“I miss me too, Jordan.” Ton prénom dans sa bouche, c’est ce qui te file le plus un goût amer. Elle n’est plus qu’une personne là dans ta maison, mais qui n’est pas celle que tu aimes bien qu’elle lui ressemble physiquement. T’en as marre de ne pas avoir ta moitié avec toi tout en ayant son spectre. C’était pas sensé être ça la grossesse non ? On vous a rien dit là dessus… Est-ce que ça aurait changé ? Est-ce que c’est pas juste l’univers qui vous met quelques bâtons dans les roues parce que votre histoire a été bien trop belle depuis le début. Bien trop improbable. Tu restes bloqué contre le mur, n’osant pas partir du salon mais n’osant pas faire un pas vers cette personne blonde sur le canapé. Elle aussi qui en a marre de tout ça. Ca doit être horrible de ne plus se sentir soit même. “I…” Tes yeux que tu essuies toujours avec tes manches ou tes mains, car les larmes ne s’en vont pas. “Can you come here, Jordan ?” Ton prénom encore dans sa bouche. N’importe quoi d’autre aurait été plus approprié mais ça prouve une fois de plus qu’elle n’est pas elle même. Que cette grossesse est une véritable sorcellerie qui vous a pris par surprise tous les deux. “Please ?” Tu ne peux décemment pas filer alors qu’elle a l’air de montrer patte blanche et qu’elle veut que tu sois à ses côtés. Plus proche. Une requête qu’elle n’a pas fait depuis bien longtemps…
Alors t’y vas. Tu te décolles du mur et tu réduis la distance entre toi et le canapé. Ouais. C’est lui que tu vises. Pas Birdie. Tu t’assoies sur le canapé, restant à une distance correct d’elle. Tes yeux qui sont sur l’écran Harry Potter et la chambre des secrets qui tourne. Tu te focalises là dessus. C’est bientôt la fin. Est-ce qu’il va y avoir le trois après ? C’est ton préféré. Est-ce que Birdie va venir se coller à toi ? Est-ce que vous allez juste rester proches et vous calmer ? Est-ce qu’elle a d’autres choses à dire ? Tu sais pas mais de ton côté, tu es tellement fatigué que tu ne seras pas capable de dire quoi que ce soit. Tu essuies une nouvelle fois tes yeux, essayant de te contrôler, te calmer bien que tu sois sans dessus dessous… Te concentrer sur l’écran aide, mais tu es sûr que si elle va dire ou faire quelque chose, tu ne sauras garder cette ligne de conduite. Tu ne sais pas à quoi t’attendre de sa part. Elle a l’air de montrer patte blanche. Pour combien de temps? Et tu renifles légèrement, ton nez qui s’est pris au milieu de tes larmes.
Dernière édition par Jordan Fisher le Ven 1 Oct 2021 - 11:48, édité 1 fois
Je sens son hésitation malgré l’envie que je formule pour qu’il s’approche. J’ignore qui est le petit animal apeuré entre nous, si c’est moi devant sa crainte de venir vers moi ou si c’est lui face à ses appréhensions de mes réactions. Les œufs sur lesquels nous naviguons ne me plaisent pas ; elles sont signe de malaise. D’un mal profond entre nous qui me désole parce que ça dépasse ma compréhension et mon contrôle. C’est pour cela que je tente de rééquilibrer les choses. Que je le supplie de venir vers moi. Jordan ne peut pas me refuser ça. Il ne peut pas taper dans ma main et partir. Mais cela ne m’empêche de retenir mon souffle en attendant qu’il se décide. J’ignore ce que je cherche en faisant cela, en lui demandant simplement de s’approcher ; mais il se trouve que j’en ai besoin. Même si j’ai confiance en lui, je ne peux pas m’empêcher de douter et je veux réduire ces doutes à néant. J’ai une bouffée d’espoir immense qui me remplit quand je le vois avancé. Même s’il est sur ses gardes. Ce qui m’attriste mais je préfère me concentrer sur la victoire qui s’opère devant mes yeux. Il vient à moi. Même si c’est à distance. Je préfère prendre les initiatives, de toute façon. Au mieux, je peux prévoir, gérer et anticiper.
Je laisse passer un moment - le temps pour Fumseck de ramener tout le monde hors de la Chambre sous le regard émerveillé de ce bouffon de Lockhart - avant de finir par me décider à m’exprimer. “Je n’irai pas supplier de m’accorder ton pardon parce que je suis aussi victime que toi dans cette histoire. Tu ne subis que la face extérieure de l’iceberg ; j’en subis le dessous.” Jordan a assez vu Titanic pour comprendre que l’iceberg est toujours plus énorme dedans que dehors. “Je ne me cherche pas d’excuses, même si elles sont toutes trouvées. Même si elles sont évidentes et légitimes.” un regard sur mon ventre suffit pour appuyer mon point de vue. “Mais… Je veux que tu saches, que ne perdes pas de vue, que tu n’oublies pas que je t’aime. Qu’au-delà de mon ingratitude, mes piques et mes reproches, je t’aime par-dessous le monde entier et que je peux pas… Je suis ton koala, normalement, c’est une torture d’avoir mon propre corps qui me fout un frein dès que je tente de m’approcher.” j’ai l’impression de ne plus pouvoir m’arrêter maintenant que les vannes sont ouvertes. Je tente un regard à côté de moi et je vois qu’il n’est pas bien. Je vois mieux à la lueur de l’écran et à la lumière allumée à côté de moi pour voir que son teint est fatigué. Il renifle et il passe ses manches sur ses yeux. Jordan me brise le coeur et j’ai mes propres yeux qui s’humidifient à leur tour alors que je tends ma main pour aller attraper la sienne. Baby steps. Je dois faire du bien à mon coeur même si le reste me répugnera. Tant pis. “Ne m’abandonne pas, s’il te plait. Ne te coupe pas de moi. Tu peux toujours me parler. Il faut qu’on réussisse à se comprendre et on n’y arrivera pas si la communication est coupée.” mes phalanges attrapent les siens dans une tentative désespérée d’avoir son attention. “Please, babe, talk to me. I swear I won’t push you away.” parce que je ne le peux pas quand nous sommes aussi misérables l’un comme l’autre, ce qui est en soi une preuve d’amour infini. Et ce soir, je suis tellement soulagée de le savoir à la maison que ça colmate tout le reste. Tout en exerbant à quel point il me manque quand il n’est pas là.
Tu sais pas quoi faire de toi, t’es juste assis à côté d’elle à regarder Harry Potter et il n’empêche que ça reste un des moments les plus proche et calme avec elle. “Je n’irai pas supplier de m’accorder ton pardon parce que je suis aussi victime que toi dans cette histoire. Tu ne subis que la face extérieure de l’iceberg ; j’en subis le dessous.” Tu sais. Tu sais. Mais tu sais pas quoi faire et tes émotions prennent le dessus malgré tout car il n’en reste que c’est insupportable pour toi aussi, même si ce n’est que la partie visible de l’iceberg. Tu n’as pas la force de répondre quoi que ce soit et de toute façon, tu ne sais pas quoi répondre. Par dessus le marché, son ton à elle est pour une fois pas celui du reproche. Ca reste plutôt agréable. Tu ne savais pas qu’elle pouvait dire ce genre de chose sans que ça sonne comme des blâmes envers toi. “Je ne me cherche pas d’excuses, même si elles sont toutes trouvées. Même si elles sont évidentes et légitimes.” Tu sais déjà tout ça. Pourquoi est-ce qu’elle fait cette liste? Elle pense que tu as oublié qu’elle est enceinte ? Comme si tu le pouvais… Tu lui es inutile et tu lui es même insupportable à cause de son état. Tu n’as pas encore proposé de finir la grossesse chacun de votre côté car ça te serait encore plus insupportable mais l’idée t’a traversé l’esprit une fois ou deux. Et tu l’as réfuté tout autant de fois. Tu as toujours les yeux sur le film parce que c’est plus simple comme ça. Tu ne sais toujours pas quoi lui répondre de toute façon. Tu sais déjà tout ça.
“Mais… Je veux que tu saches, que ne perdes pas de vue, que tu n’oublies pas que je t’aime. ” Là ton visage se tourne vers elle. Les larmes remontant car ce sont des mots que tu ne pensais pas entendre de sa bouche là maintenant. “Qu’au-delà de mon ingratitude, mes piques et mes reproches, je t’aime par-dessous le monde entier et que je peux pas… Je suis ton koala, normalement, c’est une torture d’avoir mon propre corps qui me fout un frein dès que je tente de m’approcher.” Y’a pas que son corps qui te repousse. Y’a ses mots. Son ton. Pas ceux qu’elle dit maintenant mais tous les autres avant que tu ne méritais pas. Mais elle non plus ne mérite pas de se sentir comme ça. La grossesse ne vous réussi pas. Car oui, tu vous mets dans le même panier car tu es autant responsable si ce n’est plus. Elle prenait la pilule toi tu te contentais de lâcher tes soldats en elle plutôt régulièrement, souvent, en te disant que tout va bien, elle prend la pilule. Sauf que non.
Elle tend sa main et ta vue périphérique le remarque. Tes yeux retournent sur elle. Tu n’avais pas remarqué que tu avais de nouveau détourné ton visage. Vers quoi ? Tu ne sais même pas. Tu vois pas grand chose, tu es dans tes pensées au milieu de tout les mots qu’elle te dit. Tu vas glisser ta main dans la sienne et tu sais que ça lui coûte mais elle le fait quand même. Autant que ça te coûte là de ne pas aller te blottir dans ses bras et poser ta tête contre sa poitrine pour te reposer et respirer son odeur. Pour profiter de cette paire de seins qui ne peuvent clairement plus être qualifiés de lil boobies. “Ne m’abandonne pas, s’il te plait. Ne te coupe pas de moi. Tu peux toujours me parler. Il faut qu’on réussisse à se comprendre et on n’y arrivera pas si la communication est coupée.” Elle mêle vos doigts ensemble et les mots qu’elle a prononcé te bouleverse. Elle veut vraiment que ça aille mieux vous deux. Bien sûr. Elle se rend compte. Bien sûr. De toute façon à ton avis, vous pouviez pas faire pire situation que celle que vous aviez. Yeah we could have… Certains scénarios t’ont traversé l’esprit bien que tu ne veuilles pas les réaliser. Tu as toujours eu en tête d’attendre la fin de la grossesse et voir votre vie après avant de prendre quelconque décision. Si tu la retrouvais plus ou moins ou pas du tout…
“Please, babe, talk to me. I swear I won’t push you away.” Tu l’entends. Tu comprends. Elle s’est ouverte et elle veut que tu fasses de même mais tu ne sais même pas quoi lui dire de constructif là. Tu es bouleversé par bien des choses. Mais tu vas essayer. Tu serres doucement sa main. « Je sais que c’est très dur pour toi. Plus que pour moi mais… Tout ça c’est injuste et je veux pas te contrarier… » Tu ne regardes plus la télé. Tu fixes un de tes genoux. T’as besoin de concentration pour dire des trucs qui serviront à quelque chose. « Quand je suis là quand je fais le moindre truc ça va pas et je sais plus quoi faire. Je sais plus quoi dire. » Tu fais souvent des phrases de très peu de mots pour éviter d’engendrer un conflit. « Si t’es pas bien, ce sera une conséquence sur ton corps et la grossesse et je… Je sais juste plus quoi faire car ça va jamais et je sais que tu fais pas exprès. » Tu te répètes parce que tu es fatigué et y’a juste les choses importantes qui ressortent plusieurs fois à ton avis. « It hurts so much when you push me away… I’m not feeling good being in my own house… » Les larmes dans ta voix, dans tes yeux aussi. Tu vas essuyer ton visage. Tu n’as pas finis mais tout porte à croire que tu vas pas réussir à ajouter quoi que ce soit. « And I know if I feel this way it’s even worse for you… I don't know what to do...» Que tu arrives à sortir somehow. Pas sûr qu’elle ait bien entendu vu comme ce n’est pas très clairement dit au milieu de toutes tes émotions. Ta main qui serre fort la sienne...
Dernière édition par Jordan Fisher le Ven 1 Oct 2021 - 11:47, édité 1 fois
« Je sais que c’est très dur pour toi. Plus que pour moi mais… Tout ça c’est injuste et je veux pas te contrarier… » je baisse mes yeux vers ma tasse à moitié vide. Un geste poussé par un sentiment de culpabilité prédominant car je comprends bien ce que Jordan me dit. Il essaie, il tente de détourner les choses, d’arrondir les angles, de faire du mieux qu’il peut pour ne pas être une charge sur mes épaules. Pourtant, c’est exactement la sensation que j’ai depuis de longs jours. Que nous sommes le fardeau de l’un et de l’autre en ce moment et ce n’est pas juste, oui. Ce n’est pas non plus comme ça que c’est censé se passer. Le monde promet toujours que la grossesse est une aventure. On nous fait croire qu’il n’y a rien de plus beau à mettre un enfant au monde ; mais qu’en est-il du bien-être du couple ? De mon amoureux que je sens aussi désarmé, aussi perdu, aussi impuissant ? Avant ma progéniture, il y a Jordan avant. Nous n’avons pas de lien de sang, nous n’avons aucune attache à part celle de nos cœurs liés. Et c’est le plus fort que je connaisse jusqu’à présent. Mon enfant ne peut pas passer avant lui. Pas maintenant. « Quand je suis là quand je fais le moindre truc ça va pas et je sais plus quoi faire. Je sais plus quoi dire. » mon pouce caresse sa main et ça fait tellement tellement du bien que j’en suis la première étonnée. Je vais peut-être pouvoir y arriver. Au moins pour le contact physique. Car ce dont il parle dépasse mon propre entendement et même avec toutes les bonnes intentions du monde… Je sais très bien que mes nerfs mélangés à mes hormones auront toujours raison de moi. Je passe ma langue sur mes lèvres avant de crisper ma mâchoire afin de ne pas l’interrompre. J’ai envie que Jordan continue à s’exprimer, même si sa voix n’est pas rassurée et que son regard est fuyant. Il me parle, nous communiquons, et ça me redonne l’espoir que j’ai cru voir partir un peu plus chaque jour. « Si t’es pas bien, ce sera une conséquence sur ton corps et la grossesse et je… Je sais juste plus quoi faire car ça va jamais et je sais que tu fais pas exprès. » évidemment que non mais ça encore, je le retiens, je le garde pour moi. Je redresse légèrement mon tronc qui commençait à trop s’affaisser dans le canapé, prenant quelques gorgées de ma tisane afin de m’occuper la bouche pour ne pas l’interrompre car Jordan n’a pas fini. Même s’il se répète.
« It hurts so much when you push me away… I’m not feeling good being in my own house… » si j’avais réussi à retrouver un peu de contenance, ma tête appuyée contre le dossier du canapé sans le lâcher du regard, ce fut une peine perdue ; je me retrouve à avoir le coeur qui monte aux yeux sous forme de larmes. Je ne peux pas ne pas craquer quand je vois Jordan faiblir à ce point. Être aussi vulnérable. Démontrer à quel point il est touché, il a mal, il est blessé. Au point où il se sent mal chez lui, la prunelle de ses yeux, sa fierté. A cause de moi. Il ne se sent plus à l’aise entre ses propres murs. Et ça me brise de l’entendre le dire et l’affirmer. J’imagine que c’est une étape essentielle pour que nous avançons dans une meilleure direction. Qu’importe les larmes versées et les petites coupures infligées qui font mal ; ça ne sera pas vain, j’en suis persuadée. « And I know if I feel this way it’s even worse for you… I don't know what to do...» Jordan tient absolument à vouloir faire quelque chose, à aider d’une façon ou d’une autre parce qu’il a toujours été ce foutu altruiste, bienveillant et gentil partenaire qui cherche toujours à bien faire les choses. Je sens les larmes couler sur mes joues mais je ne fais rien pour les essuyer. Mes prunelles restent coincées sur mon compagnon avant que je ne bouge pour déposer la tasse sur la table basse. Et après une brève hésitation, je glisse doucement à côté de lui. Assez proche pour que ma jambe repliée sous moi touche sa cuisse. Assez pour que je sois plus proche de lui que je ne l’ai été ces derniers jours. Nos mains liées que je lève pour aller brièvement embrasser la sienne. Je peux faire ça.
Tout comme je peux la garder dans la mienne tout en gardant mon visage sur Jordan. Je renifle légèrement, la boule à l’estomac car je n’ai aucune idée de quoi dire ; je ne fais qu’improviser et j’ai l’impression que les mots me manquent. Que je n’arriverai pas à le rassurer quoiqu’il arrive car je ne serai pas convaincue par moi-même en premier lieu. Tout est un inconnu perpétuel et je ne peux toujours pas prédire l’avenir. “Je sais que je peux faire quelque chose. Je peux demander à la sage-femme de me conseiller des moyens pour me tempérer.” j’ai (bien sûr) fait quelques recherches et je suis vite tombée sur des articles parlant de dépression prénatale. Ce qui ne me ressemble pas, ne me va pas - même s’il y a bien eu une période dans ma vie où j’ai pu connaître une situation similaire. Mais le fait est que la sage-femme peut aider et je peux concevoir de lui demander de l’aide parce que je ne veux pas perdre mon partenaire et que je n’en peux plus de me sentir aussi misérable. Que je n’aime rien, que tout me semble être une contrainte, une contrariété, sans intérêt - il n’y a qu’à voir que je passe beaucoup trop de temps à traîner la patte à la maison. Souvent dans la chambre de l’alien. “Je ne sais même pas quoi te dire pour te rassurer parce que je n’y arrive pas pour moi-même. Je ne peux pas prétendre que tout ira mieux d’ici demain parce qu’on sait que c’est faux. Mais… Ce que j’ai besoin que tu fasses, c’est d’être solide. D’être un élément sûr dans ma vie, Jordan, parce que je ne peux vraiment pas faire ça toute seule. Je sens que tu retiens beaucoup mais tu as besoin de t’exprimer. Non seulement je me sens coupable mais aussi inutile parce que tu ne me parles plus.” je reprends mon souffle, les yeux se perdant dans le vague par-dessus son épaule et le canapé avant de les baisser. “I feel like I’m losing you a bit more each day and it’s killing me because you’re still my everything. You’re my love, my one, my partner and I can’t stand the idea of losing you because of this… Goddamn baby.” oui, j’en viens presque à insulter mon enfant non-né parce que mon amour pour Jordan est débordant. “Peut-être que c’était égoïste de l’avoir gardé. Parce que j’ai peur de te perdre comme j’ai peur de la perdre elle aussi. J’ai peur que mes nerfs aient raison d’elle aussi, qu’elle ne me rejette, qu’elle ne me veuille pas en tant que mère parce qu’elle sent que je vais être horrible et je-” je ne peux pas continuer parce que les larmes déferlent, les reniflements aussi et j’ai la poitrine compressée face à ces propos que je n’ai jamais émis auparavant. Je suis angoissée de peur, tiraillée que chacun de mes gestes, de mes ressentis, de mes émotions soit mal perçu par mon enfant. Que si quelque chose de mal lui arrive, ce sera forcément de ma faute. Je me fous une pression terrible sur les épaules parce que je me sens mal et c’est un serpent qui se mord la queue sans fin. Je ne cherche pas à ce que Jordan ait la clé de tous les mystères mais à ce qu’il soit mon pilier quoiqu’il arrive. Que j’ai la certitude que si je ne peux pas compter sur moi, je peux au moins compter sur lui. Et là, mon front vient contre son épaule. Parler fait mal mais parler fait du bien. J’ai l’impression que nous ne l’avons pas assez fait ; c’est déjà un progrès en soi.
Vous êtes en larmes tous les deux. C’est facile pour personne. A des degrés différents mais c’est la même énorme merde. Tu oses dire les choses là parce qu’elle t’a promis qu’elle ne te repoussera pas mais dear God que c’est difficile de t’exprimer. Au point de ne pas réussir à finir ta phrase à cause de tes sanglots qui remplissent ta gorge. Tu la sens bouger et t’as légèrement peur qu’elle soit sur le départ mais non. Sa main est toujours dans la tienne. Elle ne se défait pas. Elle se rapproche de toi. Elle embrasse ta main. Tu essaies de te calmer. La manche au niveau du poignet de ton hoodie est bien trempée mais tu l’utilises encore pour essuyer tes yeux. Tu remontes un peu plus haut sur le tissu, un endroit qui est plus sec qu’un autre. Le visage de ta compagne qui est proche du tiens mais tu te sens pas de la regarder. “Je sais que je peux faire quelque chose. Je peux demander à la sage-femme de me conseiller des moyens pour me tempérer.” De l’aide professionnel c’est la meilleure chose qu’elle puisse faire. Ca te donne de l’espoir qu’elle aille de ce côté là. “Je ne sais même pas quoi te dire pour te rassurer parce que je n’y arrive pas pour moi-même. Je ne peux pas prétendre que tout ira mieux d’ici demain parce qu’on sait que c’est faux. Mais… Ce que j’ai besoin que tu fasses, c’est d’être solide.” Tu prends ça comme une immense claque, nope, une droite, en plein visage. Tu n’es pas assez fort. “D’être un élément sûr dans ma vie, Jordan, parce que je ne peux vraiment pas faire ça toute seule.” Ça te fait peur ces mots là. Tu as l’impression que tu es en train de la perdre. Tu vas la perdre. Parce que t’es pas capable d’être plus fort que ça. Tu as déjà donné tellement de toi même ces dernières semaines pour ne pas que ça explose. Pour son bien, pour celui du bébé aussi. Car vous n’êtes que des dommages collatérales de la grossesse. “Je sens que tu retiens beaucoup mais tu as besoin de t’exprimer. Non seulement je me sens coupable mais aussi inutile parce que tu ne me parles plus.” Parce que quoi que tu dises ça l’énerve alors le silence est devenu ton allié. “I feel like I’m losing you a bit more each day and it’s killing me because you’re still my everything. You’re my love, my one, my partner and I can’t stand the idea of losing you because of this… Goddamn baby.” Les larmes qui remonte aussitôt dans tes yeux. Ces mots qui te font du bien autant que du mal car tu as aussi l’impression de la perdre. “Peut-être que c’était égoïste de l’avoir gardé. Parce que j’ai peur de te perdre comme j’ai peur de la perdre elle aussi. J’ai peur que mes nerfs aient raison d’elle aussi, qu’elle ne me rejette, qu’elle ne me veuille pas en tant que mère parce qu’elle sent que je vais être horrible et je-” Et vous êtes tous les deux en larmes. Désemparé devant une situation qui est plus grande que vous et votre amour. Tu serres sa main si fort… Tu aurais envie de la prendre dans tes bras mais elle tient ta main qui serait la première à se glisser autour d’elle donc tu ne commets pas cette faute.
Encore quelques larmes de plus sur ta manche, tu t’essuies même le nez avec, tu n’en as plus rien à foutre à ce niveau là de niquer ton haut. La situation est dramatique. « I don’t know if I can be stronger than this… It’s a lot Bird… » Tu pourrais rajouter les raisons de pourquoi tu ne parles plus mais elle sait déjà pourquoi. Quoi que tu dises ça n’est jamais bon. Tu as malgré tout, là, ce soir et tous les autres jours d’avant, pas envie de lui mettre tout sur les épaules plus que nécessaire. Vous savez la situation merdique. « I forgot how to be strong on my own… I need you… Closer. » Tu déglutis car elle était pas facile à sortir celle là. Tu as besoin de sa proximité. Tu es en train de lui mettre ce problème dans la gueule alors qu’elle n’y peut rien. Tu le sais. Mais elle est devenue une part de ton équilibre ces dernières années. Tu vis avec elle depuis tout ce temps et ne plus l’avoir alors qu’elle est si proche, c’est insensé. « I’m sorry I feel like a selfish bitch saying that when you need me too. » Tu renifles, t’essuyant les yeux de nouveau. Plus pour t’occuper la main et ne pas la regarder qu’autre chose. « At least if I could make love to you while you scream at me that would be a nice balance. » Tu te sens stupide d’avouer ça mais c’est une vraie chose que tu lui dis là. Ça aiderait de la sentir toujours là dans tes bras, entre tes cuisses mais juste en communion. T’as peur qu’elle te juge mais bizarrement c’est suite à ces mots là que tu vas enfin poser tes yeux sur les siens. « Tu appelles la sage femme demain ? Elle va peut être nous aider plus qu’on ne le pense et tout va s’arranger. » Tu te crois au pays des bisounours Jordan, c’est mignon. Mais c’est vrai que tu mets beaucoup d’espoir sur le support de la sage femme qui a déjà dû en voir d’autres des situations comme ça. Pas comme vous qui faites votre tout premier monstre. C’est marrant comme le terme a changé dans ta tête Jordan. Pauvre gosse, il va déjà naître avec des poids et responsabilités sur ses épaules.
Dernière édition par Jordan Fisher le Ven 1 Oct 2021 - 11:48, édité 1 fois
« I don’t know if I can be stronger than this… It’s a lot Bird… » mes épaules s’affaissent légèrement. Non pas que la négativité de Jordan me rend défaitiste, mais est-ce que… C’est le message que j’ai transmis ? Je m’embrouille moi-même et je fronce des sourcils parce que je ne me rends pas compte de ce que Jordan vient de comprendre. C’est peut-être ce que je lui demande dans le fond. D’être plus fort pour nous deux. Ce qui est sacrément égoïste sachant qu’il prend déjà des médicaments pour aider son moral. Pour le solidifier un peu plus. Je ne peux pas prétendre m’y connaître, simplement que cela m’a terrifié. Ça me terrife toujours un peu. Je n’ai aucune idée de sa consommation. Je le laisse gérer sans être sur son dos ; parce que Jordan n’a pas besoin de cette pression et que je sais ce que ça fait d’avoir quelqu’un qui veille au grain. C’est insupportable et irritant. Alors je ne lui inflige pas ce que je rejette. « I forgot how to be strong on my own… I need you… Closer. » je relève ma tête de son épaule. Jordans persiste à ne pas vouloir me regarder. Alors c’est son profil que j’observe. J’ai les fourmis et les frissons le long de ma colonne ; je suis proche de lui et ça fait longtemps que ça n’était pas arrivé. Je comprends son ressenti parce que je le ressens ; je viens de le lui dire. Je ne peux pas faire ça sans lui. Je ne peux plus concevoir mon existence sans mon musicien dedans. J’ai envie de l’entendre me chantonner dans l’oreille pour m’endormir. J’ai envie qu’il me prenne dans ses bras et de plonger mon nez dans son cou pour respirer son odeur. Je la sens d’ici de là où je suis. Je sens une pointe de mal-être percer alors que je commence à respirer par la bouche, ce qui n’est pas compliqué vu que mon nez ne cesse de renifler. « I’m sorry I feel like a selfish bitch saying that when you need me too. » je mords ma joue de l’intérieur tout en secouant la tête. “I should be sorry too. I guess we are both selfish bitches.” que je dis dans un souffle presque amusé mais sans réel humour. Il n’est pas compliqué de comprendre que nous nous sentons aussi mal l’un que l’autre, aussi bien ensemble que séparément mais qu’en même temps, nous avons besoin l’un de l’autre. Dans les propos, ça semble toujours si facile ; en application, c’est plus compliqué.
« At least if I could make love to you while you scream at me that would be a nice balance. » qu’on me pardonne pour le léger gloussement qui s’échappe de mes lèvres, que je vais camoufler de ma main libre. La tension est telle, l’émotion encore plus, qu’une telle phrase me paraît complètement incongrue et surprenante. “I would like that very much.” parce que d’habitude, je ne dis jamais non pour avoir ses mains sur moi. Jordan a su trouver des moyens pour me détendre, il a été d’une délicatesse et d’une tendresse qui ne surprend plus personne. Et ça me manque. Terriblement. J’en aurai besoin aussi. Avec ce corps que je ne supporte pas, que je n’accepte pas ; je me trouve affreuse, ne me reconnaissant de moins en moins quand j’observe mon reflet dans le miroir. On ne me regarde plus comme la jolie femme assumée que j’étais ; on ne voit que la maman à en devenir, en agaçant mes oreilles avec des sordides “vous rayonnez” alors qu’il n’y a rien de plus faux, faux, faux. C’est peut-être pour ça que je me cloître de plus en plus. Après tout, il n’y a pas que contre Jordan que je m’énerve ; l’univers entier en prend pour son grade.
J’oublie le monde quand Jordan pose (enfin) ses yeux sur moi. « Tu appelles la sage femme demain ? Elle va peut être nous aider plus qu’on ne le pense et tout va s’arranger. » je souris faiblement en secouant avec énergie la tête. “Elle peut me conseiller des thérapies.” je fronce légèrement des sourcils en baissant les yeux vers son cou. “Je pense que lui parler fera du bien. J’ai besoin d’être rassurée. J’ai l’impression que l’alien m’envoie des messages la nuit. Et je n’aime pas ce que j’y vois.” j’ai déjà la sensation d’être une mauvaise couveuse - je serai donc évidemment une mauvaise mère, non ? “Cela ne peut pas faire de mal de toute façon.” cependant, j’espère que Jordan ne va pas croire que tout sera réglé en un claquement de doigts. je le contemple un moment, hésitante au possible avant de me pencher pour aller frôler ses lèvres des miennes. C’est bref, c’est rapide, ce n’est pas grand chose mais c’est déjà plus que ce que je lui ai donné ces derniers temps. “It will get better. You asked for help, I will too.” je vais essayer de m’extérioriser un peu plus. Au pire, si je sens la mayonnaise monter, j’irai faire un tour. Et j’irai me prendre la tête avec un sombre inconnu qui viendra me dire que je porte bien ma grossesse - fuck you. Tout sera toujours mieux que de s’en prendre à Jordan. Même si des écarts seront sûrement impossibles à éviter. Mais je veux faire de mon mieux. Pour Jordan. Pour moi. Pour notre fille.
Elle retire sa tête de ton épaule quand tu lui dis que tu la veux plus proche de toi. Eh. Parce qu’elle était bien là. Même si ce n’était que ça. Vous étiez plus proche que depuis bien des semaines. Heureusement vos mains sont toujours jointes et tu as l’impression que si ça reste ainsi, tout ira bien. “I should be sorry too. I guess we are both selfish bitches.” C’est étrange qu’un léger sourire se forme sur ton visage alors que tes yeux sont encore très humide. Ca commence à te donner un peu d’espoir cette conversation. Vous pouvez être complice encore. Vous pouvez parler sans qu’elle te fasse un reproche et que tu doives ravaler tous tes mots. Tu l’aimes mais tu as besoin de son corps, de son contact, c’est trop important pour toi. T’as besoin de toucher les choses pour les sentir proche de toi. Qu’elles sont là et qu’elles ne vont pas partir toi et ton esprit paranoïaque. Elle rit de tes mots à propos de lui faire l’amour sous les cris. Tu n’aurais pas cru à cet effet. “I would like that very much.” Ni à cette réponse, mais ça te fait un bien fou. Si fou que tu aurais presque des larmes de joies qui se présenteraient sur ton visage cette fois ci. Tu lui as dit qu’elle te manquait et elle est en train de réapparaître un tant soit peu sous tes yeux. C’est totalement inespéré. Ca fait un bien fou. Tu ne penses pas qu’elle soit sérieuse, ou du moins, elle l’est, sous entendu ’dans un monde où j’ai aucun problème avec le contact physique, i would like that very much.’ Tes yeux posés sur les siens, ton visage légèrement baissé pour pouvoir regarder le sien. Tu ne pleures pas non. Tu profites du moment. De la voir ou plutôt, la revoir.
Tu parles de la sage femme. “Elle peut me conseiller des thérapies.” Tu te souviens du temps où elle ne voulait pas de ce genre de béquille. Tu te souviens d’un autre où elle a usé de cette technique pour palier à sa phobie de l’eau. Tu aimerais bien que ce soit aussi efficace cette fois ci encore. “Je pense que lui parler fera du bien. J’ai besoin d’être rassurée. J’ai l’impression que l’alien m’envoie des messages la nuit. Et je n’aime pas ce que j’y vois.” Tu comprends par là que Birdie fait des mauvais rêves… Encore une chose où tu peux absolument rien faire. Not sure. Faudrait que tu sois réveillé déjà pour se faire. “Cela ne peut pas faire de mal de toute façon.” Tes yeux qui ne l’ont toujours pas quitté. Les siens dans les tiens à présent. Tu fais doucement non de la tête avant de lui confirmer, ta voix assez basse car vous êtes toujours quasi dans le noir. C’est le générique de Harry Potter qui passe maintenant. Tu serres doucement sa main. « Ca ne peut pas faire de mal non… » Tu regardes son visage, son front, celui là même que tu as fortement envie d’embrasser. Tu te retiens mais pas elle. Ses lèvres sur les tiennes un bref instant. Un baiser totalement inespéré. “It will get better. You asked for help, I will too.” Et des mots qui te touchent au plus profond de ton être. Tu serres sa main un peu plus. I love you. « I’m feeling better now… » Le contact de son être avec le tiens. Ses lèvres sur les tiennes, ça change tout… « Is it easier in the dark…? Cos I can find my way inside you with zero light. » Tu dis ça comme si c’était une compétence extra-ordinaire. Tu es stupide. Tu sais pas si c’est possible ou non mais cette façon que tu as d’insister à l’idée de lui faire l’amour ça peut être à double tranchant avec preggo Birdie. Mais elle a l’air d’être elle même là et elle va rire hein ? « Sorry I’m needy… I missed you. » Au passé. Car tu as l’impression de l’avoir retrouvé là. I wanna kiss you more… Ça tu ne le dis pas car tu veux pas abuser des efforts qu’elle est en train de faire mais damn. Tout ça te fait penser à bien des moments de votre histoire à tous les deux. Vos débuts de réflexion à propos de vous et de vos sentiments l’un pour l’autre.
Dernière édition par Jordan Fisher le Ven 1 Oct 2021 - 11:49, édité 1 fois
Je décèle une légère pliure au niveau de sa pommette. Un signe anodin que son visage reflète son intérieur et j’entrevois la présence de quelque chose de plus rassurant, de plus doux aussi. Je ne suis pas entièrement convaincue par ce que mes yeux voient et encore moins par leurs interprétations mais cela me suffit pour avoir un léger souffle à l’intérieur de moi. Une détente passagère, un relâchement de pression au creux de ma poitrine, de ce souffle que je retenais bien plus que je n’aurai pu le songer. D’autant que ses prunelles se dirigent vers les miennes ; il a assez tenu la barque pour éviter le contact visuel, mes brèves approches n’étant que des sortes d’appels masqués de son attention que j’avais l’impression de perdre. Je ne perds pas de vue que j’ignore où il a été réellement, ce qu’il a fait, avec qui ; mais ça ne me semble pas important dans l’immédiat. Jordan est revenu et c’est tout ce qui importe.
« Ça ne peut pas faire de mal non… » ne pas hésiter à demander de l’aide, le doux conseil de Maria me revient en mémoire, mes recherches me l’ont affirmé que je ne suis pas une cause perdue et Aurora a fini de me rassurer. Je n’aime pas demander de l’aide à autrui, encore moins quand il s’agit de ce qu’il se passe dans ma tête ; parce que d’habitude, j’arrive à gérer, j’arrive à garder le contrôle et surtout, je réussis parfaitement bien à sourire et laisser mon optimisme à flot. Mais Jordan me manque, je me manque à moi-même aussi et je ne veux pas nourrir de rancœur envers l’alien alors qu’elle n’est même pas encore arrivée au monde. La pensée irrationnelle qu’elle ne pourra que ressentir ces mauvaises ondes à son encontre et qu’elle finira par me détester toute sa vie parce que je n’ai pas été heureuse de la couver en moi. Est-ce que les embryons peuvent ressentir ça ? Autant de questions que j’ai besoin de poser à une professionnelle et non à un écran. Ni même à Maria ou à Aurora. J’ai honte et je n’ai pas envie d’avoir des reproches de mettre la santé de mon enfant en péril. Ce qui est sûrement absurde.
« I’m feeling better now… » sa main et ses mots me ramènent à lui alors que mon cœur bat gentiment dans sa poitrine, plus légèrement que tout à l’heure. Visiblement, moi aussi, je me sens mieux. « Is it easier in the dark…? Cos I can find my way inside you with zero light. » Jordan semble sérieux mais je secoue la tête en riant légèrement. « Sorry I’m needy… I missed you. » j’en ris et ça fait du bien. Tellement de bien que ça s’amplifie. Ça s'agrandit. Ca devient presque hystérique. Je finis par pleurer au milieu de mon rire, me raccrochant à sa main tout en allant étouffer mon visage contre le dossier arrière du canapé. Je reprends ma respiration tout en passant ma main libre sur mes yeux avant de regarder de nouveau mon partenaire. “Baby steps, okay ?” je ne peux rien promettre pour l’instant. Même si je réussis à tenir sa main, à respirer son odeur et à plaquer mes lèvres contre les siennes, je ne peux pas pour l’instant songer à autre chose de plus physique. “I don’t understand how you can be needy when I’m… looking like that.” je n’ai aucun sex-appeal, en plus de mon comportement et de mes reproches. Comment peut-il avoir envie de moi dans cet état ? C’est ridicule. “Perhaps the dark helps indeed.” Jordan ne voit pas toutes les imperfections que je subis et analyse tous les jours avec dégoût.
C’est ce moment que choisit l’alien pour se déclarer. “Oh oh” que je déclare, une main sur mon ventre et une légère grimace alors que je sens l’alien se déclarer. “That thing doesn’t want us to forget her.” as if alors qu’elle est la raison même de nos états. Je souris avec un air presque désolé d’interrompre notre moment de la sorte. Mais c’est un rappel de l’univers que tout ça en vaut la peine… Je l’espère, en tout cas.
Tu la fais rire. Beaucoup rire. Elle rit tellement devant tes mots. Tu ne pensais pas que ce serait si drôle mais ça fait tellement longtemps que tu ne l’avais pas vu comme ça. Ton visage n’est qu’un immense sourire et tu ne loupes rien de la beauté de ton oiseau. Harry Potter 3 est en train de commencer et la lumière de l’écran éclaire un peu plus ta partenaire. Elle niche son visage dans le canapé et tu ne la quittes pas du regard malgré tout. Elle se cache. Bien sûr qu’elle se cache. Tu es en train de lui envoyer de l’amour à volonté de part tes yeux posés sur elle. “Baby steps, okay ?” Tu hoches la tête. Tu ne te souviens même plus de quoi tu parlais, ton esprit envouté par la beauté de voir Birdie si joyeuse juste là, à tes côtés. “I don’t understand how you can be needy when I’m… looking like that.” Tu hausses les sourcils, surpris un bref instant parce que, t’as toujours du mal à la voir comme ça, sans apprécier son corps alors que c’est bien là tout le problème. Tu te rappelles au passage ce que tu as dit juste avant qu’elle t’éclaire de toute sa lumière vu comme elle rayonne de sourires et rires. « Still don’t understand how you want me. » Tu parles au présent mais tu as bien compris que ce n’est pas la question. Il n’empêche qu’elle t’a séduite et qu’elle te dit souvent combien tu es beau et sexy. Alors que tu as toujours du mal à le croire. Elle t’a aidé à te voir un peu plus cute. C’est réellement le seul terme que tu arrives à prononcer pour te qualifier quand tu apprécies ta vue. En tout cas, tu espères qu’avec cette simple réplique, elle va comprendre. Car elle te trouve magnifique depuis toujours et l’inverse est pareil et n’a pas changé. Nope.
“Perhaps the dark helps indeed.” Alors là. Tu avais oublié aussi que c’était ça que tu venais de proposer. Qu’elle dise que peut être ça serait une solution te souffle. Tu ne pensais pas sérieusement qu’elle serait encline à essayer de cette façon là. Pourquoi t’as pas proposé plus tôt ? Parce que vous ne parliez pas. Voilà à quoi ça sert de parler Jordan au lieu de fuir.
« I just would like to cud- » “Oh oh”
Mais tu es interrompu et tu vois sa main aller sur son ventre mais tu n’es pas sûr de comprendre. C’est un geste qu’elle fait souvent. Is everything ok ? Tout tes sens sont en alertes d’un coup. “That thing doesn’t want us to forget her.” Tu hausses les sourcils plus haut en réalisant que c’est le bébé qui a mis un coup. L’alien est vivant. Mais tu ne vois pas car elle a ses fringues sur elle et tu ne te vois pas lui demander d’enlever une couche car là est bien le problème. Son corps. Tu sais à peu près comment elle doit se sentir. « Like we could forget her… » T’es dans un milliard de mixed feelings par rapport à cet enfant. Tu ne sais pas non plus si vous avez bien fait de continuer avec cette grossesse mais c’est maintenant trop tard. Ton sourire n’est plus sur tes lèvres. Tu es pensif. Ton regard qui est attiré par l’écran et c’est HP3 toujours… Il commence tout juste… C’est ton préféré. Ta main qui serre encore un peu celle de Birdie. Tu la caresses de ton pouce avant de reprendre la parole, tournant légèrement la tête vers elle. « I don’t mind if we don’t have any sex for a while more… I would just like to cuddle with you… If you feel like you can. I promise I’m not gonna push you for anything… I’m sorry if it came across this way… » Tu veux juste que ce soit clair car tu as beau avoir plaisanter, c’était de l’honnêteté avant tout. Mais ses besoins à elle passe en premier c’est clair net et précis. Tu es déjà très content de pouvoir la toucher. Ta main dans la sienne depuis que cette conversation a commencé. Tu lui en es très reconnaissant de ne pas s’être détaché. « I love you babe… » Que tu lui sors comme ça de nul part. Une vérité qui est si forte, ton corps l’a sorti sans que tu n’y penses. Tu veux être sûr qu’elle le sache. « You’re my everything. » Et un peu plus encore… Tu veux pas qu’elle en doute.
Dernière édition par Jordan Fisher le Ven 1 Oct 2021 - 11:49, édité 1 fois
« Still don’t understand how you want me. » “Because I love you.”
Que je formule automatiquement sans l’once d’une hésitation. Je l’aime et si certains peuvent dire que l’amour me rend aveugle, je suis prête à les envoyer sur les roses. J’ai été attirée par lui rapidement, il n’y a pas à l’expliquer. Les sentiments sont arrivés après, certes, mais le tout combiné ne peut que le rendre irrésistible à mes yeux. Je ne peux que comprendre en ce moment comment il doit se sentir - j’ai l’excuse des hormones et d’avoir un alien dans le ventre, lui non. Jordan ne s’aime véritablement pas, alors j’en ai fait une constante récurrente à lui prouver et lui montrer qu’il est beau. Mais là, je ne peux pas concevoir qu’il veuille et peut parler de relations physiques alors que je ressemble à ça.
« I just would like to cud- » Jordan est interrompu par ma surprise alors qu’un coup est donné. Puis un deuxième rapidement, ce qui me fait grimacer - mais qui me rassure aussi. Les émotions sont différentes et variées, aussi positives que négatives. Il y a l’appréhension de voir un message - essaie-t-elle de me protéger ? de protéger son père ? de réclamer de l’attention ? - mais aussi le réconfort de la sentir - elle va bien, elle agit comme elle devrait, elle bouge, elle est active, elle est là. C’est une sensation aussi étrange qu’euphorisante. « Like we could forget her… » je pince mes lèvres parce que Jordan en a perdu son joli sourire et je regarde mon ventre recouvert avec une certaine timidité. Il ne vient pas chercher, il ne vient pas sentir et dans un sens, ça me brise un peu le coeur. Alors que ce n’est que pour m’épargner sûrement qu’il ne le fait pas - c’est ce que je veux croire, en tout cas.
« I don’t mind if we don’t have any sex for a while more… I would just like to cuddle with you… If you feel like you can. I promise I’m not gonna push you for anything… I’m sorry if it came across this way… » sa main se fait forte autour de la mienne alors qu’il repose ses yeux sur moi. Je secoue la tête lentement. “I know.” je sais qu’il ne cherchera pas à me faire du mal volontairement. “I don’t for now. But I will try.” j’essaierai de faire des efforts et le nécessaire pour pouvoir l’enlacer. Parce qu’il me manque aussi. Que sa présence me manque. Que ses bras me manquent. Ne pas pouvoir m’endormir contre lui alors que je m’y suis habituée depuis tout ce temps est une torture. Et je remets la faute à mes cauchemars qui m’envahissent sur son absence, sur mon corps qui refuse, sur l’alien qui me freine. J’ai l’impression qu’elle communique avec moi de plus en plus, mais je ne suis pas sûre d’apprécier tous les signaux qu’elle m’envoie.
« I love you babe… » je le regarde avec surprise, ne m’attendant pas à ce qu’il me sorte ça aussi spontanément. « You’re my everything. » je sens mes yeux s’embuer doucement alors que je serre mes phalanges. Je m’avance, j’hésite, je fronce des sourcils puis je pose mes lèvres sur le coin de sa bouche. Je reste un moment contre sa peau avant de m’écarter. Je tourne nos mains à plat, portant mon attention dessus, alors que je tente. “Do you want to feel her ?” parce qu’elle est dans une session d’activité, il faut croire. Je la sens. Est-ce qu’elle nous protège, est-ce qu’elle nous pousse l’un envers l’autre ? Il y a beaucoup trop d’inconnus. J’analyse sûrement trop. Je pourrai poser toutes mes interrogations à la sage-femme. “Tu viendras avec moi voir la sage-femme ?” parce que je ne compte pas faire ça par téléphone. J’ai besoin d’un contact visuel ; le téléphone donne trop de possibilités d’interprétations.
“Because I love you.” Tu la regardes aussitôt l’air de dire - my point. Car tu ne vois que la beauté en elle et tout ce que tu aimes la rends encore plus belle qu’elle ne l’est déjà. Quand vous vous êtes rencontrés pour la première fois, tu aimais ce qu’elle dégageait. Sa légèreté. Son sens de l’humour. Mais tu n’avais pas prêté attention à son corps car ce n’était pas ce que tu cherchais. Tu ne cherchais rien du tout même. Tu attends perpétuellement que ça te tombe sur le bout du nez et yep, une fois tous les 10 ans on dirait bien que ça tombe pile où il faut. Tu avais eu un coup de foudre pour Rosa, ça s’est fait bien différemment avec Birdie, mais c’est devenu tout aussi fort…
“I know.” Tu la regardes comme si tu attendais une confirmation par son regard aussi. “I don’t for now. But I will try.” Ce que tu vois dans sa personne te rassure. Ça faisait si longtemps que tu n’avais pas eu une conversation avec elle sans que ça ne parte en vrille au bout d’une minute… Tu ne vas pas en demander trop. Tu le sais. C’est déjà énorme de pouvoir te confier à elle sur des choses que tu n’aurais pas cru pouvoir lui dire, craignant d’en prendre plein la tronche en retour. Tu lui as expliqué ton ressenti, tes souhaits et tu sais que ça ne veut pas dire que tu vas tout avoir sur un plateau. Ca veut dire que vous allez travailler pour pouvoir faire de votre foyer quelque chose de vivable en communauté avec toutes les demandes de l’un et l’autre.
Tu vois qu’elle est touchée par tes mots, tes déclarations spontanées. Tu as même droit à un baiser de plus sur ton visage et damn ça t’avait tellement manqué de l’avoir si proche. C’est toi qui l’embrasse souvent, sans y penser, en oubliant qu’elle n’est plus friande de ça mais comment effacé les habitudes de 900 jours avant ça ? Tu gères bien moins quand tu te réveilles. Ton cerveau qui oublie souvent que le new normal possède très peu de tes lèvres sur elle. “Do you want to feel her ?” Tu ne sais pas si c’est lié à ce que tu viens de lui dire mais qu’elle te propose de sentir le bébé au travers de son ventre ça t’émeut fortement. Les larmes qui ont trouvé les yeux de ton oiseau à tes mots sont à présent dans les tiens. “Tu viendras avec moi voir la sage-femme ?” Tu hoches la tête sans même y réfléchir car oui tu veux être avec elle. « Yeah of course. » T’es un poil hypnotisé par son ventre là. Tu te mords la lèvre, tu approches ta main… « Where is she kicking? » Tu poses ta paume le plus délicatement possible sur elle même si ce n’est pas au bon endroit. Elle te repositionnera. T’as l’impression d’avoir la main posée sur une mine en velours. Car tu sais combien Birdie a du mal avec le contact mais elle te laisse faire. Tes yeux qui remonte aux siens quand tu sens un coup donné. « Oh my god… » Tu es halluciné. Elle a vraiment un être humain dans son ventre. Tu le savais mais là c’est extra-ordinaire. « Does it hurt you? » Y’a un autre coup, plus marqué celui là. « How the fuck?! » Tes yeux remplis de larmes d’émotions mais tu ne pleures pas. T’es juste… impressionné par la nature humaine, par ta première rencontre avec ton enfant, par Birdie qui est une couveuse extra-ordinaire. This is insane. Les larmes qui coulent sur tes joues, mais tu ne pleures toujours pas. T’es comme bloqué dans le moment, choqué, impressionné, bouleversé. Ravi de voir que la grossesse a malgré tout l’air de se passer correctement… Protéger et créer ce petit humain vaut bien quelques mois de lutte contre vos habitudes. Ca te fait quelque chose vraiment de sentir la gosse… Ça change ta perspective.
Dernière édition par Jordan Fisher le Ven 1 Oct 2021 - 11:50, édité 1 fois
« Yeah of course. » Jordan confirme que je peux compter sur sa présence et ça finit par éliminer les derniers traits d’inquiétude que j’aurai pu avoir sur mon visage. Même si j’appréhende, parce que tous mes doutes et mes angoisses, mes interprétations et ressentis envers ma grossesse n’ont été que très vaguement énumérés - voire quasiment pas du tout. Jordan n’imagine sûrement pas et même si je ne compte pas tout sortir au moment du rendez-vous, peut-être que cela l’aidera à y voir plus clair. A mieux me comprendre. Ce que je vis. Après tout, il ne peut qu’imaginer mais il ne peut pas savoir pleinement ce que je ressens. Ma faute aussi de ne pas avoir été plus ouverte. La retenue, toujours. Cette foutue pudeur qui me freine ; j’en attendrai presque que Jordan devine mes maux et mes tourments par la simple force de notre connexion. Jordan n’est cependant toujours pas télépathe ; nous ne pouvons toujours pas lire dans l’esprit de l’un et l’autre.
Par contre, je peux voir et comprendre que son attention est portée sur mon ventre. Sa main aussi. Je bouge le plaid afin que mon ventre soit plus accessible, prenant sur moi pour ne pas faire un geste de travers ou avoir une réaction inappropriée. Mais ça va. Tout a l’air calme, il faut en profiter. Enfin, sauf l’alien. « Where is she kicking? » Sa grande main de musicien se place doucement à un endroit et je la déplace doucement vers ce que je pense être des petits coups de pied qu’elle procure joyeusement contre les parois de mon intérieur. « Oh my god… » je pince ma lèvre en observant son visage ; Jordan est émerveillé et je suis émue de le voir comme ça. C’est un rappel, Jordan. C’est un rappel que je ne suis pas seule. J’ai un humain en moi. Que ce n’est pas facile tous les jours. Que je ne lui en veux pas non plus. Parce qu’au final, je sais que je l’aime déjà, cette gosse. J’ai juste très hâte qu’elle sorte de mes entrailles. J’ai besoin de renouer avec son père, aussi bien spirituellement que physiquement.
« Does it hurt you? » j’hausse les épaules mais avant de pouvoir répondre quoique ce soit - « How the fuck?! » je grimace plus fort parce que ce coup-là fut bien vigoureux. “Seems like she recognizes you.” je souris malgré tout en plaçant ma main sur la sienne. "Ça fait mal mais je panique quand je ne la sens pas. Je préfère la sentir vivante. Comme si elle me parlait. Ça me rassure. Et ça me rappelle pourquoi on traverse tout ça.” je mords mes lèvres, les yeux embués où les larmes tombent doucement, mais le sourire toujours sur les lèvres. “You can talk to her if you want.” or sing mais ça, je n’ai pas besoin de le dire. Peut-être que le lien entre l’enfant et le futur père n’est pas encore assez fort pour que Jordan réalise véritablement. C’est à moi de faire cette connexion. L’alien a frappé à ce moment-là, ce n’est pas une coïncidence, c’est un signe. Même si j’ai des moments de doute, ils partent tous au moment même où elle se fait vivante dans mon ventre. “Elle va être énergique, je pense. Elle ferait une bonne - oh damn - batteuse.” alors que je me tords légèrement face à un nouveau coup ; oh oui, une très bonne batteuse, c’est certain.
Elle replace ta main au bon endroit sur son ventre et c’est tout autant de gestes qui te réchauffent le coeur. Jusqu’à ce que tu vrilles en sentant votre bébé au travers de son ventre. Tu es secoué. T’as l’impression de vivre une expérience incroyable car c’est tout à fait le cas Jordan. “Seems like she recognizes you.” Tu n’aurais pas cru ça. Tu n’avais même pas pensé à ça. Que Birdie te sorte ça si naturellement te fait quelque chose. Tellement que tu as à présent les larmes aux yeux. C’est incroyable. Ton enfant n’est pas encore né mais elle te reconnait déjà. La main de Bird restant posée sur la tienne et ce geste bien que très simple est immense pour vous deux en cette période compliqué. "Ça fait mal mais je panique quand je ne la sens pas. Je préfère la sentir vivante. Comme si elle me parlait. Ça me rassure. Et ça me rappelle pourquoi on traverse tout ça.” Ton coeur qui se serre et se gonfle en même temps, c’est compliqué toutes ces émotions qui te traversent. Tu regardes Bird avec tout l’amour dont tu es capable. Ton pouce qui va doucement agripper un de ses doigts de sa main juste dessus. Elle a aussi les larmes aux yeux. L’émotion est trop forte. “You can talk to her if you want.” Tu n’avais pas pensé à ça non plus. Tu clignes plusieurs fois des yeux, pris au dépourvu. T’es sensé dire quoi à ton enfant qui n’est pas encore né et qui change toute ta vie avant même qu’il soit sorti de son nid ? T’es aussi bien trop surpris à chaque nouveau coup que tu peux sentir. Y’en a un tas là. « Oh my god?! » Tu te demandes même si c’est normal là ça fait beaucoup. Does she really recognize me????? Tu trouves que ce serait tellement énorme. “Elle va être énergique, je pense. Elle ferait une bonne - oh damn - batteuse.” Birdie l’imagine déjà plus grande. Toi tu n’imagines rien. Tu ne te laisses pas ce luxe. L’accouchement étant un palier trop important pour toi. Tu préfères attendre que celui ci passe.
***
Quelques temps ont passé et le ventre de ton oiseau est de plus en plus gros - obviously. Mais tu ne l’avais jamais vu comme ça. Tu n’avais également jamais vécu une grossesse de si près. Dès qu’elle reste planté devant le miroir tu te places derrière elle et la regarde avec tout l’amour du monde. Une façon - sans rien dire, sans la toucher non plus - de contrer toutes les mauvaises pensées qui doivent l’envahir. Elle s’est aidé, tu aides comme tu peux, avec pas grand chose. Juste en étant là. Sentir le bébé bouger te fait toujours un effet de dingue et Bird te laisse profiter de ces moments là. Surtout depuis que tu as remarqué que oui, ta voix fait réagir la petite et ça t’en fou les larmes aux yeux à tous les coups. C’est ta chaire et elle te considère déjà. Tu l’aimes de plus en plus ce petit bout que tu n’as pas encore rencontré face à face.
Tu remontes de ton studio après avoir bossé quelques heures. Bird est endormi sur le canapé. Tu vas enlever le livre de ses mains pour qu’elle soit un peu plus à l’aise. Tu vas rajouter un coussin pas loin de sa tête. Tu relèves doucement ses jambes, y glissant un coussin là aussi. Et tu vas t’asseoir sur le bord, au niveau des cuisses de Birdie. Tu retiens ton corps sur le dossier du canapé, ton bras au dessus du corps de ta partenaire mais sans la toucher. Tu la regardes, elle et son ventre. Et tu commences à chantonner doucement une chanson de Avril Lavigne… « Waking up, I see that everything is okay. The first time in my life and now it's so great…Slowing down, I look around and I am so amazed. I think about the little things that make life great… I wouldn't change a thing about it. This is the best feeling… » Ton oiseau qui se réveille et tu vas doucement te pencher vers elle pour aller prendre sa main. Un des rares gestes que tu t’autorises très librement maintenant. Elle l’accepte facilement. Et maintenant qu’elle est réveillée… Tu t’éclaircis la gorge et continue la chanson un peu plus clairement. « This innocence is brilliant, I hope that it will stay… This moment is perfect. Please don't go away, I need you now. And I'll hold on to it, don't you let it pass you by… » Tu connais la chanson sur le bout des doigts et tu as l’air bien lancé à la chanter en entier. C’était pour ta fille mais… Elle est tout autant pour Birdie. Ta main qui serre la sienne au fur et à mesure de la chanson. Que tu arrives à la fin. Tu portes la main de ton oiseau à tes lèvres pour y déposer un baiser. « Sorry I woke you up. Count it as a sleeping interlude. » T’es bête. Mais t’es souriant et c’est bien mieux qu’il y a quelques temps…
Tu t’es bien exprimée. Tu l’as rassuré tout en te rassurant aussi. Ses yeux brillent, d’émotion, de la lueur (trop) reconnaissable de l’eau sur le bord des orbites. Coï est ton partenaire, encore plus quand tu lui dis ce que tu penses ; l’alien trouve un moyen de communiquer avec son père aussi. Parce qu’elle le sent proche, elle y va un peu plus joyeusement encore. Ce ne sont que de brèves minutes mais qui peuvent paraître comme une éternité pour toi. Cependant, tu es reconnaissante à chaque fois ; ne pas la sentir pendant une heure te donne un frisson d’effroi et une sensation de vertige incroyable. C’est douloureux mais ce n’est pas le pire à subir. Pas quand tu as un être à qui tu peux murmurer et parler quand tu veux. Vers qui tu t’es tournée pour chercher du réconfort - et te faire pardonner de la maudire d’avance d’être un frein, un obstacle, une contrainte dans ta relation avec Jordan. L’amour de ton enfant est profond, elle est déjà dans tes veines et dans ta peau ; l’amour que tu portes à Jordan est différent mais tout aussi important. Spirituel, organique, majestueux ; ton cœur ne peut pas voir un autre que lui et même votre fille ne remplacera jamais ça. Tu te sens fière de toi quand tu vois que Jordan est là. Qu’il ose, qu’il communie, qu’il a l’air choqué mais affecté. Dans le bon sens du terme. « Oh my god?! » t’as le sourire amusé. Oui, Jordan, ça fait mal, mais c’est ta fille et ça vaut bien toutes les peines pendant neuf mois.
Mais tu crèves d’envie que tout redevienne comme avant. Et avant ton corps, ta liberté de mouvement, il y a ton couple. Redevenir tactile, en apprécier chaque touche, retrouver ses baisers et son réconfort. Sa tendresse et ses attentions. Même si tu as peur que le temps soit long avant que tu réussisses à te retrouver toi-même. Ne pas y penser pour le moment. Juste profiter du moment de répit, l’esprit gonflé de bonnes résolutions pour votre bien-être à tous les deux.
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Quasiment un mois s’est écoulé. Un mois où tu es allée voir la sage-femme, qui t’as conseillé d’aller en psychothérapie. Tu t’es confiée sur tes cauchemars, sur tes appréhensions, sur tes douleurs, sur tes inconforts, sur tes sauts d’humeur, sur ton rejet total d’être touchée. Ils ont l’habitude, les femmes enceintes sont souvent stressées et c’est encore mieux que t’y sois allée au prémisse du dernier trimestre. Celui-là même où l’alien peut commencer à vouloir sortir à tout moment et- non, tu ne veux pas y penser pour l’instant. Tu as aussi entamé des séances de réflexologie pour te faire du bien physiquement - tu apprécies grandement le pouvoir du corps et ses secrets. De plus, tu renoues doucement avec le contact de Jordan - mais pas avec ton physique. Il n’y a rien à faire pour ça, tu songes même à mettre des draps sur chaque miroir de la maison parce que tu as cette obsession morbide de vouloir t’observer plusieurs fois par jour juste pour contempler l’étendu des dégâts. Tu as (beaucoup) pleuré en étant devant ces miroirs mais tu ne peux pas t’en empêcher. Le seul réconfort que tu trouves est que ton ventre grossit - meh - ce qui veut dire que tout va bien.
Exténuée quasiment vingt-quatre heures sur vingt-quatre, tu es posée sur le canapé, lunettes au bout du nez, le premier tome d’Harry Potter dans les mains. Il n’est jamais trop tôt pour engrener son monde alors tu te retrouves à faire la lecture à voix haute pour que l’alien entende. Tu es douée pour faire des voix différentes, tu as déjà hâte d’avance de lui raconter des histoires. Mais pour l’instant, ta gamine mange du petit sorcier à foison car il est hors de question qu’elle ne connaisse pas avant d’arriver dans ce monde - et non, tu n’imagines même pas qu’elle soit déjà en overdose avant même son existence commencée. Jordan est dans son studio, tu l’as vu ce matin ; tu l’as même embrassé pour lui dire bonjour. Tu retrouves tes réflexes d’avant ; caresser son dos quand tu passes derrière lui ou ses cheveux quand il s’adresse à l’alien ou son flanc quand il est à ta portée. Tu t’endors en lui prenant la main, ta tête vrillant de plus en plus vers son côté du lit, vers son oreiller, vers son odeur. Autant de signes qui tentent à prouver que tu respires un peu mieux.
Mais cela n’empêche pas que les nuits sont perturbées, parfois agitées mais souvent dérangées par les milles et une pauses pipi que tu es obligée de faire. Il n’est donc pas étonnant que tu finisses par t’assoupir sur le canapé, en pleine lecture. Tu n’entends pas Jordan qui remonte, ni même quand il prend soin de ton confort en te calant mieux - tu pourras le remercier de t’éparger quelques lourdeurs aux jambes, plus que tu en subis actuellement. « that make life great… I wouldn't change a thing about it. This is the best feeling… » t’ignores combien de temps tu t’es endormie mais tu réalises très vite pourquoi tu te réveilles. La voix de Jordan est douce et basse mais cela ne t’empêche pas de papillonner des yeux et de bailler légèrement, tirant sur tes pieds avant de poser tes yeux sur ton partenaire qui te prend la main. Que tu serre en retour tout en remontant tes lunettes sur ton nez de ta main libre. « This innocence is brilliant, I hope that it will stay… This moment is perfect. Please don't go away, I need you now. And I'll hold on to it, don't you let it pass you by… » ton sourire s’agrandit un peu plus à chaque fois, profitant que Jordan puisse te faire des concertos privés à toi toute seule ; t’aimes avoir cette exclusivité. Et tu fonds littéralement d’amour en le voyant chantonner à sa fille. « Sorry I woke you up. Count it as a sleeping interlude. » “I’m not sorry.” tu réponds automatiquement, le coeur léger de son baiser sur ta main autant qu’ému de voir un tel portrait. “I would have missed that otherwise. I’m really not sorry.” tu tentes de te redresser mais t’y arrives pas vraiment ; à la place, tu grimaces et tu reposes ta tête contre le coussin en soupirant légèrement. Tes yeux dérivent sur la table basse. “Tu lui chantes et je lui lis HP. C’est vraiment pas juste.” c’est plus beau ce que Jordan fait ; toi, tu te contentes d’influencer déjà les préférences de ta fille. Tu penches la tête sur le côté, la moue pensive avant de la secouer tout en reposant ton attention sur Jordan. “T’as bien travaillé ?” tu devrais te remettre à la couture, à vrai dire ; mais tu apprends ce que le mot flemme veut dire. Tes clients savent, tu les as mis en attente pour une durée indéfinie et pour la majorité d’entre eux, ils ont compris. Tu as pu voir ceux qui manquaient d’empathie et tu n’es pas mécontente de t’en être débarrassée. Tu te vois comme un tel ballon que tu t’empêches de faire plein de choses ; au final, tu n’es pas malade ni handicapée mais tu agirais presque tout comme. Heureusement qu’il n’y a plus que deux mois à tenir. A little lioness, please.
“I’m not sorry.” Elle n’avait pas trop l’air non. Mais tu sais pas. Tu fais attention. “I would have missed that otherwise. I’m really not sorry.” Elle insiste. Ça te fait chaud au coeur. Elle t’a laissé le silence de toute la maison juste pour toi et les mots que tu as chanté à ta fille au travers du corps de ta moitié. Tu serres doucement sa main en la regardant avec tout ton amour. Bird galère à se redresser. Tu la regardes l’air de dire - I can help you if you want to sit down - mais tu ne le dis pas avec tous ces mots là parce qu’elle se reposera mieux si elle est allongée. Tu ne vas pas à l’encontre de quoi que ce soit qu’elle désire, même si tu n’es pas toujours d’accord. Elle t’a prouvé plusieurs fois qu’elle sait ses limites. Elle sait arrêter d’être borné quand il s’agit là du bien être de votre alien et du sien à elle aussi. Tu lui fais confiance sur toute la ligne. Elle a été bien au delà que ce que tu aurais pu imaginer. La thérapie, les thérapies, le pied levé au niveau de son boulot. Vraiment t’es fier d’elle.
“Tu lui chantes et je lui lis HP. C’est vraiment pas juste.” Tu hausses les sourcils. Surpris qu’elle dise ça. “T’as bien travaillé ?” Mais toi t’es encore sur ses mots d’avant. Tu peux pas la laisser dire ça comme ça. Elle réalise pas ce qu’elle vient de dire. She insane. « Tu la fais grandir dans ton ventre et je lui chante des chansons. » Tu hoches la tête en la regardant, tu n’as pas fini. « I can’t compete with the magic your body can do. » Tu vas embrasser de nouveau sa main avant de murmurer contre sa peau.
« J’ai bien travaillé. » Toujours assis sur le bord du canapé, tu te retiens toujours d’un bras via le dossier et tu as la main de ton oiseau dans l’autre. « Je vais aller finir de monter le lit du bébé. » Tu sais qu’elle va vouloir le décorer. Tu ne sais pas si elle va avoir la force de le faire. Tu n’en parles pas car y’a aucune deadline de rien du tout. Il pourra être peint bien plus tard. Tu espères fortement qu’elle ne se stresse pas sur ça. « Y’a autre chose que tu voulais que je fasse dans la chambre ou ton atelier? » L’atelier de ton oiseau qui est maintenant à côté de ton studio. Vous avez fait ça très bien pour qu’une partie du garage devienne une pièce à part entière et pas juste un bout de garage. Non. C’est bien isolé c’est parfait. Vous êtes passé par des personnes professionnelles. L’atelier qui est finalisé, certainement que des autres meubles vont être acheté et autres choses déplacées, mais la pièce en elle même est prête. Tu n’as vraiment pas lésiné sur la qualité car tu n’as pas voulu que Birdie se sente évincée de son lieu chez toi. Ce nouvel endroit est plus grand et plus adapté. Tu sais, tu espères surtout oui, qu’elle va prendre son pied quand elle se remettra au boulot totalement.