Elle ne dit rien, faisant mine de ziper sa bouche et je me renfrogne, bien trop conscient que ma relation avec Molly était tout sauf simple actuellement. « Pfff, je suis capable d’être amie avec mes exs. » J’en rajoute alors qu’elle n’ a pas fait de commentaires. Sauf que Molly est tout sauf une ex normale. Elle est à vrai dire la seule personne avec qui je suis revenu encore et encore.

On parle de Noel, puis de Knox et je vois bien que la situation l’a affectée. Je ne sais pas trop quoi faire pour lui remonter le moral et je tente malgré tout quelques pauvres mots réconfortants avant de lui proposer finalement de passer Noel en famille avec moi.

« Sérieux ? Tu accepterais de me supporter à Noël ? Ça me touche. » fait semblant d’essuyer et je me marre. « Tu peux pas être pire que Link ! » J’annonce en roulant des yeux, conscient que mon frère et moi n’avions jamais eu la relation des plus cordiales. « J’accepte l’invitation en tout cas. Merci cr… Pete ». A ca je lève ma tasse vide. « Jt'’en prie, la poissarde ! » Je lui tire la langue, malgré tout content qu’elle ait accepté mon invitation et qu’elle n’ait pas relevé le fait que j’ai invité Molly à passer Noel avec ma famille comme si on était encore ensemble.

Mia appelle le serveur et je prie pour que ce ne soit pas un chocolat chaud cette fois. « On pourrait avoir deux verres de vin chaud s’il vous plait ? » A ca mon regard s’illumine, le serveur s’en allant chercher les boissons. « C’est ce que tu voulais depuis le début non ? Tu vas pas me le reprocher cette fois-ci ? » Je me marre. « HALLELUJAH c’est un miracle de Noel, Mia McKullan est un peu moins chiante que d’habitude ! » Je me prépare déjà à éviter un nouveau coup de pied sous la table. Le serveur revient quelques instants plus tard et on trinque. « A ton futur bébé ! » Je lance avant de me marrer, conscient qu’elle va adorer les rumeurs circulant depuis son séjour à l’hôpital dont elle est évidemment au courant. « Ah non c’est vrai pardon t’es pas enceinte ! Du coup c’était qui le faux père parmi tes nombreuses conquêtes ? »

« Pfff, je suis capable d’être amie avec mes exs ». Il renchérit alors que je ne me permet aucun commentaire. Mais s’il insiste « On sait tous que c’est IM-POS-SI-BLE. C’est comme si je voulais devenir simple amie avec Lukas ou Mason… ou le cuisinier » comme il l’appelait, m’évitant ainsi de lui dire son prénom. « Il y aura toujours de l’ambiguïté ou de la rancœur » je lâche alors que je porte à nouveau ma boisson chaude aux lèvres.

Pete me propose de passer Noël avec lui et les Mulligan. C’est vrai que je n’ai pas prêté attention au nom de Molly, ou plutôt relevé, mais, quoi que je dise, Pete n’en fera qu’à sa tête. Il pense qu’il peut récupérer la jeune femme, et certainement que passer Noël avec elle est un moyen pour lui de se laisser une autre chance. Alors je ne dis rien, mais je n’hésiterai pas à lui donner plusieurs coups sous la table s’il merde ce jour là « Tu peux pas être pire que Link ». Je grimace, en sachant qu’entre les deux frères, c’était tendu « Merci pour la comparaison ». En tout cas, cette invitation me touche et je le remercie. Il lève sa tasse comme pour trinquer « Jt’en prie, la poissarde ! ». La bouche à moitié entrouverte du fait du surnom qu’il vient me donner c’est un chamallow qui part dans sa tronche « Elle t’emmerde la poissarde », je fais alors qu’un sourire finit tout de même par apparaitre en roulant des yeux.

« HALLELUJAH c’est un miracle de Noël, Mia McKullan est un peu moins chiante que d’habitude ». Je lève les yeux au ciel mais pourtant, je ne montre aucune violence envers lui-même si la claque me démange la main « Te réjouis pas trop vite, c’est le seul qu’on prendra. Savoure-le ». Le serveur arrive avec les deux verres de vin chaud et nous trinquons « A ton futur bébé ! ». Je manque de m’étouffer alors que je prends une gorgée de vin. Il renchérit « Ah non c’est vrai pardon t’es pas enceinte ! Du coup c’était qui le faux père parmi tes nombreuses conquêtes ? ». Je repose mon verre sur la table « Je vais tuer Jax ! ». Car il était l’inquisiteur de cette rumeur complètement stupide, mon père et Adam étaient tombés dans le panneau et les deux s’étaient emballés « Justement y’en a tellement que je ne sais pas, il aurait fallu que je fasse un test de paternité à sa naissance ». Je préfère balancer alors qu’au moment où cette rumeur a été lancée, il n’y avait en réalité qu’une seule et unique possibilité et il pouvait lui-même sans douter. Evidemment, je passerai l’autre détail qui était que j’avais eu une aventure avec mon meilleur ami. « Au fait, Jill est parti rapidement l’autre soir ».

« On sait tous que c’est IM-POS-SI-BLE. C’est comme si je voulais devenir simple amie avec Lukas ou Mason… ou le cuisinier. Il y aura toujours de l’ambiguïté ou de la rancœur. » Elle n’a pas tort mais je fais mine de ne pas y penser. « Nianianinania. » Je blablate en roulant des yeux pour signifier que je n’étais pas d’accord avec elle mais j’avais peu d’arguments en ma faveur.

Je ne sais pas si je vais regretter d’avoir invité Mia à ce Noel en famille mais je ne pense pas. Malgré tout ce que je prétends je sais qu’on s’amusera bien et peut être que cela rendra un peu moins étrange le fait que Molly soit là, qui sait.  « Merci pour la comparaison. » Je pouffe de rire, trinquant avec elle à ce Noel un peu étrange. « Elle t’emmerde la poissard ». Je fais mine de lui envoyer un baiser bien content du surnom que je viens de trouver.

On commande enfin des vins chauds et mon monde s’éclaire. « Te réjouis pas trop vite, c’est le seul qu’on prendra. Savoure-le ». C’est à mon tour de rouler des yeux. « C’est ce qu’on verra ! » J’annonce, avant  de faire part des rumeurs qui courent sur elle, mon regard moqueur. « Je vais tuer Jax !  Justement y’en a tellement que je ne sais pas, il aurait fallu que je fasse un test de paternité à sa naissance » Ces rumeurs m’avaient fait beaucoup rire et je fais mine de prendre une mine sérieuse. « Ah oui c’est sûr que c’est compliqué avec autant d’amants. Je compatis ça ne doit pas être facile tous les jours. » Je pouffe de rire, buvant une gorgée de mon vin.

« Au fait, Jill est partie rapidement l’autre soir. » Mon regard se ferme, immédiatement,  toute trace de sourire disparaissant de mes lèvres. La douleur violente enveloppant mon cœur, le serrant, me rappelant le regard de Jill, l’usage du passé pour désigner ce qu’on avait été, le bracelet balancé par la fenêtre.  Je tente de me rattraper, de faire revenir un sourire un peu indifférent sur mon visage et cela me semble être un effort surhumain, quand mon regard est un puit de tristesse. « Ah ouais ? J’ai pas remarqué.  Elle devait sûrement rentrer s’occuper de ses gamins. » J’hausse les épaules buvant une longue gorgée de mon verre. « On se recommande un deuxième verre ? »

« Nianianiania ». Je suis désespérée par la débilité de Pete parfois. Un vrai gamin qui ne veut rien entendre. Enfin, cela dit, ça le représente totalement et je ne suis pas sûre qu’il gagne en maturité un jour. Je lève les yeux au ciel où il peut clairement voir que je serai capable de me barrer en courant tellement il m’exaspère parfois.

« C’est ce qu’on verra ». Après avoir parlé de sujets un peu plus douloureux, je décide d’offrir le Saint Graal aux yeux de Pete : du vin. « Quoi t’a décidé de noyer ton chagrin dans l’alcool encore ? Tu comptes ajouter alcoolique dans ta liste de défaut ? après pathétique, infidèle, crétin et moche ? ». Mon sourire est amusé, je sais que je vais m’en reprendre autant dans la tronche mais ça en valait la peine rien qu’en voyant la tête de con de Pete. « Ah oui c’est sûr que c’est compliqué avec autant d’amants. Je compatis ça ne doit pas être facile tous les jours ». A ce moment-là, j’ai le choix entre sauter par-dessus la table pour l’étrangler. Ou continuer à nourrir cette idée que j’ai une pléthore d’amants « Je m’y perds à force. Un pour chaque jour mais parfois, je m’emmêle les pinceaux. Cela dit, toi aussi tu dois être dans le même cas de figure. D’ailleurs, t’es peut-être pas au courant mais t’en a peut-être foutu une en cloque et tu ne le sais pas ? ». Je ris alors en ajoutant « Pitié, pas de mini toi. Le monde n’en sera que meilleur ».

Je viens à lui demander le départ précipité de Jill lors de sa fête d’anniversaire. Les deux étaient meilleurs amis, comme cul et chemise. Je ne portais pas forcément Jill dans mon cœur, disons qu’il y avait une vieille rancœur de notre adolescence, et que nous n’avions jamais pris la peine d’éventuellement nous rabibocher. Et je remarque alors le changement immédiat d’expression sur le visage de Pete. J’arque un sourcil « Ah ouais ? J’ai pas remarqué. Elle devait sûrement rentrer s’occuper de ses gamins ». Il attrape son verre et le finit pratiquement d’une traite « Wow, vas-y mollo », je lance alors que je l’observe prêt à appeler à nouveau le serveur « On se recommande un deuxième verre ? ». Mon regard se veut alors inquiet « Ok, qu’est-ce qui s’est passé avec Jill? Me dit pas rien, je vois bien qu’il y a quelque chose que tu me dis pas. Balance ». Je fais alors que je termine mon verre et appelle le serveur pour passer une autre tournée « C’est exceptionnel » je lance alors à Pete pour ne pas qu’il y prenne goût non plus.

« Quoi t’a décidé de noyer ton chagrin dans l’alcool encore ? Tu comptes ajouter alcoolique dans ta liste de défaut ? après pathétique, infidèle, crétin et moche ? » Je ris à défaut de faire quoique ce soit d’autre. « Tout de suite les grands mots, c’est pas de ma faute si tu es insensible à mon charme. Quant au vin, que veux-tu, j’ai passé trop de temps en France faut croire. » On rit et pourtant elle a raison sur toute la ligne. Quant au nouveau mot qu’elle emploie pour me décrire, il ne faut pas abuser, mon problème avec l’alcool n’est pas si grave que ça.

« Je m’y perds à force. Un pour chaque jour mais parfois, je m’emmêle les pinceaux. Cela dit, toi aussi tu dois être dans le même cas de figure. D’ailleurs, t’es peut-être pas au courant mais t’en a peut-être foutu une en cloque et tu ne le sais pas ? Pitié, pas de mini toi. Le monde n’en sera que meilleur ».

Prétendre qu’elle a un millier d’amants me fait rire mais beaucoup moins  quand elle m’en renvoie la pareille et mon visage se ferme quand elle mentionne la possibilité que j’ai pu mettre en cloque une fille. Je ris pour cacher la gêne, je ris pour oublier l’aveu alcoolisé de Jill. Et les derniers mots font mal, bien plus mal que je ne pourrais l’admettre. Parce qu’elle a raison, le monde ne sera que meilleur sans que j’ai des enfants. C’était sûrement ce que Jill avait pensé. C’était sûrement ce que tout le monde pensait. Parce que j’étais déjà de trop. Pas voulu par mes parents biologique, pas voulu par Molly, pas voulu par Jill, bon qu’à foirer, pourquoi est ce que quelqu’un aurait voulu d’un Peter de plus ?  «  J’avoue que c’est pas facile tous les jours d’avoir autant de gens à mes pieds,  c’est difficile de tenir le compte donc je compatis »  Je n’ai pas réagi à la dernière partie de sa phrase, fuyant son regard, incapable de rire de ça aujourd’hui.


Évidemment il fallait qu’elle parle de Jill.  Évidemment il fallait que mon masque s’écroule et je tente de le retrouver à renfort de verre de vin chaud vidé. «  Wow, vas-y molo. » J’en ai rien à faire d’y aller mollo, j’ai besoin du vin pour effacer les sentiments auxquels je n’ai aps envie de penser. « Ok, qu’est-ce qui s’est passé avec Jill? Me dit pas rien, je vois bien qu’il y a quelque chose que tu me dis pas. Balance ». Mon visage se ferme. « Il y a rien il s’est rien passé avec Jill, Mia. » Et ma voix est sèche. Ce n’est pas une conversation que j’ai envie d’avoir. Pourtant elle lance un regard qui me fait lever les yeux au ciel et je joue avec mon verre,  sans la regarder finissant par avouer. « Je l’ai embrassée. » Je souffle.

« Tout de suite les grands mots, c’est pas de ma faute si tu es insensible à mon charme. » Je feins de vouloir vomir en portant deux doigts dans ma bouche rien qu’en pensant à l’idée que je sois séduite par Pete.  « Quant au vin, que veux-tu, j’ai passé trop de temps en France faut croire ». J’amène ma main sur ma poitrine, prenant un petit air distingué « Oh, monsieur a des goûts raffinés. C’est vrai, vu comme ça, c’est différent ». Je secoue doucement la tête alors en souriant.

« J’avoue que c’est pas facile tous les jours d’avoir autant de gens à mes pieds, c’est difficile de tenir le compte donc je compatis ». Je ris doucement parce qu’il renchérit et entre dans le jeu. Je ne remarque pas son air fermé et je suis loin d’imaginer que mes dernières paroles ont pu le froisser à ce point. Parce que Pete est et restera toujours Pete, celui qui dissimule tout ce qu’il peut ressentir derrière des sourires, des rires et des piques. Et même si je le connaissais par cœur, que je parvenais à voir quand il faisait semblant, quand il prétendait que tout allait bien alors que tout allait mal, il y avait des ratés. Alors, quand je me rends compte qu’il a un air différent dès que j’évoque Jill, qu’il essaye de me faire croire qu’il n’a pas remarqué son départ précipité lors de son anniversaire, je n’y crois pas. Surtout quand il tente cette fois de dissimuler en avalant son verre de vin chaud cul sec et qu’il en redemande « Il y a rien il s’est rien passé avec Jill, Mia ». Pete qui élève la voix et qui adopte ce ton sec à mon égard. Il y a définitivement quelque chose qu’il me dit pas « Pas avec moi Pete ! » je lance aussi sèchement et en reprenant un air sérieux. Je fais signe au serveur de nous ramener deux verres supplémentaires en avertissant Pete que c’est exceptionnel. Il ne réagit même pas et finit par me lancer « Je l’ai embrassée ». Mes yeux s’écarquillent, incompréhension totale « Mais pourquoi ? Pourquoi tu l’as embrassé ? ». Je plisse les yeux, cherchant à comprendre ce qui l’a poussé à agir de la sorte « Tu penses que c’est LA solution pour oublier Molly ? La nana a des gosses et un mari. Tu ne t’es pas dit que ce n’était peut-être pas l’idée du siècle ?! ». Je me repositionne sur ma chaise, reposant mon dos sur le dossier de celle-ci avant de remercier le serveur qui nous apporte notre deuxième tournée, ou troisième en comptant le chocolat chaud « Je comprends mieux » dis-je en référence à son départ précipité.

« Oh, monsieur a des goûts raffinés. C’est vrai, vu comme ça, c’est différent » « Exactement ! » Je lève mon verre vers elle comme si je trinquais. « Moi je sais apprécier les bonnes choses ! »

J’aimerais prétendre que les mots de Mia ne m’atteignent pas. Mais la blessure est trop récente, les mots s’ancrent dans mon cœur comme des poignards, réouvrent des plaies béantes qui n’ont en réalité jamais eu le temps de se refermer. Et je ris et Mia ne voit rien, alors qu’elle était sans doute celle qu’il voyait le plus derrière les rires qui sonnaient faux et les sourires fuyants. Si je peux simplement ignorer sa remarque sur le fait que le monde se porterait mieux sans que je n’ai d’enfants, la mention de Jill elle  est impossible à éviter. Je ne peux pas fuir et le masque s’écroule une demie seconde de trop. « Pas avec moi Pete ! » Je me mords la lèvre inférieure,  jouant avec mon verre à présent vide et je ne sais pas alors pourquoi j’avoue une partie de la vérité.  

« Mais pourquoi ? Pourquoi tu l’as embrassé ? ».  Je relève les yeux vers elle, tentant de cacher la tristesse dans mon regard. Parce que ça fait des années que je l’aime. Parce que j’ai loupé ma chance. Parce que  c’est compliqué. Parce que Molly me manque. Parce que je veux me prouver que Jill et moi aurions pu être quelque chose. Je ne dis rien pourtant. « Tu penses que c’est LA solution pour oublier Molly ? La nana a des gosses et un mari. Tu ne t’es pas dit que ce n’était peut-être pas l’idée du siècle ?! » Elle touche juste en parlant de Molly et je grimace, parce qu’il y avait sans doute une part de ça. Molly ayant finalement abandonné je m’étais raccroché à la seule personne que je croyais capable de m’aimer. « Je comprends mieux. »  Elle comprend mieux et moi je ne comprends pas comment j’en suis arrivé là, comme Jill et moi sommes arrivés à des points aussi différents.  Je vais devoir me justifier. « Oh j’étais bourré, c’était une connerie, elle était vraiment canon ce soir là. » Je parle comme si tout n’était rien, mon ton indifférent, mon air moqueur sur le visage. « Ca vaaa, c’est pas comme si ça marchait bien avec Bailey ces derniers mois. » Je lève les yeux au ciel. Je pourrais aussi dire que je connaissais Jill de puis bien plus longtemps qu’avant d’être à lui elle avait été à moi. Mais je me leurre, Jill n’avait jamais été à moi. Jill n’appartenait à personne. Et si son coeur appartenait à quelqu'un, ce n'était pas à moi.

« Exactement, moi je sais apprécier les bonnes choses ». Pas si sûre que ça, je grimace, montrant clairement que j’en doutais fortement. Je ne réponds rien, apportant mon verre à mes lèvres pour en prendre une gorgée.

Et puis, je vois bien que Pete se ferme en évoquant Jill. Alors je creuse, je l’oblige à m’en dire plus parce que là, clairement, c’est flagrant. Y’a un truc qui cloche avec la jeune femme, quelque chose qu’il ne me dit pas sur cette fameuse soirée d’anniversaire. Il finit par lâcher le morceau en me disant qu’il l’a embrassé. Je sais que Jill et Pete sont proches depuis toujours, je sais aussi qu’il y a eu quelques dérapages entre eux quand ils étaient à l’université. Mais ce temps était révolu, à moins qu’il y ait des choses que j’ignore. A vrai dire, je parlais très peu de Jill avec Pete. Je respectais son amitié avec elle, je savais aussi qu’elle n’était plus la même qu’à l’époque où je l’avais connu mais elle n’était pas devenue une amie depuis non plus. D’ailleurs, nous n’avions jamais pris la peine de mettre les choses à plat. Trop de fierté surement des deux côtés et le cours de la vie aussi qui a fait que nos chemins ne se sont pas nécessairement recroisés. A part lors des anniversaires de Pete ou de fêtes organisées par Knox, chez nous, qui était proche d’elle aussi. Quoi qu’il en soit, je demande à Pete de m’expliquer pourquoi il a fait ça.

« Oh j’étais bourré, c’était une connerie, elle était vraiment canon ce soir-là ». J’arque un sourcil, son excuse ne tient pas debout « Pourquoi t’as pas embrassé les autres nanas de la soirée alors ? Y’en avait d’autres qui étaient canons. Puis vu que tu étais à ce point bourré, t’aurais pu trouver cette excuse pour renouer avec Molly qui était là en plus ! Non mais sérieux Pete tu me fais halluciner ! ». Mon air est complètement désespéré, je soupire même. « Ca vaaa, c’est pas comme si ça marchait bien avec Bailey ces derniers mois ». Je me rapproche de la table, posant mes deux poings dessus « Et alors ? C’est vraiment une raison ? Si tu te fais péter la tronche par Bailey, ce sera bien mérité. T’agis comme un gosse Pete, quand est-ce que tu vas grandir un peu ? ». Je marque une pause alors que je le toise un peu du regard « Ou plutôt que tu vas arrêter de prétendre que rien n’est grave et que tout va bien ? ».

Je ne sais pas pourquoi je lui ai dit, en sachant qu’elle allait me faire un millier de reproches. Je tente pourtant de garder le sourire, de minimiser comme d’habitude. Sauf que je connais Mia, je sais qu’elle va creuser et je déteste m’être aventuré là dedans.

« Pourquoi t’as pas embrassé les autres nanas de la soirée alors ? Y’en avait d’autres qui étaient canons. Puis vu que tu étais à ce point bourré, t’aurais pu trouver cette excuse pour renouer avec Molly qui était là en plus ! Non mais sérieux Pete tu me fais halluciner ! ». Elle a raison, mais comment lui expliquer mes sentiments pour Jill quand j'avais déjà mis tant d'années à les avouer tout court ? Je tente de rendre la situation moins sérieuse, je mentionne Bailey et leurs problèmes comme si ça pouvait justifier mes actes. « Et alors ? C’est vraiment une raison ? Si tu te fais péter la tronche par Bailey, ce sera bien mérité. T’agis comme un gosse Pete, quand est-ce que tu vas grandir un peu ? » J’ai vraiment dû mal à imaginer Bailey me péter la tronche, je tenais l’homme peu en estime, il était mou et il n’aurait pas fait de mal à une mouche. « Pff c’est pas Bailey qui va me péter la tronche. » J’arrive à dire d’un ton sec avant qu’elle ne continue. « Ou plutôt que tu vas arrêter de prétendre que rien n’est grave et que tout va bien ? » Mon regard la fuit, je m’accroche à mon sourire qui pourtant s’estompe jusqu’à disparaître. Je bois mon verre restant silencieux, incapable de réellement réfléchir, jusqu’à ce qu’enfin les mots sortent à voix haute pour la première fois. « Tu veux que je te dise quoi Mia ? Que je l’ai embrassée parce que je l’aime ? Ca changerait quoi Mia ? Comme tu dis elle est mariée et elle a des gosses. » Ma réponse est amère, révèle que c’était plus qu’un simple baiser, plus qu’une simple connerie parce que j’étais bourré. Je finis mon verre et j’appelle le serveur. « On peut avoir un pichet de vin chaud s’il vous plait ? » Ca annonce la couleur. J’ai besoin d’oublier tout ça.

Ma réaction à l’encontre de Pete peut paraitre démesurée. Mais je me permets une telle réaction parce que je le connais depuis tellement d’années que je reconnais vite quand il a merdé. Et là clairement, c’est ce qui s’est passé avec Jill. Son excuse de l’alcool ne me semble pas crédible et encore moins quand il prétend que de toute façon, le mariage de la jeune femme bat de l’aile. « Pff c’est pas Bailey qui va me péter le tronche ». Je sens un peu de mépris dans sa voix lorsqu’il parle de lui. Je roule des yeux, je ne veux pas argumenter plus à ce sujet, je sais qu’il voudra à tout prix avoir le dernier mot. Ce qui m’intéresse surtout c’est qu’il arrête de faire semblant et qu’il finisse par me dire pourquoi il a agi de la sorte. « Tu veux que je te dise quoi Mia ? Que je l’ai embrassée parce que je l’aime ? Ca changerait quoi Mia ? Comme tu dis elle est mariée et elle a des gosses ».  Et là je comprends. Au ton et au sérieux qu’il emprunte en me sortant une telle réponse, il me dévoile la vérité sur son acte. Et à dire vrai, je suis un peu bouche bée face à de telles confessions. « Depuis quand ? » je lâche alors. Je le regarde alors droit dans les yeux, l’obligeant à en faire de même, à ne pas fuir du regard comme il a tant l’habitude de faire « Parce que je me doute que tu n’es pas tombée amoureux d’elle uniquement à cette soirée d’anniversaire ? ». Je suis un peu dépitée face à tout ça, ne le comprenant plus vraiment. « Tu lui as dit ? » je demande alors. Il interpelle le serveur car il a déjà terminé son deuxième verre, alors que j’en suis qu’à la moitié du mien « On peut avoir un pichet de vin chaud s’il vous plait ? ». Le serveur est déjà reparti, sans que je n’aie eu le temps de réagir « C’est pas une bonne idée Pete » je lance en soupirant. Parce que je comprends très bien son petit manège.  

Le serveur apporte cependant le pichet, je termine alors mon verre d’une traite « Tu sais quoi ? On est deux à devoir oublier notre vie de merde. Donc, je te suis. T’a bien dit que ton anniversaire duré tout le mois de décembre non ? Vas-y, sers moi ». je fais en lui tendant mon verre.

« Depuis quand ? » Depuis toujours ? Je n’arrive pas à prononcer le mot alors je déglutis, n’assumant pas son regard pourtant je n’arrive pas à me détacher du sien. Je reste silencieux, mes mains jouant avec mon verre. « Parce que je me doute que tu n’es pas tombée amoureux d’elle uniquement à cette soirée d’anniversaire ? Tu lui as dit ? » J’hoche lentement la tête et un léger rire secoue mes épaules et je ne sais pas pourquoi je suis aussi honnête. « Tu sais c’est con mais je me suis toujours dit que ça finirait par être elle et moi. Parce qu’elle m’a toujours accepté comme j’étais. Parce qu’elle m’a toujours aimé comme j’étais et moi j’avais aucune envie de changer. »  Une fantaisie. Une fantaisie idiote. Des sentiments qui n’étaient jamais totalement partis parce qu’elle était revenue encore et encore. Je secoue la tête, fatigué de ressasser cette soirée. « J’ai pas envie d’y penser. Comme Jill me l’a fait comprendre, c’est du passé. » En réalité si je courais après Jill c’était peut-être justement pour ne pas avoir à changer. Après tout je savais qu’il allait falloir que je change pour Molly, je l’avais toujours su au fond.

Je redemande un pichet de vin. « C’est pas une bonne idée Pete » A ca je souris, d’un sourire triste. « Je suis le roi des mauvaises idées tu savais pas ? » Le serveur apporte le pichet et je hausse un sourcil quand elle finit son verre d’une traite. « Tu sais quoi ? On est deux à devoir oublier notre vie de merde. Donc, je te suis. T’as bien dit que ton anniversaire durait tout le mois de décembre non ? Vas-y, sers moi » A ça mon sourire devient immense et narquois, et je la sers. « ENFIN t’es raisonnable ! » Ou plutôt le contraire mais qu’importe et on trinque et je me marre de nouveau. « C’est vrai que t’as vraiment une vie de merde aussi. C’est ça d’être un peu poissarde. T’es sûre que quelqu’un t’a pas jeté une malédiction vaudou ? » Je ris moqueur, heureux de retrouver ma connerie.

Je soutiens le regard de Pete comme si les réponses à mes questions allaient apparaitre dans ses yeux. Il m’a annoncé de but en blanc être amoureux de Jill et je ne m’y attendais pas nécessairement. Il rit, comme toujours mais joue le jeu de la franchise « Tu sais c’est con mais je me suis toujours dit que ça finirait par être elle et moi. Parce qu’elle m’a toujours accepté comme j’étais. Parce qu’elle m’a toujours aimé comme j’étais et moi j’avais aucune envie de changer ». Alors mon regard sur lui se veut plus compatissant. « J’ai pas envie d’y penser. Comme Jill me l’a fait comprendre c’est du passé ». C’est vrai que pour le coup, il arrivait un peu trop tard puisqu’en effet la jeune femme était marié et avait des enfants « C’est surtout que tu es arrivé avec un train de retard. Pourquoi faire ça maintenant alors que tu aurais pu lui dire plusieurs années en arrière ? Parce que tu n’as toujours pas envie de changer ? ». Je pose cette dernière question prudemment, mais finalement, on en revient au même point :est-ce que Pete voulait changer ? Pour Molly peut-être surtout s’il espérait pouvoir la reconquérir… mais surtout pour lui.

Pete semble décider à consommer de l’alcool pour oublier et surtout noyer son chagrin. Je le comprends rapidement et évidemment, je lui montre mon désaccord « Je suis le roi des mauvaises idées tu savais pas ? ». A ça, je ne peux pas le contredire et donc j’hausse les épaules et finit par acquiescer en grimaçant. Alors, je décide de me joindre à lui. Ce n’est pas comme si ma vie était parfaite à côté de la sienne et, comme je ne veux pas me disputer avec lui aussi, alors je décide de lui suivre dans sa mauvaise idée… très mauvaise idée. « ENFIN t’es raisonnable ! ». Je ris parce que clairement, ce n’est pas du tout le cas « C’est vrai que t’as vraiment une vie de merde aussi. C’est ça d’être un peu poissarde. T’es sûre que quelqu’un t’a pas jeté une malédiction vaudou ? ». Je lève les yeux au ciel alors que je sens déjà les premières vapeurs d’alcool chaud se propager dans mon organisme. J’attrape le verre qu’il m’a servi « Va savoir, mais c’est quelqu’un de très rancunier si c’est le cas ». Je bois une gorgée de vin et repose le verre un peu plus fortement « Bon, on va pas rester ici à se morfondre. Tu veux faire quoi après hon’ ? tu veux que je te mette une raclée à la patinoire ? ». Je le défi de faire une de nos fameuses courses à la patinoire, comme lorsque nous étions gamins en faisant un certain nombre de tours en un minimum de temps. « Et vu l’état dans lequel on va se trouver, ça risque d’être bien drôle ».

« C’est surtout que tu es arrivé avec un train de retard. Pourquoi faire ça maintenant alors que tu aurais pu lui dire plusieurs années en arrière ? Parce que tu n’as toujours pas envie de changer ? ». Je n’ai pas besoin qu’elle me rappelle que je suis arrivé trop tard quand ça fait des années que je n’ai pas envie d’avouer ces sentiments à la principale concernée. Tout simplement parce que je ne voulais pas tout gâcher. Peut-être aussi parce que je n’étais pas prêt à les assumer. Peut-être que je savais que ça n’aurait jamais marché. Je n’en sais rien.  Mon regard se détourne. Je sais pertinemment que les sentiments sont sortis ce soir là parce qu’elle m’avait annoncé avoir été un jour enceinte de moi et parce que ça n’avait fait que réveiller ma solitude qui n’avait fait qu’augmenter depuis ma rupture avec Molly. « J’en sais rien Mia. Pourquoi tu t’es attaché à ton cuisinier là si tu savais que ca allait pas marcher ? » Je réplique sèchement. Parfois on ne choisit pas, ça nous tombe dessus. Et l’aveu était sorti de moi sans que je ne le contrôle dans un élan de solitude que je n’avais pas réussi à enfermer. Je tourne mon verre dans mes mains, regardant l’alcool dedans. « C’est pas grave. Ca n’a pas d’importance. » Et plus je le dirais, plus j’arriverais à m’en convaincre, plus mon sourire reviendra vite.

On recommande un pichet et je me sens mieux maintenant que Mia se décide de m’accompagner. « Va savoir, mais c’est quelqu’un de très rancunier si c’est le cas. Bon, on va pas rester ici à se morfondre. Tu veux faire quoi après hon’ ? tu veux que je te mette une raclée à la patinoire ? » Je ris et elle sait que je ne refuse jamais un défi.  « Si tu crois que je vais te laisser me mettre une raclée tu rêves, j’ai encore de la dignité, je te rappelle qu’il y a quelques mois tu étais estropiée, tu veux retenter l’expérience ? » dis-je en lui adressant mon plus beau sourire. « Et vu l’état dans lequel on va se trouver, ça risque d’être bien drôle ». A ca j’acquiesce buvant mon verre.  "Je deviens meilleur en étant bourré prépare toi !" On finit le pichet et il va être temps de bouger de ce café.

« J’en sais rien Mia. Pourquoi tu t’es attachée à ton cuisinier là si tu savais que ça allait pas marcher ? ». Je grimace et balance un autre chamallow dans sa tronche. A vrai dire, il n’a pas tort non plus, on ne choisit pas. C’est quoi déjà le proverbe : ah oui, le cœur à ses raisons que la raison ignore. J’attrape le dernier chamallow que j’amène à ma bouche tout en parlant « Mouech, bon tu marchque un poinch ». Je m’avoue un peu vaincu, qu’il n’en profite pas trop parce que ça ne veut pas dire que j’approuve pour autant son comportement et surtout cette façon qu’il a de toujours merder. Autant pour ses proches mais surtout pour lui, parce que, même si je le taquine énormément sur ça, sur son comportement parfois puéril, j’aimerai qu’il finisse par se poser un peu et qu’il change. Pour lui avant tout. « C’est pas grave. Ca n’a pas d’importance ». Je n’y crois pas une seule seconde. Et pourtant, je ne relève pas, je ne réponds rien, juste je l’observe en silence.

Puisque Pete a décidé de noyer son chagrin dans l’alcool, je décide de l’y accompagner. Et tant qu’à y être, autant rendre aussi notre après midi fun au lieu de continuer à se morfondre sur notre sort. Je propose donc à Pete de nous rendre à la patinoire pour que je lui mette évidemment une raclée en faisant la course « Si tu crois que je vais te laisser me mettre une raclée tu rêves, j’ai encore de la dignité, je te rappelle qu’il y a quelques mois tu étais estropiée, tu veux retenter l’expérience ? ». Je lève les yeux au ciel puis fais mine de l’applaudir « Bravo, on devrait te décerner la médaille du mec qui a la meilleure répartie au monde. Je sais que c’est ton seul espoir pour gagner. Mais c’est du solide maintenant, t’a aucune chance ».  J’ai peut-être un peu trop confiance car je sens l’alcool me monter à la tête, surtout à l’allure où on ingurgite nos verres, pressés de nous lancer dans la compétition « Je deviens meilleur en étant bourré prépare toi ! » « Tss c’est mal me connaitre Mulligan ». Je termine mon verre, appelle le serveur à qui je règle l’addition et me lève « On y va ou tu vas rester ton cul collé à la chaise toute l’après-midi ? ».

Nous arrivons quelques minutes plus tard à hauteur de la patinoire. Nous réservons les patins, les enfilons avant de nous rendre sur la glace. « Bon, on va faire simple pour le début. Le premier qui arrive à faire un tour complet gagne. Sans tomber bien sûr, sinon c’est éliminatoire direct. T’es prêt vermine ? ». Je le défie du regard « 3, 2, 1, partez ».

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