I believe in the lost possibilities you can see. And I believe that the darkness reminds us where light can be. I know that your heart is still beating, beating darling. I believe that you fell so you can land next to me. ‘Cause I have been where you are before. And I have felt the pain of losing who you are. And I have died so many times, but I am still alive
Depuis que Jamie avait renoncé à travailler le samedi, le vendredi était la journée que sa fiancée préférait. Elle annonçait le weekend, une poignée de jours à passer en famille, et c'est tout ce qu'elle demandait. Ils n'avaient pas forcément prévu de partir pour le weekend, du moins, ils ne comptaient pas faire de très grosses activités. Juste être là l'un pour l'autre, profiter de Daniel et de leur vie paisible. De plus, le temps était particulièrement radieux. Joanne avait passé une bonne partie de l'après-midi dans le jardin, à l'ombre de l'un des arbres. Milo jouait sans cesse, courant dans tous les sens. Ce petit chien était inépuisable, qu'importe le nombre de fois qu'on pouvait lui envoyer la balle. Mais au moins, il évitait de se ruer sur Daniel. Joanne était assise dans le gazon, Ben restait collé à elle, allongé, jetant parfois un oeil sur son petit protégé. Le bébé était toujours aussi passionné par cette petit boule de poil qu'il essayait parfois de toucher. Joanne le fit asseoir alors sur ses genoux et laissait cette petite main toucher le doux poil du grand chien. Celui-ci ne dit pas un mot, cela ne semblait pas le déranger. Daniel avait cet adorable visage d'un bébé qui découvrait encore et toujours le monde. Il avait même fait sa sieste à l'extérieur. Joanne avait apporter une couverture pour la mettre sur le gazon. Elle avait pris l'un des plaids de leur petit salon pour le recouvrir et se recouvrir elle aussi. Joanne s'était reposée également, et Ben aussi d'ailleurs. Même Milo avait songé à s'allonger une petite heure, avant de venir embêter l'autre chien. Lorsque Daniel s'était réveillé, il s'émerveillait avec le feuillage qui s'agitait avec la légère brise. L'un de ses éclats de rire réveilla Joanne. Monsieur avait faim et savait comment le dire. Elle lui donna alors le sein. Une fois qu'il avait fini, Joanne le gardait dans ses bras. Il aimait tellement se blottir contre elle. Soudain, les deux chiens se précipitèrent jusqu'à la porte d'entrée. Leur maître rentrait tout juste du travail et ils devaient le saluer comme il se doit. Jamie ne tarda pas à rejoindre sa petite famille qui n'avait pas bougé de place depuis quelques heures. "Et c'est Papa qui est rentré !" dit-elle à Daniel d'un ton réjoui en le chatouillant un peu. La jeune femme tira sur le bras de son fiancé afin de le forcer à venir s'installer à côté d'eux. On était tellement bien, à cet endroit là. Arrivé à sa hauteur, elle l'embrassa en guise de bonjour. "Ca va, mon amour ?" lui demanda-t-elle en lui caressant les cheveux de sa main libre. "Et qu'est-ce qu'il faut dire à Papa, Daniel ? Tu te rappelles ?" dit-elle en le regardant, alors que lui observait avec fascination son géniteur. "Il faut dire à Papa que... ta première dent est sorti aujourd'hui. Et que c'est pour ça que tu n'étais pas bien de la semaine." On devinait, au niveau de la gencive inférieure, un tout petit trait blanc qui émergeait de la peau. Elle embrassa une nouvelle fois Jamie avant de lui confier leur fils. "Il faut aussi que je te parle de quelque chose d'un peu plus... disons fâcheux. J'aimerais en parler encore ce soir, histoire que ça n'entache pas le weekend." dit-elle avec un léger sourire. "Ca ne sera pas long." lui assura-t-elle. Ca n'allait certainement pas aller bien loin, à moins qu'il y ait des choses qui devaient être dites, ce dont Joanne doutait. "Et après, je compte bien profiter de plus de quarante-huit heures avec les deux hommes de ma vie." lui dit-elle en venant ensuite l'embrasser dans le cou. "Je vais vous laisser entre mecs, je suis certaine que vous avez tous les deux plein de trucs à partager que je ne comprendrais certainement pas." leur dit-elle en riant et en se redressant. Leur laisser un moment un deux lui semblait être primordial. Joanne trouvait toujours moyen de s'occuper. Prendre soin d'elle, mettre un peu d'ordre dans la maison, réfléchir que faire à dîner. Tout ce qui pouvait prendre du temps pour les laisser seuls autant qu'ils le voudront.
Les chiens vous accueillent toujours comme s'ils avaient cru toute la journée qu'ils ne vous reverraient plus jamais. Comme si vous voir est la meilleure chose qui soit arrivée dans leur journée, et que cette joie immense mérite une tournée générale de croquettes. Parfois, Ben et Milo sont plus calmes, me tournent autour pour avoir quelques caresses et retournent à leurs jeux. Mais souvent, je peux entendre leurs aboiements depuis l'allée du garage, leurs pattes qui tapent sur la porte avec impatience. Puis ils sautillent sur mes jambes, se mettent sur leurs pattes arrières pour tendre leur bouille vers mes mains, écrasent un peu mes pieds dans leur agitation. Si Milo est une inépuisable pile électrique, Ben, lui, c'est drôlement calmé en un an. Je me souviens quand il essuyait ses pattes sur mes chemises, et quand son activité favorite était de me mordre les avant bras ou de m'écraser lorsque je m'installais dans le canapé. Agressif, bruyant. Aujourd'hui, il est le gros balourd qui dort n'importe où et n'importe quand dans la maison, plus doux et affectueux, celui qui se montre patient avec son petit camarade, celui qui veille sur Daniel. Il a changé du jour au lendemain. J'imagine que Milo doit en être un peu jaloux. Son aîné, lui, a le droit d'approcher le petit bout d'homme, d'avoir des caresses de ses petits doigts potelés. Tandis qu'il a à peine le droit de l'approcher. Mais Milo est fort jeune et dispersé, trop pour ne pas risquer de blesser le bébé. Une fois débarrassé de mes affaires de travail, je prends le petit chien dans mes bras et l'autorise à me donner quelques coups de langue sur la mâchoire puisqu'il semble y tenir, tout affectueux qu'il est. Nous traversons la maison pour arriver dans le jardin où je trouve Joanne et Daniel allongés sur une couverture dans l'herbe. "Quel accueil!" je lance avec un petit rire, approchant pas à pas de ma fiancée et notre fils. Je dépose Milo par terre, et celui-ci s'empresse de courir partout sans but, avant de prendre en chasse je ne sais quel insecte qui lui est tombé sous le museau. Mes genoux rouillés par les longues heures passées devant un ordinateur se plient afin que je puisse m'asseoir auprès de Joanne. "Ca va, la journée a été courte, mais je suis bien content d'être a la maison quand même." Je ne suis pas parti aussi tôt que d'habitude, je me suis accordé quelques minutes de sommeil supplémentaires. J'en avais bien besoin après les nuits difficiles de Daniel nous a fait passer cette semaine. J'ai eu raison ; le monde qui tourne a eu une journée des plus calmes, alors ce fut aussi le cas de la rédaction. Le genre de journées bien rares. Joanne reprend en m'annonçant que la première dent de Daniel montre le bout de son nez. "Vraiment? Fais voir ça mon bonhomme! Fais Aaaah." J'ouvre délicatement sa bouche pour y voir ce petit bout de dent qui se devine dans la gencive -et je me dis que, en effet, cela doit être bien douloureux et inconfortable pour un bébé d'avoir ces bouts d'émail qui font leur chemin dans la bouche. "En voilà une bonne quenotte qui se pointe." dis-je en tapotant le bout de son nez. J'ai hâte de voir à quoi ressemblera son joli sourire une fois que la dent sera complètement sortie, unique tâche blanche au milieu des gencives. Il sera toujours aussi adorable à n'en pas douter. "Ca veut dire que tu vas laisser ton vieux père dormir tranquillement cette nuit?" je demande avec un petit rire. Ca ne serait pas de refus, un peu de sommeil. Du moins, en attendant que la prochaine dent ne se montre à son tour. Les nuits courtes ne sont pas terminées. Je prends Daniel dans mes bras pendant que Joanne m'avoue avoir quelque chose à me dire ce soir, un sujet à aborder qui semble plutôt sérieux. “De fâcheux? C'est en rapport avec la fondation?” je demande, sourcils froncés. Je ne peux que me demander ce que Edward a encore fait. Lui, ou un de ses employés louches. C'est tout ce qui me vient à l'esprit. Elle ne m'en dit pas plus. Nous en parlerons plus tard je suppose, après que j'ai pu profiter de mon fils. Elle nous laisse d'ailleurs en tête-à-tête. Je la suis du regard, toujours interrogateur, et hausse finalement les épaules. "Tu sais ce qu'elle me veut maman, toi?" Il semble bien plus occupé par le col de ma chemise que par la question posée -dont il n'a sûrement pas la réponse. Il tire dessus et adorerait porter le tissu à sa bouche, mais non, ça ne fonctionne pas comme il le voudrait. Alors il fonce les yeux, et son petit nez, comme le fait sa mère, et me regarde avec incompréhension et un peu de contrariété passagers. "T'en fais pas, c'est pas parce que t'es petit. Même plus grand, on comprend rien aux femmes. Et ta mère, c'est un sacré mystère.” J'allonge Daniel sur la couverture et le surplombe, les mains sur son petit ventre qui se soulève et s'abaisse au rythme de sa respiration, le regard plongé dans ces iris bleus qu'il tient tout droit d'elle. "Mais tu la comprends sûrement mieux que moi en plus."j'ajoute avec un petit rire. Ils n'ont pas besoin d'efforts pour se comprendre. Tout coule de source entre eux. Notre histoire à Joanne et moi est un peu plus semée d'embûches. Pendant un long moment, je joue avec Daniel qui se prête à toutes les plaisanteries. Il gigote dans tous les sens, riant de bon coeur dès que je chatouille ses petits pieds ou souffle dans son ventre. Je le mitraille d'un tas de petits baisers sur tout son visage. Et j'agite un peu son doudou sous son nez comme une marionnette. Le petit lapin joue à cache-cache avec le bébé et lui vole des bisous sur le bout du nez. Au bout d'un moment, il décide de lui-même de rouler sur le côté pour se mettre sur le ventre. Je l'observe, attendri, mettre toutes ses petites forces dans cet exploit. Puis je m'allonge à côté de lui, le visage au niveau du sien. "T'es un bébé malheureux hein?" Il a sa maman, cette grande maison, ce beau jardin, des jouets et des copains à quatre pattes juste pour lui toute la journée, et aucun autre souci que celui de savoir comment faire comprendre qu'il a faim ou que ses quenottes lui font mal. Il joue, découvre, apprend, s'émerveille toute la journée avec toute la diversité des choses qui composent le monde qui l'entoure. Allongé ainsi face à mon fils, je me contente de l'admirer pendant un long moment. Je caresse parfois sa grosse joue, parfois ses cheveux si fins. Je pourrais rester là des heures, à simplement contempler notre œuvre d'art. Je ne relève la tête que lorsque j'entends des bruits de pas feutrés dans l'herbe. "Hé vous, vous n'auriez pas vu ma fiancée ? J'ai l'impression qu'elle est partie depuis des jours.”
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Il y a énormément d'étapes dans la vie d'un enfant. Certains sont insignifiants, d'autres sont plus notables. Mais Joanne se réjouissait de chacun d'entre eux, même si ce n'était que des petits riens. Voir Daniel grandir et s'épanouir, non sans mal, faisait partie du plus grand de ses bonheurs. Jamie prenait autant de plaisir d'apprendre chaque nouvelle chose que son fils avait effectué, sa fiancée lui en parlait quotidiennement, afin qu'il ne manque rien même s'il passait ses journées au travail. "Il est pas vieux, ton père." rétorqua-t-elle en riant. "Mais il est vraiment très beau par contre." se plut-elle à ajouter en l'embrassant au niveau de la tempe. Il était vrai que la semaine avait été assez difficile parce que les nuits étaient courtes pour les deux. Joanne lui avait pourtant proposé d'aller dormir avec Daniel dans la chambre d'amis afin que le bel homme puisse passer une nuit complète, mais il se montrait particulièrement insistant quant à remplir son devoir parental, même pour tous les mauvais côtés, dont les nuits écourtées. "Non, non, ce n'est pas par rapport à la fondation." lui répondit-elle avec un sourire tendre. "Elle se porte très bien." Il y avait encore du pain sur la planche, mais il y avait déjà quelques premiers résultats particulièrement encourageants. La jeune femme prit donc l'initiative de laisser père et fils ensemble. Pendant ce temps, elle mit un peu d'ordre dans la chambre de Daniel, et dans le séjour en rangeant toute la paperasse qu'elle étalait quotidiennement sur la table de la salle à manger. Il y avait largement de quoi faire pour les laisser seuls aussi longtemps que nécessaire. Malgré tout, Joanne ne put s'empêcher de prendre quelques photos avec son portable des deux amours de sa vie, qui s'amusaient bien ensemble. Le genre de tableaux qui la rendait assez émotive et qui lui faisait garder le sourire. C'était beau, tout simplement. Elle finit par les rejoindre, pieds nus dans le gazon. "Des jours ?" répondit-elle. "J'aurai pourtant juré vous avoir vu embrassé une petite blonde il n'y a pas si longtemps." La jeune femme s'installa juste à côté de Jamie et lui vola un baiser. Elle lui tendit ensuite la nature de son tracas du jour. C'était le nouveau magazine Vogue, pour lequel il avait posé. "Je ne l'ai pas acheté, on me l'a envoyé ce matin, dans une enveloppe brune." Il ne fallait pas donner plus de détails que cela pour comprendre de quoi il s'agissait. Elle ouvrit le magazine à la page où se trouvait l'interview. L'inconnu avait largement surligné la partie où Jamie parlait de l'enlèvement de Daniel. Il avait également fait un cercle tout autour du paragraphe en question avec un large feutre noir, écrivant juste à côté, "et vous acceptez qu'il parle ainsi de votre vie privée au grande public ?" en lettres capitales. Il y avait deux problématiques à soulever ici, mais la plus prioritaire concernait tout de même cet imposteur qui passait au crible fin la vie de Joanne et Jamie, sans qu'ils ne puissent comprendre quel était son objectif. L'autre, c'était le fait qu'il ait parlé de son vécu vis-à-vis de l'enlèvement de leur enfant, mais elle ne voulait pas aborder le sujet. Elle se disait que c'était encore une autre chose sur lequel elle n'avait pas son mot à dire. "Je ne comprends pas ce qu'il veut de nous, de moi, puisqu'il m'adresse toujours personnellement ses courriers." dit-elle d'un ton un petit peu paniqué. "De quel droit se permet-il d'avoir une influence sur notre vie comme ça ? Que cherche-t-il à faire ?" Jamie n'avait sûrement pas de réponses non plus et devait se demander la même chose. "Ca commence à me faire peur, Jamie." lui confia-t-elle, les yeux brillants. "Maintenant que nous avons toutes les cartes en main pour mener une vie paisible, voilà qu'il y a toujours quelqu'un qui veut nous mettre des bâtons dans les roues." C'était juste ça, ce dont elle voulait lui parler. Joanne prit Daniel dans ses bras, et l'embrassa. "Mais ce n'est pas tout ça qui va entacher notre weekend, hein, mon trésor ? Deux jours entiers avec Maman et Papa, tu te rends compte ?"
“C’est qu’elle me manque dès qu’elle n’est pas là.” je réponds avec un sourire, prenant une voix dramatique exagéré, à croire que la mort frappe à ma porte dès que Joanne n’est plus auprès de moi. “Les minutes sont des jours sans elle, et les jours des années.” Ô cette infamie qu’est l’attente de ma bien aimée… Mais la revoilà qui s’approche et m’embrasse; je glisse mes doigts à travers ses cheveux pour garder son visage près du mien et prolonger ce baiser, comme si elle m’avait terriblement manqué. La jeune femme s’installe à côté de moi. Daniel, face à nous, tente de se remettre sur le dos sans grand succès, alors je lui donne juste la petite impulsion nécessaire sur les fesses pour qu’il roule sur le côté. Le mouvement le fait bien rire une fois la surprise passée. Il se prend finalement de passion pour ses pieds qu’il tente d’attraper dans ses petites mains. Pendant ce temps, Joanne me tend le dernier Vogue paru, celui pour lequel Vee a enfin obtenu ma petite interview et un bon shooting photo. Envoyé dans une nouvelle enveloppe brune. On se croirait dans un vieux Hitchkock. “Ma fan numéro un n’a pas acheté le Vogue où j’apparais ?” je demande pour dédramatiser, un petit sourire aux lèvres, alors que je prends le magazine dans les mains. La jeune femme se charge de m’indiquer la bonne page. Je devine immédiatement à quoi correspond la partie surlignée, et pensant que cela est l’oeuvre de Joanne dans un premier temps -et que je risque d’avoir droit à une scène à ce sujet- je bafouille; “Je te jure que je ne pouvais pas faire autrement que d’en parler et…” Mes yeux remarquent finalement le contour noir autour du paragraphe en question, et les lettres furieusement inscrites en capitales juste à côté. J’arque un sourcil. De quoi je me mêle ? “Eh bien, j’agace profondément celui ou celle qui t’envoie ça.” Assez pour qu’il me suive, s’y prenne à plusieurs fois pour essayer de blesser mon couple, et continue d’insister. Pas moyen de savoir s’il m’en veut personnellement ou s’il ne s’adresse qu’à Joanne. Et toujours aucune demande explicite, rien pour savoir ce qu’il nous veut. “Je n’en sais rien.” j’avoue en haussant les épaules, quelque peu désemparé. Je n’arrive pas à avoir la moindre idée de qui pourrait nous vouloir du mal, ni pourquoi. Comme si l’enlèvement de Daniel n’avait pas été assez dur à subir. Joanne a peur et c’est bien normal. Je ne suis guère rassuré moi non plus. “Venez là, vous deux.” dis-je en encerclant ma fiancée et notre fils dans mes bras Je les serre tendrement et dépose un baiser sur leurs fronts. Non, ça n'entachera pas le week-end, nous n’allons pas encourager celui ou celle qui cherche à nous tourmenter. “Je vous aime si fort.” je murmure avec un petit sourire au coin des lèvres. Daniel est bien loin de nos tracas, lui se contente de profiter d’un grand câlin général, tout contre sa maman, enrobé par la chaleur de son papa. Autant dire qu’il est aux anges et gazouille tranquillement. “Et ne t’en fais pas, je suis déjà sur les traces de la personne qui envoie ces lettres.” j’assure à Joanne. Elle devait se douter que je ne laisserais personne essayer de nous atteindre de la sorte. Même quand nous n’avions plus un sou, je ne l’aurais pas permis. “J’ai engagé le détective privé auquel nous faisons souvent appel chez ABC. Il est très bon dans son domaine. Il s’en occupe.” De toute manière, je n’aurais pas fait appel à n’importe qui pour ce genre d’affaire. Ce qui me préoccupe un peu plus, c’est le silence de Levy. “Il n’a pas encore trouvé quoi que ce soit, mais ça ne devrait pas tarder, j’ai confiance.” Ce qu’il faut plutôt se demander, c’est qu’est-ce que nous ferons une fois que nous aurons mis la main dessus? Est-ce que nous avons de quoi porter plainte, ou faudra-t-il s’en occuper nous-mêmes? Je reprends le magazine dans les mains et reprends les quelques pages qui me sont consacrées depuis le début. “Voyons ça.” Après tout, je n’ai pas eu le coup d’oeil sur le tirage, je découvre un peu les photos et le découpage de l’interview -que je ne lis qu’en travers. Daniel, fasciné par les visages, ne tarde pas à reconnaître les traits du mien sur le papier. “T’as vu, c’est papa !” Ses petites mains papotent sur les photos, sans comprendre pourquoi il n’y a pas de relief sur ce qu’il touche, et encore moins pourquoi le même visage est ici, là, et encore à côté de lui.
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"Un sage m'a dit un jour que j'ai la chance de me satisfaire d'avoir ce beau gosse en vrai rien que pour moi." lui rétorqua-t-elle avec des yeux pétillants. "J'avoue être particulièrement satisfaite d'être l'heureuse élue de son coeur. Le reste de la gente féminine va me jalouser jusqu'à la fin de temps." dit-elle avec un petit rire nerveux. Joanne lui confia ensuite le magazine en question avec la page indiquée. Comme on pouvait s'y attendre, il pensait que le problème principale était du aux confidence qu'il avait faite lors de l'interview. Oui, elle lui en voulait assez pour ça. "Je me passerai de commentaires concernant le point là, je suppose que tu savais ce que tu faisais." répondit-elle afin de clore ce sujet-là. Elle ne voulait pas s'enfoncer là-dedans, ce serait un puit sans fin. Mais à ses yeux, il y a toujours le choix de parler de sa vie personnelle ou non. Jamie avait fait le sien, et que ce soit bien ou mal, c'était fait et il était impossible de reculer. Tous les lecteurs de Vogue sauront ce qu'ils ont subi, alors que c'était bien le genre de choses que Joanne aurait laissé enfermé quelque part afin que personne n'y touche. Jamie nota que la personne ayant envoyé le magazine lui en voulait beaucoup. Il n'en savait pas plus qu'elle concernant cet inconnu. Il lui avoua qu'il avait engagé un détective privé pour qu'il s'occupe de cet affaire. Joanne lui souriait tendrement, touchée qu'il se soit déjà penché de lui-même sur le sujet. Elle le remercia en lui caressant affectueusement la joue. Joanne lui faisait confiance, elle savait qu'il ferait n'importe quoi pour maintenir sa famille en sécurité et à l'abri de n'importe quel type de danger. Le bel homme encercla sa future femme et son enfant. Après quoi, il finit par feuilleter le Vogue pour voir ces fameux clichés. Il était amusant de voir que Daniel reconnaissait le visage de son Papa sur les feuilles. "Tu es vraiment magnifique sur ces clichés." lui répéta-t-elle inlassablement, en l'admirant en même temps que Daniel. "Je sais pas qui est sa copine, mais elle est sacrément chanceuse." Elle lui lança un regard complice. "J'ai commencé à faire un album photo de toi, avec les clichés que je préfère. Il y a beaucoup de photos qui Vee m'a envoyée, mais aussi des photos que j'ai pris à la va-vite. Comme j'en ai fait un pour Daniel. Qui sait, tu feras de nouveau la une un jour, l'album sera bien plus étoffé." lui dit-elle avec un rire. "Et je me suis achetée un Polaroid aussi. J'aime beaucoup le fait d'avoir des clichés spontanément. Même s'il y a du flou, des effets de mouvements, des clichés insignifiants, je trouve que ça reste tout aussi beau." Les clichés ne sont pas très grands, mais ce n'était pas ça qui importait. Joanne comme Jamie adoraient les photos, les documents évoquant un souvenir particulier. Il n'était donc pas étonnant qu'ils aient chacun déjà une multitude de clichés à leur actif. Daniel continuait de s'émerveiller devant le magazine. Il était tellement amusant de chiffonner les pages de les déchirer de ses petites mains. Ce n'était pas grave, Joanne comptait de toute façon en racheter un elle-même, sans que qui que ce soit n'y ai gribouillé quelque chose. Daniel éclatait de rire à chaque fois qu'il entendait le bruit d'un déchirement. Il ne s'en remettait pas, surtout lorsque c'était un de ses parents qui déchirait un morceau également. Il avait les yeux si pétillants. "Il y a quelques créateurs qui m'ont écrit aussi, j'ai eu quelques enveloppes cette semaine. Ils ont certainement eu vent que Joanne était désormais à la tête d'une fondation, parce qu'ils me parlent tous du gala de la fondation. A croire qu'ils veulent que je devienne leur nouveau cintre ambulant. C'est peut-être flatteur, mais c'est surtout comme ça que je l'ai ressenti, de n'être... qu'un objet, en quelque sorte." dit-elle avec un rire nerveux, en empêchant Daniel de mettre un morceau de papier en bouche. "J'ai besoin de l'avis d'un expert qui a fait la une de Vogue, un beau brun, tout ça..." dit-elle en riant, le regard malicieux. "Ah, mais en voilà un !" dit-elle en regardant amoureusement Jamie.
En essayant d’être aussi objectif que possible, je dirais que les clichés du magazine sont bons, et en tout cas, je me trouve assez mis en valeur pour ne pas avoir honte de mon apparition dans ce numéro. Vee sera sûrement ravie de l’apprendre, je sais qu’elle ne se serait pas pardonné les critiques que j’aurais pu faire si j’étais mécontent. Il n’y a pas vraiment d’amitié qui vaille dans ce domaine, ce qui doit être fait est fait, mais un invité mécontent est un invité qui ne reviendra pas, et je vois venir gros comme une maison les futures demandes de la modeuse concernant des shootings photo en famille, Joanne, Daniel et moi. “Je suppose qu’ils n’allaient pas faire un gros plan sur mon mauvais profil.” dis-je en haussant les épaules, et essayant de ne pas finir rouge pivoine à force d’entendre des compliments de la part de la jeune femme. “Fiancée, pas copine.” je corrige en lui montrant ma bague sur les photos. Hors de question de l’enlever -et cela ne m’a pas été demandé. Je suis assez surpris d’apprendre que Joanne a décidé de me consacrer tout un album photo. J’arque un sourcil, supposant que cela est flatteur, et un peu gêné. “De un, je ne fais pas la une, et je suis sûr que je passe inaperçu au milieu des trois cent pages de pub.” Il y a bien plus connu et populaire que moi dans ce numéro, les gens préfèrent les acteurs et les chanteuses aux rédacteurs en chef, même si leur minois n’est pas désagréable, même s’ils ont d’autres talents, même s’ils sont altruistes. “De deux, les seules unes que j’ai faites étaient loin d’être glorieuses.” Et ce depuis toujours. La vie d’un aristocrate intéresse peu, sauf s’il commet des erreurs et fait un pas de travers; là, le scandale éclate et le monde a besoin de savoir que les immortels ont leurs propres péchés. C’est une injustice, mais c’est ainsi. “Et trois, je ne compte pas recommencer.” Ni être à la une, ni me prêter au jeu de l’interview et des photos. J’y serai bien forcé un jour, mais pour le moment, je m’en passe et je ne lance pas d’appel d’offre. “Il faudra donc te contenter des photos que tu prendras toi-même.” D’ailleurs, Joanne a fait l’acquisition d’une nouvelle arme dans ce but, un Polaroïd dont elle semble déjà très fan. “C’est une bonne idée, je risque de te l’emprunter souvent.” dis-je avec un petit rire. Elle sait que j’aime prendre des photographies autant qu’elle, garder des souvenirs de tout, même des choses insignifiantes. Je parie qu’elle a déjà immortalisé la première dent de Daniel. Celui-ci découvre le déchirage de papier, et cela lui plaît grandement. Il froisse, déchiquette, et expose fièrement ses lambeaux de papier. Joanne reprend pour m’avouer qu’en apprenant l’organisation prochaine du gala de la fondation à Londres, quelques marques ont sauté sur l’occasion pour proposer leurs collections. “Eh bien…” Dire ou ne pas dire les choses comme elles sont au risque de déstabiliser la jeune femme? J’opte plutôt pour la sincérité. Il faut bien qu’elle sache comment les choses fonctionnent maintenant qu’elle a les deux pieds dedans. “C’est vrai, tu n’es sûrement qu’un cintre pour eux sur ce coup-là. Une bonne pub. Ils veulent que leur nom soit associé à celui de la fondation et au tien. Ils te loueront une belle robe, gratuitement.” Je hausse les épaules. Pas qu’elle en ait besoin, elle en a déjà quelques unes qui sont magnifiques, et si c’en est une nouvelle qu’elle veut, nous avons désormais les moyens d’en acheter une. “Je ne sais pas trop quoi te dire, c’est à toi de décider. Je ne sais pas quel genre de standing tu souhaites pour ce gala, ni quelle est la couverture médiatique attendue. Est-ce qu’il est question d’impressionner, ou d’inspirer confiance, ou les deux? Est-ce qu’il faut faire parler de nous autant que possible, ou se faire plus discrets?” A vrai dire, je me demande ce que Ewan est en train de fabriquer avec l’argent de la fondation, ce qu’il dépense ou gaspille pour cet événement, malgré le budget dédié. Il y a meilleur investissement à faire que des serviettes brodées par exemple, ou une suite dans un hôtel de luxe. Mais tout cela, je le laisse aux soins et au jugement de Joanne. C’est elle la patronne. “Je sais qu’on ne parle que d’une robe, mais ce que je veux dire c’est qu’il ne faut pas oublier tous ces paramètres dans un événement de ce genre. Surtout te concernant ; c’est toi qu’on présente, c’est ton image dont il est question.” Il ne faut pas oublier pourquoi elle est aimée, pourquoi elle elle attire la sympathie. Néanmoins, il n’est pas aisé d’allier l’envie d’inspirer la confiance aux yeux des familles, et le respect aux yeux des donateurs en même temps. “Et je vais laisser ta cervelle fumer et retourner ce sujet dans tous les sens toute seule.” dis-je avec un large sourire fier tandis que je me lève et retire mes chaussures afin de faire quelques pas dans le gazon. “Moi, je vais nous chercher de quoi célébrer le week-end.” Et je file à l’intérieur de la maison. Il fait un peu trop frais pour du blanc sorti du frigo, alors je descends dans la petite cave où se cachent les autres bouteilles et attrape, un peu au hasard, un rouge qui, je pense, fera l’affaire. De toute manière, il n’y a rien qui puisse être foncièrement mauvais dans cette maison, il ne s’agit que de cadeaux. Au rez-de-chaussée, je prends deux verres à pied, et connaissant ma fiancée frileuse, j’en profite pour prendre un de ses gilets sous le coude au cas où l’air se rafraîchirait encore. Puis je reviens m’installer sur la petite couverture dans le jardin et nous sers. “A la petite famille Keynes.” dis-je en levant mon verre vers celui de Joanne, avant de les faire tinter délicatement.
I believe in the lost possibilities you can see. And I believe that the darkness reminds us where light can be. I know that your heart is still beating, beating darling. I believe that you fell so you can land next to me. ‘Cause I have been where you are before. And I have felt the pain of losing who you are. And I have died so many times, but I am still alive
Joanne était flattée de voir que son fiancé avait gardé sa bague pour les photos. Ce sont souvent le genre de détails que l'on demande d'enlever, pour des raisons étranges, certainement. "Oh non, je ne pense pas que tu passes inaperçu." lui assura-t-elle. "Pas avec un aussi beau minois." Elle lui vola rapidement un baiser avant que le bel homme ne continue d'énumérer quelques points. Il était vrai que pour les quelques fois où elle l'avait vu à la une, c'était pour des choses qui ne l'avaient pas réjoui. Et il était systématiquement associé à Hannah. Bien qu'il était et se savait photogénique, Jamie ne comptait pas renouveler l'expérience. Sa belle ne pourra alors que compléter son album avec des photos qu'elle aura prise elle-même. "J'ai déjà de quoi faire, dans ce cas." lui dit-elle avec un large sourire malicieux. Il semblait tout aussi enthousiaste qu'elle à l'idée d'avoir un Polaroïd. Phénomène très en vogue en ce moment, certains resortent leur appareil laissé au fond d'un carton depuis des dizaines d'années, d'autres en achètent flambant neuf pour retomber dans ce plaisir de prendre des photos qui sont ensuite spontanément développées. Jamie comptait bien l'utiliser aussi. Daniel continuait à s'amuser avec le magazine, qui ne ressemblait déjà plus à grand chose. La jeune femme cherchait ensuite conseil auprès de son futur époux, qui connaissait par coeur cet univers qu'elle ne touchait que du bout des doigts. Il préférait utiliser la carte de la franchise, il n'était pas nécessaire de lui cacher la vérité, sinon elle allait se la prendre en pleine figure un moment ou à un autre de manière peu appréciable. Joanne l'écoutait avec attention, restant silencieuse. Il finit par se lever pour chercher de quoi boire, et revint quelques minutes avec deux verres à pied, une bouteille de rouge et le gilet de la jeune femme, qu'elle récupéra avec plaisir. "Tu es un amour. Merci mon coeur." dit-elle en l'enfilant rapidement. Ils trinquèrent ensemble et Joanne but une fine gorgée. "Je ne veux pas impressionner qui que ce soit." finit-elle par dire. "Ca n'apporterait rien et ce n'est pas le but recherché, surtout pour cette cause." Elle haussa les épaules. "Et je ne veux pas être juste un visage, un mannequin miniature sur lequel on pose juste une robe somptueuse juste pour dire que la femme en tête de la fondation sait bien s'habiller. J'aimerais juste rester moi." dit-elle en baissant les yeux. "Je sais que certains voudront que je fasse mes preuves, surtout les plus généreux donateurs, et je veux qu'ils aient une image juste de moi, qu'elle soit bonne ou mauvaise. Je ne veux pas prétendre." Du moins, elle ne voulait pas prétendre pour ce rôle là. "A vrai dire, je n'avais même pas encore songé à la tenue." dit-elle avec un rire nerveux. "Et je te l'ai déjà dit, mais si je dois me faire belle, ce ne serait que pour toi. Là, je pense qu'il est question de bien se présenter, mais on peut avoir une certaine allure en restant assez simple, qu'importe si on vient crier au scandale parce que je porte une même robe de soirée pour la deuxième fois. Il y en a certaines que j'adorerais remettre, surtout la noire par exemple." La robe qu'elle avait mis le soir où Jamie avait défiguré James. "Et je ne veux pas faire parler de nous autant que possible, on a déjà suffisamment trinqué de ce côté-là." Joanne voulait rester avant naturelle, et elle-même. C'était peut-être trop demandé, mais elle ne voulait pas être un tissus de mensonge pour toutes les personnes qui comptaient sur elle et ses actions. "Je suppose qu'on verra bien quel image ils auront de moi à ce moment-là." dit-elle en haussant les épaules. Joanne n'aimait pas être jugée, avoir à supporter le regard des autres, balayant sa silhouette de la tête aux pieds. "Tant que je te plais." lui dit-elle avec un clin. Daniel commençait à suçoter dans le vide avec sa bouche et à s'agiter. "Oh ! Je connais un bébé qui a faim. Je suis certaine que Papa sera ravi de te préparer et de te donner le biberon, mon trésor. Toi aussi t'as le droit de boire un coup."
Les lèvres au bord de mon verre, lapant une fine gorgée de vin rouge, j'écoute Joanne m'expliquer, le regard un peu trop bas à mon goût, qu'elle compte bien rester elle-même et ne jouer aucun rôle à la tête de la fondation. On l'aimera ou non telle qu'elle est, mais elle ne sera pas quelqu'un d'autre juste pour plaire. De toute manière, son essence plaît déjà bien assez. Il n'y aura pas de scandale si elle met deux fois la même robe ou si elle joue une carte plus simple et moins médiatique que celle d'Edward. Chacun a sa stratégie, sa manière d'être et de diriger. Son identité. « Je te reconnais bien là, mon ange. » dis-je en déposant un baiser sur sa tempe. A mes yeux, Joanne est belle quoi qu'elle fasse. Peut-être que l'amour rend aveugle, ou me rend bien trop admiratif de ma fiancée. Mais je sais que quoi qu'elle aura sur le dos ce soir là, je la trouverai magnifique. « Et je suis certain que tu les épateras. » Elle prend déjà les bonnes décisions, s'applique à la tâche. Elle est dévouée, c'est le plus important. Pour les côtés plus politiques, elle peut s'appuyer sur moi. Pour tous les détails auxquels elle ne pense pas non plus d'ailleurs « En revanche, si je peux me permettre, je ne pense pas que la directrice de la fondation Oliver Keynes devrait se présenter en noir. » dis-je avec un petit sourire gêné, espérant qu'elle fera elle-même le rapprochement. On parle d'une association qui porte le nom d'un jeune garçon qui s'est suicidé. Le noir risque de bien trop faire référence au deuil dans ce cadre, même si ce n'est pas l'intention. « Mauvais message, tu vois. » Et ce genre de petits messages subliminaux ont leur importance. Un peu plus nerveux, Daniel a son propre message à faire passer : la faim se fait ressentir, et il est l'heure du biberon. « Papa s'y colle tout de suite ! » Je saute sur mes jambes et file à la cuisine sans attendre. De l'eau chaude, du lait en poudre, et pendant que je mélange le tout en faisant rouler le biberon entre mes mains, les chiens me rejoignent et se postent à mes pieds. « Ok, j'ai saisi, tournée générale. » Les gamelles font donc le plein de croquettes et d'eau pour le plus grand bonheur de ces deux ventres sur pattes. Je retourne dans le jardin et installe Daniel dans mes bras. Sa bouche trouve immédiatement la tétine et son mode de fonctionnement. Le voilà qui engloutit son lait avec plaisir. Mais son doudou, non loin de lui, attire plusieurs fois son attention et l'interrompt dans son repas. « Non, on jouera après. » dis-je doucement en retrouvant toute son attention. « Un peu de concentration, fils, ce biberon ne va pas se boire tout seul. » Il se remet à téter avec application. Son ourson lui fait toujours de l'oeil ; difficile de rester concentré quand il y a tellement de choses à faire, à apprendre, à découvrir, tant de jeux. « J'ai appelé la banque à Londres, concernant le compte d'Oliver. » dis-je pendant que je nourris Daniel. « L'argent va être converti et transféré ici bientôt. Il y a une sacré somme. » Mon père a appliqué à la perfection la phrase ''quand on aime on ne compte pas''. Tout cet argent dormant sur le compte d'un mort. « C'est bizarre, je m'étais quasiment fait à l'idée de devoir recommencer de zéro. » Et maintenant, nous avons de nouveau une belle fortune, qui sera même un peu plus étoffée par le salaire de Joanne à la fondation. C'est comme si l'argent n'avait jamais disparu. A peine arrivées, les soucis s'envolent concernant les fins de mois, les frais immenses à couvrir pour garder notre niveau de vie. Tout redevient comme avant, et je n'ai eu qu'un bref aperçu des craintes du commun des mortels. Au moins, j'ai eu une piqûre de rappel ; j'en fais autant partie que n'importe qui. « Je me connais, avec une telle somme, je vais avoir envie de dépenser dans des futilités. » Des choses dont nous avons besoin, d'autres non, mais cette notion se perd vite lorsqu'il n'est pas nécessaire de compter les centimes. Il n'y a que ce que l'on veut ou qu'on ne veut pas. « Je compte sur toi pour me garder les pieds sur terre. » dis-je à Joanne avec un rire. Néanmoins je sais que si elle ne considère pas cette fortune comme sienne, elle n'osera jamais rien dire à propos de mes dépenses, et je pourrais bien facilement retomber dans mes habitudes. « Mais je compte bien recommencer à te couvrir de cadeaux. » j'ajoute avec un petit sourire. Joanne ne pourra pas m'en empêcher de toute manière.
I believe in the lost possibilities you can see. And I believe that the darkness reminds us where light can be. I know that your heart is still beating, beating darling. I believe that you fell so you can land next to me. ‘Cause I have been where you are before. And I have felt the pain of losing who you are. And I have died so many times, but I am still alive
Jamie était toujours de très bon conseil en de nombreux domaines. Sa fiancée savait qu'elle pouvait compter sur lui à la moindre interrogation en rapport avec un monde qu'elle commençait peu à peu à connaître et à dompter. Quant à Jamie, il puisait en Joanne principalement l'affectif, et la sérénité de sa belle. Elle ne lui donnait pas vraiment de conseils, mais plutôt des idées, pour trouver des solutions à des problématiques de tous les jours. Son innocence et ses rêveries leur avaient permis d'acquérir bien des choses. Un beaucoup plus cartésien, une qui adorait les utopies et les chimères. Rien que sur ce point là, ils s'opposaient beaucoup, mais ils parvenaient à se compléter. Joanne lui permettait de rêver et Jamie pouvait transformer ses rêves en réalité. Et il n'y avait que des bénéfices sur cet apport commun. Il lui conseilla tout de même d'éviter la robe noire pour le gala. Joanne était un petit peu déçue, elle aimait beaucoup cette robe là. Elle n'aurait pas pensé à ce que les personnes viennent chercher si loin dans les symboliques. Elle acquiesça tout de même d'un signe de tête. "Et la bleu ciel que j'avais la dernière fois ?" lui demanda-t-elle, prenant tout bon conseil de sa part. "J'irai certainement faire un tour en ville pour voir ce qu'on peut me proposer, mais j'aimerais avoir une roue de secours si jamais je ne trouve pas quelque chose qui me convienne." Joanne aura une certaine pression, elle se posera bien plus de questions lorsqu'un modèle lui aura tapé dans l'oeil, sachant qu'on chercherait loin dans les significations. Le bel homme était toujours d'un incroyable enthousiasme lorsqu'il s'agissait de nourrir son garçon. Depuis qu'il en avait l'opportunité, il se jetait sur l'occasion à chaque fois. Joanne lui donnait encore le sein en journée, mais le soir, c'était le biberon avec le géniteur. Il maîtrisait parfaitement les doses à préparer pour le biberon, quelle température adopter, etc. Il avait vite pris la main pour le coup. Sa maladresse des premiers jours s'était rapidement effacée, tant sa joie d'être papa l'avait poussé à faire de son mieux, et les résultats étaient là. Jamie se réinstalla sur la couverture afin de nourrir Daniel. "Ils ont pu te dire si Oliver t'avait laissé un mot, un message, quand tu les as contacté ?" demanda-t-elle. Peut-être qu'il voulait s'expliquer, lui dire encore quelque chose avant de se perdre totalement. Jamie était prêt à recommencer une vie à zéro, chaque centime durement gagné. Joanne lui sourit tendrement. "Je pense qu'on s'en serait bien sorti malgré tout." lui dit-elle en lui caressant les cheveux. Plus de folies, de cadeaux ou de voyages sur un coup de tête, mais une vie de famille heureuse et mérité. "Je me dis qu'il y a encore un peu de justice dans ce monde, quand même. Edward devrait rager de savoir qu'il y a eu bien plus malin que lui." Lui qui pensait avoir le dernier mot. Finalement, c'était Oliver qui l'avait eu. "Après, je pense que cette expérience t'a permis de relativiser, de remettre en ordre tes priorités." lui dit-elle tendrement. "Sinon, tu ne seras pas là à donner à manger à Daniel. Tu préfères consacré plus d'heures à ta famille, à ton fils, plutôt que de travailler d'arrache-pied en espérant arrondir les fins de mois." Cette période ne sonnait absolument pas comme une tare, un vice. "Tu sais que je ne te le reproche, je ne l'ai jamais fait depuis le début. Je préférais t'encourager de faire ce que tu aimais. Je me souviens qu'au début, je n'osais même pas t'écrire de peur de te déranger. J'avais peur d'interrompre le cours de tes pensées. C'est toujours le cas, d'ailleurs." reconnut-elle. "Je sais que j'ai l'air de me plaindre constamment pour que tu sois un peu plus là parce que je suis quelqu'un qui a toujours besoin de l'amour et d'attention de la personne aimée. Je pense que tu le sais bien." ajouta-t-elle en riant un peu. "Mais sache que si, un jour, tu veux reprendre ton rythme d'avant, je ne t'en voudrais pas. Je sais bien que tu as tendance à t'oublier un peu puisque c'est un boulot que tu adores. Mais je pense que là, tu as trouvé un rythme qui semble parfaitement te convenir." Lui qui voulait passer plus de temps avec son fils, ne pas être simple spectateur de sa vie. "Je voulais juste que tu le saches." dit-elle en lui embrassant la joue. Jamie comptait sur elle pour éviter les dépenses. "Moi, te faire garder les pieds sur terre ?" dit-elle en riant. "Tu demandes ça à la plus rêveuse des personnes de cette maison. Mais je ferai ce que je peux, oui." lui assura-t-elle. Il ne cachait qu'il comptait bien reprendre un rythme régulier de cadeaux. Elle ne savait jamais à quoi s'attendre avec lui. "Ne te sens juste pas obligé de m'offrir des choses, d'accord ?" Que ça ne soit pas par besoin de reconnaissance ou de redevance. Elle savait que ce n'était pas son genre, mais elle préférait le lui préciser. "L'autre jour, tu as dit que ton argent était aussi le mien." dit-elle, plus timidement. "Ca veut dire que tu as aussi mis mon nom sur ce fameux compte ?" Ce n'était vraiment que par curiosité, et non par intérêt, mais Jamie devait s'en douter. "C'est juste pour savoir hein..." dit-elle d'un ton un peu plus paniqué, de peur qu'il ne se fasse une mauvaise idée d'elle. Joanne avait à nouveau un revenu mensuel, elle pouvait largement palier à ses besoins avec ce qu'elle avait. "Ou tu préfères attendre que tu nous soyons mariés pour ce genre de choses ?" Jamie restait anglais, un aristocrate assez traditionnel, il n'était pas impossible qu'il préfère attendre le mariage pour ce genre de démarches administratives. "Tu as déjà créé le compte pour Daniel ?"
On pense rarement aux petits détails, ce qui semblent insignifiants. Mais les gens ont l'oeil, plus ou moins aiguisé, et ce sont justement dans ces petites choses qu'ils cherchent les niches des failles. Un rien peut être matière à critiques ou à éloges, ou pire, à rumeurs. On pourrait croire qu'il est vraiment exagéré de faire un rapport entre une simple robe noire portée pour le plaisir et la mort du garçon qui a donné son nom à la fondation qu'elle dirige. Et pourtant, c'est une connexion que le monde ne fait pas forcément en toute conscience. Néanmoins, elle existe. Si le rapport s'est fait dans ma tête, alors il peut se faire dans celle de n'importe qui. Et puis, pour incarner un renouveau, le noir est de toute manière trop sobre et triste à mes yeux. Joanne propore alors une autre tenue, juste au cas où elle ne trouverait pas son bonheur dans les boutiques en ville. « Oui, pourquoi pas. » La bleue met joliment en valeur ses yeux et la couleur inspire calme et confiance. Cela peut-être un bon choix pour une première impression. De toute manière, elle a tout le temps d'y réfléchir. Le gala est dans plusieurs mois, rien ne presse. Forcément, évoquer la fondation et Oliver me fait penser au compte qu'il m'a laissé. Le retour de la fortune perdue et notre revanche sur mon père. Il n'aura décidément rien gagné, et aura fait de sa fin de vie un véritable fiasco. Une bien triste de manière de terminer une vie qu'il s'est donné tant de mal à bâtir, qu'importe si les moyens n'étaient pas loyaux. Un juste retour des choses diront d'autres. « Je n'ai pas pensé à demander, et je me dis que si la banque ne m'a rien notifié, c'est qu'il n'a rien laissé. » je réponds en haussant les épaules. Ce n'est pas grave, s'il n'y a pas de mot. Il n'y avait déjà pas de lettre de suicide. Mon frère n'a laissé que le silence derrière lui, et des questions sans réponses. De toute manière, cela ne changerai rien à ce qui est. Je suis peut-être un brin déçu de retrouver la fortune d'un côté. Malgré les difficultés que nous aurions rencontré, j'étais assez enthousiaste à l'idée de tout recommencer, bâtir ma fortune et prendre soin de ma famille par mes propres moyens, connaître une vie plus modeste et simple. Pas que cela m'aurait forcément plu, mais j'aurais voulu connaître cette fierté si jamais nous étions arrivés à nous en sortir. « On ne le saura jamais. » Certes, l'enlèvement de Daniel et la perte de la totalité de ma fortune m'ont remis les idées en place. Mon précieux temps est consacré à ma famille dès que je le peux, et je me tiens plutôt bien à ma résolution de rentrer tôt, un peu après l'émission, pour être auprès d'eux. La fatigue n'est pas moindre, mais l'épanouissement est sans pareil. « C'est un rythme qui me convient très bien, oui. » dis-je à Joanne avec un sourire. Et tant que cela lui convient aussi, alors nous avons trouvé une base de vie harmonieuse. « Je peux profiter de toi, et de Daniel, je peux faire mon émission, j'arrive à tout boucler. » Je cours dans tous les sens, le temps est plus limité, mais tout se goupille bien. « Les journées seront toujours trop courtes, mais je n'ai pas à me plaindre. J'ai de la chance de pouvoir faire ce que j'aime et prendre soin de ma famille. » Ca n'est pas donné à tout le monde. Je serais bien ingrat de chercher la petite bête. « Je ne compte pas revenir au rythme d'avant de si tôt. » Non, pas avant que Daniel soit plus grand, ou même, que tous nos enfants soient grands, et qu'avant la retraite nous n'ayons que le travail pour nous éviter l'ennui et le silence d'une maison désertée par les oiseaux désormais loin du nid. Autant dire, dans très très longtemps. Même dans l'opulence, il ne me vient pas à l'idée d'être inactif et faire le petit rentier qui se repose sur ses lauriers. J'aime trop mon travail pour ça, et la satisfaction d'être utile. « Je ne me sens pas obligé, ce n'est pas de ma faute. Quand un objet, une tenue, un bijou, m'appelle et me hurle qu'il serait parfait pour toi, je n'y peux rien. C'est qu'il te le faut. » dis-je en haussant les épaules, l'air innocent. Et comment résister, lorsque l'on a les moyens, lorsqu'il n'est pas nécessaire de réfléchir ? Sans oublier que j'adore voir le regard de ma belle briller lorsqu'elle découvre une robe de belle facture, un collier qui lui va à ravir. J'ai hâte de pouvoir la gâter à nouveau. Sa question suivante me prend de court. Je reste un instant muet, sans trop savoir qui répondre. Un compte commun. La question est légitime, mais me déstabilise assez. « Oui, non, enfin, je… Je ne m'attendais juste pas à cette question. » Pas de sa part en tout cas. Daniel ayant fini son biberon, j'ai quelques secondes pour réfléchir à mes bêtises avant de devoir les avouer -et trouver comment les formuler. J'essuie un peu le coin de la bouche du petit puis le prend dans mes bras, tout contre moi, la tête sur mon épaule. Repus, il ne réclame que son doudou à serrer fort avec son papa, parce qu'il en a de l'affection à distribuer. « Je… J'ai fais transférer l'argent sur mon compte personnel. » dis-je finalement. Donc pas de compte commun, pas de Joanne Prescott dans les bénéficiaires. « Mais ça ne change rien, tu y as accès autant que tu le souhaites. » Il lui suffit d'emprunter ma carte de crédit, même sans demander, peu importe. Sauf que ça n'est pas son genre. Elle ne réclame jamais rien, et si elle gagne son propre salaire, elle préférera toujours puiser dedans pour ses propres besoins. Je me sens idiot de ne pas y avoir songé. Ni pour aujourd'hui, ni pour après le mariage. Le regard un peu bas, je secoue négativement la tête au sujet du compte pour Daniel. « Pas encore, je comptais m'en occuper une fois l'argent arrivé à bon port. » Chaque chose en son temps, rien ne presse. Tout cela me met fort mal à l'aise. Je ne veux pas que Joanne m'en veuille de ne pas lui avoir donné un accès direct au compte alors que je lui ai assuré que c'est aussi son argent. Elle pourrait penser que je la traîte comme une ado à qui on donne de l'argent de poche. C'est que dans les mariages de riches, ça ne fonctionne pas de la même manière. « Je suis désolé, je suis très maladroit concernant l'argent, je n'ai jamais eu à partager. » Enora avait son propre salaire mirobolant, avoir un compte à nos deux noms ne nous est jamais venu à l'esprit. Alors cette fois non plus. « Je ne veux pas que tu penses que c'est un manque de confiance en toi. »
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Le monde des riches restera un éternel inconnu pour la jeune femme, même si Jamie en faisait partie et qu'elle devait faire avec. Il y avait tout un lot de subtilités, de choses à laquelle une personne lambda ne se soucierait pas. Il y avait cette obsession du détail et de la perfection, l'envie d'étoffer des comptes bancaires déjà bien gonflés, et prouver leur richesse par des vêtements et des bijoux hors de prix. Joanne ne les comprenait pas, et ce ne sera certainement jamais le cas. Elle n'était pas des plus économes, mais il y avait des façons plus intelligentes d'utiliser son argent. Peut-être qu'ils en avaient beaucoup trop pour ne plus savoir quoi en faire et virer dans l'extravagance. Jamie lui avait dit plus d'une fois qu'elle pouvait utiliser sa carte de crédit. Les fois où elle avait osé la prendre se comptaient sur les doigts d'une main, et encore. Par conscience, elle préférerait se mettre elle dans le rouge plutôt que d'avoir à puiser dans le compte bancaire de son fiancé. Depuis qu'ils se connaissaient, elle l'était d'ailleurs plusieurs mois sans qu'elle ne lui dise quoi que ce soit. Son premier salaire en tant que directrice de la fondation lui a permis de redorer un peu son compte bancaire. Elle ne l'aime pas par intérêt, ni pour son argent, ni pour son statut. Le bel homme semblait particulièrement déboussolé par la question de la jeune femme. Celle-ci resta parfaitement silencieuse, se demandant ce qu'elle avait dit de mal. Jamie avoua qu'il avait transféré l'argent sur son compte personnel, elle approuva d'un signe de tête. Il tentait de se rattraper en disant qu'elle y avait de toute façon accès. Joanne ne se voyait pas acheter des cadeaux pour lui avec son propre argent, cela n'avait aucun sens à ses yeux. Jamie était particulièrement maladroit concernant ce sujet de conversation, ce qui étonna un peu Joanne. Lui qui n'avait jamais eu peur de dépenser quoi que ce soit, même s'il avait été le mal aimé de la famille. Le voilà gêné de parler de la somme de son compte bancaire. Joanne n'en connaissait pas le chiffre exact, mais elle se doutait bien que c'était bien au-delà de ce qu'elle pouvait imaginer. Il comptait mettre en place le compte de Daniel une fois que l'argent aura été transféré sur son compte. Joanne replia ses genoux et les entoura de ses bras, tout en continuant de l'écouter. "C'était idiot, comme question. Je n'aurais pas du la poser." finit-elle par dire, en regardant Daniel, avec un sourire un peu forcé, il fallait l'avouer. Elle se trouvait particulièrement impolie de lui avoir demandé ça, sur le coup. "Il a gardé tout cet argent pour toi, après tout." Jamais Joanne ne viendrait lui réclamer une quelconque part, ce n'était absolument pas son style. Elle avait toujours eu sa part d'indépendance, mariée ou divorcée, et elle se débrouillait avec ce qu'elle avait. Mais Joanne ne comprenait toujours par cet ambivalence. Entre ce qu'il avait dit avant, et ce qu'il disait à ce moment là. Elle ne saurait dire si c'était une habitude, de l'égoïsme, de l'avarice, ou un manque de confiance. Peut-être était-ce le tout en même temps. Jamie y avait toujours baigné, il serait normal qu'il ait pris quelques mauvaises habitudes. Il s'excusa auprès d'elle, d'être aussi gêné, ayant peur que Joanne croit qu'il n'ait pas confiance en elle. Ce serait quelque chose qui ne la surprendrait même pas, surtout depuis qu'elle avait rendu la bague. Elle comprendrait qu'il se méfierait toujours d'elle à cause de ça et qu'il ne voulait pas mettre en place de comptes communs pour cela. Cette histoire la poursuivra certainement à vie. Donc sur le coup, Joanne ne savait si c'était du lard ou du cochon, s'il disait ça pour qu'elle évite de se torturer l'esprit plus ou moins inutilement. Aussi fallait-il se demander s'il se souciait encore véritablement de ce qu'elle pensait. Joanne fit un très discret sourire avant d'appuyer son menton contre ses avant-bras. "Ce n'est pas grave, passons." finit-elle par conclure. De toute façon, l'argent sera toujours un sujet de conversation qui fâche, pour les plus pauvres comme pour les plus riches. Il n'y avait pas de raison pour qu'ils soient épargnés. Joanne espérait quelque part que l'interview de Vogue et cette histoire de compte ne reviennent pas sur le tapis le weekend, elle ne voulait pas se prendre la tête. Elle finit son verre de vin et se redressa. "Je vais aller voir ce qu'il nous reste dans le frigo, peut-être que j'y trouveras de l'inspiration pour cuisiner quelque chose de mangeable." dit-elle avec un rire nerveux. Elle emmena son verre avec elle, n'ayant pas d'endroit où le poser pour qu'il ne tombe. Joanne n'aimait pas ces conversations quelque peu tendues, prêtes à exploser à tout moment parce que ça ramenait bien d'autres sujets sur le tapis. Il lui restait de quoi faire une salade de chèvre chaud, avec noix de pécan et miel. Du moins, ce fut la première recette qui lui vint à l'esprit.
Me pinçant les lèvres, coupable, je regarde Joanne qui se recroqueville du coin de l'oeil. Elle qui ne demande jamais rien s'y est risquée sur un sujet qui n'est généralement pas particulièrement délicat pour moi. Pourtant, cela n'a pas été une franche réussite pour elle. Ce sont nos différences qui font leur petite intervention dans notre quotidien pour nous rappeler tous les sujets sur lesquels il est plus compliqué de nous comprendre. Elle doit sûrement se dire que je veux garder mon argent bien à moi, et contrôler d'en haut toutes les dépenses qu'elle pourrait faire avec, comme on chaperonne une enfant. Mais cela n'a rien à voir. Je viens d'un monde de contrats de mariage, d'assurances, de méfiance, et où chaque parti a finalement largement les moyens de subvenir à ses propres moyens sans l'autre. Ici, la balance est déséquilibrée, et je n'y ai même pas réfléchi. Difficile de penser aux cas de figure auxquels l'on a jamais été confrontés. “Mais non, c'est toi qui a raison.” dis-je avec un petit sourire se voulant rassurant, mais je me doute que l'objectif n'est même pas effleuré. Je ne peux pas dire d'un côté que nous partageons la fortune et de l'autre qu'elle n'y a pas complètement libre accès. Joanne n'est pas du genre à accepter de se faire entretenir, et sans le vouloir, c'était en réalité l'idée que j'avais. Avec une femme comme elle, ça ne peut pas marcher comme ça. Elle balaye le sujet et préfère rentrer s'occuper du dîner. Je soupire, dépité, et assis Daniel entre mes jambes. “Tu vois ce que je te disais?” Un mystère. “Enfin… ton père est un abruti, aussi.” Il faut bien l'avouer. On ne peut pas penser à tout, on se plante parfois en beauté, et cela arrive même aux meilleurs. Mais pour le coup, je n'ai vraiment pas assuré, j'ai eu le raisonnement du petit aristocrate que je suis, voilà tout. “Tu verras, l'argent… fait et défait les choses.” dis-je tout bas en passant mon doigt sur le petit nez de Daniel. Amour, amitié, simples relations de travail, tout y passe. C'est le sujet qui fâche. Tout le monde est un peu avare dans le fond, nul besoin de se voiler la face avec hypocrisie. Tout le monde est proche de ses sous durement gagnés. Les prêteurs ne sont pas donateurs, les receveurs sont parfois mauvais payeurs, et il suffit d'un quiproquo pour tout faire imploser. C'est si versatile, sans équilibre. C'est la goutte de poison dans les veines de tout le monde. “Ça rend un peu bizarre. Mais ce sont des affaires de grands.” Oh ça, il ne s'en soucie absolument pas. Il ne comprend rien à ce que je dis, mais il entend ces sons, voit mes lèvres bouger, et cela suffit à le captiver. Il ouvre et ferme sa propre bouche sans trop comprendre comment tout ça fonctionne. Il grogne un peu, émet quelques bruits du fond de sa gorge. Ça ne sonne pas pareil, mais il essaye. Peut-être que papa parle le bébé après tout, peut-être qu'il comprend ce que ces couinements signifient. Sauf que ça n'est pas le cas, et je me contente de le regarder, attendri, faire ses tentatives de communication. Se sentant seul, Milo, ennuyé d’embêter le gros chien qui ne joue pas avec lui, vient vers nous réclamer un peu d'attention. “Tiens, tu sais lancer la balle?” je demande à Daniel alors que je le tourne pour l’adosser à moi. J'attrape le jouet dans la bouche de Milo, l’essuie un peu sur la couverture et le dépose dans la main du bébé qui arrive à peine à la tenir correctement. Je l'aide à effectuer le mouvement et met un peu de force dans le geste, juste assez pour que Milo soit tout content d'aller chercher pour son maître miniature. Finissant par comprendre que son enthousiasme doit être tempéré en présence du petit, il revient plus tranquillement et dépose la balle à ses pieds. Du coup, sans crainte, Daniel tend les bras pour réclamer le droit de câliner le chien. Je prends sa petite main dans la mienne et la dépose sur le pelage brun pour le faire caresser doucement. “Voilà, tout doux.” Cela demande du temps, mais ils commencent à s’apprivoiser l'un l'autre. Ben nous quitte et se rentre dans le salon. La seconde suivante, je comprends pourquoi ; une goutte de pluie atterrit sur mon visage et celui de Daniel. Milo, qui adore l'eau -quand il ne s'agit pas de celle du bain- file aboyer contre la pluie et sautiller entre les gouttes. “Mince. Bon, tout le monde à la maison.” Je replie rapidement la couverture, Daniel dans les bras, et rentre à l'intérieur. Nous restons postés devant la baie vitrée de la véranda, le petit est complètement absorbé par la course entre les gouttes de pluie sur la vitre et cette eau qui ne le mouille plus. Les bras fatigués, je finis par déposer le petit sous son arc de jouets suspendus, et je rejoins Joanne en cuisine. “Qu'est-ce que maman prépare?” je demande posté derrière elle, les mains sur ses hanches, avant de déposer un baiser au creux de son cou. Prêt à me faire pardonner tout ce qui doit l'être. “Est-ce que tu es fâchée contre moi?”
I believe in the lost possibilities you can see. And I believe that the darkness reminds us where light can be. I know that your heart is still beating, beating darling. I believe that you fell so you can land next to me. ‘Cause I have been where you are before. And I have felt the pain of losing who you are. And I have died so many times, but I am still alive
Joanne avait toujours su se débrouiller seule, en matière d'argent. C'était bien la seule chose avec laquelle elle pouvait démontrer qu'elle était capable de s'occuper d'elle-même, d'avoir un semblant d'indépendance alors que tout le monde veillait constamment sur elle. Au moment de son divorce, les frais d'avocats étaient très importants, mais elle avait su se débrouiller. Jamais il ne lui viendrait à l'esprit de réclamer de l'argent à quelqu'un, même à ses propres parents. Jamie voulait certainement se rattraper, en se montrant aussi mielleux et en s'intéressant à ce que sa belle préparait à manger pour le soir. "Salade de chèvre chaud, avec du miel et des noix de pécan." dit-elle en badigeonnant de fines tranches de pain avec de l'huile d'olive. Jamie avait déposé ses mains sur ses hanches, il avait délicatement embrassé la peau de son coup. Elle savait qu'il cherchait à se faire pardonner, à apaiser un peu l'ambiance soudainement devenue tendue. Etait-elle fâchée ? Joanne soupira, et finit par se retourner pour faire face à son fiancé. "Non, je ne suis pas fâchée." lui dit-elle en le regardant dans les yeux. "Je sais que tu veux me faire plaisir. Que je fasse en sorte de ne pas me sentir limitée en subvenant à mes besoins." Dans le fond, ce qu'il avait dit l'autre jour partait certainement d'une bonne attention. "Cet argent est à toi, Jamie. Il l'a toujours été. Je me fiche bien que tu m'en donnes l'accès ou non, je me doute bien que l'on voit les choses bien différemment sur ce point là. Comme pour beaucoup d'autres choses, d'ailleurs." Ils le savaient tous les deux, et ils ne pouvaient pas vraiment changer cela. "Je préférerais que tu arrêtes de me corriger, en disant que c'est notre argent, parce que ce n'est pas le cas. Ca ne me pose pas problème. C'est juste comme ça." dit-elle en haussant les épaules. Elle se fichait bien d'avoir accès ou non à ces comptes, qu'elle en soit bénéficiaire lui importait peu. "C'est ton compte, une partie de cet argent reviendra à Daniel, et c'est très bien comme ça." lui assura-t-elle avec un sourire tendre et sincère, mais discret. Puis Joanne se retourna afin de reprendre la préparation du dîner. Elle disposa les tranches de pain sur une plaque. S'étant fait un peu de place, elle coupa de fines rondelles de fromage de chèvre qu'elle mit sur le pain. Puis, sur chaque tartine, elle saupoudra le tout de noix de pécan qu'elle avait préalablement écrasé. Joanne allait mettre le tout au four un peu plus tard, elle comptait laver la salade verte et préparer la vinaigrette avant. Elle se reservit un verre de vin, observant Daniel qui ne se lassait pas de jouer avec les objets qui pendaient au-dessus de lui. Elle aurait volontiers chercher un nouveau sujet de conversation, histoire de passer à autre chose, mais rien ne lui venait en tête. Ca ne faisait que prolonger le silence qu'il y avait au niveau du couple. Ca arrivait encore souvent. Se confier l'un l'autre n'était pas encore facile comme l'un comme pour l'autre. Dernièrement, lorsque Joanne avait envie de lui parler, ce n'était pas le bon moment. Elle n'aimait pas faire régner le silence alors que ce n'était pas voulu. Elle finit par sortir des pistaches qu'elle mis dans un bol en guise d'apéritif, pour accompagner le vin. Il était encore un peu tôt pour manger. Elle faisait toujours en sorte de s'occuper alors, de distraire son esprit dans l'espoir de trouver un sujet de discussion potable. Mais absolument rien ne venait. "Je suis désolée. Je ne suis pas très douée pour relancer un sujet de conversation après ce genre de choses." dit-elle avec un rire gêné, les yeux baissés. "J'ai épuisé mon stock de sujet de conversation plus ou moins intéressant de la journée." Mis à part la fondation et Daniel, Joanne ne faisait pas vraiment beaucoup d'autre chose de ses journées. Quoiqu'elle espérait revoir Shaelyn très bientôt, un bon feeling s'était très rapidement installé entre elles. Mais c'était encore tout récent, elle ne savait pas vraiment ce que ça allait donner, elle ne préférait pas en parler à Jamie pour le moment.
Il faut être un peu sot, et sûrement le suis-je un peu, pour penser qu’un petit baiser et une voix mielleuse suffiraient à détendre l’atmosphère. Je le comprends bien lorsque Joanne se tourne pour me faire face, déterminée à mettre les choses à plat concernant ce sujet qui doit être clos d’une manière ou d’une autre. J’ai un peu de mal à soutenir son regard, je me sens comme un enfant que l’on gronde et qui ne comprend pas vraiment ce qui lui est reproché. Il n’est pas vraiment question de faire plaisir à la jeune femme en lui donnant accès à l’argent que je possède, mais plutôt de faire ce qui me semble être mon devoir. Je m’y prends bien mal, comme toujours. Je pense que même si ma fiancée n’est pas en colère contre moi, et qu’elle dit qu’elle se fiche que nous partagions l’argent, un bout d’elle s’est vexé. Je reste muet, même si j’ai envie de la corriger encore, dire que c’est quand même notre argent, celui de notre famille, et non pas uniquement le mien, même s’il m’était destiné. Mais cela ne servirait à rien d’autre que d’alimenter un débat sans fin. Elle n’y croit pas de toute manière, et si c’est ce qu’elle préfère, alors autant m’y plier. J’ai le cœur un peu serré ; je suis plus du genre à insister quitte à m’emporter plutôt que de m’écraser surtout lorsque je pense avoir raison. Sauf que cette option risquerait de braquer Joanne, cela n’aurait aucun intérêt. « Bien. D’accord. » dis-je tout bas, le regard un peu bas, hochant la tête de haut en bas comme un petit garçon sage. C’est son choix, à moi de le respecter. De toute manière, cela ne change rien ; la somme sur le compte reste à la disposition de la jeune femme si elle le veut. Sur le coup, je ne sais plus quoi faire de mes dix doigts. Joanne, elle, reprend la préparation de sa salade. Le silence demeure suite à cette conversation qu’il n’est guère facile de simplement balayer pour parler de la pluie et du beau temps –ou juste de la pluie. La jeune femme elle-même avoue qu’elle ne trouve pas de moyen d’évincer ce sujet pour un autre, d’autant plus qu’elle m’a déjà fait le rapport détaillé de sa journée avec Daniel. « Ce n’est rien. » je lui assure avec un petit sourire. Parfois, il n’est pas nécessaire de parler. Le silence est apprécié par les oreilles sur-sollicitées. Et les jouets de Daniel font bien assez de bruit à eux tous seuls. Je dépose un baiser discret sur la tempe de Joanne avant de la laisser à ses préparations, attrapant une petite poignée de pistaches du bol et me servant un nouveau verre de vin avant de me rendre dans le coin salon. S’il faut parler, je parlerai sûrement du travail, des rencontres que j’ai eues cette semaine, de l’émission, des imprévus qui peuvent faire de bonnes anecdotes, mais sur le moment, je n’en ai guère envie. Et dans la mesure où je me résume à mon travail et la vie de famille que Joanne connaît bien, et que je ne compte pas lancer je ne sais quel débat socio-économico-politico-philosophique, eh bien, ça sera le silence. Je m’installe dans le canapé, à côté du petit qui s’amuse à essayer d’attraper ou de taper dans les différentes formes qui pendent au dessus de lui. Il agite ses petites jambes potelées d’une manière absolument adorable, rit un coup, puis se montre soudainement plus sérieux, avant de rire à nouveau. Il ne fait pas trop attention à moi. Alors je tire le tiroir de l’un des meubles pour y prendre le carnet de croquis que j’y laisse toujours traîner ainsi qu’un crayon. Quitte à ne plus peindre depuis des mois, j’essaye de ne pas perdre la main en matière de dessin, et quand je le peux, souvent le week-end, je griffonne la bouille de mon fils ou les traits de Joanne, quand je ne me contente pas de choses plus insignifiantes. Je commence donc à gribouiller, former la tête de Daniel, ses grands yeux bleus. Il est constamment en mouvement, ce n’est pas évident.
I believe in the lost possibilities you can see. And I believe that the darkness reminds us where light can be. I know that your heart is still beating, beating darling. I believe that you fell so you can land next to me. ‘Cause I have been where you are before. And I have felt the pain of losing who you are. And I have died so many times, but I am still alive
Il y avait différents types de silence, et Joanne n'appréciait pas celui-là. Peut-être était-ce le cas dans tous les couples, mais ceux entre Jamie et Joanne en disaient souvent longs. Il aimait le silence, quel qu'il soit. Ses oreilles devaient certainement bourdonner en fin de journée, en sortant d'un lieu qui vivait constamment. La jeune femme avait eu la chance de toujours vivre dans des endroits calmes. Peut-être que c'était pour ça qu'elle percevait si bien les silences lourds ou apaisants, pleins de sens ou dénué de toute signification. Et bien que la conversation concernant l'argent était clos, l'air ne semblait pas plus léger qu'avant. Avec surprise, le bel homme se plia à sa volonté sans même vouloir se justifier ou argumenter sa manière de voir les choses. C'était un phénomène extrêmement rare, lui qui passait beaucoup de temps à tenter de la raisonner. Il voulait certainement protéger son argent, et aussi protéger leur couple en ne se lançant pas dans un nouveau débat qui pourrait virer au désastre. Embrassant très discrètement sa belle, Jamie finit par s'éloigner pour s'installer dans leur petit salon. D'habitude, pendant que l'un cuisinait, l'autre restait toujours au même endroit, pour discuter, ou même pour aider un peu. Ce n'était pas fréquent que l'on s'éloigne pour vaquer à d'autres occupations, sauf lorsqu'ils étaient pressés. Encore une fois, Joanne se demandait s'il y avait un quelconque désintérêt. Elle le regarda au loin, pendant de longues minutes, sans rien dire. Puis elle finit par retrouver ses esprits, but un peu de vin avant de mettre les petits toasts au four pour les faire dorer. Pendant ce temps, elle finissait de préparer la vinaigrette et disposa la salade verte dans deux assiettes. Joanne disposa quelques tomates séchées, versa la vinaigrette. Puis, elle diposa les toasts sur les deux assiettes, puis mit un filer de miel sur le tout. La jeune femme prit des couverts, et emmena les deux assiettes dans leur petit salon, tendant l'une d'entre elles à son fiancé, avec un sourire un peu plus franc. Ce n'était pas un plat difficile ou délicat à manger, ils pouvaient rester ici, avec Daniel juste à côté. Jamie mangeait avec appétit, et ça ne semblait toujours pas le gêner de ne pas avoir la moindre conversation. Elle savait qu'il aimait beaucoup profiter du silence de la maison, et elle ne voulait pas le priver de ce plaisir en voulant échanger quelques mots. Ca ne voulait pas dire que ça ne la mettait pas à l'aise. Alors elle commençait aussi à manger, buvant du vin de temps en temps. Leur enfant parvenait toujours à s'occuper seul, et pendant longtemps. D'habitude, à cet âge là, ils se lassaient très vite et il fallait toruver de quoi faire. Mais un rien l'émerveillait - trait qu'il tenait bien de sa mère. Ils mangeaient tranquillement, sans rien dire. Une fois l'assiette finie, Joanne posa l'assiette sur la table sur la table basse, et recouvrit ses jambes dénudés avec l'un des plaids qui traînait toujours par là. Après encore de longues minutes de flottement, Joanne finit par lui demander, très timidement. "Ca te dit de prendre un bain une fois que Daniel sera couché ?" Elle avait l'impression que cela faisait une éternité qu'elle n'avait pas eu de moments intimes avec lui, pas comme ça, du moins. "Je n'ai... pas eu vraiment l'occasion d'essayer sur toi cette huile de massage dont je t'avais parlé la dernière." ajouta-t-elle, toujours aussi hésitante, avec un sourire plus que gêné. Une fois que Jamie avait terminé son assiette, elle la récupéra afin de mettre le tout dans le lave-vaisselle. Elle en profita pour ramener la bouteille de vin, comptant bien se reservir. Une fois le verre rempli, elle s'installa confortablement sur le canapé, et, étrangement, sans faire de rapprochement physique avec son fiancé. Elle ne lui en voulait pourtant pas, elle n'était pas vexée non plus.