« Aucune idée ». Voilà qu’on est comme deux cons devant cet officier de police qui nous demande de rendre des comptes. Car forcément, on a attiré l’attention en piquant cette boule de Noël sur le sapin. Ce n’est pas comme si il était deux heures du matin et qu’il n’y avait personne. Non, on a fait ça limite à l’heure de pointe où tout le monde sort du boulot alors que la nuit commence à tomber et que la place centrale de la ville est bondée de monde. Deux plaies que nous sommes, nous n’avons pas vraiment réfléchi. En attendant, je ne peux pas vraiment compter sur Pete pour nous en sortir. Alors, j’improvise. Je me transforme en comédienne du jour, prétextant ne pas être bien et expliquant que Pete n’a cherché qu’à me faire plaisir avec cette boule. Ce dernier se prend au jeu « Oui elle n’a vraiment pas de chance… On est vraiment désolé Monsieur l’agent ». Le pire dans l’histoire ? C’est que le policier tombe dans le panneau et se montre compatissant. Il ne me demande même pas de remettre la boule de Noël à sa place. Lorsqu’il s’éloigne, je suis fière de moi et Pete éclate même de rire « Non mais ! C’est quoi ces talents d’actrice sortis de nulle part là ! Je vais t’offrir un oscar pour aller avec ta boule ! ». J’affiche un sourire fier, faisant un clin d’œil à Pete « Merci, je me découvre des talents moi aussi ». Je me mets à rire avec lui avant de reporter mon regard sur la boule que je tiens toujours entre mes mains. « J’AI MA BOULE ! ». Je sautille sur place, on dirait une gamine, avec ses yeux pleins d’étoiles. « Merci Pete » je fais alors en passant mon bras autour de son cou pour le tirer vers moi et déposer un rapide baiser sur sa joue « Tu sais que je t’aime bien quand même hein ? Même si je passe mon temps à dire que t’es un crétin, ce qui est vrai mais… je t’aime beaucoup ». Je lui donne un petit coup de coude alors que nous nous éloignons du sapin. « On va au marché de Noël ??? » Celui-ci était à une dizaine de minutes à pied de là où nous nous trouvions. « On se prend une trottinette pour y aller ? ». Je lance alors à Pete avec un sourire joueur au bout des lèvres. Ok, ce n’était clairement pas recommandé dans l’état où nous étions mais nous n’avons pas beaucoup de kilomètres à parcourir non plus. A deux on devrait gérer. Ou pas.  

Je la hisse pour la deuxième fois sur le sapin de Noel malgré les regards qui se posent sur nous et ça y est cette fois c’est la victoire, elle décroche la boule. Le policier arrive et on n’a pas le temps de fuir qu’on est déjà au sol et lorsqu’on se relève on se retrouve à devoir se justifier.  Elle se met à pleurer véritable comédienne et je n’en reviens pas. Le pire c’est que ça marche, le policier est convaincu. Même moi je le suis un peu. « Merci, je me découvre des talents moi aussi. » On regarde tous les deux la boule qu’elle tient dans les mains comme deux gamins ayant gagné au loto. « J'AI MA BOULE » « T’AS TA BOULE !! » Je sautille avec elle et on a toujours l’air aussi ridicules.  Elle m’attrape par le cou, déposant un baiser sur ma joue. « Merci Pete. Tu sais que je t’aime bien quand même hein ? Même si je passe mon temps à dire que t’es un crétin, ce qui est vrai mais… je t’aime beaucoup. » Je suis touché malgré qu’elle me traite encore de crétins. On avait beau s’insulter de tous les noms, je savais que j’allais pouvoir toujours compter sur elle. « Ouais moi aussi je t’aime bien la poissarde, juste un peu par contre ! »  Je lui tire la langue et on s’éloigne du sapin.  « On va au marché de Noel ?? » « HELL YEAH ! » Je réponds enthousiaste. « On va manger une gaufre heiiin si on y va ? » Mon regard est déjà gourmand. « On se prend une trottinette pour y aller ? » Je la regarde un instant laissant un sourire mutin étirer mes lèvres. « Tu sais ce que ça veut dire ça ?? » On se rapproche des trottinettes électriques. « Qu’on va faire la couuuuurse ! Et que celui qui perd paie la gauuuuffre ! »  Je lance. Heureusement le marché de Noel n’est pas loin car nous sommes bien loin d’être sobres.

Spoiler:

« T’AS TA BOULE !! ». Aucune gêne d’exploser de joie devant les passants qui ont assisté à mon cinéma. Nous sommes comme deux gamins, qui ne se rendent même plus compte de ce qu’ils font, et qui peut-être aussi, n’ont pas envie de tenir compte des regards sur eux. Je pense que l’effet de l’alcool est légèrement redescendu mais que Pete et moi avons juste besoin de nous amuser pour oublier nos vies un peu merdique ces derniers temps. L’effet de l’alcool cela dit m’incite à avouer à Pete que je l’aime même si je ne manque pas de souligner qu’il reste quand même un crétin « Ouais moi aussi je t’aime bien la poissarde, juste un peu par contre ! ». Je souris parce que je sais que ce n’est pas habituel entre nous et que je sais aussi que ce n’est pas le genre de Pete de m’avouer qu’il m’aime à la folie. Mais même sans le dire, au fond, et malgré toutes ces vacheries qu’on peut se dire, on sait qu’on peut compter l’un sur l’autre mais aussi qu’on tient l’un à l’autre plus que ce qu’on veut bien le prétendre.

Je lui propose alors qu’on se rende au marché de Noël. Après le café des lutins, la patinoire, le sapin où nous avons volé cette boule que j’admirais encore entre mes mains, c’était le passage obligé « HELL YEAH ! On va manger une gaufre heiiiin si on y va ? ». J’acquiesce frénétiquement d’un signe de tête « OBLIGE ! ». Je lui propose alors qu’on s’y rende en trottinette. Pas raisonnable comme choix, et je sais que Pete ne va pas me contredire « Tu sais ce que ça veut dire ?? ». Je le regarde, sourire aux lèvres, en sachant très bien ce qu’il va me dire « Qu’on va faire la couuuuuurse ! Et que celui qui perd paie la gauuuuuuufre ! ». Je saute alors sur la trottinette après l’avoir activé avec mon téléphone « Deal ! » je fais en lui tendant la main « prépare ta carte bleu hon’ ! ». Après un rapide décompte pour donner le départ, nous démarrons en trombe tous les deux. Nous slalomons entre les passants en traversant Queen Street avant de nous engager sur le Victoria Bridge. « PARDON !!! LAISSEZ PASSER ». Je ne ménage pas les passants parce qu’il est hors de question que Mulligan gagne. Nous arrivons ainsi à South Bank et empruntons la promenade le long de la Brisbane River. Depuis le début, je suis devant et il ne parvient pas à me rattraper. Evidemment, il perd donc il râle « Pff je suis sûr que ma trottinette était trafiquée » « Sois pas mauvais perdant Mulligan. T’es nul un point c’est tout ». Je ris en déposant ma trottinette. « Bon aller, je veux ma gaufre. Enfin MES GAUFRES ! je veux goûter à tout ! ».  

Elle me propose d’aller au marché de Noel, évidemment je suis partant, m’imaginant déjà manger toutes ces gaufres. « OBLIGE ! » Elle me propose d’y aller en trottinette et évidemment je suis partant. Car tout de suite cela veut dire qu’on va pouvoir faire une course et j’ai déjà hâte. On sort nos téléphones pour activer les engins. « Deal ! Prépare ta carte bleue hon’ ! »

Je lui souris narquois serrant sa main. Le décompte a lieu et on s’élance en trompe dans la ville, slalomant entre les passants. Clairement Mia connait mieux le chemin que moi, évite plus facilement les passants et prend de l’avance m’arrachant une injure. Elle gagne de loin et quand je la rattrape enfin je râle. « Sois pas mauvais perdant Mulligan. T’es nul un point c’est tout ». « C’est toi qui es nulle ! » Je lance comme un gamin de trois ans. On range les trottinettes. « Bon aller, je veux ma gaufre. Enfin MES GAUFRES ! je veux goûter à tout ! ». Je roule des yeux. « Ventre sur patte ! » Ah tout de suite quand c’est moi qui perds je suis moins enthousiaste.

On se dirige malgré tout vers un stand je regarde la carte. « Je vais prendre une gaufre au Nutella et un vin chaud s’il vous plait ! » Après tout il fallait bien continuer sur la lancée. Je me tourne vers Mia. « Oh ça vaaaaa on a à peine bu ! Allez tu prends quoi, choisis ! » Elle commande, je règle et on va s’installer sur un banc. La nuit est tombée à présent et tout est illuminé. Je regarde autour de moi tout en mangeant ma gaufre. « Et au fait ça en est où avec Jax alors ? Ton père est au courant des suspicions ? ».

« C’est toi qui est nulle ». Je me marre, et surtout je suis bien contente d’avoir gagné. Non pas pour les gaufres qu’il va payer mais juste pour l’emmerder et le voir râler. Cela dit, je ne vais pas non plus me priver du butin et encore mois de m’empiffrer « Ventre sur patte ! ». je lui tire la langue, il l’a mauvaise et ça me fait rire.

On se dirige donc vers un stand de gaufre et je salive encore, rien qu’avec les odeurs qui s’en dégage mais aussi la vue des gaufres commandés par les clients devant nous. Tout me donne envie « Je vais prendre une gaufre au Nutella et un vin chaud s’il vous plait ! ». Je bouscule du coude Pete qui ne peut pas s’empêcher de prendre un nouveau verre alors qu’on a à peine décuver notre vin consommé un peu plus tôt « Oh ça vaaaaaaaa on a à peine bu ! Allez tu prends quoi, choisis ! ». Alors je regarde, j’hésite et puis finalement : « Alors je vais prendre aussi une gaufre au Nutella avec des amandes effilées par-dessus. Et une boule de glace vanille. Ah oui et de la chantilly par-dessus ». Je frétille sur place rien qu’en pensant à ce que je vais manger « Et je vais prendre aussi un verre de vin chaud pour accompagner le crétin. Merci » je finis par dire à la personne qui nous sert.  J’ai toujours ma boule que je tiens limite comme un sac à main depuis tout à l’heure en plus de la gaufre énorme qui m’est servie. Pete règle, je lui lance un « Merci t’es le meilleur ! » avant qu’on aille s’installer sur un banc.

« Et au fait ça en est où avec Jax alors ? Ton père est au courant des suspicions ? ». Je commence à pioche de la chantilly avec une petite cuillère que je porte à la bouche « Uhm ! Je t’ai pas raconté !! ». J’avale « L’autre jour j’étais avec Jax au marché de Noël. Et devine sur qui on est tombé ?? Mon père ! Enfin notre père. C’est là que j’ai appris que Jax était derrière cette rumeur, et qu’il était le fameux Grant qui a raconté des conneries. Juste pour faire chier mon père. Du coup les deux ne peuvent pas se piffrer. Quoi qu’il en soit, mon père n’a pas du tout tiquer face aux sous-entendus de Jax ! Il lui a quand même dit un truc du genre "les chiens ne font pas des chats" alors que mon père venait de le traiter de tête de con ! ». Je soupire parce que même si je raconte ça plutôt d’une manière décontractée, en réalité, ça me fait chier « Bref, mon père a pas capté et j’ai arrêté Jax dans son élan. Il était tellement remonté, qu’il a failli cracher le morceau ».

« Alors je vais prendre aussi une gaufre au Nutella avec des amandes effilées par-dessus. Et une boule de glace vanille. Ah oui et de la chantilly par-dessus ». J’ai l’impression qu’elle ne va jamais s’arrêter de demander plus d’aliments à rajouter sur sa gaufre. « Ca va oui on en rajoute une par-dessus aussi ? » Je roule des yeux mais déjà elle enchaîne.  « Et je vais prendre aussi un verre de vin chaud pour accompagner le crétin. Merci. » Je marmonne des insultes incompréhensibles dans ma barbe tout en payant. Mia tient toujours d’un côté la boule énorme comme un sac à main, et de l’autre sa gaufre tout aussi énorme. « Merci t’es le meilleur. » Je lui tire la langue, ayant malgré tout un sourire aux lèvres.

On s’installe sur le banc et je pense soudainement à son père et à Jax. « Uhm ! Je t’ai pas raconté !! L’autre jour j’étais avec Jax au marché de Noël. Et devine sur qui on est tombé ?? Mon père ! Enfin notre père. C’est là que j’ai appris que Jax était derrière cette rumeur, et qu’il était le fameux Grant qui a raconté des conneries. Juste pour faire chier mon père. Du coup les deux ne peuvent pas se piffrer. Quoi qu’il en soit, mon père n’a pas du tout tiquer face aux sous-entendus de Jax ! Il lui a quand même dit un truc du genre "les chiens ne font pas des chats" alors que mon père venait de le traiter de tête de con ! Bref, mon père a pas capté et j’ai arrêté Jax dans son élan. Il était tellement remonté, qu’il a failli cracher le morceau. ». Je grimace en attendant ces paroles. Ca ne m’étonne pas de Jax. Il n’accepterait jamais Andrew comme père, même si ce n’était pour l’instant qu’une hypothèse. « Je l’ai vu il y a pas longtemps, on est allé joué au billard.  Ton père il pourra jamais l’accepter je pense. » J’hausse les épaules, mangeant ma gaufre, me mettant du Nutella partout. « Et toi avec lui ça va mieux ? » La dernière fois qu’on avait parlé de ça, sa relation avec Andrew était au plus bas, j’espérais malgré tout pour elle que ça aille un peu mieux aujourd’hui.

« Ca va oui on en rajoute une par-dessus aussi ? ». Je pose mon regard sur lui « Chiche, la deuxième je me fais un sandwich de gaufre ! ». J’en serai totalement capable, l’alcool a toujours tendance à m’ouvrir encore plus l’appétit. Et étant donné que j’ai commandé aussi un autre verre de vin chaud. Fallait éponger tout ça après tout.

On s’installe alors sur un banc et Pete me demande un peu où ça en est cette histoire entre mon père et Jax. Je lui raconte la dernière rencontre entre les deux ici même, au marché de Noël. D’ailleurs, j’ignorais jusqu’à celle-ci qu’ils s’étaient déjà rencontrés. « Je l’ai vu il y a pas longtemps, on est allé jouer au billard. Ton père il pourra jamais l’accepter je pense ». J’attaque la glace à la vanille caché sous le dôme de chantilly « Je sens aussi que ça va être compliqué. Et bien que je comprenne parfaitement la position de Jax… J’ai espoir que ça finisse par changer… Avec le temps ». Je ne mens pas et je préfère donc être honnête en disant à Pete que j’ai espoir qu’un jour, nous reformions une famille avec Jax. « Par contre, Jax me fait confiance désormais… Et ça, je suis vraiment contente ». J’affiche un sourire en repensant à ce qu’il m’a dit au marché, comme quoi même si on venait à découvrir que nous n’étions pas liés par le sang, je serai toujours une amie pour lui. « Ca a donné quoi cette partie de billard ? Fin pas le résultat je m’en fou mais toi et Jax. Vous avez réussi à renouer un peu ? ». Parce qu’il fut un temps où les deux étaient proche, notamment parce qu’ils avaient été dans le même orphelinat « Et toi avec lui ça va mieux ? ». J’hausse les épaules à mon tour « J’essaye peut-être de lui laisser une chance… Il m’a proposé de venir au centre où il travaille pour donner des cours de dessin aux enfants. Et y’a cette petite fille dont il s’occupe, peut-être qu’on fera une sortie ensemble genre un pique-nique un de ces jours… Il a l’air de beaucoup tenir à cette petite ». Je commence à faire un peu de la bouillie avec ma cuillère de mon mélange chantilly, glace vanille qui commence à fondre avec la chaleur, alors que je réfléchis à ce que je viens de lui dire « Tu m’aides ? » je fais en lui tendant la deuxième cuillère que j’ai piqué au stand.

« Chiche, la deuxième je me fais un sandwich de gaufre ! » Je roule des yeux, évidemment que j’ai réussi à lui donner une idée. On s’installe sur un banc pour manger notre butin et elle me raconte sa rencontre avec Jax et son père au marché de Noel qui a failli mal tourner. Malgré le fait que notre amitié n’est plus du tout ce qu’elle était,  je comprends peut-être bien mieux que d’autres le fait qu’il n’ait pas envie de connaître Andrew.  Je pense que j’aurais sûrement réagi de la même façon, qui sait. Ce n’était pas quelque chose auquel j’avais envie de penser. « Je sens aussi que ça va être compliqué. Et bien que je comprenne parfaitement la position de Jax… J’ai espoir que ça finisse par changer… Avec le temps ».  J’hausse les épaules, je ne veux pas encourager des faux espoirs, vu la réaction de Jax, une relation avec Andrew me paraissait pour le moment impossible.  « Par contre, Jax me fait confiance désormais… Et ça, je suis vraiment contente ». A ca je souris, mangeant un morceau de gaufre. « Tant mieux ! » dis-je entre deux bouchées.  « Ca a donné quoi cette partie de billard ? Fin pas le résultat je m’en fous mais toi et Jax. Vous avez réussi à renouer un peu ? » A ca je grimace légèrement me contentant de manger laissant un silence s’installer un instant, ne sachant pas réellement comment répondre. «  Pas vraiment. On est trop différents. » Je me contente de dire. Je n’ai aussi pas envie de penser à cette période d’avant mes six ans, période dont je préfère oublier les détails, ne souhaitant pas penser aux flashs des familles d’accueil, ou de l’orphelinat.  Je préfère lui demander où en est sa relation avec son père pour ne pas m’attarder dessus.  « J’essaye peut-être de lui laisser une chance… Il m’a proposé de venir au centre où il travaille pour donner des cours de dessin aux enfants. Et y’a cette petite fille dont il s’occupe, peut-être qu’on fera une sortie ensemble genre un pique-nique un de ces jours… Il a l’air de beaucoup tenir à cette petite ».  Je finis ma gaufre sans un mot. « C’est bien que tu essayes. Je suis pas sûr qu’il le mérite, mais peut-être qu’il a changé. » Je lui dis simplement. J’avais peu d’estime pour quelqu’un qui avait finalement abandonné non pas un mais deux de ses enfants, j’avais vu comment son départ avait affecté Mia et je portais pas du tout Andrew dans mon cœur. Elle me tend une petite cuillère. «  Tu m’aides ? » A ça mon sourire s’élargit, gourmand.  « Évidemment ! » J’attrape la petite cuillère, piochant dans sa gaufre. « T’as fait le bouillie ma parole !! Tu sais pas apprécier les bonnes choses » je gronde, moqueur.

« Tant mieux ! », me lance Pete alors que je lui parle de ma relation avec Jax. D’ailleurs, je veux aussi savoir comment se sont passés leurs retrouvailles puisqu’il m’a indiqué qu’ils se sont vus récemment pour une partie de billard et surtout s’ils ont réussi à retrouver leur lien d’avant « Pas vraiment. On est trop différents ». Je n’allais pas le contredire là-dessus. Je sens bien qu’il s’éternise pas, ça m’agace un peu même si je sais qu’il n’aime pas parler de son passé. « C’est certain. Mais ce n’est pas parce que vous êtes différents que vous ne pourrez pas vraiment renouer un jour. Je passe même que tu aurais besoin d’un gars comme Jax dans ta vie, pour te faire retrouver le droit chemin parfois » je lance tout en enfouissant une bouchée de ma glace et un peu de gaufre dans ma bouche « Tout comme lui aurait besoin d’un Pete pour le décoincer un petit peu » s’affiche alors un sourire malicieux sur mes lèvres. Pete me demande ensuite où en est ma relation avec mon père « C’est bien que tu essayes. Je suis pas sûr qu’il le mérite, mais peut-être qu’il a changé ». J’hausse les épaules même si au fond je ne suis pas si indifférente que ça « Je prends le risque… Je ne lui pardonne pas pour autant ce qu’il a fait… Mais il me manque… » j’avoue alors « Tu sais… Je ne l’ai jamais dit à personne mais au fond de moi, j’ai toujours eu espoir qu’il revienne… ». Parce que ma relation avec mon père était forte, l’avait toujours été et me manquait. « Et puis, le temps passe… Je me dis que j’aimerai l’avoir à mes côtés quand ma vie personnelle sera plus… heureuse. Un jour. ». Ma glace est complètement de la bouillie, mélangée à la chantilly mais aussi au chocolat. C’est un peu la galère à manger d’ailleurs. Je demande à Pete de m’aider « Evidemment ! ». Il n’était pas mieux que moi niveau gourmandise et pique assiette. Je lui donne la cuillère « T’as fait la bouillie ma parole !! Tu sais pas apprécier les bonnes choses ». Je fais semblant de l’imiter en exagérant les traits « Tais-toi bouffon ». Je lui souris malgré tout et continue à manger « T’as des rêves Pete ? ».

« C’est certain. Mais ce n’est pas parce que vous êtes différents que vous ne pourrez pas vraiment renouer un jour. Je passe même que tu aurais besoin d’un gars comme Jax dans ta vie, pour te faire retrouver le droit chemin parfois » Comme si j’avais besoin de quelqu’un de plus pour me rappeler que je bois trop. Jax avait bien assez abordé le sujet la dernière fois pour me passer l’envie de le revoir rapidement. « Tout comme lui aurait besoin d’un Pete pour le décoincer un petit peu » A ca je ris tout en mâchant mon dernière morceau de gaufre. « Ca c’est clair ! » Mais je vois bien qu’elle aimerait que j’en dise plus. Sauf que ce n’est vraiment pas une relation sur laquelle j’aime m’étendre. Je soupire, laissant mon regard s’égarer sur la foule plutôt que sur elle. « Il me rappelle pas des bons souvenirs c’est tout. » Je suis évasif. Bien sûr j’avais des bons souvenirs de lui et de notre amitié, mais le reste je souhaitais l’oublier.

Je finis par lui demander où en est sa relation avec son père. Celle-ci a l’air d’aller un peu mieux. Je ne sais pas s’il mérite qu’elle lui pardonne, déjà le fait qu’elle essaye est un beau geste selon moi, un geste qu’il ne méritait pas spécialement. « Je prends le risque… Je ne lui pardonne pas pour autant ce qu’il a fait… Mais il me manque… Tu sais… Je ne l’ai jamais dit à personne mais au fond de moi, j’ai toujours eu espoir qu’il revienne… ». Mon regard se fait plus doux et plus tendre alors. C’est quelque chose que je comprends au plus profond de mon cœur, moi qui malgré mon incapacité à parler d’avant mon adoption avait toujours eu au fond l’envie qu’un jour mes parents biologiques reviennent me chercher. « Et puis, le temps passe… Je me dis que j’aimerai l’avoir à mes côtés quand ma vie personnelle sera plus… heureuse. Un jour. » « C’est normal, c’est ton père malgré tout et il a l’air vraiment prêt à rester et à être présent cette fois. J’espère que vous arriverez à retrouver votre complicité. » Je lui dis sincèrement avant qu’elle me propose de l’aider à finir sa gaufre ce que je fais avec plaisir, y allant de mon petit commentaire. « Tais toi bouffon. » « Toi-même la blonde ! » Je réponds du tac au tac en pouffant de rire. « T’as des rêves Pete ? » La question m’arrête, me fait hésiter. Je ne me suis jamais réellement poser la question. « Comment ça ? Tu veux dire par rapport au boulot ? » Je réalise alors que ma vie personnelle était un tel fiasco que l’idée d’y associer des rêves ne me venait pas du tout naturellement.

« Ca c’est clair ». S’il réagit au fait que Jax aurait besoin de lui pour le décoincer un peu, il ne réagit pas à mon affirmation précédente, ce que je remarque. Je vois bien qu’il tente d’en dire le moins possible et cela éveille encore plus ma curiosité. Alors je lui jette ce regard qui montre très bien que je veux qu’il en dise davantage. Surtout que Jax est possiblement mon frère alors connaitre la relation qu’il entretenait avec lui, ou qu’il peut entretenir avec lui aujourd’hui ne peut que m’intéresser « Il me rappelle pas des bon souvenirs c’est tout ». Je reporte mon regard sur lui alors, celui-ci s’attristant et étant compatissant « Je sais hon’. Mais, au-delà de tous ces mauvais souvenirs, finalement, votre relation en fait partie des bons. Tu devrais peut-être garder ça en tête … Puis il t’a pris un peu sous ton aile, il m’a dit qu’il te considérait à l’époque comme son petit frère ». Je sens que c’est délicat mais j’essaye de le pousser un peu à se livrer à ce sujet, mais si je sais qu’il peut tout faire pour éviter le sujet.

Je me livre à Pete. Au point où je lui avoue que je laisse une chance à mon père car j’ai envie qu’il soit présent pour les prochaines étapes de ma vie, si celle-ci est un peu moins pourrie qu’actuellement. Je pense notamment à un éventuel mariage ou un enfant. « C’est normal, c’est ton père malgré tout et il a l’air vraiment prêt à rester et à être présent cette fois. J’espère que vous arriverez à retrouver votre complicité ». J’apprécie les paroles de Pete, surtout le fait qu’il me comprenne. Je lui souris alors « Je l’espère aussi… ». Nous partageons alors ma gaufre, non pas que j’ai vu trop gros mais parce qu’il fait trop chaud, ça fond et je mange pas assez vite. Bon et puis parce que je suis aussi une amie en or, et que je veux partager avec lui. Mais ça, je n’ai pas besoin de préciser il le sait « Tais-toi la blonde ! ». Je lui tire la langue alors qu’on pique tout les deux dans ma gaufre. Puis, je reprends un air sérieux demande à Mulligan s’il a des rêves « Comment ça ? Tu veux dire par rapport au boulot ? ». Mes yeux se posent sur lui « Pas que ça, aussi personnellement. Tu dois bien avoir des envies au fond de toi, même si ce n’est pas pour tout de suite ». Parce qu’il me l’a dit clairement, il ne sait pas s’il a envie de changer mais peut-être qu’un jour, il aura envie d’autre chose.  

Je la vois elle aimerait que je m’ouvre, que je parle de ma relation avec Jax un peu plus en détails. Pourtant je ne sais pas quoi dire, mon regard la fuyant.  Je n’aime pas penser au avant comme si j’avais tracé une ligne au fer rouge à mes six ans, effaçant tout le reste. « Je sais hon’. Mais, au-delà de tous ces mauvais souvenirs, finalement, votre relation en fait partie des bons. Tu devrais peut-être garder ça en tête … Puis il t’a pris un peu sous ton aile, il m’a dit qu’il te considérait à l’époque comme son petit frère » J’hausse les épaules tête mais sans réellement accepter ce qu’elle me dit. « C’est le passé. »  Je ne veux pas y penser, alors que pourtant elle a raison. Jax avait été un frère pour moi,  il était la seule personne de ce passé finalement.  Je savais qu’il pouvait comprendre mieux que beaucoup d’autres personnes. Pourtant un fossé nous séparait aujourd’hui.  

Elle me parole de son père et je comprends son envie de retrouver sa complicité et la relation qu’elle avait  avec lui.  « Je l’espère aussi… »

Mia me demande quels sont mes rêves et soudain je me sens perdu. « Pas que ça, aussi personnellement. Tu dois bien avoir des envies au fond de toi, même si ce n’est pas pour tout de suite »

Mon regard pendant une seconde montre à quel point je suis perdu, à quel poignit je ne sais pas en réalité ce que je veux. Les mots que j’ai envie de prononcer sont en réalité plus durs, plus profonds. J’ai envie de lui dire que j’aimerais ne plus me sentir comme ça. J’aimerais ne plus avoir besoin de vodka pour effacer tout ce que je suis. J’aimerais me sentir moins seul quand je suis entouré. J’aimerais simplement peut être réussir à parler. Pourtant tous les mots se bloquent dans ma gorge et instinctivement mon sourire revient.  Ce sourire que j’aimerais parfois arracher de mon visage. Parce que j’ai confiance en Mia et je sais que je pourrais lui parler. Et pourtant j’en suis incapable.  Le sourire revient, prend toute la place, sonne faux, mon air indifférent et impersonnel. «  Oh tu sais moi je veux juste continuer à avoir une belle carrière comme celle que j’ai ! Bosser sur des beaux projets tout ça ! »   Parce que le reste me semble inatteignable. Après tout, Jill ne m’a jamais aimé.  Et moi j’ai toujours aimé mal la seule fille qui m’ait donné tout son amour et qui a fini par dire stop.  Je passe tellement de temps à prétendre que tout va bien que je ne sais même plus ce que je veux en réalité. Mon regard la fuit. « On va faire un tour dans le marché ? »

« C’est le passé ». Je soupire parce qu’il ne dira rien. Mais je respecte aussi son choix, je n’ai jamais voulu le bousculer ou l’inciter à me parler de ce passé qu’il veut oublier. Peut-être que les choses finiront par s’arranger entre eux et que j’en apprendrai plus à ce moment-là.

L’alcool semble me faire passer par tout genre d’émotions ce soir. Là, je suis plus dans l’instant partageons nos rêves. Enfin surtout ce qui m’intéresse, c’est de savoir si Pete a des rêves. Parce qu’il connait très certainement les miens, que je n’ai pas besoin de lui dire. En revanche, je ne pourrais pas en dire autant pour lui. Tout simplement parce que Pete est Pete et que c’est le genre de conversations qu’il déviera quand vous essayez d’aborder le sujet. Parce que je me dis, qu’au fond, il camoufle, c’est certain et qu’il a forcément des envies. Peut-être pas pour tout de suite mais pour un futur plus ou moins proche. Je ne le lâche pas du regard et je vois bien qu’il se ferme. J’arque un sourcil, attendant peut-être même espérant qu’il me réponde sincèrement. Son sourire, comme toujours, revient «  Oh tu sais moi je veux juste continuer à avoir une belle carrière comme celle que j’ai ! Bosser sur des beaux projets tout ça ! ». Je me rends bien compte qu’il ne me dit pas tout qu’il ne me dira certainement pas davantage « Tu ne réponds qu’à moitié à ma question. Tu fais chier Pete ». je lance d’un ton sec et las. Parce qu’il camoufle lui aussi, comme Knox, comme Alec. J’attrape alors mon verre de vin chaud et le boit cul sec. « On va faire un tour dans le marché ? ». Mon sourire revient et j’acquiesce d’un signe de tête. « Ouais, tu vas m’acheter plein de cadeaux comme tu réponds pas à mes questions ». Nous nous levons du banc, je tente de terminer ma gaufre tant bien que mal avant de jeter les déchets à la poubelle et la bouillie que nous n’avons pas pu sauver. Je me balade donc avec ma boule et nous passons devant le père Noël qui est là pour prendre des photos avec les enfants « On fait une photo ????!! ». Je lui laisse pas vraiment le choix et le tire par le bras pour aller à la rencontre de l’homme en rouge.

« Tu ne réponds qu’à moitié à ma question. Tu fais chier Pete » Mon sourire est fragile, il flétrit un instant pour revenir plus fort. «  Mais tu m’aimes quand même ! » Je fanfaronne, je détourne.  J’aimerais au fond que les mots sortent de ma gorge, j’aimerais lui expliquer à quel point tout me semble aller mal, à quel point l’alcool est la seule chose qui me permet de me lever le matin. Je n’y arrive pas. Je ne sais pas parler, je n’ai jamais su le faire. Tout le temps heureux, tout le temps positif, tout le temps moqueur. Toujours à prétendre. Je ne suis que faux semblants, même avec elle qui pourtant me connait bien mieux que beaucoup d’autres.

Je lui propose d’aller faire un tour sur le marché, préférant me sortir de cette conversation pendant qu’il est encore temps.  « Ouais, tu vas m’acheter plein de cadeaux comme tu ne réponds pas à mes questions ». « DANS TES REVES POISSARDE ! » Je m’exclame moqueur, finissant mon vin chaud d’une traite.  On jette les déchets restants et on déambule dans les allées. C’est là qu’on croise le père Noel. « On fait une photo ????!! » Je pouffe de rire, la laissant m’entraînant vers le bonhomme rouge, il y a la queue, ce ne sont que des gamins. On a l’air bien ridicules. Je regarde le père Noel au loin, il a vraiment la tête de l’emploi. Une dame qui s’occupe de tenir la file nous regarde étrangement. « Euh vous savez que c’est pour les enfants Messieur Dame ? »  Je lui adresse mon plus grand sourire. « Voyez, c’est ma fille Mia, douze ans. » Je me marre on a l’air ridicules, mais qu’importe j’assume, après tout rien ne nous interdit d’être là et de prendre une photo avec le père Noel.  Je reste fixé sur le bonnet du Père Noel, triste qu’on ait pas eu celui de la patinoire. Je regarde de nouveau Mia mon regard devenant sournois. «  Cap ou pas cap ? » Va-t-elle comprendre ? Je regarde de nouveau le bonnet et je la regarde, attendant qu’elle comprenne.