@livia oakheart
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Tu aurais probablement dû rentrer chez toi. Ça faisait un moment que David et ta mère étaient retournés à leur hôtel. Tu avais insisté pour les inviter chez toi, même si tu savais que David ne réagirait probablement pas très bien à la présence d’inconnu dans ton loft, lui qui avait si longuement habitué à ce que ce ne soit que toi. Les feux d’artifices continuaient d’éclater dans le ciel, mais tu n’avais plus particulièrement le coeur à la fête. Tu te sentais soudainement horriblement fatiguée, mais l’idée de rentrer n’était pas aussi agréable qu’elle aurait dû l’être. Autant tu n’avais pas particulièrement envie de te retrouver seule avec toi-même et toutes tes pensées qui tournaient en boucle, autant tu n’étais pas certaine d’avoir envie de faire face au regard inquiet de Haley ou de croiser Yele traînant quelque part dans le salon à faire tu-ne-sais-quoi. Alors comme d’habitude, c’est sur la plage que tu te perds, marchant ici et là, ton regard plus ou moins attentifs aux différentes couleurs qui habitent le ciel aux trente secondes. T’as l’impression que ça fait longtemps que les feux ont commencé, peut-être même des heures, t’as un peu perdu la notion du temps tellement t’es fatiguée. C’est la journée qui te rentre dans le corps, le décalage horaire aussi. T’es presque rendue au bout de la plage, il y a beaucoup moins de gens qui se promènent par ici, la majorité des groupes se tenant encore là ou il y avait les barbecues. Les différentes odeurs de viandes flottaient encore dans les airs d’ailleurs, même à plusieurs mètres de là et ça te retournait légèrement l’estomac. Tu prends une grande respiration avant de lâcher un long soupir. T’as tes souliers dans les mains et ta robe est tâchée du breuvage que Matt t’a renversé dessus il y a une heure ou deux. On dirait presque t’es en lendemain de veille avec ton look un peu défraîchi. T’es surprise de lever la tête et de réaliser que Livia aussi est encore là. Ça fait de longues heures que vos chemins se sont séparés, juste après la crise et la tentative de fugue de David. Tu cherches voir si son partenaire et son fils sont là avec elle, mais tu ne les vois pas. « Faut croire qu’on a les mêmes journées aujourd’hui. » que tu lances à l’intention de la blonde qui elle aussi semble soudainement bien plus fatiguée.

Lorsque Livia avait croisé par hasard Penny et son frère à la fête foraine, les retrouvailles avaient semblé amusantes jusqu’à ce que David prenne peur - ce qui se comprenait, en soit, alors que des enfants sans aucune manière leur avait foncé dessus sans même prendre la peine de s’excuser. Heureusement, cela avait donné lieu à davantage de peur que de mal, mais Livia n’avait pas voulu s’éterniser, préférant laisser Penny et sa mère gérer cette situation dans laquelle elle se sentait de trop. Elle s’était donc poliment retirée avant d’aller retrouver Cam et Gabi qui faisaient le tour de la fête foraine, bien étrangers à la frayeur qu’elle venait de vivre. Un instant, la candeur de son fils lui avait permis de faire redescendre la pression, alors qu’elle lui volait un morceau de barbe à papa sous ses plaintes qui la faisaient davantage rire qu’autre chose. Le petit avait pourtant fini par fatiguer, et ils avaient retrouvé le chemin de la maison, les bruits de la fête résonnant encore à leurs oreilles.

Cependant, les bruits n’avaient pas semblé suffire à Livia, qui avait un instant profité de toute cette excitation ambiante pour ne plus entendre toutes les pensées négatives qui lui passaient par la tête ces derniers temps. Sans trop se justifier, elle avait donc dit à son mari qu’elle sortait faire un jogging de nuit pour profiter des feux d’artifice, ce à quoi il ne s’était pas opposé, semblait oublier un instant que cela faisait pourtant un moment qu’elle n’était plus allée courir. Et pour cause, elle était éreintée au bout de quelques centaines de mètres à peine, raison pour laquelle elle se gara aux abords de la plage pour simplement marcher, profitant des lumières qui éclaboussaient la voûte céleste. Elle était loin d’être seule, sur cette plage bondée, mais se trouver aux abords de tant de personnes en même temps lui permettait de se sentir vivante, d’une certaine manière, plutôt que de se replier seule dans sa carapace. Alors, les yeux plongés dans le ciel, elle ne remarqua qu’au dernier moment Penny, qui semblait être seule cette fois. “Faut croire qu’on a les mêmes journées aujourd’hui.” “J’ai arrêté d’essayer de comprendre les coïncidences.” Un rire et un regard interrogateur plus tard, Livia pointa du doigt la tâche sur la robe de Penny. “C’était du chocolat froid?” Il valait mieux en rire qu’en pleurer, de ce fameux épisode du chocolat, après tout.

@Penny Stringer

@livia oakheart
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T’es drôlement tentée par l’idée d’aller te mettre les pieds dans l’eau, mais tu te connais assez pour savoir que si tu commences par les pieds, c’est ton corps en entier qui risque de se retrouver sous les vagues de l’océan que tu devines froid mais pas trop malgré les heures avancées de la soirée. C’est l’avantage des journées chaudes à Brisbane, l’eau reste toujours bonne même quand le soleil a quitté le ciel pour laisser place à la lune. Il y a ta robe qui est collante aussi du breuvage renversé plus tôt et tu sais que ça te ferait du bien de te rincer dans l’eau, mais tu sais aussi que ça pourrait paraître louche si tu décidais de te baigner à cette heure. Et puis il y a encore trop de monde dans les environs, t’as pas besoin d’attirer l’attention des gens et de te retrouver à la une d’un magazine people pour avoir eu envie de te baigner en cette journée d’été. L’envie te passe, du moins pour le moment, alors que tes pas te mènent nulle part, guider par les rires des différents groupes encore présents sur la plage. C’est une silhouette seule pourtant qui attire finalement ton attention, une que tu as vu pas plus tard que quelques heures auparavant seulement. « J’ai arrêté d’essayer de comprendre les coïncidences. » « Tu crois qu’il y a des choses qui sont simplement censées se produire? » C’est peut-être un brin philosophique comme question, peut-être même un peu lourd à l’heure qu’il est après vos journées qui ont sans doute été aussi épuisantes l’une que l’autre. Pourtant, alors que t’as le regard tourné vers les feux d’artifices qui éclatent encore et encore dans le ciel, tu n’as pas pu empêcher de laisser la question filer entre tes lèvres. « C’était du chocolat froid? » Tu te tournes vers elle et tu mets quelques secondes à comprendre qu’elle fait référence à ta robe tachée. « Un coca tiède. » que tu dis avec un rire. Drôle comment cette fois-ci, c’est toi qui portait le vêtement taché. « Une rencontre maladroite avec un ex. Qu’est-ce que tu fais encore là? » Tu continues de chercher du regard pour le petit et son père, sans succès. « T’es toute seule? »

“Tu crois qu’il y a des choses qui sont simplement censées se produire?” Quelques années auparavant, elle aurait pu répondre qu’elle croyait dur comme fer que l’on attirait ce que l’on méritait, mais désormais, elle commençait davantage à croire au destin comme une sorte d’épée de damoclès qui déciderait de s’abattre de manière aléatoire. Elle n’avait pas mérité tout ce qui lui était tombé dessus au fil des années, ou alors, elle attendait qu’on lui fasse l’étalage de tous ses manquements qui avaient pu mener à de telles conséquences. “Oui.” Comme recroiser l’actrice une deuxième fois, ce qui lui tira un sourire qui vint se teinter de tristesse. “Mais pas que des choses positives, malheureusement.” Elle avait distillé beaucoup d’informations, l’italienne, et restait pourtant mutique sur le cœur du problème - des problèmes. Après tout, Penny n’aurait sûrement aucun intérêt à entendre ça, tout comme Livia ne savait pas si en parler ne ferait que l’enfoncer davantage ou la libérerait un peu du poids sur ses épaules.

A défaut, elle préféra plaisanter en soulevant le menton en direction de la robe tâchée de la brune - ce qui était un juste retour des choses, ironiquement, et quand bien même elle ne lui avait pas souhaité de subir la même chose qu’elle. “Un coca tiède.” Une moue aussi dégoûtée qu’amusée vint orner les lèvres de la blonde. “Ça colle pas? Tu veux pas le rincer?” “Une rencontre maladroite avec un ex. Qu’est-ce que tu fais encore là? T’es toute seule?” Cette fois-ci, un vrai rire s’échappa de ses lèvres alors qu’elle levait les yeux au ciel. “Du coup j’imagine que ça va rester un ex?” Parce qu’il lui avait peut-être renversé volontairement le coca sur sa robe, non? “Je me suis dit que c'était pas mal d'aller courir en profitant des feux d’artifice.” Pourtant, ses joues n’étaient pas rosies par l’effort et elle ne transpirait pas le moins du monde, ce qui trahissait quelque peu que l’effort n’était pas au rendez-vous.

@Penny Stringer

@livia oakheart
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« Oui. » Tu hoches légèrement la tête. Tout de suite la conversation n’a pas le même ton ni la même simplicité ou légèreté que votre échange de cet après-midi. Tu ne peux t’empêcher de te demander quels sont les évènements du destin de l’italienne qui lui sont tombés dessus sans qu’elle n’ait son mot à dire. Tu voulais croire au karma, même que d’une certaine façon, il était presque amusant pour toi de croire que ta robe tachée était un retour cosmique pour la chemise tachée de la jeune femme. « Mais pas que des choses positives, malheureusement. » Tu te pinces les lèvres légèrement. Le kama, le destin, le retour cosmique, ça pouvait paraître bien banal comme ça, mais c’était bien plus qu’une histoire de vêtement taché ou de petits malheurs du quotidien. Et même si elle ne verbalisait pas quels étaient ces malheurs à elle, tu pouvais facilement lire sur son visage qu’ils existaient. « J’ai appris ça moi aussi, dernièrement. » Manière peu subtile de dire que toi aussi, tu comprends. D’ouvrir la porte légèrement aussi, si jamais elle ressentait le besoin de se confier à une parfaite inconnue plus si inconnue que ça, tout compte fait.

« Ça colle pas? Tu veux pas le rincer? » Tu souris légèrement. « J’y ai pensé. La vérité c’est que j’allais le faire en rentrant et que je devrais être à la maison depuis longtemps. » Mais quelque chose te retient. La plage c’est tellement plus réconfortant que le silence de ta chambre. « Du coup j’imagine que ça va rester un ex. » Cette fois-ci tu ris. Il y a beaucoup trop de choses qui ont changé dans les trois dernières années pour que tu puisses imaginer Matt comme étant autre chose qu’un ex. « Il est marié donc les chances étaient déjà mauvaises à la base. » que tu annonces avec un rire dans la voix, quitte à devoir rentrer dans les détails complexes ou tu devrais expliquer qu’il est aussi le frère de l’ex de celui dont tu es présentement amoureuse. Too much details. « Je me suis dit que c’était pas mal d’aller courir en allant profiter des feux d’artifice. » « Et t’as oublié de courir? » que tu demandes alors qu’elle n’est ni essoufflée, ni pleine de sueurs. « Tu es certaine que ça va? » que tu lui demandes finalement, osant aller droit au but et poser la question qui t’achale depuis votre première interaction à la fête foraine.

“J’ai appris ça moi aussi, dernièrement.” Elles ne s’étaient rien dit, et pourtant leurs regards voilés et leurs sourires entendus laissaient à penser que si elles ne partageaient pas les mêmes problèmes, aucun d’elle n’était plus réellement exempte de traumatismes. Ce n’était que lorsque Livia avait appris qu’elle aurait des problèmes à concevoir, et que l’image idéale de sa famille avait volé en éclats qu’elle avait appris que bien davantage de gens qu’elle ne l’aurait pensé connaissaient ce genre de difficultés. Auparavant, tout cela lui paraissait bien loin tant qu’elle n’était pas concernée - désormais, elle voyait en chacun les secrets et les non-dits qui étaient bien trop souvent présents.

La tâche de coca sur la robe de la brune, cela dit, se voyait comme le nez au milieu de la figure et Livia ne pouvait tout simplement pas passer à côté de le faire remarquer. “J’y ai pensé. La vérité c’est que j’allais le faire en rentrant et que je devrais être à la maison depuis longtemps.” “C’est l’autre qui t’a tenu la jambe?” Elle avait croisé un ex qui lui avait renversé sa boisson dessus - mais était-ce réellement la raison pour laquelle elle avait tardé à rentrer? “Il est marié donc les chances étaient déjà mauvaises à la base.” Les sourcils de l’italienne s’arquèrent encore davantage alors qu’elle offrait à Penny un air faussement admiratif. “C’est bien de se donner des challenges. Sans regret, du coup?” Elle aurait été la première à confier à ses amies qu’elle avait la tromperie en horreur, mais à cet instant-là, la situation de la brune était plus amusante qu’autre chose. “Et t’as oublié de courir?” Ses lèvres se décollèrent pour mieux se refermer alors qu’elle esquissait un sourire sans pourtant réussir à aligner une excuse convaincante en une seconde. Et cette seconde suffit à Penny pour la regarder d’un air plus inquiet. “Tu es certaine que ça va?” “Est-ce qu’il y a vraiment plusieurs réponses à cette question?” Oui, mais. “Tout le monde répond oui par automatisme, même quand c’est non.” Et c’était le cas, en l'occurrence - elle avait toujours répété que tout allait bien, même quand il s’agissait du contraire. Mais après tout, est-ce que franchir au moins le pas d’avouer que non, tout n’allait pas bien, serait une première étape sur le chemin de l’acceptation?

@Penny Stringer

@livia oakheart
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« C’est l’autre qui t’a tenu la jambe? » « C’est crédible si je dis oui? » Tu souris doucement à la blonde qui te fait face alors que ce serait si facile de lui faire croire que c’est Matt qui t’a retenu dans le coin alors que ce n’est pas le cas du tout. David était encore là quand tu l’a croisé le McGrath et ça n’a rien eu de bien spectaculaire comme rencontre aléatoire. Que deux exs qui se font grosso modo un résumé des dernières années tout en prétendant (ou pas, dur à dire) d’être heureux pour les succès de l’autre. « C’est bien de se donner des challenges. Sans regret du coup? » Tu secoues légèrement la tête toujours en riant. T’es pas certaine de ce qu’elle s’imagine la blonde, mais peu importe ce que c’est, elle est à des années lumières sans aucun doute. « Aucun regret. Je laisse l’engagement à long terme aux autres. » Et voilà que tu lui offrais une petite parcelle de toi, juste un petit détail qu’elle n’aurait jamais vraiment pu prendre sur ton instagram ou dans les magazines People qui s’acharnent à publier des photos de toi.

Elle dit être venue courir, mais tout laisse croire qu’elle n’a pas couru et tu ne peux t’empêcher de te demander pourquoi elle te dit si ce n’est pas la vérité. Ton regard s’attarde à nouveau sur ses traits tirés, sur les cernes bleutés sous ses yeux, sur ses bras frêles et ses clavicules qui commencent légèrement à sortir tellement elle est mince, plus mince qu’elle ne l’était il y a un mois et demi. « Est-ce qu’il y a vraiment plusieurs réponses à cette question? » Tu hausses légèrement les épaules. Oui et non. Et toutes les variantes entre les deux. « Tout le monde répond oui par automatisme, même quand c’est non. » « Tu peux toujours dire la vérité. » que tu suggères, même si tu le sais au fond qu’elle n’a pas tort, qu’on répond oui même quand le reste de notre être cri non. T’es la première à le faire de manière presque constante depuis un an. « On se connaît pas vraiment, j’risque pas de dévoiler tes secrets à qui que ce soit. » Un autre haussement des épaules alors que tu te tournes vers l’océan. « Viens, ça va te faire du bien. » que tu lui dis en te dirigeant vers l’eau, laissant rapidement tes orteils s’enfoncer dans le sable mouillé.

“C’est crédible si je dis oui?” Ça aurait été crédible si elle n’avait pas prononcé cette phrase, que le sourire de la blonde et son mouvement de tête de droite à gauche semblaient désormais lui renvoyer comme réponse. Elles ne se connaissaient certainement pas assez pour commencer à se livrer leurs secrets concernant leurs ex, surtout lorsque ces derniers ne semblaient pas être au cœur de la raison qui avait poussé l’actrice à traîner sur la plage. “Aucun regret. Je laisse l’engagement à long terme aux autres.” “Je comprends.” Elle comprenait mais elle ne partageait pas cette opinion pourtant, l’italienne, elle pour qui l’engagement et l’envie de fonder une famille s’était imposé depuis longtemps déjà. Elle avait même presque dû pousser Cameron à lui passer la bague au doigt, seulement pour réaliser ensuite qu’en effet, elle n’avait pas besoin d’un certificat de mariage pour se considérer comme sienne - mais l’appeler son mari avait un effet dont elle se ne laisserait jamais. Du moins, elle l’espérait.

Elle était mariée et maman, deux qualificatifs qui laissaient en apparence à penser que sa vie était presque stable - et pourtant, malgré les apparences, elle n’allait pas bien depuis quelques temps. “Tu peux toujours dire la vérité. On se connaît pas vraiment, j’risque pas de dévoiler tes secrets à qui que ce soit.” “Alors non, ça ne va pas.” Une vérité, agrémentée d’un sourire à la fois soulagé et empli de tristesse. “Mais ça va aller.” Une demi-vérité, un mensonge, ou plutôt la variable inconnue sur laquelle elle ne pouvait parier. “Viens, ça va te faire du bien.” La blonde hésita un instant et un seul avant de retirer ses baskets et de s’avancer vers l’eau à son tour, jusqu’à fermer une seconde les yeux lorsque ses pieds s’enfoncèrent dans le sable mouillé. “C’est le moment de partager ses secrets sans avoir besoin de les dévoiler, si tu veux.” Avouer que l’on avait des problèmes, c’était déjà s’en délester d’une partie, même sans poser des mots précis dessus.

@Penny Stringer

@livia oakheart
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« Je comprends. » Ça te fait étrange de l’entendre dire ça parce que du peu que tu sais d’elle, elle semble avoir pris des décisions qui contredisent ton besoin de liberté et ta peau de l’engagement. Elle a un fils après tout et une alliance sur sa main gauche, deux choses qui prouvent qu’elle a lié sa vie de manière plus que permanente avec quelqu’un d’autre. Tu te demandes si c’est quelque chose en lien avec son mari ou son fils qui l’a préoccupe autant, tu ne saurais dire. Tu l’a connais si peu, mais tu ressens tout de même l’envie d’être là pour elle. Une oreille attentive si elle a besoin, sans la pitié et l’inquiétude qui habite normalement ceux qui nous sont proches lorsqu’on leur annonce une mauvaise nouvelle. Tu ne sais pas ce qu’elle à dire, mais tu te sens prête à l’entendre si elle se sent prête à le dire. « Alors non, ça ne va pas. » Et dans tes yeux il n’y a ni pitié, ni inquiétude. Que de la compassion et l’envie de lui crier que malgré ce qu’elle peut croire, elle n’est pas toute seule. Sur son visage à elle se trouve un sourire empli d’une tristesse nouvelle et tu ne peux t’empêcher de t’y reconnaître. « Mais ça va aller. » « C’est pas obligé d’aller bien ce soir. » Ce soir, elle a pas besoin de mettre le masque de celle qui a contrôle sur tout. « C’est le moment de partager ses secrets sans avoir besoin de les dévoiler, si tu veux. » L’offre te revient en plein visage et t’as le souffle court alors que tu penses à tes ses secrets que tu gardes depuis si longtemps, ceux que tu n’oses même pas partager avec tes plus proches amies. T’as le coeur qui s’emballe à la simple idée d’avouer quoique ce soit à la jeune italienne et pourtant tu te sens en confiance plus que jamais. « J’ai été la victime d’un homme en position d’autorité. » Victime de qui? Victime de quoi? Tu n’as pas besoin de le préciser. Le but ici n’est pas de tout dire. Seulement de se départir d’un poids et de souffler un bon coup avant de devoir remettre le masque et de poursuivre son quotidien. « Et j’ai peur qu’en le dénonçant, je signe la fin de ma carrière. » Ça semble si futile mis en si peu de mots, pourtant, ça te garde réveiller à toutes les nuits.

“C’est pas obligé d’aller bien ce soir.” “Ni ce soir ni demain, j'en ai peur.” Cela n’irait pas mieux demain et elle le savait déjà - à moins que se délester d’un poids supplémentaire l’ait rendue plus légère sans qu’elle ne s’en rende compte. Elle n’avait pas le moins du monde avoué ce qui la poussait à être dans cet état, même si son visage marqué par la fatigue semblait avoir attiré l’attention de la brune, au point qu’elle veuille s’assurer qu’elle allait bien.

Les pieds dans l’eau et le visage tourné vers les étoiles offrait une seconde de répit à la blonde, qui ferma les yeux avant d’offrir à Penny la même liberté, celle d’avouer sans se sentir contrainte, sans même craindre que cela s’ébruite. Il n’y avait pas besoin de tout avouer pour déjà se départir d’une partie du mal et le faire sortir là où il bouillonnait à l’intérieur. “J’ai été la victime d’un homme en position d’autorité.” Livia se retourna vers elle, les traits tirés par un air profondément désolé, n’imaginant malheureusement que trop bien ce que cela pouvait signifier. Cette phrase pouvait pourtant avoir de nombreuses significations, mais qu’elle soit gardée ainsi comme un lourd secret suffisait à laisser penser qu’il ne s’agissait pas d’une simple remarque déplacée, malheureusement. “Et j’ai peur qu’en le dénonçant, je signe la fin de ma carrière.” C’était un sujet si sensible, et si éloignée des préoccupations de la blonde qui ne comprenait sans doute pas tout, mais pouvait au moins porter une oreille attentive. “Je suis désolée.” Impossible de ne pas le préciser, alors qu’elle était emplie de désolation pour elle, se sentant chanceuse de ne jamais avoir fait face à un tel comportement. “Cet homme, il est toujours là?” Dieu qu’elle espérait que non, ou alors, les journées de l’actrice devaient être bien plus insupportables que le sourire de façade qu’elle offrait au monde.

@Penny Stringer

@livia oakheart
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« Ni ce soir ni demain, j’en ai peur. » Tu hoches doucement la tête. Elle n’ose pas dire, pas complètement du moins, ce qui la trouble au point de dire que demain n’ira pas mieux. Tu déduis que les jours qui suivent non plus et tu ne peux t’empêcher de te demander si cela à un lien avec son physique malade et fatiguée. Tu ne connais rien d’elle, ça pourrait être tout et n’importe quoi, et pourtant, tu ne parviens pas à retenir la question qui te brûle les lèvres depuis que tu l’as croisé quelques heures auparavant. « Est-ce que tu es malade Livia? » Comme ça, sans gant blanc. Elle n’a pas besoin de te donner de détails, un simple oui, un simple non. Juste quelque chose qui puisse te permettre d’écarter cette possibilité complètement ou au contraire, comprendre un mieux ce qu’elle cherche tant à cacher, la blonde.

Tu parles de Byers sans mentionner son nom, son rôle ou ce qu’il t’a fait, mais tu sais qu’elle sait lire entre les lignes alors que tu tournes légèrement vers elle, tes yeux croisant son regard nouvellement emplie d’une empathie qui n’était pas là il y a quelques secondes. « Je suis désolée. » Tu soupires légèrement, te penche légèrement pour laisser tes doigts frôler l’eau froide de l’océan. Tu ne dis rien, te contente de hocher la tête alors que le silence s’installe sans toutefois devenir lourd entre vous deux. Quelques secondes à peine, juste assez pour que tu réalises pleinement ce que tu viens de faire. Si tu peux lui en parler à elle sans te mettre à pleurer, tu espères que ça veut dire que tu vas être en mesure de le faire à nouveau, même auprès de ceux qui te sont chers. « Cet homme, il est toujours là? » Tu secoues la tête. Non, il ne fait plus partie de ta vie, n’était que présence temporaire, fort heureusement. « Pas dans ma vie à moi. Mais sans doute dans la vie de d’autres potentielles victimes. » Des actrices jeunes, naïves et facilement impressionnées. Tu sais comment il s’y prend, il a cette manière de te faire croire que c’est de ta faute, que c’est toi qui l’a demandé et tu frisonnes d’horreur à l’idée qu’une autre puisse être entre ces doigts en ce moment même. « C’est pour ça que je dois parler. » Oui, t’as pris la décision. Tu vas le faire, bientôt. « Mais j’ai pas envie de tout perdre. » Tu peines à soutenir le regard de la blonde, t’as les yeux plein d’eau alors que tu te retournes pour admirer un énième éclat de couleur dans le ciel.

Elle restait volontairement vague, l’italienne, mais cela n’avait pourtant pas empêcher Penny de la fixer par plusieurs fois, tentant sûrement de comprendre les raisons pour lesquelles elle ne paraissait pas dans son état normal. “Est-ce que tu es malade Livia?” Les yeux de la blonde se relevèrent en même temps qu’une légère surprise se lisait dans son regard. Elle faisait de son mieux pour cacher la réalité à ses proches, mais il fallait avouer que Penny avait eu droit à bien trop d’égards - alors qu’elle aurait pu prétendre que tout allait bien après son malaise, elle s’était surprise à lâcher les vannes auprès de cette inconnue, pour arriver jusqu’à avouer que tout n’allait pas si bien. Alors, finalement, ce n’était pas si étonnant que la maladie fasse partie des suspicions qu’elle pouvait avoir, puisqu’elle avait vu de ses propres yeux que son fils et son mari allaient bien. Livia finit donc par hocher la tête, silencieusement, avant de croiser le regard de l’actrice puis de dévier à nouveau vers les vagues dont le bruit était en partie couvert par les éclats de voix des groupes non loin d’eux. Elle aurait voulu parler, en dire davantage, mais Penny voulait-elle seulement l’entendre? Et elle, voulait-elle réellement le prononcer à voix haute?

Penny non plus n’avait pas été épargnée par la vie, d’une manière que Livia avait parfois redoutée sans l’avoir connu, heureusement. Elle ne pouvait imaginer comment l’actrice continuait, au jour le jour, si celui qui lui avait fait du tort continuait à être dans les parages. “Pas dans ma vie à moi. Mais sans doute dans la vie d'autres potentielles victimes. C’est pour ça que je dois parler. Mais j’ai pas envie de tout perdre.” Ce type était donc suffisamment dangereux pour qu’elle craigne pour d’autres femmes, ce qui ne laissait que peu de doute si le genre de personne dont il s’agissait. “Si c'était moi, je ne sais pas si j’arriverais à parler.” Elle n’essayait pas là de la convaincre de se taire, mais plutôt de lui laisser un instant entendre qu’elle comprenait que ce ne soit pas si simple. “J’imagine que ça dépendrait aussi de si je pense en avoir besoin.”

@Penny Stringer

@livia oakheart
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Il y a la surprise sur son visage, mais pas la moindre ombre de déni alors que son regard s’éclipse quelques secondes ici et là avant de revenir immanquablement vers toi et dans un silence complet, elle hoche finalement la tête, t’apprenant ainsi ce que tu redoutais. Elle était malade. La fatigue sur son visage, les kilos perdus, la philosophie de vie soudainement plus morose, tout s’emboîtait à la perfection alors qu’à ton tour, tu ne trouvais pas les mots pour lui exprimer comment tu te sentais face à cette nouvelle. C’est naturellement que ta main vint trouver la sienne et tu serras ses doigts entre les tiens alors que pendant quelques secondes,  ou peut-être même quelques minutes t’es plus certaine, vos regards étaient tout deux tournés vers l’horizon, tes doigts serrant les siens peut-être un peu trop fort, juste pour lui rappeler qu’elle n’était pas toute seule. « Je suis désolée. » que tu finis par souffler, parce que c’est ce qu’on dit après tout, la seule chose qu’on puisse offrir à quelqu’un dont le corps est ravagé sans son consentement. « Est-ce que c’est grave? » Tu ne devrais pas demander, tu n’as pas été capable de retenir la question.

« Si c’était moi, je ne sais pas si j’arriverais à parler. » Tu ne savais pas non plus. Tu avais mis tellement longtemps avant de finalement en arriver à cette décision, bien que rien ne t’empêchait de changer d’idée dans la minute, dans l’heure ou dans la semaine. Tant que la plainte n’était pas formulée au poste de police, tant que les médias n’étaient pas mis au courant, tu pouvais toujours faire marche arrière. « J’imagine que ça dépendrait aussi de si je pense en avoir besoin. » À ça, tu hoches légèrement la tête. « J’en ai besoin. » Ça, t’en es certaine, même si t’as encore trop souvent envie de changer d’idées. « J’ai besoin d’avoir l’impression que je contrôle encore quelque chose. » Et si tu ne pouvais avoir de contrôle sur la réaction des gens, tu allais au moins avoir du contrôle sur comment la nouvelle allait sortir. « Ça va faire un an que je garde le secret. J’en peux plus. » Au bout du rouleau, complètement épuisée. Mais ce soir, sous le bruit des feux d’artifices, t’es tout de même un peu plus légère.

La main de la brune dans la sienne était un évènement imprévu, mais que Livia accueillit avec un léger sourire qui avait pourtant du mal à s’afficher sur ses traits tirés par la tristesse de cet aveu. Alors, pendant un instant qui sembla pourtant s’étirer et lui permit de fermer les yeux et de souffler tout ce qu’elle avait contenu jusque-là, elle ne bougea pas, les pieds dans l’eau et les poumons vides d'avoir enfin exhalé ce qu’elle cachait à tant de personnes. “Je suis désolée.” Elle aussi était désolée, il n’y avait de toute façon aucune autre option face à ce genre de nouvelles. “Est-ce que c’est grave?” “Les médecins disent que j’ai de bonnes chances.” De survie, puisqu’il s’agissait de cela. “C’est les conséquences qui me font peur.” La maladie, elle espérait encore la battre - mais devoir l’avouer, l’accepter, et surtout prendre conscience de ce que cela lui ferait perdre était le plus difficile à ses yeux. Son énergie, ses cheveux peut-être, son espoir d’un autre enfant sûrement. Et le regard de pitié sur elle, celui-là même qu’elle ne voulait pas voir, surtout dans les yeux de son mari.

Ce soir, elle n’était pourtant pas la seule à avoir besoin de se décharger, quand bien même leurs histoires étaient éminemment différentes, tout comme leurs vies. Cela n’empêchait pas que dans l’adversité et les secrets, elles avaient trouvé un terrain d’entente, aussi fragile et éphémère soit-il. “J’en ai besoin. J’ai besoin d’avoir l’impression que je contrôle encore quelque chose. Ça va faire un an que je garde le secret. J’en peux plus.” “Un an…” Elle ne tentait même pas de cacher son effarement et son empathie pour la brune. “Je garde le secret depuis un mois et j’en peux déjà plus.” Elle ne serait pas celle qui convaincrait l’actrice de parler, car elle n’en avait aucune légitimité, mais elle voyait pourtant bien que cela lui pesait et ne pouvait rester ainsi. “Je t’ai vue dans Neighborhood.” Elle avait été curieuse, évidemment. “T’es faite pour ce métier. Ils pourraient vraiment mettre fin à ta carrière pour avoir été honnête?” La pire injustice de toutes, à n’en pas douter.

@Penny Stringer

@livia oakheart
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« Les médecins disent que j’ai de bonnes chances. » Dans un contexte différent, j’essaierais sans doute de convaincre Livia des merveilles de la médecine moderne, même si je n’y connaissais absolument rien. Je lui dirais des mots du genre faut que tu fasses confiance aux docteurs ou une connerie du genre tout va bien se passer. Mais de part votre accord taciturne, tu comprenais et acceptais que ce n’était pas ce dont elle avait besoin dans le moment. Elle avait besoin de dire les mots sans que tu ne réagisses. Elle avait besoin d’exprimer ses peurs sans que tu ne tentes de la convaincre qu’elle n’avait pas raison de les ressentir. Comme toi pour des raisons complètement différentes, elle avait besoin d’être écouter sans être juger, entendu sans qu’elle ne ressente le besoin de rester en un morceau pour ton bien à toi alors que c’est d’elle dont il s’agissait dans l’immédiat. Ses peurs, sa douleur, ses craintes à elle, sans que ton opinion ni celle de ses proches ne viennent entachés le tout. « C’est les conséquences qui me font peur. » « Tu veux en parler? » Tu pourrais poser des tas de questions, lui demander de quelles conséquences elle a peur, mais tu n’as pas envie de la forcer. Elle peut te dire si elle en a envie, si ça peut lui faire du bien de se confier, mais tu lui donnes le choix. Tu lui donnes ce que Byers t’a volé cette soirée-là : le contrôle.

« Un an... » Tu hoches la tête légèrement. C’est long, un an. Il s’en passe des choses en douze mois. T’as l’impression de t’être perdue en chemin des centaines de fois dans la dernière année. Tu te retrouves à peine. Le chemin a été difficile. « Je garde le secret depuis un mois et j’en peux déjà plus. » « Ton mari est au courant? » Jamais tu n’aurais pu passer au travers de cette année sans avoir au moins une personne dans la confidence. Tu espères qu’elle n’est pas complètement seule avec son secret. C’est trop pour une seule personne, tu le sais trop bien. « Je t’ai vue dans Neighborhood. T’es faite pour ce métier. Ils pourraient vraiment mettre fin à ta carrière pour avoir été honnête? » « Faut encore qu’on me croit. C’est ça le risque. » Ta parole contre celle de Byers. Il est bien plus connu, bien plus populaire et bien plus riche que toi. « Si je porte plainte et qu’on va en procès, c’est pas juste le juge qui va décider de mon sort, ni du sien. C’est l’opinion public aussi. » Et si tu deviens une menteuse aux yeux du public, tu peux dire adieu à tout futur rôle.