“Tu veux en parler?” “C’est ce qu’on fait déjà, non?” Elle avait prononcé ces mots avec douceur et sans une once d’ironie, signifiant par là que celui lui faisait déjà du bien de sortir ces quelques mots, même si elle ne donnait pas toutes les précisions concernant sa situation. “Et rien que ça, ça fait du bien. Merci.” Elle n’avait pas besoin de plus pour l’instant, ou du moins, elle ne se sentait pas assez dans l’acceptation elle-même pour réussir à l’expliquer à quelqu’un d’autre. Elle devrait le réaliser en premier lieu avant d’espérer le partager, cette étape n’était pas encore pleinement franchie. “Ton mari est au courant?” Il méritait d’être au courant, certainement, et son visage s’assombrit donc alors qu’elle n’était pas particulièrement fière de la réponse qu’elle allait offrir - mais ce soir, il n’était pas question de mentir, plus maintenant que la machine était enclenchée. “Non... J’ai peur.” Ce n’était pas qu’elle ne voulait pas lui dire, mais qu’elle avait peur de sa réaction, peur qu’il s’éloigne encore davantage alors que leurs liens s’était quelques peu distendus récemment, lui bien trop occupé par son travail alors qu’elle s’y plongeait elle aussi à corps perdu - littéralement. “Mais je vais lui dire, bientôt.” Elle ne devait rien à Penny, et certainement pas des promesses, mais prononcer ces mots lui donnerait peut-être une raison de plus de s’y tenir pour de vrai.

Au moins, si Livia savait ce qu’elle risquait de perdre dans le processus, cela ne la concernait qu’elle et elle seule, et pas tous les médias qui voudraient bien se jeter sur son histoire. Ou sur celle de Penny, plutôt. “Faut encore qu’on me croit. C’est ça le risque. Si je porte plainte et qu’on va en procès, c’est pas juste le juge qui va décider de mon sort, ni du sien. C’est l’opinion public aussi.” L’italienne faillit un instant prononcer ce qu’elle pensait tout haut - les preuves ne mentaient pas. Mais elle ne savait pas ce qu’avait subi Penny, et sans doute n’avait-elle pas de preuve concrète, justement, ni même de témoin. “C’est tellement injuste.” Cela aussi, elle le pensait et ne put le retenir, alors que des gouttes commençaient à perler sur son front pour glisser jusqu’à ses lèvres tandis qu’elle clignait des yeux. La saison des pluies avait fini par les rattraper jusque dans cette chaude soirée d’été, et ses cheveux vite détrempés lui tirèrent un rire de nerfs qu’elle ne réussit pas à arrêter. “T'auras plus besoin de rincer ta robe.” Oh que cela ne suffirait pas à faire oublier tout le reste, mais il fallait bien passer au-dessus pour réussir à continuer d’espérer.

@Penny Stringer

@livia oakheart
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« C’est ce qu’on fait déjà, non? » Oui, mais non. Tu comprends toutefois qu’en te répondant ainsi, la blonde ne souhaite pas rentrer plus longuement dans les détails, chose que tu respectes malgré ta curiosité. Tu veux qu’elle se sente à l’aise de tout dire, de ne rien dire, de lâcher ici et là des parcelles de ce qui le tourmente, de ce qui lui brise le corps et l’esprit à l’actuel. « Et rien que ça, ça ça fait du bien. » Tu hoches légèrement la tête. C’est le moins que tu puisses faire. Ça ne te semble pas assez, mais c’est tout ce dont elle a besoin en ce moment. Tu ne sais toujours pas ce que ce qu’elle a, mais elle dit que ses chances de survie sont bonnes. Tu espères sincèrement que c’est le cas. Elle est bien trop jeune pour laisser derrière un mari et un fils n’étant même pas en âge scolaire. « Non… j’ai peur. » Tu comprends, même si tu ne peux t’empêcher de croire que c’est bien pire d’avoir peur toute seule que d’avoir peur à deux. Mais elle n’a pas besoin que tu lui fasses la morale, tu le vois sur son visage qu’elle a honte de n’avoir rien dit à celui qui partage son quotidien. « Mais je vais lui dire, bientôt. » « Je sais que c’est cliché et probablement pas ce que tu veux entendre, mais c’est plus facile à gérer à deux, ces peurs-là. » Ça n’efface rien, la douleur reste la même, mais il y a quelque chose de soulageant dans le fait même de savoir qu’on est plus vraiment seul.

« C’est tellement injuste. » Et tu voudrais pouvoir lui faire comprendre encore plus spécifiquement à quel point les chances n’étaient pas vraiment de ton côté, mais tu te contentes de hocher vaguement de la tête alors que tu réalises que sa situation comme la tienne n’a absolument rien de juste. La maladie lui est tombée dessus sans s’annoncer, tu n’as aucune doute là-dessus, de la même manière que Matthew Byers est venu voler une partie de toi sans demander la permission. Si tu détestais te lésiner dans un rôle de victime, c’était pourtant celui qui te collait à la peau depuis cette nuit de février. Et puis, comme une scène digne d’un film, il y a la pluie qui vous tombe dessus et si tu te surprends à entendre le rire de Livia, tu ne mets pas longtemps à la joindre. « T’auras plus besoin de rincer ta robe. » « Ni de prendre ma douche. » que tu rajoutes avec un rire qui fait contraste avec tout ce qui vient d’être dit mais qui fait du bien. Les réactions à la pluie sont mitigés parmi les gens encore présents sur la plage, mais la majorité des gens semblent pressés de se mettre à l’abri alors que de ton côté, tu décides de pousser l’inconnue plus si inconnue que ça dans l’eau et elle se retrouve très rapidement trempée de ce mélange de pluie et d’océan pour effacer temporairement ses blessures. « Au moins elle est pas trop froide ce soir! »

“Je sais que c’est cliché et probablement pas ce que tu veux entendre, mais c’est plus facile à gérer à deux, ces peurs-là.” Elle avait beau savoir que Penny avait raison, cela n’empêchait pas Livia de songer que tant que la vérité n’était pas sortie de sa bouche, cela lui laissait une part d’irréel dans laquelle elle trouvait encore un peu de soulagement. Pourtant, son traitement commencerait bientôt, et il s’agirait là du moment où elle ne pourrait plus rien cacher, car cela la mettrait dans des états de fatigue qu’elle serait incapable de camoufler. “C’est juste que tant que je l’ai pas dit, je peux encore croire que c’est faux.” Mais ce n’était pas faux, et le sourire triste sur son visage laissait voir qu’elle en avait bien conscience, malheureusement. “J’espère que t’es pas seule non plus, alors.” Elle n’avait aucune manière de savoir exactement ce que Penny avait vécu, mais cette dernière touchait juste en disant que tout se gérait mieux à deux, ou à plus, alors elle ne pouvait que le lui souhaiter.

Finalement, la pluie qui commença à se déverser depuis les nuages se trouvait être une manière comme une autre de laver tous les mots qui venaient d’être prononcés, à l’image d’une métaphore dont l’illusion ne durerait pourtant pas longtemps. “Ni de prendre ma douche.” Livia fit mine d’adopter une moue de jugement avant de hocher la tête en signe d'acquiescement - elle pensait pratique, Penny, et ça ne pouvait que l’amuser. Avant qu’elle n’ait eu le temps de décider quoi faire alors que la majorité des personnes présentes sur la plage couraient se mettre à l’abri sous les quelques arbres proches, Livia sentit une impulsion sur son épaule alors qu’elle était poussée à faire quelques pas de plus dans l’eau. Elle se retourna vers Penny, le visage teinté d’une fausse indignation qu’elle ait osé une telle chose, même si elle s’y serait sans doute laissée aller toute seule. “Au moins elle est pas trop froide ce soir!” “Et j’expliquerais comment à mon mari que je sens le sel en rentrant?” Difficile de prétendre qu’elle ne serait que allée courir et que la pluie lui était tombée dessus. Surtout alors qu’une vague qu’elle n’avait vu venir vint s’écraser sur elle et la laissa trempée de la tête aux pieds alors qu’elle soufflait et tentait d’écarter les mèches de cheveux qui l’empêchaient de voir correctement, avant d’éclater de rire à nouveau.

@Penny Stringer

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« C’est juste que tant que je l’ai pas dit, je peux encore croire que c’est faux. » Tu peux trop facilement comprendre. Toi aussi tu pourrais presque croire que toute cette histoire avec Byers n’est jamais arrivé alors que ta vie semble avoir retrouvé son trajet normal. Mais ce n’est pas la réalité. Il y a ses séquelles invisibles que tu transportes tous les jours, ses blessures qui ne peuvent guérir complètement tant et aussi longtemps que tu ne vas pas au bout de cette histoire. Tu ne peux avoir la conscience tranquille en sachant qu’il est peut-être en train de travailler avec une jeune actrice en ce moment même. « Faut faire éclater la bulle. » Celle du déni. Elle est confortable, tu y es restée pendant un an après tout, tu y es encore officiellement dans le moment actuel. T’es terrorisée à l’idée que ça puisse faire doublement mal de finalement la percer, cette maudite bulle. « J’espère que t’es pas seule non plus, alors. » Tu secoues légèrement la tête. C’est le seul point positif qui a pu ressortir de tous tes malheurs. Le fait que t’as pas été seule ne serait-ce qu’une seconde pour les vivre.

Elle te regarde presque avec dégoût la blonde quand tu lui dis que t’as plus besoin de prendre ta douche et si t’es tentée de lui dire que c’est une blague, tu ne fais que joindre ton rire au sien alors que tu allonges tes bras aussi loin que possible de chaque côté, voulant ressentir chacune de ses gouttes de pluie sur ta peau dénudée. Et puis tu pousses Livia dans l’eau simplement parce que tu peux le faire et que vous avez toutes les deux besoin de ressentir les choses qui font du bien au maximum ce soir. « Et j’expliquerais comment à mon mari que je sens le sel en rentrant? » « Tu lui diras que t’as été poussé à l’eau par une actrice colérique. » Ce qui n’était pas si loin de la vérité après tout, non? Il y a une vague qui vous surprend par derrière et qui vous ensevelis et tu ris comme une gamine alors que tu avales une trop grosse gorgée d’eau salée, t’étouffant légèrement au passage. « Tu lui diras aussi que la mer a voulu prendre sa revanche et a essayé de la noyer. » que tu parviens difficilement à dire entre plusieurs toussotements, à bout de souffle mais étonnamment plus vivante que jamais.

“Faut faire éclater la bulle.” Elle n’était que trop d’accord, Livia, mais s’il était désormais difficile de savoir si Penny parlait pour l’italienne ou pour elle-même. Elles étaient toutes les deux dans des situations différentes et pourtant si similaires, avec une épée de Damoclès au-dessus de la tête et pourtant le besoin de tout faire sortir. Nul doute que cela arriverait pour les deux, dans leurs propres temps, car ce n’était pas le genre de décision à brusquer. Pour autant, partager ce genre de difficultés enlevait un certain poids des épaules de la blonde, qui se sentait comprise sans pour autant avoir besoin de tout dévoiler, et il s’agissait de quelque chose dont elle ne bénéficierait sûrement pas avec ses propres. Ils seraient plus inquiets, plus curieux, lui poseraient tant de questions et voudraient tout savoir, l’obligeant à se livrer bien davantage que ce qu’elle pouvait offrir à une inconnue - si tant est que ce terme corresponde encore vraiment à Penny alors qu’elles finissaient toutes deux dans l’eau.

L’océan avait une fonction quelque peu cathartique et l’eau à bonne température était appréciable en cette chaude soirée d’été alors que l’humidité ambiante était à son maximum. “Tu lui diras que t’as été poussé à l’eau par une actrice colérique.” “Il a regardé un bout de Neighborhood avec moi en plus, il saura même qui blâmer.” Et il n’en ferait rien, évidemment, alors qu’il avait été impressionné quelques secondes de savoir que Livia avait rencontré une actrice, même s’il était rapidement passé à autre chose. Tout comme elle, en sorte, qui ne s'appesantait pas sur les célébrité comme indicateur de ses relations sociales. “Tu lui diras aussi que la mer a voulu prendre sa revanche et a essayé de la noyer.” La brune n’avait pas échappé à la vague venue s’écraser contre elles, les laissant détrempées de la tête aux pieds. “Je retire ce que j’ai dit, peut-être que le destin existe.” Peut-être, peut-être pas, mais cela ne l’empêcha pas de revenir sur la rive pour retirer ses chaussures de running avant de s’avancer encore plus loin dans l’eau, toute habillée, jusqu’à se mettre à nager, les yeux à moitié fermés pour laisser la pluie rouler sur son visage. Les vagues étaient agitées, et pourtant, le moment était étonnamment paisible.

@Penny Stringer

@livia oakheart
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Vos regards se croisent quelques secondes alors que le silence se permet de dire tout ce que vous n’avez pas osé avouer. Ce n’est pas important ce qu’elle sait de toi, ce que tu sais d’elle. Les parcelles de secrets sont désormais enfouies sous les vagues de l’océan alors que l’eau salée vous offre un répit temporaire mais nécessaire. Les soupirs et les coeurs lourds laissent place à des rires de gamines alors que vous semblez être les seules à avoir eu envie d’une baignade de fin de soirée, la plage se désertant peu à peu à cause de la pluie qui continue de tomber. Tu ne fais plus la différence entre la mer et l’eau tombée du ciel, ta robe dont la tâche est définitivement disparue te colle contre la peau, tes longs cheveux te collent contre le visage alors que tu te perds dans l’immensité de l’océan et de ce moment. Si ça pourrait d’abord sembler étrange de partager tout ça avec Livia, tu as plutôt l’impression que personne d’autre n’aurai pu l’apprécier autant qu’elle dans l’instant. « Il a regardé un bout de Neighborhood avec moi, il saura même qui blâmer. » « Tant que j’ai pas à craindre pour des représailles, tu me mets toutes les fautes du monde sur le dos s’il faut. » C’est dit sur un ton d’humour, toi qui vit pourtant avec une culpabilité excessive depuis si longtemps déjà, portant le poids des échecs et des peines de ceux qui te tiennent à coeur même quand ce n’est pas vraiment de ta faute. Mais ce soir, si tu peux servir à la blonde d’échappatoire aux yeux de son mari alors qu’elle accumule le courage dont elle a besoin pour tout lui dire, tu peux aisément prendre ce rôle dans son histoire. « Je retire ce que j’ai dit, peut-être que le destin existe. » « Le destin ou le karma? » Le destin qui vous avait placé sur le chemin l’une de l’autre. Le karma qui t’avait fait avaler de travers une trop grosse gorgée d’eau salée. La blonde s’éloigne plus loin dans l’océan et tu la rejoins rapidement, et alors qu’elle semble en paix et perdue dans ses pensées, tu en profites pour la surprendre alors que tu lui envoies de l’eau en pleine figure, commençant ainsi une bagarre digne de deux gamines, les rires fusant à répétition. Tu ne sais pas combien de temps vous restez là à vous chamailler comme le ferait des sœurs – ou du moins, c’est ce que font croire tous les films – et alors que vos pieds regagnent finalement le sable désormais frais de la plage, tu te laisses tomber. « Est-ce que t’as une sœur? » que tu lui demandes, sans raison précise alors que tu te souviens qu’elle t’ait mentionné un demi-frère mais sans plus. « J’ai toujours pensé que ça ressemblerait à ça. » Les insultes, les confidences et les moments légers, sans attente. Et voilà qu’en si peu de temps et en si peu de mots, vous aviez déjà échangé tout ça. Toi qui n’avait jamais eu la relation fraternelle dont tu avais longuement rêvé enfant, tu ne pouvais t’empêcher de te demander si elle comprenait, Livia.

“Tant que j’ai pas à craindre pour des représailles, tu me mets toutes les fautes du monde sur le dos s’il faut.” “T’as de la chance, il sera pas du genre à te chercher pour venir te demander des explications.” Elle pouvait être tranquille, Penny, car son mari était plutôt chill et ne s’énervait pas pour des choses de la sorte - même si, en réalité, elle aurait presque préféré qu’il se rende compte tout seul que son comportement avait changé ces derniers temps. Qu’elle ne sortait plus courir, que ses traits s’étaient creusés de fatigue, et qu’elle avait perdu quelques kilos et une partie de son insouciance caractérisable en même temps. Il était bien trop pris dans son boulot actuellement, et il n’avait pas remarqué, pourtant. Alors, malgré ce qu’elle laissait entendre, Livia ne craignait pas qu’il fasse grand chose de ses vêtements trempés lorsqu’elle rentrerait à la maison, à part une légère remarque.

Et pour trempés, ses vêtements l’étaient définitivement après que Penny l’ait poussée sans vergogne dans l’eau, juste à temps pour que les vagues les aspirent toutes deux et qu’elles finissent presque par boire la tasse. La pluie se chargeait de rincer le sel qui s’incrustait sur leur peau, juste à temps pour qu’une nouvelle vague roulent sur elle et les détrempe à nouveau. “Le destin ou le karma?” “Dans ce cas-là le karma, alors.” Au milieu de tout cela, Livia ne fut même plus réellement surprise lorsque Penny lui envoya une grande giclée d’eau qu’elle s’appliqua à répliquer à son tour alors que son rire se joignait aux siens. Un instant, elle n’était plus une adulte aux épaules bien trop lourdes pour sa propre personne, mais une gamine dont les éclats de rire se faisaient contagieux et insensés. Doucement, elle finirent par se calmer, rejoignant le rivage avant de se laisser doucement tomber sur le sable. “Est-ce que t’as une sœur? J’ai toujours pensé que ça ressemblerait à ça.” “A des coups en traître?” qu'elle répondit instantanément en souriant ironiquement. “J'imagine que ça doit ressembler un peu à ça mais j'en sais trop rien... j’ai grandi toute seule et mes parents étaient pas vraiment très présents.” Elle secoua la tête même si ce n’était plus quelque chose qu’elle était triste de partager, car elle avait bien conscience de n’avoir jamais manqué de rien, à part d’attention, parfois. “J’aurais adoré avoir une sœur, ou même un frère.” Elle avait un frère, pourtant - ou presque. “Enfin quand j’étais plus jeune” qu’elle se reprit, en se rappelant qu’elle avait brièvement mentionné son demi-frère à Penny. “T'as pas de sœur non plus?”

@Penny Stringer

@livia oakheart
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« T’as de la chance, il sera pas du genre à te chercher pour venir te demander des explications. » « Encore faudrait-il qu’il me trouve. » Tu hausses les sourcils comme si t’étais si difficile que ça a trouvé. La vie avait bien voulu que ton chemin croise celui de la jeune italienne trois fois plutôt qu’une en si peu de temps et tu ne pouvais pas croire qu’il s’agissait là seulement d’un simple hasard de l’univers. Tu avais l’impression qu’il y avait peut-être là une raison moins évidente pour que vos chemins continuent de se croiser de cette façon, peut-être même ne serait-ce que pour vous donner la chance de vous appuyer l’une sur l’autre le temps de quelques confidences à demi-mots, juste assez pour pousser l’autre dans la direction de cette vérité qui est toujours si difficile a accepté.

L’eau salée, aussi difficile a avalé soit-elle, aide tout de même à faire passer les mauvaises pilules de votre quotidien et vos pieds retrouvent finalement la surface, laissant derrière vous les vagues salées et parfois traître. « À des coups en traître? » « En partie. » Tu fais une moue, l’air de dire que t’as totalement gagnée cette petite bataille improvisée sous l’eau. La plage est drôlement tranquille tout d’un coup, la pluie n’est maintenant qu’un léger voile qui tombe doucement sur vos êtres déjà complètement détrempés. « J’imagine que ça doit ressembler un peu à ça mais j’en sais trop rien… j’ai grandi toute seule et mes parents étaient pas vraiment présents. » « Non? Trop occupés par le travail? » Tu n’avais pas connu ça. Avant la naissance de David, tes parents avaient été le parfait équilibre de juste assez présent. Après, ça avait été un équilibre a trouvé entre tout offrir à David et s’assurer que Penny manque de rien. Pas l’enfance typique, mais loin d’être la plus dramatique. « J’aurais adoré avoir une sœur, ou même un frère. Enfin, quand j’étais plus jeune. » « Ton demi-frère… vous avez pas grandi ensemble? » T’as le sable qui colle ta peau humide alors que tu ramènes tes jambes contre ta poitrine, posant ta tête sur tes genoux. « T’as pas de sœur non plus. » Tu secoues la tête. « Non, y’a que David et moi. Et autant dire que parfois, j’ai l’impression qu’il n’y a que moi. » Pas parce que ton lien avec David est moins que celui de d’autres frères et sœurs, juste différent, comme tant de choses.

“Encore faudrait-il qu’il me trouve.” L’italienne releva un sourcil surpris et ne put s’empêcher de lâcher un rire sec - car pour la trouver, elle l’avait trouvée, et même plusieurs fois, quand bien même leur première rencontre n’était pas nécessairement un jour à marquer d’une pierre blanche. Elle se ravisa cependant de faire le moindre commentaire, car elle imaginait bien que l’actrice savait comment préserver un minimum sa vie privée, et que si elle ne voulait pas se faire reconnaître en extérieur, elle ne s’y ferait pas voir. Quoi qu’il en soit, son mari ne serait pas du genre à chercher, ce qui réduisait déjà largement les possibilités de réellement lui mettre la main dessus. A moins que le destin ne lui offre les mêmes hasards qu’à elle, même si Livia ne savait plus réellement sur quel compte mettre leurs rencontres épisodiques - celui du destin, du karma, ou du hasard pur.

Peu importait en réalité des raisons les poussant à rire désormais aux éclats dans les vagues, tant cela semblait leur être nécessaire à toutes les deux. Déconnecter, un instant et juste un seul, sans regards curieux posés sur elle et sans avoir besoin de se justifier plus que de mesure. “En partie.” Elle faisait bien de ne pas nier, même si Livia ne lui en voulait pas une seconde de l’avoir attirée dans l’eau. Son souffle était légèrement court désormais, et elle était bien contente de s’asseoir, mais ces quelques minutes l’avaient davantage revigorée qu’autre chose. Après tout, l’esprit jouait grandement sur le physique, et elle le savait. “Non? Trop occupés par le travail?” “Surtout mon père.” Et pourtant, lorsqu’il était présent, il la traitait comme une princesse. Mais ses apparitions trop rares n’avaient jamais totalement compensé le manque d’affection qu’elle ressentait de la part de sa mère. “Ton demi-frère… vous avez pas grandi ensemble?” “Pas du tout…” Elle aurait pu hésiter, ne pas oser trop se confier, mais cette histoire était désormais à des années lumière du secret qui la rongeait actuellement, si bien que son importance semblait diminuée. “J’ai découvert qu’il existait il y a trois ans. Mon père trompait ma mère.” Et lui connaissait l’existence de Vittorio, pourtant, pour avoir passé des années à envoyer des chèques pour faire taire son ex-maîtresse. Pour aussi complexe que cette histoire familiale soit, Livia ne doutait pourtant pas que Penny avait connu son lot de difficultés. “Non, y’a que David et moi. Et autant dire que parfois, j’ai l’impression qu’il n’y a que moi.” “J’imagine...” La relation et les responsabilités ne devaient sans doute pas être les mêmes que dans une fratrie classique. “Mais David a l’air très attaché à toi.” Chose qu’elle ne pouvait pas dire de Vittorio.

@Penny Stringer

@livia oakheart
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Tu l’entends, sa respiration qui devient déjà plus difficile après seulement quelques minutes de bataille dans l’eau et s’il y a des choses que tu voudrais savoir, tu ne dis rien, ne laisse même pas filer le est-ce que ça va? que tu lui aurais sans doute demander dans tout autre contexte. Plutôt que de t’en faire sur ce vous veniez tout juste de laisser derrière vous, quelque part dans les vagues de l’océan, c’est le sujet de la famille qui s’installe entre vous. Sujet qui semble particulièrement délicat pour la blonde qui t’offre tout de même quelques détails. « Surtout mon père. » « Il fait quoi comme travail? » T’es pas certaine si tu dois demander au présent ou au passé, ton propre père encore à quelques années de la retraite malgré une santé qui s’est fragilisée dans les derniers mois. Ça t’inquiète d’ailleurs légèrement de le savoir seul ce weekend puisque ta mère et ton frère sont venus te visiter, mais tu sais que ta mère ne l’aurait jamais laissé seul si elle avait eu le moindre doute sur son état de santé. « Pas du tout... » Tu ne sais pas trop à quoi tu t’attends, mais juste à voir le visage de la blonde changé, tu te doutes que ce n’est pas seulement le cas typique du demi-frère venu après le divorce de ses parents. T’es même pas certaine en fait si les parents de l’italienne sont encore ensemble ou non. « J’ai découvert qu’il existait il y a trois ans. Mon père trompait ma mère. » « Oh. » Tu ne retiens pas l’expression de surprise sur ton visage, t’as l’impression que vous en êtes déjà à un point ou c’est inutile de faire semblant l’une avec l’autre. « Ça a dû être un méchant choc. » Et encore, le mot était sans doute faible pour décrire l’état de Livia quand elle a su. « Mais David a l’air très attaché à toi. » Il y a un sourire qui revient habité naturellement tes lèvres à la mention de ton frère alors que tu hoches doucement la tête. « Oui, mais j’ai jamais joué avec David en grandissant. On a pas fait les 400 coups dans le dos de mes parents. Je connais pas ses secrets, même s’il a entendu les miens. » Sourire soudainement voilé de la tristesse et de la pesanteur qui accompagne toujours la réalisation que non, t’as pas eu la relation fraternelle pourtant si longuement désirée. « J’me dis tout le temps que c’est pas moins bien, que c’est juste différent. Mais parfois, j’aimerais juste ça pouvoir dire que ça me rend triste sans que ça remette en question mon amour pour lui. »

“Il fait quoi comme travail?” “Il bosse dans la finance, il a toujours beaucoup voyagé.” Pourtant, il n’avait jamais remis en cause ses voyages, même lorsque la fillette lui avait répété maintes et maintes fois qu'il lui manquait. A l’époque, cela ne l’empêchait pas de l’admirer et de l’imaginer dans des avions à l’autre bout du monde, mais maintenant qu’elle-même était maman, elle voyait juste là une manière comme une autre d’échapper à ses responsabilités parentales. Il l’aimait beaucoup, et elle n’en avait jamais douté, mais il aimait encore davantage pouvoir se concentrer sur elle lorsqu’il en avait envie, puis retourner vaquer à ses propres affaires une seconde plus tard. Autant dire que lorsqu’elle avait grandi, cela avait indéniablement creusé un fossé entre eux - d’autant plus lorsqu’elle appris que l’homme qu’elle considérait comme le plus loyal au monde avait en réalité eu un fils adultère. “Oh.” Livia ne se souvenait plus exactement des mots qu’elle avait eu lorsqu’elle avait découvert, mais nul doute que oh avait dû franchir la barrière de ses lèvres à un moment ou un autre. “Ça a dû être un méchant choc.” C’était une manière comme une autre de le dire, et elle acquiesça car cela lui avait bien trop fait perdre d’illusions pour qu’elle puisse mentir à ce sujet. “Je suis clairement tombée de très haut… surtout que je ne l’ai pas appris par mon père, mais par mon demi-frère, qui m’a retrouvée en Australie.” Elle n’avait jamais eu le fin mot de l’histoire, s’il était venu ou resté pour elle, ou les autres raisons qui l’avaient lui aussi poussé à quitter l’Italie, mais toujours est-il qu’il se trouvait toujours en Australie à l’heure actuelle. “Perdre toutes ses illusions sur quelqu’un d’un coup, c’est pas vraiment agréable.” Et c’était surtout un euphémisme.

Si Livia n’avait pas connu une fratrie classique, ce n’était pourtant pas le cas de Penny non plus, et l’italienne voyait bien dans son regard que la tristesse était bien présente à ce sujet. “Oui, mais j’ai jamais joué avec David en grandissant. On a pas fait les 400 coups dans le dos de mes parents. Je connais pas ses secrets, même s’il a entendu les miens. J’me dis tout le temps que c’est pas moins bien, que c’est juste différent. Mais parfois, j’aimerais juste pouvoir dire que ça me rend triste sans que ça remette en question mon amour pour lui.” “Je ne peux pas dire que je comprends, mais j’imagine…” Livia n’aimait pas se mettre à la place de ce qu’elle ne connaissait pas, ni porter de jugement sur ce qu’elle n’avait jamais vécu. “Ça m'a manqué aussi de pas faire de bêtises dans le dos de mes parents, j'étais vraiment trop sage.” qu’elle ajouta en haussant la voix, comme si elle réalisait soudainement quelque chose, avec regret et amusement tout à la fois. “Mais j'ai toujours voulu construire ma propre famille, du coup.” Le sourire qui s'imprima alors sur ses lèvres prouvait qu'elle ne regrettait cela pour rien au monde, en revanche.

@Penny Stringer

@livia oakheart
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« Il bosse dans la finance. Il a toujours beaucoup voyagé. » « Mon père aussi, il est comptable. Mais il a jamais vraiment eu a voyagé de son côté. » Similaire mais si différente à la fois, c’était vraiment l’impression qui restait lorsque tu comparais ta vie à celle de l’italienne. Les similitudes étaient assez pour vous rapprochées, même là ou les différences pouvaient vous apporter une perspective nouvelle sur vos propres histoires, vos propres déceptions. Quand elle te dit pour l’infidélité de son père, tu réalises toutefois que vous tombez sur un territoire qui se retrouve à des années lumières de ce que tu connais. « Je suis clairement tombée de très haut.. surtout que je ne l’ai pas appris par mon père, mais par mon demi-frère, qui m’a retrouvé en Australie. » Le choc est grand cette fois sur ton visage, t’as l’impression qu’elle est en train de te raconter le biggest plot twist de son existence et si sa vie était une série télé, le public serait définitivement sans voix à ce moment, tout comme tu l’étais. « Perdre toutes ses illusions sur quelqu’un d’un coup, c’est pas vraiment agréable. » « J’imagine… Tu lui en veux beaucoup, à ton père? » Ça doit être si difficile de gérer avec la distance, le ressentiment et probablement ce sentiment d’avoir besoin de lui face à tout ce qu’elle vit. Et à la lumière de ces informations, tu ne peux t’empêcher de penser qu’elle ne mérite vraiment pas tout ce qui lui arrive. C’est vraiment injuste, comme elle disait il n’y a pas si longtemps.

« Je ne peux pas dire que je comprends, mais j’imagine... » Si tu as envie de lui dire que la réalité est encore bien plus difficile à gérer que ce qu’elle peut s’imaginer, tu te contentes toutefois de sourire malgré un énième soupir qui quitte tes lèvres. « Ça m’a manqué aussi de pas faire des bêtises dans le dos de mes parents, j’étais vraiment trop sage. » « Moi aussi! » que tu t’exclames, éternellement amusée des similitudes entre Livia et toi. « C’est quoi le truc que t’aurais voulu faire dans le dos de tes parents, mais que t’as jamais osé? » T’es curieuse d’en apprendre un peu plus sur son âme de rebelle inavouée. « Mais j’ai toujours voulu construire ma propre famille, du coup. » « Et tu as réussi. » que tu lui rappelles avec un sourire, le visage de Gabriele encore frais dans ta mémoire. « Tu as de quoi être fière. »

“Mon père aussi, il est comptable. Mais il a jamais vraiment eu a voyagé de son côté.” A en juger par la manière dont la brune parlait de son père, elle ne partageait pas le ressentiment de Livia, qui ne pouvait que lui souhaiter de ne pas éprouver la même chose qu’elle envers son père. En vouloir à ses parents était un des pires sentiments au monde, et même si elle avait fait la paix avec le fait qu’on ne pouvait pas changer sa propre famille et qu’il fallait parfois accepter que certaines choses ne soient pas réparables, cela ne les rendait pourtant pas si faciles à vivre. Encore plus lorsque les désillusions pleuvaient les unes après les autres, culminant en la personne d’un autre enfant sorti de nulle part, qui avait lui connu une vie bien moins dorée que la sienne - et qui en plus, la blâmait, elle. Livia était une victime collatérale tout comme Vittorio, mais elle n’avait pu s’empêcher de se sentir coupable vis-à-vis de lui, malgré tout. “J’imagine… Tu lui en veux beaucoup, à ton père?” “On peut dire ça.” Elle avait tenté d’essayer de le comprendre, mais un mensonge vient de trente ans était bien trop pour elle, surtout quand elle avait compris que son père ne comptait même pas faire davantage d’efforts pour se racheter auprès d’elle. “Quand je te disais que je ne rentre pas souvent en Italie…” Peut-être comprendrait-elle un peu mieux, désormais.

Quand elle se revoyait, enfin, elle réalisait pourtant qu’elle avait toujours été la petite fille parfaite que de nombreux parents auraient sûrement bien aimé avoir. “Moi aussi!” Leurs vies se faisaient écho tout autant qu’elles se trouvaient aux extrêmes - à croire que le destin avait réellement eu sa part à jouer dans leur rencontre. “C’est quoi le truc que t’aurais voulu faire dans le dos de tes parents, mais que t’as jamais osé?” “Faire le mur pour rejoindre des amis sans le dire à mes parents.” Elle avait été tentée de nombreuses fois, lassée de louper des soirées que ses parents ne jugeaient pas de son âge. “Ça a l’air bête dit comme ça pourtant. Et toi?” Sans aucun doute, son arrivée à l’université puis son déménagement en Australie l’avaient très clairement libérée d’une partie de cette pression familiale - jusqu’à ce qu’elle construise la sienne, de famille. “Et tu as réussi. Tu as de quoi être fière.” “Merci.” Elle ne tenta même pas de cacher le léger sourire de fierté sur son visage, le même qu’elle avait souvent lorsqu’elle regardait son fils - du moins, lorsqu’il n’était pas en train de faire des bêtises. “Je te le souhaite aussi un jour.” Peu importe ce que pouvait représenter le terme de famille pour elle, évidemment, même si la brune semblait elle aussi considérer les relations familiales et fraternelles comme réellement importantes.

@Penny Stringer

@livia oakheart
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« On peut dire ça. » Tu ne pousses pas tes questions à ce sujet parce que tu vois bien qu’elle hésite à s’étendre davantage sur la relation qu’elle partage désormais avec son père. La simple idée que ton père puisse tromper ta mère te met dans en colère même si ça ne reste que du domaine de la fiction, tu n’oses même pas imaginer comment tu régirais vraiment si ça devenait ta réalité. Tes parents avaient depuis toujours été ton couple modèle et si tu peinais tant à t’accrocher à quiconque, c’est surtout parce que tu n’avais pas envie de te contenter de moins que ce qu’ils avaient partagé. Peut-être que tu embellissais leur histoire, mais à tes yeux, ça ne valait pas la peine d’aimer à moins que ce soit comme ton père aimait ta mère et vice-versa. « Quand je te disais que je ne rentre pas souvent en Italie... » Tu te pinces les lèvres, c’est vrai que ça faisait davantage de sens maintenant que tu savais tout ça. « Et ta mère? Elle est restée? » Malgré tout? Si la vérité avait éclaté comme un verre sur le plancher pour Livia, tu ne peux que penser à ce que ça du être et doit toujours être pour sa mère.

Ton drame familial à toi n’invoque aucun mensonge, aucune trahison, aucun coup bas. Qu’un coup du destin, une (mal?)chance que d’être différent. Tu te demandes souvent si David a conscience, et si tu arrives à te faire croire souvent qu’il est plus conscient de son environnement qu’il ne le laisse paraître, tu sais au fond de toi que David ne sait pas qu’il est différent, qu’il ne voit pas sa vie de la même manière que toi et c’est probablement mieux ainsi. Mais c’est plutôt au niveau de vos adolescences trop sages que vous trouvez à nouveau un point commun. « Faire le mur pour rejoindre des amis sans le dire à mes parents. » Tu secoues vigoureusement la tête, toi aussi t’as jamais osé sortir sans demander préalablement la permission. Et tu t’es toujours sentie terriblement coupable lorsque tu dépassais de quelques minutes à peine ton couvre-feu. « Ça a l’air bête dit comme ça pourtant. Et toi? » « La même chose. Ça et ne pas oser sécher les cours, même quand toutes mes amies le faisaient. » T’as jamais été une élève studieuse pourtant, l’école n’a jamais été ta plus grande force. Mais malgré ça, tu n’as jamais vraiment osé aller contre les règles, que ce soit celles imposées par tes parents ou par un établissement scolaire. Le sourire sur son visage lorsque tu lui dis qu’elle peut être fière de sa famille te réchauffe le coeur. « Merci. Je te le souhaite aussi un jour. » « Je peux te dire un autre secret? Puisqu’on est dans les confessions et tout ça de toute façon... » Tu viens passer une main dans ta nuque nerveusement alors que ton regard se perd dans l’horizon. « J’ai peur d’avoir des enfants et qu’ils soient comme David. » Une vérité que tu n’avais jamais dite à voix haute, mais qui te terrorise depuis si longtemps pourtant.

“Et ta mère? Elle est restée?” Sa mère y avait toujours trouvé son compte, adultère ou non, et Livia n’avait d’ailleurs jamais réellement su si elle avait été au courant de l’existence de Vittorio depuis le début et avait lâchement fermé les yeux, ou si cela lui était tombé dessus au même moment. L’italienne pinça les lèvres en se remémorant le visage de sa mère, qui lui avait fait comprendre que son père resterait son mari, quoi qu’il en coûte - alors que cette dévotion teintée d’intérêt financier la dépassait, elle. “Oui. Je pense qu’elle savait depuis un moment mais qu'elle a fermé les yeux.” Et peu importe la réalité des raisons l’ayant poussée à rester, sa mère semblait se complaire dans cette existence, tant que son cercle social n’était pas éclaboussé de cette histoire - visiblement, c’était tout ce qui comptait pour elle, les apparences.

Autant dire que plus jeune, elle n’avait pas intérêt à faire un pas de travers, et se devait d’être une enfant exemplaire. Faire le mur, c’était hors de question, et Livia n’avait même jamais tenté. “La même chose. Ça et ne pas oser sécher les cours, même quand toutes mes amies le faisaient.” “Pour le coup j’aimais vraiment les cours.” Elle avait toujours été assez scolaire et désireuse d’apprendre, sauf lorsqu’elle tombait sur des vieux professeurs inintéressants. “Mais j’en aurais bien séché quelques-uns aussi, j’avoue.” Cette confession était loin d’être aussi profonde que d’autres, et pourtant, elle afficha un sourire mutin comme s’il s’agissait de quelque chose de presque inavouable. “Je peux te dire un autre secret? Puisqu’on est dans les confessions et tout ça de toute façon...” Livia hocha la tête en laissant passer un murmure signifiant qu’elle pouvait tout entendre, même si le regard de Penny avait désormais déserté le sien. “J’ai peur d’avoir des enfants et qu’ils soient comme David.” Les enfants étaient source de peur, et l’italienne ne pouvait qu’être la première à le confirmer. “Je ne m’y connais pas vraiment mais… c’est génétique?” Était-ce une peur infondée ou une réelle probabilité?

@Penny Stringer