Noël qui me file le bourdon. Noël et cette soirée d’anniversaire qui refuse de sortir de mon esprit. Je me revois avouant mes sentiments à Jill et je la revois me repousser encore et encore. Comme un mauvais film ancré dans mon esprit refusant de disparaître. Je me suis souvenu à la dernière minute que Mia m’a donné rendez-vous à la terrasse éphémère du café des lutins.  C’est mon rappel sur mon téléphone qui m’a réveillé en plein milieu d’après-midi. Mon mal de tête est catastrophique, j’ai passé ma nuit à boire, n’arrivant à m’endormir qu’au petit matin. « Fuck. » Je grogne en balançant l’objet à travers le lit.

On venait ici chaque année Mia et moi, sorte de tradition qui datait depuis qu’on était gosse et que la Mairie avait commencé à proposer des attractions pour les fêtes. Chaque année était un peu différente et je devais reconnaître qu’on en avait manqué quelques-unes, elle pendant ses voyages, moi quand j’étais à l’autre bout du monde pour un boulot. Mais cette fois, nous sommes tous les deux à Brisbane pour les fêtes et je me suis laissé convaincre à ma fête d’anniversaire d’y aller. Pire idée du monde. Je me force à prendre une douche pour tenter d’effacer l’odeur d’alcool qui semble me coller à la peau et bien malgré moi, je prends un verre pour le petit déjeuner, trop conscient qu’il va me falloir quelque chose pour supporter cette après-midi, pour supporter Mia ou pour supporter Noel que je n’ai absolument pas envie de fêter.

J’arrive au café avec mes lunettes de soleil pour tenter de cacher ma tête explosée et elle est déjà là et je le vois déjà à son visage que je suis en retard. « Je saaaaais je suis à la bourre. J’avais des trucs à faire. » Par trucs, je veux dire je devais décuver de la soirée que j’ai passé. « T’as déjà commandé un truc ? » Et si elle me force à prendre un chocolat chaud je crois que je vais la tuer.

@Mia McKullan

Je n’ai pas trop le cœur à la fête cette année. Je pourrais pourtant, avec le retour de mon père en ville, les choses qui commençaient peu à peu à s’apaiser entre nous. Pourtant, je n’arrive pas à m’imaginer passer Noël avec lui, comme si rien n’était, après tant d’années à l’avoir fait sans lui, à lui en avoir voulu de ses absences. Je mentirai en disant que je n’en ai pas l’envie, que durant toutes ces années, je n’avais pas souhaité qu’il passe le pas de la porte pour qu’on le fête ensemble. Trop tôt, voilà ce que je pensais et ce que j’avais répondu à Adam lorsqu’il m’avait posé la question. A défaut d’avoir un plan pour le réveillon, j’ai rendez-vous avec Pete à quinze heures au café des lutins, café éphémère mis en place par la ville de Brisbane pour Noël. Une sorte d’habitude que nous avions tous les deux depuis gamins, de venir là, à boire du chocolat chaud et s’empiffrer des marshmallows qui les ornaient. Cette année ne manquait pas à la règle, je lui avais proposé qu’on se retrouve aujourd’hui lors de sa fête d’anniversaire. Il n’avait pas rechigné, alcool aidant. Peut-être est-ce pour ça que je lui ai demandé à ce moment-là. Autrement, nous aurions fini par nous disputer car il aurait trouvé toutes les excuses du monde pour ne pas venir. La preuve, même s’il avait accepté, le voilà en retard « Pas foutu d’être à l’heure » je râle en regardant mon téléphone, dans l’espoir d’y voir un message de sa part pour me prévenir. Dix, quinze minutes… Pas de Mulligan à l’horizon. Cinq minutes plus tard, le voilà qui arrive comme une fleur, mes sourcils se froncent alors qu’il arrive à ma hauteur « Je saaaaais je suis à la bourre. J’avais des trucs à faire ». « Comme quoi ? Te vider ? ». Mon sourire est sarcastique alors qu’il s’installe face à moi « T’as déjà commandé un truc ? v». Je tourne ma tête de droite à gauche « Non, j’ai eu la décence de t’attendre. Je n’aurai pas dû ». J’appelle un serveur qui passe par là « Deux chocolats chauds avec des chamallows par-dessus s’il vous plait. Et genre, un max de chamallows ». Je ne demande pas l’avis de Pete car c’était une habitude depuis gamins de commander ça pour commencer du moins « Bon, tu m’expliques pourquoi t’a une tête de merde encore aujourd’hui ? C’est le fait d’avoir vieilli ? ».  

« Comme quoi ? Te vider ? » « Niah Niah Niah, toujours d’une humeur splendide à ce que je vois ! » Et je lui adresse mon plus beau sourire sarcastique, parfaite réponse au sien.  Je m’installe, lui demandant si elle a déjà commandé quelque chose.

« Non, j’ai eu la décence de t’attendre. Je n’aurai pas dû » Je lui tire la langue, sortant mon paquet de clope de ma poche arrière pour pouvoir m’asseoir plus confortablement, passant ma main dans mes cheveux, la voyant déjà héler le serveur. « Deux chocolats chauds avec des chamallows par-dessus s’il vous plait. Et genre, un max de chamallows » Ma grimace est évidente. Youpi du chocolat chaud. « Vraimeeeent ? Ca va le commandant des fromages blancs là à commander pour moi ? » Je râle mais le serveur est déjà parti et on a toujours commandé ça.  Un petit vin chaud c’était trop demandé ? La dramaqueen est de retour dans toute sa splendeur. « J’espère qu’il y aura la blinde de chamallow. » Elle pose son regard sur moi et je me dis que je dois vraiment une sale tête. « Bon, tu m’expliques pourquoi t’as une tête de merde encore aujourd’hui ? C’est le fait d’avoir vieilli ? ».  

Si mon regard fuit, se ternit un peu, mon sourire s’agrandit pour compenser, pour prendre toute la place, je fais mine de soupirer. « C’est le début de la vieillesse que veux-tu, tu comprendras quand tu auras mon âge. » C’est pas comme si j’étais pas beaucoup plus âgé qu’elle mais bon on repassera. « Je suis sorti hier c’est tout, les anniversaires ça dure un mois on ne t’a pas dit ? »  Je raille avec un sourire moqueur. Je ne suis sorti avec personne mais ça elle a pas besoin de le savoir. J’hausse les épaule avant de la regarder « Toi ça y est t’as fini de te morfondre sur ton canapé ? T’es plus sous l’eau ? Too soon ? » Je sais d’avance que je vais me prendre un coup de pied sous la table et je rigole en me marrant. Je ne devrais pas plaisanter de son accident mais ça a toujours été ma manière à moi de dédramatiser et de cacher mon inquiétude, elle, qui avait été bien réelle.


@Mia McKullan

« Niah niah niah, toujours d’une humeur splendide à ce que je vois ! ». Je roule des yeux et fais une grimace quand il affiche ce sourire satisfait. Il s’installe alors à la table, et après un commentaire de plus pour râler sur son retard qui m’a légèrement mise de mauvaise humeur, je commande auprès du serveur deux chocolats chauds avec un max de chamallow. Je ne me pose même pas la question de savoir s’il souhaite autre chose, car c’est ce que nous avions l’habitude de prendre depuis toujours. « Vraimeeeent ? Ca va le commandant des fromages blancs là à commander pour moi ? ». Mon sourcil s’arque « C’est ce qu’on prend toujours m’emmerde pas Pete. Tu voulais quoi ? Une infusion à la place ? » Mon sourire est toujours moqueur, parce que je sais très bien ce qu’il aurait préféré à la place. « J’espère qu’il y aura la blinde de chamallow » « Ouais bah vu que J’AI passé commande, j’estime que j’ai droit aux trois quarts et toi au reste ». Je sais que Pete fera tout pour me piquer ma part, ce ne serait pas la première fois. D’ailleurs, un air de défi s’affiche sur mon visage « voire à tous ». Les hostilités sont lancées, je sais qu’il n’en faudra pas plus pour que Pete me prenne aux mots et face tout pour gagner cette petite compétition.

« C’est le début de la vieillesse que veux-tu, tu comprendras quand tu auras mon âge ». Je le regarde, dubitative, son sourire narquois au bout des lèvres « Mouais, dans ta bouche, ce genre de phrase c’est pas crédible. Avec ta tête de crétin ». Je me marre en voyant la tête qu’il tire « Je suis sorti hier c’est tout, les anniversaires ça dure un mois on ne t’a pas dit ? ». J’hausse les épaules, alors que mon regard se porte sur les gens aux alentours « Vraiment ? Dans ce cas, ça veut dire que je vais devoir être sympa avec toi toute l’aprem ? Nan, tu rêves Mulligan. Par contre, je veux bien te faire chier. Ca c’est plus dans mes cordes ». C’est la nature même de notre relation. Amis depuis des lustres, mais amis qui se balancent dans la figure tout ce qu’ils pensent sans aucune pincette. « Toi ça y est t’as fini de te morfondre sur ton canapé ? T’es plus sous l’eau ? Too soon ». Et en effet, mon pied part immédiatement dans son tibia alors que je lui jette un regard noir « Ferme la Pete. Fini de me morfondre, je préfère passer du temps avec toi pour relativiser sur ma vie ». Mon visage se détend sur ces derniers mots, lui tirant la langue avant que le serveur n’apporte sur la table les fameux chocolats chauds. Et surtout les chamallows sur lesquels nous louchons tous les deux.

« C’est ce qu’on prend toujours m’emmerde pas Pete. Tu voulais quoi ? Une infusion à la place ? » « Peut être bien ! » Je lance avec un air de défi mais on sait tous les deux que j’aurais préféré une boisson alcoolisée pas que j’allais lui faire le plaisir de lui avouer.  Au moins je me dis qu’il y aura des chamallow et ça ça me remonte un peu le moral.

« Ouais bah vu que J’AI passé commande, j’estime que j’ai droit aux trois quarts et toi au reste, voir à tous » Je lui fais une grimace. Parce qu’il est hors de question que je lui laisse ma part, plutôt crever. « Mais comme je suis l’ainé et que je suis bien plus drôle que toi, moi j’estime avoir le droit à tout et toi à riiiien ! »  Parfois je me dis que c’est comme si on avait été élevé ensemble elle et moi, je ne me souvenais pas d’un temps où on ne s’était pas chamaillés.

« Mouais, dans ta bouche, ce genre de phrase ce n’est pas crédible. Avec ta tête de crétin » Je me marre à son sourire narquois préférant justifier ma sortie sur le fait que mon anniversaire dure tout le mois.  « Vraiment ? Dans ce cas, ça veut dire que je vais devoir être sympa avec toi toute l’aprèm ? Nan, tu rêves Mulligan. Par contre, je veux bien te faire chier. Ca c’est plus dans mes cordes » Je lui fais un doigt d’honneur, mais mes yeux pétillent un peu plus parce qu’au moins Mia a toujours eu le mérite de me faire penser à autre chose. J’avais raison, en mentionnant l’accident, son pied part immédiatement sous la table, rencontrant mon tibia. « AIE ! »  « Ferme la Pete. Fini de me morfondre, je préfère passer du temps avec toi pour relativiser sur ma vie. » Et encore elle ne sait pas que ce mois de décembre me donne envie de dormir jusqu’à janvier, que je n’ai le goût de rien à part de tout effacer. Mais pour elle je prétends que tout va bien et la voir me fait toujours au moins sourire, plus concentré à l’emmerder qu’autre chose. Les chocolats arrivent et les chamallows semblent le prix à gagner. Mon regard malicieux se lève vers le sien. « On fait un pierre feuille papier ciseau ? Celui qui l’emporte gagne les chamallow ?»



WIN : je fais pierre, elle fait ciseau. « YES ! T’AS PERDU ! » Gamin de trois ans bonjour. Je fais mine de prendre tous les chamallows. « Bon allez je suis magnanime,  je t’en donne un va par pure bonté. »Je lui en tends juste un, sachant très bien au fond que j’allais finir par partager.

MITIGE : Je fais papier, elle fait papier. « Arrête de me copier ! T’as pas d’imagination ? » Je nargue malicieux.

FAIL : Je fais papier, elle fait ciseau. « NOOON, t’as trop attendu c’est de la triche ! » Mauvais joueur toujours.  





@Mia McKullan

« Peut-être bien ». Je pouffe car il ment très mal et que je sais bien que ce qu’il aurait préféré c’est de l’alcool. En attendant, il se contentera bien du chocolat chaud et surtout des chamallows qu’on va très certainement finir par se disputer. D’ailleurs, j’annonce la couleur « Mais comme je suis l’ainé et que je suis bien plus drôle que toi, moi j’estime avoir le droit à tout et toi à riiiiien ! ». Alors là il se met clairement le doigt dans l’œil le Mulligan. Et il me connaissait suffisamment pour savoir que je n’étais jamais en reste quand il fallait que je remporte un combat. Le combat des chamallows, oui un peu pitoyable, mais notre âge mental ensemble n’était pas très élevé.  

L’excuse d’être sorti parce qu’il compte fêter son anniversaire pendant un mois ne m’étonne pas vraiment venant de Pete. Il en serait très capable, finalement je ne cherche pas plus loin. Pour l’instant du moins. Mais s’il compte sur moi pour être à ses petits soins et à me montrer gentille, il peut toujours courir et je lui signifie très clairement. Son doigt d’honneur me fait avoir un faux air outré, portant ma main sur ma poitrine avant d’en rire. Un sourire qui disparait rapidement quand il me renvoie à la figure l’état lamentable dans lequel je me trouvais deux mois plus tôt. Je lui envoi alors mon pied dans son tibia, c’est tout ce qu’il méritait « AIE ». Je réponds finalement sur le même ton, sarcastique, prétextant que ma vie est mieux que la sienne. Pas sûre cela dit que ce soit vrai.

Les boissons arrivent et surtout, surtout les chamallows. « On fait un pierre feuille papier ciseau ? Celui qui l’emporte gagne les chamallow ? ». Je dégaine ma main derrière mon dos, un sourire déjà vainqueur au bout des lèvres « Et comment. T’as déjà perdu, je te préviens ». Sûre de moi, un peu trop même « YES ! T’AS PERDU ! ». Ma mine se décompose car en effet, j’ai fait un ciseau alors que lui a sorti la pierre. « Etouffes-toi avec tiens ! » Mauvaise foi bonjour. J’affiche une mine boudeuse, croisant mes bras sur ma poitrine « Bon allez, je suis magnanime, je t’en donne un va par pure bonté ». J’hausse les sourcils et pourtant j’attrape le chamallow qu’il me tend et le mange illico presto. « Hey, c’est pas Molly là-bas ? » je lance alors que j’ai fini de l’avaler. Je fais mine de faire signe à quelqu’un au loin. Evidemment, je sais que Pete va se retourner et j’en profite alors pour lui prendre une poignée de chamallow « Oh, désolé, j’ai dû confondre » je fais l’air faussement innocent.

« Et comment. T’as perdu, je te préviens. » Mais elle est un peu trop sûre d’elle la McKullan et ma pierre écrase ses ciseaux et j’ai un sourire victorieux jusqu’aux oreilles, comme si j’avais gagné la bataille de l’année.  J’attrape tous les chamallows . » Etouffe toi avec tiens ! » « Mauvaise joueuse ! » Je minaude, déjà prêt à mettre le bol de chamallow dans mon chocolat chaud. Mais comme je suis gentil, je lui en donne un et c’est une belle faveur que je lui fais elle a intérêt à pas oublier. En deux secondes elle l’a mangé et je regarde avec envie ma montagne de chamallows.  « Hey, c’est pas Molly là bas ? » « Où ça ???? »

Immédiatement je me retourne, mon regard allant chercher la jolie brune quelque part ,n’importe où.  Je scanne la foule, avide de la trouver. La dernière fois que je l’ai vu on a été la patinoire et je me suis senti bien, content de la retrouver malgré le fait que nous n’étions plus ensemble et que nous ne le serions plus.  Je lui ai proposé d’aller au bal qui aura lieu d’ici quelques jours et j’ai hâte de la retrouver.

Réalisant que Molly n’est absolument pas là, je me retourne un air outré sur le visage. « Mais tu me racontes n’importe quoi !! » Erreur du débutant, je réalise alors que mon bol a sacrément diminué de chamallow. « Oh, désolé, j’ai dû confondre. » Tu parles je ne la croise pas une seule seconde. « Espèce de pique assiette ! » Pourtant je ne lui reprends pas les bonbons qu’elle m’a pris. « PFFF au moins si elle avait été là j’aurais pu m’échapper au lieu passer l’après midi avec toi ! » Je lui tire la langue, mettant un peu de chamallows dans mon chocolat et le portant à mes lèvres. « Tu fais quoi pour Noel ? » Je lui demande, dans une demie trêve buvant mon chocolat. J’aimerais mieux que ce soit de l’alcool, ça m’aiderait à la supporter pour cette après-midi qui s’annonce longue.  Pourtant malgré tout je suis content de la voir, nos conneries éloignant tout ce à quoi je n’ai pas envie de penser.

« Mauvaise joueuse ». Je le reconnais et ne le contredirais pas là-dessus. Cela dit fierté oblige, je ne rétorque rien continuant à faire ma mine boudeuse. Rapidement, cela dit, j’ai trouvé comment me venger et obtenir une poignée de chamallow « Où ça ???? ». Son entrain me fait pouffer de rire alors que je le vois se retourner avec une rapidité déconcertante. J’en profite, attrapant une poignée de chamallow du bol qu’il s’est accaparé quelques minutes plus tôt. Je fais mine de rien alors qu’il se retourne « Mais tu me racontes n’importe quoi ». J’hausse les épaules, prétextant que j’ai dû confondre. Mais en reposant son regard sur le bol, il comprend rapidement que j’ai fait ça uniquement dans le but de lui prendre quelques bonbons. « Espèce de pique assiette ! ». Je bats des cils comme pour le convaincre de ne pas me les reprendre « T’es assez idiot pour t’être fait avoir quand même. Tu devrais me connaitre à force » je lance alors que j’enfouie un deuxième chamallow dans ma bouche, le reste allant rejoindre ma tasse de chocolat chaud que je remue. « Pfff au moins si elle avait été là j’aurais pu m’échapper au lieu de passer l’après-midi avec toi ! ». J’adopte un petit air renfrogné, alors que je porte ma tasse à mes lèvres. La reposant quelques secondes après, j’ajoute « Ne fais pas semblant, je sais que tu dis ça parce qu’elle te manque. Vous vous êtes revus depuis ? ». Je me souvenais d’avoir vu Molly à l’anniversaire de Pete, leur relation semblait plutôt cordiale.

« Tu fais quoi pour Noël ? ». Ma réaction est immédiate. Je soupire, mon regard s’assombrissant « J’en sais rien… ». je lâche alors sur un ton monotone. Je relève le regard sur Pete alors que celui-ci c’était porter sur la cuillère que je faisais danser dans ma tasse « Knox s’est fait la malle de l’appart… On s’est disputé ». Je marque une pause, sans ajouter davantage de raisons de son départ, sûrement parce que ma gorge se serre à chaque fois que j’en parle « Et clairement, je ne me sens pas prête de le passer avec mon père même si ça commence doucement à s’apaiser. Donc je suppose que ce sera moi et … moi ». J’hausse les épaules alors que j’apporte un chamallow dans ma bouche. « Et toi crétin ? ».

« T’es assez idiot pour t’être fait avoir quand même. Tu devrais me connaitre à force »  Je grimace, je m’étais fait avoir comme un idiot.  « Ne fais pas semblant, je sais que tu dis ça parce qu’elle te manque. Vous vous êtes revus depuis ? » A ca mon regard la fuit, parce que je sais pertinemment qu’elle a raison.

« Depuis mon anniversaire ? Non. Avant ça on a été à la patinoire… »  Si la mention de mon anniversaire, rend mon regard plus terne, celle de la patinoire crée un sourire un plus rêveur sur mes lèvres. « C’était bien. »  C’était bien mais nous n’étions plus un couple. « Tu te souviens du projet d’archi que je faisais pour le maire pour sa maison perso ? Bah du coup il  invite mon cabinet au bal organisé à City Hall là. J’ai invité Molly. » J’ai intérêt à pas tout foirer, pas cette fois, pas quand on commence à peine à devenir amis. Le problème, c’est que je ne suis même pas sûr de vouloir être seulement son ami. L’autre problème est que je ne cesse de penser à Jill, Jill qui m’a rejeté comme Molly l’a fait.  Je n’ai pas envie de penser à tout ça, préférant changer la conversation et lui demander ce qu’elle va faire à Noel.

Le sujet n’a pas l’air de lui faire plaisir et elle a tout de suite l’air un peu moins heureuse. « J’en sais rien… Knox s’est fait la malle de l’appart… On s’est disputé. » J’hausse un sourcil, ça avait l’air d’être grave pour que Knox s’en aille, je n’avais pas le souvenir qu’ils aient déjà eu une dispute aussi grave.  « Et clairement, je ne me sens pas prête de le passer avec mon père même si ça commence doucement à s’apaiser. Donc je suppose que ce sera moi et … moi ». Mon regard s’adoucie, elle avait toujours eu l’habitude de la fêter avec Knox mais je comprenais que le passer avec son père ne semblait pas être le plus idéal cette année. « Il s’est passé quoi avec Knox ? Tu veux pas le fêter avec ta mère ? » Je demande, jouant à mon tour avec ma cuillère, conscient qu’elle n’avait jamais eu la meilleure des relations avec l’avocate, avant qu’elle ne me retourne la question.  « Et toi crétin ? » Je joue avec un chamallow avec ma cuillère, lui jeter un regard faussement courroucé à l’insulte. « Tu mériterais que je reprenne tous les chamallows ! » Une pause et je reprends plus sérieusement. « Chez mes parents le 25, comme d’hab. Ca va peut-être un peu tendu… » Je réalise alors que je ne lui ai pas parlé de l’opération de Tessa je ne sais même pas si elle est au courant. « Tessa nous a annoncé qu’elle devait se faire opérer…Malformation cardiaque.. » J’avoue, mon regard à mon tour plus sombre.

J’ai bien vu son grand intérêt quand j’ai prétexté que Molly se trouvait là. Je sais aussi que les deux ont définitivement rompu mais sont visiblement en bons termes malgré tout. « Depuis mon anniversaire ? Non. Avant ça on a été à la patinoire… C’était bien ». Mon sourcil s’arque alors parce que je vois bien son air béat lorsqu’il évoque cette sortie à la patinoire avec elle. « Tu te souviens du projet d’archi que je faisais pour le maire pour sa maison perso ? ». J’acquiesce alors qu’il poursuit « Bah du coup il invite mon cabinet au bal organisé à City Hall là. J’ai invité Molly ». Mes suspicions se confirment sur ses intentions avec elle « Et tu comptes y aller avec elle qu’en tant qu’amis ou tu espères qu’elle change d’avis et revienne sur sa décision ? Parce que tu vas sûrement ramper mon pauvre. T’a pas intérêt à faire le con si c’est le cas ». Je marque une pause avant d’ajouter « D’ailleurs, je vais t’avoir à l’œil, j’y vais aussi. Je dois écrire un article pour le Brisbane Times. Je me suis dévouée. Puis je vais pouvoir profiter du buffet comme ça ». Je lui tire la langue alors qu’au fond, le fait de m’y rendre seule me porte un peu sur le cœur.

Nous changeons de sujet, Pete’ me demandant ce que je compte faire pour Noël. Je lui expose un peu la situation, qui n’est pas glorieuse là aussi. « Il s’est passé quoi avec Knox ? Tu veux pas le fêter avec ta mère ? ».  Je préfère répondre à sa dernière question en premier « Non, je pense que le temps va me paraitre un peu long si on est que toutes les deux, ça risque de mal finir ». Parce qu’en temps normal, même si je le fêtais avec elle, c’était avec Knox et sa famille. Ça évitait les gros moments de silence et aux vieilles rancœurs de ressortir. Je laisse tomber ma cuillère à côté de ma tasse et répond enfin pour Knox « Il… Il a de nouveau sa putain de maladie… Et il refuse de se soigner, il n’a pas envie de subir tout ce qu’il a connu pendant deux ans quand on était gamins… Alors il préfère profiter à fond du temps qu’il lui reste ». Comme je le savais, ma gorge se noue et je ravale difficilement. Mon regard se perd sur les chamallow qui commence à s’enfoncer dans le mélange chocolaté. Je retourne ensuite la question à Pete et le fait de l’appeler crétin lui plait moyennement ce qui me fait sourire « Tu mériterais que je reprenne tous les chamallows ! ». Je lui lance un bisou en l’air comme pour le dissuader de le faire. « Chez mes parents le 25, comme d’hab. Ca va peut-être un peu tendu… Tessa nous a annoncé qu’elle devait se faire opérer…Malformation cardiaque… ». Je lui adresse un regard compatissant, venant attraper sa main posée sur la table « Je suis désolé Pete ». Cela faisait longtemps que je n’avais pas vu Tessa et en apprenant cela, je le regrettais « Ta sœur est une battante, ça va bien se passer ». je tente de le rassurer, bien que je comprenne grandement le souci qu’il peut se faire pour elle « Quand a lieu l’opération ? ».

« Et tu comptes y aller avec elle qu’en tant qu’amis ou tu espères qu’elle change d’avis et revienne sur sa décision ? Parce que tu vas sûrement ramper mon pauvre. T’as pas intérêt à faire le con si c’est le cas » Mon regard se pose sur ma tasse, fuyant le sien. Comme toujours Mia touche juste, j’ai beau prétendre que je ne veux être qu’amis, au fond j’aimerais qu’elle me reprenne comme elle l’a toujours fait dans le passé. Encore plus depuis que Jill m’a rejetée. Je ne veux pas être seul et en temps normal je serais toujours revenu vers Molly. Le fait qu’aujourd’hui cela était impossible me serrait le cœur. « J’vais pas faire le con. » J’annonce la mâchoire serrée parce que je n’ai vraiment pas envie de faire le con cette fois et pourtant je sais que ça sera sûrement le con.   « D’ailleurs, je vais t’avoir à l’œil, j’y vais aussi. Je dois écrire un article pour le Brisbane Times. Je me suis dévouée. Puis je vais pouvoir profiter du buffet comme ça ». A ça je relève la tête et je ne peux m’empêcher de lancer une pique pour me venger de sa remarque sur Molly. « Pas de beau cuisinier pour t’accompagner ? »


On finit par parler de Noel et Mia mentionne sa mère. « Non, je pense que le temps va me paraitre un peu long si on est que toutes les deux, ça risque de mal finir. » Ca je peux comprendre, elle n’avait jamais eu une bonne relation avec sa mère depuis que son père était parti. « Il… Il a de nouveau sa putain de maladie… Et il refuse de se soigner, il n’a pas envie de subir tout ce qu’il a connu pendant deux ans quand on était gamins… Alors il préfère profiter à fond du temps qu’il lui reste. »  Mon air se fait plus sérieux à la mention de la maladie de Knox. « Oh… » Je ne sais pas pourquoi, je pousse le bol de chamallow vers elle comme si ça allait résoudre tous les problèmes et c’était un peu ma façon à elle de lui faire un câlin sans doute. « J’espère qu’il va entendre raison... S’il y a bien quelqu’un qui pourra lui faire changer d’avis c’est toi Mia. T'es une vraie tête de mule ! »Je finis par parler de ce que j’ai prévu pour Noel et suite à sa confession décide finalement  de lui parler de Tessa. Sa main se pose sur mon bras. « Je suis désolé Pete. Ta sœur est une battante, ça va bien se passer .  Quand a lieu l’opération ? ».  Je bois mon chocolat chaud et je préférerais que ce soit du vin. « Fin janvier. Tu sais qu’elle me l’a caché pendant des semaines ?! »

Je sais que Pete tient encore à Molly, sa réaction plus tôt le montre. Il ne me le dira jamais, il ne l’avouera jamais, mais je le connaissais suffisamment pour savoir que c’était le cas. Mais il ne pouvait s’en prendre qu’à lui. En tout cas, il n’a pas intérêt à faire le con avec elle s’il souhaite retenter sa chance « J’vais pas faire le con ». J’arque un sourcil, lui montrant que je reste dubitative à ce qu’il ne comporte pas encore comme un idiot avec elle. Parce qu’il a eu la chance d’être avec elle pendant dix ans et à chaque fois, il a tout fait capoter. D’ailleurs, à ce fameux bal, j’y serai, on s’y croisera sûrement vu que je vais avoir le loisir d’observer toutes les personnes présentes dans la salle, à défaut d’être accompagné « Pas de beau cuisinier pour t’accompagner ». Mon regard devient noir, mon sourire disparait « NON c’est définitivement terminé ».

On parle de Noël et pourtant, autant pour lui que pour moi, ce ne sera pas forcément un réveillon agréable, qui n’aura pas de saveur particulière, mis à part amère. « Oh… ». Je lève le regard sur le bol que Pete approche de moi, moyen pour lui de me consoler après ce que je viens de lui dire au sujet de Knox. Mais je ne pique même pas dedans, le fait de parler de ça me coupant un peu mon entrain « J’espère qu’il va entendre raison… S’il y a bien quelqu’un qui pourra lui faire changer d’avis, c’est toi Mia. T’es une vraie tête de mule ! » Il a raison et pourtant, même avec mon caractère, je n’ai pas réussi à le faire « J’ai déjà essayé, il m’a dit que j’étais étouffante. Et m'a vivement conseillé de me préoccuper de ma vie à la place puisque, visiblement, si je ne rencontre que des cons et que mon père s’est barré, c’est parce que c’est moi le problème ». Ironiquement, j’attrape mon chocolat chaud, à défaut d’avoir autre chose, le portant en hauteur comme pour venir trinquer et en boit une gorgée. Il m’apprend en retour que Tessa est malade et qu’elle doit subir une opération cardiaque « Fin janvier. Tu sais qu’elle me l’a caché pendant des semaines ?! ». Je grimace, visiblement c’était tendance de ne rien dire à ses proches et de décider de ne pas se faire soigner. Je soupire « Sûrement par peur que tu t’inquiètes. Le plus important maintenant c’est que tu sois là pour elle, elle va avoir besoin de son débile de grand frère ». J’affiche un petit sourire moqueur avant de venir piquer dans le bol de chamallow qu’il m’a généreusement donné.  

Elle est dubitative et est ce que je peux vraiment lui en vouloir ?  J’ai laissé passer ma chance une centaine de fois avec Molly, abusant de sa patience, de sa gentillesse, ne la traitant pas avec respect. J’ai beau dire que je ne vais pas faire le con, que je ne souhaite être qu’ami aujourd’hui, je sais qu’une part de moi a dû mal à me dire qu’elle ne me laissera plus jamais revenir, que c’est terminé. « Me regarde pas comme ça, on peut être amis ! » Je lance, fanfaron, j’essaye presque de me convaincre en même temps.  Je choisis même finalement de lui lancer une pique sur son ex, vu qu’elle a lancé le sujet. Immédiatement son sourire disparait. « NON c’est définitivement terminé. » Un sourire satisfait étire mes lèvres. Voilà, elle voulait parlait d’exs, elle est servie.

Je suis bien content cependant qu’on change de sujets, le terrain de Noel me semblant moins miné. Pourtant elle n’a aucun beau réveillon de prévu et me parle de Knox, de nouveau malade ce qui a causé une dispute entre eux.  « J’ai déjà essayé, il m’a dit que j’étais étouffante. Et m'a vivement conseillé de me préoccuper de ma vie à la place puisque, visiblement, si je ne rencontre que des cons et que mon père s’est barré, c’est parce que c’est moi le problème » Je grimace, parce que ce n’est pas le moment de faire de l’humour mais que c’est tout à fait le genre de trucs que j’aurais pu lui sortir. « Il le pensait pas. » J’assure d’un ton un peu plus doux à défaut de savoir comment la réconforter. « Ca va s’arranger. » Je souffle pour la rassurer, je n’ai jamais eu trop les mots, je n’ai jamais su quoi dire dans ces moments-là, peu habitué à parler de ce qui n’allait pas.  

Elle me retourne la question et je lui parle de l’opération de Tessa et du fait qu’elle m’a caché sa maladie pendant des semaines. « Sûrement par peur que tu t’inquiètes. Le plus important maintenant c’est que tu sois là pour elle, elle va avoir besoin de son débile de grand frère ». J’hoche la tête, plus inquiet que je ne l’aurais voulu. Mais je finis par retrouver le sourire et je finis par lui piquer des chamallows. « Quoiii j’ai pas dit que je te donnais tout ! » Je lance avec un regard de défi. « En vrai Mia, si tu veux tu pourrais venir chez moi à Noel. J’ai déjà proposé à Molly… Mes parents sont plus à ça près je crois et puis ils t’adorent ! »

« Me regarde pas comme ça, on peut être amis ! ». J’essaye de rester impassible, mimant un zip sur ma bouche que je ferme soigneusement pour ne pas laisser un autre commentaire sortir ou une quelconque expression. Parce que j’ai peur que cette histoire d’amitié entre les deux soit bien compliqués à accepter, surtout pour Pete, malgré toute la merde qu’il a pu faire avec Molly.

« Il le pensait pas. Ca va s’arranger ». J’hausse les épaules, sincèrement peu convaincue à ce que les choses s’améliorent. Depuis qu’il a quitté l’appartement, je n’ai pas eu de nouvelles, je ne sais même pas où est-ce qu’il crèche. Et je ne me sentais pas le courage d’essayer de retourner vers lui après ce qu’il m’a balancé à la figure. Je me contente de relever le regard sur Pete, essayant de sourire difficilement, comme pour le remercier de m’écouter et de tenter de me remonter le moral. A mon tour, j’essaye de trouver les mots pour le rassurer à propos de Tessa. Mais je vois bien son air inquiet, d’autant plus quand il ne prend même pas la peine de réagir alors que je l’ai traité de débile. Puis, il sourit avant de piquer dans le bol à bonbons « Quoiii j’ai pas dit que je te donnais tout ! ». Je l’imite en silence avant de finalement sourire « On en a bien besoin tous les deux de toute façon ».

« En vrai Mia, si tu veux tu pourrais venir chez moi à Noël. J’ai déjà proposé à Molly… Mes parents sont plus à ça près je crois et puis ils t’adorent ». Un sourire sincère aux lèvres commence à se dévoiler « Sérieux ? Tu accepterais de me supporter à Noël ? Ça me touche ». En vrai, même si je fais semblant d’essuyer une petite larme au coin de l’œil avec une serviette, sa proposition a cet effet. « J’accepte l’invitation en tout cas. Merci cr… Pete ». Je lui lance un clin d’œil complice et hèle le serveur qui passe à nouveau par-là « On pourrait avoir deux verres de vin chaud s’il vous plait ? ». Le serveur acquiesce et part nous chercher la commande. Je reporte mon regard sur Pete « C’est ce que tu voulais depuis le début non ? Tu vas pas me le reprocher cette fois-ci ? ».