“C’est cool, hein, je vois déjà ton imagination qui fume sous l’idée. Mais attention, il ne faut pas s’exciter trop devant Will. Il serait bien trop content, sinon.” Sûr que tu ne sauras pas te montrer non excité devant Will ou plutôt, devant ton futur gosse vêtu d’un habit dinosaure. Tu es le pire quand il s’agit de cacher tes émotions, encore plus quand c’est de la joie. Tu préfères ne rien dire là. Tu ne vais pas promettre un truc que tu ne pourras pas tenir. Elle est freaking cute à sautiller devant toi. Elle aime tout autant, tu te réjouiras pour deux sous les yeux de son mari. Vu cette accentuation des deux mots précédents, je sens comme un truc qui te gêne un petit peu Jordan. Don’t know what you’re talking about. Le déni est bien présent.
“Entretuer, quand mêêêêême.” Rien que le ton qu’elle prend confirme tes mots. Tu la connais bien la miss Birdie depuis le temps. Tu joues avec ses seuils de tolérances ici et là. Tu es apparemment celui qui sait le mieux s’accorder à elle en toutes circonstances car malgré les années, tu n’es toujours pas lassé de sa compagnie. Au contraire. Bien au contraire.
Et puis vient le temps des conneries comme ça faisait pas longtemps que ça n’était pas arrivé. “Tu me sous-estimes ? Tu nous sous estimes ? Alors là, je suis plus que consternée, Jordan Fisher. Je suis scandalisée. Outrée. Quel toupet. Tu n’as pas honte ? Je croyais que t’allais me soutenir quoiqu’il arrive, dans toute situation, je suis absolument d.é.v.a.s.t.é.e.” Le sourire sur tes lèvres est large, amusé. Le petit numéro de dramaturge que Birdie est en train de jouer te diverti totalement. Tu essayeras de faire mieux à la prochaine que tu lui donneras toi. Quand ? Personne ne sait. Personne n’est jamais à l’abris. Tout est possible avec vos conneries constantes à tout les deux. Tu relances le défi avec quelques questions. Elle croit qu’elle peut y arriver ? Tu veux voir ça. “Oh des Kinder Buenoooooos. J’en veux une montagne maintenant que tu le dis. Evidemment que ça compte pour deux.” Elle est déjà en train de choisir la facilité ça te fait sourire un peu plus en coin. “Enfin quoique ça pourrait compter pour un. Regarde-nous ; un plus un égal un.” T’allais lui mettre un petit tacle de Kinder Bueno mais elle te coupe le sifflet avec cette phrase. Tu avais presque oublié pendant le temps d’une minute que vous étiez là parce que tes soldats sont trop forts. I’m gonna be a parent. Un n-ième ‘oh shit’ moment comme il vous en arrive plus ou moins régulièrement depuis qu’elle te l’a annoncé.
“Enfin, j’espère qu’y en a qu’un.” « Oh boy… Moi aussi. »
Ca ne t’avait pas effleuré l’esprit qu’il puisse y en avoir deux. Tu espères que tes soldats ne sont pas forts à ce point. Tu rigoles plus trop du coup, t’es en train de t’imaginer si y’en a deux. L’enfer de la vie que vous allez avoir. “Imagine y en a deux. Ou plus. Oh boy oh boy oh boy… Non, ça serait plus gros s’il y en avait plus qu’un, pas vrai ?” Plus que deux ? Tu n’avais pas pensé à ça non plus. Elle te demande à toi mais… T’es pas docteur. « J’espère. » Il vaut mieux penser à autre chose. C’était quoi la conversation de base ? Les dix barres de chocolat. Le temps défile et c’est toujours plus sûr qu’elle n’y parviendra pas le moins du monde. “Mmh ?” Elle aussi a oublié le sujet initial. « Tu veux quoi si t’arrives? » Ce qui n’arrivera pas. “Oh. Voyons… Un massage intégral et une semaine complète sans que tu me demandes si ça va. Que ce soit de tes lèvres ou dans tes yeux.” Le ton de sa voix te rassure vis à vis de la conversation de juste avant. Tu fais une petite moue à la fin de sa proposition en cas de victoire. Tu ne sais pas faire ça. Elle pourra tout lire sur ton visage. Mais… T’as oublié qu’elle ne va pas gagner ce défi qu’elle s’est lancée toute seule. Vrai. Elle s’en donne quand même à coeur joie à te faire des menaces qui ne te font pas peur. Elle est beaucoup trop cute à chaque fois qu’elle s’y croit à fond avec ses gestes là. Il n’empêche que tu vas prendre sa main pour l’ôter de devant tes yeux comme si éventuellement ses gestes fonctionnaient d’une certaine façon. Nan, plutôt comme si t’avais envie qu’elle arrête de t’embêter. Comme si t’avais envie qu’elle arrête ses bêtises. Mais nope, la vérité c’est que tu veux surtout l’embêter elle en l’empêchant de terminer son mouvement. “Je préfère que tu les utilises pour d’autres trucs plus sympas et divertissants.” Un sourire bien large et amusé qui s’affiche sur tes lèvres de l’entendre. T’es tout fier qu’elle parle de tes capacités avec tes mains d’un coup d’un seul.
“Dépêche-toi, les minutes défilent, l’heure approche!” Tu lèves un sourcil en la regardant. T’es pas sûr de ce dont elle parle. Le chocolat ou un orgasme ? Alors tu préfères emprunter la route du petit con, car t’es inspiré. « Y’a plus le temps mais je note de venir une demi avant la prochaine fois. » Tu te mordilles la lèvre doucement. C’est important ce rendez vous et tu ne veux pas qu’elle vous le fasse louper. Tu veux savoir le plus vite possible si y’en a bien qu’un là dedans. « Ca devrait pas durer longtemps t’façon nan ? » T’en sais rien du tout, mais tu vas glisser ta main dans celle de Birdie après avoir déposé un baiser sur ses cheveux. Savoir qu’elle est là est la seule chose qui te rassure pour le moment. Vous êtes là dedans ensemble. « Mrs and Mr Cadburry. » Tu hausses brièvement les sourcils à l’appellation qui te plaît bien plus que ça ne parait sur ton visage. La surprise qui est plus proéminente.« Sounds like us. » Que tu dis en te levant de la chaise, ta main toujours dans celle de Birdie car il vaut mieux qu'elle soit là pour le rendez vous.
Je pourrai presque me vexer si je n’étais pas en panique à l’idée moi aussi. Deux mini-nous ; est-ce qu’un serait plus comme l’autre ? Est-ce que ça se multiplierait ou est-ce que ça se diviserait ? Il n’y a qu’à voir le duo que nous formons pour voir que nous sommes déjà insupportables. Trop actifs pour ce monde. Je tâte et je regarde le ventre convert de vêtements avec appréhension. Comme pour lui dire qu’il n’a pas intérêt à me faire une surprise de la sorte. Cela serait un deuxième coup de massue dont nous ne nous attendions pas. Nous sommes déjà en train de réaliser que nous allons devenir parents ; la réalisation n’est pas encore finie et elle ne se finira pas même avec l’être dans les bras. Je pense si fort à cette nouvelle question que je ne m’étais jamais posée jusqu’à présent que j’en oublie de quoi nous parlions juste avant. « Tu veux quoi si t’arrives? » Je fronce les sourcils, l’incompréhension sur mes traits, avant d’arrondir mes yeux face à mon cerveau qui a compris. J’émets mes souhaits, en me disant que l’un sera plus facile à avoir que l’autre. Parce que Jordan est incapable de ne pas transmettre ses inquiétudes par son regard et grand mal me fasse de pouvoir le lire mieux que quiconque - oui, je suis persuadée d’avoir un diplôme avancé concernant la lecture de sa gestuelle et ses expressions. « Y’a plus le temps mais je note de venir une demi avant la prochaine fois. » Je fais une mine renfrognée en lui tapant la cuisse. “Don’t you dare.” Parce qu’une demi-heure d'attente, ce n’est pas possible. Encore moins si je n’ai rien à me mettre sous la dent. “Je prendrai les prochains rendez-vous comme ça, tu ne pourras pas m’entourlupiner.” A qui je mens en disant cela ? J’aurai déjà oublié de prendre ledit rendez-vous ; Jordan n’est pas le gestionnaire pour rien.
« Ça devrait pas durer longtemps t’façon nan ? » “Internet m’a dit trente minutes. Mais c’est ma première fois donc j'en sais rien, mon sucre d’orge épicé.”
Ma main atterrit dans la sienne et je vois en ça et son baiser contre mes cheveux que Jordan tente de me rassurer et aussi de rassurer dans l’équation. Je ne suis pas forcément stressée mais je ne sais pas à quoi m’attendre et ce n’est pas une simple soirée que nous allons vivre, là. C’est un rendez-vous important où on devrait entendre notre enfant - et prier qu'il n'y en ait pas plus. « Mrs and Mr Cadburry. » Mes yeux regardent Jordan avec surprise avant de camoufler mon rire en pinçant mes lèvres qui forment un sourire malgré tout. « Sounds like us. » “Je savais pas que j’étais enceinte de Will.” ma connerie me dépasse et je loge un baiser sur la joue de mon compagnon avant que ce dernier se lève et que je suis son mouvement, ma main serrant la sienne avec force.
Dix minutes après, je suis allongée avec mon ventre à l’air, la sage-femme nettoyant son engin avant d’appliquer la crème sur ma peau. Je grimace parce que c’est froid, cette bêtise. Elle a le sourire doux, la sage-femme. “Combien de temps ça dure ?” je ne peux m’empêcher de demander en faisant écho à la question de mon compagnon quelques minutes plus tard. « Une trentaine de minutes plus ou moins. Le temps nécessaire pour établir si tout va bien. » Et si rien ne va ? Hors de question de le demander à voix haute. Mes doigts s’accrochent à mon haut que je tiens plus par nervosité qu’autre chose. Il n’y aucune raison de paniquer. « Nous allons aussi pouvoir déterminer la date de conception ainsi que le nombre d’embryons. » “Pourvu qu’y en ait qu’un.” que je lâche dans un léger rire bref et nerveux - je rirai après avoir été aussi ridicule après un contrôle aussi habituel que normal pour des milliards de femmes dans le monde. La sage-femme sourit en me regardant mais le bref coup d’oeil qu’elle lance à Jordan pourrait me faire croire qu’elle est en train de juger ma réflexion.
Mais cette pensée disparaît totalement quand la sonde se porte sur mon ventre et mes yeux sur les écrans. C’est illisible, ça n’a de forme qu’abstraite mais hey… Y a là en cette étrange ombre ma gamine, une apparence floue mais pourtant si concrète. Je reste clouée sur les images, comme impossible de m’en détacher. Je ne vois pas s’il y a en un ou plusieurs, je ne vois rien à part le fait qu’il y a un véritable être humain qui se forme en moi. « Je peux déjà certifier qu’il sera grand. » Je lâche un bref rire en détournant mes yeux vers le futur papa, vers qui je tends ma main. “Nope, je suis définitivement bien enceinte de toi.” mon léger rire me détend ; mais pas le silence qui poursuit. La sage-femme ne parle plus, elle regarde, elle observe, elle scrute et mes doigts se serrent un peu plus contre ceux de Jordan au fur et à mesure des minutes de silence. Est-ce que tout va bien ? Est-ce que je dois paniquer ? Non, elle est simplement en train de faire son travail et il lui faut de la concentration - mais quand même. J’aimerai bien qu’elle fasse ses commentaires à voix haute.
“Don’t you dare.” Et d’un coup d’un seul, tu te mets au défi de la ramener une demi heure avant la prochaine fois. Le plus dur sera qu’elle ne s’en rende pas compte en avance. Mais t’as confiance en ta capacité à lui faire penser à autre chose. Elle aura totalement oublié d’ici la prochaine fois et cela parce qu’elle sera bien trop stressée. Toi ce sera la meilleure chose pour te focaliser sur ce défi stupide et ne pas penser à un nouveau rendez vous. Ne pas penser que vous allez devenir parent car c’est autant merveilleux que terrifiant. C’est super étrange tout ça… “Je prendrai les prochains rendez-vous comme ça, tu ne pourras pas m’entourlupiner.” Tu es bien mieux organisé qu’elle et tu ne t’inquiètes pas du tout pour avoir les informations. Elle te laissera gérer, tu sais, parce qu’elle déteste ce genre de trucs, les rendez vous à des heures précises. “Internet m’a dit trente minutes. Mais c’est ma première fois donc j'en sais rien, mon sucre d’orge épicé.” Tu l’as bien vu pendant des heures sur son ordi, ou sur le tiens, ou sur son téléphone, le nez retroussé, sa lèvre mordue. T’as vu en passant - par hasard - derrière elle qu’elle a lu des articles et tu sais que tout relevait de la grossesse. Ca fait moins peur quand on est informé mais… Ça dépend si on choisit de lire les histoires qui finissent bien ou non aussi. T’as jeté des coups d’oeil aussi de ton côté, mais certainement pas autant qu’elle.
“Je savais pas que j’étais enceinte de Will.” Ça la fait rire que vous soyez appelé telle une famille unie qui propre tous le même nom. Tu sais pas s’ils font ça à tout le monde mais l’appellation sonne très douce à tes oreilles. Par contre la remarque de ton oiseau qui met bien évidemment son véritable mari au milieu n’a pas la même saveur. Tu ris pas mal à sa boutade parce que t’en as une qui arrive juste derrière et t’es fier de ta connerie par avance. « Ton cerveau a préféré oublier. » Car tu sais combien elle déteste imaginé Will en une entité sexuée. Encore moins avec elle même. Gotcha.
“Combien de temps ça dure ?” « Une trentaine de minutes plus ou moins. Le temps nécessaire pour établir si tout va bien. » T’es aux côtés de ton oiseau et tu espères ne pas déranger la personne qui fait l’examen. Mais tu ne peux clairement pas la laisser toute seule. Ta main est dans la sienne. Vous avez besoin de vous soutenir mutuellement. « Nous allons aussi pouvoir déterminer la date de conception ainsi que le nombre d’embryons. » Date de conception. Nombre d’embryons. Plein d’informations aujourd’hui pour cette première echo. “Pourvu qu’y en ait qu’un.” Yes please. Tu souris légèrement à la phrase de Birdie. T’as le droit à un coup d’oeil de la part de la femme. C’était même pas prévu qu’il y en ait juste un… Tu restes silencieux parce que tu ne sais pas quoi dire. Tu arrives à bien suivre ce qu’il se passe mais tu ne sais pas si tu vas être capable de faire une phrase qui veut dire quelque chose. Tu te sous estime Jordan.
Voilà qu’une forme est visible sur l’écran. So… That’s my kid ? Parce que t’es même pas sûr. Si faut la femme est en train de vérifier quelques organes au passage parce que why not. Tu sais pas le process. « Je peux déjà certifier qu’il sera grand. » Tu captes l’emploi du singulier ce qui te rassure et t’aide à reprendre te respiration un peu plus normalement. Birdie se marre. “Nope, je suis définitivement bien enceinte de toi.” Tu souris un peu plus, content qu’il n’y en ait qu’un. « Not sorry. »
Et le silence qui s’en suit est plutôt très pesant. La sage femme ne dit plus rien, elle observe. Tu regardes ton oiseau, des interrogations plein les yeux. La même chose se reflète dans son regard. « Apparemment y’en a qu’un déjà… C’est une bonne nouvelle. » Que tu soulignes parce que c’est important ça. Tu sais pas si Birdie l’a capté, elle s’est focalisé sur la taille en premier lieu. C’est drôle comme vous avez chacun vu un aspect différent d’une même phrase. Mais peut être que tu te fais des illusions toi aussi. Peut être qu’un deuxième se cache derrière. « Y’a un problème ? » Que tu te sens obligé de demander parce que le suspense est insoutenable.« C’est notre premier si jamais ça ne se remarquait pas… » Que tu ajoutes pour faire comprendre que vous êtes SUPER STRESSÉ et qu’il faut pas faire ce genre de suspense de la sorte. Tu avais dit à Birdie que tu poserais toutes les questions possibles. Tu le fais le plus naturellement du monde parce que c’est bien trop angoissant tout ça. Comme quoi se focaliser sur les questions c’est plus simple que d’essayer de meubler la conversation quand on a tout sauf la tête à ça. C'est votre premier et ce sera votre dernier aussi certainement. Vous ne l'avez pas discuté mais vous avez l'air d'être sur la même longueur d'ondes à ce niveau là. Birdie a 35 ans... On va pas tenter le diable. Tu sais déjà pas si tu vas survivre à toute l'angoisse qu'apporte cette grossesse.
« Ton cerveau a préféré oublier. » Tu retiens la grimace et le “meh” qui pourrait sortir de tes lèvres parce que tu l’as cherché, celui-ci. Tu n’aimes pas quand Jordan évoque l’idée de Will et toi pouvant… copuler, cela te dépasse et te fait frémir - tu adores ton meilleur ami mais juste l’étouffer de câlins avec vos vêtements sur vous te comble parfaitement. Tout comme t’es parfaitement comblée à ce que Jordan soit le seul à pouvoir poser ses mains sur toi, une persistance et une fidélité de trois ans dont tu ne te serais jamais crue capable si on te l’avait annoncé bien avant. Tu n’aurais pas pensé être de ceux en couple, de ceux qui possèdent toujours les yeux amoureux portés sur leur moitié et de n’être satisfaite que par sa simple et seule présence. Jordan joue ton soleil, ton étoile et ta lune en toute circonstance, encore plus maintenant alors que l’être célestial que ton partenaire est a planté un humain qui le sera autant que lui dans quelques mois.
Alors naturellement, tu ne lâches pas sa main. Quand la sage femme affirme que le bébé sera grand, tu préfères en rire ; Will est petit, Jordan non, aucune confusion à avoir, t’es bien enceinte de ton compagnon et non de ton mari. Dans d’autres circonstances, cela serait confus à comprendre mais dans vos positions, tout est parfaitement limpide. « Not sorry. » “Me neither.” Même si tu crains déjà d’avoir une adolescente qui te tape sur la tête - |i]s’il vous plaît, seigneur, faites qu’elle ne soit pas aussi grande pendant ses crises[/i]. Parce que si elle vous ressemble, vous avez de gros soucis à vous faire. Cette enfant récoltera le bon comme le pire, tu espères seulement que vous serez capable et apte à la faire naviguer dans la zone grise, celle de l’équilibre. C’est une angoisse à laquelle tu as pensé et qui t’obsède de façon exponentielle avec le temps. Comment ne pas y penser alors que ça se passe dans ton ventre, de toute manière ? Comment ne pas y penser quand le premier geste que tu effectues est d’aller vomir puis te peser puis t’observer dans le miroir ? Alors bien sûr que tu t’infliges de témoignages, d’informations et d’articles sur le sujet. Ce qui nourrit ton stress mais aussi te rassure dans l’autre sens.
Tout comme le fait que la sage femme ne parle pas. Tu n’apprécies pas, tu n’aimes pas, toi qui déteste le silence, c’est encore pire maintenant. Mais tu as lu quelque part que c’est normal. « Apparemment y’en a qu’un déjà… C’est une bonne nouvelle. » La tête tournée vers ton partenaire, tu la hoche doucement. Tu n’aimerais vraiment pas en avoir deux sur le feu, certainement pas en même temps. Un seul gamin te suffira largement. « Y’a un problème ? » Tes yeux se portent sur l’écran, l’image qui ne veut rien dire et tout dire à la fois sans qu’elle puisse avoir un sens quelconque à tes yeux. « C’est notre premier si jamais ça ne se remarquait pas… » “Jordan…” tu tires sa main, tu fais pression autour de ses phalanges comme pour lui signaler de ne pas porter la poisse dès le début. “Non, au contraire, je vérifie que tout se passe comme il faut et ça m’a l’air d’être le cas.” Un soupir de soulagement dépasse tes lèvres alors que la femme se tourne vers vous en souriant légèrement tout en se décalant sur le côté. “Voyez par vous-même. Là se développe la tête, le corps, ses deux jambes et ses bras. Il n’a rien d’anormal à signaler, outre qu’il semble grand et avoir déjà envie de gigoter.” Tu lâches un rire bref, la nervosité se faisant entendre alors que tu pourrais pleurer de l’entendre et de le voir ; maintenant que le doigt de la professionnelle te le montre, tu le vois parfaitement, ton gamin, et tu ne le sens pas mais il y a des larmes qui roulent sur tes joues. Ta deuxième main vient autour de celle de Jordan sans pour autant quitter l’image des yeux. “T’as vu, il n’a rien d’un haricot magique. C’est un véritable être humain.” Tu pinces et serres tes lippes, tes dents, le soulagement expiant tes nerfs qui furent mis à rude épreuve ces derniers temps. “Est-ce que vous souhaitez entendre ton coeur ?” Tu la regardes, l’air ébahi. “On peut ?” que tu demandes stupidement - si elle le propose, c’est que la réponse est oui mais elle prend la peine de hocher simplement la tête en souriant. Alors tu regardes Jordan en levant vos mains contre ton visage, les prunelles remplies d’émotions. “Qu’est-ce que t’en dis ?” Parce que le choix n’est pas que le tien et tu te préoccupe malgré tout de l’opinion de ton partenaire. Même pour quelque chose d’aussi beau et magique. Jordan est un acteur principal de cette situation, il se doit d’être impliqué au même titre que toi.
“Me neither.” Ca te fait sourire qu’elle le dise. Toute cette grossesse n’a vraiment pas été prévue et elle ne regrette pas malgré tout. Ca te fait du bien de l’entendre dire ces choses, même si ça se voit dans ses yeux. A moins que ce soit l’amour qu’elle a pour toi que tu y vois ? For both of us. Toi et ton gosse qui n’est pas encore né. Qui vivra, tu l’espères, sa mère avec. C’est l’anxiété qui parle quand tu poses toutes ces questions et tu continuerais si Birdie ne te ramenait pas à la raison. “Jordan…” T’avais pas encore abusé mais elle sait très bien de quoi tu es capable. Le fait qu’elle utilise ton prénom marque combien elle est sérieuse dans ses termes, bien qu’elle n’ait absolument rien dit de plus. T’as tout compris. “Non, au contraire, je vérifie que tout se passe comme il faut et ça m’a l’air d’être le cas.” Mais tout va bien. La sage femme qui reprend à dire des choses. Des choses qui rassurent par dessus le marché. Tu reprends à respirer en relâchant doucement la pression sur la main de ton oiseau. Thank you baby Jesus. Même si tu ne crois pas du tout en celui ci. C’est des manière de dire. C’est ce que tu entends beaucoup chez les Mendez depuis bien des années. T’es juste reconnaissant, peu importe envers qui. The universe. Ouais. “Voyez par vous-même. Là se développe la tête, le corps, ses deux jambes et ses bras. Il n’a rien d’anormal à signaler, outre qu’il semble grand et avoir déjà envie de gigoter.” Tu vois absolument rien de ce qu’elle dit et montre. Tout n’est qu’une grosse forme difforme. Tu crois voir des trucs mais tu vois pas en fait. Birdie qui s’accroche un peu plus à ta main. “T’as vu, il n’a rien d’un haricot magique. C’est un véritable être humain.” Tu clignes quelques fois des yeux en essayant de voir. Tu approches ton visage de l’écran même et la sage femme qui répète en indiquant de nouveau. Tu commences doucement à percevoir le petit être humain. Dios mio. C’est incroyable. Y’a vraiment un petit alien dans le ventre de ta femme. Enfin. De ta partenaire.
“Est-ce que vous souhaitez entendre son coeur ?” Oh my god. “On peut ?” Là par contre tu peux pas louper le son d’un battement de coeur. Mais t’es surpris qu’il soit déjà possible de l’entendre quand l’alien n’est qu’à peine formé. “Qu’est-ce que t’en dis ?” Tu baisses les yeux vers Birdie alors que t’es toujours bloqué sur l’écran maintenant que tu vois. C’est les larmes dans ses yeux que tu vois aussi. Tu déglutis.
« Quoi ? » “Est-ce que vous souhaitez entendre son coeur ?”
T’es à l’ouest Jordan mais t’es aussi totalement boulversé par tout ça. Heureusement que la sage femme a de la patience et te repose la question.« Oui. Oui bien sûr. » Tu serres la main de Birdie dans la tienne, les deux siennes autour de la tienne. Ta main libre qui va se glisser dans tes cheveux pour finir sur ta nuque. T’as besoin de te toucher Jordan, histoire de te rassurer de tout ce qui est en train de se passer. C’est pas souvent que tu vois Birdie dans cet état là. C’est pas souvent que tu entends le coeur de votre futur enfant car ça y est. Il est là. Tu l’entends. Vous l’entendez. Et les larmes dans tes yeux font concurrence avec celles dans ceux de ta compagne. Sa roule doucement sur tes joues et tu essuies ton visage quand tu les sens avant de te tenir au siège sur lequel elle est installée de tout son long. Tu vas pas tomber Jordan hein ? I hope not. Ouais pas déjà hein.
“Les battements sont forts. Tout se passe à merveille. ” Des mots qui font du bien de les entendre. T’as oublié la suite. La date de conception tout ça. T’as juste le son du petit coeur visiblement parfaitement formé à tes oreilles et tu t’es assis à côté de Birdie sans vraiment t’en rendre compte. Tu ne tiens juste plus sur tes jambes et t’as réussi à t’y faire une place. T’as pas besoin de beaucoup et y’avait assez d’espace pour toi là. Une moitié de fesse installée à côté d’elle mais aussi tout ton coeur qui déborde d’amour pour la créature dans son ventre. Tu regardes Birdie, t’es plutôt totalement bloqué. Le moment est extra ordinaire. « Can’t believe… » T’arrives même pas à finir ta phrase. Quand on y pense c’est déjà beau que tu aies réussi à dire deux mots. A les aligner dans le bon ordre en plus. Tu te passes une main sur le visage comme si ça allait t’aider à traiter tout ça. Peut être que oui.
Si tu sembles tendue à chaque étape, ce n’est rien face à ton compagnon qui a l’air de passer sous un gang de taureaux tortueux à chaque phrase, à chaque minute, à chaque attente. Au point où tu as presque peur que ses poumons cessent de respirer tellement qu’ils peuvent croire que le moindre mal apparaîtra si jamais ils continuent à fonctionner. Non, il faut que Jordan comprenne que ça va bien se passer. Tes phalanges le caressent doucement au milieu de tes larmes qui coulent gentiment, de tes yeux qui se portent sur l’image puis sur ton compagnon qui met plus de temps à réaliser que toi. Sûrement parce que toi, tu as déjà vu quelques échographies via ton aînée. Et aussi parce que le lien qui se forme dans ton estomac est unique ; c’est le tien, à toi, en toi. Forcément que tu le reconnaitrai, maintenant que tu sais. La réalisation que c’est réel, qu’il y a vraiment quelque chose qui se forme, une création que vous avez faite à deux et- jesus, c’est en train d’arriver.
« Quoi ? » “Est-ce que vous souhaitez entendre son coeur ?”
Jordan a l’air paumé, il a été déconnecté et tu ne lui en veux pas ; si toi, tu le sens et tu le vois tous les jours qu’il y a un changement qui s’opère dans ton corps, lui, c’est la première fois qu’il est en contact avec ce petit machin qui ne ressemble pas à grand chose mais qui a quand même ses membres bien en place. Ce n’est pas pour rien que tu lui demandes son avis et son aval, les yeux de biche en plein milieu de la nuit pris par des phares te faisaient légèrement sourire au milieu de tes larmes. « Oui. Oui bien sûr. » Tes doigts sont compressés par les siens ; il appréhende ? Il est toujours nerveux ? La réponse est oui car tu sillonnes le parcours de sa main libre contre son crâne et sa nuque. Mais tu ne t’y attardes pas parce qu’un bruit rapide vient combler le silence et tes sourcils se soulèvent face au sentiment de soulagement double. Si t’as été bouleversé par la vision, ton compagnon l’est plus par l’entente et tu emrbasses sa main pour le murmurer silencieusement que tout va bien - il t’inquiète un peu à se tenir au siège comme il le fait. “Les battements sont forts. Tout se passe à merveille.” Tu demandes si ça ne va pas un peu trop vite ; la sage femme te rassure en te disant que c’est normal. Tu essaies de te concentrer sur l’affirmation qu’il n’y a qu’un - là aussi, tu soupires de nouveau de soulagement - et la date de conception - aux alentours du 20 octobre.
« Can’t believe… » Ton partenaire a l’air de revenir vers toi, dans la pièce, alors qu’il s’est installé à tes côtés et que tu poses une main contre le bas de son dos pour l’y masser doucement alors que la sage-femme ôte ses gants. “Crois-en mes organes, c’est très réel.” C’est le vrai bordel là-dedans, tu le sens déjà. “Il faudra garder un oeil sur votre tension et ne pas faire trop d’efforts. Vous avez 35 ans et une grossesse à cet âge est à garder sous contrôle régulièrement.” Tu déglutis légèrement en perdant un peu de ton sourire. Tu as vu sur internet (oh bless it) qu’avec ton âge, le risque de fausse couche est plus importante. Le risque de complications aussi. Le diabète, l’hypertension, toutes ces choses dont il faudra “garder sous contrôle”. “Oui bien sûr. Je ferai les checkpoints qu’il faudra.” Tu te redresses alors que la sage-femme te tend de quoi te nettoyer le ventre ; tu espères qu’elle ne va pas pousser la conversation plus loin parce que tu n’es pas certaine de ce que Jordan peut encaisser. Tu as lu des choses qui t’ont fait peur ; et même si tu te réjouis de cette grossesse, il y a tellement de facteurs qui peuvent tout faire basculer. Au point où tu te dis que ça a été une véritable folie de l’avoir gardé, ce foetus. Et si par ta faute, par ton égoïsme, vous êtes en train de vous créer des faux espoirs pour rien ? ”Il ne suffit pas de faire des checkpoints, il faut aussi-” “C’est bon, je pense que nous avons compris.” ton sourire est fixé sur ton visage mais il n’a rien d’amical ; la sage-femme soupire en se levant de son tabouret. “Très bien. Le prochain rendez-vous sera fixé dans trois semaines. On vous appellera. Contrôle de routine.” qu’elle ajoute en levant ses yeux sur Jordan alors que tes pieds touchent de nouveau le sol. “Et… Tenez.” Elle te tend les photos de l’échographie et cette fois, c’est un sourire sincère que tu lui offres. “Merci.” Ta main glisse dans celle de Jordan en levant les yeux vers lui. “On peut y aller ?” Est-ce qu'il va poser d'autres questions ou c'est tout bon pour aujourd'hui ? Le coeur palpitant, t'appréhendes sa réponse éventuelle, malgré ton visage qui se veut bienveillant.
Birdie embrasse ta main et tu ressens bien ce simple geste. Elle est là. Elle est bel et bien là. Y’a une créature, votre créature dans son ventre et elle est tout autant en vie que lui est en train de se former. Tout va bien. Pour l’instant. Jordan. L’information de la date de conception qui entre dans ta tête sans que tu n’y fasses plus attention pour l’instant. Le son du coeur du futur bébé qui prend le dessus sur toutes tes facultés. T’y crois pas. C’est trop beau pour être vrai. A quel moment tu as pensé être un parent un jour Jordan ? Jamais. Exactly my point. “Crois-en mes organes, c’est très réel.” Birdie qui ne s’arrête pas de te rassurer de ses gestes alors que tu te gargarisais intérieurement que tu serais celui qui allait garder une poker face et la rassurer elle. Mais ça c’était avant la rencontre avec ton futur gosse qui est en train de prendre forme. Son coeur fonctionne déjà parfaitement. This is a lot. Yup. Profite Jordan. Yeah. Mais t’as du mal, c’est beaucoup d’émotions et effectivement les chances que vous viviez ça une deuxième fois à l’avenir sont proche du néant total. “Il faudra garder un oeil sur votre tension et ne pas faire trop d’efforts. Vous avez 35 ans et une grossesse à cet âge est à garder sous contrôle régulièrement.” Bizarrement ces mots là ne te font pas paniquer car tu savais déjà. Tu es au contraire bien rassuré que la sage femme ne laisse pas cette information de côté. Vous allez - oui tu t’inclus - faire encore plus attention qu’une grossesse normale.
“Oui bien sûr. Je ferai les checkpoints qu’il faudra.” « On en fera même plus. »
Car on est jamais trop prudent. Tu lèves ton petit bout de fesse de la table d’osculation, te remettant sur tes pieds. Tu vas sans y réfléchir prendre le papier donné par la sage femme pour essuyer le ventre de Birdie et tu t’en occupes toi machinalement. ”Il ne suffit pas de faire des checkpoints, il faut aussi-” “C’est bon, je pense que nous avons compris.” Ouh. Tu n’aurais pas cru que Birdie snap de la sorte. T’es en train de te dire qu’elle a tout autant peur que toi. Même plus. C’est elle qui risque sa vie, même si toi ton coeur va dans tous les sens et qu’il pourrait également s’arrêter éventuellement, c’est pas pareil. “Très bien. Le prochain rendez-vous sera fixé dans trois semaines. On vous appellera. Contrôle de routine.” Trois semaines ça te semble dans pas longtemps ce qui est une bonne chose. “Et… Tenez.” Tu cherches une poubelle pour jeter le papier rempli de truc gluant. “Merci.” Ton oiseau qui s’accroche à ta main. “On peut y aller ?” Ton visage qui se retourne vers elle et tu hoches la tête sans pouvoir t’empêcher de lui mettre un peu du truc gluant sur le nez. Juste l’habitude de l’embêter. Tu t’attends à recevoir une petite tape de sa part. Ca te donne aussi un poil l’impression que tout redevient un peu plus normal. Bien plus normal que d’entendre le coeur d’un être que vous avez créé ensemble et qui se trouve à présent dans le ventre de Birdie.
« Où est-ce que je peux mettre ça ? » « Sur la table c’est très bien. »
Tu le fais donc avant de faire un sourire à la sage femme.« Merci. A… Dans trois semaines. » Ne plus entendre le petit coeur du feotus t’aide à avoir de nouveau un esprit moins dans tous les sens. Tu remarques que Birdie a un truc dans les mains.« C’est les échos ? » Bien sûr que c’est les échos. Tu glisses ton bras autour de ses épaules pour la tenir au plus près de toi. Tu déposes un baiser dans ses cheveux. « On va manger tes 10 barres de chocolats avant de rentrer ? » Vu vos états respectifs t’as pas trop envie qu’elle reprenne le volant tout de suite. « Faut tu me montres les jambes et tout ça… J’ai rien vu. » Que tu avoues sans peine. T’as toujours été honnête tout le long de votre relation même quand certaines situations te faisaient passer pour un idiot. T’as pas honte car au final, t’aurais été encore plus idiot de prétendre comprendre alors que ce n’était pas le cas.
« On en fera même plus. » For god fucking sake of christ. Tu ne retiens même pas le regard noir que tu lances à Jordan. Il n’a pas intérêt à commencer à être chiant et pénible parce que tu n’es pas sûre de pouvoir le supporter - déjà, en temps normal, ça a tendance à t’exaspérer doucement, là, il est certain que tu risques d’être plus sensible dans tes émotions. Surtout s’il commence à te mettre sous cloche et te faire sentir une double pression ; la tienne et la sienne. “If needed.” que tu souffles entre les dents avec un geste de la tête balancée sur le côté qui signifie clairement que vous en parlerez plus tard. Qu’il n’y a pas besoin de remettre les paroles d’une professionnelle en question. Tu es déjà assez blasée d’avoir des checkpoints à faire - et stressée mais ça, tu préfères fermer les yeux dessus. Être nerveuse ne t’a jamais aidé et cela n’aidera pas l’alien en toi qui se forme de jour en jour. Cette gamine sortira sans aucune once de stress en elle de ton ventre et tu ne veux pas qu’elle connaisse ça, jamais. Et tu frapperas Jordan dès qu’il aura le toupet de le montrer un peu trop à ton goût.
Là, c’est une tape sur la main qu’il reçoit alors qu’il s’amuse à te foutre du gel sur le nez, malgré ton sourire amusé que tu ne peux t’empêcher d’avoir ; c’est exactement ces scènes-là qui vous sont familières. Même si l’émotion reste marquée sur vos traits et en vous, il y a fort à parier que le retour à la maison aura un goût spécial. Vous êtes venus à deux et vous repartirez à trois, la photo de l’échographie fermement entre tes phalanges, dans ton petit dossier, que tu t’amuseras sûrement à décorer parce que ça sera plus joli comme ça.
« Où est-ce que je peux mettre ça ? » « Sur la table c’est très bien. » « Merci. A… Dans trois semaines. »
Tu hoches la tête à la sage femme en guise d’au revoir alors que tu te colles au bras de Jordan - en soutien ou en présence rassurante, tu ne sais pas trop. « C’est les échos ? » Vient le moment où son bras glisse autour de toi et tu soupires de contentement quand tu peux respirer l’odeur de son sweat, le visage sur le dossier que tu relèves alors que tu le sens t’embrasser le crâne. “Mmh mmh. Les premiers portraits foireux de l’Alien.” tu glousses légèrement. “Faut pas dire ça ou je vais croire qu’elle va ressembler à ces affreux bonhommes que Will m’avait envoyé.” Ces créatures à la tête difforme, bleues et terriblement angoissantes ; votre gamine mérite d’être mieux traitée. Le joyau d’un monde qui n’est pas digne de l’accueillir, en toute objectivité. « On va manger tes 10 barres de chocolats avant de rentrer ? » Tu lèves ta moue froncée vers lui. “Je veux rentrer. J’ai pas envie de rester ici. Je peux les manger à la maison.” Même si tu n’es plus très certaine de pouvoir manger dix barres d’affilés ; l’enthousiasme du défi est retombé, ton estomac s’est rappelé à ton bon vouloir et tu n’as pas un appétit si énorme. Tu veux simplement retrouver la terrasse, des litres de jus de pomme au point où tu râleras de devoir aller pisser pour la énième fois et la réalisation certaine que l’alien deviendra humain dans quelques mois. « Faut que tu me montres les jambes et tout ça… J’ai rien vu. » Voilà, faire ça, aussi. Tu hoches la tête de nouveau en le dirigeant vers la sortie - oui, t’y tiens, tu ne veux pas rester à l’hôpital une seconde de plus. “Je te montrerai encore et encore.” Parce que toi, t’es déjà une maman qui gagatise devant son alien avant même qu’elle soit là. Elle est un bout de Jordan, tu ne peux que l’aimer. Et un bout de toi-même, oui, mais tu espères qu’elle ne prendra que le meilleur. Ta prétention dirait que tout est bon chez moi mais tu es assez réaliste pour savoir que non. “Ca paraît encore plus réel, hein.” Oui parce que même si tu as gentiment répliqué à Jordan que ça l’est, tu n’en reste pas moins choquée et surprise d’en être là. Toujours avec lui des années après. Un instinct de protection fierce envers ta progéniture pas encore née. Mais c’est ton rôle, là. Tu es son vaisseau et son bouclier, à ton alien. Le symbole de vous deux réunis, de votre amour, votre tendresse, votre attachement. Ca te confirme que non, tu n’es pas égoïste ; tout va bien se passer et tu seras encore plus comblée dans quelques mois. Ce n’est pas un faux espoir que vous avez ; c’est la perspective d’un avenir encore plus beau. Et ça, aucune chance qu’on te l’enlève. Tu morderas quoiqu’il arrive.
“If needed.” Tu prends note qu’elle a déjà atteint son quota de tes ondes over protectrices. Tu la saoules. Elle le dit. Elle le montre. Tu vas donc te calmer car ça sert à rien de se prendre la tête maintenant alors qu’elle a l’air d’aller très bien ta deuxième moitié. Tu prendras les choses en même quand physiquement ce sera différent. Y’a un sourire qui vient sur tes lèvres quand elle te tape suite à ton geste, elle sourit et t’es content que ce soit ça sur son beau visage après le regard noir. La petite tape ne te fait pas peur. Means I love you in bird sign languages. Bien sûr Jordan.
“Mmh mmh. Les premiers portraits foireux de l’Alien.” Tu souris en même temps qu’elle se marre de ses mots. “Faut pas dire ça ou je vais croire qu’elle va ressembler à ces affreux bonhommes que Will m’avait envoyé.” Tu ris encore plus.« C’est Will qui serait le plus heureux. » Il serait le digne mari de sa femme avec un alien de la sorte en progéniture. Ils feraient une belle photo de famille les Cadburry. Tu rigoles tu rigoles Jordan mais loin loin loin dans ta petite tête, t’es meh. C’est ta famille. Tu le sais et tu te dis que ça suffit… right ?
Tu proposes le chocolat à outrance pour ton oiseau mais elle réfute avec la plus belle moue. “Je veux rentrer. J’ai pas envie de rester ici. Je peux les manger à la maison.” Tu hoches la tête allant embrasser cette moue dont tu ne sais jamais resister. Imma eat her. Tu restes quand même à l’affut du moindre signe de sa personne qui montrerait qu’elle a la tête trop ailleurs pour conduire. Elle a l’air d’aller, même si t’es en train de te dire que… peut être qu’il va falloir que tu te remettes à la conduite pour… le jour J. Quand elle aura les contractions tu ne t’attends pas à ce qu’elle conduise. Tu t’attends à ce qu’elle t’arrache les yeux si tu commandes un Uber aussi. Tu préfères pas penser à ce futur jour pour l’instant. Le jour de toutes les angoisses. Tu sais que certaines personnes veulent accoucher chez eux, genre dans une piscine ou quoi… Tu vas pas essayer de lui filer cette idée mais, Birdie étant Birdie, si tu glisses que ce serait intéressant d’accoucher à Elimbah dans le grand jardin, ou même dans le votre - le sien - elle l’entretient si bien. T’es sûr qu’elle va sauter les deux pieds joints. Elle y a sûrement déjà pensé toute seule comme une grande au fond. Elle a lu tellement de choses. Tu ne serais malgré tout pas très rassuré car si y’a des complications, vous êtes loin d’avoir tout le matos nécessaire pour la sortir d’une mauvaise passe peut être fatale. Va falloir tu te remettes à conduire Jordan. “Je te montrerai encore et encore.” Ton oiseau qui t’apaise l’âme avec ces mots là. Arrête de penser à la naissance, vous êtes encore qu’au début. Y’a le temps. Ne te stresse pas en avance.
“Ca paraît encore plus réel, hein.” Tu hoches la tête alors que tu te rends compte que c’est toi qui serait totalement incapable de conduire là. Car t’as limite envie de pleurer de nouveau d’entendre Birdie dire ces mots. Mais ça va, tu tiens bon. Tu parles pas beaucoup malgré tout. Avant de monter dans la voiture, devant la portière conducteur, tu entraines Birdie dans une grosse étreinte. Tu prends aussi une grande inspiration. Ouais ouais respire Jordan. Va pas nous faire une crise d’angoisse hein. Nah. Non, mais c’est vrai que c’est beaucoup.
****
Quelques mois plus tard, le rendez vous pour la 2e écho qui est le lendemain matin. Ca fait quelques jours que Birdie a - d’après toi - besoin de plus d’aide pour des trucs. C’est une addition de 1) tu veux aider et 2) tu es inquiet au moindre truc. Ces trois dernières semaines tu as fait glisser pas mal de tes inquiétudes et tes coups de mains envers elle sur l’excuse du : Je veux juste t’aider baby. Tu essaies vraiment de pas trop en faire mais… En même temps c’est dur. Tu peux rien faire, t’es inutile, c’est elle qui a tout le sale boulot, son corps qui se transforme etc. Cette fin d’après midi elle revient avec des courses et tu vas lui prendre les sacs sans lui faire de reproches que elle aurait pu te dire qu’elle allait faire des courses tu serais aller avec elle. Tu te retiens car… C’est son droit d’aller faire des courses mais ça te fait chier. Elle a pas besoin de toi et elle utilise son corps plus qu’elle ne le pourrait si elle acceptait tes petites aides ici et là. Tu prends fortement sur toi parce que le rendez vous est le lendemain et tu vas pas abuser de proposer d’appeler le docteur maintenant ou pire d’aller à l’hôpital car un truc a l’air de clocher. Mais après avoir pris sa tension ce soir avec le super appareil du diable (les mots de Birdie), le résultat est pas bon du tout. Ca te met un sacré coup de pression de voir ces chiffres drastiquement différent de ceux des jours précédents. Car oui, tu sais pas par quel miracle tu as réussi à faire un deal avec Birdie de prendre sa tension quelques fois par semaine.
« Refaisons le une fois au cas où ça a merdé parce que là… » Tu fais un petit rire sans joie, mais t’essaies de pas stresser. « … là c’est pas bon du tout hmm. » Tu te mords la lèvre en regardant Birdie, vraiment inquiet. Please baby. Car tu sais que déjà en temps normal c'est pas évident à ce qu'elle accepte de se poser pour prendre la tension une fois alors deux... Don't be mad. It's the numbers, they're really not good. Tu essaies de te dédouaner par le regard, tu préfères pas dire ça à voix haute. Tu veux pas insister que c'est scientifique c'est pas toi qui invente. Elle devrait le voir d'elle même non ? Tu peux pas trafiquer la machine...
Jordan n’a pas besoin de parler pour te faire sentir la pression qui règne dans son intérieur. Son aura parle pour lui, ses ondes aussi. Il y a aussi les regards du coin de l’oeil, ceux qui sont exaspérés, ceux qui sont inquiets, ceux qui observent - et t’es à peu près sûre que parfois ils jugent, ces regards. Ils te jugent car tu oses continuer tes activités quotidiennes sans t’arrêter. Tu oses continuer à danser quand l’envie te prend, tu oses travailler sur le sol de l’atelier qui devient de plus en plus une chambre d’enfant. Tu oses même aller faire les courses toute seule ; pourtant, tu as horreur de faire les courses mais ça a été qu’une façon de provoquer ton partenaire un peu plus. De lui foutre un silencieux I can do it à la figure. Il y a aussi les soupirs qui sont retenus. Et t’es sûre que les reproches dans sa tête face à cette ‘inconscience’ dont tu ferais preuve que tu vois comme une simple indépendance se comptent au même nombre que ceux dans la tienne face à cette foutue pression qu’il te transmet - malgré lui ou non, l’un n’empêche malheureusement pas l’autre. Tu es docile, pourtant. Tu te pointes aux rendez-vous nécessaires, une fois par mois pour le suivi. Tu suis le régime chiant des femmes enceintes, que ce soit au niveau nourriture que de boisson, et tu as même concédé à Jordan d’acheter un foutu gadget pour mesurer ta tension. Tu juges que tu n’es pas inapte non plus, que ton compagnon en fait des tonnes pour rien du tout mais tu te canalises, au milieu des regards noirs ou des yeux qui roulent que tu ne peux pas retenir.
Mais comme tu l’aimes et que tu n’as pas envie de provoquer plus de contrariétés chez ta moitié, tu as plié pour faire un check de ta tension. Tu as trouvé cela absurde sachant que vous avez la deuxième échographie demain mais si cela peut permettre à Jordan de trouver un peu le sommeil et d’arrêter de te couver comme une mère hyène, alors soit. Rester cinq minutes assise au calme est une véritable torture et tu le montres en tapotant des pieds contre le sol. Ton regard coule sur les murs, les tableaux, la baie vitrée en sifflotant légèrement ; t’es un peu stressée pour le lendemain, comme à chaque veille de rendez-vous. Mais tout va bien, donc il n’y a aucune raison de paniquer. Tu te demandes ce que tu vas pouvoir faire pour ton anniversaire le mois prochain. T’allais commencer sur le sujet quand ce petit démon électronique se met à biper, signalement qu’il a fini. Tu tournes la tête vers Jordan et tu n’aimes pas l’expression qui trône sur ses traits. « Refaisons le une fois au cas où ça a merdé parce que là… » Tu plisses des yeux ; non seulement, tu ne comptes pas le refaire mais en plus, ça ne ferait que rajouter de la tension à ta tension qui serait, apparemment, déjà élevée. « … là c’est pas bon du tout hmm. » “Non.” Il n’a pas à te regarder avec cette moue suppliante. “Non, y a pas besoin. J’ai bu un coca, tout à l’heure, c’est sûrement pour ça que c’est élevé.” Tu te débarrasses de l’engin de ton bras pour le poser (jeter) contre la table derrière vous. “Je vais bien. J’ai pas besoin d’une stupide machine pour le savoir.” Tu es plus apte que des chiffres à la con de sentir si tu es en forme ou pas. Tu as bu de la caféine via le coca et tu es fatiguée, en plus d’être enceinte ; évidemment que le taux va être élevé. Tu te lèves du siège de la salle à manger pour aller t’allonger sur le canapé. “On verra demain.” La technique de l’autruche ; préférer ignorer le problème que de l’affronter, typiquement Birdie, alors que tu t’attrapes la télécommande pour te mettre un documentaire que tu n’écoutes qu’à moitié. C’est pas bon du tout. Ca va aller, pas vrai, petit alien ?, que tu demandes en caressant doucement ton ventre qui commence sérieusement à s’arrondir. Tu n’as pas besoin de stress supplémentaire. Tu l’es déjà assez toute seule comme une grande.
“Non.” Tu n’en attendais pas moins venant d’elle. Tu essaies vraiment de faire ta meilleure moue pour qu’elle cède mais… “Non, y a pas besoin. J’ai bu un coca, tout à l’heure, c’est sûrement pour ça que c’est élevé.” Elle enlève le dispositif de son bras et tu soupires doucement. “Je vais bien. J’ai pas besoin d’une stupide machine pour le savoir.” Tu regardes le truc qui est à présent un peu plus loin et toi aussi t’as envie de le faire voler au travers de la pièce. Elle file s’installer sur le canapé et tu essaies de voir les bons côtés. Elle reste tranquille, elle a pas décidé de filer de la maison pour aller faire une nouvelle course ou autre. “On verra demain.” Tu es toujours à la table, t’as pas bougé. Tes yeux sur les chiffres qui sont affichés. Elle a bu un coca. Elle est stressé. Tu la stresses Jordan, c’est normal que les chiffres soient mauvais. Mais ça sous entend aussi qu’il y a une véritable répercussion sur son corps et t’es inquiet… « Heureusement que c’est demain le rendez vous. » Que tu lances un poil trop sèchement. Tu te rends bien compte que tu n’as aucun contrôle sur elle. Tu le savais déjà mais ton inquiétude te ronge les sang et tu veux bien lui faire comprendre qu’il n’y a pas qu’elle dans l’histoire. Tu peux pas la contrôler, elle veut pas que tu l’aides, tu la stresses. Tu serres à rien en fait Jordan et peut être qu’elle va finir sur le carreau comme ta mère. Peut être même avant la fin de la grossesse parce que la miss Cadburry a 35 ans et c’est encore plus de risques.
Tu vas ranger l’appareil à tension sans un regard vers Birdie et tu passes la porte d’entrée sans dire où tu vas. Tu descends à ton studio mais même ça tu te sens la tête à rien faire du tout que rester assis les yeux dans le vague. Il te faudrait plutôt de l’air Jordan. Car tes nerfs sont à vif pour bien des raisons. Tu as ton téléphone avec toi et tu sors de la maison, puis de la propriété pour faire un tour du pâté de maison. Seulement un car comme tu imagines le pire, tu crains qu’elle soit parti en prenant le volant et aller voir une de ses soeurs ou Will. Tu n’aurais rien gagné de la faire fuir mais tout porte à croire que tu as besoin de ton me time ou sinon tu vas exploser de tout ce stress. Par dessus le marché tu ne veux pas prendre de médicament pour t’aider avec les émotions alors que ça serait une bonne idée ça Jordan.
Quand tu reviens dans le salon une vingtaine de minutes plus tard, tu espères qu’elle est toujours là. T’es un poil calmé.
Dernière édition par Jordan Fisher le Ven 10 Sep 2021 - 18:12, édité 1 fois
Tu t’es repliée sur le canapé, vautrée et avec aucune intention d’entendre parler plus longtemps de son taux de palpitation ou de tension ou qu’importe. Evidemment que son chiffre est élevé mais il n’y a pas de quoi s’alarmer. Il faut toujours que Jordan en fasse trop, qu’il se soucie trop, qu’il te couve de trop aussi. Il te donne l’impression de vouloir être tes bras et tes jambes alors que les tiens sont parfaitement valides. Tu le vois quand tu oses faire autre chose que rester allongée quelque part. Si tu es trop longtemps debout, si tu portes trop, si tu as trop marché, tu es à peu près certaine de voir son regard rempli de crainte et de protection même derrière ton dos. Tu commences à le connaître, ton partenaire. Seulement, ce dernier devrait aussi te connaître et savoir qu’il a assez repoussé tes limites jusqu’à présent. Tes nerfs que tu maîtrises plus ou moins, sous l’impulsion encore plus spontanée de tes hormones qui te font craquer un peu plus rapidement à chaque fois. « Heureusement que c’est demain le rendez vous. » Si la phrase est assez anodine, le ton ne l’est pas. Cela ne t’échappe pas mais tu restes les yeux coincés sur la télévision, la bouche close, pincée et serrée pour ne pas répliquer quelque chose que tu pourrais éventuellement regretter.
Si ton self control est raisonnable alors que tu vois du coin de l’oeil que Jordan range son joujou - tant mieux, ça veut déjà dire qu’il ne va pas revenir à la charge - il perd de son efficacité au moment où il passe le seuil du salon pour s’évaporer dans l’escalier. Qu’il aille dans son studio si ça lui fait plaisir, il pourra au moins s’occuper utilement. C’est en tout cas là que tu penses qu’il va mais tu entends une troisième porte que tu sais être la porte d’entrée d’en bas, et là, tu fronces les sourcils. Tu attends quelques minutes avant de descendre pour aller voir ce qu’il en est réellement. Tu vérifies dans son studio mais il n’y est pas. Tu vas même voir au garage même s’il y a absolument zéro raison qu’il y soit. Autant dire que ton contrôle se fait la malle et que tu paniques, tout en t’énervant en même temps.
Alors quand ton cher et tendre décide de revenir comme une fleur de (trop) longues minutes après, tu as les nerfs à vif, le coeur en tempête et la sensation d’injustice ; pourquoi lui se permet de partir comme ça, sans rien dire ? T’es dans la cuisine, un verre de coca à moitié entamé devant toi - s’il veut jouer au plus con, vous pouvez jouer à deux. Heureusement que la grossesse te fait sentir en horreur la nicotine car en temps normal, c’est exactement le genre de situations tu aurais enchaîné les clopes. Quitte à ce qu’il s’inquiète, autant que ce soit pour quelque chose de concret, non ? "Ça va ? La marche a été bonne ? A moins que tu sois allé quelque part de spécifique ? Voir quelqu’un ? Qu’est-ce que j’en sais vu que t’es parti pendant je sais pas combien de putain de minutes sans rien dire, hein ?” Tu prends ton verre en le portant à tes lèvres et en contournant l’îlot central pour rejoindre le salon. Tes prunelles sont furibondes et pour une fois, au lieu de l’affection habituelle et au milieu de tout l’amour que tu peux lui porter, tu l’observe avec colère. Non seulement Jordan agit mal mais en plus, il te fait vraiment monter la pression sans que tu n’es rien demandée. “Si t’es pas foutu de garder tes nerfs face aux résultats alors que c’est toi qui as voulu acheté ce gadget à la con, crois-moi que je vais pas continuer les mois à venir comme ça.” Les rendez-vous te suffisent. T’es plantée devant lui avec ton verre à la main ; ton partenaire a beau faire deux têtes de plus que toi, cela n’est pas suffisant pour t’intimider. “Je pense être assez conciliante mais il y a une limite et là, elle commence à être atteinte.” Commence étant une façon amicale de dire qu’elle est déjà beaucoup trop touchée et que si Jordan continue, tu ne seras plus responsable de tes actions.
Elle est toujours là et elle est pissed. Ça va ? La marche a été bonne ? A moins que tu sois allé quelque part de spécifique ? Voir quelqu’un ? Qu’est-ce que j’en sais vu que t’es parti pendant je sais pas combien de putain de minutes sans rien dire, hein ?” Tu fermes les yeux alors que tu vas jusque dans la cuisine pour aller te servir un truc à boire. T’es concentré sur aller boire un verre d’eau fraîche. Peut être que tu devrais boire un shot de tequila juste pour la faire encore plus chier, elle qui ne peut pas boire d’alcool. Ca te traverse fortement l’esprit mais tu ne le fais pas et c’est seulement parce que ton corps est limite sur auto pilote là. Le plus drôle c’est que vous faites comme un ballet presque vu qu’elle est venu jusqu’au salon depuis le coin cuisine et tu fais l’inverse. Peut être qu’en plus de tout tu cherches à l’esquiver ? Yup. “Si t’es pas foutu de garder tes nerfs face aux résultats alors que c’est toi qui as voulu acheté ce gadget à la con, crois-moi que je vais pas continuer les mois à venir comme ça.” Elle continue de dire plein de mots que tu entends, que tu peux pas t’empêcher d’écouter aussi. Mais tu te concentres fort sur ton verre d’eau que tu as rempli et que tu te mets à boire. En entier. Jordan. Boit tout. “Je pense être assez conciliante mais il y a une limite et là, elle commence à être atteinte.” Elle est revenue sous ton nez - litéralement - et quand tu finis ton verre tu la regardes.
« C’est bon j’ai compris. On oublie la tension. Tu fais ce que tu veux, et je fais ce que je veux. Et là ce que je voulais c’était prendre l’air ok ? J’ai le droit d’aller prendre l’air ? Oh désolé d’avoir oser prendre l’air. » Tu n’es pas du tout désolé. Tu as si peur pour elle, il te fallait au moins ça pour te remettre les idées en place. Mais voilà qu’elle a l’air d’être prête à t’en balancer encore plein la gueule. Tu devrais vraiment mettre de l’eau dans ton vin Jordan car tout ça, cette dispute de merde n’aide en rien à ce que sa grossesse se passe au mieux. « Continue comme ça juste pour être sûr que les chiffres restent au top pour le rendez vous demain. » T’es sarcastique au possible mais tu veux lui faire comprendre qu’il faut qu’elle se calme. Sauf que tu aides rien du tout. Vous êtes deux têtes de mules et tu es réellement fatigué d’essayer quoi que ce soit. Elle est maîtresse de son corps. Tu peux rien faire. Tu vas la laisser tout gérer et si la finalité est tragique, tu t’en voudras toute ta vie. No big deal.
Dernière édition par Jordan Fisher le Ven 10 Sep 2021 - 18:11, édité 1 fois
Jordan ne dit rien. Il établit juste la trajectoire inverse de toi, jusqu’à aller se servir de l’eau - même ça, tu le vois comme un message caché alors qu’il a simplement l’air d’avoir soif. Mais quand tu es en colère, tu interprètes les choses à ta façon, et évidemment, elles ne sont jamais les meilleures ni les réelles. Alors comme ton partenaire ne semble pas décidé à l’ouvrir et s’exprimer, tu enchaînes. Ou plutôt, tu piques. Tu ne mords pas encore mais tu n’es pas loin. Ton timbre n’est pas amusé, ton expression faciale est bousillée par la contrariété. Celle-là même que Jordan a provoquée en partant sans rien dire. Tu aurais pu l’appeler mais tu n’y as pas pensé sur le moment et surtout, maintenant que t’y penses, tu es sûre qu’il n’aurait pas décroché. Parce que s’il est parti, ce n’est pas pour aller acheter quelque chose car il revient les mains vides. C’est au contraire, pour laisser sur le trajet les ondes néfastes ; tu connais la technique pour la pratique. Seulement, toi, tu préviens quand tu le fais. Tu ne laisses pas l’autre, enceinte de ton foutu gosse de cinq mois, dans l’attente et le doute, l’angoisse et la panique. « C’est bon j’ai compris. On oublie la tension. Tu fais ce que tu veux, et je fais ce que je veux. Et là ce que je voulais c’était prendre l’air ok ? J’ai le droit d’aller prendre l’air ? Oh désolé d’avoir oser prendre l’air. » Et il ose en plus te répondre tous les mots qu’il ne faut pas, avec un air de défi plaqué au visage, pas désolé pour un rond et surtout convaincu qu’il n’y a aucun problème dans son comportement. Tu serres les poings en reculant d’un pas ; là, t’es certaine que ton hypertension doit voler au-dessus des statistiques de sa merdeuse de machine. « Continue comme ça juste pour être sûr que les chiffres restent au top pour le rendez vous demain. »
“T’aurais dû continuer à aller prendre l’air, alors. Ils auraient été certains d’être au top, les chiffres. ” Si Jordan était parti plus longtemps, tu ignores comment tu réagis. Est-ce que tu aurais eu l’idée de l’appeler ? Est-ce qu’il aurait décroché ? Est-ce que tu te serais calmée ? Et s’il n’avait pas décroché, est-ce que tu te serais encore plus froissée ? Est-ce que tu n’aurais pas commencer à paniquer ? “J’aurai même pu être déjà à l’hôpital vu le stress que ça m’aurait engendré. Au moins, t’aurais été certain que je sois à l’heure demain. J’imagine que c’est une technique comme une autre. Parce que c’est ce que tu préfererai, non ? Que je sois sous cloche 24/7, enfermée entre quatre murs et allongée toute la sainte journée ? Désolée pour toi, Fisher, mais je suis encore parfaitement capable de mes faits et gestes. Et au cas où tu ne l’aurai pas remarqué, plus tu vas aller dans un sens, plus je vais aller dans l’autre, alors, arrête. ” Tes dents sont serrées malgré les mots balancés et tu déglutis difficilement avant de finir ton verre. “Tu vas prendre l’air quand tu veux mais j’aimerai juste que tu me préviennes, c’est quand même pas compliqué. J’ai l’impression que quoique je dise, quoique je fasse, t’as toujours cette foutue appréhension quelque part et ça devient trop. J’ai besoin de ton soutien, pas de ton oppression et de ton stress. Et maintenant, t’essaies de me faire culpabiliser sur la grossesse ? Vas te faire foutre, Jordan. ” Tu te rapproches de nouveau de lui, balançant tes derniers mots avant une émotion certaine, le regard noir au possible avec la bleutée de ta couleur, alors que tu poses avec fracas et brutalité le verre sur le comptoir. “Si c’est trop pour toi, je vais finir ma grossesse ailleurs. Désolée de ne pas être une putain de délicate petite chose que tu peux manier comme tu veux. ” Même si tu n’es pas désolée parce que c’est de ça que Jordan est tombé amoureux, il a signé pour cela, il le savait et ça fait trois ans qu’il en a pleinement conscience. Toi qui tourne les talons pour te diriger vers le couloir avec une rage que tu trouves contenue mais qui fait trembloter tes muscles tout entier.
“T’aurais dû continuer à aller prendre l’air, alors. Ils auraient été certains d’être au top, les chiffres. ” Ces putains de chiffres que tu as envie de mettre un coup de pied dans cette machine du diable et la faire voler par la fenêtre. “J’aurai même pu être déjà à l’hôpital vu le stress que ça m’aurait engendré. Au moins, t’aurais été certain que je sois à l’heure demain. J’imagine que c’est une technique comme une autre. Parce que c’est ce que tu préfererai, non ? Que je sois sous cloche 24/7, enfermée entre quatre murs et allongée toute la sainte journée ? Désolée pour toi, Fisher, mais je suis encore parfaitement capable de mes faits et gestes. Et au cas où tu ne l’aurai pas remarqué, plus tu vas aller dans un sens, plus je vais aller dans l’autre, alors, arrête. ” Du coup bien sûr c’est toi qui a tout faux. Tu l’écoutes. Tu sais très bien que tout ce qu’elle vient de dire c’est vrai mais elle a pas fini et tu n’as pas envie de parler dans le vent, car elle va reprendre c’est sûr. Tu connais son langage corporel à la miss, même avec un bidon de 5 mois. C’est toujours ton oiseau devant toi là. “Tu vas prendre l’air quand tu veux mais j’aimerai juste que tu me préviennes, c’est quand même pas compliqué. J’ai l’impression que quoique je dise, quoique je fasse, t’as toujours cette foutue appréhension quelque part et ça devient trop. J’ai besoin de ton soutien, pas de ton oppression et de ton stress. Et maintenant, t’essaies de me faire culpabiliser sur la grossesse ? Vas te faire foutre, Jordan. ” Tu fermes les yeux à plus ou moins des moments de ses mots qui te font vriller de l’intérieur. Tu essaies de rester calme le plus possible car nope, t’es pas calme du tout là. Mais y’a un level supérieur, même plusieurs, qui ne sont pas encore atteint parce que tu sais que ce n’est pas une bonne idée pour le bien être de ton futur gosse et de ta femme. Enfin, partenaire. Tu rouvres les yeux en sentant qu’elle est plus proche de toi, elle et son petit corps que tu aimes malgré tout. “Si c’est trop pour toi, je vais finir ma grossesse ailleurs. Désolée de ne pas être une putain de délicate petite chose que tu peux manier comme tu veux. ” Alors là, c’est vraiment des mots qui te révulsent.
« Je savais pas que j’allais sortir ok ? Je voulais juste aller au studio… » Tu vas te prendre la tête dans tes mains car tu vas péter un cable mais il ne faut pas. Elle est déjà mal en point, tu le vois même si tu boues également. Tu le vois et ça te tue. « Y’a rien qui va de ce que je fais aussi. Je veux pas te contrôler je veux juste faire quelque chose putain de merde ! Je suis là et je sers à rien et je veux juste t’aider mais je fais que t’énerver toujours plus et je sais plus quoi faire ! Même changer d’avis entre la porte de droite et celle de gauche ça ne va pas. Je savais même pas moi même que j’allais sortir. Je suis revenu nan ? Ca va nan ? T’es pas morte nan ? C’est bon j’ai compris. J’arrête d’être sur ton dos et je te préviens quand je veux sortir même si je ne le sais pas moi même comme ça on est bon. Et please commence pas à me menacer de partir pour le reste de la grossesse… » Tu n’as aucune idée de comment tu réagirais si elle le ferait réellement. Mais tu ne veux pas le croire. Elle n’oserait pas. Elle pourrait pas. Ça te tuerait. Clairement. « Je vais aller prendre l’air sur la terrasse. J’ai le droit ? » Putain ferme ta gueule Jordan. Mais tu te contrôles plus parce que l’idée qu’elle se tire te révulse tellement. Si tu la perds alors que tu veux juste l’aider, tu vas être brisé. Va sur la terrasse. Va te calmer. Va.
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