'en vouloir de ne pas pouvoir en faire plus pour l'aider, trouver quelqu'un qui puisse lui correspondre. Le soucis était que Joanne ne se sentirait jamais véritablement à l'aise avec cette personne si elle faisait sa connaissance par le biais de son fiancé. Elle resterait un ou une amie de Jamie avant tout, et cela la rebuterait énormément, craignant que cette personne ne vienne lui rapporter quoi que ce soit. Oui, la confiance posait énormément problème la concernant. Il fallait savoir palier avec sa pseudo paranoïa et trouver comment apaiser ses crises de panique en quelques mots. Sophia avait tous les outils nécessaires, mais elle se trouvait désormais à l'autre bout du monde. Jamie lui caressait tendrement le dos, il savait parfaitement que Joanne ne se confiait plus à personne et que son cercle d'amis s'était largement amoindri depuis. Elle préférait tenter de passer à autre chose, bien qu'elle était à deux doigts de parler rien qu'en pensant à son nom. Autant trinquer pour ce qui la rendait heureuse. La jeune femme espérait que Jamie puisse - et veuille- bien se libérer pour prendre des vacances. De vraies vacances, rien d'imposé. Mais celui lui semblait être difficile, et bien sûr, Joanne se sentait bien bête d'avoir posé une telle question. Il gardait certainement leur soucis d'argent en tête. Joanne avait alors l'intuition que même quitter le travail à l'heure sera difficile pour lui. Etre si passionné avait parfois des mauvais côtés, et Joanne connaissait celui-là depuis le tout début. Il ne parvenait même pas à finir sa phrase. Il tentait de se rattraper par une phrase qui était à ses yeux quelque chose pour se rattraper. Joanne s'efforça de sourire, en répétant une phrase qu'elle disait peut-être un peu trop souvent. "Ce n'est pas grave, laisse tomber." Elle haussa les épaules. "On verra ça plus tard." Dans plusieurs mois, certainement, sinon plus. Elle espérait au moins qu'il pense à leur voyage de noces. Elle en vint à poser une question peu commune, qui ne manqua pas de surprendre le bel Anglais. "Je ne me suis jamais sentie obligée." lui dit-elle alors. Bien qu'ils avaient un rythme plus que soutenu concernant leurs ébats. "La seule fois où je te l'ai refusé, j'étais épuisée parce que mon corps préférait consacrer toute son énergie pour faire vivre ce petit homme parfait qui a désormais quatre mois." dit-elle avec un large sourire. "Ce qui me semble plus que légitime." Mais sinon, elle ne le lui avait jamais refusé. De toute manière, elle avait énormément de mal à lui dire non. La preuve, elle avait quand même cédé concernant Madison. Et l'autre raison qui lui vint à l'esprit était si un autre homme venait à toucher Joanne. Il disait ne pas vouloir le supporter. "J'espère que tu ne le ressentiras jamais, parce que c'est horrible." lui répondit-elle, en connaissance de cause. "Que l'on soit séparés ou non." Joanne finit son verre de vin et tendit le bras pour récupérer la bouteille de la table pour se reservir. "Que ce soit par vengeance, par plaisir, pour la découverte de l'inconnu, ou pour tenter d'oublier la personne qui a blessé jusqu'à l'essence même de l'âme, les traces restent bien ancrées, malgré tout." C'était un mal, quelque chose d'insupportable qu'elle méritait certainement après tout ce qu'elle avait fait, mais le temps et les ébats ne faisaient pas tout partir. Joanne avait encore l'impression de voir leurs mains sur lui. Sa voix restait étonnament calme, malgré tout. Elle le regardait dans les yeux lorsqu'elle parlait. Ce qui était assez inhabituel et surprenant lorsque l'on connaissait bien Joanne. Elle qui n'aimait pas se confier pour les sujets épineux qu'elle aurait tendance à fuir. Il y avait certainement une part de masochisme là-dedans. Qu'elle mériterait pire que ce qu'il lui avait déjà fait endurer les derniers mois de sa grossesse. Joanne finit par baisser les yeux, et boire une bonne gorgée de vin pour tenter d'avaler tout ça. Ca, comme beaucoup d'autres choses, restaient enfouis en elle. Mais elle se disait que Jamie se lasserait certainement qu'elle se répète et que certains problèmes ne soient toujours pas résolus. Dans sa tête, Joanne avait merdé sur toute la ligne, et même au-delà, et une part de son châtiment était de faire travailler et évoluer ces funestes pensées qu'elle partageait bien trop peu.
« Comme tu veux. » je réponds au sujet d'éventuelles vacances, blasé, en haussant les épaules. Si montrer que je suis prêt à en parler, voir avec elle à quel moment il serait le plus opportun de demander une semaine de congés, si être de bonne foi ne suffit pas, alors je ne sais pas ce qu'il lui faut. Qu'elle se borne à s'écraser, et qu'elle ne vienne pas me le reprocher plus tard. Tant pis pour elle. Alors que je tente de changer de sujet pour quelque chose de plus plaisant, Joanne parvient à engager une autre conversation pour laquelle j'ai un mauvais pressentiment dès le départ. Avec raison. « C'est légitime » je réponds en lui rendant son sourire dans un premier temps. Je ne peux pas l'imaginer, mais je conçois bien que porter un enfant demande énormément d'énergie, surtout pour Joanne, et que cela est prioritaire sur tout le reste. « Et je préfères que tu refuses plutôt que de le faire juste pour me faire plaisir. » Encore aujourd'hui, je me doute que prendre soin d'un bébé, des chiens, d'un fiancé et tenir la maison peut être parfois fatiguant, et à ce moment-là aussi je comprendrais qu'elle me demande de reporter nos ébats à plus tard. Encore faut-il qu'elle l'ose, et ça, c'est une autre affaire. Quoi qu'elle l'a bien fait une fois, elle peut bien le refaire si nécessaire. Sans arrière pensée, j'ajoute que je pourris en effet refuser de lui faire l'amour si je sais qu'un autre homme est passé avant moi. Que Joanne puisse me tromper est impensable à mes yeux, autant que cela serait impardonnable. Je pense que j'en deviendrais fou. De rage, de peine. Je ne pourrais pas me contrôler. Rien que d'y penser me fait bouillir. J'en souffrirai bien trop. Mais quel idiot j'ai été d'évoquer ce point sans penser que la jeune femme ne manquerait pas l'occasion d'enfoncer le clou en revenant sur un sujet que je pensais clos. Hannah et Nyx. Mon regard est sévère, et franchement désabusé. « Pourquoi il faut que tu remettes ça sur le tapis ? » je demande, agacé. Vraiment, je ne la comprends pas. Est-ce qu'elle ne peut pas admettre que c'est simplement arrivé, que c'était légitime, et qu'ainsi va la vie ? Ces histoires ont plusieurs mois maintenant. Nous avons notre fils, nous planifions notre mariage. Mais non, ce n'est toujours pas assez pour qu'elle passe l'éponge. « Pourquoi est-ce qu'on parle de ce genre de choses d'ailleurs ? Quelle idée. » Elle va finir par réussir à me couper l'appétit. J'ai besoin de bouger, utiliser de n'importe quelle manière l'énergie produite par l'agacement. Je demande à Joanne de quitter mes jambes et m'excuse auprès d'elle lorsque je me lève pour faire quelques pas dans le salon, la laissant là avec mon verre de vin. Mes jambes me mènent jusqu'à la cuisine. La pizza est dans le four éteint. Tout ce que je trouve à faire pour m'occuper, c'est de l'allumer et de mettre le minuteur. Ce qui est bien loin de suffire. Non, j'en ai assez. Assez de me sentir coupable pour avoir fait quelque chose de légitime. J'ai eu des aventures après m'être fait jeter de la pire manière qui soit, c'est ainsi, c'est passé. Cela fait des mois que je m'efforce de le faire oublier à Joanne alors qu'elle ne peut s'en prendre qu'à elle-même. Mais à chaque fois qu'elle l'évoque, plus ou moins subtilement, j'ai l'impression que son regard me demande pourquoi j'ai fait ce que j'ai fait, qu'il me juge et me traite de monstre sans coeur. Alors quoi, j'aurais dû gentiment l'attendre dans un coin avec mon coeur brisé entre les mains jusqu'à ce qu'elle se rende compte de sa bêtise ? Être à jamais malheureux parce qu'elle m'a planté en prenant notre fils sous le bras ? Combien de temps est-ce qu'elle compte encore ressasser tout ça et m'adresser ce regard à chaque fois ? Je soupire, je ne tiens pas en place. Le seul moyen de me débarrasser de cette boule au ventre serait d'aller faire un jogging pendant une heure. Je finis par jeter le torchon que le torture à l'autre bout de la cuisine pour me décharger un peu et emprunte la porte-fenêtre pour sortir dans le jardin. « Tournes la page, Joanne. Tu vas finir par nous faire du mal. » dis-je avant de quitter la pièce. Je l'ai fait, malgré toutes les blessures infligées, pourquoi pas elle ?
I believe in the lost possibilities you can see. And I believe that the darkness reminds us where light can be. I know that your heart is still beating, beating darling. I believe that you fell so you can land next to me. ‘Cause I have been where you are before. And I have felt the pain of losing who you are. And I have died so many times, but I am still alive
Oui, on pouvait se demander pourquoi Joanne s'acharnait tant sur elle-même. Pourquoi elle faisait partie de ces personnes qui n'arrivaient pas à passer outre et se satisfaire de tout ce qu'elle avait. De l'eau avait couler sous les ponts, mais chez elle, il y avait toujours ce barrage sur lequel s'écrasait un violent torrent de pensées qui ne faisait que l'abattre un peu plus chaque jour. Elle savait que c'était quelque chose qui agaçait beaucoup Jamie, qu'elle comptait bien changer pour lui. Mais ce n'était pas contre le bel homme, tous ces remords. C'était une colère, voire même une haine tournée contre elle-même. Joanne se haïssait d'être ainsi et de ne pas parvenir à échapper. Ce n'était qu'une preuve supplémentaire de son manque de force et de sa lâcheté, à ses yeux. Le ton de Jamie devint beaucoup plus grave, l'air sévère. Elle ne répondit pas à ses questions. A vrai dire, aucun mot ne parvenait à sortir de sa bouche une fois qu'elle s'était rendue compte que quoi qu'elle dirait à ce sujet, ça finirait par dégénérer, une nouvelle fois. Oui, c'était bien elle qui ruinait tout à chaque fois. Jamie lui demanda tout de même poliment de s'enlever afin que lui puisse se lever. Debout, sans trop quoi savoir faire de ses quatre membres, Joanne restait muette. Ses yeux regardaient dans le vide et elle ne se contenter de se laisser noyer par l'ambiance plombante qu'elle venait d'imposer. Elle qui pensait pouvoir tout lui dire et se confier à lui, voilà qu'elle se prenait une belle claque à cause de ses redondances. Ne plus avoir de confident ne l'aidait vraiment pas, bien au contraire. Jamie restait la personne la plus proche à ses yeux, mais les discussions restaient délicates parce qu'il restait concerné par ce qui pouvait la travailler, et il s'énervait ou s'exaspérait dès qu'il constate qui rien n'a changé sous cette petit blonde. Pourtant, il était bien le premier à vouloir savoir tout ce qui pouvait se passer là-dessous. Avant qu'il ne sorte prenne l'air, Jamie l'invita à passer à autre chose. A tourner la page, comme il disait. Plus facile à dire qu'à faire. Joanne baissa les yeux, jetant un bref regard à Daniel qui avait fini par s'endormir. Cette journée l'avait épuisé. La jeune femme ne savait plus s'il fallait aller dehors pour tenter de s'expliquer un peu, mais craignait ne s'enfoncer davantage. Peut-être que chacun devrait rester un peu seul avec ses pensées. Elle n'en savait rien. Elle restait quelques minutes, à se demander ce qui serait le moins pire à faire, mais aucune réponse évidente ne lui vint en tête. Elle finit par se rendre à l'extérieur, à la limite de la porte-fenêtre, Jamie lui faisait. Ce déplacement avait été machinal, elle ne savait pas ce qu'elle avait faire. Elle avait l'impression que son coeur était comme dans un étau. "Ce n'est pas contre toi, ni contre nous. Ca ne l'a jamais été. Je te l'ai déjà dit, il n'y a jamais rien eu à pardonner." Pas même l'enlèvement de Daniel, par extension. Elle ne lui en voulait absolument. "Mais qui a dit que je me pardonnais moi ?" Joanne était tellement en colère contre elle-même. "Comment pardonner un être que l'on hait par dessus tout ?" Jamie devait certainement comprendre, parce que lui ne se pardonnera jamais leur situation actuelle, très certainement. "Peut-être que tu estimes que j'en ai assez bavé, je ne sais pas. A mes yeux, ce n'est pas assez. Ce n'est pas assez pour compenser un tant soit peu tout ce que j'ai fait. Je ne me pardonnerai jamais nos séparations, ou nos querelles, ou même la fausse-couche, ou l'avortement." Joanne s'était un peu perdue dans son énumération, prise par une vive émotion, même si tous ses propos restaient profondément vrais.[color=#006699] "Et la seule chose qui me vient en tête pour tenter un peu de compenser en me rendat la pareille, c'est de ressasser tout ce qui fait vraiment mal."[/colro] Et dieu sait à quel point cela devenait de plus en plus douloureux avec le temps. Sa voix tremblait, elle était au bord des larmes, mais ne pleurait pas. "Je t'ai dit que je voulais changer, et arrêter de... penser comme ça." Ou du moins, atténuer ce tourbillon d'idées dans sa tête pour ne les résumer qu'aux quelques pensées du moment. Ejecter tout ce qui la travaillait pour qu'elle se sente moins prisonnière d'elle-même. Mais elle le voulait, vraiment, cela s'entendait dans sa voix. "Il faut vraiment que je trouve... comment faire." soupira-t-elle. Question qu'elle n'arrivait pas à résoudre non plus. Et une fois de plus, elle gâchait tout. Pas une seule fois Jamie ne s'était retourné. Ce n'était pas de très bon augure à ses yeux. "La pizza est prête, si tu en veux une part. Je vais coucher Daniel, il s'est endormi." dit-elle doucement, avant de rentrer et de prendre son bébé dans les bras pour le changer et le laisser continuer sa nuit. Joanne, quant à elle, se prit un petit moment pour rester seule. La porte de leur chambre était entrouverte, elle y entrait sans même la toucher, puis s'installa sur le bord du lit, les mains sur les genoux. Elle regardait dans le vide, et, pour ne pas changer, elle pensait beaucoup trop. Elle finit par s'allonger par-dessus la couverture, se disant qu'elle n'avait pas trop d'appétit pour le moment. De toute façon, une pizza, ça se réchauffait facilement, songea-t-elle. Et puis, elle n'avait jamais véritablement faim, ou rarement. La période de sa vie où elle faisait d'incroyables efforts de ce côté-là, c'était lorsqu'elle était enceinte, pour que le foetus ait tous les nutriments dont il a besoin pour grandir, c'était tout ce qui comptait. Parce qu'elle se fichait bien d'elle-même. Elle pensait qu'elle aurait pu peut-être emmener le vin avec elle, peut-être que ça l'aurait un peu aidé à passer outre pour le reste de la soirée.
« Ressasses si tu veux, Joanne, mais ne m'entraîne pas là-dedans avec toi. » dis-je sans avoir bougé d'un pouce, et ne tenant pas particulièrement à croiser le regard triste de la jeune femme lorsqu'elle entendra ces mots. « J'en ai assez que tu me rende coupable de quelque chose dont je ne le suis pas. » Avoir couché avec d'autres femmes pendant que nous n'étions plus ensemble -et que je pensais que nous ne le serions jamais plus. Même si elle ne s'en rend pas compte, ses paroles sont des accusations à mes oreilles. « J'essaye d'aller de l'avant et d'oublier tout ça. Je fais de mon mieux pour que tu l'oublies aussi. Visiblement, ça ne sert à rien. » Parce qu'elle ressasse encore. Une partie de moi désespère à l'idée qu'elle n'arrête jamais. L'autre espère qu'elle réussira, pour son propre bien, à mettre au placard ces foutues idées noires qui ne bouffent pas qu'elle. Elles dévorent et saccagent tout sur leur passage. « Prends sur toi, Joanne. » est le seul conseil que je peux lui donner. Qu'elle passe l'éponge, lève le menton, se dise merde, et continue d'avancer. Elle finira par en mourir de toujours vivre dans une soupe d'erreurs passées. La jeune femme finit par s'esquiver et rentrer dans la maison. Daniel est toujours bien pratique pour fuir ou dévier les conversations que l'on cherche à fuir. J'entends ses petits pas dans les couloirs qui s'éloignent jusqu'à ce que le silence reprenne sa place. Je m'assois sur la dalle de la terrasse, les genoux repliés contre moi. J'écoute le vent qui fait plier l'herbe et bruisser les feuillages, la brise qui transporte jusqu'ici les derniers caquètements des animaux des environs, le vrombissement lointain des rares voitures qui empruntent la route voisine. J'essaye de vider mon esprit, ce qui est bien impossible. Joanne a autant le don de me faire sentir bien ou misérable. Plus je pense, moins je tiens en place. Plus les secondes passent, plus je suis irritable. Le vent trop froid, les insectes qui se posent sur mes bras, un rien m'énerve. Je me relève et commence à marcher aléatoirement dans le jardin. Cela ne me soulage absolument pas de cette boule qui fait pression sur mes organes et qui me fera exploser si elle continue de grandir. Arrête d'oublier tes cachets, Jay, tu vois ce que ça donne. J'ai les nerfs à vif, envie de courir, frapper, hurler, m'arracher la peau. N'importe quoi. Elle m'insupporte, à rester plongée dans les ressentiments négatifs de nos mauvaises passes et à se montrer incapable de simplement faire avec, vivre avec, comme n'importe qui. C'est la vie, c'est ainsi, les épreuves vont et viennent, elles blessent, font apprendre et ne restent que des souvenirs. Mais tout cela est derrière nous, il est temps que les plaies se referment, que les leçons soient apprises, et que l'histoire continue. Nous construisons quelque chose de beau, n'est-ce pas ? Pourquoi tout gâcher à chaque fois ? Non, la boule de nerfs ne se dénoue pas. Alors je rentre à la maison, ferme les portes, éteint le four sans plus avoir le moindre appétit ainsi que les lumières de la pièce à vivre. Je me rends dans la salle de bains pour une douche qui, j'espère, me fera du bien. Une douche juste assez chaude, malgré la tentation de lancer un jet d'eau brûlant sur mes tourments pour les carboniser. Néanmoins, je reste là un long moment. Je ferme les yeux et me concentre uniquement sur le clapotis des gouttes, leur course sur ma peau, leur chute sur mes extrémités. Les reproches que nous nous faisons n'ont pas à nous gâcher la vie. Rien ne sert de pleurer sur son sort, il faut trouver des solutions. Joanne doit trouver des solutions. Tout comme je dois réparer les erreurs qui nous ont mis dans cette situation. C'est un mal être que je garde pour moi, parce que personne d'autre n'a à en pâtir. Je pourrais dire tout cela à la jeune femme. Je le pourrais, si cela ne ferait pas qu'empirer les choses. Il n'y a jamais rien à dire, rien à faire. Je devrais arrêter de m'en soucier, cela me bouffe de l'intérieur. Et j'ai assez à faire avec mes propres maux. Même si cela est difficile à admettre pour deux personnes dans une relation aussi fusionnelle que la nôtre, nous ne pouvons pas tout nous dire. Je sors de la douche après avoir fait le tour de la question, il me semble. Je garderai tout cela pour moi, et laisserai Joanne à ses propres pensées, ses propres conclusions. Séché, je me rends dans notre chambre avec la serviette nouée sur mes hanches ; mes affaires sont toutes là-bas, je l'avais oublié. Je trouve ma fiancée allongée sur le lit. « La température était normale. » je lui assure à propos de cette douche qui s'éternisait avant qu'elle ne s'inquiète de mon état d'esprit. Je suis toujours énervé, mais pour le moment, mes nerfs tiennent bon. Je m'assois sur le bord du lit à mon tour, puis m'allonge à côté de Joanne sur la couverture. Après un moment de silence, sans trop savoir quoi faire, je finis par simplement prendre sa main la plus proche de moi, déposer un baiser dessus, et la serrer contre mon torse.
I believe in the lost possibilities you can see. And I believe that the darkness reminds us where light can be. I know that your heart is still beating, beating darling. I believe that you fell so you can land next to me. ‘Cause I have been where you are before. And I have felt the pain of losing who you are. And I have died so many times, but I am still alive
Prendre sur elle. Tourner la page. Des phrases tellement courtes et simples que l'on pourrait croire que c'était facile à appliquer. Mais Joanne ne faisait que ça, prendre sur elle. Sinon, elle serait devenue folle, elle aurait sombré dans une dépression au point de laisser exploser le peu de bon sens qui lui restait. Tout comme la mère de Jamie, elle serait juste bonne à être internée et oubliée. C'était finalement des mots qui lui faisaient très mal. Elle comprenait qu'il veuille se protéger en voulant qu'elle le laisse en dehors de ses idées noires, mais cela signifiait aussi la laisser toute seule, dans le fond. Chacun pour soi, et on voit ce que ça donne; leur manière de fonctionner se résumerait-il à cela ? Alors qu'ils étaient au plus proches l'un de l'autre, les voilà qu'ils s'éloignaient de plus en plus. Que restait-il véritablement de leur grand amour, s'ils étaient dans l'incapacité de pouvoir partager ce qui les tracassait ? Joanne en avait des haut-le-coeur, des douleurs thoraciques qu'aucun traitement ne saura soulager. Et il fallait prendre tout ça sur soi. Joanne se répétait cette phrase depuis qu'elle était allongée sur le lit. Comme si elle espérait trouver la clé à tous ses problèmes au travers de ces quelques mots. Comme si la lumière s'y trouvait, ce qui était certainement le cas. Où était cette fichue solution ? Joanne se demandait comment les personnes normales arrivaient à surmonter tout ça, et à continuer à vivre et se satisfaire de ce qu'ils ont. De loin, cela semblait être très simple. Alors pourquoi tout se compliquait-il lorsque ça se présentait à elle ? L'air était tellement, elle savait que Jamie était en colère contre elle, et son incapacité à avancer comme il se doit. Elle le savait, c'est tout. Elle entendit alors l'eau de la douche s'activer. La belle blonde fut prise par un vif mouvement de panique, mais son corps et ses membres étaient tellement lourds qu'elle n'arrivait plus à bouger. Elle se demandait à quelle température il avait mis l'eau, quel serait l'état de sa peau en sortant de cette fichue salle de bains, si elle devait le stopper avant que ce ne soit trop tard. Ils avaient chacun leur moyen propre de se mutiler sous la douche. Lui, le chaud, elle, le froid. Quoi que cela remontait à de nombreux mois, que Jamie ne l'avait pas retrouvé sous de l'eau glaciale. Elle avait peur qu'il la rejette en voulant l'arrêter, qu'il soit encore plus en colère contre elle. Alors peut-être fallait-il le laisser tranquille. Mais le temps à entendre l'eau couler lui semblait être une éternité. Et s'il faisait quelque chose de mal, d'irréversible ? Bien avant qu'elle ne trouve la force pour faire quoi que ce soit, Jamie finit par sortir de la salle de bains et venir dans la chambre, certainement pour récupérer ses affaires. Il n'y avait pas de raison qu'il vienne lui parler, il lui avait tout dit avant, à l'extérieur. Cependant, Jamie lui assura tout de même qu'il n'avait pas pris une douche trop chaude. Le silence s'imposa à nouveau sans problème. La jeune femme le sentit s'asseoir puis s'allonger sur le lit. Elle, elle était toujours sur le côté, en dehors. Par soulagement de savoir qu'il ne s'était pas mutilé, les larmes qui se retenaient depuis un long moment finirent par couler. Elle se demandait si c'était à elle de songer alors à cette pratique ou non, ne sachant pas pourquoi elle s'était mise à songer à cela. Joanne pensait que son fiancé voudrait dormir, ne pas lui parler avant le lendemain. C'est pourquoi elle sursauta lorsqu'il lui prit la main, pour la rapprocher de lui. Cela fit pivoter le corps de la jeune femme, qui finit également allongée sur le dos, se laissant faire comme une poupée de chiffon. Elle restait et restera sa poupée à lui. Contre toute attente, il embrassa ses doigts, et la serra tout contre son torse dénudé. Elle ne comprenait pas vraiment. Elle ne savait pas ce qu'elle pouvait faire ou ne pas faire, parce qu'elle voyait qu'il était encore bien contrarié. Il ne voudrait pas voir ses larmes couler, même si elles s'étaient déversées une fois qu'elle ait été rassurée. Il ne voudrait pas voir son visage triste, cela ne ferait que l'énerver à nouveau. Alors quoi ? Elle rêvait tellement de venir se coller à lui, de savoir qu'il l'aimait encore malgré tout, qu'il voulait toujours l'épouser. Il n'aimait pas que l'on se sente désolé, que l'on demande pardon. Tentant le tout pour le tout, elle finit par se rapprocher de lui, et poser sa tête contre son torse. L'avantage, c'est qu'il ne pouvait pas voir son visage. Quant à elle, elle entendait avec l'oreille collé contre sa cage thoracique son rythme cardiaque rapide. Quelque part, elle savait que ce n'était pas l'envie, ou une quelconque émotion positive. Non, son coeur battait parce qu'il était toujours énervé contre elle, contre ses vices. Joanne aurait tellement voulu que tous ses tracas puissent s'oublient en un rien de temps.
Si seulement je pouvais ouvrir sa petite tête blonde pour y faire le ménage. Lui créer une grande salle des archives dans laquelle tout ranger, bien en ordre. Il y aurait un rayon pour les choses importantes, un autre pour les simples souvenirs, et au fond d'un couloir sombre, derrière une portée dérobée, les épreuves les plus difficiles. Mais pas dans un placard laissé à l'abandon où s'entassent de nombreux cartons envahis par la poussière, non. Une belle bibliothèque pour mettre en valeur chaque ouvrage, orné de belles couvertures. Il y aurait pour chaque moment passé deux livres ; celui des maux, et celui des gains. Parce que même les épreuves qui semblent n'avoir été que du sadisme gratuit de la part du destin laissent finalement place à quelque chose de bénéfique. Il suffit de chercher pour le trouver. Les erreurs et les blessures sont de belles choses lorsqu'on les accepte enfin telles quelles sont. Je sais que tout ce que j'ai pu vivre jusqu'à présent, même le pire, que ce soit la mort de mon frère, les humiliations de mes parents, mon divorce ; tout m'a poussé à devenir quelqu'un de fort, à quitter l'Angleterre, m'installer ici, et finalement, rencontrer Joanne et commencer ma vie. J'aimerais tellement que la jeune femme puisse voir les choses de cette manière. Qu'elle regarde vers le passé non pas pour se torturer, mais pour voir tout ce qu'elle a gagné et puisse apprécier encore plus sa vie actuelle. Qu'elle jette un coup d'oeil aux malheurs passés pour se rendre compte du bonheur présent. Si seulement… Mais je ne peux pas la changer. Je ne pense pas avoir ce pouvoir. Je ne peux pas ouvrir sa tête et retourner son cerveau, je ne peux pas la forcer à voir le verre à moitié plein. C'est parfois blessant, vexant, exaspérant. Comment remplir un seau percé ? Comment voir le fond de ce puits sans fin ? J'avoue que cela me semble au-dessus de mes forces. Si tout ce que j'ai pu faire jusqu'à présent, si les cadeaux, les efforts, si même notre fils et notre mariage ne peuvent pas lui ouvrir les yeux, alors je ne sais pas. Je suis désarmé, et franchement déçu de moi-même. Au moins, je sais ce que Joanne ressent à chaque fois qu'elle me voit prendre ces médicaments qui eux-seuls réussissent à me tempérer. L'impuissance laisse le coeur lourd et triste. Le mien bat, semble-t-il, lentement et lourdement. A quel moment avons-nous amorcé cette descente ? Comment en sommes-nous arrivés au moment où ni elle ni moi ne sommes complètement capables d'apprécier tout ce que nous avons à force de nous empoisonner l'un et l'autre ? Est-ce qu'il existe un moyen d'aller mieux, ou est-ce que nous sommes simplement faits pour continuer de glisser vers le fond main dans la main ? Je déteste ces pensées pessimistes. Je préfère songer aux bonnes choses. Ma fiancée s'est finalement tournée pour se blottir contre moi. Je serre toujours sa main dans la mienne, tout contre moi. Ma main libre s'est posée sur sa tête et caresse tendrement ses cheveux. « Tu te souviens du moment où tu t'es occupée de moi dans la petite infirmerie du poste de police ? » je demande en visualisant parfaitement la scène. Je ne comprenais pas comment Joanne pouvait s'obstiner à prendre soin de ce type si désagréable avec elle. « J'avais bien du mal à quitter tes jolis yeux du regard. Tu avais l'air d'un ange, alors j'avais l'impression que tout ce qu'il y a de bon dans l'humanité pouvait me voir et me juger à travers ces yeux, et tout ce que je voulais, vraiment, c'était y trouver de l'espoir pour moi. Voir que je n'étais pas une cause perdue. Sur le moment, c'était comme si toute la suite en dépendait. Soit je me relevais, soit j'allais rester aussi misérable pour toujours. J'étais vraiment perdu, et je ne te connaissais pas, mais pendant ce court moment, tu étais déjà tout ça. Ca n'a jamais vraiment changé avec le temps. Il n'y a que la manière dont tu me regardes qui importe, et celle de notre fils aussi maintenant. C'est ça qui me rend heureux. » Je lui fais redresser son joli visage délicatement, juste assez pour trouver ces iris bleus que j'aime tant -et qui sont rougis par je ne sais quel chagrin. « Je t'aime. C'est tout ce qui compte. Pourquoi est-ce que ça ne peut pas simplement se résumer à ça ? »
I believe in the lost possibilities you can see. And I believe that the darkness reminds us where light can be. I know that your heart is still beating, beating darling. I believe that you fell so you can land next to me. ‘Cause I have been where you are before. And I have felt the pain of losing who you are. And I have died so many times, but I am still alive
Jamie ne lâchait absolument pas sa main. Comme s'il voulait qu'elle s'accroche, qu'elle tienne le coup jusqu'à ce qu'elle parvienne à se retrouver elle-même. Il la gardait tout contre lui. Il ne voulait pas la perdre. Ni physiquement, ni qu'elle se perde elle-même dans la déraison. Ils avaient tellement de choses prévues ensemble, tellement de rêves à réaliser encore. Il était encore temps, tout n'était peut-être pas perdu. A croire que l'univers ne voulait pas que leur histoire ne persévère. Que si le danger extérieur ne les effraie, autant qu'il devienne intérieur, où les dégâts seraient beaucoup plus considérables. Et la preuve en était là. Par cette main qu'il tenait, il reprenait très indirectement un principe fondamental de leur couple : tout ou rien. Si l'un viendrait à tomber, ce ne serait pas sans l'autre. Les méfaits de leur symbiose, de leur relation fusionnelle. Jamie se remémora alors leur toute première rencontre. Comment l'oublier. Il se mit à décrire tout ce qui lui avait traversé la tête au moment où elle tenait à panser ses blessures, lorsqu'il avait croisé son regard. C'était là pour lui que tout s'était déclenché. Et que depuis, il n'y avait que cette paire d'yeux bleus qui sortait de toute norme qui importait pour lui. Des iris que leur enfant avait aussi hérité. Avant qu'elle ne puisse répondre quoi que ce soit, son fiancé lui redressa légèrement la tête, pour pouvoir déposer son regard sur elle. Joanne se demandait elle-même pourquoi elle ne pouvait pas s'arrêter au fait qu'il était fou amoureux d'elle, et qu'il ne servait à rien de regarder au delà parce qu'il n'y avait rien de représentatif. Que ce n'était que des mauvais souvenirs, des erreurs qui ont fini de construire quelque chose de bien plus grandiose après ça. Joanne restait longuement sans voix, ne sachant pas trop quoi dire. Lui qui n'était jamais à l'aise avec les mots, voilà qu'il venait de faire toute une tirade. Il avait happé son regard afin qu'elle ne parvienne pas à s'en détacher ; chose dont il était particulièrement doué de faire. Sa main libre continuait de caresser ses mèches blondes avec délicatesse. "C'est tout ce qui compte." finit-elle par répéter d'une petite voix. Dans le fond, oui. Et ils se le rappelaient après chaque dispute, qu'il n'y avait que ça qui importait véritable. Que rien ne pourrait au delà de leur amour, malgré de multiples tentatives. "Tu y avais vraiment vu tout ça ?" Comme s'il cherchait son propre salut dans ses iris bleus, que c'était l'essence même qui lui permettait de se réveiller chaque matin. "Je savais juste que je devais prendre soin de toi." commença-t-elle timidement, après avoir dégluti difficilement sa salive. "Sur le coup, je pensais que c'était uniquement parce que je me ressentais redevable. Jusqu'à ce que je me retrouve à insister pour m'occuper de toi, même si tu étais un peu agressif. Je savais qu'à ce moment-là, c'était la seule chose qui comptait vraiment. C'était que tu ailles bien." Finalement, cette histoire d'ange fonctionnait sur les deux récits. L'une qui devait veiller, l'autre qui avait besoin de sa lumière à travers son regard. Tout prenait étrangement sens dans la tête de Joanne, surtout avec son imagination fantastique débordante. "C'était pourtant une première rencontre désastreuse." Il y eut alors une petite étincelle dans la tête de Joanne, comme un début de piste. "C'est comme ça que tu arrives à tourner la page ?" lui demanda-t-elle. Elle cherchait pendant quelques secondes ses mots, avant de reprendre. "En ne prenant uniquement ce que ça t'a apporté de bon sur le moment, et par la suite ? En... réalisant comment ça a pu changer quelque chose dans ta vie ?" Elle bégayait un petit peu, la pauvre avait alors bien du mal à trouver des phrases correctes. "Comme là, tu parlais de notre première rencontre, et tu n'as pas parlé de la bagarre ou de l'arrestation. Tu as juste parlé de quelque chose de positif." Il avait passé outre, et n'en avait fait ressortir que le meilleur. Joanne se demandait si elle pouvait faire la même chose avec son propre vécu. Forcément, il allait certainement être difficile de voir le bon pour quelques rares situations, mais peut-être que penser au reste allègerait déjà un peu plus le poids de ses idées noires.
D'un signe de tête, je le confirme ; dès le premier soir, Joanne a été mon ange. Je ne savais pas pourquoi, sur le moment, son regard était devenu si important pour moi, pourquoi je tenais absolument à ce qu'elle ne me juge pas comme une cause perdue. Alors je me justifiais, encore et encore, afin de la persuader -et de me persuader- que j'étais quelqu'un de bien, et pas seulement la misérable brute qu'elle s'évertuait à soigner. Depuis, je mets toujours tout en œuvre pour être le seul homme qui mérite qu'elle pose son regard sur lui avec amour. Je veux être quelqu'un qu'elle puisse admirer, et qui soit digne d'elle, qui mérite sa compagnie. J'aime qu'elle me regarde comme son futur époux, et le père de son fils. Qu'elle se projette avec moi dans l'avenir. C'est ce qui donne un sens à tout ceci. Oui, c'était une première rencontre désastreuse, mais si je ne m'étais concentré que sur mon comportement de ce soir-là, trop occupé à m'en vouloir et me ronger les sangs, si je ne m'étais pas donné un coup de collier pour me reprendre en main, peut-être que nous ne serions pas à aujourd'hui. Il fallait que je croise mon ange lorsque j'étais au plus bas pour enfin réussir à me relever. Joanne semble le comprendre, et ses questions me font largement sourire. C'est tout à fait ça. « Oui, j'essaye de fonctionner comme ça. Sinon je pense que j'aurais perdu la raison il y a longtemps. Imagines un peu, vu mon passif, ce que je serais aujourd'hui si je n'avais fait que ressasser encore et encore la mort d'Oliver et le comportement de mes parents. Je l'ai fait pendant des années, et ça m'empoisonnait. » D'ailleurs, cela m'arrive encore aujourd'hui. Parfois mon moral est au plus bas et ces pensées sont les seules choses qui me hantent. « J'ai eu besoin de trouver une raison à tous ces événements désastreux afin qu'ils deviennent quelque chose de vivable. » Car on ne trouve pas le positif partout. Mais tirer une bonne leçon d'une expérience suffit à l'accepter comme elle est sans plus se laisser submerger. « Alors après t'avoir rencontré, tout a semblé plus clair. Je me dis que ma vie a été construite de manière à me faire venir ici, et être avec toi. C'était le destin. » Ce qui n'est peut-être qu'une fable pour me faire sentir mieux. Et alors, si cela fonctionne ? J'ai décidé de ne plus croire au hasard, et de me dire que tout arrive pour une raison. Tout ce qui arrive est fait pour nous permettre de devenir qui nous devons être, et qu'il ne sert à rien de nager contre le courant. Une philosophie parfois difficile pour le maniaque du contrôle que je suis, et cela m'angoisse souvent, mais sans cela je n'arriverais pas à avancer. « Depuis, j'essaye d'appliquer ce mode de pensée à tout. Je ne dis pas que c'est facile. Parfois les malheurs semblent gratuits et sans aucun sens, mais en creusant, ou avec le temps, on finit toujours par trouver ce que cela nous a apporté. » Ce n'est pas toujours immédiat. Une événement peut prendre tout son sens des années plus tard, au moment où l'on se dit que s'il n'avait pas eu lieu, nous ne pourrions pas être où nous sommes ou faire face à une autre épreuve. « S'il n'y avait pas eu cette bagarre dans le bar, et même si ça a impliqué que je me retrouve avec un casier, je ne t'aurais pas rencontré. Et puis, tu as vu le pire de moi dès le début. Si tu n'avais pas eu à subir cet avortement, j'aurais sûrement campé sur ma position de ne jamais devenir père. Et payer la rançon de Daniel, même si cela implique de se ruiner, m'a permis de voir tout ce qui est vraiment important. » Si je n'avais pas levé la main sur elle, je n'aurais pas accepté de me faire aider. La liste est encore longue, et pour chaque étape ressort quelque chose qui nous a nourri. C'est pour cela que nous sortons toujours plus forts de nos disputes. « En y réfléchissant, tu trouveras peut-être du bon dans tout ce qui te tracasse, et tu arrêteras de t'en vouloir. Ou en tout cas, tu réussiras à mieux vivre avec. » Tentant le tout pour le tout, je fais basculer Joanne sur le dos et me redresse sr le flanc pour la surplomber. Je garde fermement sa main dans la mienne, et ne lâche pas son regard. Elle risque d'être bousculée et de ne pas réussir à se faire une raison, peut-être ne vais-je que rendre ses pensées plus noires, mais je reprends quand même ; « J'ai connu d'autres femmes quand nous étions séparés. Mais je suis là maintenant, avec toi. J'ai laissé Hannah sans hésiter et de la pire manière qui soit pour pouvoir être avec toi et notre fils. J'aurais pu rester avec elle, refuser de prendre le risque de nous donner encore une chance. C'est toi que j'ai choisi. C'est avec toi que je vais me marier, avoir d'autres enfants et faire ma vie. J'ai connu d'autres femmes, mais elles n'étaient pas à la hauteur, pas assez pour me faire t'oublier. Personne ne peut prendre t place. C'est toi que j'aime plus que tout. »
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Jamie acquiesça d'un signe de tête sans hésiter. Il savait déjà, en quelques regards, qu'elle allait être celle qui allait le sortir de ses tracas. Il était alors évident pour elle que ça allait dans les deux sens. Que finalement, si elle ne l'avait jamais connu, elle ne se serait jamais remise de son divorce. Et Juliet aurait très certainement apprécié de garder sa chère petite soeur éternellement sous son aile. La manière dont il lui racontait les choses la faisait rêver quelque part. Il prenait en compte lui aussi cette dimension magique. Entre les vies antérieures, cette histoire d'ange. Le genre de choses qu'elle était tout à fait capable de croire et de prouver par la suite. Joanne était cartésienne pour certains faits, un peu moins pour d'autres. Joanne l'écoutait avec beaucoup d'attention, ne voulant pas l'interrompre. Il reconnaissait que l'exercice était loin d'être facile, mais que ça permettait de rendre les choses invivables un peu plus tolérables pour la conscience. Il énumérait quelques exemples issus de leur vie de couple. Celui qui marquait plus Joanne était celui concernant l'avortement. Avant cela, Jamie était totalement réfractaire à l'idée d'avoir des enfants, de crainte que cette maladie de l'esprit ne soit encore transmise pour bien longtemps. Entre les vices de son père et l'esprit tordu de sa mère, il avait toutes ses raisons d'appréhender. Il ne voulait avoir un enfant qui serait comme lui. C'était peut-être pour cela qu'il généralisait cette idée en répétant fréquemment qu'il adorerait avoir une fille qui ne soit que le portrait craché de sa mère. Mais il fut profondément marqué par l'avortement obligatoire de la jeune femme, du fait que ça aurait pu être son enfant. Et bien que celui-ci ne verra jamais le jour et qu'il n'avait pas réalisé son existence, il avait tout l'amour de son père. Même encore à l'heure actuelle, la jeune femme en était persuadée. Et depuis, la situation s'était totalement inversée. Elle commençait déjà à cogiter un peu, à voir ce qu'elle pourrait sortir de bon de tous ces tracas. Ce n'était que le début d'une très longue réflexion, mais cela lui semblait déjà être une tâche très difficile. Parce qu'il y avait certaines situations où elle ne voyait absolument rien de bon, rien qui puisse véritablement servir de leçon. "Je vais y réfléchir." dit-elle tout bas, assez déterminée pour le coup. Jamie la bouscula un petit peu afin qu'elle se retrouve allongée, et il la surplomba en gardant en otage sa main, et cette paire d'iris bleus. Il ne s'en était pas détaché une seule seconde pendant son discours. Lorsqu'il disait avoir connu d'autres femmes durant leur séparation, qu'il aurait très bien pu rester avec Hannah. Des mots difficiles à entendre, il le savait certainement. Mais il avait préféré revenir vers elle, maintenant qu'il voulait se marier avec elle, et personne d'autres. Que s'il devait avoir d'autres enfants, ce ne serait qu'avec elle, il voulait rester avec elle jusqu'à la fin de ses jours. Touchée, la jeune femme restait longuement muette. Pour une fois, c'était elle à qui les mots manquaient. Impossible de se détacher de ses yeux verts, elle sentait que son coeur avait gonflé d'amour. Elle en avait même les larmes aux yeux. Joanne posa délicatement sa main libre sur sa joue, la caressant du bout de ses doigts. Mais aucune phrase ne lui venait en tête, rien de la sorte. Elle se surprenait à ne pas savoir quoi dire. Mais ses mots firent envoler Nyx et Hannah de sa tête. Il lui était entière dévoué, et le sera certainement toujours, même s'il serait loin d'elle. Elle exerça alors une légère pression sur sa nuque pour qu'il rapproche son visage du sien, et qu'elle puisse l'embrasser on ne peut plus amoureusement. Le seul langage qu'elle parvenait à utiliser sur le mot. Ses doigts glissaient doucement dans ses cheveux pendant qu'elle caressait chacune de ses lèvres avec tendresse. Ensuite, délicatement, elle poussa légèrement pour qu'il soit à nouveau sur le dos, et la jeune femme se mit à califourchon sur lui sans se détacher de sa bouche. Joanne restait longuement ainsi, à l'embrasser, tout en effleurant la peau de son torse et de ses bras avec ses doigts. Ceux-ci finirent par défaire la serviette qui entourait la taille de son amant. Elle commença à effectuer des caresses au niveau de sa virilité. Elle avait besoin de lui dire combien elle l'aimait.
Par moments, je suis bien incapable d'anticiper les réaction de Joanne. Dans mon discours, elle serait parfaitement capable de ne retenir que les quelques éléments capables de noircir un peu plus le tableau. Dire que j'aurais pu rester avec Hannah est risqué, et je m'attends à ce que la jeune femme s'arrête sur ces quelques mots pour relancer la dispute de plus belle. Cela n'aurait pas été étonnant. D'ailleurs, le silence qu'elle impose pendant de longues secondes est particulièrement difficile à comprendre. Mon regard demande ce qu'il se passe sous sa chevelure blonde, si je dois m'attendre au pire, ou si elle a compris ce que je tente de lui dire. Qu'il n'y a qu'elle. Qu'il n'y aura toujours qu'elle. J'ai bien du mal à cerner cette brillance, causée par quelques larmes qui bordent ses beaux yeux bleus. Est-ce que je l'ai encore blessée ? Sa main libre s'approche et se pose sur ma joue. Elle a compris. Joanne reste muette, mais je sais qu'elle a saisi la raison pour laquelle elle doit cesser de ressasser cet épisode de notre vie. Il n'a fait que mettre en évidence le fait que je ne peux pas être sans elle. Hannah en avait conscience, malgré tous ses efforts pour me faire aller mieux. Même séparés, je restais son fiancé. Même si elle me blessait, elle était celle que j'aimais. Elle n'avait pas le pouvoir de faire changer cela. Personne ne le peut. J'ai le nom de Joanne tatoué dans la chair, il a imprégné toutes mes cellules. Je suis sien corps et âme. J'approche mon visage du sien selon sa volonté et la laisse m'offrir le plus tendre des baisers pour seule réponse à mes paroles. Il n'y a pas besoin de plus que cela, je peux décrypter le message dans la caresse de ses lèvres plus que dans les mots. Je lui réponds avec autant d'amour et d'application. Sans nous détacher l'un de l'autre, la jeune femme me refait basculer sur le dos. Ses jambes de part et d'autre de mon corps la font tenir au-dessus de moi. Mes mains se saisissent de son visage afin de l'approcher un peu plus, et continuer de goûter ses lèvres. Je frissonne sous ses doigts qui frôlent avec tant de délicatesse mon épiderme. Mes bras, mes épaules, mon torse ; puis au bout d'un moment, ils glissent jusqu'à la serviette qui me recouvre pour l'ouvrir et atteindre mon intimité. Coupée une seconde, ma respiration reprend avec un long soupir. Mes baisers se font instantanément plus intenses et passionnés. J'ai l'impression que cela remonte à quelques temps la dernière fois que nous avons parlé de notre amour de manière charnelle pour clore une dispute. Ce rituel bien à nous. Les caresses de Joanne ne tardent pas à faire leur effet, attisant ce désir pour elle qui ne s'éteint jamais vraiment. Elle peut désormais intensifier le contact, effectuer quelques vas et vient qui ne manqueront pas de me faire soupirer encore une fois. Elle peut faire de mon corps un braiser comme elle le veut. J'ai déjà chaud, et mon coeur sert de soufflet sur ces braises qui brûlent ma peau. Je finis par me redresser, assis sur le lit, pour serrer Joanne tout contre moi, fébrile comme tout et déjà complètement en son pouvoir. D'une main dans son dos, je saisis la fermeture éclair de sa robe et lui fait dévaler son échine jusqu'en bas. Pendant une seconde, je m'arrache aux lèvres de ma fiancée pour faire passer le vêtement par dessus sa tête et ses bras levés. Cette fois, je peux voir cette lingerie qu'elle ne m'avait pas encore montrée. La dentelle blanche lui confère une allure encore plus angélique. Mon front sur le sien, j'observe le tissu qui la recouvre entre ses jambes ouvertes, son ventre qui se soulève et s'abaisse au rythme de sa respiration, le galbe de sa poitrine dans son écrin en dentelle. Mes doigts suivent le parcours de mon regard sur son corps, le long des courbes de sa silhouette, sur sa peau terriblement douce. Je l'embrasse tendrement, et dépose des baisers dans son cou, sur ses épaules, et toute sa poitrine. Je frôle ses cuisses, ses fesses, et glisse une main sur son intimité pour lui rendre ses caresses. Elle est si belle ainsi qu'il serait criminel de la dévêtir immédiatement.
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Ca remontait à de nombreux mois, la dernière fois qu'ils avaient couché ensemble après un froid, une dispute. Cela signait à chaque fois une nouvelle étape dans leur relation. Il fallait reconnaître que ces tensions étaient aussi désagréables qu'indispensables. Depuis le début, l'amour pour l'autre était parfois tellement difficile à exprimer que tout volait facilement en éclat jusqu'à ce qu'ils comprennent que la raison initiale et brute de leurs querelles, c'était tout simplement parce qu'ils s'aimaient trop. Et il semblerait qu'ils se plaisaient à s'y enfoncer de plus en plus, dans cette relation fusionnelle et obsessionnelle. Ils étaient un incapable de se séparer de l'un l'autre. L'éloignement physique restait pire que tout. Quand il était au travail, Joanne n'osait jamais vraiment lui écrire, encore moins l'appeler. Il savait que si elle le faisait, c'était qu'elle avait d'excellentes raisons de le faire. La seule fois où elle l'avait appelé, c'était lorsqu'Edward Keynes était à deux doigts de la violer. La seule fois où elle avait osé l'interrompre au beau milieu d'une réunion, c'était pour lui dire qu'elle était enceinte. Depuis la naissance de Daniel, elle venait un peu plus régulièrement au bureau, avec son bébé. Joanne se doutait bien que c'était le seul moment de répit que Jamie s'accordait, et que c'était les seules raisons pour lesquelles il accepterait de se décoller de son ordinateur; de profiter quelques minutes de sa fiancée et de son adorable fils. Joanne avait aussi besoin de le voir comme ça, en journée. Il rentrait souvent épuisé par une très longue journée, les discussions et gestes d'amour restaient limités. Toujours ce besoin constant de se retrouver. Sauf que Joanne se trouvait tout le temps des excuses, alors que ce n'était pas nécessaire. Jamie se laissait totalement faire, se remettant à elle et à son amour. Elle avait défait la serviette qui entourait sa taille afin de chérir l'intimité de son homme du bout des doigts. Il soupirait déjà de plaisir. Joanne avait toujours un peu de mal de réaliser véritablement tout l'effet qu'elle lui procurait avec trois fois rien. Mais lorsque c'était le cas, son coeur s'emballait, et elle prenait un malin plaisir de le satisfaire. Le fait qu'il soit totalement à nu et qu'elle soit encore bien habillé lui plaisait. Cela lui rappelait la nuit où Daniel avait été conçu, où Jamie s'était plu à dévêtir sa future femme tout en gardant son costume sur ses épaules. C'était assez sensuel. Ces petits détails qui rendaient chaque ébat différents, et d'autant plus plaisant. Jamie finit par se redresse, afin de pouvoir sentir le petit corps de sa belle contre lui. La jeune femme l'embrassait toujours aussi passionnément. Il y avait des petits rituels qui ne changeaient par contre jamais. Jamie adorait déshabiller sa belle de lui-même, appréciant faire descendre la fermeture éclair de ses robes avec douceur. Un geste simple, mais qui lui permettait de découvrir un corps qu'il aimait tant à son propre rythme. Il s'en délectait toujours autant. Il lui retira la robe, puis prit son temps pour apprécier la nouvelle lingerie que portait sa future épouse. C'était le genre d'hommes à apprécier tout particulièrement ce genre de choses, à ne pas retirer immédiatement les sous-vêtements. Il prenait le temps de voir de quelle manière cela la mettait en valeur, les détails ici et là de son soutien-gorge. Il était difficile au début pour elle d'accepter tout simplement son regard sur elle. Elle avait fini par l'apprécier, et cherchait à lui faire plaisir en se vêtissant de lingerie délicate. Rien d'extravagant, ou de vulgaire, elle ne se tournerait de toute façon jamais pour ce genre de choses. C'était parfois très simple, parfois un peu plus poussé, allant parfois sur des terrains inconnus pour elle. Comme pour la fois où elle avait enfilé une guépière pour la première fois. Joanne avait fini par apprécier de mettre en place des moyens pour lui plaire davantage, pour le surprendre un peu. La peau de Joanne frissonna sous le passage de ses doigts, le regard de Jamie était quasiment adorateur. Il l'embrassa, déposa des baisers sur son cou qui la fit soupirer, puis sur ses épaules et sur le haut de son torse. Chaque contact la fit frémir. Le simple fait qu'il dépose sa main sur son intimité, par-dessus le tissu, la rendait fébrile. Elle soupirait de plaisir, son bassin commençait même de très légers mouvements pour amplifier un minimum les sensations. Elle le poussa légèrement pour qu'il revienne sur son dos, sans quitter ses lèvres. Celles-finirent par descendre progressivement embrassant sa mâchoire, son cou, ses épaules, son torse son téton, son abdomen, pour arriver très progressivement au niveau de sa virilité, où elle commença quelques caresses avec sa bouche et sa langue. L'une de ses mains effectuait des mouvements de va-et-viens, l'autre parcourait délicatement son torse. Elle intensifiait très progressivement ses gestes, résistant aux tentatives de Jamie de la dégager de là avant qu'il ne se laisse totalement aller. Elle voulait lui dire à quel point elle l'aimait.
Chaque fois est un peu différente de l'autre, mais je dois avouer que les ébats qui suivent une dispute sont mes préférés. Ils sont particulièrement gorgés d'amour, et débordent du besoin de faire saisir toute cette affection à l'autre pour se rassurer. Pour se répéter que quoi qu'il arrive, nous sommes ensemble, et inséparables. Ces ébats là sont souvent plus intenses, et parfois, mémorables. Quand on y pense, notre toute première fois était de cet acabit. Je me souviens comme si c'était hier du silence de Joanne lorsque je lui ai avoué mes sentiments, la grande colère qui en a découlé, la dispute. Je pourrais presque sentir la douleur de la plaie qui ouvrait ma main à ce moment là à cause de ce miroir fracassé par l'un de mes coups. Regarder ces crises de colère avec du recul m'impressionne toujours beaucoup. Je me demande comment il est possible de perdre le contrôle à ce point. Je ne me reconnais pas vraiment. Oui, ce soir-là, à Londres, Joanne m'avait rejoint, et c'est après la dispute que nous avons fait l'amour ensemble pour la première fois. Un souvenir particulièrement fort. Néanmoins, je pense que mon préféré en matière d'ébats est celui de Sydney. Ce moment qui a sans doute abouti à la conception de notre fils. Joanne était fougueuse et sans peurs, me prenant de court à chaque fois. C'était à la fois amusant, surprenant, et passionné tout à la fois. Je me souviens de cette envie de l'avoir tout contre moi toute la nuit. Nous aurions fait l'amour jusqu'au matin si cela était possible. Il y avait tellement d'amour pendant ce week-end dans cette Suite. C'était parfait. Le moment parfait pour la demander en mariage. Parfois, je n'arrive toujours pas vraiment à réaliser que ce moment s'approche de jour en jour. C'est d'autant plus réel depuis que nous avons déterminé le mois de l'année où la cérémonie aura lieu. Comme ce fameux soir à Sydney, la jeune femme prend les devants. Elle m'allonge sur le lit, et sans hésiter, exile ses baisers le long de mon corps afin de descendre toujours plus bas et trouver ma virilité. Elle était si craintive, avant. Ses caresses étaient de légers et timides frôlements, sa bouche osait à peine s'y aventurer. Désormais, elle flatte mon membre de ses lèvres et de sa langue pour en goûter chaque parcelle. Ses caresses sont toujours délicates et appliquées, mais plus concrètes. Elle effectue des vas-et-vient qui se combinent à ses baisers et décuplent les sensations. Le plaisir inonde mes veines par grandes vagues qui me font frémir et gémir. Mes doigts se glissent toujours instinctivement entre les cheveux de la jeune femme afin de suivre les mouvements de sa tête. Tant que je le peux, je me redresse légèrement et m'appuie sur un coude afin de la regarder faire. Elle a appris à connaître par coeur les endroits sensibles et les caresses qui me font le plus d'effet. Elle sait exactement comment faire pour me faire perdre pieds et lâcher complètement prise. Par réflexe, je tente toujours de dégager sa tête de là et mettre de la distance entre ma virilité et sa bouche avant qu'elle n'aille trop loin et que je ne puisse plus tenir. Et elle refuse toujours. Quand je comprend qu'elle ne me laisse aucun choix, je suis pris d'une grande bouffé de chaleur. Je me laisse retomber sur le matelas, et sachant qu'elle continuera jusqu'à ce qu'elle soit parvenue à ses fins, je n'ai plus qu'à m'abandonner petit à petit. Mes doigts serrent le drap de plus en plus fort, et se détendent finalement au moment où un long râle quitte ma gorge. Envahi par le plaisir, j'ai cédé aux caresses de Joanne. Une libération qui me laisse fébrile et haletant. Je prends une minute pour retrouver mes esprits. Je laisse la jeune femme s'emparer de ma serviette, et lorsqu'elle en a terminé, j'attrape son petit corps pour l'attirer tout contre moi. Je capture immédiatement ses lèvres pour lui donner un baiser des plus passionnés. Je l'aime tellement, mon ange sensuel dans sa dentelle blanche. Néanmoins, cette fois, ma main dans son dos dégrafe son soutien-gorge. Une fois retiré de ses épaules et adressé au sol de la chambre, mes doigts s'emparent de l'un de ses seins. J'allonge Joanne sur le lit et la surplombe afin de parsemer son buste dénudée de baisers. Il y a souvent cette discrète montée de lait à laquelle je ne fais pas attention. Du bout des lèvres et de la langue, je flatte sa poitrine, ses mamelons, les caresse avec délicatesse. Quant à ma main libre, elle s'est glissée sous son dessous.
I believe in the lost possibilities you can see. And I believe that the darkness reminds us where light can be. I know that your heart is still beating, beating darling. I believe that you fell so you can land next to me. ‘Cause I have been where you are before. And I have felt the pain of losing who you are. And I have died so many times, but I am still alive
Bien qu'il y ait quelques exceptions, les préliminaires étaient systématiques dans leur vie de couple. Comme s'il était nécessaire de redécouvrir et remarquer un territoire déjà tout tracé sur le corps de l'autre. Se délecter de ses formes et de ses traits, avec un regard hypnotisé. Ils faisaient toujours accroître l'envie et le désir jusqu'à ce qu'ils n'en puissent plus, et s'unissent pour de longues minutes. Il fallait qu'ils atteignent ce stade. Il y avait ces quelques fois, ou l'envie était déjà trop présente, où les choses s'accéléraient, lorsqu'il n'était plus possible de contenir quoi que ce soit. Mais cela restait très rare. Ils adoraient prendre le temps, pousser à bout l'autre pour le ou la voir céder. Joanne se plaisait à satisfaire son amant ainsi. Au début très timide, elle osait à peine toucher quoi que ce soit, voilà qu'elle se montrait un peu plus téméraire. Et selon les fois, elle s'osait bien plus à de nouvelles expériences, évaluant celles qui valaient le coup d'être retenus. Elle appréciait procurer un tel plaisir à Jamie, jusqu'à ce qu'il lui demande d'arrêter pour ne pas céder. Mais elle résistait à ses requêtes et parvenait presque toujours à ses fins. Et tout, dans leur geste, leurs mouvements, s'harmonisait parfaitement avec l'autre. Tout concordait, jamais de fausses notes. Le bel homme avait fini par accepter de s'abandonner totalement à elle, à force de caresse et de muscles injectés de plaisir. Après avoir atteint le point de non-retour, Joanne continuait de faire encore quelques petites caresses, beaucoup plus délicatement avant de se redresser et de saisir la serviette pour essuyer un peu ses mains et sa bouche. A peine eut-elle fini que Jamie la saisit pour qu'elle se colle à lui le plus rapidement possible en l'embrassant fougueusement. Joanne prit son visage entre ses mains et répondit à son baiser avec autant d'ardeur, laissant son homme retirer délicatement son soutien-gorge. Il savait à quel point sa poitrine était devenue beaucoup plus sensible et ferme depuis son accouchement. Et depuis le jour où il a osé retrouver ce contact, il n'arrêtait plus. L'une de ses mains saisit fermement son sein. Il finit par l'allonger à son tour sur le lit, et se mit par-dessus elle. L'excitation et la stimulation de ses seins par les baisers et caresses de Jamie provoquaient toujours une petite montée de lait. Joanne le sentait quand l'extrêmité de ses mamelons commençait légèrement à lui brûler. Son amant ne semblait pas en être dérangé, et restait imperturable, effaçant de lui-même avec sa bouche les petits écoulements. Elle eut de vives bouffées de chaleur à ce moment là, soupirant de plaisir, elle le regardait parfois même faire, ce qui ne faisait qu'exalter le reste de ses sens. Ses doigts se glissaient entre ses mèches de cheveux et se crispèrent lorsqu'elle sentit la main de Jamie glisser sous le dernier vêtement qui lui restait. Joanne eut le souffle coupé pendant quelques secondes avant de pousser un long soupir sonore, les yeux fermés. Spontanément, elle commença à avoir ces mouvements de bassin qui la trahissait complètement, avec son échine qui se courbait légèrement comme pour amplifier les caresses qu'il effectuait avec sa bouche. Une torture des plus agréables. Elle ne savait pas ce qu'il avait en tête, s'il voulait la faire languir, la laisser tout juste à la limite du point de non-retour et seulement l'y emmenenr une fois qu'il sera en elle. C'était selon ses envies et elle en était à leur merci. Il commença à faire quelques caresses sur son intimité déjà bien trop chaude et humide. Elle se sentait comme hypnotisée, droguée par ses gestes et ses caresses gorgés d'amour. Parfois son corps frémissait, tremblait légèrement au moment d'un petit pic de plaisir, accompagné de quelques gémissements. Son bassin ne fit que demander davantage de caresses, plus intenses. Tout comme le reste de son corps d'ailleurs. Elle rêvait de l'embrasser d'autant qu'elle voulait qu'il continue de flâtter sa poitrine. Se perdant totalement, elle glissa sa propre sous le vêtement, avec celle de Jamie, afin d'accompagner cette dernière afin que ses doigts soient en elle.
Mes mains, mes lèvres, mes yeux ont beau connaître le corps de Joanne sous toutes ses coutures, jamais ils ne se lassent le parcourir, le goûter, l'admirer. Et toujours aussi longuement à chaque fois. Pas question de sauter une étape et de manque l'occasion de profiter de la moindre de ses courbes, de lui procurer un peu plus de plaisir et d'entendre les doux sons qui sortent de sa bouche. Ces moments pourtant répétitifs en soi sont des moments de redécouverte. Ce temps que nous prenons pour chérir chaque parcelle du corps de l'autre est un bon moyen de montrer que l'on ne s'en fatigue pas, et que l'amour est toujours aussi présent, aussi vif. Il serait facile de tomber dans une routine qui s'effacerait au fur et à mesure jusqu'à ce que les ébats ne se résument qu'à l'acte, quelques vas-et-vient brouillon par pure obligation de respecter un certain devoir conjugal. Alors il deviendrait on ne peut plus clair que l'ennui s'est installé, que la passion a disparu, que nous nous considérons comme acquis. Nous sommes acquis l'un à l'autre, certes, mais la flamme demeure toujours aussi vivace. Notre relation et notre amour sont en constante mutation, et ainsi le sont nos moments d'intimité. On dit que la passion dure quelques années avant de mourir. Peut-être que cela sera notre cas un jour. Nous avons tendance à l'oublier, mais notre histoire est jeune, récente. Notre impression de nous connaître depuis des siècles occulte souvent ce fait. Peut-être que dans trois ans, la routine tant redoutée aura étouffé notre flamme. Difficile de savoir si nous y échapperons, surtout vu l'allure de nos ébats et de nos expériences charnelles. Quoi qu'il en soit, je ne me lasse pas de Joanne. Elle trouve toujours comment me surprendre et me faire plaisir. Elle a toujours ces petites intentions, ou ces déclics qui lui font tenter des gestes moins prudes. Il est plaisant de la voir prendre de plus en plus confiance en elle -et en moi dans un sens. Se libérer et s'épanouir, s'ouvrir à plus de sensations. Hier elle n'osait pas dévoiler sa poitrine, aujourd'hui elle m'observe goulûment prendre ses seins en bouche et les flatter de nombreux baisers. De plus en plus à l'écoute de son corps et du plaisir qui infiltre ses veines, elle est plus gigotante qu'avant, plus avide de suivre et amplifier chaque mouvement. Son dos se courbe gracieusement, son bassin ondule subtilement. Je pourrais me contenter de la toucher ainsi pendant des heures, la cajoler, flatter toute sa silhouette pour la sentir se mouvoir sous mes caresses et écouter les soupirs qui résonnent dans l'air, injectant ainsi le plaisir dans son corps par petites vagues qui la maintiennent en suspension au-dessus de la réalité. Joanne pourrait simplement s'en délecter, mais il lui faut plus que ça. Sa main sur la mienne, elle entraîne mes doigts en elle. De quoi me rendre un peu plus fiévreux. Mes baisers remontent le long de son cou pour retrouver sa bouche, abandonné depuis trop longtemps. Et alors que j'effectue quelques vas-et-vient entre ses cuisses, j'avale les gémissements qui échappent de sa gorge. Ma langue cherche la sienne pour quelques caresses furtives, mes dents passent délicatement sur ses lèvres. Elle n'a pas idée de la torture que cela est de la sentir prendre du plaisir de cette manière lorsque je ne suis pas en elle ; et d'un autre côté, je suis aux premières loges pour admirer tout l'effet que cela a sur elle, son échine qui se brise, ses reins qui ondulent, ses seins qui se soulèvent et s'abaissent, ses jambes qui se replient, ses doigts qui serrent le drap. Je ne peux le supporter que quelques minutes, puis je retire ma main et transfère mon corps entre ses cuisses. Je fonds sur elle et unis nos corps sans plus attendre. Ses jambes me serrent contre elle immédiatement, me faisant soupirer de satisfaction. Avide d'elle et de l'assimiler toute entière, le rythme des vas-et-vient est déjà soutenu. J'attrape l'une de ses mains plaquées au lit pour y entrecroiser nos doigts. Elle m'appartient, et je suis tout à elle.